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sujet; "Be good to others, that will protect you against evil." (Rabastan) |
| Son corps tremble. Le froid, la peur, elle ne sait plus très bien. Il fait sombre, trop sombre pour distinguer clairement l’endroit où elle se trouve. Ses jambes lui font mal, son cœur bat trop vite. Elle est épuisée, tente de fermer les yeux et de s’endormir mais n’y parvient pas. À ses côtés, les autres vacillent, craintifs, murmurent des paroles insensées ; ils veulent s’échapper, comme elle, mais comme elle, ils sont prisonniers. Ils ne comprennent pas comment tout cela a pu arriver. Elle, elle sait. Elle se souvient avoir soufflé aux mangemorts le dernier plan des insurgés. Mais comme eux, elle ne comprend pas pourquoi elle se trouve là, les mains liés, adossée à un mur froid. On aurait du la laisser. Peut-être ne l’avait-on pas reconnu, elle, l’espionne, celle qui menait une double vie ? Celle qui prônait le bien de son apparence, mais qui, sous sa carapace, maudissait ceux que l’on qualifiait de gentils. Elle n’a aucune mesure du temps, ne sait pas bien si elle est là depuis des heures ou des jours. Tout s’écoule lentement, trop lentement. On ne voit personne, jamais. Parfois, elle entend des pas et son cœur s’accélère, pensant enfin que quelqu’un vient pour la délivrer. Elle se trompe, toujours, et soupire. Elle se sent seule. Cette autre, à ses côtés, passe sa journée à pleurer, imagine le pire, persuadée que les mangemorts finiront par la torturer, voire même la tuer. Elle n’a pas tort, pense Penelope. Tous ces insurgés sont là pour une seule raison. Et ce n’est pas pour boire du thé. Penelope aussi a peur. Elle ne peut pas le nier, même si elle essaie de combattre, sans cesse, ce lourd sentiment d’insécurité. Tout en elle se contredit. Elle veut croire que les mangemorts se sont trompés, l’ont emmené par erreur, mais quelque chose, au plus profond d’elle, lui crie le contraire. Non, non, ils ne se sont pas trompés, ils t’emmènent car tu n’es qu’un pion, pour eux, une espionne de plus, une espionne qu’ils pourront remplacer en un clin d’œil. Les autres prisonniers – elle frisonne en pensant à ce mot, une prisonnière, voilà ce qu’elle est devenue – se plaignent sans cesse. Ils ont faim, soif, froid. Elle a envie de leur crier, leur hurler tout le poids qu’elle porte sur ses épaules. Mais, elle ne peut pas trahir son secret, non, jamais. Lorsque son esprit divague, elle pense à Percy, lui qui est resté au camp des insurgés. Elle se sent rassurée, au moins, de savoir qu’ils ne l’ont pas emmené avec elle. Lui restera sain et sauf. Et elle ? Cette question toujours lui taraude l’esprit. Une porte, soudain, claque, et cette fois, elle entend, sans se méprendre, des bruits de pas sur le sol sombre et froid. Elle lève les yeux et essaie d’apercevoir, de reconnaître dans la pénombre, ces ombres qui s’avancent vers eux, le groupe des prisonniers. Elle plisse les yeux, les formes se précisent. Son souffle se coupe ; devant elle se dresse Rabastan Lestrange. Elle se mord la lèvre, ne sait pas vraiment quoi penser de cette apparition. Rabastan n’est pas n’importe qui. En plus d’être un grand mangemort, il est surtout son mentor, celui qui lui a tout appris. Peut-être, finalement, l’une des seules personnes à qui elle accorde réellement sa confiance au sein du clan des mangemorts. Aurait-elle eu tort ? Son regard balaie les personnes présentes dans la pièce avant de s’arrêter sur elle. Il est distant, froid. Le même regard qu’il avait lors de leurs premières rencontres. Un regard qu’il avait perdu au fur et à mesure. Inconsciemment, elle se recule contre le mur, comme si elle voulait y rentrer, se cacher, ne plus avoir à le regarder. Il se tourne vers les autres mangemorts qui l’accompagnent, des sortes de gardes. Elle ne comprend pas tout, n’entend pas tout. Puis, il se tourne vers elle, à nouveau. « On va commencer par elle », il lâche, entre ses dents. Trop froidement, trop sèchement. « Emmenez-la », ordonne-t-il. Les deux mangemorts s’avancent vers