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sujet; MULTI + darkest times |
PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
It's so hard to feel alive when you barely open your eyes. I lost my way so long ago. The nights hurt like hell. Living in this slumber, the darkest times have pulled me under ground. 25 MAI AU ... & DRACO, LUNA, HERMIONE, PANSY ft. PNJ 25 MAI 03. ( Précédemment) Ils atteignent leur destination dans un enchevêtrement bouleversant de couleurs floues, un entremêlement de membres et de gestes maladroits, cacophonie indistincte à laquelle s’ajoutent des exclamations surprises. Le décor de l’appartement de Pansy laisse place à celui, terne et décrépi, du cottage. Le sol est dur sous les genoux de Draco et il tente d’absorber une bouffée d’oxygène, manque de s’étrangler sur une gorgée de salive au goût désagréablement métallique : sa blessure s’est rouverte durant le transport. Les effets secondaires auxquels il n’est jamais sujet en temps normal se manifestent de plein fouet. Tout en un, la nausée et les étourdissements l’assaillent et une brève seconde plus tard, c’est sa magie qui déraille, repoussant loin de lui tous ceux qui l’entourent. « D-daddy qu’est-ce que tu fais ? » « Draco ? Draco ! Que lui est-il arrivé ? Merlin, son visage- » Et son prénom ricoche sur des timbres familiers mais lointains, des lèvres qu’il peine à reconnaitre. Il y a les jumelles qui explosent en pleurs désynchronisés, Narcissa, Pansy, Loony, Granger, Scorpius, mais Draco ne perçoit pas ce qu’ils disent, ce qu’ils lui veulent- son corps est une loque dépourvue d’énergie et alors qu’il se replie sur lui-même, ses mains se portent à son front, ses ongles courts s’accrochent à la peau comme pour l’arracher, en un réflexe stupide, une tentative de répartir et d’équilibrer la douleur atroce qui lui dévore la joue, en en causant ailleurs. Il voudrait ramper hors de son corps mais ne peut y échapper et tandis que les effets des potions d’engourdissements se dissipent, il se sent rattrapé par l’horreur comme par des serres acérés. Tout lui revient de plein fouet, la haine de son père, son mépris, la torture sur le sol glacé de l’hôpital, les stigmates restants des journées passées sous les décombres- rouverts et à vif du fait des maléfices… Son côté gauche ne répond pratiquement pas à ses sollicitations et il panique à l'idée de rester paralysé. Pourtant, rien ne surpasse le regard de Lucius, indissociable de la sensation atroce éprouvée au moment où la chair s’est fendue, déchiquetée, consumée. Rien ne surpasse l’effet de ses accusations, l’incompréhension, le sentiment de perte et de médiocrité. Il n’est bon à rien. Il ne peut rien y faire. Rien faire. Déception, échec, minable. « Laisse-nous approcher, Malfoy », claque sans fléchir la voix de Granger, la seule dépourvue d’inflexion hésitante. « On ne peut rien faire si tu nous tiens à distance ! » Pressante, cette fois. Il ne parvient pas à la déchiffrer cependant, et il ne sait même pas de quoi elle parle ? Cligne des yeux, tente de distinguer ce qui l’entoure, mais le monde bascule et oscille sur ses bases et son estomac se révulse. Il pose une main au sol pour se stabiliser, capte les mots magie et isole et repousse, secoue la tête en signe de négation. « Pas… moi- » Il ne fait rien, ne contrôle rien, ne sait pas ce qu'est cette barrière qu'elles mentionnent. Loufoca se superpose à la silhouette floue de Granger. Ses yeux clairs sont empreints d’un sérieux inhabituel lorsqu’elle lui parle de mystérieuses créatures qui déboussolent sa magie, l’encourage à la canaliser, lui fait miroiter une potion contre la douleur. Contre la douleur. Oh oui, pitié oui ; il n’est pas capable d’endurer, il n’est pas un Malfoy, rien qu’un piètre ersatz mais il donnerait tout pour que ça s’arrête et la bulle d’énergie qui l’entoure et le coupe des autres occupants perd peu à peu en intensité jusqu’à décroitre tout à fait. Il ne sait pas si la blonde tient parole, car à l’instant où sa magie se rétracte à l’intérieur de son corps meurtri, il perd connaissance.
26 MAI 03. La première fois qu’il émerge, il fait de nouveau nuit noire mais le cottage est plus paisible ; endormi. Loufoca efface la sueur qui lui tapisse le front et lui adresse un sourire rassurant mais il ferme les yeux très fort pour ne pas voir, ne pas entendre. Rien n’ira mieux, rien ne s’arrangera, tout est perdu. Son palpitant s’agite et s’agace, une idée flotte à la lisière de ses pensées mais lui échappe constamment. A vrai dire, il est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, rendu délirant par la fièvre et une overdose de potions. Il songe tour à tour et sans raison que le bain est glacé, que la lune hurle trop fort, que Scorpius est resté là-bas et qu’il doit aller le chercher, qu’un lapin lui bouffe les pieds, que ses vêtements prennent feu, que Pansy le déteste, que Lucius flotte de l’autre côté de la fenêtre, et qu’ il veut sa mère, et il le souffle péniblement à Luna en tentant régulièrement de se jeter du lit, mais elle l’y rallonge sans peine tant il est dénué d’énergie. Elle répète inlassablement qu’il est en sécurité, qu’il n’y a pas de raison de s’en faire, qu’il se sentira bientôt mieux, et Draco se laisse bercer par cet espoir utopique jusqu’à sombrer de nouveau. Mais lorsque le voile de l'inconscience le recouvre, les cauchemars se nourrissent de ses craintes et il imagine, oh, il voit trop bien le tableau. Entre les visages de ses victimes se dressent désormais les regards accusateurs de ses proches. Ensanglantés, torturés, haineux, vengeurs, et leurs lèvres lui crachent sans interruption une litanie de traitre, parjure, renégat. Ils ont les silhouettes des êtres aimés (Aramis qui le surplombe et Nyss qui s'écroule et Hestia qui convulse et Flora qui menace de lui faire la peau et Nott qui le toise d'un œil sombre et Simon shooté et Gwen qui lui dit que c'est lui le menteur et Nephtys dont les orbes fondent en une fontaine de sang) mais leur voix est celle de son père, dure, cruelle, impitoyable, et Draco ne sait pas concilier ce qu’il a vu et ce qu’il espère. Il ne sait pas s’il doit croire son corps qui se hérisse et se braque à la mention de Lucius, qui se rétracte et tremble sous le poids des souvenirs, de la baguette qui l’a autrefois enseigné pour plus tard le mutiler ; ou s’il doit se fier à l'impression d'avoir été sauvé par son bourreau. Et combien Draco voudrait y croire, combien il voudrait avoir l’assurance que tout cela n’était qu’une mascarade pour lui permettre de fuir ! Si on le questionnait, s’il devait l’exprimer à voix haute, il affirmerait sans flancher que son père l’a aidé à fuir, se raccrocherait à la chevalière qui l’a arraché au calvaire de ce soir-là… Les souvenirs sont confus. L’avait-il déjà en sa possession, ou lui a-t-elle été remise par Lucius, par un habile mouvement de baguette, entre deux Crucio et un sort tranchant ? Lui a-t-elle été remise en secret, transformée en portoloin, par un Lucius qui assurait ses arrières et sa position en se dévouant pour accabler de reproches et de sorts brutaux le traître à son sang ? S’il devait le dire à voix haute – oui, Draco lui accorderait sans hésiter le beau rôle. Mais dans le secret de son cœur, là où meurent les espoirs, les souvenirs de son enfance son ternis par la torture et l’adulation se teinte d’élans de haine. Dans le secret de son cœur, là où son sens critique se fait cynique et où l’équilibre est précaire, il ne peut s’empêcher de songer que son père, détruit par Azkaban et dévoué au Mage Noir, a sans doute éprouvé un plaisir malsain à le clouer au sol, à le briser. Peut-être devrait-il simplement se satisfaire d’être vivant ?
27 MAI 03. A son réveil suivant, Scorpius est blotti contre son côté, endormi, des larmes séchées sur ses joues, mais Draco n’y fait presque pas attention. Il fait jour cette fois et c’est Granger qui le veille, assise à côté du matelas défoncé sur lequel on l’a allongé – il distingue au fond de la pièce Loufoca qui tapisse d’un onguent verdâtre le moignon qui remplace la main de sa mère, se souvient que Snape a dû trancher tout récemment la main d’argent apposée par le Lord. Mais là encore, il est agité, nerveux. L’ idée qui le turlupine a resurgi et il est presque certain de pouvoir mettre des mots, lutte pour se concentrer avant de perdre de nouveau prise sur le fil de ses pensées. « Gr-anger- » Entame-t-il et l’interpelée délaisse le livre qu’elle lisait. Parler est douloureux et il grimace quand elle le touche (son esprit hurle Filthy mudblood) mais une part rationnelle sait qu’elle vérifie sa fièvre et il ne peut pas se permettre de s’égarer, il faut qu’elle sache. « Gran-ger… voyante- les mange… morts, Neph- » parvient-il à balbutier en basculant sur un coude pour se lever. Coude gauche. Qui se dérobe et le laisse rouler sur le lit, atterrir sur sa joue blessée recouverte de potions et d’un large pansement. Ça se répercute dans son corps comme un électrochoc. Il perd le nord, sent la Sang-de-Bourbe le repositionner, s’accroche par réflexe à son poignet pour avoir son attention. Ses mouvements sont cahotiques et son regard fou, mais il rassemble tout ce qu’il a d’énergie pour tenter de nouveau : « Peuvent v-Voir- » mais la douleur dans sa mâchoire est déchirante et il se laisse retomber en arrière, sur le simili lit qui lui brise le dos. La panique enfle, enfle, enfle. Il craint que les mangemorts n’aient de quoi le retrouver et, ce faisant, ne mettent la main sur tous les occupants du cottage, mais il est incapable de le formuler correctement et est de nouveau plongé de force dans un sommeil agité.
Dernière édition par Draco Malfoy le Lun 20 Juin 2016 - 23:27, édité 1 fois |
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WIZARD • always the first casuality Pansy Parkinson ‹ disponibilité : dispo bitches
‹ inscription : 25/10/2014
‹ messages : 4640
‹ crédits : prométhée
‹ dialogues : 'lightcoral'
‹ âge : vingt-quatre ans (née le 5 mars 1980)
‹ occupation : rentière déchue, mondaine destituée.
‹ maison : le choixpeau s'est a peine attardé sur sa tignasse brune avant de l'envoyer à Serpentard, dont elle est devenue préfète en 5ème année.
‹ scolarité : de 1991 à 1998.
‹ baguette : Elle faisait 19 centimètres, en merisier et cheveux de vélane, capricieuse et imprévisible, sensible aux sentiments négatifs. Cette baguette a cependant été volée par le Limier et aujourd'hui, elle en utilise une autre, bien moins adaptée à sa main.
‹ gallions (ʛ) : 9015
‹ réputation : Rien qu'une sorcière de salon, une bonne à pas grand-chose en dehors des ragots et commérages, une peste se régalant du malheur des autres, une idiote aveuglée par ses sentiments, moralisatrice en dépit de son propre penchant pour les écarts et les erreurs. Le roquet de Malfoy, puis celle que Blaise Zabini a cocufié, abandonné puis engrossé avant de partir à nouveau. Une garce qui mérite tout ce qui lui arrive. Une enfant gâtée, malgré l’aide donnée aux insurgés dans l’infirmerie de fortune de Poudlard.
‹ particularité : Complètement à la dérive depuis la fin de la guerre, on la croise souvent alcoolisée et cruelle, prête à se greffer à la moindre rixe, au moindre esclandre.
‹ faits : Elle a perdu la garde de ses filles, les jumelles Violet et Briar-Rose (née en Aout 2002) à la fin des combats, car on a jugé son sang pur comme inapte à les élever et ce même si leur père, Blaise Zabini, est considéré comme un héros de guerre. Elle a également perdu sa fortune et son statut et n’a plus aucune influence. Personne n'est tendre avec elle car les anciens rebelles la voient comme une garce à abattre et les sorciers lambda n'ont l'image que d'une gamine pourrie gâtée qui vivait dans une tour d'ivoire alors qu'ils crevaient de faim. Condamnée à vivre dans une demeure autrefois grandiose mais maintenant totalement insalubre, elle ère coincée entre sa mère tyrannique et sa tante furieuse, désœuvrée et désabusée.
‹ résidence : Dans l'hôtel particulier Parkinson, situé dans le quartier de Barkwith, sur le Chemin de Traverse. Ancien symbole d'une grandeur aujourd'hui étiolée, la demeure tombe en ruine et menace de s'écrouler depuis les émeutes de janvier 2002. Ses parents possédaient un manoir à Herpo Creek, il n'en reste qu'un tas de cendres et elle n'a plus accès à son bel appartement de la Bran Tower depuis la désertion de Draco durant laquelle elle a également pris la fuite.
