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sujet; ROLFIE#2 — it feels like the end (w/blood)

HERO • we saved the world
Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFIE#2 — it feels like the end (w/blood) C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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it feels like the end
Sleep with the lights off when you're alone. Silence so mighty you go deaf; bombs are going off inside your chest. I know you wanted to be loved but you're bleeding left alone... so, so, so alone... Singing where does time go from here? It feels like the end.


prelude — such a mess of blood and shame (warning)

6 mars 2003 Հ Le sorbier n'avait pas quitté son poing, pas une seule fois, durant tout le trajet. La baguette magique ne lui avait pas servi pourtant, si ce n'était pour renouveler sporadiquement le sortilège qui maintenait sa cape aussi sombre que le pelage de sa monture. Elle n'avait certainement pas le pouvoir d'invisibilité, et encore moins une cape douée d'une telle capacité, pour se fondre dans le décor. Mais en partant du principe que les seules personnes qu'elle devait à tout prix éviter étaient les Mangemorts, que ces derniers avaient déjà tous été confrontés à la Mort au moins une fois dans leur vie, elle avait misé sa chance sur un simple tour de passe-passe pour rester cachée ; une illusion qu'elle espérait n'être rien de plus qu'un mirage et de la poudre aux yeux pour le commun des sorciers. Linéarité déglinguée, il y avait un peu (beaucoup) de Luna Lovegood en Marie Talesco à cet instant précis. Même ainsi, en ne surveillant pas l'horizon de son regard acéré, le corps entièrement paralysé dans une position précaire, elle confiait aveuglément sa vie au Thestral squelettique qui lui avait tenu compagnie une grande partie de la journée. Non. L'insurgée n'avait jamais été apeurée par ces créatures de l'Ombre, ces chevaux ailés que l'on croyait être - à tort - des annonceurs de mort. Elle n'avait jamais écouté les croyances populaires qui voulaient faire passer les Thestrals pour des oiseaux de mauvaise augure.

Mais alors... pourquoi avait-elle douté de leur réputation un peu plus tôt dans la soirée ? Pourquoi s'en était-elle voulu d'avoir seulement comparé leur apparence trompeuse à la vision désagréable (effrayante et morbide) que pouvait bien provoquer l'apparition éthérée d'un Détraqueur ? Elle n'arrivait tout simplement pas à choisir la véritable raison de son malaise : que ce soit de par son arrivée avancée ou bien à cause son plumage ensanglanté, la sorcière savait que c'était Erlkönig qu'elle aurait dû blâmer ; pas le Thestral. Ce n'était jamais la faute d'un Thestral si un malheur était arrivé.
S'inquiéter n'était pas dans ses cordes. L'inquiétude pure n'avait même jamais été son fort. Patiente et sereine, elle devenait alors illogique et empressée ; impatiente même lorsqu'elle devait seulement respirer. En revanche, ne pas savoir ne l'avait jamais dérangée outre mesure.

Mais lorsqu'elle était possédée d'une intuition assez forte pour la suivre, de preuves assez tangibles pour se laisser envahir par la peur, la sorcière se mettait alors à trembler et à douter. À prendre des risques inconsidérés pour seulement palier aux réactions angoissées qui venaient régir son corps tout entier. Hésitation, juste une seconde. Elle se décida finalement à sortir la tête de sous sa cape, juste pour vérifier qu'ils étaient toujours dans la bonne direction ; qu'ils suivaient toujours à la trace leur éclaireur emplumé. Elle s'était tellement laissée envahir par de sombres pensées depuis... depuis quand était-elle perchée là-haut? qu'elle avait un instant cru à un changement de destination inopiné de la part de sa monture. Ce n'était pas le moment d'aller pleurer sur la dalle commémorative de son père, et encore moins d'aller réclamer de l'aide à Hermione, à Bill. Ou même à Malfoy. Hésitation. Juste une seconde... Ce fut cette seconde d'hésitation qui lui sauva pourtant la vie : brusquement, sans le moindre préavis, le Thestral amorça sa descente en piquet, parcourant à une vitesse faramineuse les centaines de mètres qui les séparaient du sol. Obligeant la sorcière à resserrer un peu plus ses bras et ses jambes autour du corps rachitique de la bête pour ne pas se voir éjectée en plein ciel. Redressement, ralentissement, stabilisation de l'allure : c'est en sentant qu'ils tournaient en rond par-dessus la canopée naissante d'une forêt qu'elle s'autorisa à rabattre le capuchon de la cape par-dessus ses épaules. « Retrouve l'oiseau ». Et dans un hennissement sinistre, le Thestral plongea à-travers la cime, sans la moindre aménité, oublieux des chairs fragile de sa cavalière.




Elle voyait tout, malgré la pénombre environnante. La Nocturne voyait l'écorce des arbres, les aspérités formées dans la boue et les rares animaux assez inconscients pour rester calfeutrés dans l'humus forestier plutôt que de fuir à l'approche de ses pas. Elle voyait tout, malgré la nuit qui se faisait de plus en plus oppressante. Erlk' virevoltait au-dessus d'elle, redescendant seulement pour lui donner un coup de bec entre les deux omoplates lorsqu'il jugeait sa cadence trop lente. Un point de côté lui martelait la poitrine et un instant, elle hésita à remonter sur le dos du cheval ailé pour éviter de s'effondrer à terre, sentant l'adrénaline s'évacuer progressivement de son système.

Où est-il, où est-il, où est...

Une odeur métallique – reconnaissable entre mille – lui attaqua assez violemment les sens pour raviver son instinct de survie endormi, réinjectant dans les veines fébriles une nouvelle dose d'énergie, l'éveil alerté par l'effluve sanguine. Le Thestral sembla s'arrêter de respirer au moment même où le rapace les devança pour fondre sur une proie invisible. En plus des battements frénétiques de son cœur, la sorcière avait l'impression d'entendre le silence lui murmurer des vérités qu'elle ne voulait pas entendre. Avant de laisser filtrer un grognement douloureux par-delà ses murs. « Lumos. », murmura-t-elle avant de se projeter à nouveau en avant, son allure ralentie par la cape qui se faisait de plus en plus lourde sur ses épaules. Le rayon bleuté balayait frénétiquement le sol, dévoilant au regard de Marie une scène bien trop sinistre pour qu'elle puisse l'assimiler dans son entièreté la plus abominable. Troncs à moitié morts, boue séchée, pierres, branches, sang, boue humide, pierre tachée, masse informe ; du sang, du sang, du sang et... « Rolf ! ». Marie s'écroula plus qu'elle ne s'agenouilla gracieusement à ses côtés, déposant la baguette en bois de sorbier à même le sol pour parvenir à chasser Erlkönig de la silhouette de Scamander.

Un Scamander qui avait le même teint blafard que tous les fantômes de Poudlard réunis. Les doigts de Marie parcoururent le visage tuméfié avidement rapidement, s'attardant seulement sur les points vitaux qui lui graciaient le cou et au contact du sang séché qui venait freiner son premier inventaire des blessures du sorcier. « 'Je préfère être seul, ça me fait me sentir plus libre' qu'il disait ! My arse ! », l'injure, choquante dans la bouche de l'insurgée, avait franchi la barrière de ses lèvres sans même qu'elle ne s'en rende compte : après le soulagement de simplement le voir respirer, elle se laissait envahir par l'implosion pure et simple de son inquiétude déconcertante. « L...language, Talesco ». Marie fut partagée entre l'envie de grimacer, de rire et de lui en coller une, simultanément. Il avait cet effet-là sur elle, Rolf Scamander : le don de la faire sortir de ses gonds en un temps record, de la faire s’esclaffer, au beau milieu d'une phrase très sérieuse, lorsqu'elle lisait (et relisait) ses lettres désaccordées, de lui remonter le moral en lui envoyant seulement Erlkönig, n'importe où, n'importe quand, n'importe comment ; comme pour lui rappeler qu'elle pourrait toujours compter sur lui, de jour comme de nuit, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige...

Il avait même cet effet, dérangeant, de lui faire oublier un peu trop vite, un peu trop facilement, que sa vie n'était rien de plus qu'un tissu de mensonges éhontés ; de faux-semblants qui, en réalité, ne faisaient que s'effriter sous le poids du temps. « Typiquement Scamander. Aux abonnés absents quand on l'espère. Toujours présent lorsqu'il devrait se taire. » L'insurgée dégrafa alors sa cape et lança un long et perçant sifflement dans les airs, pour rappeler le Thestral à ses côtés. Sans qu'elle ne lui demande, le cheval macabre s'abaissa à leur hauteur et replia ses longues ailes filamenteuses contre ses flancs, dans un craquement osseux désagréable. « Rolf ? Rolf ! Il va falloir m'aider, d'accord ? » L'exilé ne lui répondit rien mais à chaque mouvement initié (le soulever, passer ses bras autour de lui pour placer correctement), elle le sentait faire de son mieux pour ne pas seulement être un poids mort à porter, malgré la semi-conscience flagrante dans laquelle il restait prostré. « À trois. Un, deux, trois ! ». Au prix d'un effort considérable (au vu de la différence incontestable de taille et de poids entre l'insurgée et le hors-la-loi) et d'une douloureuse lamentation de la part du cheval ailé (qui se prit successivement un coup dans l'aile et aussi dans les flancs à chaque fois que Marie se trouvait déséquilibrée), Scamander se retrouva installé (et cette fois-ci bel et bien inconscient) sur le dos de la bête à la robe sombre. S'assurant à l'aide de quelques sortilèges qu'il ne tomberait pas de la monture une fois dans les airs, la sorcière recouvrit le blessé de sa cape enchantée à nouveau pour le voyage, espérant que ce dernier ne durerait pas plus d'une paire d'heures - juste le temps nécessaire pour elle de rassembler assez de potions et de nourriture pour la longue journée à venir.

Cette fois-ci, c'était la vie de Rolf Scamander qu'elle jouait à dos de Thestral, et là, sans le moindre filet : aucune protection magique pour lui garantir la vie dans ce contre la montre accidentel, où leur seul ennemi serait le lever du jour. Vérifiant une dernière fois que le sorcier respirait toujours, Marie alla tapoter avec fermeté les côtes apparentes du thestral pour lui signaler qu'elle avait terminé, qu'il pouvait se relever. Celle-là (car oui, seule les femelles se laissaient manier aussi facilement par les sorciers), elle la remercierait en envoyant Erlk' chasser assez de petits gibiers pour lui éviter de chasser pour le restant de sa vie : la jeune femme s'en faisait la promesse en cet instant. « Ma belle... », lâcha-t-elle finalement en plongeant son regard noisette dans les billes aveugles et brillantes de la bête ; assez longtemps pour qu'elle comprenne la direction qu'elle devait suivre sans son aide. « … tu sais où aller. » Les longues ailes de chauve-souris se déplièrent et claquèrent bruyamment dans les airs, assez pour offrir à la monture et à son précieux chargement assez d'élan pour s'échapper de l'attraction terrestre. Regard sombre, gorge serrée, elle ne vocalisa aucun Nox pour éteindre le rai lumineux que continuait de projeter sa baguette magique. « Erlk' ? Suis-les. On ne veut pas le retrouver mort de peur, pas vrai ? » Et sans demander son reste, l'hybride de Scamander s'envola à son tour, suivant le tracé d'un sillage qu'il lui était impossible à détecter. Ce ne fut alors qu'à cet instant qu'elle fit face à l'odieuse vérité.

Ce n'étaient pas les Thestrals qui étaient porteurs de mauvaises nouvelles. C'était les mauvaises nouvelles qui venaient toujours les trouver.




8 mars 2003 Հ Un. Elle avait autre chose à faire que de retomber dans le grand Oubli. C'était toi dans ce vieux lit, tu te souviens ? Non, elle ne devait pas y penser : elle avait autre chose à faire. Plus qu'une heure avant le lever du soleil. Plus qu'une heure avant de repartir pour une nouvelle ronde tout autour et dans la maisonnée, prête à rétablir les sortilèges de protection qui les maintenaient hors de portée du monde extérieur. Oui mais... « Tais-toi. Juste... », la main de Marie se suspendit dans les airs, tenant presque à bout de bras l'image irréelle d'une blonde qu'elle reconnaissait à peine. Deux. Cela faisait des mois, presque des années, qu'elle n'avait pas vu la longue silhouette s'élever à ses côtés. Un an, cinq mois et treize jours, voilà très exactement le temps qui s'était écoulé sans que l'insurgée n'ait entendu la voix de sa mère résonner pour seulement l'épauler lorsqu'elle était effrayée. Trois. Elle s'était défaite de toutes ces illusions, Luna, le jour où Hermione avait décrété qu'elle était prête à revenir parmi les insurgés. Elle n'avait plus jamais remis les pieds dans ce maudit cottage depuis qu'elle avait vissé le visage de Marie sur ses traits à peine cicatrisés. Quatre... « J'ai besoin de calme, d'accord ? » et en rouvrant les yeux, elle put constater que l'apparition s'était effectivement envolée. Inspiration. Prise resserrée autour du bois de sorbier. Expiration et... « Oh. Bonjour. », lâcha-t-elle en se redressant dans son siège complètement déchiqueté, une fois qu'elle eut remarqué les deux billes perçantes de Scamander la scruter, la jauger, d'un air apathique et ultra-lucide à la fois. D'un vague geste de la main, Marie s'assura que le sorcier était bel et bien éveillé, pas uniquement en train d'émerger furtivement du sommeil avant de sombrer de nouveau dans une inconscience salvatrice. « Rolf ? » Elle ne savait pas réellement combien de temps il avait dormi : son quotidien au cottage avait été uniquement rythmé par les rondes, les soins et les rares minutes où elle s'autorisait à piquer du nez. Non pas que ça changeait grand chose à son quotidien insurgé, non. Mais rester enfermée dans cette pièce avait commencé à entamer ses dernières défenses rationnelles. Si rien ne changeait aujourd'hui, elle irait très certainement demander à Hermione de l'aider. Après tout, n'était-ce pas elle, la médicomage attitrée de ce cottage abandonné ? « Rolf, tu es avec moi ? » Luna détestait vraiment être enfermée ici. Elle avait de plus en plus l'impression d'étouffer et de manquer d'air entre ces murs calfeutrés. Elle avait envie de pleurer, rien que de penser aux longues heures douloureuses qu'elle y avait elle-même passé. « Peut-être que Erlk' réussirait à te faire ouvrir les yeux. Il a cette désagréable manie de venir mordiller ma clavicule lorsque je ne me réveille pas assez vite... »

Mensonge. Erlkonig avait la désagréable manie de venir lui mordiller la clavicule lorsqu'elle ne réussissait pas à sortir du pays des songes, lorsque les cauchemars ne voulaient pas la laisser revenir dans le monde des vivants. C'était surtout pour ça qu'elle n'avait pas dormi plus de vingt minutes d'affilées, depuis qu'elle avait décidé de venir dans cet endroit reculé pour le soigner. Ici, ses cauchemars réussissaient à l'atteindre. Sans qu'elle ne puisse rien y faire.


Dernière édition par Luna Lovegood le Sam 23 Avr 2016 - 12:40, édité 1 fois
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Rolf Scamander
Rolf Scamander
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‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
in these dreams it’s always you: the (girl) in the sweatshirt, the (girl) on the bridge, the (girl) who always keeps me from jumping off the bridge. oh, the things we invent when we are scared and want to be rescued.


Erlkönig descendit vers lui quand il vit que Rolf ne se relevait pas.
Il ne pouvait qu'observer les étoiles. Son grand-père lui avait appris la plupart des noms mais il avait oublié. Il avait l'impression d'avoir oublié beaucoup de choses. Rien ne semblait vraiment réel, maintenant; rien ne semblait mériter un souvenir. Les morts veulent que vous pensiez aux vivants. Ces mots le hantaient. Il n'arrêtait pas d'y penser, c'était plus fort que lui. Ça tournait dans sa tête et à chaque fois, il levait la main pour chercher autour de son cou la chaîne et les alliances et la montre mais à chaque fois, sa main trouvait du vide.
Erlkönig enfonça sans pitié ses serres dans son ventre jusqu'à ce que les yeux de Rolf se vissent sur lui. C'était une terrible vision, là, dans l'obscurité de la forêt, à la lumière timide de la lune: Rolf ne voyait que des détails, l'oeil vif de l'animal, ses plumes lustrées et trempées — il n'avait pourtant pas plu? —, son bec tranchant. Erlk fit un bruit de gorge presqu'interrogatif, plongeant son bec sur sa clavicule. Reste éveillé. “ Je dois trouver ma baguette, ” dit Rolf. Erlk ne répondit pas — comme toujours. Sa baguette. Sa baguette. Il balaya, en perte, les alentours du regard. “ Lumos. Lumos! ” Là, un éclat. Trop loin. Erlk la lui ramena et Rolf la serra avec force dans sa main. De l'autre, il caressa la tête aux yeux trop intelligents du rapace, qui maltraitait toujours son ventre. Rolf avait mal. Rolf avait froid. Rolf était fatigué. Rolf avait faim. Son visage était détrempé de sang et ses poumons le brûlaient depuis quelques jours. Son sac lui faisait atrocement mal au dos, là, rentrant dans ses côtes et sa nuque. Son nez, ses doigts, ses genoux, son bras, tout lui faisait atrocement mal.
Lumos... Lumos... Lumos! ” répéta-t-il, encore et encore, jusqu'à ce que la petite lumière bleuâtre s'allume enfin. Il y avait un homme à côté de lui. Il était mort. Il le regardait avec des yeux morts, le visage presque irreconnaissable, le sang, le sang, le sang partout. Rolf soutint son regard jusqu'à ce que la bile lui brûle la gorge; alors il éteignit la lumière.
Les yeux de Rolf se plantèrent encore une fois sur Erlkönig, au désespoir. “ J'suis désolé, ” fut tout ce qu'il trouva à dire et puis l'oiseau s'envola. Rolf essaya vainement de le retenir mais ne se fit que griffer les doigts sans pitié. Il l'observa partir, une tâche sombre sur le ciel plus sombre encore, jusqu'à ce qu'il disparaisse entre les arbres et les nuages. Puis il ferma les yeux, et s'abandonna au froid.




La douleur le réveilla. Il était revenu. Il eut envie de pleurer mais il ne sut pas exactement pourquoi. « Rolf ! » Ses doigts se crispèrent machinalement sur sa baguette mais il était incapable de lever le bras. Il sentit des mains parcourir son visage, avec plus d'attention et de bienveillance que de cruauté, alors il se permit d'ouvrir une puis deux paupières, difficilement. « 'Je préfère être seul, ça me fait me sentir plus libre' qu'il disait ! My arse ! » Malgré lui, Rolf eut envie de sourire. Il sentit sa respiration s'accélérer. Quelqu'un l'avait trouvé. Quelqu'un. Marie. Cela acheva de lui donner la force d'ouvrir les yeux, la regardant avant tant de choc que de dégoût, il ne voulait pas qu'elle soit là, il ne ne voulait pas qu'elle voit ça, il ne voulait pas qu'elle le voit comme ça; ces pensées s'entrechoquaient dans sa tête, provoquaient des accidents, déclenchaient toutes les alarmes; il eut envie de la repousser mais n'en eut pas la force; il eut envie de hurler mais ne put qu'articulier, difficilement, avec l'impression qu'un autre parlait à sa place: « L- - language, Talesco. » Talesco. Il s'en souvenait maintenant. Non pas Rosie Lupesco mais Marie Talesco. Il nota mentalement qu'il était plutôt content de ne pas s'être trompé dans ce moment critique. Ça aurait fait mauvais genre.
Il avait terriblement froid. Il avait terriblement mal. Il la regardait mais il ne la voyait pas vraiment. Il y avait sa voix, bien sûr, et ses doigts à la surface de sa peau. Il y avait sa chaleur, aussi, sa présence et son Bruit, ses émotions qui pour une fois, ne lui semblaient pas tout à fait interdites sans qu'il ne comprenne pourquoi. Était-ce elle qui s'ouvrait à lui? Ou lui qui s'ouvrait à elle? Ou juste l'effet de ses doigts sur sa peau? Rolf n'en savait trop rien. Tout ce qu'il savait, c'était l'inquiétude, le soulagement en demi-teinte, la peur, l'agacement, un rien d'horreur, une note d'amusement, un soupçon de curiosité. Un parfum exquis. Une oeuvre d'art désordonnée. Rolf ne savait pas trop à quoi il s'attendait de la part de Marie Talesco: elle semblait toujours en contrôle, toujours calme, semblait avoir ses émotions au bout d'une laisse. Il ne s'attendait pas à ça. Mais peut-être que c'était la fièvre qui imaginait tout ça. « Typiquement Scamander. Aux abonnés absents quand on l'espère. Toujours présent lorsqu'il devrait se taire. » Un nouveau sourire, un peu plus pâle cette fois, et plus faible. Sa bouche s'ouvrit pour dire quelque chose mais les mots lui échappèrent, s'évanouirent avant qu'il ait eu le temps de finir de les penser et de commencer à les prononcer. Ses pensées s'effilochaient, s'envolaient très loin en mode fusée. Les mots qu'elle prononçait aussi s'effaçaient, se diluaient dans un maelström créé d'inconscience, de privation et de douleur. Mais ses lèvres se fendaient toujours d'une risette pensive, ses yeux cherchant avidement le visage de Marie se détournant une énième fois vers les cieux, cette fois avides d'histoires et de noms.
« Rolf ? Rolf ! » Il essaya de dodeliner de la tête, en vain. Il tourna le regard vers elle, hagard. « Il va falloir m'aider, d'accord ? » D'accord. Il voulut hocher la tête, en vain. Il voulut se lever, en vain. Ses jambes le portaient mais elles ne le soutenaient pas. Sa tête lui faisait mal. Son corps lui faisait mal. Tout lui faisait mal. Un bras passé autour des épaules de Marie, l'autre main toujours crispée autour de sa baguette qu'il ne lâcherait jamais, il se laissait guider sans mot dire, sa tête dodelinant sur son torse sans force. Elle le dirigeait quelque part. Lui, tout ce qu'il voyait, c'était le regard du Rafleur toujours fixé sur lui, qui le regarderait sans doute toute sa vie. Ses grands yeux noirs, morts, injectés de sang, qui le sondaient jusqu'au plus profond de son âme. Rolf se demanda si on conservait une âme, après avoir tué quelqu'un. Si ça servait d'avoir une âme, même, après qu'on ait tué quelqu'un.
Dans ses derniers moments de conscience, il entendit Erlkönig chanter, hurler. Ah. Il allait pleuvoir. Peut-être que ça allait rincer tout le sang de son visage. Il se demanda si la pluie allait suffire pour nettoyer tout ça — et puis, le vide.




Rolf ne rêvait pas. Enfin si, rationellement, il savait qu'il rêvait, comme tout le monde. C'était naturel, après tout, de passer dans le monde de l'imaginaire à un moment donné du sommeil; naturel, normal, ordinaire. Certains racontaient leurs rêves; d'autres y voyaient le futur; certains écrivaient leurs rêves; d'autres y voyaient des explications; certains se souvenaient de leurs rêves; d'autres vivaient dans l'incompréhension toute leur vie. Il se souvenait s'être fait réveiller par sa grand-mère, une nuit, parce qu'apparemment il s'agitait dans son lit, donnait des coups de pied, hurlait des phrases sans queue ni tête. Un cauchemar; un cauchemar dont il ne se souvenait pas dès le réveil.
Non, ce n'était pas que Rolf ne rêvait pas; juste qu'il ne se souvenait pas de ses rêves. Jamais.
Cette fois-là, pourtant, il sut qu'il allait s'en souvenir toute sa vie. Ça ne ressemblait pas un rêve, pas réellement. Ça avait la senteur de la forêt et du sang, l'odeur de la mort et de la haine. Il voyait le carmin de l'hémoglobine et le marron de la boue. Il entendait le bruissement des feuilles, et le bruit terrible de la chair contre la chair. Il touchait les aspérités de la pierre dans ses mains et il sentait l'homme se débattre sous son poids. Pourtant, la scène avait la texture des songes: il y avait quelque chose d'étrange dans l'air, un détachement qu'il n'avait pas ressenti, une impression alien. Il se trouvait là mais il ne se trouvait pas vraiment là, pas exactement en tout cas. Le visage du Rafleur était différent, raviné de rides, couturé d'anciennes cicatrices. Les arbres se rapprochaient en se mettant à chuchoter, puis à parler, puis à crier; Rolf les entendait même quand il mettait les mains sur ses oreilles, même quand il hurlait pour essayer de noyer le bruit. Sans vraiment savoir pourquoi, il finissait de nouveau sur le dos, à regarder le ciel: il faisait jour, cette fois, et les nuages étaient teintés de sang, de grosses gouttes écarlates s'écrasant autour de lui et sur son visage, coulant sur ses yeux, lui obstruant la vue. C'était une sensation étonnament rassurante, dans le rêve: le sang était plus doux, plus tendre que la pluie ardue qu'il avait souffert pendant des jours. Il l'enveloppait puis infestait ses oreilles, son nez, sa bouche, remplissait sa gorge, ses poumons et l'étouffait. Quand il parvenait à le cracher et à tousser et à se mettre à quatre pattes, à chaque fois, sans jamais y manquer, il tournait la tête pour essuyer sa bouche ensanglantée dans le creux de son épaule; alors, et seulement alors, il croisait le regard du Rafleur qui ne ressemblait plus du tout à l'homme qu'il avait tué.
C'est toi qui a fait ça? ” lui hurlait Newt, encore et encore et encore, comme ce jour fatal où il avait fait preuve de ses pouvoirs magiques, trop tard, trop douloureusement. Tout ce qu'il faisait, il le faisait mal. À chaque fois qu'il faisait quelque chose, il faisait mal. “ Rolf. ROLF! RÉPONDS MOI, MON GARÇON, C'EST TOI QUI AS FAIT ÇA? ” Encore et encore et encore. Et puis à chaque fois, le noir et le rêve, recommençait. Encore et encore.




