sujet; (JANUARY '03 ; ADYSS) + the grey flag

HUNTED • running man
Adele Bones
Adele Bones
‹ inscription : 03/08/2015
‹ messages : 2056
‹ crédits : LUX AETERNA, astra, sia, tumblr, simon/mathydabest.
‹ dialogues : #336699
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‹ âge : 38
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5965
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
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the grey flag

An honest enemy is always better than a friend who lies. Pay less attention to what people say, and more attention to what they do.
Their actions will show you the truth.


Le temps a passé. Si bien qu'elle en a oublié les premières émotions qui ont pavé leur première rencontre. Leur véritable rencontre, celle qui a eu lieu au beau milieu d'un stade de Quidditch, lors d'une cauchemardesque nuit d'été. Envolées les horreurs et les abominations naturelles, de maigres paradoxes avaient altéré le caractère naturel de l'hybride. Son stoïcisme et son égoïsme s'étaient fissurés à la simple vue de la forme brisée de Nyssandra Ollivander dans lune des salles de sonde du complexe sportif.

L'Américaine. C'était ainsi qu'Adele Bones la surnommait à l'époque. Une extradée anglaise au sang pur, dont les qualités se limitaient à son joli minois et sa très grande gueule ; une sorcière qui n'avait de magique que le nom et assez de cran pour coucher superbement ses opinions acérées sur le papier glacé des journaux sorciers. Adele la détestait cordialement (du plus profond de son être), surtout lors les soirées mondaines : elle ne comprenait pas comment cette simple petite ingénue de bonne famille faisait pour éclipser son aura particulière et lascive d'hybride. Mésentente partagée, elle se surprenait même à la tolérer assez longtemps pour pouvoir partager une coupe de champagne avec elle sans avoir envie de l'étiper sur le champ. Les galeries d'art, les soirées organisées (une fois son rachat flamboyant effectué), les événements extraordinaires pavant le nouveau quotidien sorcier : entre deux parades sociales, ces deux femmes du monde s'étaient croisées, avaient conversé... et s'étaient détestées sans même essayer de le cacher. Ainsi allaient bon train les racontars et leur réputation d'ennemies publiques : Adele Bones et Nyssandra Ollivander ne pouvaient tout simplement pas rester dans la même pièce une soirée entière, pas sans répandre une tension désagréable et palpable tout autour d'elles. Pourtant, toute cette haine s'était un jour envolée et avait disparu de la réalité. Elle s'était transformée en de vagues réminiscences dès l'instant où Augustus Rookwood était entré dans cette équation féminine insolvable. La nuit où il était venu lui demander de l'aide.

Nyssandra Ollivander n'était plus uniquement l'Américaine. Elle a oublié, Adele, l'état lamentable dans lequel s'était retrouvée la sorcière. Le gouvernement l'avait rendue plus pâle qu'un fantôme et plus fugace qu'une ombre. Rookwood et ses collègues avaient faits ça, l'avait rendue aussi inerte qu'une poupée de chiffon, poussiéreuse et bonne pour la benne. Incapable de formuler autre chose que des mots vagues (elle qui possédait bien plus de charisme que dix sangs-purs réunis). Incapable d'ouvrir correctement les yeux (elle qui possédait l'un des regards les plus poignants qu'Adele ait jamais croisé de toute sa vie). Incapable de produire le moindre rythme cardiaque de façon régulière (elle qui était assez sereine pour paraître intemporelle, immortelle). Elle a oublié cette nuit-là, la guérisseuse, où elle avait un instant douté de la survie de Nyssandra Ollivander aux machinations obscures de la loi.  