‹ patronus : Une hirondelle à peine corporelle
‹ épouvantard : Les corps inanimés de Briar-Rose et de Violet.
‹ risèd : Simplement un matin ordinaire, des draps clairs et propres, une chambre lumineuse, des rires d'enfant emplissant le couloir avant que les deux têtes brunes ne sautent sur l'épais duvet. Un avenir pour elles, aussi, surtout.
| (multi) ⊹ dark times
“ I felt very still and empty, the way the eye of a tornado must feel, moving dully along in the middle of the surrounding hullabaloo ” Sylvia Plath 25 MAI 03. Elle n’avait jamais été de celles qui trouvaient un esthétisme fascinant dans le chaos et le tumulte. Elle n’avait jamais imaginé devoir fuir, courir, devoir tout laisser en plan, pas plus qu’elle ne s’était imaginée de celles à même de voyager léger. A vrai dire, Pansy avait imaginé avoir plus de temps avant d’en revenir là, avant d’en revenir à cette impression odieuse de vulnérabilité. Elle avait repoussé au loin l’idée d’un traumatisme, refusant de tomber victime, refusant d’admettre quelconque faiblesse, sans doute parce qu’il y avait là-dedans trop de culpabilité qui venait en prime. Elle s’était jurée de ne plus y exposer Violet, d’en protéger Briar-Rose à tout prix. La gorge nouée, berçant maladroitement la petite fille qui pleurait contre elle, elle se sentait à nouveau comme une mère indigne. Baguette à la main, elle était armée mais incapable de les protéger, incapable d’être plus qu’un poids à trainer pour Draco, un énième détail qu’il devait considérer, guère plus débrouillarde que Scorpius, qui se tenait entre eux. Elle avait tout fait pour ne pas être prise au dépourvu, pour limiter la précarité dont il avait parlé. Elle avait imaginé un départ sans heurt, illusoirement et elle s’était retrouvée à finaliser les bagages comme si elle pouvait se permettre ce genre de luxe… Et puis ils avaient débarqué, là pour enfoncer les portes et ne pas s’arrêter avant d’avoir ce qu’ils cherchaient, chiens de chasse sans pitié sentant sûrement la peur qui émanait de l’appartement, de ses occupants.
Ils avaient pris un portoloin et le brouhaha ne s’était pas arrêté. Les enfants, les visages familiers mais flous, aussi. Elle avait la nausée, secouée par le déplacement brusque et elle ne savait plus où donner de la tête, parce qu’au final, elle n’était pas prête et rien n’avait de sens ici. Reprenant petit à petit ses esprits, tentant de bercer l’enfant qui s’époumonait, protestant clairement contre le voyage mal agencé – combien de fois fallait-il se déplacer magiquement avec un nourrisson avant de commencer à noter des soucis ? combien de fois fallait-il qu’elle ne soit pas à la hauteur avant qu’on les lui retire ? – elle observa les lieux et inspira soudainement, un hoquet la secouant tandis qu’elle notait qu’elle avait oublié de respirer jusqu’alors. La voix de Scorpius l’interpella ensuite et une vague de honte la rinça pendant qu’elle réalisait pleinement à quel point elle ne connaissait rien de cet enfant, ce gosse qui n’avait rien fait, rien demandé, qu’elle avait repoussé sans doute un peu trop souvent simplement parce qu’il était à Astoria en plus d’être à Draco. Il paniquait, il était perdu et elle ne pouvait rien faire – à quoi bon le prendre dans ses bras lui aussi ? elle anticipait déjà la tentative désespérée d’évasion, le faufilage raide pour s’éloigner d’elle – et puis la voix de Narcissa, reconnaissable entre mille, s’éleva et tout alla soudain très vite.
Draco. Granger.
Il s’éloigne, se débat, agonise. Il est défiguré et elle a soudain envie de crier, mais le son reste coincé dans sa gorge avec un énième hoquet tandis que son pouls s’accélère. Granger qui le fustige, qui s’approche et l’autre silhouette… Lovegood. Elle cligne des yeux, avale sa salive, avale du verre pilé. Ce n’était pas une hallucination, Lovegood est en vie, c’était elle qu’elle a vu en accouchant… ou alors, Pansy a perdu la tête pour de bon. Elle secoue la tête, cherche à parler, à dire qu’elle peut aider. Combien de fois a-t-elle pansé les plaies de Draco ? Elle reste immobile pourtant, immobile jusqu’à faire l’effort monstrueux de se secouer. Sa voix tremble mais se veut sévère, elle ordonne simplement « Scorpius, viens ici » et puis un peu moins brusque, à peine parce qu’elle ne réalise pas vraiment la vivacité de son ton, la peur dans sa voix, elle ajoute « Aide-moi avec Briar, Papa m’a dit que tu savais la rassurer, la consoler ». Tout faire pour qu’il ne regarde pas, pour ne pas être tentée de regarder non plus, parce que déjà Draco s’écroule et elle laisse filer un gémissement terrifié avant de se reconcentrer sur le petit garçon, sur les deux enfants qui pleurent, sur ce bruit qui doit rendre tout le monde fou et attirer tous les patelins alentours. « Montre-moi, d’accord ? Violet a besoin d’être rassurée aussi. Tu peux faire ça, être fort pour elles ? »
26 MAI 03. « Stop sucking your thumb »
C’était surement la troisième fois en dix minutes qu’elle le reprenait, n’ayant pas souvenir que Draco le laissait faire. Surement une mauvaise habitude directement piquée au côté Greengrass. Elle soupira, tendant la main pour attraper le poignet du petit garçon, le retirer de devant sa bouche, se concentrant ensuite sur les deux petites filles devant elle. Installée dans un coin de ce qu’elle voulait qualifier de taudis – quand bien-même elle préférait garder le silence de peur de vexer la Granger, qui semblait attachée à l’endroit et s’avérait être utile à Draco – elle essayait de les occuper tout en veillant à ne pas trop réfléchir non plus. Elle ne pouvait pas relever le nez sans risquer de tomber sur Lovegood, pas certaine de vouloir comprendre ce qu’il se passait encore, parce qu’étrangement furieuse lorsque son cerveau commençait à mettre dans l’ordre les pièces de ce foutu puzzle. Son ventre était noué, angoisse, tension, fatigue, elle n’arrivait pas vraiment à respirer pleinement. Elle souffla un peu, remarquant que le petit garçon portait à nouveau son pouce à sa bouche. « Don’t do that, your teeth will be crooked and… » commença-t-elle, et puis elle fronça le nez, secouant légèrement la tête, ne terminant pas sa phrase. « You sounded just like your mother right then » souffla Narcissa, un peu plus loin et un rictus retroussa les lèvres de la brune tandis qu’elle mettait le doigt sur le relent de dégoût qui venait de la secouer, agacée d’être aussi facile à lire. • • •
Un pouce dans la bouche, l’autre main tendue à un angle étrange, son petit doigt formant un crochet autour de celui de Pansy, Scorpius dormait contre les jumelles. Elle avait cessé sa gueguerre inutile en sentant qu’il sombrait mais articulant difficilement, il avait réussi à lui faire faire une promesse. « Is daddy going to be okay ? » avait-il soufflé, « is everything going to be okay ? » avait-il ajouté avant qu’il ne puisse répondre et pendant un instant, elle avait manqué de répondre qu’elle n’en savait rien. Dans le chaos, dans l’incertitude, elle n’était pas fichue de savoir. « Your daddy is strong, sweety, so strong and so brave, so selfless, and he loves you so much, he’s never going to let anything stop him from seeing you grow up and become just as strong and brave » avait-elle répondu, s’approchant un peu pour le border, pour border ses filles, pour passer ses doigts dans les cheveux du petit garçon qui avait alors tendu sa main libre, présentant son auriculaire ajoutant un « Swear it ? » qui sonnait plus comme une réclamation qu’une question. Elle avait hésité et puis avait cédé, s’accrochant à l’idée qu’elle n’était pas en train de lui mentir. « I swear on Merlin. And Vivien too. On all the great wizards ! » avait-elle acquiescé, embrassant son front et ne quittant pas le chevet des trois gosses jetés dans ce foutoir sans nom.
27 MAI 03. Lorsqu’elle arrive enfin, échevelée parce qu’elle l’est tout le temps en ce moment et parce qu’elle s’est levée trop vite pour que le semblant de chignon qu’elle a pu faire ne tienne, elle tombe sur Granger qui s’affaire autour de Malfoy. Elle n’aime pas ça mais Draco lui a fait confiance, par manque de choix sans doute, mais la confiance est là. Toujours est-il qu’elle s’emporte, l’ancienne Gryffondor, qu’elle manque de le secouer et le houspille : « See what ? Malfoy, answer me for Merlin’s sake » et Pansy s’arrête net, dans l’embrasure de la porte, s’essuyant les mains sur le torchon qu’est devenu sa robe. « Qu’est-ce qu’il se passe, j’ai entendu des… » demande-t-elle, s’arrêtant net en voyant Draco à nouveau inconscient. En entendant sa voix, elle avait espéré tomber sur un instant de veille. Il lui manque. Il est juste là mais il lui manque et elle ne sait pas quoi faire. Elle a envie d’aller frapper les mains de Granger pour les éloigner de lui et se patiemment éponger son front en espérant trouver quoi faire. Elle reste pourtant immobile, elle soupire et Granger explique, la panique, les mouvements spastiques, les bribes incohérentes et terrifiée et le visage de Pansy s’éclaire pendant un moment, parce qu’elle sait quelque chose que Granger ne sait pas. Elle sait de qui il parlait, au moins. « That would be Nephtys. Shafiq. From Rotten Apple ? » lâche-t-elle, comme si c’était une évidence et puis toisant la sang-de-bourbe qui la regarde comme si elle était prête à lui enfoncer sa baguette dans un endroit qu’une sorcière de bonne famille ne peut mentionner, elle ajoute tout aussi vite : « Oh, right, you don’t know them. Hm. His cousin, she’s his cousin right ? » et d’un regard, elle cherche confirmation auprès de Narcissa, pas forcément convaincu de pourquoi il mentionne la Shafiq à présent. A défaut de savoir, elle balance tout ce qu’elle sait, parce qu’encore une fois, elle s’accroche bêtement à l’idée d’en connaître plus qu’Hermione. « She has the sight, too, and I’m pretty sure they were using her as a human crystal ball at some… » Elle se fait interrompre par des mouvements brusques, désordonnés, paniqués ? Elle a beau regarder Granger comme si cette dernière venait de subitement perdre la tête, l’insurgée ne s’arrête pas, lançant déjà des sorts à tout va. Dans le chaos, elle discerne presque une méthode pourtant, comme si dans son élan, l’ancienne Gryffondor montait un plan au fur et à mesure. Ce n’est pas assez pour Pansy, ceci dit, qui l’observe en sentant venir le tournis. « Why are you running around like a crazy person― » elle s'arrête net, regarde dans la direction de Lovegood, siffle d'un air mauvais « no offense » et puis de nouveau vers Hermione : « you’re making me dizzy » déjà agacée par l’impression de ne pas comprendre. Et puis l’impression d’être à nouveau dans cette foutue tente, à s’engueuler avec Granger à longueur de journée alors qu’elle voulait juste rentrer, loin de la crasse, du froid. « Parce qu’on doit donner l’impression qu’il est encore en mouvement, s’ils utilisent des voyants. » Elle sent qu’Hermione retient d’ajouter un surnom dégradant, dans ses explications. A la place, elle fonce sur Pansy, baguette tendue et lance un « Dehors. » autoritaire qui fait froncer les sourcils de la brune. Elle proteste, déjà, un « Mais ! » outré alors qu’elle se débat pour ne pas être attrapée par le bras et escortée loin de Draco par Granger. La peste trop souvent collée à Potter ajoute, pourtant, en insistant : « Dehors, à moins que tu veuilles te retrouver dans une potentielle vision, mais crois-moi t’es pas prête pour un gros plan, actuellement » et la mâchoire de Pansy chute, ses lèvres formant un ‘o’ scandalisé alors qu’elle se fait claquer la porte au nez, Hermione lançant déjà une multitude de sorts supplémentaire dans la pièce, des gerbes d’étincelles glissant sous le pan de bois séparant Pansy du lieu de convalescence de Draco. |
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10428
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| it was like when you make a move in chess and just as you take your finger off the piece, you see the mistake you've made, and there's this panic because you don't know yet the scale of disaster you've left yourself open to. 24 MAI 03. Entre elles, le silence. Seule une fine brise vient secouer les feuillages environnants, diffusant dans les airs un rythme assez désynchronisé pour chasser les dernières torpeurs nocturnes qui les enveloppent encore. Les yeux rivés vers le ciel, Luna n'a pas remarqué le regard d'acier qu'a planté Narcissa Malfoy sur elle depuis les dix dernières minutes. L'expression est à nouveau lunaire, plus irréelle que jamais. Mais sous les iris azurés, une drôle de nuance violine contraste avec le teint cireux de son visage. Elle suppose que c'est l'absence de tout masque qui lui donne cet air étrange. Elle suppose, elle s'en fiche, elle ne veut plus croiser son reflet dans le miroir pour l'instant. Luna avait sursauté quelques heures auparavant, devant sa moitié de miroir à double-sens : elle avait oublié que ce n'était plus le visage de Marie qui s'y refléterait désormais. Les souvenirs de la veille la hantent encore et si quelques jours auparavant, elle avait hésité à quitter les protections magiques de Poudlard, Luna est soulagée de ne plus être enfermée entre les murs de l'école sorcière. Elle se sentait bien plus libre ici et maintenant : Poudlard n'avait pas réussi à lui faire croire qu'elle était seule maîtresse de ses mouvements. « Tu es donc morte. – Tout aussi vivante que vous, Mrs Malfoy. » Lovegood entend son aînée inspirer profondément et du coin de l’œil, elle perçoit un mouvement : Narcissa hésite avant de lever la tête pour regarder dans la même direction qu'elle. « Draco a cette drôle d'habitude de faire tomber les personnes auxquelles il tient pour mieux les relever. » Si la mère de Malfoy se crispe un instant, elle ne dit rien et se contente de ne pas lâcher du regard les nuances multiples dont se pare le ciel. « Connaît-il une personne capable de faire de même pour lui ? » L'horizon s’éclaircit toujours, de plus en plus, l'aurore prête à céder sa place au jour. Mais c'est dans la toute dernière zone clair-obscure du plafond céleste qu’apparaît la forme que l'ancienne Serdaigle attend depuis son arrivée au cottage. « Oui, », lui souffle-t-elle sombrement tandis qu'elle enroule un pan de cape autour de son avant-bras, s'éloigne de quelques pas du siège ensorcelé sur lequel gravite Narcissa alors. C'est la première chose qu'elle avait remarqué en arrivant : la mère de Malfoy ne pouvait plus se tenir seule sur ses jambes. Son bras se courbe puis s'élève : elle est s'apprête à réceptionner la silhouette qui se fait de plus pressante dans le ciel. « Pour l'instant, c'est lui-même. », la voix éthérée de Lovegood s'éteint à l'instant même où Erlkönig déchire le silence d'un piaillement féroce et juste avant de fondre sur elle, il laisse tomber un paquet au sol. Elle grimace à peine en sentant les serres de l'hybride se planter dans son avant-bras : elle a déjà connu pire. Elle sait qu'elle connaîtra encore bien pire.