Il étouffa un hurlement en se réveillant. Il était de retour dans la forêt, la pluie, le sang, les nuages, la pierre, la mort- - non. Non, il n'était pas dans la forêt, il n'était plus piégé dans un sommeil infesté d'images violentes et terribles. Il était en vie. Sa poitrine se soulevait à un rythme frénétique; sa gorge était nouée d'hurlements réprimés; tout lui faisait mal, tout lui faisait mal, et il avait l'impression qu'il allait rester immobile et piégé toute sa vie à partir de maintenant; mais dans un sursaut de volonté, il parvint à tourner la tête sur le côté et il vit Marie, alors il sut que tout irait bien. Elle avait les yeux fermés et il comprit, après un court instant, qu'elle le veillait. Il était dans un lit qu'il ne connaissait pas, la tête lourde, le corps douloureux, la langue pâteuse; le lit se trouvait dans une pièce qu'il ne connaissait pas; le Bruit de Marie lui était encore une fois fermé; tout était effrayant et pourtant, sa respiration se calma d'elle-même alors qu'il cherchait avidement du regard le visage aux yeux fermés de la française. « J'ai besoin de calme, d'accord ? » laissa-t-elle échapper dans un mince filet de voix, les yeux toujours fermés. Rolf l'observa sans rien dire, profitant de l'occasion pour noter qu'elle avait une myriade de grains de beauté dans le cou, un au coin des lèvres, un autre sur la pommette, un autre sur le front. Elle lui semblait si proche et si loin à la fois, comme une vision venue d'un autre monde. Comme un rêve. Elle ouvrit les yeux et Rolf trouva — il ne sut comment — la force de ne pas les détourner honteusement. « Oh. Bonjour. » Il essaya de sourire mais n'y parvint pas, se contenant de suivre du regard la main qu'elle leva. Il se demanda si c'était un rêve. Il se demanda si Marie était déjà dans ses songes, mais qu'il ne pouvait juste pas s'en rappeler. Cette pensée le rendit triste, étrangement. Il se demanda aussi, presqu'aussitôt, si elle rêvait de lui. Cette pensée le rendit encore plus triste. Il aurait aimé occuper ses pensées comme elle occupait parfois (souvent) les siennes.
« Rolf ? Rolf, tu es avec moi ? » Il repensa aux lettres et il repensa à Erlkönig. Il repensa aux pincements au coeur et il repensa aux pincements aux doigts. Il avait été surpris de la lire, tout d'abord, puis encore plus quand elle avait continué de lui répondre, quand elle avait répondu à chacune de ses missives avec une patience infinie, cet esprit qui le faisait sourire bien malgré lui à chaque fois. Rolf avait l'impression que Marie et lui étaient des gens foncièrement différents qui, pourtant, se ressemblaient à bien des égards. « Peut-être que Erlk' réussirait à te faire ouvrir les yeux. Il a cette désagréable manie de venir mordiller ma clavicule lorsque je ne me réveille pas assez vite... » L'évocation du piaf le fait cligner des yeux et le ramène sur terre. Dans un grognement sourd, Rolf se redresse, difficilement, en s'appuyant sur ses bras, ignorant même quand Marie fait mine de se rapprocher pour l'aider; il se laisse aller contre le dossier du lit, mal à l'aise, le visage détrempé de sueur déjà à cause de l'effort. Mais il se sent lucide, il se sent conscient, il se sent présent, il se sent vivant. “ Où est-il? ” parvient-il à crôasser, difficilement. Il déteste sa voix, qui menace de se briser au moindre coup de vent. Il est si vulnérable, si fragile en cet instant précis; il déteste ça. Pourtant, il ne s'inquiète pas — ça, c'est nouveau, ça, c'est étrange.

Un peu plus à l'aise, assis contre le dos du lit, il se permet d'observer l'endroit sans fixer Marie cette fois. Battements de coeur effrénés; non, tout va bien, sa baguette est sur la table de nuit près de la bougie, et il voit la forme informe de son sac dans un coin. C'est une chambre, a fortiori, dans laquelle il n'est jamais allée. La fenêtre montre un ciel nocturne et un paysage impossible à distinguer; toutefois, s'accrochant désespérément à l'horizon, les couleurs de l'aube (à moins que ce ne soit le crépuscule?). “ Où- - ” Il s'interrompt, en reposant un regard trop clair, trop bleu, trop pâle sur elle. “ Vous- tu m'as sauvé. Tu es venue. Com- - Erlkönig. Il pensait que l'oiseau l'avait abandonné; il était parti chercher de l'aide. Il a envie de pleurer, encore une fois, mais ne parvint à exactement trouver pourquoi; il sent juste la tristesse se construire derrière ses yeux et remonter dans sa gorge et piquer son nez; mais aucune larme ne coule. Il se rappelle de son grand-père glissant sa main dans ses cheveux sans douceur, aggripant les mèches blondes, le forçant à le regarder alors qu'il lui vociférait à la gueule que les garçons ne pleuraient pas. Et certaines choses ne changent pas.
Il lève les bras pour les observer, l'air curieux. Éraflures sur l'avant-bas, jointures des poings éclatées, diverses petites plaies. Les blessures des serres d'Erlkönig sur son ventre. Sa cheville douloureuse. Son visage gonflé, tuméfié, éclaté. Son nez cassé. Ça lui fait encore mal, évidemment, mais c'est plus distant, moins- omniprésent. Elle l'a soigné. Un peu; et une bonne nuit de sommeil a fait le reste. Une seule ou plusieurs? Rolf ne se souvient pas de la dernière fois qu'il a dormi aussi profondément. Il remarque aussi qu'il ne porte plus un pull et sa veste mais seulement le t-shirt tâché de sang et de boue qu'il avait en dessous. Il est un peu gêné à l'idée qu'elle l'ait manipulé ainsi, alors qu'il était complètement inconscient, mais se reprend rapidement. Elle lui a sauvé la vie. “ Merci, ” laisse-t-il tomber comme un couperet, en laissant retomber ses bras sur son giron et en levant à nouveau les yeux vers elle. “ Merci, répète-t-il, en français, et l'ombre d'un sourire égaye son visage. Tu te fais du souci pour moi? ” Et il sait, au fond de lui, que c'est stupide de faire référence à des choses qu'ils se sont échangées, à l'oral ou à l'écrit, parce qu'ils ne se sont vus qu'une ou deux ou trois fois si on n'oublie les lettres; il sait que c'est idiot, un peu trop innocent pour les temps sombres qui courent; il sait aussi que c'est franchement agaçant. Mais il avait pensé à elle, et retourné dans tous les sens ce qu'il lui avait dit, ce qu'elle lui avait dit, ce qu'elle lui avait écrit, ce qu'il lui avait écrit si bien que la voir, enfin, après tous ces mois, remplissait sa poitrine d'une impression étrange, entre soulagement, amusement et appréhension. Il s'était senti devenir un Rolf différent, plus instinctif, moins idéaliste que celui qui s'était réfugié dans un cottage moldu avec elle sur l'île Saint Michael; il s'était senti se détacher du monde et des autres, il s'était senti s'endurcir et se perdre un peu dans un débâcle de solitude et de violence. Il se demandait ce qu'elle allait penser de ce Rolf-là. “ Où sommes-nous? ” demanda-t-il finalement dans un murmure, en reprenant un visage sérieux.
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Luna Lovegood
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‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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it feels like the end
Sleep with the lights off when you're alone. Silence so mighty you go deaf; bombs are going off inside your chest. I know you wanted to be loved but you're bleeding left alone... so, so, so alone... Singing where does time go from here? It feels like the end.


Les gestes étaient lents, maladroits ; chancelants : une impulsion vacillante la poussa même à se relever, tout bras tendus, prête à le seconder si le besoin s'en faisait ressentir. Marie mordilla sa lèvre inférieure lorsqu'il se laissa retomber lourdement contre la tête de lit, tout aussi essoufflé que le soir où ils s'étaient retrouvés bloqués dans le cottage de St Michael Mount. Et pour quoi, cette fois ? Juste pour se relever, pour s'asseoir. Douloureusement, la sorcière sentit son cœur se serrer : elle savait à quel point les premiers mouvements, après s'être vu infligé une correction mémorable, étaient difficiles. C'était éreintant. Tout était simplement exténuant. Elle avait une liste, Luna, une liste bien définie de toutes les choses sur cette planète qui s'avéraient être bien plus douloureuses qu'un Doloris. Ne pas être maître de son propre corps était l'une des pires. « Où est-il ? », lui demanda-t-il, d'un ton si bas, si brisé, que Marie avait dû tendre l'oreille pour seulement le comprendre. Après lui avoir jeté un dernier coup d’œil inquiet, la jeun femme se réinstalla dans la vieille causeuse, repliant les jambes sous elle pour retrouver le confort de sa propre chaleur humaine. « Je ne l'ai pas revu depuis hier. Je crois qu'il s'est fait une nouvelle amie. » Le regard noisette de la jeune femme se perdit un instant au-travers de la grande lucarne, le fantôme d'un sourire venant lui gracier ses traits fatigués. Elle avait été surprise – rassurée et émue – de voir Erlkönig se montrer... presque courtois avec le Thestral lorsqu'elle s'était mise en quête de bois et de brindilles, la veille au soir. Les deux animaux ailés s'étaient mutuellement aidés une fois la débâcle passée. L'un s'assurant que l'autre ne mourrait pas de faim, l'autre prenant soin du plumage souillé du premier pour lui éviter une catastrophe aérienne. Les deux totalement oublieux de leur différence d'espèce, seulement réunis par la force des choses, simplement unis par une expérience forte et commune qui les avaient poussés à collaborer de concert pour une seule et même cause. Elle était certaine que si les sorciers voulaient bien prendre exemple sur eux, la vie serait beaucoup plus simple, beaucoup plus douce. Ils ne seraient certainement pas en pleine guerre.

Les sourcils se rehaussèrent lorsqu'il plongea son regard dans le sien, l'expression curieusement déformée par les nombreuses blessures qui lui parcouraient encore le visage, l'esprit patient désormais aux aguets, maintenant qu'il était assez conscient pour tenter de retisser le fil de sa pensée. « Où- - Vous tu m'as sauvé. Tu es venue. Com- ». Elle ne lui répondit rien d'abord, se contentant de lui sourire en remarquant son regard cérulescent s'éclaircir un peu plus, sous la lumière d'un pressentiment fort et juste. D'une voix douce et basse, soucieuse de l'environnement serein et nocturne qui les entourait encore, elle lui confia. « Oui. Erlk' est venu. J'ai trouvé ça étrange de le voir arrivé si vite, en fait, je devais avoir donné un coup de sifflet, quoi ? Dix minutes avant, peut-être ? ». Elle préférait cette version de la réalité, cette version des faits. Qu'elle venait à peine d'utiliser le sifflet enchanté, plutôt que de lui dire qu'elle s'était sentie perdue, démunie, abîmée, en réalisant seulement que lui aussi, il pouvait disparaître de sa vie. Elle avait déjà perdu tant de choses, tant de personnes, issues de son passé qu'elle se savait  marcher telle une funambule, ces derniers temps. Pire, la constatation lui avait fait plus de mal que de bien, en la plongeant encore une fois dans un océan de doutes et d'épouvantes. Randolf Scamander était la dernière constante, le dernier fondement, qui rattachait encore la sorcière à son histoire passée ; à cette petite fille blonde, intrépide et curieuse, qu'elle avait un jour été. Elle ne se souvenait plus de cette époque, Luna, où les seuls malheurs jalonnant sa vie consistaient à manger les pancakes à la banane de sa mère plutôt que les gaufres à la Patacitrouille de son père. C'était risible, vraiment. Mais mis à part lui... qui se souviendrait cette période idyllique de la vie de Luna Lovegood ? Certainement pas elle. Plus jamais elle. Elle avait déjà toutes les peines du monde à se souvenir de ses véritables traits, aujourd'hui, alors se rappeler d'une période si lointaine ? C'était peine perdue (elle ne l'avait jamais dit, ni n'avait jamais éprouvé le besoin de le faire ressentir  ; mais en se rendant compte que le visage, la voix, le parfum, la silhouette, de sa mère s'étiolait petit à petit de son esprit, elle avait commencé à craindre l'oubli).  

L'attention de Scamander happée par l'inventaire silencieux de ses blessures, Marie en profita pour observer ses traits déformés et son regard embrouillé. À la lueur de la flamme, elle pouvait deviner la teinte éclaircie des nombreux hématomes qui lui avaient gracié le visage à son arrivée – une fois qu'elle avait effacé les traces de sang ; une fois qu'elle l'avait débarrassé de ces éclaboussures carmines qui ne lui appartenaient pas. À la lueur de la flamme, elle pouvait encore voir les ecchymoses qu'un restant d'essence de Dictame avait déjà dissolu sous de la chair saine. À la seule lueur de la flamme, Marie pouvait superposer le visage effacé du Râfleur par-dessus celui de Scamander. Le cœur s'emballa, la respiration se coupa : elle ne réussissait pas, Marie, à déterminer laquelle de ces visions, laquelle de ces craintes, lui était le plus intolérable. Elle s'inquiéta de le voir changer d'air, confondant les regards perdus et gênés de Rolf pour des grimaces douloureuses, des symptômes évidents qui venaient lui faire se demander si elle n'avait pas raté une blessure en le soignant, ces jours derniers. Les lèvres s'entrouvrirent alors, l'insurgée prête à lui demander si tout allait bien lorsqu'il la prit de court. « Merci. » Mal à l'aise, Marie porta sa main libre dans le creux de son cou, prête à lui rétorquer que ce n'était rien. Ou mieux encore, qu'ils étaient finalement quitte ; prête à lui faire savoir, à demi-mots, qu'elle était heureuse de pouvoir encore le compter parmi les vivants. Mais lorsque la langue de Molière s'échappa du bout des lèvres de Rolf, un air presque heureux gravé malgré l'état pitoyable dans lequel il se trouvait, Marie sentit son propre sourire s'envoler. « Tu te fais du souci pour moi? » Ses traits étaient alors figés dans une moue (qu'elle espérait) choquée. Assez pour masquer le véritable trouble dans lequel il venait de la plonger : c'était bien plus facile d'éluder ses vérités mensonges par courrier que dans la réalité, qu'en l'ayant en face d'elle. Un instant, elle voulut partir, s'enfuir, ne jamais revenir. Elle était lâche, Luna, lorsqu'elle se retrouvait dans ce genre de situations bancales, désormais. Lorsqu'elle regardait droit dans les yeux un être cher en se proclamant française, en se nommant Marie, en affirmant qu'elle n'était pas elle. Les yeux noisettes roulèrent vers le plafond avant qu'elle ne décide à se lever. Dans un murmure, elle ordonna aux brindilles entreposées dans un coin de la pièce de se mouver pour aller alimenter le feu crépitant du poêle, la seule source de chaleur notable dans cette pièce humide et condamnée.  « Disons que... », le regard s'attarda une seconde de trop dans le regard de Rolf pour qu'elle puisse continuer de lui formuler d'une traite politesses ('je suis la bergère des brebis égarées') et autres excuses éhontées ('je fais ça quotidiennement, toi ou quelqu'un d'autre, est-ce que ça aurait changé grand chose ?'). « Oui. Oui, je me fais du souci pour toi. » C'était bizarre, même pour elle, de se l'entendre dire. Elle qui avait tant choses à l'esprit pour ne jamais se fixer sur un sujet précis ; tellement de remarques et d'idéologies antagonistes pour toujours rythmer de façon illogique sa vie ; elle se rendait compte que depuis septembre dernier, depuis les lettres échangées, pas une seule journée n'avait passé sans qu'elle n'ait au moins une pensée pour lui. Où est-il aujourd'hui ? A-t-il vu un nouveau coucher de soleil fantastique ? A-t-il réussi à passer cette frontière maudite (qu'elle redoutait de plus en plus) ? C'était bizarre (vraiment, vraiment bizarre) de toujours le voir au réveil, de l'imaginer bivouaquer avec Erlk' une fois la nuit tombée. C'était bizarre de s'imaginer amie avec lui alors qu'auparavant, elle le pensait, croyait dur comme fer, seulement l'ami de Daddy (mais Daddy n'est plus là. A-t-il seulement d'autres amis ?).

Les joues brûlantes d'avoir seulement vocalisé ses pires craintes, la sorcière déplia de nouveau les jambes avant de se relever, parcourant un peu trop rapidement les quelques mètres qui séparaient son poste de garde-malade du vieux banc, sur lequel elle avait aligné tout son nécessaire de soins insurgé. D'une main, Marie attrapa le pichet d'eau tiédi par la température ambiante et, de l'autre, l'un des rares verres du cottage qui n'avait pas été ébréché par le temps. « Où sommes-nous ? » ; « En sécurité. », se contenta-t-elle de lui répondre une fois qu'elle eut rempli le verre à ras-bord, attrapant un torchon propre avant de retourner à ses côtés. Ils étaient en sécurité, c'était tout ce qu'il y avait à savoir. En sécurité, loin de tout danger, des horreurs du monde sorcier, de la réalité : quoiqu'elle puisse en penser, de ce lieu maudit, Marie savait que ce petit cottage abandonné au beau milieu de la campagne anglaise était un havre de paix, le genre d'ultime rempart, secret et fragile, qui accueillerait toujours à bras ouverts les âmes meurtries par la guerre. Elle savait qu'Hermione était revenue ici depuis. Mais elle n'avait jamais voulu savoir, Marie, les raisons qui avaient conduit Hermione dans cette contrée reculée. Parce que savoir que c'était pour elle (encore et toujours pour elle) que la sorcière avait déniché cet oasis monté sur des fondations effritées par le temps, paré de portes à moitié disloquées, la rendait incroyablement honteuse. Revenir en ces lieux lui faisait prendre conscience de toutes les montagnes qu'Hermione avait soulevé pour elle, des tonnes de mensonges dans lesquels elle s'était emmurée et du nombre incalculable de sacrifices qu'elle s'était imposé pour seulement alléger ses peines  : elle savait, Luna, que jamais elle ne pourrait assez remercier Hermione Granger de l'avoir fait renaître. « Ce cottage, c'est... un secret, en quelque sorte. Tu me promets de ne jamais en parler ? », lui tendant le verre d'eau, la jeune femme prit place sur le rebord du lit, faisant de son mieux pour ne pas toucher ni gêner la forme prostrée de Scamander dans ce lit de convalescence universel. « C'est une sorte de plan B, ici. Les autres insurgés ne connaissent ni le lieu, ni l'existence de cet endroit. », elle avait envie de rire, Marie, en cet instant. C'était plus que l'ombre d'un sourire qui venait lui étirer les traits dans le clair-obscur de la pièce. Elle aussi devrait peut-être prendre en considération ses propres réflexions, (ré-)observer les comportements animaliers pour s'en inspirer. Mais... La confiance était devenue si précieuse qu'elle ne pouvait plus la donner au premier venu ; elle le redoutait même, cet ancien trait de personnalité, depuis que ses amis (les connaissances de Marie) ne cessaient de le critiquer lui. Es-tu stupide?. As-tu seulement conscience des risques inconsidérés que tu prends ?. Elle n'était plus seule, maintenant, elle ne pouvait plus faire ce qu'elle voulait ; elle ne pouvait plus voguer comme bon lui semblait : qui savait si un Râfleur ne l'attendait pas au prochain tournant ? Prêt à tout pour seulement trouver une faille, la brèche, qui les feraient tous ployer.

Les iris de la sorcière parcoururent alors les mains, les bras, le cou, le visage, de Rolf, en quête du moindre morceau de chair qui mériterait l'attention toute particulière de ses sortilèges. Elle le regardait intensément, Marie, de ses grands yeux sombres. Elle le regardait mais elle ne le voyait pas. Le voir ne ferait que relancer sa machine à penser. Le voir équivaudrait à se l'imaginer dans un état pire que celui dans lequel elle l'avait retrouvé. Le voir mort était une image à laquelle elle ne voulait pas être confrontée, ni aujourd'hui, ni demain, ni dans dix ans. D'un geste gracile, le mouvement quasiment devenu automatisme, Marie s'empara à nouveau de sa baguette magique comme si elle ne l'avait, en réalité, jamais quitté. Continuité presque naturelle entre les matières, l'organique et le végétal savamment mélangés pour ne pas réussir à les distinguer dans la pénombre. « Je n'aime pas les plans B. », lança-t-elle tout d'un coup, très sérieusement, toute trace de sourire envolée de son expression bienveillante. Avec une douceur infinie, la précaution palpable au bout de ses doigts, elle attrapa la main libre de Scamander pour pouvoir jauger les plaies, plus ou moins cicatrisées, qui lui parcouraient l'avant-bras. Rapidement, elle lança de nouveau quelques sortilèges pour que les dernières parcelles meurtries se referment, avant de continuer à parler. « Les plans B amènent forcément aux C. Et aux D. Et aux E. Et... la boucle ne s'arrête jamais : on commence à élaborer des plans de secours, des plans de secours pour les plans de secours et... », Marie soupira lourdement en se rendant compte que la fatigue et la peur et l'inquiétude latente embrouillaient plus qu'elles n'organisaient son esprit dans le cas particulier de Rolf Scamander. Pour quelqu'un d'autre, pour autre chose, n'importe quoi, elles lui auraient servi de moteur indéfectible à sa nouvelle logique infaillible. Avec lui, elle avait beaucoup de mal à garder à distance raisonnable son ancienne logique. Reposant le bras de Scamander par-dessus les draps, elle fixa sans sourciller le cartilage cabossé de son nez. « … Non-sens. Tout ça pour te dire que j'espère sincèrement ne pas avoir à... te faire oublier cet endroit. » Elle lui tendit le torchon alors, d'un air à la fois sévère et à la fois désolé. « Tu devrais peut-être mordre là-dedans. Je n'ai pas osé replacer ton nez pendant que tu dormais, ça risque de... enfin, tu sais. ». Nouveau silence, puis, au dernier moment, dans un murmure gêné, elle lui proposa. « Mais, Rolf. Si jamais tu as besoin d'oublier, aujourd'hui, ou demain, ou dans dix ans... n'hésite surtout pas à me le dire. D'accord ? » Le sorbier s'éleva  entre eux deux, l'arête du nez de Scamander comme unique point de mir. La bonne formule n'attendait qu'une bonne parole, n'était dépendante que d'un seul indice, pour aller soit soigner son corps, soit lui soigner l'âme.  

Elle le lui proposait parce qu'elle, elle aurait aimé oublier. Mais Marie avait bien trop de souvenirs entachés, teintés, assombris, pour réussir à tous les effacer sans la changer. Définitivement.
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Rolf Scamander
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
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Il avait parfois l'impression d'être seul au monde. Le dernier survivant d'une guerre qui pourtant, laissait ses traces; sans doute qu'il préférait y rester aveugle. C'était simple, d'oublier le reste du monde, Insurgés et Mangemorts, Rafleur et Magister. Rolf pouvait passer des journées entières sans rien dire, perdu dans ses pensées, sans penser à rien ni personne: il fumait et il rêvait et il lisait les étoiles et des livres, parfois. Il ne s'arrêtait jamais. Il sillonnait le pays, les montagnes et les forêts; il cherchait refuge et les quittait aussitôt, incapable de faire confiance à quoique ce soit pendant trop longtemps, parce que tout était une douce-amère piqûre de rappel que la plupart des gens le voulaient mort.
Mais il y avait Erlkönig, le rapace qui le suivait depuis des années, qu'il avait eu tant de mal à faire entrer dans la Volière de Poudlard, l'oiseau qui avait toujours été son dernier ami, son dernier compagnon, son dernier rempart. Toujours Erlkönig, éclaireur et chasseur, confident et bouclier. Dans les yeux fauves de l'animal, Rolf y avait déjà vu des éclairs d'intelligence, des impressions de pensées; il savait, rationnellement, que c'était impossible mais parfois, il avait l'impression que l'animal le comprenait. Après tout, les animaux fonctionnaient à l'instinct, aux hormones, aux émotions — un peu comme lui. Les animaux ne cherchaient pas, ils savaient. Et dans les yeux d'Erlk, Rolf avait parfois l'impression de se faire comprendre.
Il y avait Marie, aussi, qu'il lisait presque toutes les deux semaines. Il caressait toujours ses lettres. Toujours. Comme un aveugle qui y aurait décelé un sens caché, une signification en relief. Le bout de ses doigts passaient à la surface de ses mots en silence, alors qu'il articulait à mi-voix chacune de ses phrases, comme pour mieux la comprendre. Il essayait de trouver, dans l'encre et le papier, des émotions, des sentiments, des impressions — en vain. Elle était une énigme enveloppée dans un mystère. Elle le fascinait, d'une manière un peu étrange. Il ne savait pas à quoi s'attendre d'elle et pourtant, elle faisait tant de sens, elle était si... familière, voilà le mot. Il ne se passait pas une journée sans qu'il ne regarde le ciel à la recherche de la silhouette d'Erlkönig, dans l'espoir de lire une de ses lettres. Il ne se passait pas une journée sans qu'il ne pense à elle. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme elle auparavant. Et au début, il pensait que ça venait juste de sa... faculté? capacité à ne pas se faire lire par lui et son don; mais c'était autre chose. Parce que Marie était devenue la jeune femme aux lettres, la jeune femme au sourire, la jeune femme aux mystères. La jeune femme aux patacitrouilles et aux dessins et à la patience et à la cicatrice et au français et aux souvenirs et aux cartes postales.

