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sujet; (march 2003) rolfie#3 — LEAVE TONIGHT OR LIVE AND DIE THIS WAY. (w/fluff) |
HERO • we saved the world Rolf Scamander ‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.
‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.
Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
| luna lovegood I keep thinking about this river somewhere, with the water moving really fast. And these two people in the water, trying to hold onto each other, holding on as hard as they can, but in the end it's just too much. The current's too strong. They've got to let go, drift apart. That's how it is with us. It's a shame, Kath, because we've loved each other all our lives. But in the end, we can't stay together forever.Ils se sont endormis avec la musique allumée. Rolf ne sait pas pourquoi ça compte, mais ça compte. Quand il revient à la conscience, quelques heures seulement après avoir déposé la tête sur le pull enroulé qui leur sert d'oreiller, il ne peut s'empêcher de se dire: on va finir par tuer cette batterie. Mais il y a quelque chose d'agréable, à se réveiller avec de la musique. Darling, darling, stand by me, chantonne doucement Ben E. King au-dessus du grésillement léger du lecteur, le casque abandonné quelque part dans la tente imposante ne s'arrêtant pas de servir d'enceintes. Ça a beaucoup amusé Marie, quand il s'est mis en tête d'améliorer le lecteur. Ça lui a pris plusieurs heures, beaucoup d'essais ratés et il a failli griller complètement le lecteur de cassettes à plusieurs reprises (il faut dire qu'elle l'empêchait un peu de se concentrer) (non, vraiment). Mais maintenant, le lecteur peut jouer une même cassette on repeat avec seulement un temps d'attente ridicule entre chaque lecture; le volume du casque est plus conséquent et il a gravé le prénom de Marie sous la boîte de lecture. Mais ça, elle ne le sait pas. Bref. Il faut qu'il arrête de penser à ce foutu lecteur. Oh stand by me, won't you stand now, oh, stand / Stand by me. Papillonnant difficilement des paupières, les yeux douloureux du manque de sommeil, il tourne lentement la tête jusqu'à ce que son nez se niche dans les cheveux blonds de Marie qui dort toujours paisiblement, son nez blotti dans son cou, son bras passé autour de son torse. Elle a l'air tellement fragile, quand elle dort. Il dépose machinalement un baiser sur son front en se détachant lentement, avec toute la lenteur et la délicatesse du monde: soulevant son bras en faisant attention à ne pas lui tordre l'épaule, délogeant doucement la sienne de celle de Marie, la faisant rouler avec douceur sur le côté; et dans son sommeil, elle marmonne, elle soupire, elle se laisse faire et il ne peut s'empêcher de sourire, très légèrement, se sentant stupide mais à la fois tellement... bien. Il sait pourtant que toutes les bonnes choses ont une fin. Que ça, que eux, ça a une fin. C'est stipulé dans le contrat. Elle lui a dit qu'elle va devoir partir, à la fin de la semaine. Que cette idylle — parce que ce n'est que ça, n'est-ce pas? — a une date de péremption. Et cette date, c'est aujourd'hui.
Il y a plein de choses qu'il a envie de faire. Il a envie de rester contre elle et de l'écouter respirer, de l'écouter rêver, de l'écouter dormir. Il a envie d'embrasser son visage jusqu'à ce qu'elle se réveille en grognant légèrement. Il a envie de la supplier de rester. Il a envie de la supplier de le prendre avec lui. Il a envie de fermer les yeux jusqu'à ce qu'elle soit loin. Peut-être que ça fera moins mal. Mais Rolf ne fait rien de tout ça. Il n'en a pas le courage ou il n'en a pas envie. Pas maintenant, ni jamais. Il ne sait pas trop. Alors il se détache doucement, avec délicatesse, et se redresse à moitié sur le lit en repoussant l'épaisse couverture en laine pour la remettre sur elle, et il s'apprête à se lever quand la main de Marie se lève et s'abat sur son avant-bras. Ses doigts s'enfoncent dans sa chair et ça fait un peu mal, mais pas vraiment. Rolf tourne la tête. Elle le regarde, et elle a les paupières qui ont du mal à se décoller comme les siennes, et elle est à moitié endormie même si quelque chose comme de l'appréhension (non: de la peur) froisse les jolis traits de son visage. Ses yeux sont écarquillés. “ Rolf? ” lâche-t-elle du bout des lèvres. “ Marie. I'm not going anywhere, ” fait doucement Scamander, se penchant vers elle jusqu'à ce que la main de la française se défasse de son bras pour remonter jusqu'à son épaule, son dos, sa nuque. Elle ferme un instant les yeux. Rolf n'a envie d'aller nulle part. Il veut juste rester ici, pour toujours. Dans ses bras, dans ses pensées, contre ses lèvres, dans cette tente juchée au milieu de nulle part. Il a envie d'oublier le monde qui agite tous leurs gestes, toutes leurs pensées, qui régit leurs vies. Il a juste envie de se serrer contre son flanc et de baiser ses lèvres jusqu'à ce qu'elle oublie, elle aussi, qu'ils ont responsabilités et devoirs qui les attendent ailleurs. Il ne va nulle part, non. Pas si elle veut encore de lui, quelque part, dans n'importe quel univers. Pas sans elle.
Il se laisse attirer par elle jusqu'à venir embrasser très légèrement ses lèvres. “ I'm not going anywhere, ” y répète-t-il comme un secret ou une prière. “ I'm not going anywhere, ” dit-il encore, quand elle passe son bras dans sa nuque, quand elle le serre contre lui et qu'il niche son visage dans le creux de son cou, se laisse envelopper par son étreinte, son odeur, sa chaleur, sa présence. “ I'm not going anywhere. ” Darling, darling, stand by me.
Il s'est absenté qu'une poignée d'heures, à peine. Il a insisté pour qu'elle reste dans la tente et qu'elle s'y repose. Je n'aurais pas envie de te rendre à tes copains toute cassée et toute fatiguée, lui a-t-il dit avec un sourire presque suffisant qui l'a fait s'étrangler tant d'exaspération que d'amusement. Mais elle l'a laissé y aller. Ils se trouvent dans un petit coin reculé de la civilisation, et il lui a fallu deux heures pour marcher jusqu'au village moldu le plus proche. Rolf évite d'utiliser la magie. Il pourrait, pourtant. Mais c'est juste que... ça lui fait peur. Il ne veut pas qu'on les retrouve. Il veut juste prétendre. Juste prétendre qu'ils sont seuls au monde, les deux personnes les plus normales du monde, les deux personnes qui n'ont besoin de rien si ce n'est de l'autre. Ils ont quand même besoin de nourriture, et Rolf est revenu avec deux sacs en plastique pleins de conserves, petits gâteaux, bocaux, un peu de fruits aussi (c'est nettement plus simple de dupliquer des billets moldus ou de rendre les caissiers confus que de voler; leçon durement apprise et difficilement appliquée par Rolf). Une cigarette coincée entre les lèvres, il est en train d'entrenenir le petit feu qu'il a démarré il y a quelques minutes du bout d'une branche en bois, sans conviction aucune, regardant les flammes et se perdant dans les crépitements intermittents qui viennent briser le silence environnement. Il est complètement absorbé par la contemplation de ce qui va être le réchaud de leur petit-déjeuner de fortune, jetant parfois un coup d'oeil au livre (Alice, évidemment) qu'il tient dans l'autre main, si bien qu'il n'entend pas la fermeture éclair de la tente s'ouvrir et tourne brusquement la tête seulement quand la silhouette entière de Marie se détache dans le paysage. Rolf est un peu crispé, un peu méfiant jusqu'à croiser son regard. Il sourit. “ Tu vois que t'avais besoin de te reposer, ” dit-il simplement, toujours avec cette légère risette en coin un rien canaille, celle d'un garçon apparemment fier de lui. Il aurait préféré lézarder avec elle dans la tente, décrète-t-il. Se serrer auprès d'elle, passer un bras autour de ses épaules, dessiner des arabesques connues de lui seul dans son dos. Mais il avait besoin de temps pour réfléchir, seul, et il sait que elle aussi. Dernier jour. Dernier jour. Dernier jour. Il n'arrête pas d'y penser. Il a envie d'en parler. De lui dire de rester. De partir. De le laisser. De l'emmener avec elle. De le rassurer. De ne rien dire.
Il ne sait pas. Il ne sait pas ce qu'il veut réellement et ça le tue.
Alors il se concentre sur ça. Sur eux. Sur le feu qui crépite doucement. Sur le livre dans sa main aux pages cornées et un peu jaunies, qu'il a déjà lu trois fois mais qu'il redécouvre encore et toujours. Sur le paysage anglais qui s'étend autour d'eux, imperturbable à leurs soucis: les lointaines collines et les lointains champs, les bruissements de la forêt, la hauteur des arbres, l'inconfort du rocher sur lequel il est juché. Sur le fait qu'elle porte le pull qu'il portait au cottage de Saint Michael, et qu'il est troué au niveau du coude, et qu'il est trop grand pour elle et qu'il ne voit que le bout de ses doigts. Sur le fait qu'elle a toujours ce visage froissé de fatigue, même si il sait qu'elle n'a pas dormi lors de son absence. Elle préparait ses affaires? Pour partir? Pour s'éloigner de lui? Pour l'abandonner? Pour le prendre avec elle? Non. Non. Il ne doit pas penser à ça. Il n'a pas le droit. C'est son choix, c'est sa vie, c'est son devoir. Rolf détourne les yeux, le bout de ses oreilles un peu rouge. Il repose doucement le livre, continue de tâter les morceaux du bois du bout de sa branche, agite les flammes, se focalise sur elle en remontant ses lunettes de lecture du bout de son nez. “ La caissière était étrange, elle avait un zozotement hilarant, dit-il presque dans un souffle. Elle ressemblait à ce genre de gens qu'on ne voit qu'une fois. Elle avait des petits yeux rapprochés pernicieux mais un sourire franc, et presque agréable. Un sacré accent, aussi. Je lui ai dis que j'étais un randonneur venu d'Allemagne et elle m'a cru. Je lui ai parlé de Berlin, du Mur moldu, du Parlement, bref, je sais pas vraiment. Elle n'a jamais quitté le village, tu sais? Diddlebury. Il s'appelle comme ça, le village. On n'a jamais fait un nom plus stupide que Diddlebury. (...) ” Il parle toujours, quand il est nerveux. Il a remarqué ça, avec Marie. Normalement, il s'enfonce dans un silence plus borné encore; mais à coups de à quoi tu penses?, elle a réussi à dompter l'animal reclus. Il continue, il continue, les phrases se succèdent, les mots se déversent sans s'arrêter alors que ses yeux trop bleus restent résolument fixés sur les flammes jusqu'à ce que Marie s'approche et pose doucement sa main sur son épaule. Il relève les yeux vers elle et la regarde. Elle est belle, Marie. Comme un orage. Rolf ne sait pas quoi faire, sous son regard, face à cette beauté. Il ne sait jamais comment réagir. Tout ce qu'il sait, c'est qu'avec ses doigts sur son épaule, même à travers l'épaisse chemise qu'il porte, il sent qu'elle aspire un peu de ses doutes, un peu de ses maux. Je ne vais nulle part, a-t-il envie de lui dire. Mais toi tu t'en vas. Il ferme les yeux dans les doigts de Marie se glissent dans ses cheveux blonds fous. “ J'ai rapporté des croissants mais je crois qu'ils sont un peu desséchés, ” lâche-t-il dans un souffle en se laissant aller machinalement contre sa cuisse, apaisé par les doigts de la jeune femme qui glissent toujours entre ses mèches.
