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and it keeps getting stronger
If I told you what I was, Would you turn your back on me ? And if I seem dangerous, Would you be scared ? I get the feeling just because, Everything I touch isn't dark enough If this problem lies in me. I'm only a man with a candle to guide me, I'm taking a stand to escape what's inside me. A monster, a monster, I've turned into a monster, A monster, a monster, And it keeps getting stronger. I never said that I want this, This burden came to me, And it's made it's home inside. ~ monster.


(novembre 1997)

De la patience, ne cessait-on de lui répéter, elle devait s'armer de patience. Cela faisait depuis quelques jours déjà que Daphné croupissait dans la Salle sur Demande, tournant inlassablement en rond. Partagée entre l'envie de réapparaître et d'affronter directement son père qui souhaitait faire d'elle une Adhérente – même si cette perspective l'effrayait – et celle de rester indéfiniment dans cette pièce, Greengrass avait finalement fait son choix : si elle ne connaissait pas spécialement bien Londubat et l'autre gnome de Weasley, elle appréciait leur aide. De la reconnaissance, c'était effectivement ce qu'elle ressentait à leur égard. Ils lui avaient promis de la faire sortir de Poudlard – ils lui demandaient encore quelques jours. Des heures gâchées, fichues, perdues dans les limbes de cette pièce qui lui donnait désormais des sueurs froides. Sa patience, Daphné l'avait usée et abusée. Rien ne pouvait lui être plus utile à présent que cette once de liberté qu'on lui promettait – et, si l'idée d'abandonner Astoria lui était tout bonnement insupportable, elle savait que c'était sûrement pour le mieux. Oh, elle essayait de se convaincre – c'était malheureux mais elle ne pouvait pas faire autrement. Que pouvait-elle faire d'autre ? Cloîtrée entre ces quatre murs, elle observait avec une candeur feinte tout ce qui se déroulait sous ses yeux. Elle attendait, attendait, attendait. Et rien de ce qu'on pouvait lui dire n'était capable d'apaiser ses maux ou son impatience grandissante. C'en était même devenu risible. Jamais Daphné n'avait fait preuve d'autant de contrôle, jonglant allégrement entre ses envies de meurtre et la conscience qu'elle avait du fait que ses compagnons faisaient de leur mieux. Sans doute était-ce cela qui l'empêchait de les incendier ; tout ne pouvait pas lui être présenté sur un plateau d'argent, encore plus lorsqu'il était question d'une fuite plutôt rocambolesque. Greengrass savait, ou plutôt pensait car personne ne faisait rien pour la détromper, que sa disparition avait été remarquée. Elle ne s'était pas rendue en cours, n'avait émis aucun signe de vie – elle pouvait imaginer l'inquiétude de sa sœur, la rage de son père, les pleurs contenus de sa mère. Adossée à un des murs, emmitouflée dans une couverture, elle observait le miroir sur lequel étaient affichées plusieurs photos. Ces visages souriants l'avaient toujours captivée mais, dorénavant, elle leur trouvait un air accusateur – alors que ce n'était que des images animées. Quelle leçon pouvaient-elles alors lui donner ? Les lèvres entrouvertes, Daphné laissa échapper un petit soupir et positionna l'arrière de son crâne contre le mur, le regard dirigé vers le plafond – comme si celui-ci pouvait lui apporter l'inspiration dont elle manquait.