elle, la forcent à se lever. Elle vacille, presque, ses jambes supportant à peine son poids. Elle tente de croiser son regard, Rabastan, mais lui regarde droit devant lui. Elle tente de se débattre, mais n’y parvient pas. Elle est bien trop faible face à ceux qui la détiennent. Ils l’emmènent vers une pièce, à peine plus éclairée que le couloir sombre. Rabastan ordonne à ses gardes de les laisser seuls. Là, enfin, loin des autres insurgés, elle est libre de parler, de lui rappeler, à lui, qu’elle est une mangemort. Qu’elle ne comprend pas. Au milieu de la pièce, une chaise, sur laquelle elle s’assoit, presque soulagée de ne plus avoir à se tenir debout. Enfin, elle regarde Rabastan, qui la regarde à son tour. Le silence s’installe pendant quelques secondes. Un silence que Penny brise, incapable d’attendre plus longtemps. « À quoi tu joues ? » aboie-t-elle, presque, oubliant alors qu’elle parle à un supérieur, et qu’elle est loin d’être en position de force. Mais cette question la taraude depuis cet enlèvement orchestré par les mangemorts. À quoi jouent-ils, tous ? |
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| Be good to others that will protect you against evil be brave little one make a wish for each sad little tear
Rabastan détestait ce niveau du Ministère. Une succession interminable de couloirs gris étroits, de portes grise étroites et de salles grises étroites ; ajouter à cela l’atmosphère franchement froide qui se dégageait de chacune des putains de pierres qui formaient les murs et il n’était difficile pour personne de comprendre pourquoi le Mangemort préférait de loin éviter cet étage. En plus de l’atmosphère très carcérale qui était représentative de cet endroit, Rabastan y avait passé des moments de sa vie qu’il n’aimait pas particulièrement voir refaire surface et comme il se savait sensible à ce genre de reminescences subites et innapropriées il avait pris l’habitude de se tenir loin de l’endroit, tant qu’il pouvait se le permettre. La plupart du temps, quand il interrogeait personnellement un détenu, il le faisait monter dans son bureau, sur son terrain ce qui lui assurait de ne pas perdre ses moyens. Mais parfois… il fallait faire dans la théâtralité, la mise en scène et le grand drame shakespearien ; parfois… il devait se résoudre à y descendre. Du théâtre, du faux-semblant. Mais ces portes ne faisaient pas semblant d’être closes, elles. Il se doutait que là bas, enfermée dans une des nombreuses salles, Clearwater attendait. Quelque chose ou quelqu’un, qu’on vienne la chercher. Prise avec une brochette de crétin Insurgés, ça ne pouvait pas faire de mal à sa crédibilité parmi ces adorateurs de la liberté et de l’anarchie d’être un peu cuisinée. Faux semblants, théâtre, mise en scène tout ça… Il allait venir la choper par la peau du cou, jouer son petit numéro de vilain Mangemort devant les autres détenus et ensuite ils auraient toujours le temps de lui inventer une porte de sortie. On ne s’enfuyait pas du Ministère comme on allait au marché, mais une évasion lors d’un transfert était toujours une possibilité. En emmenant avec elle un rescapé, ça faisait toujours bon genre. Soupçonner une Weasley lover qui venait de passer par la case Ministère et Lestrange avant de parvenir in extremis à mettre les bouts c’était tout de même pas sérieux. Et s’il y avait bien une couverture que Rabastan avait envie de protéger, c’était la sienne. Penelope lui était beaucoup trop utile pour qu’il ne puisse laisser aux Insurgés le moindre doute quant à sa fiabilité. Les renseignements les plus importants venaient presque toujours des informations qu’elle lui rapportait et la perdre serait très handicapant. Handicapant pour le Ministère au sens figuré et handicapant au sens propre pour Rabastan qui se doutait bien que la perte d’un tel atout lui tomberait dessus. Mais pour le moment, malgré le bordel ambiant, malgré Poudlard, malgré les descentes pas toutes utiles, malgré tout ce qui pouvait se passer contrairement à leurs plans, il s’en sortait pas trop mal, touchons du bois.