25 MAI 03. Erlkönig s'était envolé quelques minutes avant l'arrivée d'Hermione au cottage, ce jour-là. Quelques paroles échangées et, d'un seul regard, les deux sorcières avaient pris leur décision. Elles préféraient ne rien lui dire. Narcissa Malfoy se reposait toujours dans l'une des pièces adjacentes lorsque Hermione et elle s'installèrent dans le petit salon, thé et sandwichs pour dîner. Un peu plus tôt dans la soirée, tout en rangeant les vivres d'Hermione aux réserves amenées par l'ancienne Serdaigle, elles avaient discuté des alternatives possibles pour mettre la convalescente en sécurité. Sans jamais évoquer le visage retrouvé de Luna, ni même la raison qui les pousserait à emmener Narcissa à Poudlard si jamais Malfoy ne réapparaissait pas. Pas une fois. Les non-dits leur alourdissaient souvent le cœur comme ça. Aucune nouvelle de Malfoy n'avait filtrée, leur réseau d'informateurs ayant été tout aussi paralysé par les transmissions entre Poudlard et le monde extérieur que par le maelstrom chaotique provoqué par les décombres fumantes de Sainte-Mangouste. Certains disaient l'avoir entraperçu avant l'attaque des Belliqueux, d'autres pensaient qu'il avait été admis dans l'un des services de l'hôpital magique. Tout ce dont elles étaient certaines, c'était que personne ne l'avait jamais vu ressortir. Sur la petite table basse reposaient côte à côte leurs miroirs-jumeaux : celui d'Hermione pour les éventuelles pistes et les nouvelles émises depuis Poudlard, celui de Luna au cas où le jeune Mangemort tenterait de les joindre. Seuls les reflets bleus en gracièrent la surface. Sans aucune nouvelle de Draco, Hermione et elle avaient préféré ne rien dire à sa mère.
Peut-être était-ce la présence de Narcissa, ou bien le fait de devoir prendre soin de cette dernière, ou encore l'arrivée de Granger au cottage, mais l'inquiétude et les sensations de vertige constants qui rendaient Luna un peu plus ailleurs que d'ordinaire s'étaient envolées en fin d'après-midi. Ce changement seul avait suffi à rendre Luna moins inquiète, juste un peu ; elle s'était même permise de s'asseoir à l'envers dans le canapé. Les dossiers faisaient de meilleurs coussins pour ses jambes, telle fut l'excuse rationnelle qu'elle concéda à Granger en voyant son regard dubitatif. « S'il ne revient pas ici ? ». Les deux femmes s'étaient retournées en direction de Narcissa Malfoy lorsque cette dernière avait pénétré le salon. Hermione n'avait pas répondu de suite. De sa position inversée, Luna pouvait percevoir l'air renfermé qu'elle arborait alors, signe caractéristique qui indiquait que tous les rouages de Granger tournaient à plein régime. Le regard céruléen se reposa sur les feuillets qu'elle tenait nerveusement entre les mains. « Il reviendra, Mrs Malfoy. – Quel genre de créatures mythiques te fait croire cela ? – Aucune. Vous êtes ici. Il ne vous abandonnera pas ici. » Hermione lui avait jeté un regard incertain : elle aurait sans doute préféré entendre Luna invoquer l'une de ses théories abracadabrantes plutôt que d'user de ce ton si lointain et détaché. Je suis un hypocrite, Marie. Je suis désolé. « Luna ? Est-ce que ça va ? » Qui cherchait-elle à convaincre encore ? Qui était le plus hypocr... Les remords n'eurent pas le temps de s'infiltrer plus longtemps en elle : en moins d'une seconde, la sérénité et le calme du cottage volèrent en éclat.
Narcissa panique. Hermione ordonne. Pansy, Scorpius et les jumelles ont peur. Luna, elle, observe la forme de Malfoy à terre avant de poser un genou au sol. Elle se souvient de son propre réveil. Et combien tout faisait mal, faisait peur ; tout était incontrôlable. Il ne se contrôle pas. Pour Draco, elle se met alors à évoquer les animaux fantastiques. Pour Draco, elle oublie. Il a mal et c'est la seule chose à laquelle elle se raccroche pour s'empêcher de vomir tant ses propres douleurs passées remontent violemment à la surface de ses chairs. Elle n'a pas guéri, Luna, elle n'a pas vraiment guéri des tortures Rebuts derrière les traits de Marie. « Tu te souviens ? Les Vampires des Carpates ? Je suis certaine qu'ils t'ont fait suivre par des Libellariosiuas de Lituanie. Ce sont des cousins des Joncheruines… » Les sourcils blonds se froncent subitement et sa voix se fait alors plus ferme. « Laisse-nous passer. On a une potion pour t'aider. On peut tout arrêter. Laisse-nous passer, Draco Malfoy. » Le dôme s'amenuise, le dôme disparaît. Pour la première fois depuis le début de la guerre, elle se demande si elle en verrait un jour la fin. Et pour la première fois de sa vie, elle ne trouva aucun réconfort en pensant aux créatures de son enfance.
28 MAI 03. Elle avait pris la relève. Après de nombreuses heures passées sur le qui-vive la veille (à changer le décor de la chambre de Draco sans suivre la moindre logique, à préparer de nouveaux portoloins d'urgence si le pire devait arriver), Hermione s'était tournée vers elle pour la questionner du regard. De ses grands yeux bleus, Luna l'avait rassurée : tu peux y aller, je m'occupe d'eux. L'ancienne Serdaigle ne savait pas trop ce qui se tramait dans la tête de son amie ces derniers temps. Ce qu'elle savait, en revanche, c'était que le plus loin elle serait de Pansy, mieux Hermione se porterait.
Depuis qu'elle était partie, la baguette en bois de sorbier n'avait pas quitté la main de Luna une seule fois.
Elle avait pris la relève. Seule avec ses pensées, Luna Lovegood avait commencé à se demander où se trouvait sa place, désormais. Marie avait été une parenthèse, une ère aussi bénéfique que destructrice pour elle : un trou béant de plus d'une année et demie où elle s'était endormie de force, pour protéger ses deux amis. Pour se protéger, elle aussi. Luna avait été endormie. Changer les couleurs des murs et les meubles de place et de forme, créer des illusions à n'en plus finir, ne l'empêchait pas de penser qu'invariablement ici, dans ce cottage, tout commence et tout finit. Un mouvement et le regard de Lovegood quitte le vide. Sous cet angle, elle ne peut pas voir la joue mutilée de Malfoy mais elle la devine. Elle commence à peine à cicatriser et une seconde, Luna se demande combien de temps il mettrait à se remettre de toutes ces blessures. Il ne s'était pas réveillé assez longtemps pour que ses soigneurs de fortune estiment le temps, les potions et les onguents, nécessaires à sa guérison totale. Ses muscles se contractent, sa paume se pose à plat contre sa poitrine : il n'ira plus jamais bien. S'il est ici, c'est que Malfoy a atteint un point de non-retour, a dépassé une frontière qu'il ne pourra plus jamais franchir. Il ne peut plus faire machine arrière. Elle le sait, Luna, sa mort présumée avait été son point de non-retour à elle. Il n'ira plus jamais bien, elle le sait, elle est sortie de ses parenthèses : elle ne se sent pas bien elle-même. Sous les draps, la masse informe de son ami s'élève et s'abaisse au rythme d'une respiration capricieuse. Elle chasse les doutes et les inquiétudes en s'enfonçant un peu plus loin sous la capuche de son sweat-shirt. Assise à même le sol, le dos appuyé contre le mur, Luna met un long moment avant de trouver une position assez confortable pour reprendre sa lecture. Elle aurait pu s'asseoir sur le siège qui la flanque sur sa droite mais Luna préfère être à la même hauteur que Malfoy pour s'assurer qu'il allait bien. Elle avait toujours préféré être à la même hauteur que lui.
Draco Malfoy ne s'était jamais élevé pour lui-même. Toujours à cause des autres ou pour les autres. Ce n'était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière. De cette logique-ci, elle en était sure. Alors Luna Lovegood avait préféré prendre la relève. Ce n'était pas la première fois, ce ne serait pas la dernière. De cette habitude-là, elle en était certaine. « Si tu pouvais remonter dans le temps, tu ferais quoi ? », questionne-t-elle subitement de sa voix rêveuse, tout en repliant l'un des feuillets à fines lignes en quatre avant de s'emparer du suivant : celui en date du douze avril. « Moi, je mangerais une glace et des s'mores. Je demanderais au docker le musée des Beatles plutôt que celui des Batailles. Je t'aurais demandé de venir avec nous plutôt que de t'offrir le miroir. J'aurais demandé à Daddy de ne pas partir là-bas. » Luna dodeline de la tête avant de planter finalement son regard dans celui de Malfoy : elle ne paraît absolument pas surprise de le voir éveillé. « Je lui aurais demandé de venir plutôt que de repartir seule. » Un large sourire lui étire les lèvres et c'est sans décroiser les jambes qu'elle se tourne de façon habile pour lui faire face. « Tu ressembles plus que jamais à un Inferius, Draco. » Elle se sent mal de le voir dans cet état mais son visage ne se pare de rien d'autre que de son expression lunaire, de son véritable visage irréel. « Je ne le ferais pas entrer dans la pièce mais P. est souvent venue me demander de tes nouvelles. Tu veux que je la fasse venir ? » Luna ne sait pas trop si Draco est en état de la comprendre mais après avoir récupéré et essoré un linge humide, elle espère que l'humidité apposée contre son front soit suffisante pour le maintenir conscient. Le revers de main délicatement posé sur la joue saine, elle s'assure que sa température continue de baisser avec les heures de sommeil et les soins constants. « Et elle - », ta mère, « - s'inquiète beaucoup pour toi, aussi. », elle préfère restée cryptique, Luna, elle ne sait pas à quel degré de précision sont les visions de la voyante qui le talonne depuis sa fuite. D'un geste leste, elle rabat les bords de sa capuche par-dessus ses épaules et révèle ainsi la couronne de fleurs qu'elle s'est tressée dans l'après-midi, cette dernière tenant plus que jamais en équilibre sur sa tête. Du bout des doigts, elle la replace correctement mais ne prend pas la peine de sortir le restant de sa chevelure de sous l'épaisseur du vêtement moldu : elle trouve que le polynectar les a rendu bien ternes avec le temps. Elle se fiche complètement des voyants, Luna, maintenant. Ils peuvent bien la voir, ce ne sont plus les Mangemorts sa plus grande hantise, dorénavant.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
It's so hard to feel alive when you barely open your eyes. I lost my way so long ago. The nights hurt like hell. Living in this slumber, the darkest times have pulled me under ground. 25 MAI AU ... & DRACO, LUNA, HERMIONE, PANSY ft. PNJ 26 MAI 03. « Draco- » Vague d’angoisse et nœuds de tourments, parenthèse dans le temps. Entre deux phases de sommeil il a roulé du matelas, la peur au ventre, et s’est traîné à l’extérieur. A cause d’un cauchemar. Ou était-ce réel ? Il a vu des monstres s’amasser autour d’eux et les briser de leurs baguettes, et son âme hurle. Il ne veut plus le revivre, il ne veut plus, mais surtout – il ne peut permettre que son fils subisse un tel sort. Il sait qu’il s’est écorché, amoché, que ses pieds dérapent sur le tapis de feuilles boueuses et que ses jambes flasques le lâchent encore et encore. Il sait mais va de l’avant, oublieux de la sœur, de l’amie qui le poursuit. « Draco, laisse-moi te soigner », qu’elle sanglote, mais il ne peut pas, il ne peut pas s’arrêter. Ses sens troubles cherchent les limites des protections magiques et l’alarme qui résonne dans son esprit lui beugle de les renforcer. Mais les sorts lui échappent. Il est fébrile et inutile et une honte pour son nom, pourtant il ne peut se permettre de rebrousser chemin. S’il abandonne, ils sont tous morts – il en est si certain qu’il ne s’aperçoit même de combien il déraisonne, prisonnier d’une crise de panique. Ils vont les retrouver – c’est la litanie qui l’assassine. Il trébuche et Pansy est près de lui, mais il se hait si fort, il voudrait qu’elle s’éloigne. « Draco, montre-moi… » « Non ! ». Et le sang qui jaillit éclabousse, salit, souille tout ce qu’il a accompli dans sa piètre existence. Ne regarde pas, supplie-t-il muettement. N’y touche pas. Ce visage ce n’est pas lui, ces blessures, ce corps, il les rejette, il les hait tellement.