- Spoiler:
Dernière édition par Rolf Scamander le Lun 5 Sep 2016 - 23:38, édité 1 fois |
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| Because maybe, in a way, we didn't leave it behind nearly as much as we might once have thought. Because somewhere underneath, a part of us stayed like that: fearful of the world around us, and no matter how much we despised ourselves for it - - unable quite to let each other go. Elle ne savait pas trop combien de temps avait passé, Marie, et à dire vrai, elle s'en fichait complètement. Le nez perdu une nouvelle fois dans le creux de son cou, elle battait la mesure de Stand by me sur son dos, jamais lassée de sentir son cœur battre contre sa peau. En tout cas, maintenant, elle était certaine de battre correctement le rythme. La première fois qu'elle s'était prêtée au jeu, Rolf lui avait clairement demandé si elle n'était en train de lui faire une crise de magie quelconque, tant son sens du rythme était désordonné et grotesque. Empruntant un masque sombre, elle l'avait fixé le plus sérieusement du monde une longue, très longue, minute (sa façon à elle d'éprouver un quelconque sentiment de vexation) avant d'éclater de rire, lorsqu'il s'était mit à balbutier excuse sur excuse. Elle s'était contentée de rire avant de le provoquer franchement, le mettant au défi de faire mieux qu'elle, de respecter scrupuleusement le rythme qu'imposait le lecteur de cassette. Et il l'avait fait. Juste d'une façon très différente de la sienne. Un mouvement et après lui avoir embrassé une dernière fois le front, Scamander s'était extirpé du lit de fortune pour se préparer, bien décidé à se rendre seul dans le village moldu le plus proche. Qui était à des kilomètres d'ici. La sorcière lui avait demandé s'il ne voulait pas qu'elle l'accompagne : quitte à ne pas se rapprocher le plus possible dudit village par transplanage, autant avoir de la compagnie en chemin. Je n'aurais pas envie de te rendre à tes copains toute cassée et toute fatiguée. Marie s'était contenté de sourire et de lever les yeux au ciel, rabattant la couverture par-dessus sa tête pour ne pas subir plus longtemps l'air suffisant qu'il affichait alors. Le sourire avait continué de marquer ses lèvres et à lui faire mal aux joues, jusqu'à ce qu'elle l'entende annoncer son heure de retour et quitter la tente. Sourire, sourire, sour… Son cœur se tordit dans sa poitrine dès l'instant où le bruit de ses pas se perdit dans la distance. Elle ne savait pas trop combien de temps avait passé jusqu'à maintenant, Marie, et pour tout dire, elle ne s'en fichait plus entièrement. Inspire. Expire. Rolf venait tout juste de recommencer à fuir.
DAY 3. LIVERPOOL ; 7:49 A.M. Elle ne savait pas pourquoi elle avait choisi cette ville pour destination finale de leurs transplanages successifs. Elle ne savait pas trop pourquoi elle agissait ainsi depuis deux jours, comme si la guerre entre le gouvernement du Magister et les Insurgés n'était rien de plus qu'un abominable cauchemar. Elle ne savait pas trop pourquoi elle agissait ainsi depuis qu'elle était avec lui. Tout ce qu'elle réussissait à appréhender, c'était son regard azuré (qu'elle sentait se poser sur elle sitôt qu'elle le cherchait) et les différentes aspérités qui lui parcouraient les mains (elle avait établi une cartographie très précise de ces dernières en seulement quelques heures, la veille ; avait pointé chaque défaut avec amusement à chaque fois qu'il manquait de faire exploser le lecteur de musique qu'il tentait d'améliorer par la magie). Et ses silences, et ses pensées, et les rares anecdotes qu'il voulait bien partagé avec elle. C'était sans doute parce qu'elle découvrait un nouveau Rolf Scamander d'heure en heure, de jour en jour, qu'elle agissait ainsi, comme avant. Qu'elle renvoyait la logique de Marie aux oubliettes et laissait la nature spontanée de Luna, sa véritable nature, reprendre un peu de ses droits. En silence. Toujours en silence… « Hey ! Vous ! Qu'est-c'qu'vous fichez ici ? » Marie grimaça avant de se retourner vers le docker qui venait tout juste les apostropher de son accent terrible. « Nous cherchons le musée des… Batailles ? » Au regard du moldu, elle sut qu'une erreur de prononciation avait été commise. Ou bien qu'il s'appelait Bataille et pensait se faire insulter par une parfaite inconnue. Pire ! Il était en train de faire une crise cardiaque. Paniquée, elle jeta un regard troublé en direction de Scamander, espérant de tout cœur que lui saurait quoi faire, quoi dire – après tout c'était lui l'expert en musique, non ? Son visage était complètement fermé. « On doit courir ? », le questionna-t-elle dans un murmure et plutôt que de lui répondre, il lui attrapa la main pour l'entraîner dans son sillage et prendre la fuite, relâchant cette dernière quelques mètres plus loin pour leur laisser plus de marge de manœuvre à tous les deux. Elle ne sut pas trop quand ils s'arrêtèrent de courir : si c'était parce qu'ils avaient dépassé depuis longtemps les frontières de la zone portuaire ou si c'était parce qu'un terrible point de côté lui martelait douloureusement les côtes. Tout ce qu'elle réussit à faire une fois son souffle retrouvé fut d'éclater de rire, de cette même esclaffe ridicule qui avaient souvent poussé les autres insurgés à la comparer avec une dinde les rares fois où elle se laissait aller. Devant la mine déconfite du sorcier, elle se contenta de hausser les épaules. « Ça change des Rafleurs, tu ne trouves pas ? » Les lettres se mélangeaient et les mots devenaient parfaitement incompréhensibles : elle avait passé la première heure à étudier quelques chapitres du seul grimoire qu'elle avait apporté avec elle avant de se volatiliser du camp de Giupure pour la semaine. Bien qu'elle l'ait déjà lu et relu ces derniers temps, en long, en large et en travers, Hogwarts : a history était un ouvrage bien trop conséquent pour qu'il puisse lui révéler de nouveaux secrets sur le moment. Les paroles se confondaient et les notes s'entremêlaient : la seconde heure, elle s'était régulièrement demandé si c'était toujours Ben E. King qui continuait de s'élever depuis le casque du lecteur de cassettes. Debout, assise, allongée, elle trompait les secondes et les minutes pour ne penser au fait qu'elle devait bientôt partir. Pour ne pas donner plus de consistance à ses pensées les plus sensées. Repousser l'échéance lui permettait d'ignorer la réalité : celle où elle ne demanderait pas à Rolf Scamander de la suivre.
DAY 3. LIVERPOOL, 7:02 P.M. L'hiver se retirait pour laisser place aux premières esquisses du printemps et si l'air avait beau être frais, il n'était pas glacial pour autant. Dans la main gauche, un pot et dans la droite, une cuillère en plastique : Marie dégustait avec délice le dessert glacé tout en continuant de marcher. « Tu avais raison. On s'habitue vite au chimique. – Et toi, tu devrais regarder devant toi : tu arrives à la fin de la corniche. » Elle haussa un sourcil, fit demi-tour sur elle-même pour donner le change. Marie marchait maintenant à reculons sur le petit muret clôturant l'espace qu'ils avaient investi juste après le dîner. « Je préfère quand même la glace aux sauces. – Il y a des marches juste après la corniche. » Elle s'empara d'une nouvelle cuillerée de glace avant de la fourrer dans sa bouche et, pour mieux en savourer l'étrange goût de la vanille, elle ferma résolument les yeux. Marie marchait désormais sur un muret avec des marches au bout, à reculons et les paupières closes. « C'est ridicule, je ne savais même pas qu'une personne normale était capable de faire ça. – J'aurais peut-être préféré celle nappée de caramel. – Tu te moques de moi, c'est ça ? – Leur chocolat est vraiment bizarre. – Marie... – Et la fraise ? Je n'ose même pas imaginer le goût que ça doit être. – Marie ? – Comment les moldus font pour y mettre de la fraise... – Marie ?! – ... alors que ce n'est même pas la saiso... » Et Marie chuta, comme l'avait prédit Scamander. Pourtant, seul le pot de crème glacée à moitié vide termina sa course tout en bas des marches dans un bruit sourd. Sourire aux lèvres, paupières toujours closes, Marie tenait en équilibre : pieds sur la corniche en briques rouges et le reste du corps dans les bras de Rolf, seul un réflexe naturel l'avait poussée à passer le bras autour de ses épaules. « Et tu essayais de prouver quoi exactement ? – Que je ne marche pas aux côtés de quelqu'un qui me laisserait tomber aussi facilement. » Marie était sortie de la tente lorsqu'une odeur de feu de bois vint lui titiller les narines. Passant rapidement le pull qui leur avait servi d'oreiller la nuit dernière pour ne pas geler une fois dehors, elle eut à peine le temps de lui rendre son sourire et d'assimiler les sacs plastiques qu'il avait ramené que déjà, il se mettait à parler. Parler, parler, parler, sans discontinuer. Il parlait toujours beaucoup lorsque des Joncheruines lui parasitaient la tête. Cherchant à capter son regard au-travers de ses lunettes de lecture, Marie porta une main légère et recouverte par la manche en laine pour attirer franchement son attention sur elle. Au-travers des verres, le regard azuré de Rolf était tout aussi assombri que quelques jours auparavant. Lorsqu'elle l'avait vu abandonné dans la petite cuisine du cottage. Ses mains se perdirent alors dans sa chevelure ébouriffée et ses doigts allèrent entremêler un peu plus les mèches blondes : elle détestait le voir fuir. Sa gorge se serra lorsqu'elle le vit fermer les yeux au passage de son index par-dessus la cicatrice qui lui marquait l'arrière de la tête : elle savait exactement quel tiroir avait ainsi marqué à vie le cuir chevelu du sorcier. Le tiroir du haut de la commode jaune de sa chambre d'enfance. Brusquement, le secret au bout de la langue, elle entrouvrit les lèvres pour balbutier une première excuse pour les refermer tout aussi tôt. « J'ai rapporté des croissants mais je crois qu'ils sont un peu desséchés. » Et la vérité s'envola, retourna se nicher dans les tréfonds de sa conscience, tout aussi rapidement qu'elle était venue. Marie observa sur les deux sacs plastiques posés à même le sol durant plusieurs secondes avant de lui embrasser la tempe, s'éloignant pour récupérer les-dits croissants.