Elle faisait toujours preuve de cette patience infinie, comme is elle avait tout le temps du monde, comme si elle disposait encore de toute la tendresse, toute la douceur qu'il avait l'impression qu'on lui avait arraché à coup de chasse et de sortilèges. Il la voit essayer de l'aider et le rassurer; il voit ses hésitations et sa prévenance, son inquiétude et sa bravoure. « Oui. Erlk' est venu. J'ai trouvé ça étrange de le voir arrivé si vite, en fait, je devais avoir donné un coup de sifflet, quoi ? Dix minutes avant, peut-être ? » Il aime beaucoup la manière avec laquelle elle disait Erlk'. “ Brave piaf, ” commente Rolf avec un sourire en demi-teinte, un peu fatigué et faussement dépréciatif. À vrai dire, il est incroyablement touché et fier qu'Erlkönig ait pris pour lui cette décision. Cependant, il a aussi envie de lui demander: comment sommes-nous arrivés ici? Comment êtes-vous venue à moi? Pourquoi êtes-vous venue? Pour moi? Pour lui? Pour les lettres? Mais il referme la bouche, après une héstation. Des questions pour une autre histoire.
Pour l'instant, ce qui l'intrigue, ce sont ses blessures (et son besoin irrépressible de masquer ses larmes qui, sans eau, menacent de couleur à chaque instant. Il refuse de pleurer, devant elle ou quiconque. Il refuse de pleurer. Les hommes ne pleurent pas). Le mal-être et la douleur viennent de plus profondément: ce ne sont que des plaies de chair, pense-t-il avec détachement, observant le sang séché et les croûtes salvatrices. Presque soignées, toutes ces plaies de toutes manières; et c'est pourquoi il la remercie. Il n'est pas très doué pour lire les visages et pour comprendre les gens, une fois amputé de son don- - non. Il n'est pas vraiment amputé: il sent quelque chose, chez Marie. Mais c'est quelque chose d'illisible, comme si on lui mettait l'alphabet cyrillique sous les yeux en lui demandant de traduire. Il y a ce mur, parfaitement érigé, parfaitement imprenable et indestructible, qu'elle a érigé entre elle et le monde; Rolf le sent et le connait, beaucoup de gens le portent en protection, machinalement. Mais généralement, il peut sentir ce qui se passe derrière, même chez les plus talentueux des Occlumens: rien ne lui échappe jamais réellement, après toutes ces années de pratique. Mais chez elle, c'est... décousu, c'est le moins que l'on puisse dire. Impossiblement décousu.
Alors il ne comprend pas quand le sourire absent qu'elle porte s'éteint et s'affaisse brusquement.

« Disons que... Oui. Oui, je me fais du souci pour toi. » Sa nuque le pique, il ne sait pas trop pourquoi. Ça fait bizarre, de l'entendre dire ça, parce que ça lui fout un coup au coeur qui n'a pas sa place ici, ni nulle part, et qui n'a pas sa place maintenant, ni jamais. Les coeurs ne seront jamais pratiques à moins d'être faits indestructibles. “ Moi aussi, ” dit-il à son tour d'une voix parfaitement égale, ses yeux fiévreusement plantés dans les siens jusqu'à ce qu'elle les détourne presque pudiquement en les levant au plafond. Rolf sent la gêne planer sur eux et il s'en veut un peu, de l'avoir taquinée si maladroitement de l'avoir regardée intensément. Il ne sait pas trop d'où ça vient, tout ça. Alors il lui demande, hésitant et un peu inquiet: « Où sommes-nous? En sécurité. » Elle est sûre d'elle. Rolf attend qu'elle lui en dise un peu plus et lui explique mais Marie n'est pas de ce genre-là, apparemment, préférant des vérités entières que des semi-vérités tièdes et polies. Rolf aime bien cette sincérité. « Ce cottage, c'est... un secret, en quelque sorte. Tu me promets de ne jamais en parler ? C'est une sorte de plan B, ici. Les autres insurgés ne connaissent ni le lieu, ni l'existence de cet endroit. » Il prend le verre qu'elle lui tend, après une hésitation. Il remarque que leurs doigts s'effleurent avant que ceux de Rolf se referment autour du verre. “ Oui, bien sûr, ” promet-il après une nouvelle hésitation, toujours en la regardant. Il ne peut pas s'empêcher de se demander pourquoi elle lui fait confiance, pourquoi elle le juge digne de confiance — elle n'a même pas parlé de cet endroit à ses compères... Le considère-t-elle comme un ami? La considère-t-il comme une amie? Oui. Totalement. Il ne sait pas pourquoi — ils se sont vus si peu, se connaissent si mal — mais Marie fait partie de ces gens auxquels il est difficile de rester indifférent. Et il a presque l'impression d'avoir appris à la connaître à travers ses lettres. Marie la jeune femme aux lettres.

Elle s'assied près de lui et, difficilement, il bouge sa masse douloureuse pour lui laisser un peu de place sur le rebord du lit, presque par mécanisme — et aussi pour éviter un fatal contact, parce que chaque fois que leurs épidermes sont trop proches, Rolf s'étonne du silence de son Bruit et s'étonne du courant électrique qui lui rallume le coeur et les étoiles. Rolf sent le regard de la française parcourir son visage et son corps, le dévisageant d'une manière qui aurait de quoi le mettre mal à l'aise si il n'était pas en train de se concentrer (avec une détermination presque obsessionnelle) sur la gorgée d'eau qu'il est en train d'avaler. Il est stupide. Pourquoi se sent-il épié, remarqué, détaillé? Elle doit juste s'occuper de ses plaies. Oui. C'est ça. « Je n'aime pas les plans B, » dit-elle doucement en prenant sa main (pendant un instant, celle-ci se crispe et menace de s'échapper; mais elle reste dans les siennes, douces et prévenantes, qui guérissent le bras éraflé et douloureusement ensanglanté d'hémoglobine séchée). « Les plans B amènent forcément aux C. Et aux D. Et aux E. Et... la boucle ne s'arrête jamais : on commence à élaborer des plans de secours, des plans de secours pour les plans de secours et... » Il l'écoute attentivement en reposant le verre d'eau à moitié vide sur la table de nuit. Alors qu'elle se concentre sur les plaies, c'est à son tour à lui de la dévisager, en silence, observant ses cils qui tirent des ombres délicates sur sa pommette et comment elle fronce légèrement du nez en parlant. Mais quand les billes — noisette, remarque-t-il, et un peu mordorées — de Marie se relèvent vers les siennes, il fait mine de regarder par la fenêtre puis de la regarder elle, comme si elle venait de le tirer de son observation de l'extérieur. « … Non-sens. Tout ça pour te dire que j'espère sincèrement ne pas avoir à... te faire oublier cet endroit. » Oublier? Froncement de sourcils. « Tu devrais peut-être mordre là-dedans. Je n'ai pas osé replacer ton nez pendant que tu dormais, ça risque de... enfin, tu sais. » Il prend le torchon, le fait jouer entre ses mains. « Mais, Rolf. Si jamais tu as besoin d'oublier, aujourd'hui, ou demain, ou dans dix ans... n'hésite surtout pas à me le dire. D'accord ? Oublier? ” Le concept lui semble... étranger. Complètement étranger.

Il agite brusquement de la tête. “ Non. Non, non, non, ” ponctue-t-il, avant de branler un peu moins vite et moins fort du chef parce que ça fait un peu mal au crâne. Il plante férocement son regard dans celui de Marie — il n'est plus animé par de la curiosité ou de la fascination, non, mais par une détermination certaine, une rage qui a eu raison du Rafleur, une conviction intrinsèque à tout son être. “ Les morts veulent que l'on se souvienne d'eux, tu te souviens? Non, je ne veux rien oublier. Ni aujourd'hui, ni demain, ni dans dix ans. Je- - Nouveau froncement de sourcils. J'imagine qu'il y a des choses que beaucoup de gens aimeraient oublier mais moi je ne veux pas. Je ne peux pas. Si j'oublie quoique ce soit, qui se souviendra de moi? ” Il ne veut pas oublier la douleur. Il ne veut pas oublier la peur. Il ne veut pas oublier le froid, l'horreur, la faim; il ne veut pas oublier la rage, la colère, le sang, la mort. Vraiment? Vraiment. Ça lui fait peur, ce vide qui s'est agrandi dans sa poitrine, ce vide qui s'est rempli d'amertume et de colère. Mais malgré tout, il n'aimerait pas être stupide et redevenir le Rolf trop bon trop con qu'il était avant, il n'aimerait pas être Rolf Scamander, Randolf Scamander, petit-fils de Newt. Il veut simplement être lui-même, et ça veut dire qu'il veut aussi garder cette rage et ces souvenirs et ces horreurs. “ Et puis, on a rendez-vous dans dix ans en France. Dans le massif de- de l'Istireul ” rajoute-t-il, avec de lui envoyer un petit clin d'oeil l'air de rien, glissant le torchon dans sa bouche comme pour tourner court à la discussion. Il ferme les yeux, serre les dents.
La douleur est vive et flagrante, mais pas insupportable — il ne lâche qu'un bref gémissement étouffé par le torchon avant de soupirer en se laissant aller en arrière, son crâne butant sans douceur contre le mur même si ses traits se détendent dans une expression presque soulagée. Il ferme les yeux un instant, tire le torchon d'entre ses mâchoires avant de la regarder de nouveau. Le clair-obscur de la pièce joue des ombres intéressantes sur son visage. Ça lui donne une bonne excuse pour la regarder. Il tend brusquement la main vers elle et ralentit le geste à mi-chemin quand elle se crispe; sourire d'excuse. Il tend le doigt vers son cou, sa clavicule, sa poitrine; et lentement, vient effleurer sa peau au niveau du creux de son cou pour récupérer la chaîne qu'elle a gardé précieusement. Pendant un quart de seconde, il sent son pouls qui bat sous sa peau (machinalement, il la regarde dans les yeux, la gorge nouée) avant de glisser son doigt sous la chaîne. Il la tire jusqu'à lentement sortir de l'encolure de son haut la montre puis les alliances, qu'il prend dans sa main et fait tourner dans sa paume. Sans même serrer les doigts autour, il sent le pouvoir, le passé, les émotions des objets; l'impression familière de fidélité, de dévotion, d'affection, d'amusement, de passion, de désir, d'agacement, de doute aussi (un peu), de peur (légèrement) mais surtout, surtout, d'amour. Il sent aussi autre chose, qui n'appartient ni à Artémis ni à Dana. Quelque chose qui appartient à Marie.
D'un mouvement du menton, il lui fait signe de regarder les alliances et la montre. “ Pour ne pas oublier le temps qui passe et pour ne pas oublier que certaines choses sont éternelles, ” dit-il simplement avant de retirer sa main, laissant les précieux objets retomber sur la poitrine de la française. Il plante de nouveau son regard dans le sien. Puis il plisse des yeux, penche légèrement la tête sur le côté. “ Il faut que tu te reposes. Depuis combien de temps suis-je dans ce lit? Ne me dis pas que tu m'as veillé. Je- - tu dois te reposer. ” Super moyen pour lui dire qu'elle ressemble à un cadavre qui vient de voir un de ses potes fantômes. “ Je me sentirai mal de te laisser mourir de fatigue. Qu'est-ce que je dirais à tes amis Insurgés? ” sourit-il maladroitement, le mot jeté comme une ombre sur eux deux.
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
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‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFIE#2 — it feels like the end (w/blood) C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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it feels like the end
Sleep with the lights off when you're alone. Silence so mighty you go deaf; bombs are going off inside your chest. I know you wanted to be loved but you're bleeding left alone... so, so, so alone... Singing where does time go from here? It feels like the end.


Elle ne bougeait pas, ne sourcillait pas. Le visage de Scamander avait beau s'assombrir, Marie, elle, faisait tout pour rester stoïque. Seule sa baguette magique tressautait parfois dans le creux de sa main, l'esprit volubile alors assailli par deux formules bien distinctes : soin ou oubli, c'était ce qu'elle lui avait proposé et ce, en toute connaissance de cause. Elle avait réfléchi, Luna, beaucoup réfléchi ; durant des heures et des heures, des jours et des jours, des semaines et des semaines, des mois et des mois. Elle savait ce temps à jamais perdu dans des néants froids et sombres. Contre des pavés humides et dans des limbes cauchemardesques. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais le retrouver et le proclamer à nouveau comme le sien. Alors, à quoi bon les retenir ? Certaines reconquêtes étaient parfois impossibles. « Oublier ? », et si autrefois (et aujourd'hui) elle abhorrait l'oubli, il existait désormais des sujets si précis et si particuliers qu'elle appliquerait ce principe barbare sans même discuter, sans même y réfléchir deux fois. Marie opina lentement du chef, pour réaffirmer sa proposition, mais Rolf fit l'inverse, martelant chaque « Non. Non, non, non. » de violentes – et douloureuses – négations de la tête. Aucun mouvement de recul ne vint animer l'insurgée mais elle ne parvint pas à masquer la peur, naissante, qui lui teintait pernicieusement les iris ; elle reconnaissait la détermination qui animait intensément le regard de Scamander, alors. Elle l'avait déjà vue sur bien des visages : Harry, Ron, Draco, Fred, Hermione... le sien. Elle savait que ce genre de regard annonçait d'étonnantes, et nouvelles, et impérissables, modifications humaines. Ce genre de changement restait ce qu'il était : angoissant. « Les morts veulent que l'on se souvienne d'eux, tu te souviens? ». Il avait cette curieuse manie de toujours lui renvoyer la balle, de réutiliser ses paroles pour s'armer et se défendre, envers et contre tout. 'Pas ce genre de mort ' voulut-elle lui souffler, l'inquiétude pour seul moteur logique, « Non, je ne veux rien oublier. Ni aujourd'hui, ni demain, ni dans dix ans. Je- » Marie avait pudiquement détourné le regard pour observer drôlement, intensément, le torchon qu'il tordait dans tous les sens et qu'il faisait distraitement passer d'une paume à l'autre. « J'imagine qu'il y a des choses que beaucoup de gens aimeraient oublier mais moi je ne veux pas. Je ne peux pas. » La sorcière ne put que lui servir un air désolé : elle ne savait pas vraiment où il se trouvait, Rolf ; avec quel niveau de conscience il déambulait chaque jour et chaque nuit depuis qu'il était simplement parti. Si ses songes à lui le laissaient tranquille. Peu importait le passé, peu importait la vie, de ses semblables, elle avait passé assez de nuits blanches à observer la toile des tentes pour savoir qu'aucun insurgé ne trouverait plus jamais la paix dans les bras de Morphée. 'Ce n'est que le début', voulait-elle lui confier, avant de relever la tête et de le voir si déterminé. Soudainement, elle se rendit compte qu'elle s'était transformée en quelque chose d'amer durant ces quarante-huit dernières heures, croyant sans véritable le vouloir qu'elle l'... « Si j'oublie quoique ce soit, qui se souviendra de moi? » Les mots de Scamander tombèrent comme un couperet et détournèrent les pensées sombres de la sorcière.

C'était une drôle de sensation, les échos. Ne pensait-elle pas quotidiennement la même chose ? Lorsqu'elle buvait le Polynectar, lorsqu'elle parlait à Hermione, lorsqu'elle utilisait le masque de Marie pour protéger les autres ?

La guerre les avait rendus bien silencieux, tous ces précieux amis. Ils taisaient le sujet Luna Lovegood si admirablement qu'elle-même avait l'impression de n'être rien d'autre qu'un fantôme, un souvenir oublié, une drôle de chimère devenue simple légende. C'était grotesque, et amusant, et triste, mais elle ne s'était jamais douté qu'un jour, elle aurait finalement eu pleinement conscience d'elle-même. C'était grotesque, et amusant, et triste, de se rendre compte à quel point on tenait à quelque chose seulement quand on l'avait perdu. « Et puis, on a rendez-vous dans dix ans en France. Dans le massif de- de l'Istireul. ». Un sourire sincère se forma sur son visage, attendrie de simplement entendre la référence épistolaire. Heureuse de pouvoir dire que lui ne l'oublierait jamais. « La plage a un très joli nom. La plage du Tiki. Tiki, c'est très amusant comme mot... », expliqua-t-elle pour lui répondre, pour le détourner de ce qui allait suivre. Stabilisant sa poigne autour du bois de sorbier éraflé, elle attendit qu'il termine de fourrer le tissu entre ses dents et ne ferme les yeux pour comprendre qu'il s'en remettait à elle. Il avait aussi cette faculté de lui rappeler ses convictions lorsqu'elle se laissait un peu trop possédée par ses nouvelles résolutions, les solutions normales, logiques, réelles. Ce serait le sortilège curatif plutôt que l'Obliviate, aujourd'hui. L'informulé atteignit sans la moindre délicatesse le visage de Scamander, le crâne, déjà bien sonné – elle en était certaine, cognant la tête de lit durant le processus. Sourire désolé, grimace douloureuse, baguette abaissée : elle n'avait pas fait que le détourner lui de la douloureuse sensation qui s'était installée. Elle avait également repoussé l'idée que, dans dix ans, elle ne savait pas trop qui poserait le pied sur cette plage planquée entre deux flancs de rocaille rougeoyante. « Un nez aussi étrange qu'avant : tu sais que ça te donne un petit air de famille avec Erlk' ? », lança-t-elle d'une voix douce et chantante, remarquant une nouvelle fois combien il était amusant d'assimiler le nez de Rolf au bec de son hybride. Marie allait se relever pour reprendre place dans la causeuse déglinguée lorsque le bras soudainement tendu du sorcier l'immobilisa toute entière (elle était bloquée, paralysée). Son regard, mi-brut, mi-craintif, fut apaisé par la réassurance et la bienveillance qu'elle pouvait lire sur ces traits froissés par une lutte acharnée. Une lutte pour la vie, s'obligeait-elle à penser, pour réenclencher les muscles endoloris par des heures de veille. Pour oublier qu'elle avait déjà réagi aussi abruptement à St Michael : elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle avait peur... Pur réflexe, mémoire musculaire, l'animal Rebut avait encore du mal à se contrôler face à ce genre de situations anormales, brutales. Il avait encore du mal à accepter ce genre d'impulsions comme étant normales sans la présence de Granger serait une formulation plus exacte... surtout depuis que lesdits initiateurs se révélaient capables de bien plus que de simplement écrire des lettres – aussi amusantes, tendres, et vitales puissent-elles être, même pour sa propre tranquillité d'esprit. La honte infiltra son système : c'était Rolf, là, face à elle. Pas un râfleur et encore moins un maître-mangemort sous l'emprise de colères sombres et vengeresses. 'C'est Rolf, Luna, tu as confiance en lui. C'est Rolf, tu as...' Leitmotiv abrutissant, elle n'avait même pas remarqué qu'il avait continuer d'avancer la main jusqu'à elle. Peau contre peau, l'insurgée en oublia la gêne, la peur, et même les pensées positives qu'elle s'injectait systématiquement à chaque fois qu'elle laissait passer les réminiscences déplaisantes de ces mois volés pour reprendre le contrôle d'elle-même. Elle l'observait attentivement, Marie, tentait de deviner ce qu'il pouvait bien se passer derrière le regard océan et concentré qu'il gardait fixé sur... ce qu'il était en train de faire ou de regarder... oui, peu importait finalement ; c'était Rolf Scamander et elle avait confiance en lui. Qu'importe qu'elle ne le comprenne pas clairement, ou qu'elle ne parvienne pas à traduire le regard mesuré qu'il lui jetait alors. Tout ce dont elle prit conscience, par contre, c'était qu'elle se sentait étonnamment découverte en sentant le métal de la montre, des alliances, de sa chaine, lui frôler la peau avant de disparaître, ne laissant rien d'autre qu'un vide douloureux contre son cœur. Elle avait tellement assimilé ce corps étranger qu'elle en avait oublié jusqu'à sa présence sur elle. Elle ne partait à sa rencontre, à sa conquête, que lorsqu'elle avait besoin de se rassurer... Et à bien y réfléchir, elle ne s'était jamais sentie autant en paix que ces derniers mois où le pendentif avait trouvé une nouvelle place autour de son cou : les cauchemars s'étaient apaisés. Elle n'avait plus autant besoin d'avoir Hermione à ses côtés. Marie n'avait plus autant besoin de faire attention à ce qu'elle pouvait bien dire, faire, ou penser, pour continuer d'exister.

Ce n'était plus le Polynectar, son dernier rempart. C'était cette chaine. Et elle ne savait exactement pas pourquoi : les premiers remords s'étaient effacés devant la conclusion, simple et sans fioriture, qu'elle appartenait à Rolf.

Elle fut un instant désarçonnée en se souvenant de ce détail. Ce médaillon était à Rolf et elle devrait très certainement le lui rendre aujourd'hui. Il se contenta de lui montrer les pendants d'un mouvement du menton et systématiquement, Marie suivit le mouvement pour poser les yeux sur les objets qu'il tenait tendrement, bien plus naturellement qu'elle, dans le creux de sa paume. Peut-être aurait-elle dû faire en sorte de la lui rendre plus tôt, cette chaine. Sa chaine. Elle aurait eu beaucoup moins de mal à s'en séparer. Oui, Luna avait un peu trop tendance à oublier à quel point ce genre d'objets étaient nécessaires à leur propriétaire,  leur véritable propriétaire puisqu'elle ne pouvait plus vraiment se targuer de posséder encore quoique ce soit. « Pour ne pas oublier le temps qui passe et pour ne pas oublier que certaines choses sont éternelles. » Il relâcha la chaine avant même qu'elle n'eut le temps d'esquisser le moindre mouvement... et son souffle lui fut rendu dès l'instant où le poids de la montre retrouva sa place contre sa poitrine. Du bout des doigts, fixant avec un étonnement certain la chaine qu'il ne semblait pas vouloir récupérer pour l'instant, Marie s'empara de la montre et des anneaux, en tritura les métaux précieux si avidement, si pensivement, qu'elle en oublia presque la présence de Rolf à ses côtés. L'histoire des alliances, elle la connaissait : il la lui avait écrite, elle avait relu une bonne centaine de fois depuis. Les maigres mots dont il avait usé pour les définir voulaient juste tout dire. Elle s'était aussi souvenu du nombre incalculable de fois où elle avait vu ces mêmes objets saillir de sous ses vêtements avant (des années plus tôt), sans jamais réellement connaître la nature exacte de ce qu'il alors cachait aux yeux du monde – elle s'était rappelé de toutes les théories abracadabrantes qu'elle avait élaboré sous le sourire tendre de Xenophilius pour tenter de deviner ce qu'était le 'grigri secret anti-Nargles de Scamander'. Et même si toutes ces belles hypothèses s'étaient toutes révélées fausses (bien entendu), elle s'était souvenu que jamais elle n'avait quitté son cou ; cette simple constance lui avait déjà prouvé à quel point il y tenait comme à la prunelle de ses yeux.

Mais la montre ? Elle n'en comprenait toujours pas la signification. Ce n'était pas faute pourtant de n'avoir jamais essayé d'en découvrir les secrets : Marie parlait régulièrement à la petite horloge muette. D'ailleurs, plus d'une fois, elle s'était mise à chantonner des termes bien spécifiques, juste animée par l'espoir de réussir à la faire parler. « Elle leur appartenait ? », demanda-t-elle soudainement en relevant la tête mais elle oublia la question aussi rapidement. Les sourcils se froncèrent devant l'air étrange de Scamander . « Il faut que tu te reposes. », oh. Elle devait ressembler à un Inferi, donc. Elle se souvient avoir arboré la même expression inquiète en observant Draco déambuler sans but – du moins, à son humble avis – dans son appartement de la Bran Tower. « Depuis combien de temps suis-je dans ce lit? Ne me dis pas que tu m'as veillé. Je- - tu dois te reposer. - Deux jours. Et quelques heures. », lâcha-t-elle platement – sans spécifier que les 'quelques heures' s'étaient déroulées à dos de thestral, donc, hors de sa vue. « Je me sentirai mal de te laisser mourir de fatigue. Qu'est-ce que je dirais à tes amis Insurgés? » Lourd silence, silence lourd. Sourire maladroit de la part du sorcier et... Marie éclata tout simplement de rire. De ce rire idiot, et communicatif, et terriblement humiliant pour le commun des mortels. Elle continuait de glousser joyeusement tandis qu'elle se relevait du lit, enserrant le plus fort possible ses côtes pour s'éviter d'avoir trop mal : elle avait oublié à quel point c'était bon de rire sans aucune retenue, peu inquiétée du fait qu'une telle réaction, aussi inattendue, et subite, et authentique, puisse choquer, étonner, vexer même, ce fabuleux inconnu qu'était le commun des mortels. Retrouvant le confort tout relatif de son fauteuil et sans l'ombre d'une once de grâce, Marie laissa son regard pétillant parcourir la mine choquée (amusée ? Elle espérait, mais surtout choquée) de Rolf avant de s'expliquer (tenter, tout du moins : elle manquait sérieusement d'air pour y parvenir correctement). « Désolée... c'es... c'est juste que... », elle connaissait une bonne douzaine d'insurgés qui seraient ravis par cette nouvelle – peut-être pas morte, non (elle en doutait – enfin, elle l'espérait), mais hors-course, ça, c'était certain. « Tu... tu n'as dormi que deux jours et... », elle commençait très sérieusement à baliser, toute seule dans cette pièce, et à craindre le pire mais ce genre d'informations n'était pas vraiment nécessaire puisque « … deux jours, ce n'est vraiment rien, Rolf. »

Le rire s'amoindrit peu à peu, Marie ne trouvant plus réellement la force de le maintenir tant ce genre de réaction était devenue étrangère à son système. Quel insurgé s'était ainsi déridé dernièrement dans les campements ? « Mais tu avais peut-être quelque chose de prévu ? Désolée, j'aurais peut-être dû t'emmener directement auprès de nos médicomages. Je... », sa main retrouva automatiquement refuge en rattrapant les mailles dorées de la chaine. Même si elle avait gardé son calme, s'assurant de le sortir de là le plus rapidement possible et sans aller à l'encontre de ses principes, elle avait sans doute agi trop vite. Certes, il n'aimait pas ses amis insurgés, il s'en tenait aussi éloigné que s'il s'agissait des mangemorts mais... cette solution n'aurait-elle pas été la plus sensée ? Gorge serrée, Marie lui dédia un regard hésitant. Après tout, peut-être qu'il n'était pas là ? Elle était au cottage, dans cette maudite pièce, et s'il n'était rien d'autre qu'une de ces illusions abandonnées ici-même des mois auparavant ? Non, non, raisonna-t-elle encore, Erlk' était venue la chercher... il était là et pourquoi ? Parce qu'elle n'avait pas... réfléchi de façon très logique ? Right ? Sa baguette magique se mit alors à émettre des petits rais de lumières orangés, doucement d'abord avant d'amplifier en intensité. Le rythme était régulier, apaisant même. Mais comme toujours, en le voyant, son cœur ne fit rien d'autre que s'emballer : le décompte avait commencé et elle n'avait plus qu'une trentaine de minutes avant de voir les effets du Polynectar s'estomper. Sauvée par le gong. « C'est l'heure d'aller vérifier les sortilèges. » Marie se leva et attrapa la anse de sa besace, abandonnée quelque part derrière son siège, avant d'indiquer à Rolf l'un des coins de la pièce. « Ton sac est là. Derrière la porte, c'est la cuisine. Il y a une petite salle de bain à gauche si jamais tu... », d'un vague geste, elle le désigna entièrement, désolée. « C'est un peu plus pratique dans les campements pour le sang, je dois bien l'admettre. » Marie referma sa paume autour de l'alarme lumineuse, créant un nouveau jeu d'ombres et de lumière autour d'elle. « Je reviens vite. », et sans un mot de plus, l'insurgée s'éclipsa. Mais avant de passer le seuil de la porte, elle s'assura d'avoir correctement replacé les alliances et la montre sous le tissu de ses vêtements. Oui, c'était définitif. Elle ne se sentait à l'abri qu'en ressentant le contact du métal contre elle.