28 MAI 03. « Si tu pouvais remonter dans le temps, tu ferais quoi ? » Ses prunelles se déplacent sous ses paupières closes. Les phases de délires dues aux différents accidents, aux potions et à la fièvre s’accompagnent de cauchemars dès lors qu’il est happé par un sommeil agité, à la fois réparateur et déboussolant. Mais il ne peut y résister – son esprit sombre fréquemment, malgré ses efforts pour s’arracher à cet état cathartique déstabilisant. A l’heure actuelle, il est englué dans cette phase étrange et déplaisante entre éveil et inconscience ; alerte sans avoir émergé. Les mots de Lovegood tourbillonnent et imprègnent ses synapses, ils l’emportent dans un dangereux tourbillon de Et si ? – S’il était lui-même, il l’éviterait comme la dragoncelle, comme il s’est toujours appliqué à le faire jusqu’à présent. Les regrets rongent et tourmentent, les espoirs concernant un passé révolu empêchent d’aller de l’avant. Ils s’accompagnent inévitablement, surtout, d’une introspection potentiellement destructrice. Mais Malfoy se surprend à songer que s’il pouvait remonter dans le temps, nombre de ses décisions seraient différentes. Il ne sait pas, cependant, si Lovegood serait satisfaite de son raisonnement. Car il n’est pas certain que rajuster ses calculs et ses actes passés feraient de lui une meilleure personne. Il ne sait même pas, à vrai dire, ce que c’est qu’être une bonne personne ; tout dépend de l’œil qui contemple. Peut-être aurait-il épousé Astoria après l’avoir découverte enceinte. Ou peut-être ne l’aurait-il pas engrossée, pour commencer. Peut-être n’aurait-il pas désarmé Dumbledore. Ou peut-être l’aurait-il fait, en prenant soin de s’emparer de sa baguette immédiatement après que Snape l’ait achevé. La Baguette du Pouvoir. La Baguette de Sureau (il caresse en pensée cette arme redoutable et se languit d’elle sans l’avoir jamais tout à fait possédée. L’attrait est terrible, tenace, comme une force invisible à présent qu’il est conscient de son existence, et il frémit de se découvrir si attaché alors que- non. Non. Elle l’a déjà rejeté de toute façon, qu’il se souvient avec aigreur). Peut-être aurait-il dénoncé Potter au Manoir, peut-être aurait-il fait de son mieux pour devenir un bras droit du Maître ; un indispensable. Ou pas. Peut-être aurait-il passé avec Granger un marché de dupe, espérant que la vendre au Lord épargnerait sa mère. Ou peut-être se serait-il jeté sur Nagini, quitte à mourir, pour l’éventrer et lacérer ses anneaux infectes, lui arracher les crocs et l’achever avec, avant de lui laisser la moindre chance de se repaître du sang si pur de sa génitrice. Peut-être serait-il mort en essayant. Peut-être aurait-il retenu Blaise. Ou lui aurait-il barré le passage le soir où il s’est frayé un chemin entre les draps de Pan. Peut-être aurait-il convaincu Nyssandra de ne pas assister aux exécutions. Peut-être aurait-il tué Susanna de ses mains. Ou peut-être l’aurait-il suivie pour dénicher Weasel et le livrer au Lord, travestissant la mémoire et les souvenirs de son ancienne maîtresse pour lui faire oublier ce sale rat, la convaincre de revenir vers lui, lui, lui. Peut-être aurait-il pu vivre heureux avec elle, vie de mensonge. Il n’a rien contre une vie de mensonges, Draco. Le mensonge est plus confortable que la dure réalité qu’il affronte aujourd’hui. Peut-être aurait-il laissé mourir Lovegood, dans sa cellule, pour s’épargner les tracas liés à sa libération. Ou peut-être aurait-il cherché un moyen de la sauver sans la détruire – détail dont il ne se souciait guère alors et qu’il se surprend à regretter à présent. Peut-être, peut-être, peut-être. Il ne sait rien, si ce n’est que réécrire l’histoire tout en connaissant quelques sordides aspects de l’avenir l’aurait probablement poussé à faire des choix pires que ceux qui l’ont conduit ici. Il aurait voulu être plus entier, d’une manière ou d’une autre : être infaillible auprès du Lord afin de protéger ses proches, ou conduire activement à la mort de ce monstre afin de protéger ses proches, ou fuir l’Angleterre avec ses proches – pour… eh bien, les protéger. Un sacré nombre d’expatriés, que ça aurait fait. Alors il ne sait pas, Draco. Sa haine des insurgés est encore intacte et il ne voit aucune alternative, aucune échappée. Seulement toujours plus de dilemmes, de problèmes. Et si il réécrivait l’histoire, alors les plus belles facettes de leurs erreurs à tous seraient gommées comme un château de sable. Scorpius. Les jumelles. Et cette étrange relation, entente, grâce à laquelle il a pu compter sur quelqu’un pour cacher sa mère, en plus d’avoir quelqu’un vers qui se tourner après sa chute. C’est une note sucrée à travers cette marée d’amertume, mine de rien ; l’impression d’avoir fait quelques choix contestables mais judicieux, et d’avoir surveillé ses arrières, même si malgré lui. S’il tait ses réponses, Lovegood lui fait part des siennes. Et Draco se retient de lui dire que sans la mort de son père, ils ne seraient pas tous deux là, à l’heure actuelle. Que si elle lui avait offert de la rejoindre, il aurait refusé sans même étudier cette folle offre. Qu’il a refusé de suivre Zabini, son frère, sa moitié, et que personne d’autre n’aurait été apte à le pousser à la rébellion. Il se retient de lui dire qu’il n’est pas ce qu’elle croit. Qu’il n’est pas quelqu’un de bien selon ses critères à elle. Qu’il n’aurait jamais déserté si le Lord lui-même ne l’y avait forcé. Qu’il préférerait le confort de son manoir et sa famille réunie, s’il avait eu le choix. Mais qu’on ne le lui a jamais laissé, ce choix. Qu’il n’y a pas de bonne réponse quand on se doit d’opter entre une vie de cavale en compagnie de personnes qu’on exècre ou une existence à baigner dans le luxe en regardant ses proches se tordre de douleur. Qu’il ne la rejoindra pas, car s’il fraternise avec elle, il se refuse à côtoyer les sorciers insipides aux côtés desquels elle se bat. « Je lui aurais demandé de venir plutôt que de repartir seule. » Il fronce légèrement les sourcils, ne sachant de qui elle parle, puis relaxe les traits de son visage pour prétendre n’en avoir que faire. Mais les limbes menacent de l’engloutir de nouveau et, de panique, il s’oblige à entrouvrir les paupières pour échapper aux toiles d’horreur que tisse son imaginaire. Lovegood, elle sourit largement, et il ne peut s’empêcher de penser qu’il préfère ce visage à celui de Marie. Elle est dérangée, mais plus… elle. « Tu ressembles plus que jamais à un Inferius, Draco. » Froisser les muscles de son visage en un rictus mauvais (fatigué), en réponse, requiert plus d’énergie qu’il ne l’aurait soupçonné. Il tente de parler, mais sa gorge est sèche et n’exhale qu’une râle rauque, et ses lèvres refusent de former des mots clairs, sa mâchoire et ses muscles malmenés rechignent à coopérer. Mais – « (…) P. est souvent venue me demander de tes nouvelles. Tu veux que je la fasse venir ? » Sa main se crispe sur les draps rêches en une réponse muette, cherchent la main de Lovegood et, glacée, presse cette source de chaleur de lui offrir le réconfort que seule Pansy peut lui prodiguer. Il veut la voir. Voir son fils. Merlin, le manque est lancinant ; déboussolé, il est terrassé par le besoin de les retrouver. Ses repères. « Et elle s'inquiète beaucoup pour toi, aussi. » Le message est crypté mais le regard explicite – Draco a tout juste le temps de détourner le regard, incapable de déterminer si cette précaution suffirait à l’exclure d’une potentielle vision. Incapable de déterminer s’il y pense par souci pour lui-même, ne voulant rajouter un nouveau tort à la liste des reproches que lui impute le gouvernement ; ou s’il y pense par souci pour elle, préférant qu’elle bénéficie encore de l’anonymat rassurant qui l’éloigne des radars.
29 MAI 03. Quelque chose est différent aujourd’hui. Il n’est pas bien, mais il est stable. Vision moins floutée, corps un tant soit peu revigoré. Il a attendu que la pièce soit désertée pour le tester, l’éprouver. Et rassembler les pans du plan qui s’est formé dans son esprit durant ses éveils. Il doit partir. Rester les met tous en danger – Cissy, Pansy, les enfants, Granger. Avec réticence il songe aux mains attentionnées qu’elle a apposées sur son corps tuméfié et au pli soucieux de son front. Et qu’il a honte, qu’il s’en veut d’avoir été faible face à elle. Il s’attend encore au moment où elle le narguera, transformera la faiblesse en arme. Fuck. Et pourtant c’est un peu pour elle qu’il s’en va. Pas juste à cause – mais pour. Pour ne pas causer sa perte. Un peu. Il y a ce parchemin qui traine, coincé entre deux lattes, sous une commode éventrée. Il l’a repéré plus tôt, met la main dessus à présent, malgré le dégoût – c’est sâle, mais lui-même n’est guère en excellent état. Il lui faut s’y reprendre à deux fois pour parvenir à faire apparaître une plume ; ce n’est pas un formidable acte de magie et il panique un peu de se découvrir si incompétent (minable, minable, minable) mais se secoue en se convainquant que sa magie est seulement un peu rouillée. Sur le papier, il note une promesse. Assure qu’il reviendra tous les trois jours. Une ligne en guise d’au revoir – et il hésite. Ajoute « sois sage », à l’attention de Scorpius. Espère qu’ils sauront deviner qu’il les aime, car il est incapable de le formuler. Et telle une ombre, sa présence tempérée par un sortilège de désillusion, Draco se faufile hors de la ruine qui leur serre d’abri. Il ne sait pas exactement où il se rend, est conscient que la plupart des lieux qu’il connait et fréquente sont désormais inaccessibles, bien connus de ses connaissances et du gouvernement. Il songe à apparaître à des endroits où on pourrait le reconnaitre, pour semer de faux indices avant de disparaître de nouveau. Mais ce recours doit être occasionnel – il ne peut se permettre une confrontation. Pas en état. Il est agité, Draco. Parce qu’il a rarement suivi un plan si flou – il y avait toujours une ligne de conduite à laquelle se fier, mais à présent… ? Le craquement de branches qui retentit derrière le prend de court, et il maudit ses réflexes trop émoussés tandis qu’il se retourne, baguette au poing. Lovegood. Il ne sait pas s’il est soulagé qu’il s’agisse d’elle, ou contrarié d’avoir été repéré. Il opte pour la contrariété et son visage se redécoupe en fonction de cette émotion. Ça le perturbe, combien ses réactions sont… tout sauf naturelles, en sa présence. Comme s’il ne sait plus trop s’il a le droit de s’en tenir à ses anciens travers, maintenir la distance. Mais une part de lui a étrangement honte lorsqu’il agit ainsi vis-à-vis d’ elle – et surgissent alors les montagnes de questions et de doutes. Ça ne lui plait pas. « N’essaie pas de m’arrêter. » C’est un avertissement suffisamment limpide, à son sens. Alors il se détourne, trop dépourvu d’énergie pour se permettre d’en gaspiller en vains débats. Mais au fur et à mesure de son avancée, Draco se crispe. Jette des coups d’œil furieux par-dessus son épaule. Elle est encore là, Lovegood. Elle le talonne, au lieu de rebrousser chemin. « A quoi tu joues ? » qu’il grince entre ses dents. Et il espère que tout, de son timbre teinté d’agacement à la raideur de ses membres, lui fera comprendre que même le poursuivre sur un ou (même) trente miles ne suffira pas à le dissuader de s’en aller. |
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10428
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| it was like when you make a move in chess and just as you take your finger off the piece, you see the mistake you've made, and there's this panic because you don't know yet the scale of disaster you've left yourself open to. 29 MAI 03. Le pouce et le majeur continuaient de faire tourner tranquillement le dé de couture qu'elle portait au bout de son index depuis une paire d'heures, sans qu'elle n'y jette le moindre coup d’œil. Et le volte-face de Draco ne la fit même pas sursauter. Ses deux grands yeux bleus écarquillés, elle se demandait bien la raison d'un tel revirement de situation : après tout, cela faisait plus d'une dizaine de minutes qu'elle le suivait tranquillement sans que sa présence ne soit remarquée par le jeune homme. Le craquement boisé avait effectivement échappé à sa conscience. « N'essaie pas de m'arrêter. » Tranquille, un sourire étira les lèvres de l'ancienne Serdaigle tandis qu'elle reprenait son avancée à la suite de Malfoy. Non, elle ne compte absolument pas l'arrêter. Cette idée lui semblait absurde et contre-productive : ce serait gâcher tout le mal qu'il s'était donné pour quitter le cottage sans qu'aucune des sorcières présentes ne s'en rende compte. Luna ne fait pas attention aux regards irrités qu'il lui jette à intervalles réguliers.