Retournant à ses côtés, elle fit rouler le sachet en papier entre ses doigts et prit place à même le sol, reposant allègrement son bras gauche contre la jambe de Rolf. L'ancien tatouage rebut ne l'avait pas élancé de la semaine. Pas une seule fois. « Quand j'étais petite, je voyageais beaucoup. » Sa main ouvrit aveuglément le sac pour en sortir une première viennoiserie, le regard résolument tourné vers les flammes, coupant en deux cette dernière par-dessus l'emballage pour ne pas éparpiller des miettes partout sur le sol. Ils n'étaient pas de première fraîcheur, c'était vrai, mais elle n'y voyait aucun inconvénient : ce n'était pas comme si les rebelles avaient installé une boulangerie dans chaque camp établis par la Résistance. « Et un jour, je me suis retrouvée à ne plus voyager du tout. Ça a duré deux ans. Je n'en pensais pas grand chose à l'époque mais... Aujourd'hui, me souvenir de cette période me rend triste. Diddlebury doit paraître bien triste pour cette caissière. » Aujourd'hui, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que rester deux années durant à Loutry avait considérablement fragilisé les deux Lovegood qui étaient resté en vie. Marie était triste pour la caissière de Diddlebury, tentait de se convaincre que c'était le sort de la caissière qui la rendait aussi morose. Elle tendit l'un des deux morceaux de la viennoiserie à Rolf et, une fois qu'il lui eut retiré sa part des mains, elle passa doucement son bras par-dessous sa jambe pour l'attirer contre elle, étreignant férocement son genou pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas encore partie, qu'elle était toujours à côté de lui. Qu'elle n'en avait pas fini avec lui.
DAY 3. CAMPAGNE DU DEVON, 11:26 P.M. Elle n'avait aucun sens du rythme. C'est ce qu'elle se dit, Marie, en sentant les phalanges de Rolf battre des accords bien précis de la chanson de Ben E. King contre les lettres inscrites sur son tee-shirt, celui qu'elle lui avait dérobé pour la nuit. Newton Scamanader sucks semblait faire une très bonne batterie de fortune pour Rolf. Liverpool était une grande ville, pleines de surprises, mais elle ne leur avait pas permis de trouver un endroit assez serein pour un campement pour la nuit. De nouveau, elle les avait faits de nombreuses fois transplaner pour quitter la géographie citadine du nord-ouest de l'Angleterre. Après leur dernier arrêt, ils avaient marché presque une heure pour s'éloigner le plus possible des traces de magie qu'elle avait semé en les faisant atterrir au beau milieu de ce coin de campagne du Devon. Ils étaient prêts à s'endormir lorsque la sorcière s'était mise à tapoter frénétiquement l'arrière du crâne de Rolf pour, croyait-elle dur comme fer, suivre les enchaînements du lecteur-cassettes amélioré. « Je ne suis pas certaine de vraiment voir la différence entre ta version et la mienne. », avait-elle lâché une fois la chanson terminée et la paume de Rolf immobilisée contre son coeur. Même dans l'obscurité, elle put voir son sourcil s'arquer. « D'accord, j'ai de l'avance mais pas tant que ça. » La musique se remit à se jouer. Marie ne put réprimer son sourire lorsqu'elle le sentit l'attirer lentement, silencieusement, contre lui. Il s'envola pourtant, ce rictus mi-amusé mi-moqueur, lorsqu'il se mit à l'embrasser. Elle mit alors toute son attention au service du nouveau but qu'elle s'était fixée : synchroniser ses lèvres avec celles de Rolf pour imprégner l'air de stand by me dans toutes les fibres de son corps. L'insurgée ne savait pas quoi lui dire. On l'attendait là-bas, elle avait des documents à décrypter, à analyser, à apprendre. Elle avait des gens à retrouver, à aider, à soutenir. Elle avait un idéal à atteindre, un idéal qu'elle avait besoin de voir se réaliser. Pour effacer les horreurs perpétrées par un seul sorcier et ses sbires. Pour ne plus se faire traquer, pour récupérer ce qu'on lui avait prit tant d'années auparavant sans qu'elle ne puisse le voir venir. Pour oublier les mois, les années, qu'elle avait passé enfermée, à vivre loin de son existence. Pour oublier que son père était parti sans jamais lui dire au revoir, aussi. Elle lui avait dit qu'elle ne pouvait abandonner ce pour quoi elle se battait depuis tant d'années. Mais elle ne lui avait pas dit que c'était pour ses amis qu'elle partait ; que c'était aussi pour lui qu'elle retournait à sa vie d'insurgée. Ce n'était pas parce qu'elle ne voulait pas de lui qu'elle ne lui proposerait pas de venir... c'était parce qu'elle savait que les semaines à venir détermineraient la voie qu'emprunterait désormais la guerre. Elles aboutiraient soir sur une victoire... soit sur leur ultime échec. La sorcière ne lui proposait pas de les rejoindre maintenant par pur égoïsme. Elle ne supporterait pas de le perdre maintenant. Elle sentait qu'il la pensait déjà partie. Pourtant, elle était encore avec lui, là, tout de suite. Elle n'était pas encore partie. La question s'aventura dans les airs sans même qu'elle ne cherche à la retenir. « À quoi tu penses ? », et en attendant sa réponse, elle attrapa le bras libre de Scamander pour le passer autour de ses épaules et aller se lover contre son flanc. Marie croqua dans sa moitié de croissant plus par réflexe que par réelle envie de manger : la bouchée avait un goût fade et une désagréable saveur d'inachevé.
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Dernière édition par Luna Lovegood le Mar 7 Juin 2016 - 11:05, édité 1 fois |
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HERO • we saved the world Rolf Scamander ‹ disponibilité : always.
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‹ dialogues : seagreen.
‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.
‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.
Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
| DAY 04. DEVON. 5:35AM “ Rolf. Rolf. Rolf. Rolf. — Marie... — Rolf. Rolf. Rolf. — Mariiiiie. — Rolf. Rolf. ” Il grogne, essaie de se débattre; en vain. À chaque fois qu'il tourne la tête pour enfouir le nez dans le pull-oreiller, elle pose sa main sur son visage, son front, son nez, son menton. “ Rolf, je te jure que c'est super beau! — Le soleil se lève tous les matins, Marie. — Oui mais il ne se lèvera qu'une fois aujourd'hui. Roooooolf. ” Elle se glisse sous son bras, dépose une myriade de baisers sur sa joue, sa mâchoire, son cou, son épaule. Il grogne, il grogne, mais il la serre contre lui et il la sent sourire contre sa peau. Au moment où il s'apprête à tourner le visage pour déposer ses lèvres sur les siennes, elle s'échappe dans un petit rire et l'instant suivant, elle est à la porte de la tente en train de défaire la fermeture éclair. Puis l'obscurité ambiante avale sa silhouette. Partie. Juste partie. Il grogne en enfilant le pull-oreiller, en se redressant, en sortant à son tour de la tente. Ils bivouaquent sur une petite colline à l'écart de tout et Marie est assise quelques mètres plus loin, sur un rocher, contemplant l'Est et son soleil levant avec des yeux qu'il imagine grands, curieux. Émerveillés, comme toujours. Il va s'asseoir à côté d'elle, mal luné, bougon, les yeux lourds — Rolf n'a jamais été du matin — et elle tourne vers lui un visage radieux. “ Alors, c'est différent de d'habitude? ” lâche-t-il d'un ton faussement agacé, et elle sourit légèrement en s'approchant de lui, passant son bras autour du sien et déposant un instant son menton sur son épaule pour venir embrasser sa tempe. “ Oui, ” répond-t-elle en se serrant contre lui. Le silence l'a toujours rassuré. Mais il n'y a vraiment de silence, lorsqu'il est avec Marie. Quand ils ne discutent pas à mi-voix, de tout et de rien; quand elle ne lui parle pas d'aventures et de la France; quand il ne s'enflamme pas au sujet d'Erlkönig ou de tout autre animal; quand ils ne disent pas un mot, il y a toujours son coeur qui tambourine, sa respiration qui se mêle à la sienne. C'est stupide, dit ainsi, évidemment. Mais quand elle est proche, comme maintenant, il est soudainement hyperconscient de leurs peaux à deux doigts de se toucher, leurs souffles qui se mélangent, leurs courbes et leurs angles qui vont ensemble, son odeur, ses cheveux — tout. Soudainement hyperconscient de son petit corps parfait à elle et de son grand corps maladroit à lui. Mais ça ne semble pas beaucoup la déranger, Marie, ce grand corps maladroit impatient d'aimer. Elle promène ses doigts à la surface de son crâne, le fait frissonner en effleurant une cicatrice depuis longtemps oubliée. Ils restent un instant silencieux, sa main dans ses cheveux, lui se laissant aller contre elle alors que ses doigts viennent d'eux-même effleurer sa cheville à travers son jean. Puis elle se détache et vient s'asseoir à côté de lui. Il continue de tâtonner le feu avec sa branche, déposant le livre à côté de lui, fixant les flammes. Il note aussitôt qu'elle laisse aller son bras contre sa jambe. « Quand j'étais petite, je voyageais beaucoup. » Il l'observe du coin de l'oeil prendre le croissant, le couper en deux, commencer à grignoter une partie en lui donnant l'autre. Rolf n'a pas très faim mais il prend le morceau de croissant tout de même. « Et un jour, je me suis retrouvée à ne plus voyager du tout. Ça a duré deux ans. Je n'en pensais pas grand chose à l'époque mais... Aujourd'hui, me souvenir de cette période me rend triste. Diddlebury doit paraître bien triste pour cette caissière. » Diddlebury doit paraître bien triste pour tout le monde qui y passe. Rolf ne répond pas, tourne seulement les yeux vers elle quand elle glisse ses mains sur sa jambe, l'attire contre elle et il se laisse faire, jusqu'à ce que leurs épaules se percutent, jusqu'à tourner la tête pour lui embrasser la tempe à son tour.