Et lentement, tout doucement, Greengrass se laissa aller à de doux songes ; partir n'avait jamais été ce qu'elle désirait. Elle aurait simplement voulu que son père prenne en compte son refus, sa frayeur déstabilisante – et son désir grandissant de justice. Partir. Cela remettait en question beaucoup de choses et force était de constater que sa loyauté à l'égard de sa famille avait toujours été inexistante – quel genre de monstre était-elle pour se détourner ainsi d'Astoria ? Car seul le visage enfantin de sa sœur représentait une morsure à son cœur. Mais Daphné était bien trop jeune pour s'intéresser de la sorte à des événements qui la dépassaient – elle suivait la cadence, tournait le dos aux idéaux familiaux. Cela ne ferait pas d'elle une célébrité, ou d'une indésirable à l'instar de son amie Hermione – non, elle allait être rabaissée au rang de traîtresse, d'idiote. Une vermine à éradiquer. Son nom n'allait jamais marquer l'histoire. Ses paupières frémirent et se refermèrent, réduites désormais à l'état de deux fentes à travers lesquelles elle pouvait encore voir le miroir qui la surplombait. Il lui renvoyait le reflet d'une fille au visage pâle, les cheveux roux inhabituellement crasseux et les mâchoires incroyablement serrées. Si cette vision hideuse lui était insupportable, il lui était tout bonnement impossible de détourner son regard. Autrefois, face à un miroir, elle palpait les creux et les bosses de son corps, parcourant ces vallées avec une pointe d'appréhension. Sa crainte d'être trop grosse la quittait dès qu'elle enfilait ses vêtements, profondément soulagée à l'idée d'être protégée par le cocon protecteur de ce tissu. Complexée, elle ne l'avait jamais été. Mais tiendrait-elle la route face à quelques mangemorts bien entraînés ? Déglutissant difficilement, Daphné se débarrassa de sa couverture et se traîna à quatre pattes jusqu'au miroir. Désormais à genoux, elle se toisait avec plus de précision – ses joues rondes de poupon et ses bras potelés renvoyaient à l'image qu'elle se faisait d'une enfant. Seul l'éclat qui brillait dans son regard clair dénotait avec son apparence faussement candide. Combien de fois s'était-elle battue ? Pour preuve, Malfoy avait aussi eu la joie (ou le net déplaisir) de se frotter à cette furie rousse qui s'était jetée sur lui. Se battre comme une moldue ou comme une sorcière ; peu importait, seul le résultat comptait. Les secondes s'égrenaient, son regard perçant lui renvoyant le mépris qu'elle commençait à ressentir à son égard – mais ce n'était pas le moment de perdre la foi car c'était bien tout ce qui pouvait lui rester. A l'heure actuelle, sa seule compagnie lui donnait la nausée. Rien, elle n'avait personne à qui parler – à qui s'adresser. Ils n'auraient jamais compris, du moins c'était ce que Greengrass imaginait.

La porte grinça, attirait son attention vers l'ouverture. Un visage enfantin encadré par de longs cheveux blonds apparut dans son champ de vision. Elle connaissait cette fille et ce, même si elle n'avait jamais pris la peine de s'adresser à elle, Daphné avait pu remarquer sa présence presque constante aux côtés de Neville. « Hannah » un murmure presque étonné passa sa bouche entrouverte. Toujours à genoux face au miroir, la jeune fille se redressa précipitamment, les mains jointes devant elle, passablement gênée. « Je, mh, Neville n'est pas là si tu le cherches. » déclara-t-elle alors, persuadée que sa vis-à-vis était à la recherche de son tendre ami. « C'est bientôt le couvre-feu, tu devrais y aller sinon tu vas avoir des ennuis. » lui conseilla-t-elle alors, d'une façon bien plus maternelle qu'elle ne l'aurait voulu.


Dernière édition par Daphné Greengrass le Mar 28 Oct 2014 - 15:16, édité 2 fois
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and it keeps getting stronger + IF I TOLD YOU WHAT I WAS, WOULD YOU TURN YOUR BACK ON ME ? AND IF I SEEM DANGEROUS, WOULD YOU BE SCARED ? I GET THE FEELING JUST BECAUSE, EVERYTHING I TOUCH ISN'T DARK ENOUGH IF THIS PROBLEM LIES IN ME. I'M ONLY A MAN WITH A CANDLE TO GUIDE ME, I'M TAKING A STAND TO ESCAPE WHAT'S INSIDE ME. A MONSTER, A MONSTER, I'VE TURNED INTO A MONSTER, A MONSTER, A MONSTER, AND IT KEEPS GETTING STRONGER. I NEVER SAID THAT I WANT THIS, THIS BURDEN CAME TO ME, AND IT'S MADE IT'S HOME INSIDE. ~ MONSTER.