« Tu sais que ce n'est pas de ma faute, j'espère ? ». Piaillement mécontent. « Je te le jure ! » Nouvelle raillerie animale. « Tu te décides ? Je ne vais pas tenir cette porte longtemps, il fait froid Erlk'. » Le rapace hybride s'égosilla une nouvelle fois avant de finalement se poser au sol, obligé de sautiller sur ses deux pattes et de laisser traîner son magnifique plumage pour seulement accéder à l'intérieur  du cottage. Elle était attendrie par l'oiseau, Marie, si fier et pourtant prêt à abandonner cette fierté seulement parce qu'elle lui avait dit qu'il était temps de retrouver son maître. « Tes ailes sont magnifiques, Erlk'. Ce sont les maisons qui sont trop petites pour elles. » Prenant garde à ne pas bousculer Erlkönig ni à lui marcher dessus, Marie attendit patiemment que celui-ci soit hors du passage pour retrouver à son tour la chaleur de la maisonnée. Nouveau sortilège et la propriété fut de nouveau entièrement sécurisée pour les heures à venir – ils sauraient l'instant même où un quelconque danger pénétrerait dans les alentours du cottage. « Je te propose quelque chose. Si j'ai une maison un jour, je te promets une immense baie vitrée, okay ? Allez, grimpe. » Marie ne put s'empêcher de grimacer en sentant les serres de l'oiseau se planter maladroitement dans son épaule, l'obligeant à arquer le bras pour lui donner plus de surface plane et de stabilité (merci Merlin, elle avait passé son manteau avant de sortir !) « Je ne veux même pas savoir tout ce que vous avez pu manger avec elle. Tu es plus lourd que d'habitude, tu sais... », penchant brusquement la tête en avant, Marie évita l'un des fameux coups de bec du rapace avant de lui jeter un regard désabusé. « D'accord, d'accord, sujet sensible. Je me tais. » En quelques enjambées, le bras droit toujours relevé dans un angle droit quasi-parfait, Marie atteignit la cuisine, ouvrant l'un des placards dans la foulée pour s'emparer d'un saladier vide. Avec une aisance toute relative, elle y fourra quelques provisions rapportées des campements : fruits, sachets de thé, biscottes et de petites barquettes de confitures ; parfait pour un hors-la-loi mais pour un hors-la-loi blessé, elle doutait de l'efficacité d'un tel repas. La moue pensive, elle observa intensément Erlkönig du coin de l’œil : absorbé par les gestes de l'humaine, le rapace parût surpris de la voir dans une contemplation aussi intense. Elle fut amusée des mouvements saccadés de son cou, enchaînement plutôt comique d'ailleurs au milieu d'une cuisine, pour seulement l'avoir complètement dans son champ de vision (du moins, c'était ce qu'elle pensait). « Tu pourras repartir en chasse après ? » Calant le saladier dans le creux de son bras gauche et Erlk' toujours perché sur le droit, elle s'approcha lentement de l'entrée dissimulée de l'arrière cuisine. « Je ne suis pas certaine qu'il aie de quoi tenir avec seulement du sucre dans le sang. Rolf ? », lança-t-elle au-travers du passage pour l'avertir de son arrivée imminente. « Tu as de la visite. » Et à peine eut-elle poussé le battant qu'Erlkönig quitta son perchoir fait de chair et de sang pour se projeter en avant et atterrir brusquement sur Scamander, alors assis sur le rebord de son lit. Elle ne pouvait pas dire lequel des deux était le plus heureux de retrouver l'autre vivant pour le moment. Au-travers de la petite fenêtre, Marie se rendit compte que l'aube embrassait complètement l'horizon brumeux de la contrée. « J'attendais qu'Erlkönig revienne pour réactiver les sortilèges extérieurs. », lui lança-t-elle pour toute explication, s'installant à ses côtés sur les draps refaits pour mieux lui présenter le saladier plein, un sourire satisfait au coin des lèvres : au moins, il avait meilleure mine depuis tout à l'heure... Enfin, presque. Le sourire de la sorcière s'envola en remarquant le visage fermé qu'il lui montrait, seulement illuminé par la vue du rapace enthousiaste dans la pièce. Elle hésita, Marie ; elle posa même son regard partout pour comprendre l'étrange changement qui s'était opéré depuis qu'elle était partie – il n'y avait pas de Nargles ici pourtant... si ? « Est-ce que tout va bien ? », elle était vraiment inquiète, désormais. Elle avait pourtant vérifié avant d'installer Rolf ici. Peut-être sèmerait-elle des bouchons de Bierraubeurre un peu partout une fois qu'il serait parti.


Dernière édition par Luna Lovegood le Ven 13 Mai 2016 - 11:07, édité 1 fois
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Rolf Scamander
Rolf Scamander
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‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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in these dreams it’s always you: the (girl) in the sweatshirt, the (girl) on the bridge, the (girl) who always keeps me from jumping off the bridge. oh, the things we invent when we are scared and want to be rescued.


Il vit une myriade d'émotions se succéder sur son visage, trop rapidement pour qu'il puisse les attraper, les graver sur ses pupilles et les analyser de son côté. Cruellement, encore une fois, le vide silencieux de son Bruit fut assourdissant, étonnant, éreintant; Marie était un mystère, toujours, un mystère, un point d'interrogation, une exception confirmant la règle comme quoi il devait souffrir les maux des hommes jusqu'à la fin de sa vie. Rolf se souvint, brusquement, de quand elle était venue le chercher sur le lit épineux de cette forêt, le visage en sang; les mots qu'ils avaient échangé lui échappaient, désormais, mais il se souvenait... il se souvenait du maëlstrom d'émotions de la part de la française. Ou peut-être les avait-il imaginées? Non, sans doute pas. Il y avait eu sa peur, son soulagement, son angoisse. Il y avait eu toute cette facette d'elle qui lui était interdite. Toute cette Marie qu'il ne comprendrait certainement jamais.
En cet instant précis, il s'en maudit. Dans ses prunelles hurlaient des orages, tournaient des ouragans; il voulait poser sa main sur son épaule, la forcer à le regarder, et lui demander ce qui n'allait pas. Rolf se fichait des autres. Il ne se fichait pas de Marie. « La plage a un très joli nom. La plage du Tiki. Tiki, c'est très amusant comme mot... » fit-elle simplement quand il fit référence au massif montagneux français et un instant, une lueur d'agacement teintée de déception s'inscrit dans les yeux céruléens de l'irlandais; bien vite effacée. Tiki. C'est vrai que c'est amusant, comme mot, mais clairement pas ce à quoi il s'attendait dans sa bouche.
Marie a cette capacité, qui lui rappelle quelqu'un qu'il a préféré oublier avec le temps, avec le chagrin et la douleur. Elle a cette capacité, dans ses lettres et dans ses mots, de le bouleverser. De dire quelque chose d'inattendu, de dire quelque chose de fort, d'étrange, de drôle, de charmant, d'attendrissant au moment où il s'y attend le moins. De s'attarder sur un détail qu'il n'aurait jamais regardé deux fois; de lui parler d'une chose à laquelle il n'aurait jamais pensé. Il a l'impression qu'ils sont similaires à bien des égards; mais aussi, intrinsèquement, différents. Et pourtant, il y a une certaine harmonie, il imagine, dans leurs échanges. À moins qu'il ne se fasse des idées.
Douleur, craquement, le nez se redresse et le gémissement est étouffé dans le torchon. « Un nez aussi étrange qu'avant : tu sais que ça te donne un petit air de famille avec Erlk' ? Tsk, ” est tout ce qu'il fait, du bout des lèvres, faussement vexé. Il a déjà eu le nez cassé (une sale histoire de Quidditch, de mauvais joueurs (au goût de Rolf) et de Cognards) et se demande bien à quoi il peut ressembler en cet instant. Mais la remarque l'amuse, il la garde elle aussi dans un coin de son esprit. Bientôt, il aura des archives entières au nom de Marie; il ne sait pas si ça lui fait peur ou si ça le fait sourire légèrement. She grew on me. Il détourne ces pensées — ses pensées —, elles sont ridicules.

Quand ses doigts effleurent sa peau, il s'attend au déluge de sentiments. Peut-être était-ce cela, la cause du maëlstrom de quand elle l'avait trouvé, ses mains cherchant son visage, son pouls, effaçant sommairement le sang? Mais quand ses doigts effleurent la base de son cou, le muscle de son épaule, rien rien rien, toujours ce vide et Rolf se dit que, définitivement, il a rêvé les émotions kaléïdoscopiques. Peut-être est-elle occlumens, pense-t-il sans y croire (avec un rien de tristesse), ou elle aussi une empathe barricadée de toutes parts. Il ne s'était jamais rendu compte à quel point son empathie était devenue importante pour lui, une part énorme de sa personne. Il avait l'habitude de baigner dans les émotions d'autrui, de chavirer sous l'impulsion des pulsions des autres. Et là, face à la seule personne qu'il n'arrivait pas à lire, il ressentait colère et frustration parce que c'était aussi la seule personne qu'il avait envie de comprendre, de connaître, entièrement.
La seule personne qui importait vraiment, dans cette guerre sans fin.
Et tout d'un coup, en effleurant les alliances, il ressent quelque chose qui n'a pas la couleur ou la teinte de ses parents.
C'est elle.
C'est Marie, en demi-teinte, dans les alliances. C'est Marie aussi, légèrement, sur la montre à gousset. (« Elle leur appartenait ? » Il ne répond pas, ses pensées s'envolant pour essayer d'analyser ce qu'il a ressenti en faisant tourner la petite horloge dans sa paume). Ces objets, ses objets, ses totems, la prunelle de ses yeux, pourtant, il les abandonne autour du cou de la jeune femme (et remarque, en filigrane, son léger soulagement, qu'il range quelque part dans son esprit). Il aimerait les garder avec lui, qu'ils retrouvent leur place autour de son cou à lui. Sans eux, Rolf se sent démuni, Rolf se sent nu, Rolf est... comment dire. Rolf n'est pas le même. Depuis qu'il a huit ans, il porte les alliances autour du cou; depuis qu'il a dix-sept ans, il porte la montre; depuis qu'il a vingt-trois ans, il porte le sifflet. Ce serait simple, de les prendre et de les garder, de défaire l'attache sur la nuque de la française et la remettre sur la sienne. Il en a envie, terriblement envie, tant envie que ses doigts se crispent rien qu'un instant après être retombés sur son giron. Il a envie de faire tourner les alliances entre ses doigts, comme il en a l'habitude; il a envie de remonter la montre, de regarder les minutes s'écouler de la manière la plus moldue possible; il a envie de porter le sifflet à ses lèvres sans souffler, juste d'apprécier ce lien, ce contact avec Erlkönig, son dernier ami, son premier ami, qui volera jusqu'au bout du monde pour lui. Il a aussi envie de découvrir ce que Marie a ressenti. A-t-elle douté, pendant ces longs mois où elle a porté le collier? A-t-elle souffert? A-t-elle parlé, pleine d'espoir, à la montre, comme lui le fait? (Ses lèvres l'ont-elles effleurée?) A-t-elle essayé, sans y croire, une alliance, à son doigt?
Toutes ces émotions, tous ces secrets, il les lui laissent, cela n'appartient qu'à elle. Un jour, il le sait, il récupérera le collier et ses pendentifs. Et ce jour-là, il comprendra. En attendant, elle pensera à lui à chaque fois que le petit assortiment de souvenirs rebondira sur sa poitrine. Et ça, aux yeux de Rolf, c'est presque plus précieux que les émotions qui pourront jamais s'y ajouter.

Discussion habilement détournée, jusqu'au mot Insurgés qui teinte tout, aux yeux de Rolf. Ils lui font peur, ces monstres sans visage que décrivent les journaux, soumis sans doute au Gouvernement. Ils sont violents, dit-on, prêts à tout. Il en a rencontré quelques uns, avec Marie d'ailleurs, et n'a pas su quoi en penser; rien de bien, en tout cas, parce qu'il n'a pas pu se résoudre à les rejoindre. Et aujourd'hui? Il regarde Marie et se dit que ne pas être tout seul tout le temps, ne serait pas si mal...
Il pense qu'en lui rappelant ses obligations auprès des siens, elle va se lever et s'en aller, voilà, comme ça, et le laisser tout seul; mais à la place, Marie rit. Elle rit très fort. Elle rit à s'en décrocher la mâchoire et Rolf la regarde sans comprendre, les émotions se succédant rapidement sur son visage: surprise, indécision, vexation, agacement, dureté et puis rapidement... attendrissement. Elle rigole en se relevant, elle rigole en marchant, elle rigole en se laissant tomber sur la causeuse. Elle rigole et Rolf l'observe avec minutie. Quand elle est comme ça, ses yeux se ferment et une profonde fossette s'ouvre dans sa joue gauche. Des ridules autour de ses yeux, au-dessus de son nez qu'elle fronce légèrement. Une nouvelle alarme dans les pensées de Rolf, qui détourne précipitamment les yeux jusqu'à ce que l'esclaffe s'estompe à peine tandis qu'elle prend difficilement la parole: « Désolée... c'es... c'est juste que... Tu... tu n'as dormi que deux jours et... deux jours, ce n'est vraiment rien, Rolf. » Deux jours et quelques heures. Ça explique pourquoi il meurt de faim et pourqu'il a l'impression d'avoir dormi pendant trois éternités. Il ne sait pas trop quoi penser alors il dodeline pensivement de la tête, l'observant toujours réprimer à grand mal ses gloussements, peu à peu, qui agitent et font tressauter sa cage thoracique. Mais elle reprend très vite son sérieux. « Mais tu avais peut-être quelque chose de prévu ? Désolée, j'aurais peut-être dû t'emmener directement auprès de nos médicomages. Je... » Il ouvre la bouche pour répondre mais reste en suspens quand elle lève la main, et la voit récupérer du bout des doigts les pendentifs.

Cette vision lui fait un effet étrange, très étrange; c'est comme s'observer faire quelque chose, et savoir que c'est nous, et ne pas se rendre compte que c'est nous. Son grand-père était toujours tellement agacé par ce tic qu'il avait, de tripoter le collier à la moindre occasion; tellement agacé, à lui dire d'arrêter de le faire à table, de se calmer, de laisser ces satanées reliques du passé sous son t-shirt, enfin Rolf! Il le fait souvent, songeur, angoissé, soucieux, referme ses doigts autour des alliances, remonte la montre, la caresse du bout du doigt, joue avec le sifflet.
Mais là, c'est Marie qui le fait, avec un tel naturel qu'elle ne doit même pas se rendre compte que Rolf l'observe d'un air stupéfait, oubliant ce qu'il voulait lui dire.
Sa baguette se met à briller. « C'est l'heure d'aller vérifier les sortilèges. » Sa voix le ramène à la conscience et il cligne des yeux, branle un peu du chef, suit du regard ce qu'elle lui désigne. “ Right, lâche-t-il sous son souffle. — Ton sac est là. Derrière la porte, c'est la cuisine. Il y a une petite salle de bain à gauche si jamais tu... (Lui aussi ne doit pas être très beau à regarder, mal coiffé mal rasé mal foutu, avec encore des traces de sang et d'hématomes sur la peau; il lui adresse un rictus amusé) C'est un peu plus pratique dans les campements pour le sang, je dois bien l'admettre. » Il hoche la tête. “ Merci, ” dit-il simplement, une nouvelle fois, parce qu'aucun de ses mots ne pourra jamais réellement la remercier pour tout ce qu'elle a fait pour lui. Pour l'avoir trouvé et soigné, sauvé. Pour l'avoir gardé sain d'esprit pendant tous ces mois. « Je reviens vite. » Et comme ça, elle s'en va. Il attrape une vision d'elle en train de remettre montre à gousset, sifflet et alliances sous ses vêtements et aussitôt, un pincement au coeur le fait se redresser. Mais déjà, elle disparait et il est seul.

Quand est-ce que son coeur s'est mis à battre si fort? si rapidement?
Il se relève lentement, difficilement, tous ses os et ses muscles criant au supplice, lui hurlant de manger, s'allonger, boire une potion, bref, n'importe quoi. Il fait quelques pas hésitants, se rattrape au dossier de la causeuse, retente, parvient à garder l'équilibre. Il meurt d'envie d'aller dans la cuisine et d'y rafler tout ce qu'il pourra mais ses pieds le conduisent plus rapidement vers la salle de bains, dont il verrouille la porte derrière lui.
D'accord. Il voit définitivement la ressemblance avec Erlk maintenant. Il grimace en examinant son visage. Nez un peu tordu, admettons; lèvre fendillée sur le pas du rétablissement; oeil gonflé quoique l'hématome a déjà disparu; il remarque aussi que l'autre lui a retiré une poignée de cheveux; sur son cou, la trace gracile violette de deux mains essayant de l'empêcher de respirer... son faciès ressemble à un champ de guerre. Pas de rasoir, pas de ciseaux; il se contente de se passer de l'eau sur le visage, prenant bien garde à ne pas trop toucher son nez sensible, diluant le sang séché sous ses narines, sous son oeil, sur ses joues et son front; puis dans son cou, sur ses mains, le long de ses avant-bras. Ses vêtements sont ruinés, la faute au Rafleur et à Erlkönig, mais il survivra. Il survivra.
Il éteint la lumière, rouvre la porte, retourne dans la petite chambre en observant attentivement tous les détails du petit cottage. Désert, vide, renfermé. Froid. Il y a quelque chose d'étrange à cet endroit, décrète-t-il avec un froncement de sourcils, d'incroyablement... anormal. Machinalement, comme il l'a fait dans la petite maison sur l'île de Saint Michael et comme il le fera dans chaque nouvelle résidence, ses doigts effleurent les murs, tracent un chemin dans le papier peint. Quand il arrive à l'encadrement d'une porte, il retire brusquement son index de la surface, comme brûlé. SOUFFRANCE. Partout. Désespoir. Douleur, souffrance, agonie. Partout.
Où l'a-t-elle emmené?
Il va récupérer des vêtements plus ou moins propres dans son sac, retire difficilement ceux qu'il porte, met le t-shirt blanc à grand mal sur ses muscles ankylosés et finalement, se laisse tomber comme une masse sur le rebord du lit, après avoir tiré le sac jusqu'à ses genoux. Autant s'occuper en attendant (elle met du temps — pourquoi? pas de souci, se dit-il, pas de souci, pas de souci, pas de souci). Il sort de son sac sa propre nourriture (conserve d'haricots rouges, conserve de maïs, conserve d'asperges en sauce, conserve de thon; bref, toutes les conserves imaginables, qu'il rationne presque martialement. Ils auront droit à un grand festin, ce soir) et la répartit au pied du lit, géométriquement. Il est toujours en train de fouiller dans le sac (son aller-retour lui a pris du temps, changer de vêtements puis s'en remettre aussi; presque une heure a passé, estime-t-il) quand Marie l'appelle, et il le laisse machinalement tomber au sol.

« Tu as de la visite. »
Piaillement animal, exclamation étouffée de surprise, battement d'ailes, grognement douloureux, esclaffade réprimée. Erlkönig enfonce sans pitié ses serres dans son torse, son bec dans son cou, le frappe de ses ailes avant que Rolf le prenne dans ses bras en lui interdisant toute prise douloureuse; et Erlk se laisse faire, comme toujours, avec moults piaillements excités et inquiets. C'est une harmonie étrange qui lie le maître et l'animal, alors qu'ils chorégraphient une danse qu'ils maîtrisent depuis longtemps; l'hybride passe sous son bras, Rolf le récupère sur son épaule, l'animal piaille et le sorcier glousse incontrôlablement, il lui mord le doigt et Rolf le lui tapote légèrement avant que, comme d'habitude, Erlkönig se pose sur son épaule et enveloppe l'ancien Serpentard de ses ailes, presque possessivement. « J'attendais qu'Erlkönig revienne pour réactiver les sortilèges extérieurs. » Rolf, momentanément aveuglé par les plumes, tourne la tête en direction de la voix et repousse un peu l'aile d'Erlk qui lui cache la vue (celui-ci, dans un piaillement vexé, replie les deux ailes et enfonce un peu plus profondément ses serres dans l'épaule d'un Rolf qui grogne à peine). Marie s'asseoit à côté de lui, lui montre le saladier avant de se pencher pour lui montrer ses quelques conserves encore intactes. “ Festin, ” commente-t-il simplement, avec un sourire incertain sur les lèvres; mais les retrouvailles avec l'oiseau allument, dans son regard, une lueur joueuse et ravie.
Mais rapidement, ses traits se ferment, bien malgré lui. « Est-ce que tout va bien ? » Oui, peut-être qu'elle est effectivement empathe, Marie. Ça expliquerait beaucoup de choses. Il détourne le regard, fait mine d'observer les étiquettes des conserves. Il a pensé... pendant un instant terrible, il a pensé qu'elle ne reviendrait pas. Qu'elle transplanerait et retournerait auprès de ses Insurgés; que lui hanterait ce cottage pendant des heures et des heures, en l'attendant, en ne la voyant jamais venir. Il sait, pourtant, que c'est irrationnel: elle lui a dit qu'elle reviendrait, ce n'est pas son genre, et elle ne le laissera pas ici, faible et incapable de se défendre... n'est-ce pas? Mais le doute s'est quand même installé dans son coeur, bien malgré lui. Et il se déteste pour ça. “ J'ai juste l'impression qu'une horde de trolls m'est passée dessus, mais tout va bien, convient-il pourtant de dire, en relevant le regard vers elle. T'as pris soin d'Erlkönig- - (en entendant son nom, l'oiseau piaffe et Rolf tourne un sourire amusé vers lui) oui, je parle bien de toi, grosse canaille. Tu l'as remerciée de t'avoir nourri, au moins? Il va faire sa fine bouche, maintenant, j'en suis sûr. ” Il ressemble à un jeune étudiant, un jeune homme, un petit gamin quand il se tourne à nouveau vers elle. “ Merci pour lui aussi. En fait, merci pour tout. Pour- pour être venue, pour s'être occupée de lui, pour les lettres, pour- - ” Soudainement, ses traits se froncent. Il prend un visage un peu coupable, pris en faute, et triste; il semble chercher des excuses dans les yeux de Marie, sans pour autant exprimer son soudain changement d'expression. D'un mouvement rodé par l'habitude pour tous les deux, il déloge Erlkönig (qui n'est pas son être favori présent dans la pièce en cet instant précis) qui s'en va se percher sur le dossier de la causeuse dans un piaillement exaspéré.
Rolf, insensible, se penche et récupère à nouveau son sac, le hisse sur ses genoux. Il cherche dedans à l'aveugle (ses doigts trouvent la liasse de lettres qu'elle lui a envoyées, particulièrement bien conservées, ainsi que d'autres babioles, tente, livre, bref) jusqu'à trouver son carnet, qu'il sort. Objet précieux, épais, à la couverture de cuir et aux pages soyeuses; sur la plupart s'entremêlent de courts textes écrits rapidement, des tâches (café, sang, boue, pluie) et des croquis rapides; il tourne les pages frénétiquement, soudain très conscient du regard de Marie, jusqu'à trouver la dernière lettre qu'il lui a adressé. Il arrache proprement les deux pages qui la constituent, les regarde un instant. “ Je voulais vous- t'envoyer ça mais... j'ai pas eu le temps, désolé. ” Mais il ne la lui donne pas, cette fameuse lettre. À la place, il hésite et retourner chercher dans son sac pour en sortir quatre petites boîtes en plastique transparent. Trois d'entre elles ont des illustrations de groupes de musique moldue; la quatrième a juste un papier blanc simple, avec l'écriture hâtive du vendeur de disques et cassettes: ‘ YOU AND ME ’ (DEMO), PENNY & THE QUARTERS, UNK. DATE. Il se souvient des étoiles dans les yeux du vendeur, l'air tout content du choix de Rolf, quand il lui expliquait avoir trouvé cette demo par le plus grand des hasards à un vide-grenier américain. Il en avait fait des copies pour les clients comme lui, sympathiques, impatients d'apprendre quoique ce soit de musical. “ Je- je l'ai pas relue donc je crois- Il pince des lèvres. Ça, déjà, c'est pour toi, dit-il en lui mettant la cassette dans les mains. Mais la lettre... ça te dérange si je la lis à haute voix? Je l'ai pas relue et- - ” Il s'interrompt, soudainement très... self-conscious.

