――――――-―• changements •――――-――― « Maman, papa, je suis désolé. Si j’avais su, je… », il s’arrêta. S’il avait su, quoi ?! Il aurait prêté allégeance à Voldemort et serait devenu Mangemort dans la foulée ? Et puis quoi encore !?  Torturer et tuer des gens innocents pour le simple plaisir d’un esprit mégalomane d’un chauve qui en aurait après le monde entier suite à une erreur de son coiffeur, voilà qui n’était pas l’idée qu’il se faisait de quelqu’un de bien. Continuer sa phrase, comme il l’avait pensé, ça aurait été mentir. « … je n’aurai probablement pas agi autrement. Vous savez comme je suis. Et je suis doublement désolé ». Il laissa tomber les fleurs sur les tombes sans corps qu’il avait improvisées. Et le plus sombre souvenir de son existence refit surface, une fois de plus.

***

Il avait été repéré, c’était certain. Il ne savait pas qui avait pu le dénoncer, mais ça devait arriver et quelqu’un avait effectivement fini par le faire. Il n’avait que peu de temps pour rassembler un maximum de ses affaires et filer de là avant de se faire prendre. Où irait-il ? Il aimerait tant rejoindre ses parents, ils n’avaient pas la moindre idée de ce que leur fils était devenu depuis que les Mangemorts avaient pris le pouvoir. Mais c’était trop dangereux. Il n’avait pas pu se résoudre à vivre simplement dans ce nouveau régime de la terreur, à se soumettre à la nouvelle autorité, à ce tyran sans la moindre morale, … Et eux ? Que faisaient-ils ? Allaient-ils bien ?

Un hibou arriva. Il portait un message à son attention. Il l’ouvrit. Il eu alors réponses à ses questions : « Nous savons. Tu es orphelin maintenant. Ils ont soufferts par ta faute. Ton tour viendra. ». Son cœur manqua un battement. Ou peut-être s’était-il arrêté ? En avait-il encore un ?

Il regarda son ruban bleu. Il avait refusé de se soumettre, mais il s’était condamné à une vie de fuite pour ça. Et la seule famille qu’il avait, celle qui l’avait vu naître, qui l’avait élevée, grondée, consolée, … elle n’existait plus. A quoi ça avait servi ? A rien. Il détacha son ruban et le déchira. Lorsqu’il considéra qu’il y avait là assez de morceaux pour en faire un vrai puzzle, il les lâcha et les regarda ramasser la poussière sur le sol tandis que le vent les faisait traîner au sol. Simplement refuser de se soumettre et fuir n’avait servi à rien. Il était sain et sauf, mais ses parents étaient morts. Ceux qui devraient maintenant être traqués, jugés et punis pour ce crime seraient plutôt maintenant récompensés pour ce qu’ils avaient fait. Il n’y avait plus qu’une façon de rendre justice, et ce serait à lui de s’en charger.

***

Un an avait passé depuis l’arrivée de cette triste missive. Un an depuis lequel il portait maintenant un ruban jaune. Si l’ennemi était prêt à tuer, il l’était aussi maintenant. Toutefois, les résultats obtenus, même s’ils étaient plus satisfaisants que s’il était resté chez les pacifistes, étaient encore loin d’être suffisants à ses yeux. Une forte explosion se fit entendre au loin, et un nuage de feu et de fumée se fit apercevoir à quelques kilomètres. Deux individus courraient vers lui et le dépassèrent. De leurs traits, il n’en vit rien, mais il savait qui ils étaient, et leurs rubans rouges ne le détrompèrent pas. Voilà ce qu’il voulait réellement pouvoir faire. Voilà des gens qui savaient réellement comment combattre. Mais c’était aussi des personnes avec aussi peu de conscience que ceux qu’ils combattaient. Ils avaient peut-être infligés pas mal de pertes dans le camp adverse. Mais combien de gens innocents avaient-ils tués par la même occasion ? Combien de ces citoyens, trop terrifiés pour combattre, avaient également péris dans l’explosion ?

C’était peut-être pour ça qu’il n’avait pas encore abandonné le jaune pour prendre le rouge. Il en voulait énormément à Voldemort et à ceux qui le soutenaient, mais il ne tenait pas à faire lui-même des orphelins par ses agissements. Sûrement avait-il encore un cœur après tout. Mais il lui faudrait trouver un moyen d’obtenir de vrais résultats avec les Audacieux. Sinon, qui sait combien de temps encore il pourrait continuer à penser assez aux autres avant de devenir l’un de ces individus pour qui la fin justifie les moyens…

――――――-―• crime & châtiment •――――-――― Le poisson était accroché. Ça avait été facile, bien plus que ce qu’il avait pensé qu’il serait possible de l’être. Ils avaient tenu parole. Ils lui avaient promis que son tour viendrait, et voilà que l’un d’entre eux s’était mis en tête de le suivre. Aussi, le jeu du chat et de la souris, du chasseur et de la proie, pouvait commencer. Quant à savoir qui jouait quel rôle…

Il avait étudié avec grand soin la carte des environs, et avait longuement exploré chacune des rues et ruelles de ce quartier en attendant que ce jour arrive. Il connaissait chacun de ses carrefours, chacune de ses ruelles culs-de-sac et, surtout, chaque endroit propice à une embuscade. Aussi avisa-t-il le sentier de gauche, qu’il traversa complètement, puis en dépassa le coin pour aller dans l’unique direction offerte par ce labyrinthe urbain. Au bout, une grande clôture bloquant l’endroit. Vingt mètres avant, un renfoncement dissimulé dans l’ombre. Il n’avait plus qu’à s’assurer que son poursuivant le poursuive et d’être assez rapide pour qu’il ne puisse pas le voir bifurquer avant la fin de la ligne.