DAY 04. DEVON. 00:27PM “ On va attraper froid! Rolf! — Oh, Marie. — Je suis sûre que c'est gelé. — N-non! c'est même particulièrement chaud pour la saison! — Tu trembles, Rolf! — Tout va bien! ” Elle l'observe, peu convaincue, depuis la berge de galets. “ Alright, alright, soupire-t-il. We can't have fun, I get it. ” Il a l'air franchement défaitiste, Rolf, alors qu'il se tire lentement de la rivière au mépris de ses vêtements qui lui collent désormais désagréablement à la peau. Ils ont enfin droit à une journée plutôt chaude et ensoleillée et pourtant, au moment même où il commence à sortir de l'eau, il regrette toutes les décisions qu'il a pris ces dix dernières minutes. Il va geler de froid. Il va littéralement geler de froid et perdre ses orteils. “ Tu veux bien me réchauffer d'un sort? ” demande-t-il en grelottant, se frottant énergiquement les bras. Elle lève les yeux au ciel et alors qu'elle se détourne pour aller chercher sa baguette dans son sac qu'il a laissé avec elle sur la berge, il se penche, passe son bras autour de sa taille et la soulève du sol sans mal. “ Rolf! — Je te dis qu'elle est bonne! ” Et ensemble, ils rentrent dans l'eau, elle se débattant inutilement et lui riant légèrement, la maintenant fermement contre lui jusqu'à ce qu'ils tombent ensemble dans l'eau gelée de la petite rivière. Elle est la première à resurgir, essaie de le noyer mais il se redresse avant, la glisse sous son bras mais elle s'échappe dans son dos, il se retourne, elle se jette sur lui en espérant lui faire perdre l'équilibre et puis crac. « À quoi tu penses ? » À quoi tu penses? À quoi tu penses? Rolf n'a pas envie de penser. Il passe obligeamment son bras autour des épaules de Marie, l'attire à lui et lui embrasse la tempe, encore une fois, toujours. Il ferme les yeux en nichant son nez dans ses cheveux, glissant ses lèvres sous son oreille, sur sa mâchoire; avant de détourner le visage pour grignoter à son tour un morceau de son croissant, sans grand appétit non plus. “ Tu sais à quoi je pense, ” dit-il, parce que la menace du départ de Marie est comme une épée de Damoclès sur ses épaules, une menace constante qui s'appesantit de jour en jour. Il n'arrête pas d'y penser mais il essaie de ne pas y penser. C'est partout. C'est là. Sur elle, son odeur, sa présence, sa peau, son souffle, ses cheveux, sa chaleur, la sensation de ses épaules sous son bras, leurs corps presque entrelacés. Et pourtant elle est déjà partie, évidemment qu'elle est déjà partie, c'est comme si elle l'avait déjà abandonné. Abandonné. Non. Le terme est mal choisi. Elle ne va pas l'abandonner. Elle va faire ce qui doit être fait. Voilà tout. Pourquoi est-ce que Rolf est si négatif? Si égoïste? Les serpents auront toujours tout à apprendre des griffons. “ Et toi? ” Il ne lui demande jamais ce qu'elle pense. Pas besoin, pas le temps. Elle parle, Marie, elle s'ouvre à lui, un peu, timidement. Il s'ouvre à elle aussi. Un peu. Craintivement. Mais elle accueille toujours ses pensées avec un sourire, et lui pour la première fois se demande ce qui se cache dans son crâne. Peut-être qu'elle veut qu'il vienne. Peut-être qu'elle veut qu'il parte lui-même. Peut-être qu'elle veut s'enfuir. Peut-être qu'elle veut rester. Peut-être qu'il n'a pas vraiment envie de savoir.
DAY 04. DEVON. 03:17PM “ Mais ça va durer plus de deux heures! — Ça ira, Marie. — Mais je suis lourde. — Lourde? N'importe quoi. — Je parie que tu vas te plaindre dans trente minutes. ” Et effectivement, trente minutes plus tard, Rolf réprimait des grognements en la portant sur son dos, à moitié amusé et à moitié agacé qu'elle se soit foulé la cheville à ce moment-là de la randonnée. Non pas qu'il la blâmait, juste qu'il s'en voulait de ne pas avoir fait plus attention où elle mettait les pieds et s'en voulait de l'avoir laissée tomber, finalement. “ Alors? — Tout va bien, ” répondit-il pile trente minutes après la fameuse chute. Et finalement, ils arrivent à la fin de la randonnée et il la dépose doucement sur la souche d'un arbre depuis longtemps tombé et elle lui sourit légèrement, lui caresse la joue et il la regarde dans les yeux, un long moment, sans savoir quoi dire. Elle fronce les sourcils. “ Tout va bien? ” Il baisse les yeux, elle glisse sa main dans son cou, dans sa nuque, dans ses cheveux. “ Rolf? — Je suis désolé de t'avoir laissée tomber. ” Elle reste silencieuse, il se détache et s'assied sur le sol à côté d'elle. Elle ne sait pas quoi dire, lui non plus. “ À quoi tu penses? ” Ils regardent ensemble le coucher de soleil. “ C'est différent de d'habitude, ” dit-il doucement, avant de tourner un visage soucieux vers elle. Elle sourit, alors il sourit aussi. Son bras délaisse ses épaules pour aller se glisser entre eux deux, sa main venant chercher la sienne sur leurs genoux liés. Ses doigts ont l'air tellement petits, à côté des siens, et fragiles. Rolf se sent obtus et maladroit. Il a des cicatrices de partout, certaines très anciennes, certaines très récentes, certaines presque blanches, certaines encore rosées. Celles de Marie aussi sont un peu calleuses, un peu dures, un peu puissantes. Il enferme sa main gauche dans sa main droite, entrelace leurs doigts, observe leurs peaux pâles et les tendons au dos de la main de la française. Il serre. Fort. Puis apporte leurs mains liées à ses lèvres, embrasse le dos de la main de Marie en tournant les yeux vers elle. “ On voyagera, ” dit-il avec une foi presque attendrissante, une confiance aveugle, un espoir sans fin pour un lendemain meilleur, lendemain moins douloureux, s'il vous plait, Merlin, s'il vous plait. On voyagera. Parce qu'il y a on, dans ce lendemain doré, il y a un on, dans ce futur probable et possible, il y a un on, il y a un nous, il y a un eux et Rolf ne lui permettra pas de douter, pas ça, s'il te plaît, pas ça. Ils iront en Asie, ils iront en France, ils iront randonner, ils iront rire dans les rivières et ils iront retracer les étoiles, retracer leurs corps, effacer leurs cicatrices, ils iront s'embrasser, ils iront danser comme des fous et s'aimer comme des dingues, ils iront s'aimer, Marie, s'aimer franchement, sans peur, sans hésitation, sans barrière, sans obstacle, Marie, il suffit d'y croire, il suffit d'y penser et peut-être qu'après... peut-être qu'après tout ira mieux. Il laisse ses lèvres contre la peau de sa main, même si il cesse de l'embrasser. Toujours le vide dans son Bruit mais toujours la chaleur de sa peau, sa présence, sa chaleur, sa vie, sa vie. Il ferme un instant les yeux. “ J'aurais aimé qu'on ait plus de temps, ” laisse-t-il finalement tomber, incapable, dans tout cet égoïsme douloureux, de supporter son regard mais tout aussi incapable de la laisser partir non plus, ses doigts se serrant encore plus aux siens jusqu'à en faire trembler et blanchir leurs phalanges.
DAY 04. DEVON. 11:23PM “ Ça va mieux, ta cheville? — Ça va, oui. Peut-être pas de randonnée pour demain. ” Il soupire, vaguement rassuré, en se laissant tomber à côté d'elle dans un grognement éreinté. Elle a l'air toute fraiche, pourtant, Marie, presque moqueuse devant son visage froncé de fatigue et de douleur: il a dû la porter jusqu'à la tente, a refusé de se plaindre et a refusé d'utiliser transplanage ou Portoloin. Pas besoin a-t-il dit. Et pourtant, le voilà complètement épuisé, complètement fourbu, complètement grognon. Elle pose son doigt entre ses sourcils. “ Arrête de froncer ou tu vas rider. ” Il fronce les sourcils encore plus. “ Arrêêêêête, ” répète-t-elle en appuyant un peu plus, réprimant un sourire. “ Je vais être tout ridé. — Mais. ” Elle sourit légèrement quand il se détend, retire son doigt. Il laisse son visage tomber sur le côté, la regarde dans les yeux. La baguette allumée entre eux deux donne au visage de Marie des ombres étranges, qu'il a envie d'explorer du bout des doigts et des lèvres. “ À quoi tu penses? ” Il lui dit à quoi il pense. Et elle rougit un peu, avant de l'attirer à elle pour l'embrasser.
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| Because maybe, in a way, we didn't leave it behind nearly as much as we might once have thought. Because somewhere underneath, a part of us stayed like that: fearful of the world around us, and no matter how much we despised ourselves for it - - unable quite to let each other go. « Tu sais à quoi je pense. » Les paupières mi-closes, la sorcière préféra s'imprégner de sa présence plutôt que des syllabes étranges (mélancoliques) qui s'échappèrent alors des lèvres de Scamander. Marie inspira profondément, expira tout aussi lentement : elle imaginait seulement ce qu'il pouvait bien se passer sous cette tête blonde. Elle composait toujours à partir des nuances qu'elle réussissait à capter dans son regard, rien d'autre. Elle ne voulait pas savoir, ne voulait pas deviner, extrapoler, suspecter, accepter ce que lui avait déjà réussi à assimiler. Tout ce qu'elle voulait, c'était être dans l'ici et maintenant. Après, il serait trop tard. Elle ne pourrait plus vivre l'instant présent une fois qu'elle l'aurait quitté.