Cela faisait très longtemps qu'elle n'y prêtait plus attention, à dire vrai. Luna Lovegood n'était pas le genre de sorcière qui faisait tout pour changer le monde ou les êtres qui le peuplaient. La différence, elle avait appris à l'accepter et agissait donc en conséquence : elle savait, par exemple, que Pansy pouvait être cruelle verbalement mais elle savait aussi qu'elle l'aurait toujours aidée à Poudlard une fois les dos tournés. Elle savait que Draco pouvait être fondamentalement cruel mais elle savait aussi que c'était la seule manière qu'il connaissait pour se protéger lui-même. « A quoi tu joues ? » Il avait assez pris soin d'elle lorsqu'elle était enfermée à Malfoy's Manor pour ne pas être assurée que jamais il ne lui ferait de mal de son plein gré. « Parce que tu joues à quelque chose ? », lâcha-t-elle subitement, sa voix éthérée à peine ennuyée par son étonnement. « Je trouvais étrange que tu quittes le cottage comme ça, aussi. », comme ça ici, voulait dire qu'il était parti clandestinement, sans provision, sans même une parole : il s'était enfui, tout bonnement, pour jouer ? Elle lui jeta un regard soupçonneux avant d'hausser les épaules : l'hypothèse lui semblait peu probable mais si c'était l'excuse qu'il lui donnait, pourquoi le contredire... Son intuition l'avait juste poussée à le suivre sans y réfléchir à deux fois. Et heureusement : il ne devait pas avoir retrouvé toute sa tête.
Son regard balayait les environs avec précision et méthode, toujours sur le qui-vive, tandis qu'elle lui emboîtait toujours le pas, se demandant un instant si elle avait pensé à prendre son miroir à double-sens avec elle. Mais pas le temps de vérifier que déjà, sa main droite se levait pour montrer au regard acier le dé qui lui graciait toujours la phalange. Ce n'était pas sur l'objet de couture qu'elle tentait d'attirer l'attention du sorcier alors, d'un mouvement de tête, elle lui indiqua la manche de sa veste en jean. « Tu devrais peut-être ranger ta baguette magique à portée de main. C'est impératif de pouvoir réagir rapidement, tu as raison. Mais c'est vital de passer inaperçu. » et de la main gauche, elle lui tend le sweat-shirt qu'elle avait choisi un peu au hasard avant de quitter le cottage à son tour. La veille, rêveusement, elle avait souri à Hermione lorsque cette dernière avait déballé les différents rechanges qu'elle avait sélectionné pour aider Draco à se fondre dans la masse une fois rétabli. Tous moldus, tous un peu usés, mais tous étaient en parfait état. Et même si les rebelles avaient très certainement une définition bien différente du parfait état de celle de Draco Malfoy, cela semblait ne faire aucun doute qu'Hermione avait rapporté les meilleures pièces de leurs stocks de vêtements.
Quelques enjambées de plus et les pas de Luna se calquèrent minutieusement à ceux du sorcier (question d'illusion sonore), le bras droit de nouveau le long de son flanc tandis que le gauche continuait de lui présenter le vêtement moldu, attendant patiemment qu'il s'en empare (question de pragmatisme). « Où allons-nous ? » Si son expression restait fidèle à elle-même, sa voix, elle, ne souffrait aucune hésitation, ni même un refus quelconque de la part de son ami. Il était hors de question qu'elle rebrousse chemin et le laisse errer seul alors que voyants, râfleurs et autres mangemorts le recherchaient activement. Il n'avait même pas réussi à remarquer la simple présence de Lovegood : il était clair, même pour elle, que ses chances de pouvoir survivre seul étaient quelque peu compromises. Légèrement, elle tourna la tête dans sa direction, l'un de ses sourcils légèrement arqué dans l'attente de sa réponse. Ce n'était pas un simple retour de faveur qu'elle faisait là : Luna avait toujours été vouée à le maintenir en vie, à un moment ou à un autre, quoiqu'il en dise ou pense. Tout en pensant à Narcissa, Pansy et aux enfants restés au cottage, se faisant très certainement un sang d'encre à l'heure qu'il était, Luna se fit une promesse. Il l'avait aidée à survivre lorsqu'elle était prisonnière, elle lui apprendrait à survivre en fuite.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
It's so hard to feel alive when you barely open your eyes. I lost my way so long ago. The nights hurt like hell. Living in this slumber, the darkest times have pulled me under ground. 25 MAI AU ... & DRACO, LUNA, HERMIONE, PANSY ft. PNJ La réponse qu’elle lui sert lui tire un grincement de dents et fait enfler une boule de nerfs au creux de sa cage thoracique – mais l’élancement dont il écope a tôt fait de le rappeler à l’ordre. Crispé, Draco relaxe sa mâchoire inférieure, la déplace précautionneusement de droite à gauche. Ça tiraille, là où la joue se reconstitue lentement, en laissant en lieu et place de l’épiderme arraché une couche de peau neuve, lisse et fragile, prête à céder au moindre effleurement. « Not your damn business », qu’il rétorque lorsque Lovegood souligne l’étrangeté de sa fugue. Il était certain d’avoir été discret au possible, et n’avait laissé derrière lui qu’un bout de parchemin indiquant qu’il s’efforcerait de repasser régulièrement. Tous les deux ou trois jours, au maximum. Et pourtant la voilà, sur ses traces, à mettre son projet en péril. S’il fait marche-arrière maintenant, le temps de se débarrasser d’elle, Pansy sera sur ses gardes et ne lui laissera pas une nouvelle occasion de disparaître seul. Loin de se démonter ou de s’offusquer cependant de sa rebuffade, Lovegood se fend d’un conseil qui pique l’orgueil de Malfoy. « Je suis parfaitement apte à m’en sortir par moi-même. Nul besoin des recommandations d’une ex-prisonnière », claque-t-il, sentant enfler l’impatience. Il n’a pas le temps pour ça. Elle le sait pourtant – les risques encourus, elle les a entendus mentionner durant la convalescence de Draco. Evoquer son ancien statut est un coup-bas, mais son regard défiant assume la remarque. Bien qu’à contrecœur, il pourrait s’avouer que l’avoir de nouveau à ses côtés a quelque chose de déconcertant et de rassurant à la fois. Loony a, après tout, été une alliée inattendue tout au long des dernières années. Mais l’heure n’est pas à un sentimentalisme déplacé. « Où allons-nous ? » « We don’t go anywere », s’insurge-t-il, mais elle lui flanque un torchon sous le nez comme si de rien n’était. « What the hell is that ? » Les doigts habiles de la jeune femme déplient ce qui semble être un vêtement, mais Draco ne fait pas un mouvement pour s’en saisir. Au contraire, il lui sert une moue dédaigneuse. « Si tu es là dans l’intention de me materner, tu as misé sur le mauvais sombral. Je voyage seul. » Il redresse la colonne, martèle les mots, et son ton est pressant, refusant toute contradiction. Il se refuse à la laisser se jeter dans la gueule du nundu en courant l’Angleterre aux côtés d’un condamné à mort. Sa place est au cottage, ou à Poudlard, ou peu importe l’endroit où errent actuellement les fugitifs avec lesquels elle a l’habitude de se déplacer. Et il n’est pas question qu’il revienne sur cette décision.
30 MAI 03. Elle est encore là. Sur ses talons. Remarquablement silencieuse – s’il n’était pas au fait de sa présence, Draco n’aurait pas entendu ses pas froisser le tapis de verdure qui s’étire sous leurs pieds ; il est englué dans une léthargie qui atténue ses réflexes, manque de trébucher souvent, serre les poings à l’idée qu’elle soit témoin de ses instants de faiblesse. Ce sont les potions, ingurgitées à fortes doses, et leurs stupides effets secondaires qui se manifestent, indésirables. Même les regards furieux qu’il lui adresse de temps à autres par-dessus son épaule sont sévèrement altérés par ses yeux injectés de sang et ses cernes de deux pieds de long, raison pour laquelle il a opté pour l’ignorance, pure et simple. Lorsqu’ils atteignent leur destination, dans un silence pesant, Draco sent néanmoins s’apaiser son agacement. Il sent, parce qu’il y est attentif, les sorts de protection qui chargent l’air d’énergie, de magie. C’est puissant au point de devenir presque palpable au fur et à mesure qu’il se rapproche, flanqué de sa partenaire imposée. Lorsqu’il s’arrête, sens à l’affût, il adresse la parole à Lovegood pour la première fois depuis des heures. « N’avance pas plus. » Sa baguette s’élève et tâte l’air, cherchant les nœuds typiques des barrières. Loin d’être spécialisé dans le domaine, il n’escompte pas les défaire – il tient à la vie. Ses ambitions sont plutôt de les franchir en misant sur les informations offertes par Simon. D’un geste net et précis, dépourvu d’hésitation, il s’ouvre la paume et use du sang écoulé pour tracer des symboles qui figent brièvement le liquide vitale dans l’air avant de s’évaporer telle une fumée inconsistante. « Magie du sang », explicite-t-il brièvement, franchissant un portail invisible pour disparaître à l’intérieur des frontières d’une propriété invisible à l’œil nu. Son exploration en solitaire se prolonge de longues minutes, mais ce n’est qu’une question de précautions. Suspicieux, il s’assure que la résidence est aussi infréquentée que promis, teste les barrières et les compare à ce qu’il a vu du cottage. Le niveau est tout autre – irréprochable, solide ; il ne s’agit pas d’une simple planque, mais d’une véritable forteresse, et le soulagement qui l’étreint est si intense qu’il lui coupe les jambes. L’espace d’un instant, Draco se permet de flancher. Mais la réalité le rattrape presque aussitôt, et il s’empresse de revenir jusqu’à Lovegood, un pli soucieux lui barrant de nouveau le front. « Puisque tu es là », entame-t-il en se passant une main sur la nuque, le mouvement trahissant la nervosité que cache son ton bourru, « autant que tu sois utile. » D’un mouvement de bras, il l’invite à l’intérieur. « Donne-toi la peine d’entrer. » L’invitation formelle est prononcée gracieusement, dans le but évident d’influencer les barrières ; et lorsqu’elle parvient à les prononcer sans peine, il exhale l’air qu’il n’avait pas eu conscience de retenir. Hoche la tête, satisfait, et l’entraîne aussitôt à l’extérieur, scellant le lieu derrière lui pour ne laisser aucune faille à la disposition d’un quelconque intrus. Et de nouveau le silence. Cette fois, son pas est plus vif. Satisfaction et excitation s’entremêlent tandis qu’il met de la distance entre sa découverte et eux, cherchant un lieu sécuritaire d’où Transplaner. Ce n’est qu’une fois à des miles de là qu’il accorde enfin un semblant d’explication à la jeune femme. « Le refuge n’est plus sécuritaire. Il en fallait un autre, impénétrable. » Son regard appuyé évoque l’obligation d’en dire un minimum : s’il est aussi épié qu’il le pense, il ne peut se permettre de trop en dire ou en montrer. De mentionner précisément un cottage, une résidence familiale ; mais il suppose qu’elle sera apte à le déduire, et à comprendre l’essai de tout à l’heure : si la magie du sang lui offre un passage, elle en fera de même pour Narcissa. Et si une invitation formelle de sa part a permis l’accès à une étrangère, Pansy pourra elle aussi en bénéficier une fois la même offre formulée par Cissy. « Il me faut un portoloin menant vers elles », signale-t-il dans le but de lui confier ladite tâche, s’accroupissant pour chercher lui aussi un objet à transformer – menant, cette fois, à la demeure des Rosier. « De quoi leur faire parvenir un moyen d’accéder à leur nouvelle destination. » Retourner si tôt auprès de sa famille serait un risque inutile. Il préfère leur faire parvenir l’information à distance, accompagnée d’un bref mot préparé avant son départ pour le cas où ses projets se concrétiseraient. Le message est attaché au portoloin non-activé et expédié par celui qu’il déclenche. Une étape de franchie, qui le soulage d’un poids conséquent. Draco jette à Lovegood un coup d’œil en coin, hésitant. Il n’est certainement pas prêt de l’avouer, mais il oscille encore entre le mécontentement et la satisfaction, à l’idée de ne pas être seul. Mal à l’aise, il se racle la gorge et tente d’enterrer la baguette de guerre. « Ces… fripes que tu me proposais tout à l’heure – » il s’interrompt, shoote de la pointe du pied un caillou et s’oblige à se résoudre à troquer sa robe de sorcier souiller contre la tenue moldue – « je reconnais qu’elle pourrait être utile. » Il hausse les épaules, feignant le détachement, mais tend tout de même la main pour accepter l’offre, à retardement. Un moyen bien à lui d’exprimer les merci et autres s’il te plait qu’il est infoutu de prononcer correctement.