Hannah ne reviendra peut-être, sans doute jamais chez elle. A la fin de l'année, elle ne retournera pas - tout sourire - à son chez elle pour se réjouir avec ses parents de la réussite de ses ASPICs et de son entrée dans le monde des adultes. Elle ne passera peut-être pas ses ASPICs, elle n'en aura pas besoin lorsque ses parents attendront - encore - d'elle qu'elle les rejoigne auprès du seigneur des ténèbres, qu'elle devienne une bonne mangemorte. Sauf que ça n'arrivera jamais. Elle ne fera jamais parti de ce système. Hannah n'a jamais vraiment parlé de l'armée de Dumbledore à ses parents, même après sa cinquième année, peut-être parce qu'ils travaillent au Ministère de la magie, peut-être parce qu'ils ont plus ou moins toujours jugé leur fille et qu'Hannah redoutait ce qu'ils pouvaient pensé de ce groupe et qu'elle n'a jamais souhaité avoir à les confronter. Alors, elle ne leur a rien dit, même s'ils ont dû se douter un minimum des idéologies qu'avait la fille Abbot - connaissant un minimum leur fille - mais ça n'a jamais posé le moindre problème dans leur famille. Les Aboot ne sont pas des conservateurs, seulement des survivants. Leur condition de sang-pur leur a permis de ne pas devenir des cibles et ils ont fait ce qu'il fallait pour que ça n'arrive jamais. Hannah leur en veut, un peu, autant qu'elle le peut.

Comme à peu près tout ce qu'il y a désormais dans ce monde, Pourdlard est devenu sinistre, froid, perdant son âme réchauffante. La mort de l'ancien directeur, il y a plusieurs mois de ça, a percé le château, anciennement majestueux, et le cœur des sorciers qui l'habitent. Hannah ne s'y sent plus à son aise, quand elle en traverse les couloirs, comme si une ombre malsaine la suivait continuellement. Septième étage, elle se place devant un mur, un simple mur pas aussi simple que ce qu'il en a l'air. Hannah, Gonny, Neville et beaucoup d'autres ont prévu de s'enfuir, bientôt, très bientôt, laissant leur seconde maison derrière eux. Une porte apparaît, finalement. Comme par magie, pourrait-on dire. Elle entre dans la salle-sur-demande ou va-et-vient. Hannah se souvient de sa cinquième année, de l'armée de Dumbledore, du combat contre le professeur Ombrage, et le Ministère de la Magie avec elle et comment ils se préparaient à se battre contre es mangemorts et celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, même s'ils n'y ont jamais vraiment été préparé. Comment l'auraient-il pu? Ils n'étaient que des enfants et devraient toujours l'être. La blonde se rapproche de la rousse, pressée d’exécuter le plante de fuite qu'on lui a promis. Elles n'ont jamais été amies. Réunies par rien, séparées pas tout. Probablement, plus réunies aujourd'hui. Par des événements qui ne rendent pas Hannah joyeuse même si d'autres choses le peuvent.

« Non, je ne suis pas là pour Neville. Il est, hum, euh, enfin, je sais qu'il n'est pas là. » Elle a esquissé un sourire, peut-être trop grand. C'est vrai qu'elle est souvent en compagnie de lui ces derniers temps, peut-être trop, non, ce n'est jamais trop quand il s'agit de Neville. Hannah sourit, de son sourire béat de gamine amoureuse. Elle a rapidement secoué la tête, s'efforçant de penser à autre chose quand Daphné mentionne le couvre-feu. Hannah n'a jamais été une adolescente rebelle, cherchant comment anéantir les nerfs de ses professeurs, pas du genre à se balader au milieu de la nuit non plus, après le couvre-feu. Pour y faire quoi, de toute façon? Tout est différent, maintenant. Il n'est plus question d'obéissance. Il ne le sera plus jamais. « Ce n'est pas le couvre-feu qui me fait peur, tu sais. » Hannah la courageuse. Qui l'aurait cru? Pas Hannah, qui ne se décrira jamais comme courageuse. Son courage semble uniquement venir de sa loyauté pour ses principes et pour ceux qu'elle aime. Ernie dit que courageuse, elle l'est, même trop. Il l'a toujours dit. C'est elle qui l'a encouragé, un de ses meilleurs amis - si ce n'est le meilleur - à rejoindre l'armée de Dumbledore. Un début de courage mais ce n'était rien, qu'une bataille d'adolescents contre leur professeur tyrannique. Depuis, leur petite organisation a pris de l'ampleur. « Tu ne faisais pas partie de l'AD en cinquième année, en 1995, quand il y avait Ombrage, pas vrai?  » L'armée de Dumbledore durant la cinquième d'année a été une expérience inoubliable. Sans amis, sans Neville, seule elle n'aurait peut-être pas le courage de quitter l'école, de tout quitté, comme il est prévu qu'elle le fasse, comme Daphné a prévu de le faire.Elle n'a pas envie d'attendre longtemps. Hannah ne se méfie pas de la Serpentard. Elle ne se méfie jamais de personne. Hannah sent qu'elles sont loin d'être aussi différentes que ce qu'elles le croyaient auparavant. « C'était merveilleux. Je me souviens des sorts lumineux qui voletaient dans la pièce. On se sentait, je crois, tout forts, indestructibles, on avait l'impression de faire partie de quelque chose de grand, de plus grand que nous. » Nostalgique, son regard semble, pendant une seconde, se perdre dans le vide, dans les étoiles de ses pensées. Ca lui parait remonter à longtemps, vraiment longtemps, plus de deux ans. Pourtant, ça en fait bel et bien de deux, pas un de plus. La retour officiel du seigneur des ténèbres, Severus Rogue en tant que directeur, Dumbledore mort, le trio qui se trouve quelque part mais on ne sait où, ses parents qui ont fait part à Hannah de leur volonté de rejoindre le camp des forces du mal. Il y aurait presque de quoi exploser. Mai Hannah n'est pas de ce genre, elle voit toujours le on côté, elle s'y accroche. « Quand je pense que je ne vais pas passer mes ASPICs. C'est bizarre, de fuir, comme ça. Et puis, Poudlard, j'aimais tellement cet endroit. Maintenant... ce qu'il est devenu me rend un peu triste. » Poudlard l'a vue grandir. Poudlard l'a vue jeter ses premiers sortilèges. Poudlard l'a vue tomber lamentablement d'un balai. Poudlard a vu des fioles glisser de ses mains maladroites. Poudlard l'a vue aimer tout le monde et détester personne. Poudlard l'a vue tomber amoureuse. Pourdlard l'a vue évoluer. Poudlard l'a vue vivre. Personne ne connait Hannah mieux que Poudlard. Mais Poudlard n'est plus le même, il a changé, en quelque chose de déplaisant, se transformant en une vision terrifiante et horrifique. Hannah veut se souvenir du Poudlard qui la rendait joyeuse, pas de celui qui l'attriste. « On va partir. Bientôt. On ne sera plus là, vraiment plus là. J'imagine que ça va arriver vite mais il est temps qu'on parte. » Sa famille veut tout faire pour empêcher Hannah dans sa tentative de fuite. Leurs familles. Mais malgré leur effort, la rousse et la blonde s’enfuiront.
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L'une pour l'autre, elles n'étaient rien. De la poussière, des cendres. Daphné ne comprenait pas pour quelles sombres raisons Hannah s'était rendue jusqu'à la Salle sur Demande, sachant sans doute qu'elle y trouverait Daphné. Le sourcil droit arqué, la serpentard attendait – avec une impatience presque impossible à contenir – ce début de conversation qui ne manquerait pas de lui faire le plus grand bien. Debout, un peu gauche, flanquée d'une maladresse qui ne lui ressemblait pas, la rousse se contentait d'esquisser des sourires. Elle ne savait pas exactement quoi lui dire ; mais Hannah, sûrement plus prompte à la discussion qu'elle, n'eut aucun mal à lui parler. Comme si elle était l'une de ses amies – et ce n'était évidemment pas le cas. Ses dents mordillaient sa lèvre inférieure, perles d'ivoire qui maltraitaient sa peau, expiant ainsi ses fautes à venir. Hannah avait fait beaucoup pour elle – beaucoup trop, supposait-elle –  et sa gentillesse était plutôt agréable. Elle avait brisé cette solitude qui rongeait Daphné, éloignée des autres depuis trop longtemps, attendant ce moment où elle tournerait le dos aux piliers de son éducation ; une partie d'elle lui soufflait qu'elle aurait mieux fait d'accepter la sentence de son père, rejoignant les Adhérents le temps de porter la Marque. Dans ce monde, elle n'était pas celle que l'on désapprouvait. Mais Hermione était de ceux qui étaient chassés, emprisonnés, tués. Sa loyauté à l'égard de Granger était incommensurable et rien, pas même les desseins de son géniteur, ne parviendrait à l'écarter de ce chemin qu'elle s'apprêtait à emprunter. Elle était terrifiée, meurtrie par cette peur qui lui rongeait les sangs. Pourtant, face au sourire d'Hannah, elle ne pouvait s'empêcher de l'imiter ; sentant la commissure de ses lèvres s'étirer platement, peut-être faussement ?, Daphné ne fit rien pour retrouver son masque de fer. Elle restait là, immobile, le visage fendu d'un sourire forcé.