Il n'attend pas trop sa réponse en vissant ses yeux sur la feuille. “ Chère Marie, commence-t-il doucement. Vous me couvrez de cadeaux. Acceptez ces petites choses en échange mais n'en pensez rien. J'ai bien utilisé votre Polynectar et j'ai été en sécurité pendant presque douze heures! C'est plutôt incroyable. L'avez-vous fait vous-même? J'avoue n'avoir utilisé cette potion qu'une fois avant (avec l'encadrement du Ministère). C'était moins long. Je suis dans un petit village du Pays de Galles (il s'interrompt, circonspect, passant sous silence la phrase qu'il a rayé sur la feuille). J'ai utilisé la potion pour me fondre dans la masse — pour la première fois je pouvais respirer depuis des mois. Grâce à vous. Merci. (il s'interrompt, plus longuement, lui jette un regard) Je voulais retrouver la cassette. J'ai lu Alice in Wonderland et c'était vraiment un bon livre. Merci pour ce cadeau. Certains personnages me font penser à des personnes de Poudlard. Vous semblez avoir apprécié ce livre. Vous connaissez la phrase comme quoi conseiller un livre à quelqu'un veut dire donner une petite partie de soi-même? Je fais attention à toutes les informations qui s'échappent de votre jardin secret, Marie. Laissez-moi vous donner un peu de moi-même en échange (mais n'en pensez rien, vraiment). Quand j'étais petit, avant qu'ils ne meurent, mes parents étaient très proches de ce couple. Ma marraine, une femme incroyable issue d'une famille respectable anglaise et son époux, un né-moldu. Après leur mort, N.S. ne voulait pas que je retourne jamais chez eux. Ils étaient du genre à mettre leurs plus beaux pulls pour des soirées mondaines, vous voyez? Rejetés par la société si précieuse à ses yeux. Mais dès que je le pouvais, j'y allais. J'aimais bien leur fille, aussi. Je me souviens du Noël de ma première année à Poudlard. J'étais allé les visiter quelques jours avant le réveillon et Ted (l'époux) avait mis cette cassette. Il dansait dans le salon pendant que sa femme cuisinait. Ils étaient heureux. (sourire triste) Ce- c'était une impression étrange, de voir ce genre de bonheur de loin, en étant spectateur. Je ne dirais pas que je n'ai jamais connu le bonheur. Mais en les voyant comme ça, Ted en train de danser avec Dora sur ses pieds et Meda en train de chanter à mi-voix en les regardant avec tendresse, j'ai eu l'impression que je ne connaitrais jamais ce genre de bonheur. J'étais peut-être un peu jeune pour penser ça à l'époque. Mais c'est ce que je pense aujourd'hui. C'est un air qui reste dans la tête. Des fois, cette chanson me revient et je la chante pendant des heures. C'est une chanson moldue mais je l'adore. Le vendeur m'a raconté l'histoire la plus étrange à propos de cette chanson. Apparemment, cette cassette en est l'un des seuls exemplaires: c'est un vieux groupe américain, oublié depuis longtemps, et il avait récupéré le vinyle de cette chanson à un vide-grenier il y a quelques années, en a fait quelques copies. C'est fou, non? Que je retrouve cette chanson que je pensais qui appartennait au passé, que je sois dans ce village le jour où j'ai accès à du Polynectar, que Ted ait eu un exemplaire lui aussi un jour... Je ne crois pas à l'idée de destin. Mais ça y ressemble un peu. J'espère que vous pourrez lire la cassette. Sinon je vous la chanterai la prochaine fois, pas de souci. J'ai acheté la cassette, du coup, et un baladeur pour moi avec d'autres chansons que l'on m'a conseillé. Je suis allé au cinéma, ensuite. Vous savez ce que c'est? Je me suis assis au dernier rang. C'était un vieux film, je crois, mais très beau. C'était l'histoire de deux femmes qui prenaient une voiture et s'émancipaient. C'est le premier film que j'ai jamais vu en entier depuis que j'ai quinze ans. Je détestais les films, avant. Mais là, j'avais l'impression d'être dans un film. Je n'étais même pas moi-même... (le silence s'étire) merci pour ce cadeau, encore et encore. Je n'ai presque plus d'argent moldu mais il est plus simple à répliquer que les Gallions. J'ai un peu honte mais vous devez comprendre. Vous êtes aussi lâche que moi, vous vous rappelez? Je ne vous remercierai jamais assez. Un jour, je vous revaudrai ça. Dites-moi la date de votre anniversaire. (Il hésite longuement) Tendrement. Rolf.

Le silence n'a rien de réconfortant. Il lui tend lentement les feuilles puis, après une courte réflexion, va repêcher dans son sac le lecteur de cassettes et le casque, toujours sans rien dire. Les mots sont lourds, flottent encore dans l'air de la pièce. Les coeurs ne seront jamais pratiques à moins d'être faits indestructibles. 'fin voilà quoi, marmonne-t-il, mal à l'aise. Il y a un ouvre-boîte dans la cuisine? Je reviens. ” Et brusquement, malgré ses genoux un peu flageollants (le manque de sommeil, la douleur, la fièvre que cela), il se relève avec la conserve de thon dans les mains et quitte la pièce sans demander son reste.
Il sait que c'est bête de fuir. Franchement terrible. Il aurait dû simplement lui passer les feuillets et ne plus jamais la regarder dans les yeux; ça aurait été moins embarrassant. Dans cette lettre, il a l'impression... il a l'impression que tout change, dans cette lettre. En quittant la pièce, il a remarqué que Erlkönig le suivait du regard, de la tête, et pendant un instant il s'est dit que l'oiseau ferait un bien meilleur empathe que lui-même.
Dans la cuisine, il cherche les tiroirs et les armoires jusqu'à trouver l'ouvre-boîte; ouvre le thon et, dans une assiette, déverse les petits filets. L'odeur lui chatouille les narines, lui tord l'estomac et il a brusquement envie de tout dévorer (n'importe quoi pour s'occuper les pensées et les mains) mais à la place, il récupère un verre d'eau et s'en serre au robinet, le boit d'une traite. Son coeur, son coeur. Patience mon coeur! tu supportas bien pis. Les coeurs ne seront jamais pratiques à moins d'être faits indestructibles, encore et encore, la phrase flotte dans ses pensées. Il se resserre un verre d'eau et se retourne avec l'assiette après avoir fauché deux fourchettes, pour retourner dans le salon; mais évidemment qu'elle se trouve là, dans l'encadrement de la porte. Était-elle en train d'observer son dos? Il remarque qu'elle a le casque sur les oreilles, et le son au maximum si bien qu'il entend presque la mélodie s'échapper (pourquoi n'y a-t-il pas fait attention avant?). Il ne peut pas s'empêcher de se fendre d'un sourire un peu tendre, un peu bizarrement amusé, qu'il fait bien vite disparaître. You and me / You and me / Nobody, baby, but you and me. J'ai... du thon, ” dit-il, un peu inutilement en lui tendant l'assiette en se demandant si elle peut l'entendre par-dessus les paroles de la chanson. La mélodie lui parvient toujours. When love is real, you don't have to show it / When it is true, then everyone will know / 'Cause there'll be no one but- et là, c'est sa partie préférée... donc il ne peut décemment pas rester là à ne rien faire, n'est-ce pas?

L'expression de Rolf change aussitôt, se fend d'un vrai sourire — un sourire honnête et sincère, un sourire où les souvenirs sont heureux et brillants, un sourire où le bonheur est à portée de mains. Youuuuuuuu, chante la jeune femme et sur les lèvres de Rolf s'inscrivent les mêmes paroles, alors que son visage se froisse dans une expression de chanteur torturé, souriant, son corps se tordant comme pour sortir la plus grande vocalise de tous les temps de ses poumons. Il a l'air un peu idiot, un peu plus jeune, un peu moins froid, Rolf. Un peu plus heureux, aussi. Heeeeeeeey, il fait mine de chanter dans le néant, excessivement ridicule (ça fait passer la gêne en la transformant en une honte mortifiante), se calant sur la musique qui s'échappe du casque. Ooooooooooh Il revoit Meda, il revoit Ted, il revoit leur bonheur et leurs rires et leur parfait amour. Toulouloulouuuu- uhuhhhhhh, il revoit tout ce qu'il pense qu'il ne mérite pas, toulouloulou- uhuuuuuh, et qu'il aura certainement jamais, touloulou- uhhhhhhhhhhhh- uhhhhhhhhhhh- et finalement, sous le regard de Marie, il ne se sent pas ridicule, pas si bête; il se voit juste tel qu'il l'est, un grand idiot, impatient de faire sourire les gens qui comptent, les gens sincères, les gens qu'il aime et puis: you and me babyyy. Il rouvre une paire d'yeux joueurs, un peu moqueurs aussi, la défiant de commenter sa performance absolument fabuleuse de lip-syncing. Son sourire tremble un peu, pourtant, et si il a l'air embarassé, il ne s'en excuse pas. Il se dit que ce n'est pas tout à fait la fièvre, qui parle, mais quelque chose de plus profond, de plus dangereux aussi. La cassette cesse de tourner dans le lecteur, et le silence retombe, mais il sourit encore en soutenant son regard, se demandant ce qu'elle pense de lui, de ses chère Marie, de ses tendrement, de ses tentatives pathétiques de l'impressionner, d'apprendre à la connaître, à la comprendre, de sa tendresse qui crève les yeux à son égard, de cette drôle d'attirance qu'il ressent et n'essaie même plus de cacher — il est entier, honnête, sincère, à découvert devant elle. Il n'a rien à lui cacher, rien à lui mentir. C'est juste Rolf, qui lui tend l'assiette de thon. “ C'est meilleur que ça en a l'air, ” offre-t-il simplement, amusé.

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Luna Lovegood
Luna Lovegood
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ROLFIE#2 — it feels like the end (w/blood) C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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it feels like the end
Sleep with the lights off when you're alone. Silence so mighty you go deaf; bombs are going off inside your chest. I know you wanted to be loved but you're bleeding left alone... so, so, so alone... Singing where does time go from here? It feels like the end.


Marie l'avait quitté des yeux juste une seconde, le temps de jauger d'un air curieux ce qu'il venait de qualifier de festin, avant de se focaliser à nouveau sur lui et son visage tuméfié, lui et son regard heureux, lui et son regard éteint. Dupe, elle ne l'avait que rarement été : malgré les sourires rêveurs et l'air décalé qui l'avaient toujours précédée, la sorcière s'était toujours fiée à ce qu'elle pouvait observer du monde extérieur, aux émotions que les autres ne parvenaient pas cacher à la face du monde, avant d'y déambuler elle-même. Irritation, surprise, étonnement, dégoût, joie, colère, doute, peur : Luna Lovegood avait toujours évalué les mondes, les univers, dans lesquels flottaient ses congénères avant de seulement oser les approcher... Si la méthode avait toujours été reléguée aux oubliettes – l'ancienne Ravenclaw était peu soucieuse de ce concept appelé 'intimité', ni même de son étonnante cousine 'tranquillité' – abordant toujours sans la moindre pudeur les visages souriants et les mines sombres, elle s'en était toujours servie pour imaginer tous les scénarios possibles, pour toujours pouvoir deviner la tournure des événements ; juste pour savoir si elle risquait quelque chose, en les abordant, ces Autres si inconnus, si étonnants puisque tellement éloignés d'elle et de son monde. C'était pour cette raison qu'elle n'avait jamais été étonnée, Luna, qu'elle n'avait été que très rarement surprise ; son troisième œil ne lui avait jamais paru mystique : voir c'était savoir. Le hasard faisait beaucoup de choses mais elle ne tombait jamais par pur hasard sur quelqu'un. Oui, c'était pour ça qu'elle n'était jamais vraiment étonnée, Luna. C'était aussi pour ça qu'elle s'inquiétait pour Rolf, Marie. Il avait toujours eu l'air si sûr, si froid, si distant, que l'air gêné, hésitant, perdu, qu'il arborait maintenant la déstabilisait terriblement. Bien au-delà de l'entendement. « J'ai juste l'impression qu'une horde de trolls m'est passée dessus, mais tout va bien. T'as pris soin d'Erlkönig- », le regard noisette fut également attiré par la réaction vive de l'hybride, « -oui, je parle bien de toi, grosse canaille. Tu l'as remerciée de t'avoir nourri, au moins? Il va faire sa fine bouche, maintenant, j'en suis sûr. » et un sourire mi-amusé, mi-tendre, marqua son visage alourdi par la fatigue. Elle était heureuse de pouvoir observer les interactions de Rolf avec Erlk' et non plus seulement se les dépeindre seule, à se les imaginer juste à l'aide des mots que Scamander couchait sur le papier. Les lèvres s'entrouvrirent pour commenter l'appétit raisonnable de l'oiseau mais Rolf la prit une nouvelle fois de vitesse, la plongeant encore une fois dans cette incertitude nouvelle qu'il créait à mesure du temps qui passait. « Merci pour lui aussi. En fait, merci pour tout. Pour- pour être venue, pour s'être occupée de lui, pour les lettres, pour- » Nouveau regard confus, Marie était complètement effarée par les remerciements intarissables du sorcier mais aussi, par le silence qui l'enveloppa tout entier. Elle n'avait jamais compris cette tendance naturelle des hommes, Luna, de toujours se sentir obligé de remercier pour... pour quoi d'ailleurs ? Pourquoi devait-on dire merci pour quelque chose d'aussi sincère, pur et vrai, que tout ce qu'il lui avait déjà donné et ce qu'elle lui rendait en retour ? Elle n'était pas experte en la matière mais, l'amitié, n'était-ce pas une chose sur laquelle on pouvait toujours compter ? Une alliée si précieuse qu'elle se passait de civilités pour continuer d'exister ? Le regard noisette suivit le trajet d'Erlkönig, depuis l'épaule de Rolf jusqu'au dossier de la causeuse, l'air confus s'installant durablement sur son visage : elle pensait que ça lui ferait plaisir de retrouver l'oiseau, pourquoi le chassait-il aussi rapidement ? Marie ne le dirait pas mais elle craignait toujours la brusque prise de conscience de Scamander, le brutal retour à la réalité. Luna ne le dirait pas mais elle avait pleuré, des jours et des jours entiers, une fois que la réalité l'avait rattrapée, une fois que la douleur avait commencé à diminuer en ne laissant que de vagues traces, des impressions électrisantes, tout le long de ses membres après l'ultime correction infligée par Lucius Malfoy. Sa gorge se serrait de plus en plus mais la désagréable sensation fut de nouveau repoussée en se concentrant seulement sur les mains de Rolf, qui s'emparait alors de son fidèle sac pour en sortir un élégant carnet, à peine terni et usé par le temps.

Elle vit défiler différents types de pages. Certaines étaient griffonnées, d'autres parfaitement conservées. Elle fut plus amusée qu'autre chose en voyant l'état lamentable mais terriblement  passionnant des tâches qui gisaient ça et là sur le papier brillant : il y avait de la vie dans ce carnet et cela lui suffisait pour confirmer l'affection évidente de Rolf pour ce carnet. Elle remarqua aussi autre chose, Marie, et d'étrangement paradoxal, qui allait à l'encontre même de tout ce qu'elle avait bien pu imaginer de Scamander jusqu'à présent. Il avait cette curieuse habitude de toujours toucher, de toujours caresser, intensément ce qui lui passait entre les mains, dès lors que ledit item dépassait le simple stade du banal. Ne l'avait-elle pas pensé froid et distant, Luna, avant ? Elle se sentit étonnamment coupable, alors, à l'observer parcourir les différents chapitres de son carnet : comment quelqu'un d'aussi attentif, d'aussi attentionné, que lui pouvait-il n'être rien d'autre qu'une statue taillée dans de la pierre et de la glace ? Les pages s'immobilisèrent et d'un rapide coup d'oeil, Marie comprit finalement ce qu'il cherchait. Elle reconnut l'écriture, les fines lignes. Son regard se mit à pétiller en apercevant le 'Chère Marie', qu'il ne lui avait jamais dédié lors de ses précédentes missives. « Je voulais vous- t'envoyer ça mais... j'ai pas eu le temps, désolé. » Elle ne fit pas attention à son hésitation et tendit presque avidement la main devant elle, peu ennuyée de lui montrer les réactions impatientes qu'elle réservait toujours à Erlkönig en le voyant seulement se profiler à l'horizon. Mais il ne la remarqua même pas, le regard résolument tourné vers les pages qu'il vient tout juste de déchirer avant de plonger une nouvelle fois dans son sac, comme si la vision de la lettre venait de lui rappeler autre chose. Elle en était certaine maintenant, il était infesté par les Wrackspurts, ça ne faisait plus aucun doute. Un brin frustrée par la guerre, elle se demanda bien comment elle pourait faire pour récupérer assez de bouchons liégés pour rendre le cottage aussi sacré que ne l'avait été sa chambre d'autrefois. « Ne t'excuse pas. Je sais que tu étais plutôt occupé... », et elle se tût immédiatement, oscillant entre le souvenir obscur que représentait désormais leur passage dans la forêt et la curiosité des petites boîtes qu'il venait de retirer de son sac. « Je- je l'ai pas relue donc je crois- Ça, déjà, c'est pour toi. » Elle observa très attentivement le boîtier qu'il lui confia, hébétée à la fois par l'objet moldu – qu'elle reconnut grâce aux longues heures passées à discuter avec ses camarades né-moldus – mais aussi par l'écriture étrangère marquant le papier. C'était amusant, de voir les différences entre le monde magique et le non-magique : les sorciers n'utilisaient pas du tout la même encre... « Mais la lettre... ça te dérange si je la lis à haute voix? Je l'ai pas relue et... » Elle préféra ne rien dire, encore une fois en le voyant s'enfoncer loin dans le paysage volubile des lignes et de son écriture. Un léger sourire au coin des lèvres, elle retira son manteau avant de s'adosser contre le mur. Ses paupières se fermèrent lorsque la voix de Rolf s'éleva de nouveau, transformant les mots en paroles, les habitudes en nouveauté. « Chère Marie. », dans ses mains, elle faisait tourner sans discontinuer la cassette, trompant ainsi la drôle de sensation qui s'emparait d'elle alors. Elle lui avait un jour confié qu'elle avait l'impression de l'entendre, de le voir, de le sentir juste à côté d'elle, en lisant seulement ses lettres. Comme elle avait eu tort, Marie. L'impression d'avoir toujours été confrontée à Rolf en lisant seulement ses courriers n'était par réelle. Son monde, fait de mirages et d'illusions, n'était finalement pas aussi beau, rassurant et serein que celui qu'il recréait du bout des lèvres, avec seulement l'aide de quelques syllabes (elle ignora sa question sur le Polynectar ; imagina l'apparence qu'il avait bien pu emprunter pour s'évader loin de son quotidien d'hors-la-loi) et de lointains souvenirs (elle ignora le drôle de pincement au cœur qui l'étreignit en reconnaissant la courageuse métamorphomage aux cheveux rosés ; imagina la scène, battit les airs de ses doigts pour rattraper la cadence d'une mélodie dont elle ignorait tout si ce n'était le bonheur qu'elle avait amené à cette famille et à Rolf). « … mais vous devez comprendre. Vous êtes aussi lâche que moi, vous vous rappelez? » Marie rouvrit les yeux, retrouva la vision angoissante de la chambre... qui n'avait plus rien d'angoissant, là, derrière son regard voilé, embué, par des souvenirs qui ne lui appartenaient pas, par la voix douce et rauque et tendre de Scamander. Comme elle avait eu tort, Marie. Elle tourna la tête vers lui, attendant de sa patience retrouvée qu'il sorte encore une fois de son mutisme, toujours bercée par les mots qui continuaient de flotter tout autour d'elle. Des mots qui n'attendaient que son accord pour s'ancrer définitivement dans son esprit. C'était différent, cette fois ; ils l'atteignaient plus lentement, plus intensément, puisque aujourd'hui, c'était lui qui les lui livraient personnellement. « Tendrement, Rolf. » Et soudain, la vérité la frappa aussi violemment que le jour où elle s'était laissée happée par la réalité brutale du monde. Il n'était pas froid, assuré et distant, Rolf. Il ne s'était jamais laissé approcher parle passé, il l'avait toujours repoussé pour une raison qu'elle ne comprenait toujours pas mais... Il avait toujours été comme elle. Il était seul. Il avait toujours été seul, Scamander. Ô comme elle avait pu se tromper sur le compte de Rolf, Luna Lovegood.

Instinctivement, elle récupéra les feuillets que lui tendait Rolf et regarda attentivement l'écriture familière. Elle avait l'impression de voir les mots danser sur les petites feuilles. Une impulsion et ses doigts se mirent à retracer la moindre volute d'un absent. « 'fin voilà quoi. Il y a un ouvre-boîte dans la cuisine? Je reviens. » Marie se redressa sur le matelas à l'instant même où Rolf s'abaissa pour récupérer une conserve au sol, les mouvements pourant ralentis par  la révélation qui continuait de s'insinuer douloureusement en elle. Et tandis qu'elle suivait du regard sa fuite pure et simple de la chambre, elle sentait sa nouvelle vision de Scamander venir modifier petit à petit tous les souvenirs qu'elle avait de lui, qu'elle avait retrouvé le jour où Marie l'avait rencontré, véritablement rencontré, sur l'île de St Michael. Venir modifier les souvenirs qu'elle gardait précieusement enfermés avec elle, avec cette fille au prénom lunaire qu'elle avait été. Cette fille aux deux grands yeux bleus qui, pour une fois, n'avait pas clairement vu ce qui se passait derrière le visage renfermé (non, apeuré) de Scamander. Erlkönig retourna alors son regard acéré vers elle mais l'insurgée ne trouva rien à lui dire. Elle ne comprenait pas plus la raison qui l'avait poussé lui à partir que l'étrange envie qui la poussait elle à se lever pour le rejoindre. Les mains hésitantes, elle s'empara du lecteur et du casque, porta les écouteurs molletonnés à ses oreilles en observant scrupuleusement les différents symboles qui gravaient l'objet moldu. Une frénésie nouvelle se distilla en la sorcière, vint alimenter sans restriction aucune l'impulsion qui lui fit appuyer sur le bouton 'lecture'. C'était étonnant, vraiment, de prendre conscience à quel point un simple changement d'angle pouvait vous faire changer toute votre perception du monde. Non pas qu'elle l'ignorait, non – n'était-elle pas celle qui voyait tout, de façon diamétralement différente des autres ? C'était juste déroutant de s'apercevoir qu'on avait toujours eu tort... Les premières notes éclatèrent et infiltrèrent son système, la rendant sourde de tout sauf de la musique, à mesure qu'elle augmentait le volume sonore, à l'aveuglette, testant les fonctions du lecteur plus qu'elle ne réussissait à se souvenir du fonctionnement de la technologie moldue. Elle était sourde, l'insurgée, en se relevant du lit. Sourde au monde silencieux qui s'étirait tout autour d'elle, au piaillement qu'Erlk' lui adressa lorsqu'elle lui passa devant sans lui adresser le moindre regard réconfortant, de la vaisselle qu'il manipulait lourdement dans la cuisine. Là, accolée contre l’encadrement de la porte, elle laissait les notes l'envahir et renforcer le souvenir que Rolf lui avait confié, quelques instants plus tôt. If the stars don't shine, J'étais allé les visiter quelques jours avant le réveillon et Ted (l'époux) avait mis cette cassette. if the moon won't rise, Mais en les voyant comme ça, j'ai eu l'impression que je ne connaîtrais jamais ce genre de bonheur. if I never see the setting sun again, J'étais peut-être un peu jeune pour penser ça à l'époque. You won't hear me cry, this I testify; Mais c'est ce que je pense aujourd'hui. please believe me, boy, you know I wouldn't lie. Il ne faisait rien de transcendant, il se tenait juste debout au beau milieu de la cuisine, à préparer une assiette, à boire de l'eau. Elle pouvait voir son agilité naturelle alourdie par les muscles ankylosés qui le portait. Elle voyait sa vulnérabilité aussi, dans les derniers hématomes qui continuaient de se résorber sous sa peau, dans les plaies qui termineraient de se cicatriser les jours à venir. It's a natural fact, there's no turning back, and here's some advice to you... Mais surtout, surtout, elle le voyait lui, lui et sa gêne, lui et sa pudeur ; ce qui l'avait fait s'isoler loin d'elle, ce qui lui occupait tant l'esprit qu'il ne la voyait même l'observer sous toutes les coutures.  Elle voyait sa solitude... et encore une fois, l'énorme porte qu'il venait d'ouvrir et qu'il tenait à bout de bras, attendant qu'elle daigne bien en passer le seuil. Elle voulait juste réparer son erreur. You've got to say it's... Et lorsqu'il se retourna et la remarqua finalement, avec son assiette de thon et ses couverts dans une main et son verre dans l'autre, un air surpris et un sourire précédant le nouveau masque stoïque qu'il revêtit bien trop rapidement pour ne pas la faire grimacer, elle se fit une promesse. Elle voulait apprendre à le connaître maintenant qu'il le lui permettait. You and me, You and me , Nobody, baby, but you and me. Elle ne voulait plus jamais voir, savoir, Rolf Scamander seul de toute sa vie.

Elle avait développé cette manie de tout vouloir absorber, de vouloir englober tous les savoirs sur un sujet, à Poudlard, lorsque l'A.D lui avait donné une raison, un but, de se focaliser sur des thèmes bien précis plutôt que sur la multitude des savoirs du monde. Autodidacte longtemps drapée par une soif intarissable de connaissances multiples et variées, elle avait appris qu'il existait des buts, des causes, pour lesquels il était bon et nécessaire de se focaliser. Avant, seul le Quibbler avait été assez important pour lui faire brandir cet étendard-là. L'A.D lui avait fourni de nouvelles inspirations : l'amitié avait été la plus pure d'entre elle. Aujourd'hui, dans le cottage, c'était lui qui était devenu son nouveau domaine de prédilection. Alors quand Rolf lui tendit l'assiette, lui souffla quelque chose qu'elle ne comprit absolument pas, elle ne se dépêcha pas d'ôter le casque pour rattraper le fil du présent. Elle voulait terminer cette chanson puisque c'était la sienne, qu'elle faisait partie intégrante de lui. Elle se laissait absorber par la voix de cette Penny et par les sonorités crépitantes qui ponctuaient ça et là la mélodie puisque c'était l'introduction officielle qu'il lui avait donné à étudier pour apprendre à le connaître lui.