DAY 2. NOTTINGHAMSHIRE. 8:13 A.M
« Ta cape. », lui murmura-t-elle subitement, le regard toujours vissé sur le petit cottage qui leur faisait face. Rolf lui jeta un regard curieux : intrigué et étonné, son expression actuelle surpassait tous les comportements suspicieux dont elle avait pu être témoin jusqu'alors. Il devait très certainement se dire qu'ils étaient déjà bien assez cachés, là, accroupis derrière ces fourrés. Depuis leur arrivée, ils avaient jeté tour à tour quelques Hominum Revelio pour s'assurer que personne d'autre que la propriétaire naturelle de la propriété ne se trouvait à l'intérieur de la maison. Pour s'assurer que personne d'autre qu'elle ne pourrait les surprendre. Alors pourquoi avait-elle en plus besoin de sa cape d'invisibilité ? « Trust me. », ajouta-t-elle et dans sa voix, la prudence s'était infiltrée. Farfouillant quelques secondes dans son sac, il lui sortit rapidement sa vieille cape d'invisibilité pour la lui passer lui même par-dessus la tête, jaugeant d'un œil critique le sortilège délavé imprégnant le tissu. « On voit qu'il y a quelque chose qui cloche, Marie. – Ah oui ? N'oublie pas alors : les traceurs les moins bornés abandonnent au quatrième transplanage, plus rapidement encore dans les zones bondées de moldus. Les autres... », elle mordilla sa lèvre inférieure avant de le regarder droit dans les yeux, à-travers du tissu de la cape. « Continue jusqu'à ce qu'ils abandonnent pour de bon. On se retrouve à St Michael... », si jamais tel scénario devait se produire. Mais l'hypothèse lui resta en-travers de la gorge et sans un mot de plus, la sorcière se leva pour s'extirper de leur cachette végétale, faisant frissonner le buisson sur son passage. Elle pouvait sentir le regard de Scamander la suivre à la trace, devinait la cape dépeindre un paysage suspicieusement flou à chaque mètre parcouru. Raison de plus pour presser le pas. Trois petits coups furent rapidement frappés contre du vieux bois une fois la porte d'entrée à portée de main. « Qui est-là ? », résonna une voix pleine de sagesse derrière la porte branlante. Et à Marie de lui répondre le plus sereinement du monde : « We shall defend our island, whatever the cost may be. We shall never surrender. » Dans un craquement sourd, la porte d'entrée s'entrouvrit, laissant assez d'espace pour que sa silhouette translucide ne s'engouffre à l'intérieur en une fraction de seconde. La moindre fibre de son être frissonne encore du passage de ses lèvres contre ses cheveux, contre sa tempe ; Marie avait même penché la tête pour lui offrir plus de surface à couvrir en le sentant s'attarder le long de sa mâchoire. Ses yeux se perdent même dans les braises qu'il entretient religieusement, pour éviter de lui montrer qu'elle aussi se sentait mal. C'est elle qui part et lui qui reste. Il n'a pas en plus besoin de supporter tout ce qui lui passe par la tête : elle ne veut pas lui faire subir ça maintenant. « Et toi ? » La question flotte doucement jusqu'à l'atteindre de plein fouet. Et toi, et toi, et toi? Son cœur se serre lorsqu'elle percute finalement que, pas une fois de la semaine, il lui avait retourné la question. Pas une fois de la semaine, il n'avait cherché à lui arracher la moindre pensée de l'esprit, le moindre mot des lèvres, laissant toutes les choses qu'elle ne souhaitait pas évoquer reposées dans ce jardin secret qu'elle cultivait depuis bien trop longtemps. Il respectait ça et elle lui en serait éternellement reconnaissante. Mais là, devant le fait accompli, elle ne sait pas quoi lui répondre. Elle parle, parle, parle, Marie, mais ce n'est pas vraiment elle qui s'expose à lui. Elle pense, pense, pense, Loony, et elle doit bien avouer s'être dévoilée bien plus qu'elle ne l'imaginait, bien malgré elle, à lui. Elle aimerait lui dire à quoi elle pense, Luna, mais c'est encore et toujours Marie qui se dresse entre elle et le monde, pour la protéger. C'est toujours Marie qui parle à sa place, pour la cacher, pour lui éviter le violent retour de flammes qui n'attendait qu'une seule faille pour s'engouffrer totalement en elle. Pour lui reprendre ce qu'elle avait volé en quittant le cottage délabré dans lequel Hermione l'avait aidée. Du temps. Marie avait mis entre parenthèses Luna Lovegood pour lui offrir du temps : le temps de récupérer sa magie, de se reconstruire ; le temps de rattraper tout ce qu'elle avait raté en étant seulement enfermée dans les sous-sols et les étages du manoir Malfoy. Elle tait ce qu'elle pense vraiment et pourtant, c'est en toute sincérité qu'elle lui offre ce qu'il veut entendre. « Que ça faisait longtemps, », les lèvres se pincent une seconde puis se détendent, « ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien dans le présent. » Un léger sourire vient parfaire l'expression qu'elle s'efforce de conserver malgré la chappe de plomb qui les ensserre tous les deux : elle reste apaisée. Rolf l'a apaisée et elle ne pourrait jamais assez le remercier.
DAY 2. NOTTINGHAMSHIRE. 11:49 A.M
« Tu as besoin d'autre chose, Panda ? » Jetant un regard par-dessus son épaule, l'insurgée adressa un nouveau sourire en direction de leur hôte. « Non, tout va bien. Merci pour tout Cara. » Dans le vide, Cara agita frénétiquement sa main, refusant comme toujours les remerciements des rebelles d'un œil pétillant, le visage tordu comme si c'était la chose la plus stupide qu'elle venait d'entendre. « Je retourne au potager. Ne sursautez pas si la porte de devant s'ouvre, j'attends de la visite. » Mélangeant une dernière fois les préparations frémissantes dans les casseroles cuivrées, Marie opina du chef avant de couper le gaz, capta le fantôme d'un sourire sur le visage de leur bienfaitrice avant que celle-ci ne disparaisse du paysage. Elle se demandait toujours comment Cara faisait pour traverser avec une telle aisance la flore si particulière de sa propriété, avec sa drôle de silhouette recourbée et sa canne en bois tordue par les années. « Comment sait-elle ? – On raconte que des membres de sa famille étaient sorciers, on raconte aussi qu'elle est cracmol. On raconte beaucoup de choses à son sujet mais on ne sait pas vraiment. On sait juste qu'elle ouvre sa porte, pour peu qu'on connaisse sa citation préférée. Un moldu qui s'appelait Churchill. Tu connais ? » Rapidement, elle passa ses mains sous l'eau pour les laver et après avoir refermé le robinet, Marie les essuya contre un vieux torchon à carreaux qui se trouvait non loin de là. D'un pas lent, elle retourna près de Rolf, prit place à califourchon sur le même banc que lui après avoir lancé un dernier regard en direction de la fenêtre de la cuisine. Son front trouva refuge contre l'épaule de Scamander lorsqu'il enroula son bras autour de sa taille, l'attira à lui d'un mouvement un peu brusque, surtout tendre, avant de déposer sa tête par-dessus la sienne. « Elle donne l'impression d'avoir marché en enfer... – Elle y est allé et elle revenue. » Les deux sorciers détournèrent leur attention en même temps, plantèrent de concert leurs regards dans celui du petit garçon qui venait de pénétrer la pièce sans un bruit. « Bonjour. – Bonjour. », Marie ne put s'empêcher de sourire en voyant un petit brun s'avancer calmement vers eux, sans jamais détourner un instant le regard. « Comment sais-tu qu'elle y est allée ? », il haussa l'une de ses petites épaules, prit place sur le banc qui leur faisait face. « Elle m'a raconté la seconde guerre mondiale. Et… On peut aussi dire que j'ai lu dans son regard, m'sieur. – Moi, c'est Rolf. Elle, c'est Marie. Et toi, quel est ton nom? ». La sorcière eut la désagréable impression de sentir son regard lui infiltrer l'esprit. Elle eut la désagréable impression que le petit garçon pouvait la lire, elle aussi ; qu'il décryptait, arrachait, disséquait, tout ce qui se cachait derrière les iris noisettes de Marie. Les secondes s'étirèrent, lui parurent interminables, jusqu'à ce qu'il ne cesse finalement de la fixer, lui adressa un vague sourire désolé. Toi aussi, tu es allée là-bas. Toi aussi, tu en es revenue de l'Enfer, lui soufflait-il en silence, de ce même regard enflammé et lointain qui hantait Cara. Toi aussi, tu mens. « Lesath. Je m'appelle Lesath. »
Elle ne bronche pas lorsqu'il décroche son bras de ses épaules, fait glisser ses phalanges le long de son bras pour aller récupérer la main qu'elle maintient cramponnée à sa jambe. Naturellement, ses doigts s'ouvrent, toujours prêts à accueillir ceux de Rolf ; sont parcourus d'étranges fourmillements lorsqu'il retrace les lignes de sa paume. Son regard se concentre aussi sur cet étonnant face à face manuel, elle aussi observe minutieusement les différences qui composent leurs extrémités usées par la guerre. Elle ne peut pas non plus effacer l'image qui se superpose alors à la réalité : elle ne peut pas s'empêcher d'imaginer une main plus frêle et plus pâle à la place de celle qui se repose contre celle du sorcier. Il efface le mirage en entrelaçant leurs mains, en laissant ses doigts fondre dans le creux des siens. Il serre, serre, serre, Rolf et c'est avec une force presque équivalente qu'elle le retient. Elle aime ces mains qui l'ont ignorée toutes ces années. Tout autant qu'elle ne peut pas ignorer ces mains qui l'ont aimée ces jours derniers. Son cœur bat un peu plus fort contre ses côtes tandis qu'elle l'observe déposer un baiser sur le dos de la sienne, apprécie de sentir ses lèvres se mouver sur sa peau lorsqu'il se met à parler. « On voyagera. – Ça sonne comme un plan. C'est un bon plan. Toi, moi, le monde... » Son sourire se fait lumineux et les battements redoublent d'intensité : l'entendre prononcer ces mots avec une telle ferveur la rassurent, lui permet de voir plus loin que ces temps obscurs où tous les insurgés se préparent à aller en guerre. Ses mots lui font toujours miroiter un après, lui rappellent que le futur est toujours plus facile à modifier que le passé.
Menteuse. Son cœur lui fait mal lorsque la voix qui l'avait laissée toute une semaine durant refit de nouveau surface à l'orée de sa conscience. Menteuse. Les sourcils se froncent tandis qu'elle observe curieusement l'éclat bleuté disparaître, Rolf fermant résolument les yeux tandis qu'il resserre sa poigne autour de la sienne. Elle sent ses muscles tirer, ses os être comprimés, mais elle ne ressent aucune douleur. Elle se contente juste d'affirmer sa propre emprise, pour le rassurer et pour se rassurer aussi. « J'aurais aimé qu'on ait plus de temps. » Pour étouffer la voix qui recommence à férocement lui marteler les tempes. Menteuse, menteuse, menteuse. Il fuit.