Tout ce qu'elle avait retenu, c'était les avantages. Juste les avantages. De façon massive, ils étaient apparus en même temps que les commandes et les ordres des Mangemorts pour tout ce qui concernait l'empathe.  Passe-droits, amitié forte et sincère avec cette dernière, reconnaissance publique facilitée par d'étranges stratégies publiques : tout (ou presque) était offert à Bones puisqu'elle servait une cause isolée, ne suivait qu'un seul et même ordre, des disciples masqués. Contrôle était le maître-mot, l'unique logique qui serait tolérée pour le placement de ce nouveau pion du Magister. Peu importait la manière, peu importait les chemins de traverse empruntés, Adele Bones devait avoir le contrôle total de l'empathie de Nyssandra Ollivander, pour l'offrir aux Mangemorts ; leur en donner le plein pouvoir pour qu'ils s'en servent comme bon leur semblaient sans laisser la moindre marge de manœuvre à la journaliste. Et elle l'avait eu, ce contrôle, au bout d'une paire de semaines. Bones leur avait offert sur un plateau d'argent une âme qui ne lui appartenait pas (tout plutôt que la sienne).

Tout aurait pu se passer le plus sereinement du monde. Remettre la journaliste sur pieds, déterminer son profil physiologique, ses habitudes alimentaires, ses habitudes sorcières et tous les essais n'auraient duré qu'une dizaine de jours, les journées égrenées en fonction des observations et des études à réaliser sur Ollivander. Tout aurait dû se passer le plus simplement du monde si Nyssandra n'avait pas décidé de ne pas faire de vague, de payer le prix que Bones avait établi (imposé) pour lui lui éviter les ires filigranées de Rookwood. Adele n'avait rien demandé d'extravagant : évoluer dans la haute société magique sans le moindre obstacle social avait toujours été son seul désir. Quitte à passer constamment du temps avec elle pour y parvenir, pour effacer les dernières souillures que son rachat n'avait pas réussi à étouffer. Mais non. Nyssandra avait préféré n'en faire qu'à sa tête, passer par un sentier plus sinueux encore que la voie directe tracée par l'hybride. Soit. De toute façon, ce n'était pas comme si Adele Bones rendait gracieusement service en surprenant de mauvais payeurs. Lord ou Ministre, Mangemorts ou pas, Élite ou prolétariat, l'hybride ne s'était jamais impliquée dans quoique ce soit sans y trouver le meilleur intérêt pour elle.  Jamais. L'empathe voulait augmenté le niveau de difficulté en ne se pliant pas aux règles ? Ce ne serait pas Adele qui allégerait ses mises seulement pour faire plaisir à cette enfant de l’Élite. Oui, si Nyssandra avait accepté le pacte officieux d'Adele, tout aurait été beaucoup plus vite, et surtout, beaucoup plus paisiblement. Leurs vies n'en auraient été que plus simples. Mais non, elle avait continué à manifester des récriminations qui ne trouveraient jamais matière pour survivre (la volonté des Mangemorts était souveraine).

Tout ce qu'Adele avait retenu, c'était que de Mandragore en Pierre de Lune, d’œufs de Runespoor en œufs de Serpencendre, de venins en pierres et de plantes en poisons, les essais de la potion inhibitrice d'émotions ne s'étaient jamais stabilisés : ils s'étaient même éternisés. L'instabilité des doses avait fait vivre un enfer plus ou moins tolérable à l'empathe, réfractaire à la présence lumineuse (invasive) de Bones dans son quotidien déjà bien organisé. Adele Bones était  une potionniste aguerrie et une scientifique sérieuse quoiqu'elle puisse laisser paraître. En aucun cas elle n'aimait jouer trop longtemps avec les éléments organiques, craignait les expérimentations trop longues. Pour Nyssandra, elle avait sciemment relégué au trente-sixième dessous ce principe fondamental qu'était l'homéostasie des corps magiques. Petites querelles et différents mondains ? Adele répliquait en collant à l'empathe des maux d'estomac et des migraines lancinantes, pernicieusement cachées dans les potions qu'elle lui fournissait hebdomadairement. Les insoumissions et les révoltes ? Punies par des maux bien plus sévères encore que les naturelles indispositions de l'humanité. Peu importait les moyens, avaient-ils dit ? Bones avait prit les ordres des Mangemorts à la lettre. Empathie muselée, inhibée ; capable de réapparaître sur demande, par la simple prise d'antidotes personnalisés. Les solutions alternatives, elle les avait prises sans ressentir le moindre scrupule, encouragée seulement par sa fierté hybridée, gonflée uniquement par son égocentrisme latent (elle détestait voir Nyssandra se rebeller là où elle-même préférait s’écraser).