Pourtant, Marie ne put cacher sa mine déconfite lorsque le visage de Scamander se fendit subitement d'un sourire. Sans crier gare. La surprise fut telle qu'elle balaya rapidement tous les recoins de la pièce pour s'assurer que c'était toujours elle et lui dans la cuisine. Que personne ne se tenait là pour le contrôler à l'aide d'un impardonnable... mais non, il était seul, toujours aussi seul dans la pièce. La seule différence c'était qu'il avait l'air heureux, là, juste parce qu'il venait de la voir et un instant elle se demanda si ce n'était pas encore une fois le cottage et son ambiance lugubre qui ne la faisait pas fabuler, comme avant. Ce ne fut que lorsque le chœur se mit à enchaîner d'étonnantes sonorités qu'elle percuta ce qu'il était en train de faire : il était en train de chanter, de se tortiller, pour battre la même cadence que la musique. Elle ne bougea pas, ne fit rien, elle se contentait de profiter du spectacle depuis le seuil de la porte, dénotant à chaque nouvelle parole les mimiques qui lui marquaient les traits et lui faisaient tressauter le visage. La sorcière n'était pas du genre à juger ce genre de scènes (elle avait bien assez danser avec son père pour ne pas connaître les concepts du ridicule) mais là, en comparant le Rolf d'avant – qui se tenait toujours droit comme un 'i' et ne cédait jamais trop de terrain aux autres – et ce Rolf-ci, Marie dut mordre  l'intérieur de ses joues pour ne pas exploser de rire. Les notes de musique s'étiolèrent et laissèrent de nouveau place au silence, un monde muet qui reprenait ses droits dans les gestes de Rolf, dans sa respiration saccadée et dans son regard pétillant de rires, de fierté et de bêtises. Oui de la bêtise : elle voyait bien dans son sourire un peu hésitant, un peu bancal, qu'il se trouvait lui-même ridicule  comme jamais... mais aussi qu'il s'en fichait, qu'il s'en fichait complètement. Il lui faisait assez confiance pour lui offrir un Rolf nouveau, un Rolf qui se laissait aller loin de ses masques et de ses regards hautains et de ses attitudes parfaitement... Slytherin. Non, il lui faisait assez confiance pour continuer de lui tenir la porte qu'il venait tout juste de lui ouvrir, assez confiance pour lui montrer le Rolf qu'il avait toujours maintenu à bonne distance du monde tout entier et qu'il avait certainement  caché toute sa vie. Sept ans, douze ans, quinze ans, vingt ans, toutes les fois où Luna l'avait vraiment côtoyé ; toutes les fois où Pandora avait souri tendrement en entendant son époux évoquer  le petit-fils Scamander ; toutes les fois où il avait visité Xenophilius... jamais Luna ne l'avait vu se comporter ainsi. Jamais. Pas une fois... « C'est meilleur que ça en a l'air. », l'entendit-elle dire au-travers des écouteurs mais au lieu de regarder l'assiette et son contenu qu'il tenait, elle continuait de le fixer lui pour approuver ce qu'il venait de dire. C'était vrai, il était bien meilleur que tout ce qu'il avait pu laisser paraître jusqu'à présent. Un sourire lui étira finalement les lèvres avant qu'un nouveau rire n'emplisse complètement l'espace vide de la pièce. Poussant sur son coude, elle se détacha de son appui contre le mur pour s'avancer vers lui, cherchant du bout du pouce le bouton qui rembobinerait la cassette. Un sifflement distinctif accompagna ses derniers pas, tournait encore lorsqu'elle s'arrêta finalement devant lui. Un rictus à la commissures des lèvres, Marie leva légèrement la tête pour pouvoir planter son regard dans le sien. « Tu ferais fuir des épouvantards, tu le sais ça, pas vrai ? » Pas une fois, elle ne s'était souvenue que c'était à Marie qu'il s'ouvrait, à Marie qu'il parlait, à Marie qu'il souriait, à Marie qu'il écrivait les lettres... à Marie qu'il accordait toute sa confiance. Pas une seule fois. Il se contenta de sourire un peu plus à sa réflexion peu glorieuse. « Quoi ? », lui lança-t-elle, rieuse, surtout pour meubler le silence à peine dérangé par la bande magnétique qui se rembobinait dans le lecteur, surtout pour meubler le regard intense avec lequel il la couvait. Elle abandonna bien vite toute trace d'amusement éhonté et son esprit bon enfant, tentant de trouver une explication au nouveau mystère qu'il lui posait en ne la quittant pas un instant des yeux. Il ne la regardait plus comme si elle était une étrangeté magique. Il n'y avait plus de crainte dans son regard. Plus d'embarras, plus aucune froideur, plus la moindre trace d'hésitation. Décontenancée, elle l'était vraiment : elle ne reconnaissait pas du tout l'émotion qui lui faisait briller les iris. « Quoi ? », lui demanda-t-elle encore, cette fois-ci dans un murmure enroué, ennuyé : elle n'avait pas non plus le souvenir d'avoir jamais été regardée ainsi par le passé.

Un déclic sonore vint briser l'instant et son attention fut alors happé par le lecteur-cassette, amenant l'objet entre eux deux pour relancer une nouvelle fois la cassette. « C'est une très belle chanson... », l'informa-t-elle en rabattant le casque autour de son cou, laissant les notes grésillantes et la voix de Penny les atteindre en même temps. Curieusement, un léger mouvement attira son regard et c'est pour pouvoir l'observer qu'elle débarrassa Rolf de ses entraves matérielles, déposant tour à tour sur le plan de travail l'assiette, les couverts et le verre d'eau. La main délicate s'empara de son avant-bras pour l'incliner légèrement, d'abord, et le faire se mouvoir plus largement, ensuite. Un minuscule petit homme flottait à l'orée de la manche du tee-shirt de Scamander, tombait à l'intérieur d'une boîte qui se refermait une fois le tissu de la manche relevé. Elle s'amusa quelques secondes à couvrir et découvrir le tatouage sorcier, laissant le premier couplet cadencer le rythme emprunté par ses doigts pour se rendre compte que, même sur sa peau, Scamander préférait laisser libre cours à sa véritable personnalité bien loin des regards. « ...mais, tu sais ? Ce n'est pas en le regardant que le bonheur est accessible. C'est en allant le chercher que tu l'obtiens. » Elle rabattit une dernière fois la manche par-dessus le tatouage avant de laisser courir la pulpe de ses doigts le long du chemin tout tracé par ses veines saillantes, s'arrêtant un instant contre l'intérieur de son poignet, pour en ressentir les battements de son cœur, avant d'entrelacer ses doigts avec les siens. Contre sa paume, elle pouvait sentir les cals et les nombreuses cicatrices parsemant la main de Scamander, les coups de becs d'Erlk' et les milliers d'objets qu'il avait parcouru pour une raison qui lui était encore inconnue. Elle espérait pouvoir un jour comprendre la logique avec laquelle il fonctionnait, respirait, réagissait, vivait depuis toujours. « Tu aurais peut-être dû aller chercher ta Marraine dans la cuisine pour la faire danser avec toi, Rolf. », et sans grande difficulté, reléguant à plus tard le décryptage de son  regard, Marie l'entraîna au centre de cette cuisine-ci, celle du cottage, l'imaginant à des centaines de kilomètres d'ici, à des milliers de souvenirs de cet instant. « Danse avec moi. » Sa main resserra sa prise autour de celle de Rolf, toujours un peu plus fort pour palier à l'attention infinie avec laquelle elle logeait la gardienne du lecteur autour de sa nuque encore bleuie par la violence du monde extérieur. Déposant son visage contre son épaule, Marie inspira longuement avant de les faire doucement tourner autour d'un point dont elle seule détenait l'emplacement exact, à défaut de comprendre l'intensification du regard de Scamander. L'index s'échappa de la poigne maintenant le lecteur pour aller frôler le cou du sorcier, appuyant à dessein contre sa carotide à chaque nouveau passage, juste pour s'assurer que les pulsations continuaient de battre, pour s'assurer qu'il était bien là, contre elle, et que ce n'était pas un nouveau mirage de son esprit. Elle ne supporterait pas qu'il ne soit rien de plus que des cendres alors qu'elle venait à peine de le rencontrer... Bien sûr qu'il y avait les lettres. Bien sûr qu'il y avait cette ritournelle d'antan qui leur donnait matière pour danser, pour juste essayer ce bonheur qu'il n'avait pas attrapé au vol lorsqu'il était enfant. Bien sûr que ses mots avaient été aussi nécessaires à Marie que les livres ne l'avaient été pour Luna. Pourtant, elle ne pouvait réprimer cette impression étrange qui l'englobait toute entière depuis qu'elle se tenait ainsi, tout contre lui, observant tour à tour sa gorge, son buste, les marques qui lui vrillaient la peau et celles qu'elle sentait sous ses doigts. Elle avait finalement l'impression de le comprendre, Rolf Scamander, lui et ses mots, lui et ses réactions, lui et ses parts d'ombres qu'il abandonnait juste qu'elle avait été là pour. Inspiration. Merci. Expiration. Merci. Inspiration. La musique mourût et avec elle, les lèvres de Rolf s'immobilisèrent encore une fois dans le vide, l'insurgée ne les sentant plus se mouvoir contre son front. Merci. Expiration et, « Rolf ? », le ton était si bas qu'elle se résolut à se détacher de l'étreinte dans laquelle elle les avait plongé pour relever la tête vers lui. Et soudain, en sentant sa main se détacher de la sienne pour trouver refuge contre sa taille, la façon dont il la regardait commença à faire sens, à s'éclaircir à mesure que les souvenirs lui délivraient des moments où on l'avait déjà regardée ainsi. Dans une bibliothèque, dans des couloirs, dans une usine, dans une foret : il y avait un peu de ses parents dans ce regard, il y avait ses amis, il y avait un Serpentard effrayé et une autre complètement délurée, il y avait ce Gryffondor maladroit et... il y avait Rolf, et cet éclat si particulier, si inconnu, qui faisait vibrer son regard. « Tu sais, tes lettres ? Je croyais... je pensais te connaître avec elles mais... », parcourant le chemin inverse, ses doigts remontèrent lentement le long de son bras, s'attardant sur les cicatrices, contre le rebord du tee-shirt (où elle savait le tatouage plané), le long des traces violacées (qu'elle pensait pouvoir effacées si elle les frôlait cent fois d'affilées), pour aller épouser les lignes de sa mâchoire et sa de sa tempe avant de se perdre sans but précis dans sa chevelure cendrée. « … celle que tu m'as lue tout à l'heure... elle me fait penser que j'avais tort. » Les billes noisettes parcouraient les dizaines de détails auxquels Marie n'avait pas prêté grande attention durant son sommeil. Elle n'avait qu'à moitié remarqué la forme de son menton, les plis entre ses yeux, les dernières traces enfantines qui lui bombaient les joues, les marques qu'il avait dû récolter bien avant aujourd'hui, les grains de beauté qui restaient encore à peine visible tant des traces fantomatiques et carmines lui hantaient encore l'esprit. Un sourire amusé vint relever la ligne de ses lèvres en détaillant du regard et du bout des doigts la légère calvitie qu'il avait récolté de son tête-à-tête avec le rafleur avant de reprendre tout son sérieux, une fois la ligne de mire perçante et azurée  de ses yeux retrouvée. Elle retraçait les courbes de son visage pour tamiser les peurs et les douleurs qui s'étaient installées sans discontinuer jusqu'à présent, qui disparaissaient un peu plus sous sa paume. « C'est ta dernière lettre qui me fait prendre conscience de qui tu es, vraiment. La façon dont tu penses et espères et ressens et rêves... », l'index retraça allègrement l'arête sensible de son nez avant de s'arrêter par-dessus son arc de Cupidon et ses lèvres dans le seul but de l'empêcher de parler. « … n'arrête pas d'écrire comme ça, Rolf, je veux continuer de ressentir tout ça. Ne t'enfuies pas parce que tu as peur de ce que je pourrais découvrir : c'est toi, okay ? Tu n'as pas à avoir peur de ça, c'est ce que je veux. Juste te connaître toi. »
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HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
in these dreams it’s always you: the (girl) in the sweatshirt, the (girl) on the bridge, the (girl) who always keeps me from jumping off the bridge. oh, the things we invent when we are scared and want to be rescued.


Rolf n'avait pas beaucoup d'amis parce que Rolf avait du mal à comprendre les autres. C'était plutôt ironique, quand on y pensait: il recevait les émotions d'autrui, était sensible aux sentiments d'autrui et pourtant, tous ces gens demeuraient des mystères. Il n'avait jamais compris la dureté de Newt Scamander et n'avait jamais compris l'amour de Porpentina pour lui. Il n'avait jamais compris le doute qui résidait dans les alliances de ses parents, et il n'avait jamais compris le bonheur insurmontable d'Andromeda Tonks. Il n'avait jamais compris pourquoi Xenophilius Lovegood l'appréciait et pourquoi Luna Lovegood l'avait toujours regardé d'un air curieux mais amusé. Il n'avait jamais compris pourquoi quiconque s'intéressait à lui et comment quiconque pouvait s'amuser avec lui et non de lui. Il ne comprenait pas les autres et, en conséquence directe, les autres ne le comprenaient pas. Il ne les autorisait pas à le comprendre, ou alors si peu qu'ils ne faisaient qu'effleurer la surface, en retirer une couche pour en découvrir une autre. Mais son coeur? I am unknowable avait-il dit un jour à ses amis (plutôt: camarades) de Poudlard, quand ils s'étaient plaints une énième fois de ce foutu Rolf Scamander et son mystère intrinsèque. Unknowable, parce qu'il refusait d'être compris et d'être entendu, parce que ça demandait une fragilité et une confiance et une force qu'il n'avait pas et, il le pensait à ce moment-là, qu'il n'aurait sûrement jamais.
Puis Marie Talesco avait déboulé dans sa vie. Comme un boulet de canon, littéralement. Elle était l'inconnue de l'équation, le mystère des lettres, l'énigme qui s'écrivait jusque sur le bout de sa langue à l'accent si peu exotique pourtant; elle était un sang nouveau, une personne nouvelle, quelqu'un qui ignorait tout des Scamanders et des Rolfs et des garçons qui ont peur de ressentir et de pleurer. Elle avait des grains de beauté dans le cou et sur la joue et elle plissait des yeux quand elle riait et elle riait rarement. Il lui avait offert un Rolf un peu idyllique; plus confiant qu'il ne l'était réellement, plus amusant, plus anecdotique, plus sympathique; mais sous ses yeux, en chantant et en espérant et en lisant, il savait qu'il lui ouvrait les quelques portes de son coeur qui avaient été verrouillées pendant longtemps. Et pour une fois, au lieu de se sentir faible d'avoir été vulnérable, il se sentait simplement à l'aise, fort.
Il était froid et distant et calculateur et cartésien et dur et brusque et parfois cruel, parce qu'on l'avait modelé ainsi; mais il était aussi doux rêveur, curieux,  explorateur, impatient de plaire, impatient d'aimer. Il y avait un peu de ces deux Rolf-là, dans celui qui chantait et dansait maladroitement sous les yeux de l'Insurgée; ce Rolf vulnérable qui n'osait pas montrer ses faiblesses parce que les garçons ne pleurent pas, parce que reprends-toi, mon garçon et parce que regarde-le, Porpentina, ce n'est qu'un bon à rien. Newt avait voulu l'élever à la dure, appuyer assez de pression sur le charbon jusqu'à en faire du diamant, jusqu'à ce qu'il soit invincible et impressionnant; mais il n'avait réussi qu'à entretenir cette tendresse et cette douceur, tout cet amour jalousement gardé dans un coin de son coeur, qu'il projetait maintenant sur Marie.

Il rit un peu de sa surprise, de ses yeux qui s'agrandissent puis des coins de sa bouche qui, lentement, se relèvent. Il aimerait bien fermer les yeux pour étouffer sa honte cuisante mais il veut aussi la regarder (il ne peut pas s'arrêter de la regarder, pas maintenant, ni jamais espère-t-il) (le rattrape pourtant la pensée insidieuse qu'ils sont en train de voler du temps — bientôt ils devront quitter cet havre de paix, se quitter) (chut. Pas maintenant.) Marie rit de sa bêtise et cette fois, Rolf n'est pas confus ou embarassé, il lui offre même un petit sourire en retour, incertain, amusé, timide. « Tu ferais fuir des épouvantards, tu le sais ça, pas vrai ? » Il sourit un peu plus, à l'aise, la tension s'évadant de ses épaules. Elle s'approche. Elle est jolie Marie, mais c'est une beauté dévastatrice. Rolf a peur de sa beauté. Elle ressemble exactement à tout ce qui lui a jamais brisé le coeur. « Quoi ? » Quoi? Il ne sait pas. « Quoi ? » Le lecteur de cassettes indique qu'il a fini de rembobiner et Rolf détourne le regard, perturbé, tandis que la sorcière lève l'appareil pour l'observer. « C'est une très belle chanson... » Il s'éclaircit la gorge. “ Oui, en effet, ” convient-il, très factuel, refusant toujours de la regarder en oeillant plutôt, d'un air pas très convaincu, les filets de thon qui attendent sagement dans son assiette. Le prenant de court, Marie prend ladite assiette et le débarasse rapidement, puis s'empare de son avant-bras et Rolf ne comprend pas ce qu'elle est en train de faire jusqu'à ce que ses doigts se glissent à la surface de sa peau (machinalement, sa main attrape son coude le temps d'un instant; réflexe musculaire, crispation naturelle, avant de la relâcher) et découvrent le tatouage qui orne le creux de son bras. Encore une fois, il esquisse un petit sourire maladroit. Pourquoi est-ce que ses doigts ne quittent pas sa peau? Pourquoi doit-elle le toucher, encore, toujours? Il essaie de trouver les réponses à ces questions sur le visage de Marie, dans son regard, mais elle garde les yeux fixés sur le tatouage sorcier; la manche du t-shirt relevé, le bras tendu, l'homme continue ses folles péripéties dans la boîte invisible, s'heurtant à des murs qu'il est le seul à ressentir. « ...mais, tu sais ? Ce n'est pas en le regardant que le bonheur est accessible. C'est en allant le chercher que tu l'obtiens. » Marie rabat la manche du t-shirt.
Il pense qu'elle va doucement le relâcher, et ils mangeront du thon, et ils riront de sa piètre performance. La musique grésille toujours par dessus le vacarme du coeur de Rolf, entre eux, et c'est un moment qui n'appartient qu'à lui et cette Insurgé à la risette si rare.
Comme d'habitude, Marie le surprend. Ses doigts redescendent le long de son bras, suivent le tracé sinueux de ses veines, jusqu'au creux de son poignet; puis leurs paumes se joignent, et leurs doigts s'entremêlent, et Rolf n'a jamais senti son coeur battre ainsi. Pourquoi doit-elle rendre chacune de leur interaction si... intime? Intime d'une manière étrange, lourde, angoissante? Il essaie toujours de la regarder, de capter son regard pour y comprendre quelque chose, mais elle regarde leurs mains. « Tu aurais peut-être dû aller chercher ta Marraine dans la cuisine pour la faire danser avec toi, Rolf. » Elle le tire un peu avant et il se laisse faire. « Danse avec moi. »

L'instant suivant, elle est contre lui et il la serre machinalement, un peu timidement. Ils sont liés d'une manière naturelle et logique, comme si c'était écrit dans les étoiles, son visage contre son épaule et ses lèvres contre son front, qui se concentrent sur les paroles plutôt que sur d'autres choses qu'elles aimeraient explorer, le doigt de Marie qui bat la mesure à la base de son cou, la main que Rolf a glissé dans le milieu de son dos pour s'assurer qu'elle ne s'éloigne pas trop, leurs pieds hésitants alors qu'elle les fait tourner sans logique ni motif, et qu'il se laisse aller. Il se laisse aller, il se laisse danser, il laisse les souvenirs et les émotions affluer, ferme les yeux, se fait bercer par la musique et par les pulsations terribles de son coeur, mais aussi par le souffle de Marie contre sa peau sensible, mais aussi par le fait qu'elle soit là, juste là, contre lui. La musique s'arrête et Rolf n'a pas envie que ce moment s'arrête, jamais. Il veut juste rester là, contre elle, même si cette scène n'a aucun sens, même si cette scène lui fait honte parce qu'il sait qu'elle n'est pas comme lui, qu'elle ne pense pas à lui comme il pense à elle, et elle doit le trouver ridicule avec sa veine qui bat intensément sous son doigt, et elle doit le trouver stupide avec ses yeux intenses qui ne se fatiguent pas de la dévisager, encore et toujours. Rolf a toujours été victime de ses coups de coeur, parce qu'ils avaient toujours l'audace de n'être que trop rarement réciproques. Mais Marie est plus un coup au coeur qu'un coup de coeur.
« Rolf ? » Elle bouge légèrement et il retire la pression de sa main dans son dos, la troquant plutôt pour son autre main qui se glisse d'elle-même sur sa taille, rouvre les yeux comme arraché à un songe, s'éloigne aussi d'un demi-pas pour l'observer. Il ne comprend pas ce regard qu'elle lui rend. Il ne la comprend pas. « Tu sais, tes lettres ? Je croyais... je pensais te connaître avec elles mais... » Pourquoi le touche-t-elle encore? Pourquoi lui fait-elle cela? Le bout de ses doigts remonte à la surface de sa peau, se glisse dans son cou, sur son visage, sur son crâne. Rolf reste immobile, presque indifférent; pourtant, ses yeux doivent bien la brûler alors qu'il dévisage avidement ses traits, y cherchent... quoi, exactement? Lui-même l'ignore. Chaque surface de sa peau qu'elle touche est brûlée, saccagée, dévastée. Pourquoi est-elle si proche? « … celle que tu m'as lue tout à l'heure... elle me fait penser que j'avais tort. » Il met du temps à percuter les mots, toutes ses pensées, chaque iota composant son corps étant tendu vers ce qu'elle est en train de toucher, ce qu'elle est en train de révéler à la surface de sa peau. Son index quitte ses cheveux, finit par retracer son visage et Rolf se sent un rien moins moche, un rien moins triste, un rien moins fatigué. « C'est ta dernière lettre qui me fait prendre conscience de qui tu es, vraiment. La façon dont tu penses et espères et ressens et rêves... n'arrête pas d'écrire comme ça, Rolf, je veux continuer de ressentir tout ça. Ne t'enfuies pas parce que tu as peur de ce que je pourrais découvrir : c'est toi, okay ? Tu n'as pas à avoir peur de ça, c'est ce que je veux. Juste te connaître toi. »

Rolf ne sait pas quoi dire. I am unknowable.
Non, c'est faux. Dans le regard de Marie, dans ses yeux hurlant la vérité, dans sa voix vibrante de sincérité, dans le bout magique de son doigt qui semble aspirer tous ses maux, tous ses mots aussi, tous ses souvenirs, ses émotions, ses peines, dans cette française qu'il n'a véritablement vu que deux fois mais qu'il a imaginé et rêvé mille fois, dans Marie, il a l'impression qu'elle le comprend, lui et ses rêves, lui et ses défauts, lui et ses lettres. Elle veut juste le connaître lui. Le comprend. Pourquoi continue-t-elle ainsi de le toucher? De le regarder? Rolf n'a pas envie que ça s'arrête. Il veut vivre dans ce moment pour toujours.

Ses doigts quittent son visage et elle fait un mouvement pour se défaire, s'en aller, partir, le laisser seul, terriblement seul. “ Marie, ” lâche-t-il et sa voix est grave, un peu rauque, son prénom soufflé sous sa respiration comme si le mot en lui-même était douloureux. Il a attrapé son poignet en même temps mais cette fois, il ne la force pas à tendre le bras pour le lui soigner, il ne l'incite pas à le regarder, non; il se contente de l'arrêter, puis de doucement laisser tomber son bras. Rolf a l'impression que son coeur va exploser. Ils sont si proches et pourtant si éloignés; elle a les yeux détournés et lui observe son visage, son profil, ses lèvres. Il a l'impression que la scène se teinte de couleurs différentes. C'est une envie dévorante qui lui tord les tripes, qu'elle s'ouvre enfin à lui, qu'il comprenne le silence assourdissant de ses sentiments; est-ce que elle aussi...? Marie, ” dit-il à nouveau, les lèvres sèches. Il n'ose pas faire un mouvement vers elle et elle reste immobile.
Il sait toujours ce que les autres attendent de lui. Il sait comment agir avec les autres. Quand il sent l'agacement et qu'il veut agacer, Rolf s'engouffre dans l'exaspération; quand il sent la tristesse et qu'il veut réconforter, il passe son bras autour des épaules; quand il sent la colère et qu'il veut affronter, il répond sur le même ton. C'est ça le problème des empathes; des fois, ils se laissent consumer par les autres, ils laissent leurs propres Bruits, leurs propres auras se mélanger à ceux des autres. Mais avec Marie, c'est comme tomber d'un balai, fermer les yeux, écarter des bras. C'est une chute libre, c'est trois cent miles à l'heure, c'est son coeur coincé dans sa gorge et l'impression que tout peut se transformer en cendres sous ses doigts. Ses doigts qui se tendent vers elle, à nouveau, plus timides; qui reprennent son poignet, plus doucement, qui remontent le long de son bras jusqu'à son coude; qui l'incitent à se tourner vers lui. Pourquoi ne le regarde-t-elle pas? Combien de temps sont-ils restés immobiles? Pourquoi ses poumons lui font-ils mal, comme si il avait hurlé son nom plutôt que de l'avoir murmuré seulement deux fois? Sa main remonte jusqu'à son épaule, puis épouse son visage (sa main, sa joue; deux formes faites pour se toucher, pour s'emboîter, pour s'embraser, comme leurs deux corps maladroits qui dansent) et il la regarde, il la regarde vraiment, au fond des yeux, sans peur du vide ni de vulnérabilité, sans peur de rien.

Il se penche en avant et leurs souffles se mélangent. Ce n'est pas de la réticence, qu'il sent chez elle alors qu'elle se fige, pas vraiment. Ou peut-être que ça l'est? Rolf n'en sait rien. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il se penche un peu plus et l'attire à lui et dépose ses lèvres sur son front. He felt known.
Quand il se détache, sa respiration est brûlante, presque sifflante, sur sa peau. Elle est si proche. Rolf n'arrive pas à s'éloigner. Pas vraiment. Leurs souffles se mélangent encore et leurs nez se touchent et leurs front se touchent et il se perd dans le moment, juste un instant, tandis que son doigt trace une ligne à la surface de la joue de Marie. Il pourrait compter chacun de ses cils, là, tout de suite; le satané nombre de grains de beauté sur ses joues; analyser le grain de sa peau si il le voulait. Mais Rolf se détache, laisse lentement retomber sa main. En tout, entre le moment où il l'a arrêtée pour l'empêcher de se détourner et celui où il fait un pas maladroit en arrière, à peine trois secondes se sont écoulées, ou moins; mais trois milliards d'éternité ont explosé derrière ses yeux. Il lui offre un petit sourire désolé. Il n'aurait pas dû faire ça, mais si il ne l'avait pas fait il se serait détesté, il le sait.
Il a envie de l'embrasser, tout de suite, maintenant, pour de vrai. Baiser avide, rapide ou tendre, peu importe. Ses lèvres doivent être douces, il se demande leur goût, il se demande si elle répondra à son baiser si il tente sa chance.
Mais Rolf n'a jamais été quelqu'un de véritablement courageux. Les serpents auront toujours tout à apprendre des griffons. Alors il se détache, se redresse, laisse tomber sa main et s'éloigne; ça a toujours réussi par le passé et ce n'est pas aujourd'hui que ça va être si terrible, de s'éloigner d'autrui (il ignore le pincement au coeur, non, l'explosion de son coeur dans sa poitrine. Pourquoi a-t-il fait ça? Ça ne signifie rien et pourtant, il a l'impression que ça signifie tout.) Known. C'est en allant le chercher que le bonheur est accessible; très bien. Mais il sait qu'il a trop à perdre. Il ne supporterait pas qu'elle le repousse.