Sa main gauche parcourut machinalement la surface lisse de son bureau ; sa main droite tenait sa baguette. Il avait eu plusieurs choses à régler avant de pouvoir proprement s’occuper de Clearwater, avec tout ce qui se passait le contraire eut été étonnant, mais maintenant… En quittant le département il interpella deux collègues marqués qui s’occupaient de leurs oignons bien tranquillement avec un groupe de Rafleurs, pour l’amour de la Comédie il était prêt à mettre les petits plats dans les grands, quitte à impressionner autant y aller accompagner de deux sbires : « Vous deux, félicitations vous avez gagnez le droit de m’accompagner pour une petite course. Bougez vos culs, on descends au dixième. » Les concernés durent pendant un instant ressasser leurs erreurs passer pour tenter de comprendre pour quelles bêtises ils étaient punis ainsi mais un claquement de doigts de Lestrange les persuada de remettre l’introspection à plus tard. C’est donc ainsi encadré qu’il fit son entrée au niveau dix. « Monsieur le Directeur ? Vous venez pour ?... » Il éprouva un vague élan de pitié pour la pauvre femme qui s’occupait de la réception dans cet endroit, le département de la Justice n’était pas le plus grand mais au moins, même s’il ressemblait à un labyrinthe étriqué il avait la décence de ne pas puer la prison. « Il y a toute une brochette d’idéalistes qui n’attendent que moi pour pouvoir enfin exprimer leurs idées. » Il désigna ses deux accompagnateurs d’un geste de la main, « Ces deux gentlemen vont m’assister dans ma tâche, tout du moins tant que je le déciderai. » C’était juste histoire de dire, il n’avait pas besoin d’autorisation signée en quatre exemplaires pour entrer où il voulait au Ministère et encore moins pour justifier ses actes par rapport à des Insurgés. Il pourrait tout aussi bien se trimballer avec un formulaire où serait noté : « Je fais ce que je veux — Rabastan Lestrange. » que ce serait du pareil au même. La brave femme n’était pas une idiote et acquiesça, les laissant s’avancer tout en notant le nombre de visiteurs sur le feuillet d’un dossier. La paperasse, ce truc détruira ce gouvernement plus sûrement que mille Insurgés teigneux. « On va cogner dans de la racaille c’est ça ? » lâcha soudain un de ses acolytes alors qu’ils s’avançaient le couloir et que Rabastan prenait grand soin à dissimuler derrière un visage impassible la grimace que ces lieux lui provoquaient. « Pour vous dire la vérité, j’ai cru qu’on avait fait une connerie et que… » Ugh. « J’ai pas besoin que tu parles pour connaître la vérité, je peux la voir distinctement dans ton esprit à demi-vide. Et si tu ne la ferme pas, je ne te laisserai pas sortir de là, ok » Sa voix était calme, juste assez froide pour faire descendre de quelques degrés supplémentaire la température de l’environnement déjà aps bien chaleureux. Le pauvre bougre déglutit et redressa la tête. Silencieux. Merci. S’il avait besoin des commentaires débiles de ses subordonnés il le saurait.