DAY 2. NOTTINGHAMSHIRE. 9:22 P.M Sous les menaces chaleureuses de Cara et du petit Lesath, ils avaient finalement accepté de rester, plantant la tente de Scamander entre le véritable potager moldu et les deux petites serres à tendance sorcière de Cara. Sans le cottage à une centaine de mètres de là, ni les serres à quelques mètres d'ici, ils auraient pu croire être perdus au milieu de nulle part : la nature était seule maîtresse de ce terrain libre et vivant. « Je peux le faire seul. – Bien sûr que tu peux atteindre le milieu de ton dos seul... – Serait-ce du sarcasme que je viens d'entendre ? – Arrête de te moquer de moi ! Concentre-toi sur ce que tu fais : je ne veux pas que tu m'accuses encore une fois d'être une distraction fatale pour ton lecteur. – Tu es une distraction infernale pour mon lecteur : j'ai déjà failli le griller deux fois ! » La sorcière se contenta de lui frapper légèrement les côtes avant d'étaler une nouvelle couche de baume sur les dernières traces d'hématomes qui lui graciaient toujours la peau. En voyant ses muscles se contracter sous les effets de la pommade, elle alla déposer baisers après baisers sur ses épaules, dans son cou, diffusant du bout des lèvres ses excuses les plus sincères. Les préparations réalisées le matin-même étaient bien plus efficaces (et par conséquent, bien plus désagréables) que celle qu'elle avait amené pour sa convalescence inopinée au cottage. Posant son menton sur son épaule, tant pour le regarder trafiquer l'objet moldu que pour le détourner des douloureuses sensations qui lui parcouraient le derme, une expression curieuse lui froissa les traits. « Qu'est-ce que tu lui fais d'ailleurs ? » Il déposa sa tempe contre la sienne avant de s'éloigner à nouveau, un rictus très Slytherin lui relevait alors la commissure des lèvres. « Donne-moi dix minutes et tu le verras par toi-même... – D'accord. Tu ne risques pas de faire exploser toute la tente si je m'absente une vingtaine de minutes ? Le temps de préparer des fioles pour Cara avec le restant des baumes ? – Pour qui tu me prends?! ». Et c'est en riant, les bras chargés par deux récipients remplis d'onguents, que Marie s'extirpa de la tente. Mais c'est en silence qu'elle la réintégra, les mains vides et le visage blême. Le sourire satisfait de Scamander s'envola dès l'instant où il aperçut son regard terne et vide. « Marie ? Marie, ça ne va pas ? Hey. », elle parut revenir de bien lointains songes, Marie, lorsqu'il planta finalement son regard azuré dans le sien. « Hey... – Il y a un problème ? – Non. Non... – On dirait que tu as vu un fantôme. – Sincèrement ? J'aurais préféré... » Il cherchait quoi lui répondre mais elle le prit de court, l'embrassa brutalement avant de l'attirer dans une étreinte étouffante et désespérée. Juste avant de s'endormir, cette nuit-là, même si elle savait parfaitement qu'il allait l'attirer dans le creux de ses bras, elle lui demanda. « Rolf ? Est-ce que tu peux me tenir jusqu'à ce que je m'endorme ? ». La voix était hésitante, comme si les mots prononcés n'étaient pas ceux qu'elle aurait véritablement voulu lui confier. Il la serra un peu plus fort, Rolf, juste assez pour qu'elle cesse de trembler. Juste assez pour qu'elle comprenne qu'il l'étreindrait toujours, s'il le fallait. Cette nuit-là fut la toute première où le lecteur-cassettes ne s'arrêta jamais de jouer. Elle ne veut pas le laisser fuir tout de suite – elle a encore cette journée à lui offrir. « Hey. », lance-t-elle en amenant un peu plus sa jambe contre la sienne. Elle est étonnée qu'une telle prouesse physique soit encore possible tant elle s'est collée à lui, ne veut pas se détacher de lui. Elle retourne la viennoiserie dans le sachet en plastique, frotte sa main de nouveau libre sur son jean pour se débarrasser de quelques miettes avant d'aller la glisser sous sa chemise. Du bout des doigts, elle escalade une à une les vertèbres de Rolf, à peine gênée par les frissons qu'elle sent lui parcourir le derme, jusqu'à ce que son avant-bras ne soit entièrement enveloppé par cette prison faite de tissu et de chairs. « Hey... », répète Marie en penchant la tête pour accoler son front contre le sien. Comme son index la veille, elle s'acharne sur ce dernier pour l'obliger à rouvrir les yeux, à se focaliser sur elle. Ce n'est qu'en voyant réapparaître l'éclat bleuté qu'elle abandonne un peu la pression exercée, laisse son sourire lui frôler doucement les lèvres. Elle ne peut pas le laisser fuir tout de suite – il a encore cette journée à vivre avec elle. « Bonjour, Scamander. » Tous ses réveils, c'était ainsi qu'elle les avait vraiment passés. Avant de repartir de l'une de leurs étapes en pleine campagne, elle le regardait droit dans les yeux pour le saluer d'un Bonjour, Scamander intense. Parce que le voir s'illuminer lorsqu'elle prononçait son nom était tout aussi important que les moments où il lui confiait ses pensées les plus intimes. Parce que lui rappeler qui il était, lui montrer ce qu'il représentait vraiment pour elle, était aussi important que tout le reste. Pourquoi ? Soudain, la voix s'incrusta pernicieusement encore une fois. Et à mesure qu'elle la hantait, la sorcière se rendait compte que l'accusation devenait de plus en plus fluette, Parce que toi, tu ne peux plus prononcer le tien?, s'arrondissait toujours un peu plus pour parfaitement s'enrober de douceur et se parer d'une candeur traître. Menteuse.... La voix neutre qui l'accusait de plus en plus souvent revêtait des tonalités particulières, ses sonorités enfantines à lui. L'accusation arborait la voix de ce petit garçon qui l'avait aussi vue revenir d'un enfer comparable à celui de Cara. Pourquoi mentir? Elle ne voulait pas entendre Lesath parler maintenant. Nouveau battement et elle dépose fermement ses lèvres contre les siennes, chasse la voix fantomatique en lui volant un baiser tendre, réel. Vivant. Elle parvient toujours à chasser les récriminations lorsqu'elle est contre lui, avec lui. Elle veut rester dans l'ici et maintenant, ce n'est pas immédiatement qu'elle doit se retirer de sa vie. Aussi subitement qu'elle s'était imposée, elle s'échappe de sa portée, le jauge d'un regard mi-transporté, mi-amusé. Elle espère avoir réussi à le lui faire comprendre. « J'aimerais aussi avoir plus de temps et on en a encore : il n'est pas encore dix heures. », lâche-t-elle dans un souffle, frôlant une dernière fois ses lèvres avant de laisser sa main lui effleurer le creux des reins, l'arrêtant seulement une fois qu'elle eut atteint la courbe de sa hanche. « Qu'est-ce que tu veux faire ? », lui demande-t-elle, prompte à accepter n'importe laquelle de ses idées, même les plus folles. Toujours prête à le talonner de près. Peu importait l'endroit, peu importait l'instant, du moment qu'elle puisse le suivre jusqu'à ce qu'elle ne le quitte, maladroitement.
Et en filigrané, elle le questionnait aussi pour l'après, plus tard. Elle n'ose pas prononcer ses inquiétudes, ses envies, ses remords, ses rêves. Et même si elle n'osait pas, elle crevait d'envie de savoir. Tais-toi, tais-toi, tais-toi. Aujourd'hui plus que jamais, elle détestait son ambivalence, sa nature paradoxale délurée. À force de rester avec lui, elle avait de plus en plus de mal à se contenir.
Dernière édition par Luna Lovegood le Mar 14 Juin 2016 - 21:24, édité 1 fois |
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HERO • we saved the world Rolf Scamander ‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 27/09/2015
‹ messages : 876
‹ crédits : flightless bird, les gifs à tumblr et à maggie stiefvater pour la signature.
‹ dialogues : seagreen.
‹ liens utiles :
rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.
‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.
Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
| DAY 02. NOTTINGHAMSHIRE. 01:23PM “ Tout est dans le poignet. Regarde. Il faut que tu prennes une jolie pierre, pas trop lourde, pas trop légère... bien lisse... et que tu la lances comme si tu voulais seulement effleurer la surface de l'eau. ” Le gamin fronce les sourcils, soupire, retourne le sol jusqu'à trouver un galet et le cale contre son index. “ T'envoies le bras en avant... oui, là... et puis petit coup de poignet. Ah! Presque. — C'est nul. — Bah! ” Rolf ne peut s'empêcher de sourire. Il est un peu nul avec les enfants. Avec Teddy, le fils de Nymphadora et le petit-fils d'Andromeda, qu'il a côtoyé moins de vingt-quatre heures, il s'est rendu que si il aimait bien les enfants, chaque interaction qu'il pouvait avoir avec eux se soldait par une étrange impression de... d'inachevé. Comme si toute interaction aurait pu être différente, meilleure. J'aurais dû être moins condescendant, j'aurais dû être plus docte, plus sympathique, utiliser des mots moins compliqués. “ Et puis, ça sert à rien de lancer des cailloux comme ça dans l'eau. ” Sauf que Lesath n'est pas un gamin comme les autres. La réplique arrache un petit sourire à Rolf qui hausse les épaules en se rasseyant au bord de la rivière. Le garçon essaie toujours de trouver une pierre appropriée sur la minuscule plage de galets alors que Scamander cherche... quelque chose, mais il ne sait pas vraiment quoi. Il retourne les pierres, en enlève la terre et la boue, les observe au soleil, les fait rouler dans ses mains et s'arrête seulement quand le petit homme s'approche de lui pour lui montrer sa trouvaille. “ Tu sais ce que c'est? — Non. ” Le petit fait tourner la pierre entre ses doigts, jusqu'à ce que le soleil fasse réfléchir à la surface du minéral une... quoi? lumière? reflet? quelque chose de violet. “ C'est très rare. ” Rolf se demande si c'est une pierre magique, si Lesath est très chanceux et même combient ça vaut. Il prend la pierre dans la paume du gamin et l'examine de plus près, avant de la lui rendre. “ Où tu l'as trouvée? — Juste là. ” Et puis, alors qu'il se retourne pour désigner l'endroit du doigt, du même mouvement, il renvoie la pierre dans l'eau. “ Pourquoi t'as fait ça? Elle était super belle! ” Mais Lesath, déjà, hausse les épaules et retourner chercher. “ Les choses belles et rares ne sauraient être gardées. ”
DAY 04. DEVON. 01:04AM “ Et là... là, tu le sens encore? ” Elle sourit légèrement, écarte les doigts de sa main, ferme les yeux. “ Oui, ” murmure-t-elle, son sourire écartelant de plus en plus ses lèvres, ses doigts venant tapoter en même temps la peau nue de Scamander. Rolf reprend son poignet, déplace sa main à la surface de son torse. “ Là? — Oui. — Et là? — Oui. — Et là? — Oui. Là. Et là. Et là. ” Les doigts de Marie courent à la surface de sa peau, remontent le long de sa clavicule, effleurent sa gorge, y retracent la pomme d'Adam du bout de l'index. Rolf tend le cou en arrière machinalement et avec un air malin, elle agace la peau sensible de sa barbe mal rasée jusqu'à le faire gronder. Il lève lentement la main, effleure sa hanche, son flanc, son ventre, son épaule, son cou, sa joue et l'attire à lui pour lui arracher un simple et chaste baiser. “ Et là? ” Elle enfonce machinalement un peu ses doigts contre sa joue, laisse son pouce appuyer sur son menton. Elle est belle comme ça, Marie, ses yeux fermés et ses lèvres qui sourient, à quelques millimètres des siennes. Rolf aimerait l'observer des heures. Juste l'observer, la regarder sourire et dormir, la regarder chercher les pulsations de son myocarde à la surface de son corps, la regarder se perdre dans les affres du plaisir, la regarder se retourner pour lui sourire au-dessus de son épaule. Juste la regarder. “ Oui, ” murmure-t-elle en battant toujours la mesure de ses battements de coeur, du bout des doigts, avant de revenir déposer ses lèvres sur les siennes. “ Tu es juste là. ” « Que ça faisait longtemps. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien dans le présent. » Parce que le passé est inchangeable et le futur... Rolf n'aime pas le futur, décrète-t-il. Il n'a pas envie de penser à un futur où elle n'est pas là, où il doute de lui, où il a peur pour elle. Et il sait que c'est stupide, et que cette bulle de bonheur et d'amour va leur exploser à la gueule et qu'ils ne sont qu'en train de vivre la douce euphorie parfaite des premiers jours d'une... relation (a-t-il le droit de parler de relation? est-ce réellement une relation? ou juste une imitation? ou juste une distraction?) et qu'ils sont, plutôt littéralement, voués à ne pas se revoir à partir du lendemain. Comment? Pour combien de temps? Pourquoi? Rolf a envie de crier à l'injustice. Il a envie de la retenir ou de partir avec elle. Il a envie de faire quelque chose mais il ne sait pas quoi, ni comment, ou si elle le veut. Alors il serre sa main comme un dingue, comme un fou, comme un idiot, s'y accroche comme au dernier rempart, la ceinture de sauvetage jetée à la mer, comme sa dernière salvation (ou sa première — il ne sait pas trop). Il embrasse sa peau, respire son odeur, imprime au creux de sa main l'impression fantômatique de ses mains. « Toi, moi, le monde... » Toi, moi, la France, la Chine, le monde, la vie, l'amour. Toi, moi, s'il te plaît, laisse-moi y croire...? Et peut-être y croit-elle aussi. Peut-être le veut-elle aussi, peut-être le veut-elle aussi. Rolf pense que Marie n'est pas du genre à faire des promesses en l'air, à dire des choses qu'elle ne pense pas. Elle n'est pas du genre à mentir. Non, et c'est même cette sincérité qui fait quelque chose à Rolf, comment son visage s'éclaire et se détend et même s'il n'est pas un livre ouvert, il n'arrive pas à y lire de malice. Et pour la seule personne au monde qui garde ses pensées et ses émotions pour elle, Rolf la trouve étonnament... expressive, et d'une manière inédite pour lui. Alors quand ses yeux s'allument plus fort que tous les Lumos, quand son sourire déchire son visage comme un soleil, quand sa main répond à la pression de la sienne et qu'ils se broient les os et qu'il sent son coeur exploser dans sa poitrine, Rolf sait qu'elle pense vraiment à toi, à moi, au monde.