Je t'ai promis que je ne cesserai pas d'écrire, dit-il lentement. Je n'arrêterai pas, même si t'écrire une lettre est la dernière chose que je fasse. ” Il se mord l'intérieur de la joue. “ C'est étrange mais- Il se détourne, parce que même là Rolf doit fuir, devant elle. Il se détourne, fait mine de... quoi, exactement? Il prend le verre d'eau, se dirige vers l'évier, va pour le remplir et le boire. -je n'ai pas peur. Plus vraiment. Je me suis gardé de tout et de tous pendant des années mais avec toi- L'eau coule très lentement. Il reste silencieux jusqu'à ce que ça déborde. Je n'ai pas peur. ” La peur s'était glissée dans tout son être, pourtant, avait enlacé son coeur, tissé chacune de ses actions. Rolf avait peur d'un grand nombre de choses. Il avait peur de la douleur, depuis le fatal jour où ses parents étaient morts et qu'il avait été soumis au sortilège Doloris; il avait peur des étendues aqueuses depuis qu'il avait failli se noyer quelques années auparavant; il avait peur de son grand-père et ses yeux noirs et surtout, il avait peur de le décevoir; il avait peur de devenir fou; il avait peur de vieillir trop vite; il avait peur de l'abandon; il avait peur de faire confiance; il avait peur de mourir et qu'on ne se souvienne jamais de lui que comme un traître, le petit-fils indigne de Newton Scamander, un sombre idiot. Toutes ces peurs semblaient risibles, maintenant. Rolf n'avait jamais été autant terrifié qu'en cet instant précis, alors qu'il hésitait à croiser le regard de Marie.
Et puis, avoir peur, ce n'est pas une vie. Et Rolf veut vivre sa vie.
Pourtant il se retourne et la regarde, après avoir bu et reposé son verre.

Il a les doigts tremblants et le coeur qui vibre. “ Tu- tu ne sauras jamais combien je te suis reconnaissant d'écrire tes lettres. Je lis tes rêves et ils envahissent les miens, j'imagine tes journées et elles infestent les miennes, je vois ce que tu ressens, ce que tu espères et ce que tu rêves, moi aussi, et je le ressens, je l'espère et je le rêve aussi. Je vois tes amis, je vois la France. Et je te vois toi. ” Le silence lui fait un peu mal au coeur, mais ça le rassure aussi. “ Merci de lire mes lettres. Merci de- de comprendre. ” Et d'être là.
Il se sent vraiment stupide.
Alors il sourit un peu. Il a l'air fatigué, tout d'un coup, presque las; et l'étincelle de désir — parce que ça en a toujours été une, depuis le moment où il s'est réveillé il y a une heure dans le lit de ce cottage inconnu, depuis le moment où il a déposé les yeux sur elle dans l'encadrement de la porte de la cuisine, depuis le moment où il a cherché le ciel avec impatience pour voir la silhouette d'Erlkönig lui portant une de ses lettres — s'éteint doucement, parce que Rolf a toujours aussi été très bon pour abandonner sa quête de ce qu'il ne pourra jamais posséder. L'amour de son grand-père, la considération d'autrui, l'impression que ses parents seraient et seront et ont été fiers de lui. Ce n'est pas l'ambition de tout posséder qui fait sa ligne de conduite, en tant que bon Slytherin; c'est le bilan exhaustif de ses capacités, et cette particularité étrange qu'il a de baisser les bras quand il sait que la tâche trop ardue, parce qu'il sait ses chances de réussites égales à zéro. Pas par lâcheté, mais par stratégie. Dit-il.
Sa peau frissonne encore avec le souvenir de son doigt qui la parcoure, il repense à leurs proximités, ses grains de beauté, leurs corps qui dansent, son coeur dans sa gorge. Il se rappelle quand il aimait faire du Quidditch, avant d'être sauvagement renvoyé de l'équipe; il se souvient des loopins et des virages piqués et de ses tripes qui se tordent et de l'adrénaline. Mais rien n'est comparable à cette tension dans l'air, qui le torture alors qu'il regarde Marie. Il n'a jamais ressenti ça avant. Peut-être que le silence de ses émotions à elle décuple l'impact de ses émotions à lui. C'est stupide. Terriblement stupide. Mais Rolf ne peut pas se permettre de penser à sa bouche, et son doigt, et sa peau, et ses lèvres, et les baisers qu'il a murmuré contre son front, et les dessins qu'elle a gravé à la surface de son épiderme, et le regard ambivalent qu'elle lui a toujours renvoyé. Il sait que c'est stupide, elle a pris grand soin de repousser ses vaines tentatives d'avances (si on peut appeler ça comme ça) à chaque fois dans ses lettres, n'a jamais parlé du regard brûlant qu'il lui lance ou de son manifeste émoi dès qu'elle s'approche trop. C'est clair qu'il ne l'intéresse pas mais pour autant, Rolf ne peut pas se permettre de la perdre. Pas la seule personne qui le comprend. Et qui veut le comprendre. “ Je me sentais si seul et maintenant je t'ai toi. Et les lettres, rajoute-t-il rapidement. Je suis désolé, c'est stupide. ” Peut-être mais au moins, c'est vrai.
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Luna Lovegood
Luna Lovegood
‹ inscription : 31/05/2015
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‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
ROLFIE#2 — it feels like the end (w/blood) C9rrp50

‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
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it feels like the end
Sleep with the lights off when you're alone. Silence so mighty you go deaf; bombs are going off inside your chest. I know you wanted to be loved but you're bleeding left alone... so, so, so alone... Singing where does time go from here? It feels like the end.


Et de nulle part arriva la douleur. Pas le genre de blessures physiques qui empêchaient d'avancer, ni même l'amertume qui alourdissait les cœurs après une perte. Parfois, la peur nous rend fort. Venue d'un autre temps, d'un passé si lointain qu'elle le pensait appartenir à quelqu'un d'autre, ce fut la voix rajeunie de Scamander qui amorça son lâcher prise. Menteuse. Elle n'en était pas certaine à l'époque mais elle pouvait, avec certitude, l'affirmer aujourd'hui : la peur rendait Rolf Scamander plus fort. Et la peur avait indubitablement rendue Luna Lovegood faible. Du regard incompréhensible avec lequel il la couvait ou bien du remord qui s'insinuait pernicieusement en elle, la sorcière ne saurait dire ce qui lui avait fait tracer une dernière ligne imaginaire sur le visage de Rolf avant de se détacher de lui. Ou peut-être que si. Elle connaissait la raison qui l'avait poussée à briser l'instant. Elle l'avait vue dans ses yeux : c'était Marie qui s'y reflétait, ce n'était pas vraiment elle. Ce ne serait certainement jamais elle…

Elle était loyale, Luna. Respirait, parlait, pensait comme une autre depuis des mois pour la sécurité de quelques uns et la protection de tous. Dans son esprit, la peur avait un visage, une identité : elle possédait un nom. C'était pour empêcher ce masque effrayant de s'approcher de trop près des personnes qui lui étaient chères que Marie s'était imposée comme une évidence à elle. Juste parce que la peur tétanisait Luna Lovegood. Elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait rien faire si Lucius Malfoy se retrouvait face aux siens et se mettait à leur faire vivre l'Enfer. Elle ne pourrait absolument rien faire… « Marie. ». Passé ou présent, au final, existait-il une différence ? Assurée ou tremblante, puissante ou basse, c'était toujours la voix de Rolf qui la tirait invariablement de ses songes. C'était sa voix qui lui faisait le plus mal. Elle avait beau résonner comme du cristal, elle venait toujours secouer ses fondations les plus solides, les plus anciennes, celles qu'elle avait longtemps pensé indestructibles. Il venait modifier de la plus étrange des façons sa vision du monde, d'une simple parole. Elle avait l'habitude de provoquer ce genre de secousses, Luna. Il n'empêchait qu'elle n'avait pas l'habitude que ce genre de pratique ait de l'effet sur elle. Et bien malgré lui, Rolf avait toujours eu cet effet sur elle. A son contact, les phalanges de Marie tressautèrent légèrement et elle se retrouva bien plus électrisée par la disparition de son toucher que par le fait que d'un geste, un seul, il avait réussi à l'immobiliser complètement. Le corps et l'esprit harmonisés, elle détailla curieusement le rythme frénétique adopté par son cœur à cet instant. Vivre dans la peur, ce n'était pas une vie, lui avait-elle dit un jour. « Marie. », que faisait-elle, alors, si ce n'était se terrer sous un nom qu'il prononçait comme la chose la plus sacrée qu'il soit ? Que faisait-elle alors, à fixer avec une détermination certaine le sol plutôt que lui ? Que faisait-elle, depuis des mois, si ce n'était survivre sous les traits d'une autre en attendant désespérément que la peur s'en aille ? Menteuse. Vraiment ? Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elle avait bien plus été elle-même en le croisant au cottage de St Michael Mount que toute l'année qui avait précédée cette rencontre. Depuis qu'il avait vu son tatouage Rebut, depuis qu'il l'avait frôlé sans lui demander la moindre explication immédiatement. Depuis le moment où il lui écrivait, lui confiait ses pensées, devinait bien plus de son passé qu'elle n'aimerait le croire. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que depuis les lettres, ces échanges que ni lui ni elle ne voulaient révéler au reste du monde,  il n'y avait qu'avec lui qu'elle se sentait revivre. La bataille perdue de Poudlard, les années de cavale, l'ombre qui avait de plus en plus teinté l'aura de son père, sa capture, les tortures, sa mort, sa renaissance, il y avait eu tant d'événements sombres venus paver son existence qu'elle-même avait bien du mal à s'imaginer le passé, son existence normale. Il était la seule constance qui lui restait, qui l'avait faire revivre. Véritablement revivre. Il n'y avait que lui qui réussissait brillamment à éloigner l'effroi constant, sourd, dans lequel elle évoluait, s'emmurait,  perpétuellement depuis son retour. Elle voulait ses lettres ; elle voulait ses craintes, ses joies, ses doutes, ses peines. Elle voulait qu'il continue de garder sa liberté, qu'il veille toujours sur elle comme il le faisait en ce moment pour ne jamais  laisser la peur l'isoler plus longtemps dans l'ailleurs. Oui, elle était loyale, Luna, faisait tout son possible pour protéger la seule chose qui ait eu de la valeur à ses yeux, quitte à s'oublier complètement. Mais elle savait aussi que pour l'instant, il ne fallait pas qu'elle recroise le regard dangereux que lui jetait Scamander au risque de perdre définitivement pied. Au risque d'y trouver un nouvel idéal pour lequel elle serait prête à tout donner pour le protéger. À l'instar de l'autre, de l'amitié.

Ne le regarde pas. Et tout s'accélère, tout vient effacer la drôle de peine qui s'était emparée d'elle tandis qu'elle fixait la faïence usée du carrelage étalé sous leurs pieds. Elle ferma les yeux, Marie, en le sentant s'emparer à nouveau de son poignet pour la rapprocher de lui. Ne le regarde pas. Elle le sentit effleurer son bras, son cou, s'emparer de sa joue ; instinctivement, elle lova même un peu plus l'ovale de son visage contre le creux de sa paume, les sens hypnotisés par les drôles de fourmillements qu'il diffusait le long de sa peau en l'effleurant seulement. Marie déglutit difficilement lorsqu'elle sentit son corps tout entier se contracter violemment, l'immobilisant une fois encore contre son gré. C'est Rolf, c'est Rolf, c'est Rolf. Elle hésitait, Marie, entre sa peur à elle et la sienne à lui. Elle hésitait, prenait sur elle pour ne pas superposer sa main par-dessus celle de Scamander afin d'en intensifier la prise, pour ressentir pleinement les impressions, les sensations,  qu'il  gravait en elle en la touchant seulement. Ne le regarde p.... Ses paupières s'entrouvrirent en sentant Rolf planter un nouveau regard troublé sur elle. S'ouvrirent de plus en plus à mesure qu'il se rapprochait, ne sachant pas exactement ce qu'il comptait faire. Son cœur s'emballa de plus belle tandis qu'elle plantait ses ongles dans sa paume, retenant de plus en plus difficilement l'impulsion qui la suppliait de rattraper sa main pour la serrer fort, si fort qu'elle craignait de ne jamais trouver le courage de la relâcher un seul instant. Menteuse. Dans cette attente interminable, l'insurgée décela finalement dans les yeux de Scamander ce qu'elle craignait d'y trouver : un point à fixer, jusqu'à la fin de la guerre, jusqu'à la fin de ses jours. Les portes de son âme se formaient en un horizon ultime qui, elle en était certaine, lui permettrait toujours de se focaliser sur l'essentiel. Devenaient un oasis dans lequel elle voulait toujours pouvoir se ressourcer, indéfiniment. Deux lèvres fines et brûlantes terminèrent leur course contre son front, alourdirent le bilan de l'étrange révélation qui s'était imposée à elle. Sans même s'en rendre compte, Rolf Scamander était devenu bien plus qu'un correspondant. Bien plus que l'ami de Xenophilius Lovegood. Bien plus que cet adolescent au ton sec et cassant. Bien plus qu'un simple hors-la-loi devenu ami plus qu'ennemi. Était-ce ça, l'incompréhension traître qui lui embrouillait l'esprit et qui lui tenaillait le ventre depuis son réveil ? Certainement. Assurément. Rolf Scamander était devenu un point d'ancrage nécessaire et vital pour elle. Front contre front, souffles entremêlés, le noisette scruta à nouveau le plus attentivement les océans qui faisaient rage dans ses iris, les rares ecchymoses qui lui graciaient toujours le visage. Soudainement, comme des années auparavant, une intuition la prit de court et s'installa douloureusement dans son esprit. La peur la rendrait faible. Et perdre Rolf serait… non. C'était inimaginable. Intolérable. Elle ne voulait pas penser à ça. Ce genre d'intuitions était cruel : elles se vérifiaient invariablement à un moment ou à un autre au cours de sa vie. Elle s'était avérée réelle, une paire de jours plus tôt, en le retrouvant à moitié mort dans une forêt glaciale et sombre. Elle se vérifia encore lorsqu'elle le vit inspirer une dernière fois l'air qui les entourait avant de faire un pas en arrière, la libérant de l'étreinte inopinée, tendre et intense, dans laquelle il l'avait plongée sans l'avertir d'une quelque façon que ce soit. Menteuse, menteuse, menteuse. Merci.

Le froid et un curieux sentiment d'inachevé prirent le relais alors, remplacèrent la douleur. Ils firent même manquer de plusieurs battements le rythme de son cœur ; se substituèrent aux mains, au regard et aux lèvres de Rolf douloureusement. L'inachevé était le pire : l'inachevé avait un goût amer qu'elle détestait depuis toute petite. « Je t'ai promis que je ne cesserai pas d'écrire. Je n'arrêterai pas, même si t'écrire une lettre est la dernière chose que je fasse. » Non merci. Les sourcils se froncèrent à nouveau, ennuyée par les idées macabres qu'elle lisait en transparence dans ses paroles. Qu'il n'écrive pas, alors, si ça lui permettait de rester en vie. C'était tout ce qui lui importait désormais. La sorcière trompa l'odieuse sensation de solitude en portant la main à son cou, en faisant glisser les mailles métalliques visibles de la chaine entre ses doigts. « C'est étrange mais... » Il fuyait, encore. Elle n'osa rien lui dire, se contenta de l'observer attraper son verre pour le remplir jusqu'à ce qu'il déborde. Elle ne voyait que son dos, Marie, mais elle écoutait attentivement les bruits produits par le moindre de ses mouvements. Et elle profita du contact perdu pour sortir les pendentifs de leur cachette, faire rouler montre, sifflet et alliances dans sa paume pour ne pas ramener Rolf contre elle. « … je n'ai pas peur. Plus vraiment. Je me suis gardé de tout et de tous pendant des années mais avec toi... » Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle serait bien égoïste de faire ça, Luna. Tamiser les craintes de Scamander n'aurait véritablement d'effet que sur elle, sur ses craintes à elles plus que celles de Rolf. Les mots de Scamander s'élevaient et l'atteignaient mais elle avait l'impression de les entendre étouffés, comme à-travers un épais brouillard composé d'eau et d'une dizaine de sortilèges de Têtenbulle. « Je n'ai pas peur. » Il s'appuya contre le meuble après avoir reposé son verre dans l'évier, se retourna vers elle. Il parlait, lui révélait des choses qu'elle pensait uniquement exister dans son for intérieur, mais ce qu'elle remarquait le plus, c'était son regard qui se ternissait à mesure que les secondes passaient et sa voix qui s'éloignait elle aussi d'elle. La France n'existait plus, ni dans ses mensonges, ni dans la moindre géographie mentale qu'elle recréait constamment avant de dormir pour oublier le fait qu'ils risquaient tous leur vie en s'opposant au régime du Magister. Que lui risquait sa vie en voguant de région en région comme un électron libre. Il avait peur, constamment peur et elle n'était pas rassurée du gouffre qu'il creusait de nouveau entre eux deux. « ]Merci de lire mes lettres. Merci de… de comprendre. » Silence. Marie retira le casque, le joignit au lecteur, avant de le déposer sur la petite table posée à même le mur. Ses lèvres restèrent scellées, elle voulait le comprendre complètement mais ne réussissait qu'à le dépeindre à moitié. Entre désir et devoir, elle oscillait encore et toujours. Luna était une amie loyale, Luna était une amie fidèle qui ne parvenait pas à se détacher d'une promesse au profit d'une autre. Elle faisait toujours avec ce qui lui parvenait du monde, des innombrables réalités qu'il portait en son sein. Elles étaient toutes légitimes. Elles étaient toutes aussi vraies les unes que les autres. Qui était-elle pour juger l'une d'entre elles trop futile, inutile, et la reléguer sans la moindre vergogne aux oubliettes, pour passer à autre chose sans un regard en arrière. Elle voulait toutes les porter, toutes les protéger et… « Je me sentais si seul et maintenant je t'ai toi. Et les lettres. Je suis désolé, c'est stupide. »… et elle ne voulait pas qu'il se sente stupide, inutile, seul. Il était son point d'ancrage. Elle n'avait plus réellement d'estime, ni d'image, d'elle-même, l'insurgée, oscillait toujours entre mensonge et vérité pour protéger les membres de la communauté insurgée. Offrant aux autres ses forces, ses compétences, pour seulement les aider et ainsi remercier toutes les déités existantes d'avoir pu échapper au sort qui lui était destiné si elle était restée un peu plus longtemps Rebut dans les geôles du paternel Malfoy. On l'avait prévenue qu'au final, elle serait la seule à pâtir de ses choix. Elle commençait à y croire. Il était son point d'ancrage. Il l'avait aidée à se retrouver, ces derniers mois. Est-ce que ça, c'était aussi stupide qu'il ne le décrétait ?

Marie releva vivement la tête, le jaugea d'un air consterné. Sa main rattrapa les médaillons hétéroclites de la chaine pour s'assurer qu'elle était bien dans la réalité. Pourquoi était-il désolé ? Pourquoi la regardait-il avec ce regard terne ? Pourquoi son sourire lui paraissait si éteint, si élogné de celui qu'il lui avait offert quelques minutes auparavant ? Pourquoi avait-elle l'impression qu'il fuyait encore qu'il était à seulement quelques mètres d'elle ? Pourquoi restait-il aussi désespérément immobile ? « Tes lèvres parlent mais tes yeux disent autre chose... », et elle ne comprenait ce qu'ils lui racontaient… et se détestait de ne pas réussir à le comprendre entièrement, lui offrir ce que lui il lui apportait. Marie pinça ses lèvres et son regard se posa sur l'entrée dérobée de l'arrière cuisine, haut-lieu de toutes ses peines. Elle se rappelait de son retour, de ses rencontres, des mois qu'elle avait passé à pleurer Xenophilius sans que personne, ou presque, ne la comprenne. Sans Rolf, et son caractère, et ses paroles, et ses lèvres, et la personne qu'il se révélait être, elle savait parfaitement qu'elle n'aurait pas évoluée vers celle qu'elle était aujourd'hui. Plus ouverte, plus prompte à flirter avec les dangers de la guerre. Elle serait restée cette enveloppe vide qu'elle était devenue en sortant de cette chambre maudite. C'était étonnant mais elle avait bel et bien retrouvé un regain d'énergie à son contact, faisait tout ce qui était en son pouvoir pour rendre à leur société magique la liberté tant espérée. Juste pour lui donner une raison de rester. Elle ne supporterait pas de le perdre. Peut-être devrait-elle aller chercher sa baguette magique, invoquer un Patronus et ainsi dissiper la tension qui s'était installée dans la cuisine dès l'instant où il s'était éloignée d'elle. Elle abaissa une nouvelle fois le regard vers le sol, cherchant frénétiquement une solution à l'étonnant problème qui s'était malicieusement imposé à elle. Elle était une amie loyale : Luna ne voulait plus mettre une seule personne de plus en danger en se révélant une nouvelle fois. Elle était une insurgée avide de liberté : elle supportait de moins en moins l'étau qui se resserrait autour d'elle, autour de ses amis, qui les prenait à la gorge sans qu'aucun d'entre eux ne puissent rien y faire. Elle était une sorcière raisonnable : elle bridait systématiquement la moindre apparition de sa nature véritable pour le bien de tous. Mais là, dans cette petite cuisine complètement déglinguée, la peau complètement gelée maintenant que les mains de Scamander n'étaient plus sur elle, elle cherchait un moyen de lui rendre cette joie de vivre qui l'avait possédé en chantonnant et en dansant devant elle sans totalement se compromettre. Il avait peur, elle en était certaine. Contre la peur normale, elle savait que l'enchantement bleuté faisait des merveilles… mais elle n'était pas certaine d'avoir assez de pensées positives pour invoquer le moindre Patronus, quelqu'il soit, à cet instant. S'humectant les lèvres, elle fit un pas sur le côté puis un autre en avant, le regarda une nouvelle fois dans l'espoir de trouver une réponse, n'importe laquelle, qui réussirait à faire disparaître la drôle d'expression qui lui teintait les traits et lui assombrissait le regard. Il paraissait si seul, seul, seul… L'idée lui parvint comme une évidence. Elle avait trouvé un moyen qui le ferait toujours sourire, à l'avenir.

Ses doigts se crispèrent autour des pendants de la chaine, s'imprégnèrent une dernière fois du réconfort indéfectible de cette dernière avant d'en détacher le sautoir et de l'amener face à elle. L'absence du moindre poids contre sa poitrine se fit instantanément ressentir. C'était sans doute la seule chose à faire. Lui rendre ce qui lui appartenait pour lui rendre son assurance habituelle. De la joie, un peu de vie aussi. Les anneaux, la montre, le sifflet s'entrechoquèrent, créèrent de petits tintements sourds tandis qu'elle se rapprochait de lui. Elle le vit se redresser légèrement, se crisper à son approche. Chercher à s'éloigner d'elle même s'il lui était physiquement impossible de se fondre et se confondre dans les meubles et les murs du cottage. Son cœur se serra un peu pus douloureusement dans sa poitrine et malgré le sourire rassurant qu'elle tentait de faire apparaître à la commissure de ses lèvres, elle ne ressentit qu'un éclat blessé s'imprimer douloureusement sur ses traits. Il lui manquait une pièce pour reconstituer le puzzle, décréta-t-elle mentalement. Cette pensée la froissa, aggrava la sensation de malaise qui les enveloppait malgré ses paroles, malgré les mains tendues qu'ils s'étaient tour à tour présentées pour s'en remettre à l'autre. Il lui manquait une donnée pour vraiment le comprendre, pour associer le garçon de ses souvenirs à l'homme qui lui faisait face aujourd'hui. L'hypothèse qu'il soit aussi lui aussi sous Polynectar lui traversa un instant l'esprit avant de devenir risible, complètement impossible. Quelle était la probabilité, après tout ? Même pour un esprit aussi déluré que le sien, elle doutait que l'essence même de Scamander se résumait à ce genre de paradoxes. C'était son genre de paradoxes à elle. Qui d'autre qu'elle était assez… perdue, décalée, pour se terrer aussi longtemps derrière un masque factice ?

Était-elle égoïste alors que tout ce qu'elle souhaitait, désirait, à cet instant, c'était vivre quelque chose de réel ?  