Tandis qu'Hannah parlait, se rappelant le bon vieux temps – si l'époque où Ombrage siégeait à la tête de l'école pouvait être considérée ainsi, Daphné se détourna un peu de son interlocutrice, s'intéressant de nouveau aux photos engoncées dans les reliures du miroir. Elle regardait tous ces visages sans les voir vraiment ; tous morts ou disparus. Une vague de fraîcheur s’abattit alors dans la pièce, sans doute le fruit de son imagination, et la jeune femme croisa les bras contre sa poitrine. Elle frissonnait. Mais ce n'était pas ce froid imaginaire qui la poussait à claquer des dents, mais bien cette minuscule parcelle de raison qu'elle entrapercevait sans le vouloir ; elle savait ce qui l'attendait. Elle le pressentait. L'horreur. La démence. La guerre allait ravager le monde des sorciers et boufferait les derniers survivants durant les prochaines décennies. C'était une certitude qui la terrifiait. Derrière elle, la voix d'Hannah n'était qu'un écho apaisant en ce triste lieu. Mort, froid et terne – comme l'était devenu Poudlard. Daphné n'avait plus sa place ici. Elle se sentait déplacée – et sa traîtrise allait coûter cher à Astoria. Le visage de sa cadette se matérialisa sous ses yeux, apparition fantomatique et irréelle, avant de disparaître complètement. L'adolescente aimait sa sœur à en crever. Pourtant, elle l'abandonnait, lui tournant volontairement le dos pour épouser des idéaux qui lui correspondaient mieux – mais, bientôt, elle retournerait la chercher. Bientôt. Ce simple la fit se redresser, forte de ce nouvel espoir.

Puis Daphné tourna les talons, toisant de nouveau Hannah. Elle enviait presque sa candeur et sa douceur. Pourtant, lorsqu'elle ouvrait la bouche, ses paroles réconfortantes n'avaient pas le moindre effet sur elle. La poufsouffle vivait dans le passé, sous ses yeux se rejouaient sans arrêt des scènes purement idylliques. Des sorts lumineux, une entente cordiale. Ombrage n'avait été qu'une partie de plaisir ; mais les enfants étaient devenus grands. Silencieuse, Daphné retrouva rapidement la parole, embrassant malgré elle l'idéalisme incongru de sa vis-à-vis « Je n'en faisais pas partie, mais je te crois sur parole. » un sourire balaya brièvement ses traits, alors qu'elle retrouvait une position plus décontractée, décroisant les bras en les laissant s'échouer le long de son corps « L'ambiance devait être bien différente. Tout est si...mort. Désolant. » Daphné baissa les yeux « Est-ce que fuir Poudlard fait de nous des lâches ? » elle releva son visage opalin, visiblement traversée par un doute sur lequel elle était incapable de mettre un qualificatif acceptable. Cette question tombait dans la conversation, et rien n'avait été préparé pour ce faire. Gênée par cette apparente fragilité qu'elle osait montrer, Daphné se racla la gorge et croisa de nouveau les bras. Elle ne voulait pas montrer ses craintes, ses doutes. Surtout à une fille comme Hannah – peut-être s'efforçait-elle de voir la bonté chez tous les gens qui l'entouraient mais Daphné n'aimait pas être détaillée de la sorte. Les dents serrées, elle essaya de détendre ses mâchoires mais peine perdue, elle n'y parvint pas.