Gordon se cacha donc à l’endroit prévu et attendit que le Mangemort le dépasse. Tout se déroulait comme prévu. La suite, il allait la devoir à son entrainement ou à son manquement à celui-ci, aux connaissances acquises à Poudlard ou à ses lacunes…



L’endroit était sombre, et un peu plus loin, devant, l’ennemi avait cherché à y voir plus clair. C’était le moment. Gordon sorti de sa cachette, brandissant sa baguette, et d’un geste qu’il avait appris à maîtriser, il y a des années de cela, il lança l’incantation :



Gagné ! La baguette de sa cible s’envola derrière la clôture. Il était devenu le chat, le chasseur. Sa proie était maintenant à sa merci. Celle-ci se retourna brutalement, et il essaya de voir son visage. En vain. Il ne vit qu’un masque. Un masque… et les yeux de la personne qu’il cachait. Cela serait suffisant, se dit-il.



Les yeux derrière le masque ne lui renvoyaient que colère. Gordon se mit à tenir son adversaire en joue avec sa baguette en noisetier.



La colère s’emparait un peu plus de lui à chaque seconde et il n’avait pas la moindre intention de tenir une longue conversation philosophique avec le criminel qui se tenait face à lui.



Le Mangemort s’arrêta net lorsqu’il vit, à la lumière de la baguette de Gordon, le ruban jaune qui ornait le revers de sa veste. Une lueur de surprise se fit voir dans ses yeux.



La colère et la haine avaient cédé leur place à la surprise, et c’était maintenant le désespoir qu’on pouvait apercevoir derrière le masque.



Gordon hésita. Il n’avait jamais pris la peine de réfléchir à cela. Il n’avait vu, derrières ces masques, que des tueurs. A aucun moment il n’avait pensé qu’il pouvait avoir affaire à des pères et des mères. Des pères… Et des mères… Des tueurs, avec des enfants… Des enfants, qu’ils éduquaient lorsqu’ils n’étaient pas occupés à tuer… Il se ressaisit, c’était tout réfléchi.



Le geste et l’incantation qui suivaient, ils ne les connaissaient que dans la théorie. Il devait maintenant les mettre en pratique. Il le devait pour ses parents, pour les innocents morts dans cette guerre, pour pouvoir continuer à faire ce qu’il devait faire.



Le Mangemort s’écroula instantanément, tandis que la baguette de Gordon explosa tandis qu’il venait de finir de lancer le sort. Il sentit une affreuse sensation de brûlure dans sa main. Il regarda celle-ci et se rendit compte qu’il ne s’agissait pas que d’une sensation. Il lâcha e morceau de bois qu’il tenait et avait maintenant sa partie haute brisée, carbonisée. Il put ainsi mieux voir les boursouflures qui avaient leur apparition dans sa paume.

Il était maintenant désarmé. Que s’était-il passé ? C’est vrai qu’elle avait commencé à agir bizarrement depuis quelques temps, mais de là à imaginer ça… Il préférait ne pas trop se déplacer en ville sans baguette. Une baguette… Une baguette ! Celle du Mangemort qu’il venait de tuer pourrait peut-être faire l’affaire ! Le problème est qu’il l’avait envoyé valser derrière la clôture. Certes, si du temps de Poudlard, il n’avait jamais été un grand athlète, tout ce qu’il avait vécu depuis la sortie du château l’avait amené à se renforcer physiquement. Mais sa main brûlée n’allait certainement pas l’aider à escalader l’obstacle. Enfin, ce n’est pas comme s’il avait le choix…

C’est avec grande peine et grande souffrance qu’il franchit la clôture et, laissant sa main droite meurtrie se reposer, il entreprit, de la gauche, de chercher la baguette au sol. L’endroit avait beau être aussi étroit d’où il venait, il était également tout aussi sombre. Il lui fallut quinze ou vingt bonnes minutes avant de mettre la main sur le morceau de bois. Il constata que, outre la taille un peu plus grande, le bois duquel cette baguette était faite n’était pas la même. De quelle sorte pouvait-il s’agir ?

***

De retour à l’endroit où il logeait pour le moment, il prit le temps de frapper à la porte à côté. S’il voulait savoir de quoi était faite sa nouvelle arme, le mieux était de consulter un spécialiste des arbres. Son bucheron de voisin devrait faire l’affaire. Du houx, voilà ce que c’était, sûr de chez sûr lui assura le bonhomme. Il remercia le moldu barbu et massif à chemise à carreaux  et rentra chez lui. La nuit était tombée, il décida de tester la baguette en houx en allumant celle-ci plutôt que la lumière conventionnelle. La lueur qui surgit était bien plus forte que ce que son ancienne baguette aurait bien pu faire, aussi décida-t-il que celle-ci ferait bien l’affaire pendant au moins un moment.