Mais ils n'ont pas assez de temps. Ah. Le temps. Le Temps.
DAY 03. LIVERPOOL. 06:09PM Il a envie de garder cette image gravée sur sa rétine pour toujours. “ Tu vas te faire mal, arrête. — Tu ne m'attraperas jamais! — Dis pas ça! Marie! Marie! ” et elle éclate d'un rire presque enfantin en se jetant à nouveau sur lui, roulant au sol au dernier moment et Rolf grogne en se détournant, essayant de la faucher au passage en vain. Il la regarde s'éloigner en sprintant, se retourner pour le narguer sans cesser de s'éloigner. “ Alors, Scamander? On abandonne? — Je suis épuisé. ” Et juste comme ça, il se laisse tomber sur la petite plage de sable gris au nord de Liverpool, qu'ils ont atteint après multiples heures, cartes et questions incertaines aux autochtones. Il s'assied en tailleur avec un grognement à fendre le coeur, se laisse tomber en arrière, balance son bras sur ses yeux et reste résolument immobile jusqu'à la sentir approcher, se pencher au-dessus de lui. “ Ça va? ” entend-t-il, et elle a vraiment l'air inquiète. Il la regarde par-dessous son avant-bras. Elle est belle comme ça, Marie, ses yeux inquiets et ses lèvres pincées. Elle l'observe en cherchant la source de sa fatigue, de sa douleur, de sa soudaine apathie. Rolf l'observe en cherchant un défaut sur sa peau, dans ses yeux, sur elle. Le vent joue et emmêle ses cheveux couleur châtain, elle a une petite plaque de sable sur la joue et elle frissonne un peu à cause du froid. “ Je souffre, ” indique-t-il avec un soupir à fendre le coeur. Rassurée, Marie sourit. “ Oh, allez. J'ai faim. Je veux un glace. Lève-toi! — Non. On vient de manger! Et t'as vu le temps qu'il fait? — Rolf. — Tu vas attraper la mort. Et je devrai m'occuper de toi. — Plains-toi! — C'est ce que je fais de mieux. ” Il se redresse et s'assied et avec un soupir dramatique, elle se laisse tomber sur lui. Leurs jambes s'entremêlent, il passe un bras autour de sa taille et elle autour de ses épaules, déblayant le sable qui s'est glissé dans son col avant de déposer un baiser sur sa joue. “ T'es fatigué? ” Il l'observe. Sa fossette, son sourire, ses yeux, ses cheveux, sa joue, son nez. Elle glisse son doigt à la surface de son visage, l'air concentré, redressinant sa pommette, une vieille cicatrice près de sa mâchoire, son menton, son cou et relève seulement les yeux vers les siens quand le silence s'étire. “ Rolf? — Non, ça va, ” murmure-t-il avant d'enfoncer son nez dans son cou et de resserrer sa prise autour de sa taille pour s'assurer qu'elle ne partira pas. Pas tout de suite. Pas encore. « Hey. » Sa main galope à la surface de sa peau, remonte son dos, y peint des frissons délicieux et Rolf baisse les yeux. Rolf ne sait pas quoi dire parce que Rolf n'arrête pas d'y penser. « Hey... » Leurs fronts qui se percutent, Rolf a les yeux baissés, toujours, même quand elle frotte son nez contre le sien, son front, quand elle cherche son regard — et ah! il lève les yeux, évidemment, et ne peut s'empêcher de sourire en la voyant sourire. Même si il se sent inconsolable, elle est là, si proche. Ses doigts dans son dos, son souffle contre le sien, sa jambe emmêlée à la sienne — déjà —, leurs corps qui se font et se défont avec cette harmonie, cette habilité étrange. This is real, est tout ce qu'il parvient à penser. Ce n'est pas une expression, ni une histoire, ni rien de fantasque. Marie est réelle, belle et rare sous ses yeux. Et elle est là avec lui. « Bonjour, Scamander. » Rolf sourit un peu plus. “ Bonjour, ” murmure-t-il en retour, un peu timide peut-être. Et si le matin, il a l'excuse de ne pas aimer se réveiller pour prononcer peu de mots cohérents, là, c'est juste sa proximité et son regard qui rentrent dans l'équation. Elle tend le cou, dépose ses lèvres sur les siennes. Doucement. Doucement, juste doucement — et le temps, le temps s'arrête ou ralentit, Rolf ne sait plus. Avant, tout allait trop vite. Tellement vite. Avec deux petits coups de pouce, deux petits coups de poignet et un retourneur de temps, Rolf pouvait refaire, reconstruire, essayer, expérimenter, oublier, détruire et recomposer. C'était un vrai travail de chef d'orchestre, d'imaginer et remodeler le présent et le futur: parfois un détail changeait tout, parfois certaines choses étaient impossibles à altérer. Ça demandait patience et attention, changer le cours des choses qui allaient trop vite. Maintenant, le temps était lent. Pas trop lent, juste lent. Quand il pensait à Marie, Rolf pensait à: leurs corps entremêlés sur un pull-oreiller inconfortable, sa main étalée sur son torse à la recherche de son coeur, le courant serein d'une rivière, le regard pesant et bienveillant d'une vieille dame, leur silence épuisé en marchant à flanc de colline, son regard qui s'allume quand elle voit quelque chose qui lui plait. Autant de moments volés au temps, éphèmères dans la vie et éternels dans sa mémoire, qui semblent durer des heures et des heures quand il les impose à ses souvenirs. Sauf que là. Là. Le temps passe trop vite. Les minutes s'écoulent bizarrement. Un moment, il se perd dans le baiser et un moment elle s'éloigne. S'en va.
Elle sourit pourtant, et lui aussi. Mais il n'arrête pas d'y penser. Il n'arrête pas d'y penser. Elle s'en va. « J'aimerais aussi avoir plus de temps et on en a encore : il n'est pas encore dix heures. » Toujours l'optimiste. Rolf sent son sourire se fragiliser, manquer de s'effondrer de ses lèvres. Il n'est pas encore dix heures. Et alors? Elle partira quand même. « Qu'est-ce que tu veux faire ? » Qu'est-ce qu'il a envie de faire? Il a envie de la retenir. De la supplier. De partir en premier. De s'énerver. De rugir. De pleurer. De rire. De la prendre dans ses bras. De l'embrasser. De lui faire l'amour. De la faire s'énerver. De lui arracher toutes ses pensées de la tête. De comprendre. De se faire comprendre. Il a envie de dormir, d'arrêter de penser, de la serrer contre lui, de la faire gémir, de lui faire oublier, d'effacer le monde, reconstruire la vie, tirer un trait sur autrui. Toi, moi, le monde. “ J'ai acheté des marshmallows et je pensais qu'on pourrait faire des s'mores. ” S'more. Some more. Some more. Some more. More time. Please. “ T'as déjà essayé? C'est du marshmallow, du chocolat et du biscuit. ” Il a appris ça en Chine, dans la bouche gourmande curieuse de Luna, l'excitation enfantine de Xenophilius et l'air nostalgique de Pandora. Il a appris à aimer ça. Il ne sait pas pourquoi il s'est senti obligé d'acheter les bonbons en passant devant, ou pourquoi il parle de nourriture alors que c'est le cadet de ses soucis, mais il sait pourquoi il il n'a pas envie de parler d'autre chose. Peut-être qu'il peut ignorer le problème jusqu'à ce qu'il s'en aille. S'en aille. Comme elle.
“ Je n'arrête pas de penser à cette rivière. ” Il était sur le point de se détacher, de se défaire de ce casse-têtes qui compose leurs membres, leurs doigts, leurs coeurs, leurs souffles. Mais au dernier moment il s'égare, tourne à nouveau la tête vers elle et, sans oser affronter son regard, garde les yeux humblement baissés. Ses lunettes glissent sur son nez mais il ne prend pas la peine de les repousser: une de ses mains serre toujours la sienne et l'autre s'est posée sur son genou, laisse son pouce y dessiner des cercles à la logique mal foutue. “ Celle où on est restés, avec Lesath, quand toi et Cara êtes parties chercher des plantes dans la forêt près de chez elle. Il y avait plein de... cailloux. Des très beaux cailloux, et des très moches. Des gris, du verre poli, des plats, des difformes, des petits, des énormes... Lesath prenait toujours les plus beaux et les plus précieux mais à chaque fois, il les rebalançait dans l'eau. À chaque fois. ” Il revoit les ricochets ratés, les ploufs et les plocs, les discussions cryptiques et les petits rires innocents. La main de Lesath déposant sur sa paume une pierre, sa moue quand Rolf l'avait arrosé d'un mouvement du pied, sa manière de lui avoir sauté sur les épaules pour se venger. “ Et l'eau allait trop vite. Elle emportait les cailloux pour toujours. L'eau allait trop vite et c'était impossible de la combattre, impossible de retrouver ce qui y avait été sacrifié. C'est stupide parce que ces cailloux... c'était juste des cailloux. Ils étaient juste jolis et quel intérêt à les garder? Mais à chaque fois qu'il les lançait dedans, ça me faisait bizarre. J'aurais bien aimé les garder, ces cailloux. Juste... pour les garder. ” Rolf n'est pourtant pas un collectionneur. C'est un sentimental. Chaque objet a sa valeur, a ses souvenirs, son histoire. Il reste silencieux un moment. “ Je n'arrête pas de penser à cette rivière et j'ai peur d'y jeter quelque chose de beau et de précieux et de ne jamais le retrouver parce qu'il sera emporté trop vite, et pour toujours, par le courant. ” Il relève les yeux vers elle. Mais il sourit. C'est un sourire un peu doux, un peu amer. Il est déjà triste et nostalgique, déjà mélancolique et plein de regrets. Pourtant il détache lentement la main de son genou avec délicatesse, vient la poser sur sa joue, laisse sa paume épouser la forme de son visage. “ Ne me dis pas que tu veux faire des ricochets ou lancer des pierres dans l'eau aujourd'hui, ” souffle-t-il doucement, l'air légèrement boudeur mais toujours avec ce petit sourire incertain sur les lèvres.