Dernière édition par Draco Malfoy le Mar 13 Sep 2016 - 4:05, édité 1 fois |
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
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‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10428
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| it was like when you make a move in chess and just as you take your finger off the piece, you see the mistake you've made, and there's this panic because you don't know yet the scale of disaster you've left yourself open to. Luna s'était éloignée de quelques mètres, laissant à Draco la tranquillité nécessaire pour fignoler les derniers détails de son plan. Chaque nouveau pas était une occasion pour étirer ses membres endoloris ; Luna fronçait toujours des sourcils lorsque ses articulations émettaient une nouvelle plainte. En revanche, son esprit était bien plus tranquille maintenant qu'au début de leur randonnée improvisée. Le simple fait que Draco ait communiqué avec elle la rassurait bien plus qu'elle ne l'aurait pensé : elle ne craignait plus autant de le voir lui fausser compagnie, dorénavant. « Ces fripes que tu me proposais tout à l'heure... ». Du coin de l’œil, Lovegood observait minutieusement Malfoy, arquant à peine le sourcil lorsqu'il envoya une pierre valser un peu plus loin – sans doute avait-elle pris l'habitude de le voir agir bizarrement plutôt que de l'entendre parler, maintenant. « - je reconnais qu’elle pourrait être utile. » Si le sourire qui illumine le visage de Luna vaut son pesant de gratitude, sa voix enrouée par les longues heures de silence résonne joyeusement jusqu'à lui. « Je peux lui faire prendre les couleurs de Slytherin, si tu veux. »
30th may Le crépitement des braises avait toujours eu quelque chose d'apaisant et de réconfortant pour Luna. En plus de les trouver belles, elles lui rappelaient les nombreux voyages de son enfance et les bras de ses parents. Calmes et douces, Lovegood avait longtemps pensé (continuait de penser) que les flammes chantaient les plus belles berceuses du monde. Les joues rougies par les dernières lueurs du feu de camp, elle sentait ses paupières devenir lourdes, lourdes, lourdes... jusqu'à ce qu'un gémissement douloureux, accompagné d'un brusque mouvement de recul, n'attire son attention ensommeillée. Draco lui tournait ostensiblement le dos, dérobant à sa vue un peu trop curieuse ce qu'il était en train de faire. En apercevant les fioles au sol, un éclair de compréhension la traversa de part en part : il était en train de prendre soin de sa joue meurtrie. La voix rêveuse s'éleva lentement dans les airs : « Tu veux de l'aide ? » Il ne lui répondit pas mais elle savait qu'il l'avait entendue : il s'était crispé entièrement. Peut-être attendait-il qu'elle retourne au pays des rêves, dans ses pensées fantasques, ou toute autre activité inutile qui la maintenait éveillée depuis qu'ils avaient établi leur campement de fortune – autrement dit, elle ne cessait pas de triturer cette chaîne bien trop longue qu'elle gardait cachée sous ses vêtements le jour. Elle l'avait pris sur le fait une heure plus tôt : il avait paru étonné de la voir redevenir totalement elle-même au simple contact de ces pendants hétéroclites, état second et lunaire en prime du sourire idiot qui lui étirait les lèvres. Pour tout dire, elle le touchait plus que d'ordinaire, cette chaine. Lorsqu'il lui prenait l'envie de parler, étrangement respectueuse du désir de Draco de garder le silence, elle portait à ses lèvres le petit sifflet à la place et y expirait le plus longtemps possible, relevant les yeux vers le ciel lorsque le manque d'oxygène se faisait ressentir. Elle paraissait toujours déçue lorsque l'envie la reprenait de nouveau et qu'elle devait réitérer le processus pour garder ses remarques pour elle, ne semblant jamais trouver ce qu'elle cherchait dans les nuages. Si le blond avait failli l'étriper la première fois qu'il l'avait vue faire (« Tu veux nous faire repérer ou quoi? »), il cachait au mieux son inquiétude pour elle, les fois où il s'assurait qu'elle le suivait toujours d'un regard jeté par-dessus l'épaule. Il faisait de son possible pour ne rien laisser paraître depuis longtemps, Draco. C'est en pensant à ça plutôt qu'à un certain plumage émeraude que Luna laissa retomber le collier sur sa poitrine, se débarrassant difficilement de sa cape-couverture pour le rejoindre. Un frisson la parcourut à cause du changement de température mais elle se hâta de le rejoindre pour tromper ses sens. Une fois devant Draco, elle s'agenouilla à même le sol pour être à la même hauteur que lui. Si le confort, tout relatif, du cottage et celui, certain, de Poudlard lui manquait, elle ne le laissait pas paraître, se fichant éperdument des petits cailloux qui s'enfonçaient alors dans ses genoux.
Ils avaient passé une grande partie de la journée à errer sur les routes, ne s'arrêtant qu'une seule fois dans un petit village moldu de sa connaissance lorsqu'ils ne réussirent plus à ignorer la faim qui leur tenaillait le ventre. Elle lui avait appris que seul, il pouvait tout à fait se rendre dans des épiceries pour trouver de quoi se nourrir, s'il prenait bien garde à choisir les plus petites et les plus désertes pour ne pas attirer l'attention des autorités moldues. Il pouvait dupliquer leur argent : leurs billets n'étaient pas ensorcelés de la même manière que leurs Gallions. Mais il devrait s'assurer de pouvoir s'éloigner le plus vite possible une fois les faux remis : ces derniers disparaissaient très rapidement une fois le sorcier à l'origine de l'enchantement parti. S'il venait à arriver que sa bourse soit aussi vide d'argent que les rayons vides de clients, si et seulement si, il pouvait se permettre de rendre les caissiers confus pour emporter ses provisions. D'où l'intérêt des épiceries aussi désertées que possible. Il lui sembla apercevoir un rictus pernicieux sur le visage de Malfoy lorsqu'elle dut mettre en pratique les théories qu'elle lui exposait tandis qu'elle remplissait son panier de provisions pour les deux prochains jours. Ironiquement, ou à cause des Nargles du cottage, ses propres poches était vides. Devant sa mine honteuse, il avait essayé de la rassurer, lui faisant remarquer que la caissière de Middlemury (ou Diddlebury, pour ce qu'il voulait se rappeler de ces foutus villages moldus) n'avait pas plus l'air abrutie qu'avant. Luna s'était contentée de froncer dangereusement des sourcils pour le réprimander (autant pour la remarque sur la caissière que pour les heures de soins qu'elle avait passé sur cette fichue joue qu'il menaçait de toujours de rouvrir stupidement). Ils s'étaient à nouveau éloignés en transplanant – elle avait lourdement insisté – pour finalement s'arrêter dans un sous-bois une fois la nuit tombée. Tandis qu'il s'occupait du feu, elle avait réalisé une tente de fortune à partir de la robe sorcière de Malfoy, arrangeant cette dernière au mieux pour qu'elle puisse leur servir d'abri si jamais le temps venait à tourner (en recousant les ouvertures de la tête et des bras, étendue seulement à l'aide de longues branches). Ce n'était pas les tentes enchantées des insurgés, encore moins celle de Scamander, mais elle semblait très fière d'elle lorsqu'elle présenta à Draco son ouvrage. Il avait tant paru époustouflé – choqué, dubitatif et atterré, surtout – qu'il avait gardé le silence durant tout le dîner, se contentant de jauger d'un œil critique la nourriture qu'elle lui présentait sans jamais omettre de lui confier ses meilleures astuces concernant la cuisson au feu de bois. Elle avait assimilé son air ultra-concentré (écœuré) à l'ardeur dont il faisait preuve pour puiser dans ses dernières forces du jour.
Sans lui demander son avis, elle lui retira la compresse des mains pour reprendre la désinfection de sa joue là où il l'avait laissée. « Tu n'as pas à faire ça. – Quoi, les Joncheruines t'ont encore une fois envahi la tête? – Tu m'épuises avec toutes tes idées farfelues! Je peux me débrouiller seul. Retourne te coucher, je te réveille dans deux heures. » Elle élève alors sa main gauche dans les airs et fait claquer ses doigts pour attirer son attention exaspérée ailleurs que sur sa main droite, celle qu'elle fait littéralement fondre contre la chair sensible de son visage une fois en moins d'une seconde. Elle l'entend émettre une plainte mais n'allège pas pour autant la pression qu'elle exerce, ne ressentant aucune once d'empathie en devinant la douleur qui se propage sous ses doigts. Elle a tout fait pour se contenir aujourd'hui, pour ne pas être celle qu'elle devait être dans son esprit depuis ce matin : un fardeau, ni plus ni moins, un boulet qu'il était obligé de se traîner parce qu'il n'avait pas eu assez d'énergie pour la chasser à grands coups de sortilèges. Elle en avait fini de prendre des pincettes avec lui ce soir, juste pour pouvoir rester dans son sillage, pour s'assurer qu'il ne se déliterait pas complètement en chemin. Pour qu'il reste en un seul morceau – elle avait rapidement cessé de compter le nombre de fois où il s'était mis à tanguer en marchant seulement. Tout ça parce qu'il n'avait pas eu assez de patience pour attendre d'être complètement rétabli pour suivre ses plans. « J'ai vu pire. Tu as été dans des états bien pires. Maintenant, laisse-toi faire ou je t'assure qu'Hermione saura très exactement où on se trouve et crois-moi, elle n'aura pas les mêmes scrupules que moi pour le dire à Pansy. » Là, elle ressent du remord parce que la seule évocation de Parkinson est suffisante pour qu'il se calme et la laisse faire. Son sursaut d'humeur s'éloigne toujours un peu plus lorsqu'elle le voit serrer les dents, réprimer du mieux que possible les vibrations douloureuses qui doit le parcourir tout entier. Pour continuer de cacher ses faiblesses. « Tu n'as pas à tout faire tout seul, Draco, tu le sais ça? » Il n'esquisse aucun mouvement mais ses iris se mouvent brusquement pour la transpercer d'un regard dur et froid. « Qui crois-tu être pour me dire des choses pareilles, Loony? », sa voix est basse et sombre et pourtant, une fois que le quolibet eut dépassé la barrière de ses lèvres, elle voit ses yeux se troubler complètement. Trop tard. Le visage de Luna s'est refermé avant d'avoir pu esquisser ne serait-ce que la plus petite expression peinée. « Your friend. », et après avoir estompé la dernière trace d'onguent de la joue de Malfoy, Luna se releva et jeta les compresses souillées dans les flammes, ignorante de la couleur violacée que ces dernières revêtent au contact des préparations sorcières. Lourdement, elle retourne sur sa couche de fortune et se cache complètement sous sa cape Cette fois, c'est elle qui lui tourne le dos, pour repousser aussi loin que possible les douloureux tiraillements qui lui tordent alors les tripes et lui enserrent le cœur. Et comme toujours avant de s'endormir, elle laisse ses doigts frôler les mailles dorées de la chaine qu'elle porte autour du cou, caresser les contours des pendants avant de passer les alliances à ses doigts et de serrer aussi fort que possible dans le creux de sa paume la montre à gousset et le sifflet ensorcelé.