Arrivée devant l’endroit où étaient retenus les détenus, il s’arrêta un bref instant, souffla et ouvrit la porte. Pénétra l’endroit. Comme prévu, c’était petit, sombre. Pas si froid. Plusieurs êtres humains collés ensemble pouvaient réchauffer l’atmosphère, mais pas de cette chaleur agréable. Juste cette moiteur dégueulasse qui vous donnait envie de vous terrer dans un coin. De parfaites conditions en quelques sortes. Il était pressé de sortir. Ses yeux balayèrent la pièce, leurs petits minois qui hésitaient entre la peur, le désespoir et le défis (les idiots) puis il la reconnut. Contre le mur. Dans la pénombre il reconnait parfaitement sa silhouette. Son regard glisse sur elle, comme s’il ne s’y intéressait pas le moins du monde puis il se retourna vers un de deux mangemorts : « On va s’en contenter d’une. Vous me la faites bouger jusqu’à une salle d’audience. Et vous ne la blessez pas. » Ils hochent la tête. Satisfait il regarde de nouveau Penelope, il sent certaines personnes frissonner. Ils ne tentent pas de croiser son regard, ils savent qu’il n’a qu’à les regarder une demi seconde pour pouvoir entrer dans leur esprit. Il a sa réputation. Mais Penelope, elle, ne le lâche pas. Comme si elle le… suppliait du regard ? Comme si elle tentait de saisir quelque chose. Une réponse. Ce n’était pas sur son visage qu’elle la découvrirait. « On va commencer par elle » un simple geste du menton suffit pour la désigner, « Emmenez-la » et déjà les deux Mangemorts s’approchent d’elle pour la saisir. Il s’écarte de la porte pour les laisser passer et quand Penelope passe devant lui, il sent ses yeux bleus braqués sur lui. Il ne daigne même pas baisser les yeux. Puis il prend la poignée de la porte dans sa main et la tire derrière lui alors qu’il sort de la salle : « À bientôt. » Le claquement de la porte plonge à nouveau les prisonniers dans une moite obscurité tandis que lui emboîte le pas à ses deux sbires de la journée jusqu’à se retrouver dans une nouvelle petite salle. Froide elle, parce que vide. En tout point similaire à celle dans laquelle il avait passé plusieurs heures un peu plus de vingt ans auparavant. Cette fois sa grimace brise son masque d’impassibilité. « Maintenant vous pouvez sortir. Si j’ai besoin de vous de nouveau… je vous le ferais savoir. », obéissant ils foutent le camp. Ferme la porte. Cette fois il siffle entre ses dents. Alors que Penelope, visiblement tremblante et à bout de force, allait s’asseoir sur l’unique chaise de la pièce, il se rapproche de la porte qu’il entrouvre très légèrement. Puis retourne face à elle, silencieux. Il reste debout ; même s’il y avait eu une autre chaise il ne pourrait s’asseoir dans cette pièce. Plus jamais.
Ce fut elle qui brisa le silence la première, elle n’aura pas tenu très longtemps. « À quoi tu joues ? », de toute les premières phrases qu’elle aurait pu prononcer, celle-ci ne faisaient pas partie des bonnes. Il n’était pas loin d’elle, il n’eut qu’à tendre le bras pour la gifler. Clac un aller du plat de la main droite sur la joue gauche. Clac un retour du revers de cette même main sur la joue droite. Puis il se penche vers elle et attrape son petit menton entre ses doigts, serre comme s’il était prêt à lui briser la mâchoire juste d’une pression. « Oula… ça part mal là. Très mal Sweety Penny. » grinça-t-il. L’utilisation de ce surnom déjà indiquait son manque de satisfaction, Rabastan l’appelait soit par son nom soit éventuellement par son prénom mais il ne réservait les diminutifs douteux et ironiques qu’aux personnes qu’il avait envie d’étrangler. « Alors on va être une gentille fille et on va tout de suite baisser d’un ton. Je ne sais pas où tu as lu que tu pouvais te permettre de me parler comme ça mais va falloir oublier. » Il serre un peu plus son emprise encore, pour lui faire mal et qu’elle engrenge correctement la leçon. « Alors je te connais, je sais que tu es intelligente, donc on va procéder comme ça : je vais te lâcher. Tu vas respirer. Tu vas te calmer. Tu vas me remercier de m’en être tenu à une tape sur les doigts pour ton insolence et ensuite nous allons pouvoir reprendre. » Il planta ses yeux dans les siens, puis lentement desserra sa prise. Ses phalanges laissèrent des marques rouges sur la peau blanche de Penelope. Enfin il se releva, passa sa main sur son col et fit tourner sa baguette dans ses mains. C’était tout aussi mécanique chez lui que menaçant pour les autres. « Ça va, tu reprends tes esprits ? Alors maintenant tu t'excuses, tu me remercies puis on pourra enfin causer calmement. » Se repéter ne faisait jamais de mal, Rabastan était très pédagogique. « Est-ce que je dois préciser que si tu décides de te comporter comme un de ces Insurgés, je te traiterai comme tel ? Un conseil Penelope, ne me force pas la main. Tu sais que je n’aime pas ça. » Il espérait avoir été assez clair.
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