Adele avait toujours détesté qu'on se paye sa tête deux fois d'affilées. Et aujourd'hui, le quota avait été atteint : elle avait reçu une missive à l'écriture élégante le matin même, l'empathe cachant ses menaces derrière des mots doucereux et détourné. Elle l'avait rendue aussi instable qu'un Eruptif. Bones avait préféré quitter le manoir d'Avery sur le champ, de peur d'en détruire toute une aile tellement l'insurrection évidente de Nyssandra l'avait mise hors d'elle. L'Américaine était devenue la Capricieuse. D'abord le Musée. Et maintenant, quoi ? Les conditions de leur tout dernier pacte en date n'avaient soudainement plus aucune validité ? Elle voulait les changer de façon irrémédiable ? Qu'est-ce qui avait bien plus lui passer par la tête, encore une fois, à l'ingénue énervante ?

Le soleil avait déjà disparu de l'horizon depuis longtemps lorsque Bones transplana ici. Pré-au-Lard était seulement illuminé par les lampadaires et les nombreuses habitations sorcières : rares étaient les commerces encore ouverts une fois le début de soirée installé. Neige crissante sous les bottillons et flocons lourds tombés sur le capuchon de sa cape d'hiver, Adele dut secouer les pans de cette dernière une fois passé le seuil de La Tête de Sanglier pour retrouver une silhouette humaine. Un regard et Bones fut rassurée. Malgré les événements, l'endroit restait ce qu'il avait toujours été : plein et vide, la Tête de Sanglier était assez glauque et accessible pour passer inaperçu durant les règlements de compte privés, parfait pour éviter les yeux trop curieux. Les clients de l'établissement étaient toujours les mêmes : de ceux que l'on ne voulait jamais ennuyer. Les moins courageux semblaient toujours autant effrayés rien qu'à l'idée d'attirer les regards des personnalités les plus décalées de la communauté sorcière. Rien que le lieu de rendez-vous imposé par Ollivander avait fait grimacer Adele. Bones était surtout partie en toute hâte du domaine Avery pour rentrer chez elle et y réfléchir, monter des hypothèses le plus rapidement possible. Si l’Élite s'invitait dans les bas-fonds, c'était qu'un problème imprévu par Adele se profilait et risquait de l'ennuyer longtemps juste parce qu'elle n'avait pas réussi à l'anticiper. Démarche contrôlée sur les pierres encrassées, la principale salle de la Taverne scrutée sous toutes les coutures, la guérisseuse dut se rendre à l'évidence et alla prendre place dans l'un des coins les plus reculés de l'endroit : Nyssandra n'était pas encore arrivée. Malgré sa cape d'excellente facture, Adele savait qu'elle ne jurait pas dans le décor. Exit l'hybride, Bones irradiait d'une toute autre aura lugubre : celle d'une marionnettiste qui ne supportait pas qu'on lui coupe ses fils sans avoir vu venir le coup de ciseaux traître et fourbe. « Un Firewhiskey », demanda-t-elle à la petite serveuse qui s'était approchée, à peine installée.

La colère sourde qu'elle alimentait pour Nyssandra Ollivander restait pour le moment sous contrôle : elle restait curieuse, Adele, des imprévus que sa cadette lui servait toujours avec un sourire hypocrite. Oui, Bones avait oublié les premières émotions. Peut-être était-ce pour cela qu'elle détestait toujours autant Ollivander. Comme au premier jour et ce, malgré les masques et les faux-semblants dont elles s'étaient apprêtées au fil du temps.
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