31st may Ce jour-là, ils avaient décidé de se montrer au grand jour, pour semer les premières pistes montées de toute pièce par Malfoy. Le campement fut rapidement démonté et c'est d'un commun accord qu'ils renoncèrent au transplanage : leur quête serait bien assez dangereuse comme ça, inutile de permettre aux rafleurs de pouvoir les suivre à la trace.
Chaotique. Telle fut leur arrivée en Portoloin dans ce coin plus ou moins désert de la banlieue londonienne. Complètement, totalement, chaotique. Le souffle coupé, Luna écarquilla frénétiquement des yeux pour chasser les étoiles qui lui envahissaient la vue, ressentant à peine le jeu de jambes initié par Malfoy pour se dépêtrer du casse-tête humain dans lequel ils étaient tous les deux prisonniers. Elle mit une bonne minute à comprendre que le bleu tacheté de gris qu'elle observait n'était ni de l'herbe ni du bitume mais bel et bien le ciel. Et bien qu'étalée de tout son long sur la terre ferme, bouger lui donnait autant le tournis que si elle s'était retrouvée au beau milieu d'une mer déchaînée. Luna porta ses mains à ses joues et du bout des doigts, elle les toucha fébrilement, étonnée de découvrir qu'elles étaient toujours en place. Accident de Portoloin. Depuis quand avait-elle des accidents en Portoloins, elle qui avait toujours été le point d'équilibre indéfectible qu'utilisaient les sorciers ayant ce mal des transports ? Elle en était là de ses réflexions lorsqu'une violente quinte de toux attira son regard, un peu plus loin, sur sa gauche.
Draco Malfoy vidait le contenu de son estomac derrière le buisson qui se trouvait là. Prenant appui sur son coude, Luna se releva légèrement, fronçant des sourcils pour mieux deviner la silhouette informe et sombre qu'elle savait être celle du blond. « Draco ? Draco, ça va ? », le sorcier se redressa légèrement, prenant appui sur ses deux genoux, plus pale encore qu'un linge, avant d'entrouvrir les lèvres. « Je... ». Luna ne lui laissa pas l'occasion de lui répondre, à son tour prise de nausées : elle eut juste assez de temps pour se relever sur ses deux mains avant que la bile ne vienne lui brûler entièrement l’œsophage. Entre deux quintes, elle parvient pourtant à deviner les railleries de son ami, elle l'entendait maudire toute la communauté moldue sur les cinq générations à venir. « Plus jamais tu ne me feras manger de tes maudits ragoûts en boîte de conserves, tu m'entends Lovegood ?! – J'étais pourtant persuadée que c'était les bonnes. C'était mangeable lorsqu'il me les préparait... – Plus. Jamais. » Une accalmie et la sorcière en profita pour se redresser sur les genoux, mains fermement plantées contre ses hanches, tête en arrière pour inspirer profondément une grande bouffée d'air. Sans le moindre préavis, Luna éclata de rire. « Comment ça plus jamais ? Je te jure que les moldus ont de très bonnes idées, d'accord ? C'était une très mauvaise expérience mais ça n'arrivera plus. Il faut juste regarder... la date ? Je crois. Ils ont des dates pour ces trucs-là, il faut juste faire... – Je préfère mourir de faim plutôt que d'ouvrir une seule boîte de plus de cette nourriture de mudblood. – Tu ne sais pas encore ce que c'est que d'avoir faim. Draco ! Où est-ce que tu... », vas. La phrase se perd tandis qu'elle se précipite une nouvelle fois en avant, tentant tant bien que mal de ne pas souiller son jean en chemin. Il n'allait nulle part, juste vers elle, vacillant lui-même tandis qu'il rassemble les mèches de cheveux de la blonde pour les maintenir en arrière. Elle devine plus qu'elle ne la voit la grimace dégoûtée qui lui tort les traits. « La prochaine fois, mange de l'herbe. Je suis certain que tu as déjà essayé et qu'en plus, tu as adoré ça. – Co... Comment tu le sais? », qu'elle le questionne d'une voix misérable. Il ne lui adresse rien d'autre qu'un long silence. Ce n'est que des heures plus tard que Luna lui avoua ne pas avoir essayé une quelconque pelouse de sa vie. Pas ces dix dernières années, en tout cas. |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | « Je peux lui faire prendre les couleurs de Slytherin, si tu veux. » Il a une soudaine et violente envie de se frapper la tête contre une pierre, de dépit. Est-elle donc physiquement incapable de s'outrer, de se vexer ? Il a une curieuse envie d'éclater de rire, aussi. De baisser les bras et de la laisser faire ce que bon lui semble, puisqu'elle est si décidée à rester au péril de sa vie. Sans doute les nerfs, qui craquent.
« Tu veux de l'aide ? » Non. La réponse fuse aussi sec dans son esprit, sans même qu'il ait besoin d'un temps de réflexion. Il est crispé de tous ses muscles et ses prunelles anthracites fixent Luna de biais en la défiant d'approcher. Elle ne le fait pas, et il en est soulagé. Il a encore trop de mal à accepter ce nouveau visage qui se reflète dans les petites étendues d'eau auxquelles ils se désaltèrent. Trop pour accepter que quelqu'un y touche alors qu'il est conscient et en pleine possession de ses capacités. Son geste lorsqu'il reprend les soins est un peu brutal, comme pour punir son visage d'être si monstrueux, et il doit se mordre la lippe pour retenir le sifflement douloureux qui manque de lui échapper. [...] La suite de leur errance les mène de places exposées à recoins paumés. Il découvre les épiceries moldues et les muggles qu'il y trouve sont à la hauteur de ses attentes : piètres. La nourriture aussi : piètre. Il rêve de compotées à la citrouille et de steak d'hippogriffe et de toasts à l'ail nappés de foie gras de Dirico, d'Hydromel aux épices piqué de Firewhisky. Il en saliverait si son odorat n'était agressé par l'odeur de la bouillabaisse infâme qui bouillonne sur un feu magique, à l'abri de l'amas de tissu supposé être une tente. Là encore : piètre. Tout ça le rend très amer. [...] Elle insiste encore pour le soigner, force même, en dépit de ses plaintes. Et à vrai dire, il est fatigué, suffisamment pour être soulagé de pouvoir s'offrir le luxe de laisser mollement retomber son bras le long de son corps. Mais il a le dos droit et est sur le qui-vive, parce qu'elle vient de perdre son air éthéré et qu'il n'a pas assisté à ce spectacle depuis longtemps. « Tu n'as pas à tout faire tout seul, Draco, tu le sais ça? » tente-t-elle de le raisonner, et il trouve presque comique qu'elle ait le culot de se prétendre voix de la sagesse alors qu'elle vient de le menacer. « Qui crois-tu être pour me dire des choses pareilles, Loony? » « Your friend. » I don't have any, voudrait-il répliquer aussi sec, pris dans son tourbillon de angst et de déprime et auto-apitoiement frustré, de colère enfouie. Mais le timbre dont elle use cette fois est si là qu'il se demande si elle est enfin sur le point de renoncer à lui. Il serait temps. Étrangement, il n'en éprouve aucune satisfaction.
31 MAI 03. Il le savait. Il le savait. Les concoctions nauséabondes sont aussi indigestes que mauvaises. Il aurait dû se tenir à cette certitude mais il a fallu qu'il cède à la faim et le voilà qui s'humilie en dégueulant dans un buisson comme un vulgaire gobelin. Le moins qu'il puisse faire est bien sûr de passer ses nerfs sur Lovegood, mais elle est redevenue elle-même : dans la lune, imperméable à ses attaques, comme si la rixe n'était que banales chamailleries entre amis. C'est presque... réconfortant ? Never mind. Il déchante en l'entendant avouer être capable de brouter l'herbe. Draco ne peut pas avoir d'ami ruminant, c'est contre nature. [...] « Tu sais, je plaisantais tout à l'heure. Je ne mange pas de gazon. » Il remue légèrement, cherchant à ajuster sa position sur le sol ferme, fatigué et agacé. « Content de découvrir qu'il te reste une mornille de bon sens », grogne-t-il finalement. « Enfin, pas ces dix dernières années du moins. » « ... Lovegood, tais-toi et dors. » Le silence s'étire, ininterrompu de longues minutes durant, mais il ne trouve toujours pas le sommeil. A vrai dire il est très mal installé, sa couverture en patchwork est inconfortable et — « Merlin, ça démange ! », qu'il craque, exaspéré, en se redressant brusquement pour s'asseoir, cédant au besoin irrésistible de déchirer son épiderme de ses ongles. Il tire sur ses manches, ses yeux manquent de jaillir de leurs orbites en y découvrant de grandes plaques rouges, irritées. « What the actual fu— ! » Les mots meurent sur ses lèvres et il bondit des couvertures comme un diable hors de sa boîte en découvrant une collection de fourmis rouges agressives autour de lui. Sans réfléchir, il agrippe Loufoca par le bras et la sort de leur tente de fortune, avant de frénétiquement se débarrasser des agresseurs miniatures restés fermement accrochés à lui. « I'm so damn tired », geint-il en se laissant tomber sur la cime d'un arbre, non sans vérifier aussitôt après qu'il ne se trouve pas à nouveau sur un quelconque nid ou terrier ou quoi que ce soit d'aussi repoussant et risqué. Il arrache du sac l'un des onguents apaisants embarqués au moment de quitter le cottage, en tend à sa compagne, se tartine, et lui en met avec humeur sur une zone enflée de son dos qu'elle ne peut atteindre, avant même qu'elle ne songe à demander (ou à ne pas le faire). Par chance elle ne fait aucun commentaire. Que ne donnerait-il pas pour une nuit tranquille... mais ils sont vraisemblablement condamnés à dormir à la belle étoile et, de frustration, il se cogne l'arrière de la tête contre le tronc. « Regarde ! » Draco rouvre les yeux dans un sursaut, main sur la baguette, prêt à se battre, mais Lovegood pointe seulement le tissu céleste visible à travers les branches et le feuillage qui les surplombent. « Ce nuage a l'exacte forme d'un Nargole », jubile-t-elle, et il doit se mordre la langue pour ne pas lui faire savoir qu'elle est définitivement fêlée. Au lieu de quoi, il fronce un sourcil et en arque un autre, étudiant ladite forme, dubitatif. « On dirait une sorte de Pitiponk. Rempli de pustules géantes. » Elle glousse. « Mais non. Il est de face, ici on ne voit pas une patte, mais sa queue — » « Eeeew, Lovegood. Tu fais une fixation sur les organes génitaux de tes bestioles imaginaires ? » Un sourire de petit emmerdeur lui étire la commissure mais au lieu d'être mal à l'aise elle lui adresse un sourire indulgent. « Je parle de l'appendice caudal, bien sûr. Mais les organes reproducteurs sont sûrement faciles à distinguer dans cette position, si tu veux vraiment savoir à quoi ils ressemblent je peux — » « Non ! No thanks, sans façon ok ? » Il se renfrogne, se mure dans le silence, et elle fait de même, pendant longtemps ; ne découpant l'atmosphère paisible que le temps de siffler dans l'objet accroché à son cou. Il attend encore un bon moment avant de demander : « C'est quoi, cette chaîne que tu portes tout le temps ? » Ce n'est pas qu'il veuille savoir, vraiment pas. C'est juste un sujet comme un autre pour pallier l'ennui. Et s'ils passent les heures suivantes à étudier le ciel, les constellations, à mettre des noms sur les formes des nuages et à se disputer sur un timbre aussi bas et confortable que le ronronnement d'un feu de bois, ce n'est pas parce qu'il l'accepte. C'est seulement parce que le sommeil tarde à pointer.