La voix basse, le souffle court, hypnotisée cette fois par ses yeux qui se posaient n'importe où sauf sur elle, elle referma le sautoir de la chaine et le questionna dans un murmure nébuleux, « Est-ce que tu as peur de moi ? ». Tout en Rolf hurlait, prouvait, le contraire, elle le voyait : de son expression incertaine jusqu'à ses mains qu'il gardait fermement plantées contre ses flancs. Mais dans ses yeux, elle voyait qu'il se refermait lentement, sûrement, sur lui-même, lui laissant à peine le temps de capter entièrement les différents indices qu'il avait semé pour elle. Elle voulait le comprendre, elle voulait qu'il se sente moins seul. Elle ne voulait pas le perdre. Était-elle égoïste si tout ce qu'elle désirait, c'était vivre quelque chose de réel avec lui ? « Ne sois pas désolé. Je… Je ne veux pas que tu aies peur de moi, que tu te sentes stupide à cause de moi. Je ne veux plus être seule non plus... ». Ses mains s'entrouvrirent, s'ouvrirent de plus en plus, pour laisser le métal encore tiède de la chaine rouler, couler, contre ses doigts. D'un même mouvement, elle élargit l'espace du collier pour le passer par-dessus la tête de Rolf. Elle le laissa en suspens, autour de son cou, incertaine. Dès l'instant où elle reposerait la chaine contre son torse, lorsqu'elle retrouverait sa véritable place, son véritable propriétaire, elle était certaine qu'il retrouverait une part de lui-même. Il retrouverait son réconfort, sa force. Mais elle, elle en perdrait une. « J'ai peur. », avoua-t-elle subitement, d'une voix tremblante. « J'ai peur, Rolf. », réitéra-t-elle, avouant pour la première fois des mots qu'elle ne pensait jamais pouvoir réussir à prononcer de toute sa vie. C'était normal d'avoir peur. Mais elle craignait la peur plus que tout au monde. L'équilibre précaire de la chaine trouva un point d'appui à l'arrière de la nuque de Scamander, retendant le cercle métallique une nouvelle fois pour en ouvrir un espace curieux entre lui et elle. En sentant son souffle lui effleurer le visage, Marie lui jeta un regard incertain, entrouvrit les lèvres pour... pour quoi, d'ailleurs ? Elle n'avait plus rien à dire. Si ce n'était qu'elle avait peur. Qu'elle ne voulait plus avoir peur. Elle crût apercevoir ses iris se teindre de nouveau, légèrement, de cette même teinte fantasque qui l'avait habité depuis son réveil. Mais l'éclat disparut avant même qu'elle n'ait eu le temps d'en être sûre.

Elle hésitait et elle ne savait pas vraiment pourquoi. Elle avait peur de le perdre. Elle avait peur qu'il soit seul. Elle avait peur de ce qu'elle devenait en sa présence, à son contact. Elle craignait le passé, le présent et l'avenir avec lui et pourtant, la seule chose qui réussissait à la calmer, c'était ce regard qu'il posait sur elle. Ce qui tamisait ses angoisses, c'était de savoir qu'il avait peur lui aussi, comme elle. Qu'il était seule, comme elle. Qu'il changeait, s'ouvrait, pour elle. Comme elle le faisait pour lui. Elle ne s'était pas sentie changer aussi drastiquement pour quelqu'un, auparavant. Pas comme ça, pas aussi intensément. Elle aimait ses lettres. Elle aimait ses hésitations. Elle aimait la façon dont il la regardait, la façon dont il la touchait. Menteuse. Inspiration,  « Je suis désolée... », expiration. Et sans rien dire de plus, elle passa hasardeusement la tête dans l'espace qu'elle avait maintenu vide de la longue chaine avant de la laisser retomber sur leurs épaules, réduisant complètement la distance qui les séparait en passant les bras autour de sa nuque pour l'attirer contre elle. Ses lèvres tracèrent un chemin hésitant, fébrile, une fois assurée qu'elle ne briserait pas les mailles par lesquelles ils étaient désormais tous les deux liés. Un premier baiser, léger comme une plume, fut apposé contre sa clavicule avant que son jumeau n'aille trouver refuge contre la pulsation vibrante qui battait sous la peau friable de son cou. Ce n'était pas son envie d'apprendre à le connaître, ni la promesse qu'elle lui avait implicitement faite, qui la faisait prendre des risques inconsidérés à ce moment. Elle lisait les regards, les expressions, son environnement, pour toujours réussir à y déambuler sereinement (certaines personnes lèveraient les yeux au ciel, lui rappèleraient que ses standards lui étaient propres, n'étaient pas normaux). Mais Rolf, lui, restait désespérément silencieux, défiait la moindre de ses logiques, l'empêchait de l'appréhender totalement. Il l'avait regardé d'un œil fiévreux, pourtant, la tenait dans le creux de ses bras comme jamais on ne l'avait étreinte auparavant. Il lui disait qu'il n'avait pas peur, enfin pas vraiment, il se rétractait contre toute attente. Un pas en avant pour deux effectués en arrière. Il l'avait elle et se privait d'elle, en même temps. Elle ne savait pas sur quel pied danser, imaginait aller dans la bonne direction avant qu'il ne change soudainement le cap et la perde dans son sillage. Non. Pas vraiment. Luna n'arrivait tout simplement pas à évoluer correctement dans son monde.

Menteuse. Merci. Elle avait peur.

Tout ce qu'elle voulait, c'était sentir à nouveau son regard sur elle.

Juste son regard, pour se retrouver, pour se perdre, laisser son esprit s'éparpiller pour mieux se rassembler ensuite. Menteuse. Sa bouche effleura la carnation de sa mâchoire, éraflait allègrement la pulpe de ses lèvres contre l'ombre de deux jours qui s'était installée sur son visage. Marie s'immobilisa une fois parvenue contre les lèvres de Rolf. Respirait de nouveau, et difficilement, le même air que lui. Elle avait eu peur de le perdre. Elle avait besoin de le sentir en vie. Elle avait peur d'avoir été trop loin aussi mais elle savait qu'elle ne pouvait plus faire machine arrière. La chaine les liait toujours. « Je suis désolée... » murmura-t-elle contre ses lèvres et à peine les syllabes évanouies, elle abandonna ses incertitudes derrière elle. Un saut dans l'inconnu est bien grisant que des mois entiers passés dans l'ombre. Menteuse. Merci. J'ai peur. Trop loin. Il l'avait toujours emmenée trop loin, avant. Jamais elle n'avait réussi à faire machine arrière, à faire comme si il n'avait jamais réussi à l'atteindre. Son avis avait compté. Son incertitude avait compté. Sa drôle d'amitié avec Daddy avait compté. Rolf Scamander comptait pour elle. Un effleurement du bout des lèvres et elle sonda son regard. Un premier baiser, tendre et délicat, avant qu'elle ne se recule pour l'observer à nouveau. L'azur n'était plus là, tapi derrière des paupières closes. « Je... » Et il s'ouvrit définitivement à elle. Deux mains tremblantes remontèrent le long de ses bras et l'étreignirent si maladroitement, et férocement en même temps, qu'elle n'avait plus de craintes à avoir. Il ne la repousserait pas. Il ne fuirait plus.  Il était vivant.

Les mains de part et d'autre du visage de Rolf, elle l'attira de nouveau à elle pour l'embrasser une seconde fois, plus intensément, plus avidement. Le simple fait de le sentir répondre était suffisant pour attiser cette drôle d'étincelle qui la possédait à mesure qu'elle explorait, découvrait, le moindre relief de sa bouche du bout des lèvres, prenait garde de ne pas intensifier le baiser de peur de lui faire mal. Elle savait que cette étincelle pouvait la consumer entièrement. Tout en elle lui hurlait qu'il n'était pas assez proche, qu'il n'était pas assez vivant. Lui répétait inlassablement qu'elle avait failli le perdre. La main gauche se détacha de son visage pour aller se perdre avec ferveur contre son cou, pour continuer de sentir son cœur tambouriné contre ses doigts. Menteuse, menteuse, men… Un soupir s'échappa de sa gorge en le sentant se mouvoir contre elle, lorsqu'une main timide se perdit dans son dos, y trouva refuge. Le manque d'air l'obligea à abandonner ses lèvres et le manque lui tirailla instantanément les entrailles ; sa respiration laborieuse renforçait cette impression étrange qu'elle marchait sur des nuages et rendait ses jambes aussi fragiles que du coton. Ce n'était pas une sensation désagréable, non. C'était plutôt une sensation sereine qu'elle ne voulait jamais voir disparaître. Elle ne voulait pas que cela s'arrête. Était-ce un manque d'air ou un manque de lui ? Lentement, elle rouvrit les yeux en percevant cette même flamme incompréhensible la transpercer à nouveau de part en part. Elle se rendit aussi compte de la position dans laquelle elle l'avait enfermé durant ce premier échange craintif et empressé. Elle l'emprisonnait tout contre elle, fermement maintenu contre le meuble de cuisine tant elle craignait de le voir s'enfuir à nouveau. Où était-ce parce qu'elle avait sentit ses jambes se dérober sous elle ? Ce n'était pas désagréable de sentir le moindre de ses contours trouver une place unique contre ses courbes. Ce n'était pas désagréable d'avoir peur avec lui. Elle ne voulait pas que ça s'arrête. « Je suis désolée... », répéta-t-elle mais tout en elle hurlait silencieusement l'inverse.

Soudainement, l'incompréhensible fit sens. Ses doigts abandonnèrent son cou, caressèrent les mailles de la chaine qui s'était détendue durant l'étreinte avant de tracer une nouvelle ligne mystérieuse le long de son épaule, de ses côtes, termina sa course contre sa hanche. Un instant, elle fit rouler entre ses doigts les coutures de son haut avant de les perdre sous le tissu, les perdre contre sa peau brûlante, juste pour retracer les contours d'un hématome qui avait disparu la veille seulement. Il était en vie. C'était la seule chose qui importait, vraiment.
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HERO • we saved the world
Rolf Scamander
Rolf Scamander
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
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‹ dialogues : seagreen.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.

Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
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luna lovegood
in these dreams it’s always you: the (girl) in the sweatshirt, the (girl) on the bridge, the (girl) who always keeps me from jumping off the bridge. oh, the things we invent when we are scared and want to be rescued.


Il n'a jamais ressenti ça pour personne auparavant. Rolf trouve ça complètement stupide. Il a des fourmis qui courent sur sa peau, qui agitent nerveusement ses doigts, il y a son coeur qui se débat comme un oiseau en cage. Il a envie de la serrer contre lui, il a envie de l'embrasser, il a envie de peintre du rouge sang, du rouge passion, du rouge terrible sur ses lèvres; mais en même temps, en même temps, il y a cette peur vertigineuse qui lui noue l'estomac, cette hésitation terrible qui lui donne l'impression d'avoir un trou béant dans le ventre. C'est stupide, stupide, stupide. Il la connait à peine, il ne la comprend pas, mais il l'admire, il la regarde, il la désire, il aime l'écouter parler, la lire raconter tout et n'importe quoi, il aime quand elle sourit, il aime quand elle a le bout de ses doigts qui court à la surface de sa peau.
Marie.
Et il aimerait lui dire. Il aimerait lui dire.
Mais elle le comprend, et veut le comprendre, et elle est là, et elle lui donne envie d'être différent, d'être meilleur, d'être une version améliorée de lui. Elle lui donne envie de changer, de se battre. Il ne peut pas la perdre, alors il reste résolument silencieux, sentencieux presque, ses yeux tombant sur le sol carrelé comme si il attendait une sentence ultime. Comme un enfant boudeur, un enfant pris en faute. Un enfant qui a peur.
Rolf est un menteur. Un putain de menteur. Il a menti quand il a parlé de Luna. Il ment quand il dit qu'il n'a pas peur. Il a peur. Il a tellement peur. Il vit avec cette peur et c'est cette peur qui le fait vivre, survivre, chaque jour. C'est cette peur qui le paralyse, qui l'empêche de glisser un bras autour de sa taille, qui l'empêche de lui hurler tout ce qu'il a envie de lui murmurer au creux de l'oreille. Mais elle le sait, n'est-ce pas? « Tes lèvres parlent mais tes yeux disent autre chose... » Elle le sait, bien entendu. Et ça, ça fait encore plus peur. C'est une peur mitigée, une terreur reconnaissante. Il a peur, tellement peur parce qu'elle le comprend, parce qu'elle l'entend, parce qu'elle sait qu'il a peur, rien qu'un peu et parce qu'elle le sent comme si c'était évident.
C'est complètement stupide, ce déluge d'émotions sans queue ni tête, cette impression d'être en équilibre sur un fil tendu au-dessus d'un précipice avec seulement le choix de quel côté il va tomber. Et ce n'est pas vraiment un choix, quand il croise ses yeux le temps d'une seconde et qu'il menace de se laisser, encore une fois, happer par la contemplation de son visage.
Non. Non. Non.

Mais elle s'approche. Le spectacle qu'ils doivent donner...! À sourire et à se crisper, à se toucher et à s'éloigner, à danser l'un autour de l'autre avec maladresse et attente, impatience et retenue. Il a souri, il a ri, il a dansé pendant quelques instants il y a quelques minutes et pourtant, en cet instant précis, il se sent incroyablement... incroyablement morose, bizarrement. La douleur dans ses veines, dans ses muscles, dans ses os, dans ses membres lui revient; une migraine vient tourmenter ses pensées; il s'égare un peu dans un mélange étrange de peur et d'hésitation.
Et elle s'avance.
Elle revient.
Encore.
Pourquoi est-elle si proche?
Pourquoi revient-elle?
Il aime bien, quand elle revient. Les gens ne reviennent jamais vers Rolf. Ils ne viennent jamais vers lui.
Il l'observe comme un animal traqué, une proie incertaine prête à s'abandonner aux griffes du prédateur. Il regarde ses doigts qui jouent avec la chaîne, avec les maillons dorés et il repense, soudainement, à quelques dizaines de minutes plus tôt, quand elle était en train de jouer nerveusement avec les pendentifs et qu'il s'était dit: je fais la même chose. Nous faisons les mêmes choses. Et c'est étrange, cette idée qu'ils aient les mêmes tics, les mêmes peurs, les mêmes façons de faire. Qu'ils soient tous les deux menteurs, à leurs manières. Qu'ils s'aiment bien tous les deux, à leur manière.
C'est étrange mais plutôt agréable. Elle s'approche encore, ses pas légers sur le sol de la cuisine, mais Rolf ne regarde que les pendentifs, la montre, les alliances, le sifflet, que ses doigts, que sa chaîne, que ses bras, que ses jambes, que le sol. Il ne peut pas affronter ses yeux, plus maintenant. Il a peur de trop mettre de choses dans ses yeux, de relâcher tout ce qu'il a emmagasiné pour elle, pour les autres. Tout ce qui se cache derrière les grands yeux humides de Rolf Scamander, l'affection inavouée, la tendresse maladroite, l'amour incandescent. « Est-ce que tu as peur de moi ? » Non, Marie. J'ai peur de moi. J'ai peur de tout. J'ai peur de nous. J'ai peur de l'idée que j'ai de nous. J'ai peur du rêve que j'ai de nous.
Mais tu n'as pas le temps pour ça. Tu n'as le temps pour rien. Tu es trop forte, trop courageuse, trop insurgée pour toutes mes idées et tous mes rêves. C'est stupide et ça, Rolf le sait. L'amour en temps de Guerre, on n'a jamais fait d'idée plus incroyablement tragique, plus incroyablement idiote. Il y a comme un sourire désabusé qui se dresse sur ses lèvres, une risette incertaine. C'est tout lui, ça. Tomber a- - « Ne sois pas désolé. Je… Je ne veux pas que tu aies peur de moi, que tu te sentes stupide à cause de moi. Je ne veux plus être seule non plus... » Il baisse machinalement la tête quand elle lève les bras et passe le collier autour de son cou. Il ne sait pas pourquoi elle le lui rend. Il ne sait pas si il a envie de le reprendre. Il a envie- il ne sait, ne sait plus de ce qu'il a envie. Parce que Rolf a envie de plein de choses (plein de choses où le mot Marie est écrit sur toutes les faces, plein de choses qui font mal et qui laisse une impression amère sur le bout de la langue) mais il sait qu'il n'a pas le droit d'avoir accès à toutes ces choses. Qu'il n'a pas le droit de les désirer.
Il n'a jamais eu le droit de désirer des parents. Tu as des parents. Tu as Newton et Porpentina. Il n'a jamais eu le droit de désirer le passé. Tu as pu toucher le passé. Tu devrais apprendre de tes erreurs. Il n'a jamais eu le droit de désirer autrui. Tu ne peux pas. Tu ne dois pas. Regarde-toi. C'est toutes ces petites voix dans sa tête, pernicieuses, qui lui disent: un garçon ne pleure pas; tu n'as pas le droit à ça parce que tu ne le mérites pas; si seulement tu étais ainsi; si seulement tu étais meilleur, plus fort, différent, plus habile, moins con, moins chiant, moins arrogant, plus intelligent, plus sincère, moins menteur. Si seulement. Si seulement.

« J'ai peur. » Peur. Peur. Peur. Lui aussi il a peur. Il a tellement peur. Il a tellement peur quand les mains de Marie hésitent, quand le collier reste en suspens. Avoir peur, ce n'est pas une vie. Ces mots l'accompagneront toujours, le rendront plus fort, lui jetteront pour toujours des doutes au visage quant à tout ce qu'il aurait pu changer, dans le passé, dans le présent. Il ne sait pas pourquoi il repense à Luna, en cet instant précis. Il ne sait pas mais il y a peut-être quelque chose, dans la voix honnête de Marie, quand elle prononce le mot peur. « J'ai peur, Rolf. » Il lève les yeux vers elle, subitement, la cloue sur place de son regard bleu.
Il aimerait l'observer avec méthode, comme on observe un animal sauvage. On va du général jusqu'au détail, on note tout en marge de son carnet, on fait un petit dessin légendé précis, on fait attention à ne rien oublier.
Mais il y a trop de choses à regarder en même temps, chez Marie. Il y a ses lèvres. Il détourne vite le regard. Il y a ses grains de beauté, certains si légers sur sa peau laiteuse, d'autres si contrastés, qui parsèment son visage, son cou, ses clavicules. Il y a sa fossette sur le coin de sa joue. Il y a ses yeux. Ses yeux. Ses yeux sont comme des orages et pourtant, Rolf n'a jamais vu une couleur si pure, si lisse, si féline et profonde.
C'est un moment perdu dans le temps, cette seconde éternelle, quand elle suspend toujours le collier autour de son cou, quand elle ne lâche pas les pendentifs, quand elle garde son regard dans le sien et que Rolf ne sait pas quoi en penser, ne sait pas quoi y lire. Maintenant plus que jamais, l'absence de son Bruit lui fait mal au coeur, mal à la tête, mal aux tripes. À quoi pense-t-elle? Que désire-t-elle? Pourquoi a-t-elle peur? A-t-elle peur de lui? Il entr'ouvre la bouche pour lui poser la question, doucement, en prenant bien garde à ne pas la brusquer mais elle lui coupe l'herbe sous les pieds, lâchant un  « Je suis désolée... » avant de se glisser dans l'espace creux du collier.

Tout d'un coup elle est si proche.
Trop proche.
Et leurs souffles se mélangent encore.
Et il sent sa présence, sa chaleur, son corps contre le sien.
Elle a glissé ses bras autour de sa nuque et il s'est penché en avant machinalement, ses mains à lui se levant comme pour se glisser sur sa taille mais hésitantes, toujours. Il ne sait pas si il a peur de l'enflammer en la touchant ou si il a peur de la briser. Non. C'est impossible de briser Marie. Elle ne devrait avoir peur de rien, parce qu'elle est plus forte que tout. Rolf aime bien cette pensée. Il aime bien l'imaginer forte, invincible, complètement intouchable parce que ça l'empêche de s'inquiéter de trop, quand il fouille le firmament du regard et qu'il ne voit pas la silhouette en retard d'Erlkönig. Ça l'empêche de se dire: ils l'ont eue, elle est morte et je ne le saurai jamais. Je vivrai avec un mensonge pendant des semaines et jamais, jamais, jamais je ne saurai ce qui est arrivé d'elle. Je ne saurai jamais si elle a vu mes regards, ce qu'elle a pensé de mes lettres, de mes espoirs, de mes rêves. Je ne la reverrai plus jamais et je ne pourrais jamais m'excuser d'avoir touché sa Marque, je ne pourrais jamais m'excuser de l'avoir laissée repartir, je ne pourrais jamais lui faire cracher les mots que j'ai envie de lui faire cracher: nous irons en France.
C'est stupide et Rolf le sait.
Alors il préfère se dire qu'elle est invincible.
Il la laisse faire, se laisse manipuler, ferme les yeux, s'abandonne un peu à la sensation de ses mains sur sa nuque, de ses coudes sur ses épaules, de sa peau contre la sienne. De ses lèvres sur sa peau. Ses lèvres un peu tremblantes, un peu hésitantes, qui déposent des baisers maladroits sur sa clavicule, son cou, sa pomme d'Adam qui bat la chamade, sa mâchoire. Que fait-elle et pourquoi? Peut-être qu'il y a un moment où il faut cesser de se poser des questions. Pourquoi elle est si proche. Pourquoi elle caresse son visage comme si il était beau. Pourquoi elle embrasse sa peau comme si elle voulait qu'il la serre contre lui. Il ferme les yeux et se laisse faire, donne toute liberté à ses sens pour s'imprégner du moment et refuser de l'oublier. La sensation de ses lèvres sur sa peau, de sa peau sur sa peau. La douleur qui, toujours, lui perce les membres mais qui semble lointaine, tellement lointaine, iréelle, onirique tant la chamade de son coeur est forte et douloureuse, tant sa présence à elle si proche de lui consume tout ce qui le touche. L'odeur de ses cheveux. Le bruit de son souffle. De leurs souffles.
Rolf trouve ça complètement stupide. Rolf en veut encore.

Et puis elle remonte lentement jusqu'à ses lèvres et il n'a qu'une envie: tendre le cou, l'embrasser brusquement, ne pas lui laisser le choix. L'embrasser, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle le supplie d'arrêter. Au moins, il n'aura pas ce goût d'inachevé sur la langue, ou de regret. Au moins, il n'aura pas cette amertume ressemblant à de la cendre dans le fond de la gorge. Il la regarde toujours, et ne sait pas quoi en penser. Il a reposé ses mains sur le comptoir, ses phalanges blanchies à force de s'y aggriper. Sa position est un peu inconfortable, penché en avant mais semblant crispé, désireux de garder ses distances. Non pas qu'il ne veuille pas d'elle. Jusqu'il a peur. Pas peur de lui faire mal. Peur de s'esquinter en lisant dans tout ça (ses lèvres, ses baisers, son regard, son souffle) quelque chose qui n'est pas là. « Je suis désolée... »
C'est elle qui tend le cou.
Il se souvient du Quidditch. L'impression vertigineuse de chute, l'adrénaline dans ses veines, non, le feu dans ses veines. Mais il se souvient aussi d'un voyage au sud de l'Angleterre et d'un précipice et de son partenaire de l'époque lui donnant le défi de sauter à l'élastique moldu proposé par quelque autochtone désabusé.
C'est l'effet que ça lui fait, ce baiser ridicule, ses lèvres pressées contre les siennes.
Ça dure juste une seconde. Juste une minuscule seconde, puis elle s'éloigne légèrement et lui reste les paupières fermées, hésitant, rêvant de précipice et de chute et de tripes tordues dans tous les sens.
Une seconde qui change tout.

Elle formule quelque chose d'autre mais Rolf ne peut pas, ne veut pas l'écouter. Ses mains se détachent enfin du comptoir, douloureuses à force d'être férocement ancrées contre le rebord, et ses bras se referment autour d'elle maladroitement, la serrent contre lui avec une force qu'il se connait mal. Il ne pense même pas au fait qu'elle n'est pas invincible ou qu'elle n'est pas intouchable ou qu'elle peut se briser; il la serre juste contre elle, répond à son baiser quand elle écrase ses lèvres contre les siennes, glisse sa main dans son dos comme pour s'assurer qu'elle ne sera pas celle à l'éloigner — il ne le supportera pas, si elle le fait, et il le sait, et il se déteste de penser cela parce qu'il a l'impression de vouloir garder auprès de lui ce qui est sauvage et indépendant et fort, mais il n'arrive pas à ne pas être égoïste et à ne pas la serrer contre lui. « Je suis désolée... » dit-elle, mais Rolf sait que ce n'est pas vrai. Lui n'est pas désolé. Lui, il a peur, affreusement peur, mais il n'est pas désolé. Il a peur qu'elle lui dise qu'elle doit s'en aller, il a peur qu'elle lui dise qu'elle préfère s'en aller. Il a peur qu'elle se brise, il a peur qu'il la brise, il a peur qu'elle le brise, il a peur qu'elle parte, il a peur qu'elle soit désolée pour de vrai même si, rationellement, il sait que ce n'est pas le cas. Une main se décroche doucement de sa nuque, trace à la surface de son t-shirt une ligne imaginaire, ses doigts venant se perdre à la surface de sa peau alors que Rolf se penche encore plus en avant, la serre toujours au creux de ses bras alors que la peur, la terreur, l'appréhension fait toujours un chemin terriblement ravageur dans sa poitrine. Il n'y a plus de douleur, plus de Rafleur, plus de sang, plus de Newt, plus rien.
Il y a juste Marie.
Juste Marie, quand il enfonce son nez contre son cou, qu'il y déniche les battements de son coeur. Juste Marie, alors que ses doigts tracent machinalement des cercles à la surface de son haut, des dessins connus de lui seul. Elle a cet effet-là, Marie. Elle efface le monde, elle efface la douleur et cette peur pour en raviver d'autres. Il a peur de la perdre, peur de l'avoir, peur de la briser, peur de la toucher. Mais elle efface le monde, elle n'a pas de Bruit, elle ne fait pas de bruit et avec elle, tout est simple et doux et joyeux. Non, c'est faux. Nouveau mensonge. Avec elle, tout fait peur mais avec elle, la peur se transforme en force. (Comme depuis le début. Depuis des années. Comme avec Luna. Ah! Mais ça, Rolf n'y pense pas. Il n'a aucune raison d'y penser).
No you're not, ” murmure-t-il contre son épaule, avant de se détacher lentement, les mailles du collier tintant doucement. Il se redresse simplement, lui fait face, noisette contre azur, les pupilles étrécies par la peur la peur le désir la peur la peur. Ses yeux disent: please tell me you're not. Dis moi que tu n'es pas désolée. Que tu n'es pas désolée parce que tu te rends compte que ce n'est pas ce que tu voulais. Ce que tu désirais, au fond de toi. Dis-moi que tu n'es pas désolée d'être là, dans mes bras. Il détache lentement ses bras d'elle.

Puis ses mains prennent son visage en coupe, l'incitent à le regarder, à ne pas reculer, à ne pas avoir peur, à ne pas être désolée. “ Don't be, ” dit-il au bout d'un moment, avant de l'attirer à lui pour l'embrasser encore.
Et encore.
Et encore.
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