« C'est juste que je ne sais pas ce qui nous attend dehors » oh, doux mensonge, elle savait parfaitement ce que son père lui réservait si elle s'attardait encore ici – en comparaison, les préventions de l'Ordre du Phénix lui s'apparentaient à une douce mélodie. Elle fronça alors le nez, interrogeant plus spécialement Hannah « Et Neville ? J'ai cru comprendre qu'il restait à Poudlard ? » Ou peut-être avait-elle finalement mal compris ; elle pouvait montrer qu'elle n'en avait cure, mais c'était faux. En réalité, cette petite blonde l'intéressait – non seulement parce que leur inimitié tenait seulement à cause de leur maison respective, mais parce qu'elle ne tarderait pas à l'accompagner dans une aventure dont la teneur lui échappait encore. Daphné considéra un bref instant sa comparse, rouvrant de nouveau la bouche pour laisser échapper les bribes d'idées qui lui parvenaient « Pourquoi est-ce que tu veux partir d'ici ? Pourquoi tu ne veux pas rester avec tes amis ? Je sais pour quelles raisons je pars mais – toi ? » elle se mordit la lèvre inférieure, avançant prudemment sur son chemin où toutes ses pensées se chevauchaient « Mon père veut faire de moi une Adhérente, en attendant l'âge propice où les sorciers sont en droit de recevoir » elle porta son regard vers son avant-bras « la Marque. Mais je crois que je l'ai déjà dit à Neville – d'où la raison de ma présence ici. Mais toi, Hannah ? » Reportant son attention sur son interlocutrice, Daphné esquissa un pas curieux vers celle qui lui faisait face « Qu'est-ce que tu veux fuir ? T'as pas peur d'être une lâche comme moi ? » elle ne frémit qu'à peine en prononçant ces paroles. Elle en avait conscience et peut-être que cela faisait finalement sa force.
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Hannah écoute Daphné parler de la lâcheté de fuir. La blonde ne comprend pas ce que veut dire la rousse. Hannah n'a pas vécu avec le monopole du courage et de la force. Si ça avait été le cas, elle aurait passé sa scolarité chez les Gryffondor et non parmi les Poufsouffle. Elle ne comprend vraiment pas le point de vue de Daphné. Si elle était à Gryffondor, peut-être, Hannah aurait tenté de comprendre sa façon de pensée mais la Greengrass a été envoyé chez ceux qu"on dit être leur opposés, bien qu'Hannah n'ait jamais compris le sens de ces guerres de maisons. Des petits guerres entre les vrais sang-pur et les impurs, une petit guerre qui semble devenir plus grande de jour en jour. C'est la mère d'Hannah qui le lui a appris qu'il n'y avait aucune raison pour y prendre part. Et aujourd'hui, les pensées de sa tendre mère semblent être toute autre. Bientôt, le nombre d'adhérents aux sombres idées du seigneur des ténèbres seront peut-être plus nombreux que ceux qui se battent contre, comme Hannah. A moins que ce ne soit déjà le cas. Hannah aimerait s’enfuir, échapper à la terreur qui lui fait face. Lâche, peut-être? Quoi qu'il en soit, il n'y a pas d'issue. Rejoindre le camp du seigneur des ténèbres ou celui de l'Ordre du phénix. Malgré tout, Hannah ne pourra jamais comprendre le mal que peuvent faire les mangemorts. « Il y aura une bataille, à Poudlard. Dans quelques mois, j'imagine. Les mangemorts contre l'Ordre et puis, nous, les élèves, au milieu. » Ils sont, seront des dommages collatéraux. Hannah ne veut pas en être un. Elle fait le choix d'en être, de se battre mais elle n'en a aucune envie. Elle n'a rien de la  guerrière combattante agressive qui a la force nécessaire pour vivre une guerre. « A ce moment-là, je me battrais. Neville aussi. C'est juste que j'ai peur de, hum, qui je devrais affronter.  » Elle le sait déjà, qui elle devra affronter. Les parents Abbot ont choisi leur camp. Hannah a choisi le sien. Quant-à ses deux jeunes frères, ils devraient être occupés à s'inquiéter pour leur examen de BUSEs et non de quel camp choisir dans cette guerre qui se prépare, même si Hannah redoute qu'ils se joignent à leurs parents et non à leur grande soeur. Hannah croirait s'entendre elle-même parler quand Daphné évoque une famille qui veut l'obliger à adhérer à des idées tyranniques auxquelles elle ne peut pas croire. « C'est drôle » fait-elle de son sourire enfantin. Elle secoue la tête nerveusement. Drôle n'est pas le mot juste à leur situation commune mais il est sorti très naturellement. Pourtant, il n'y a rien de drôle. Elles sont piégées, autant l'une que l'autre. « Non, enfin, pas vraiment, pas drôle, drôle dans le sens où on peut l'entendre, plutôt ironique peut-être, tu vois? » Probablement pas. Hannah n'est pas certaine de se comprendre elle-même. Mais qu'est-ce que la Abbot fait-elle là? Pourquoi ne se pavane-t-elle pas dans les couloirs, fière de son sang-pur? Hannah n'a jamais été fière de son sang, elle n'a jamais manqué de confiance en elle - comparé en Neville - mais elle n'a jamais pensé que la personne que l'on peut être se résume à la soit-disant pureté de notre sang. C'est injuste pour les né-moldus et trop simple pour les sang-pur. Hannah aime sa famille. Elle les  a toujours suivi et elle les aimera toujours. Néanmoins, cette fois-ci, elle est incapable de suivre leur chemin. Ils lui demandent d'aller à l'encontre de qui elle est, de ses principes, de sa façon de pensée, de sa douceur et de cette fameuse collection d'objets moldus qui repose dans sa chambre. Hannah ne comprend pas le changement de comportement de ses parents alors qu'ils l'ont toujours bercée avec des histoires où les sorciers sont toujours récompensés de leur bonté avec les moldus et où ceux qui sont méchants avec eux en sont punis. Daphné a dû être bercé avec des histoires différentes. « Mes parents n'ont jamais été des pro sang-pur, pas du genre à m'apprendre que la nature du sang de notre famille nous place au-dessus des autres. Mais ces derniers temps, avec tout ce qu'il se passe, ils n'ont plus le même discours, je ne comprends pas. Ils disent qu'on doit...s'adapter, qu'on doit adhérer à leur idées. Je ne comprends pas.  » Hannah pourrait essayer de faire partie de ce régime de terreur mais ça la détruirait, toute la douceur qu'il peut avoir en elle disparaîtrait. Et ça, Hannah ne peut pas le permettre, elle se doit de rester la même. « Ce sont mes parents. Je devrais les rejoindre. Je ne peux pas. C'est impossible. Ce n'est pas moi. Je ne pourrais jamais faire ce qu'ils attendent de moi. Tu crois que j'ai tort, que je devrais essayer et les rejoindre? » Tuer des innocents. Trahir ceux qu'elle aime et sa propre-personne dans la même occasion. Elle serait avec Ernie, de sang-pur lui aussi. Ca devrait pouvoir fonctionner. Hannah qui vivrait dans ce gouvernement en  tachant ses mains de sang, avec son meilleur ami. Et après? Que deviendra-t-elle? Une sorte de monstre qu'elle détesterait? Et ses amis? Qu'adviendront-ils? Mort ou la haïssant mais jamais plus que ce qu'elle se détestera elle-même. Neville, Susan, Julian, Hermione, Ron, Harry. Tous morts et elle sera exactement dans le même état si elle se décide à les suivre dans leur chute, c'est ce que sa famille affirme, ses parents surtout, pour ses frères, elle ne sait pas. C'est peut-être le pire de ne pas savoir ce qu'ils feront le moment venu. « Il y a des personnes proches de toi, je veux dire, de la famille qui sont aussi contre le seigneur des ténèbres? Peut-être, ta...soeur? Je crois que...tu as une petite soeur.  » Quand elles fuiront l'école de sorcellerie, Hannah et Daphné ne seront pas seules mais rien ne vaudra la présence de leur famille, d'Astoria pour Daphné et de Thomas pour Hannah.  A moins qu'elles aient, toutes les deux, déjà perdues leur familles.  « Je ne suis pas certaine que mes frères viendront avec moi. Je ne peux pas les forcer à ne pas rejoindre nos parents. Je ne veux pas me retrouver contre eux. Je ne le peux pas. Je ne leur ferai jamais de mal. » Frère et soeur, baguette contre baguette. Hannah ne voit pas comment elle pourrait être amené  à blesser sa fratrie . Elle ne voit pas non plus comment Thomas ou son jumeau pourraient chercher à lui faire du mal.  
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