1ER JUIN 03. Les positions sont inversées et c'est anormal. Le transport l'a rendu malade, pour ne rien changer, mais c'est potable aujourd'hui. Supportable, dans son cas. Mais il ne peut vraisemblablement pas en dire autant de Loufoca qui, un genou au sol, fait à son tour connaissance avec les buissons ayant pour vocation de réceptionner les nausées matinales. Draco a un sourire moqueur, mauvais, mais qui s'estompe lorsque les mots achèvent leur chemin. Nausées matinales ? Curieux choix de terme, mais s'il lui est venu ainsi, ce n'est pas innocent. Comment a-t-il pu ne pas s'en apercevoir plus tôt ? Lovegood ne supporte pas les odeurs de nourriture au lever du jour et c'est lui qui se débrouille, d'humeur maussade, pour préparer de quoi casser la croûte tandis qu'elle refait leur stock de plantes un peu plus loin. Toujours à une distance respectable de la fumée odorante quand il prépare comme elle lui a montré les rations d’œufs-bacon volés quelques jours plus tôt dans une ferme, gâterie exceptionnelle. Il y a ça et le teint de plus en plus blême qu'elle arbore à la suite de leurs déplacements par Portoloins, Draco ne pouvant toujours pas se permettre de transplaner. C'est curieux, ce moyen de transport n'est déconseillé que pour les malades et les — « Lovegood, tu n'es quand même pas — » Il s'interrompt, fronce les sourcils. Non, c'est impossible. Il n'arrive pas à imaginer Loufoca autrement que comme un être asexué, et pourtant... ? Draco chasse résolument cette idée, se place derrière elle en quelques pas, rassemble la paillasse que forment ses cheveux pour éviter qu'elle n'en mette partout dans les folles mèches blondes. Le temps qu'elle se redresse, toujours pâle et défaite, il n'est plus aussi certain de faire erreur à vrai dire. Mais peut-être devrait-il s'en assurer avant de lâcher une telle suggestion. Il n'aura qu'à être plus attentif durant les préparatifs des repas. En attendant ; « Ne prenons pas tout de suite le portoloin suivant. La destination n'est pas si éloignée, je préfère y aller à pieds. » Oui, en attendant il ferait mieux de limiter les trajets magiques, sait-on jamais. |
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10428
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| 31 mai . L'ombre d'un rictus lui avait étiré les lèvres avant que le silence ne retombe - elle était toujours amusée de la réaction gênée des humains d'évoquer ce sujet naturel. Ou peut-être était -ce un attrait spécifique de Draco... Si elle n'avait pas encore eu ce poids sur le coeur, Lovegood ne se serait pas privée de lui rappeler qu'à l'accouchement de Pansy, il avait plusieurs fois manqué de tourner de l'œil. Ses doigts s'entremêlent à la chaine, esquissent les contours des alliances et de la montre à gousset avant de siffler dans le pendentif sculpté en direction du ciel. Aucune réponse. Elle ne voit rien d'autre que les étoiles et les nuages dans la voûte céleste. « C'est quoi, cette chaîne que tu portes tout le temps ? », lance Draco dans un murmure. Elle met du temps à répondre parce qu'elle ne savait pas elle-même ce que représentait vraiment le collier de Scamander. C'était de la peur, c'était de l'amour. C'était un rappel et en même temps un oubli. Son amulette à lui, son attrape-rêve à elle. Elle passe ses doigts dans les alliances et serre la montre et le sifflet dans sa paume. Elle ne perçoit qu'une seule réponse sensée à donner à la question rationnelle de Draco. « C'est une promesse. » Le céruléen fixe longtemps l'anthracite avant qu'ils ne détournent ensemble leur attention vers le nocturne du ciel. Avant de s'endormir, Luna lui indique une constellation. « Le Scorpion, - et à mesure qu'elle parle, son index pointe les étoiles éclatantes qui la composent dans l'alignement du regard du blond - Graffias, Dschubba, Pi Scorpii - les pinces - Antarès, Al Niyat, Epsilon Scorpii, Mu Scorpii, Zeta Scorpii, Eta Scorpii, Sargas ou Girtab - le corps est dénommé en grec et en arabe, si bien, que l'anglais éthéré de Lovegood les prononcent comme s'ils faisaient partis d'une seule et même langue - et enfin Lesath et Shaùla... » le dard, la queue : la fin. Sa voix s'éteint parce qu'elle ne sait pas d'où ça lui vient, cette dénomination astronomique qu'elle vient de lui faire. Après tout, il doit le savoir : n'a-t-il pas nommé son fils après elle, Draco Malfoy ? Elle ne sait pas d'où ça lui vient et tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle a l'impression de connaitre cette constellation comme si c'était la sienne. Ils s'endorment. Luna rêvera de la dernière chose qu'elle lui a dite ce soir-là : « Tu sais, Draco ? Depuis que je suis petite, c'est celle que je préfère... » Cette nuit-là, Luna rêvera de sa grand-mère, pour la première fois, depuis une décennie entière.
1er juin « Ne prenons pas tout de suite le portoloin suivant. La destination n'est pas si éloignée, je préfère y aller à pieds. » Elle ne se souvient pas vraiment de ce qu'il lui a dit le matin-même, Luna, se rappelle juste de sa prévenance inquiète et des mains qui lui avaient dégagé le front, s'étaient assurées qu'elle ne vacille pas durant le trajet. Elle n'avait retrouvé ses esprits que lorsqu'ils eurent atteint la seconde destination du jour, à pied, le grand air ayant eu raison de ses divagations. Cette marche forcée a balayé l'idée saugrenue (horrible, traître, destructrice) qu'elle aurait préféré que ce soit Rolf qui la conduise plutôt que Draco. Elle s'était pourtant faite la promesse de ne plus espérer, la première fois où le père de Draco avait abusé du Doloris. L'espoir fait mal plus qu'il ne fait vivre. Elle le regarde, le blond, fixe la cicatrice qui lui entrave la joue gauche et ne peut s'empêcher de penser à celle qui la marque elle-même, du même côté, au niveau de son bras. Elle sait alors que c'est lui qui lui a fait ça et non pas le Magister en personne, encore moins un quelconque Mangemort. Sa gorge se noue et elle entrouvre les lèvres pour s'excuser à la place de son maître quand soudain, un sortilège couleur carmine les frôle. Elle n'a le temps de penser à rien, Luna, parce que Draco les fait transplaner immédiatement. Et il s'est désartibulé en atterrissant dans un quartier peu recommandable de Londres. C'est elle qui doit semer les pistes dès l'instant où elle voit du sang lui entacher l'épaule. Elle ne sait pas si un Traceur compose le trio de Rafleurs qui vient de les prendre en grippe mais la prudence lui souffle, lui avait appris, lui ordonne, qu'il ne fallait jamais rester immobile lorsque des tirs ennemis se mêlent à la partie. Elle avait déjà fait une fois l'erreur, Lovegood. Une fois. Pas deux. Lorsqu'ils finissent la succession de transplanages imposée par la sorcière, Draco sort de sa poche le portoloin qu'ils auraient du utiliser quelques heures auparavant dans un sursaut de lucidité. Luna l'empoigne et elle ne sait pas qui, d'elle ou lui, l'active ; tout ce qu'elle sait, c'est qu'ils sont revenus au point de départ avec l'assurance de ne pas être poursuivis. Qui pensait chercher là où tout avait commencé au départ ? Point d'origine. Elle doit soigner le bras desartibulé de Malfoy. Mais elle n'y arrive pas. Ils sont revenus au point de départ. Et comme ce matin, encore une fois, Luna se met à déglutir, à vomir, tout ce que son estomac comporte encore de bile. Point de départ. Luna ne comprend pas ce qu'il lui arrive alors elle en a marre. Et comme à chaque fois lorsque le doute la prend, des questions qui ne trouveront pas de réponses l'assaillissent. Où est-il ? Que fait-il ? Pourquoi n'est-elle pas avec lui ? Elle veut Rolf auprès d'elle. Elle veut que tout ça s'arrête.
2 juin. Après avoir sauté le petit-déjeuner (mieux valait prévenir que guérir), Draco et elle s'étaient mis en quête d'Essence de Dictame, leur réserve épuisée la veille pour venir à bout de l'accident de parcours subi par Malfoy. Et pour une raison inexplicable, elle n'avait pas cherché à rejoindre le cottage de Cara, son instinct ne lui soufflant absolument pas l'hypothétique aide que cette vieille femme au regard hanté et à la générosité sans faille aurait pu leur apporter. Dead end. Au final, le scepticisme de Draco pour la sorcière qu'ils avaient rencontré avait suffit à Luna pour ne pas donner suite à une transaction quelconque : quelques minutes après leur départ, un duo de rafleurs s'était présenté à sa porte pour recueillir son témoignage. « Tu es trop confiante, Loony. Ça te perdra. » Lovegood avait trottiné derrière lui lorsqu'il s'était enfoncé dans la capuche de son sweat pour s'éloigner le plus possible du quartier investi. Elle ne pouvait que lui donner raison. Elle faisait trop facilement confiance à ses alliés parfois. Elle avait curieusement l'impression que son indomptable méfiance semblait s'être envolée en même temps que Marie. Elle devait réapprendre ça aussi. Le constat ne fut pas suffisant pour entamer sa bonne humeur naturelle. « Peut-être mais on n'a pas tout perdu : tu voulais semer des pistes un peu partout ? Voilà qui est fait pour aujourd'hui. » Il sembla chercher des mots pour la raisonner mais comme souvent, il abandonna l'idée. La sermonner s'apparentait toujours à un dialogue de sourd.
Il était parti. Pas pour toujours ; d'un regard, elle l'avait défié de seulement penser à ne pas la rejoindre au point de rendez-vous qu'elle lui avait fixé pour ce soir. Pour qui tu me prends, Loony? lui avait-il répondu de la même manière. Il était parti. Et plutôt que de se ronger les ongles jusqu'au sang, Luna avait mis à profit son temps libre comme elle le faisait bien souvent : elle avait flâné sans le moindre but des heures durant.
Le diner n'est ni chaud ni froid, ce soir. Pour s'excuser de l'étrange tambouille moldue servie l'autre soir et de la blessure qu'il avait récolté en transplanant maladroitement (le fait qu'elle n'y soit pour rien ne tamisait pas pour autant l'inquiétude et la culpabilité de Lovegood), Luna avait mit sous le nez de Draco un assortiment de fruits frais, de s'mores et d'autres douceurs moldues collectés dans une épicerie l'après -midi même. « Ce ne sont pas nos sucreries mais elles valent tout autant le détour. » Jaugeant le morceau de pomme qu'il tenait entre son pouce et son index, il lui demanda : « C'est sensé représenter quoi, ça ? » Il ne a pas fait remarqué que leur repas n'en était pas vraiment un, ni même qu'il n'était plus un gamin attendant des denrées aux formes extravagantes pour accepter de se nourrir. « Un Ronflaponk. Bon appétit! »
« Qu'est-ce-tu-fais? » siffla-t-il entre ses dents, s'éloignant brusquement sous leur tente de fortune. Luna croise les bras dans l'obscurité nocturne. « Jamais entendu parler d'hypothermie, Draco ? - Qu'est-ce que ça à voir avec le fait d'envahir mon espace personnel ?! » La nuit était particulièrement froide, humide et venteuse : entretenir un feu aurait été une perte de temps. « Je ne veux pas que tu aies froid, par Merlin! Tu n'as jamais entendu dire que la chaleur humaine est le meilleur moyen de se réchauffer ? » Dans le silence de Draco résonne déjà une réplique haute en couleurs. Et puis au cas où tu l'aurais oublié, ce n'est pas moi qui me suis vidée de mon sang hier. - Et au cas où toi tu l'aurais oublié, Loony, laisse-moi te rappeler une chose : ce n'est pas parce que j'ai vu mon fils aujourd'hui que je vais te laisser me materner, okay ? Reste de ton côté et dors! - Comme tu veux, je t'aurais prévenu. Bonne nuit. » Et elle lui tourna ostensiblement le dos, s'emmitouflant tant bien que mal dans sa cape, avant de fermer les yeux. Luna avait déjà l'impression de geler sur place : pourquoi avait-elle aussi froid au mois de juin?!
3 juin. C'est l'aurore qui la réveille. Les premières lueurs diurnes la gênent et, l'esprit encore embrumé par la nuit paisible qu'elle vient de passer, elle n'a pas envie d'ouvrir les paupières. Elle n'a pas eu froid et surtout, surtout, elle n'a pas dormi avec cette désagréable sensation qui pèse toujours sur l'esprit des rebelles une fois la nuit tombée, celle qui les prive d'un sommeil réparateur parce que le danger pouvait les frapper n'importe où, n'importe quand, n'importe comment. Mais là, pour la première fois depuis des mois, l'école magique mise de côté, elle a l'impression d'avoir dormi en sécurité.
Un mouvement à côté d'elle attire son attention ensommeillée et ce n'est que là qu'elle comprend la raison de sa nuit paisible. Sans crier gare, elle resserre sa prise autour de la silhouette duveteuse qui est flanquée contre elle. L'animal est enroulé sur lui-même et se sert de l'avant-bras droit de la sorcière comme oreiller. La main gauche s'élève et du bout des doigts, Lovegood parcourt le museau du chien-loup. Elle le sent l'observer alors les ongles s'arrêtent tout en haut de l'arête pour fixer ces deux billes luisantes et le rassurer. Il n'en a pas la forme, ni l'odeur, mais elle reconnaitrait cette aura entre mille, ici ou ailleurs, maintenant comme dans une autre vie. Ses paupières lourdes se rabaissent et avec un sourire rêveur, elle lui murmure. « Toujours su que tu étais loyal, dans le fond. » La référence au côté canin aurait pu frapper comme une insulte mais dans la bouche de Lovegood, les paroles possédaient toujours une centaine de sens différents. Et là, les mots résonnaient juste comme une centaine d'autres vies. L'animal s'agite, veut se lever, mais Luna le calme en callant son index derriere son oreille et la titille. Elle comprend mieux les animaux que les humains, ça, ça ne changeait jamais. « Cinq minutes, tu veux bien Draco ? » Elle se réveille une heure plus tard, Malfoy en train de préparer un petit déjeuner sommaire, le visage fermé. Elle a envie de le remercier mais décide plutôt de se taire. C'est définitif : elle respecterait toujours son silence puisque son animagus avait bien prit soin de ses rêves. |
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