DAY 02. NOTTINGHAMSHIRE. 08:57PM “ Rolf! — Aye? ” Il se retourne et puis a un léger sourire en voyant Lesath s'approcher de lui d'un air hésitant. Pas timide, juste hésitant, l'air... mal à l'aise? Embarassé? Peut-être. Il a les mains dans le dos et les sourcils froncés. “ Tout va bien? ” Rolf s'approche à son tour et machinalement, pose un genou à terre devant le petit garçon. Il semble si... si jeune, et fragile, et petit. Rolf a l'impression d'être bien maladroit et stupide, sous le regard noir de Lesath. Mais il n'en montre rien, lève simplement le visage vers lui, articule un sourire maladroit. “ Je voulais te donner ça. ” Rolf tend la main et Lesath y dépose une pierre qu'il a manifestement récupéré quand ils étaient près de la rivière, plus tôt. Rolf la fait tourner entre ses doigts. “ Elle est très belle. — C'est de l'améthyste. Rolf arque un sourcil. — Tu l'as trouvée ici? Ça m'étonnerait. Lesath branle du chef. — Tout à l'heure. Je l'ai trouvée tout à l'heure. ” Rolf l'observe de plus près, la fait jouer avec les derniers rayons du soleil. “ Je croyais que les choses belles et rares ne sauraient être gardées. ” Lesath a l'air encore plus embarassé, détourne les yeux. “ Garde-le, c'est tout ” indique-t-il simplement avant de se détourner et partir en courant.
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| Because maybe, in a way, we didn't leave it behind nearly as much as we might once have thought. Because somewhere underneath, a part of us stayed like that: fearful of the world around us, and no matter how much we despised ourselves for it - - unable quite to let each other go. Marie percevait sa détresse mais elle se la dépeignait mal. Peu importait le nombre de fois où elle lui demanderait, ni même le nombre de réponse qu'il lui concéderait, la sorcière se demanda s'il resterait franc en sa compagnie désormais. Maintenant que son départ était imminent, elle n'était pas certaine de voir Rolf se comporter comme il l'avait fait durant la semaine. Elle n'était pas certaine qu'il continuerait d'être lui-même, un peu craintif mais plus ouvert qu'avant, plus souriant, plus calme. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'il ne souriait pas à cet instant : encore une fois, ses lèvres ne disaient pas la même chose que son regard. Les billes noisettes se détournèrent pour se poser sur le paysage sans pour autant se détacher de lui. Elle ne savait pas trop ce qu'il attendait d'elle, d'autres paroles ou d'autres gestes. Peut-être regrettait-il de l'avoir laissé venir. Peut-être. Sans doute. Elle ne s'était jamais réellement sentie nostalgique, par le passé. Elle avait toujours préféré voir les bons côtés plutôt que les mauvais. Ce qui était et non pas ce qui pourrait être. Mieux vaut avoir des remords que des regrets. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait lui dire... Oui. Son plus gros soucis était qu'elle ne parvenait pas à déterminer quels mots seraient les plus à même de l'apaiser. Elle ne cherchait pas à se justifier, elle n'avait jamais véritablement essayé : ce genre de concept lui était totalement étranger. Elle faisait avec ce qu'on lui donnait, Luna, elle ne faisait plus avec le reste dorénavant. Et pour l'instant, tout ce que Rolf lui offrait, c'était cette étreinte. Elle y était bien malgré l'air distrait qui ne le quittait pas depuis qu'il était revenu de Diddlebury. Elle n'avait jamais imaginé se sentir aussi bien dans les bras de quelqu'un de toute sa vie. « J'ai acheté des marshmallows et je pensais qu'on pourrait faire des s'mores. T'as déjà essayé? C'est du marshmallow, du chocolat et du biscuit. » Son regard s'illumina et sans rien dire, elle se contenta de déposer un nouveau baiser sur sa joue. Elle se souvenait de toutes les fois où elle en avait mangé, avant, ou presque. Elle se souvenait des dimanches où ses parents allumaient un feu similaire à celui de Scamander dans leur jardin. De ceux allumés à l'étranger pour déguster les s'mores avec les personnes qui leur étaient chères. Si ses souvenirs étaient plus ou moins flous, elle était certaine de pouvoir tous les reconquérir aujourd'hui : elle graverait l'attention de Rolf à tout jamais dans sa mémoire, heureuse de constater qu'il n'avait pas oublié la coutume de ses parents. Oublieuse naturelle de ne pas être elle-même une Lovegood. Luna percevait la détresse de Rolf mais elle ne pouvait rien faire pour la faire disparaître pour le moment.
DAY 2. NOTTHINGHASHIRE. 9:38 P.M. « Il est spécial, mon petit Lesath, tu sais ? » Ses mains se suspendirent dans les airs avant de reprendre l'action entamée : remplir les pots de confiture vides des baumes préparés le matin-même. « Il voit des choses invisibles pour le commun des mortels. » Le regard. « En rentrant, tout à l'heure, il est venu me voir. Il m'a dit que tes yeux étaient d'un bleu si pur qu'ils pouvaient être confondus avec la couleur du ciel. » Ça n'avait pas été qu'une impression, alors, ni même l'une de ses habituelles intuitions. Elle l'avait vraiment senti la sonder d'un simple regard. « Et moi... je ne vois se refléter qu'un banal marron. » Le dos tourné, Marie souriait paisiblement, bien qu'elle ne parvienne pas à effacer les plis anxieux qui lui faisaient froncer les sourcils. « Qui es-tu vraiment Panda ? » Les doigts scellèrent avec dextérité les deux bocaux avant de faire de nouveau face à Cara. La vielle dame avait beau paraître fragile, avec sa canne et son dos recourbé, assise en équilibre sur l'un des bancs de la cuisine, elle exhalait toujours une impression de force phénoménale, d'un charisme intemporel. On ne réussissait jamais à mentir très longtemps sous le toit de Cara : c'était ce que lui avait confié l'insurgé qui l'avait emmenée ici, la première fois, pour récupérer des racines de Mandragore importées. « Vous faites déjà beaucoup pour nous. Je ne veux pas vous imposer ça en plus de tout le reste. » La vielle femme acquiesça légèrement de la tête, l'air assez déterminé pour lui faire savoir qu'elle comprenait son raisonnement. Pourtant, l'insurgée percevait toujours une hésitation dans son regard : elle n'avait jamais aimé percevoir des incertitudes dans le regard des autres. Elle ne savait jamais ce qu'elles pouvaient lui réserver. « Tu sais, il existe beaucoup de différences entre les moldus et les sorciers, Panda. Mais il y a bien une chose que les deux ne parviendront jamais à maîtriser. » L'insurgée observa alors très attentivement les rides profondes qui lui marquaient le visage alors. « C'est le temps. » Cara observa un instant l'extérieur, les yeux certainement posés dans ce qu'elle devinait être la tente de Scamander. « On ne peut pas effacer le passé aussi facilement : c'est très long. C'est douloureux. Et le plus souvent, c'est peine perdue. » Des deux mains, elle prit appui sur sa canne pour se relever tout en posant un regard sage sur l'insurgée. Un frisson lui parcourut désagréablement l'échine tandis que Cara sortait de la pièce. « J'espère que tu te retrouveras facilement, Panda. Personnellement, je n'ai jamais réussi. » Lorsqu'elle sentit Rolf se détacher d'elle, c'est un peu à contre cœur que Marie desserra sa poigne de la sienne, sans s'arrêter de sourire pour autant. Elle n'avait pas de raison d'être triste, n'est-ce pas ? Inconsciemment, cette affirmation tournait en boucle dans son esprit depuis plusieurs minutes. Comme si se le répéter inlassablement suffirait à se convaincre plus rapidement, plus efficacement. « Je n'arrête pas de repenser à cette rivière. » Elle n'y parvint pas et ignora du mieux que possible le soulagement pur ressenti lorsqu'il fit machine arrière, resta à ses côtés plutôt que de se relever. Le sourire de Marie s'envola au profit d'une expression plus sérieuse, plus ouverte, lorsqu'elle vit le visage de Rolf se refermer, ses yeux ne plus la regarder. Les lunettes glissèrent le long de l'arête cabossée, restèrent en équilibre une seconde avant que Marie ne se décide à abandonner la chaleur rassurante de sa peau pour les récupérer d'un geste aérien. L'air absent, elle se mit à jouer avec les branches, toute son attention pourtant reportée sur Rolf et ce qu'il lui disait. Tout ce qu'il ne lui disait pas, aussi. S'il y avait bien une chose qu'elle avait assimilé à propos de Scamander, ces derniers jours, c'était qu'il ne parlait jamais gratuitement. Même lorsque la nervosité le parcourait tout entier, même lorsque son discours paraissait vide de sens pour le commun des sorciers. « Et l'eau allait trop vite. Elle emportait les cailloux pour toujours. L'eau allait trop vite et c'était impossible de la combattre, impossible de retrouver ce qui y avait été sacrifié. C'est stupide parce que ces cailloux... c'était juste des cailloux. Ils étaient juste jolis et quel intérêt à les garder? Mais à chaque fois qu'il les lançait dedans, ça me faisait bizarre. J'aurais bien aimé les garder, ces cailloux. Juste... pour les garder. » Un instant, elle observa son genou et sa main, évalua les courbes qu'il dessinait sans cesse contre son articulation avant de tourner une nouvelle fois la tête vers lui. Les sourcils froncés, les lèvres pincées, tout chez lui portait à croire qu'il testait en même temps qu'elle les mots qu'il venait de prononcer dans un murmure. Patiemment, elle attendit. C'était bien l'un des seuls traits de caractère que Luna s'était autorisée de reporter sur Marie : son écoute indéfectible. C'était bien l'une des seules choses qui s'était imposée à elle comme une évidence, à vrai dire. « Je n'arrête pas de penser à cette rivière et j'ai peur d'y jeter quelque chose de beau et de précieux et de ne jamais le retrouver parce qu'il sera emporté trop vite, et pour toujours, par le courant. » Les lunettes de Scamander trouvèrent leur chemin sur le dessus de sa tête, servant à la sorcière de diadème de fortune. Elle se mit à sourire mystérieusement lorsqu'il amena sa main contre sa joue. Elle se perdit sans grande difficulté dans les iris azurées, porta sa main libre par-dessus celle de Rolf et approfondit le geste en inclinant un peu plus le visage dans sa main. « Ne me dis pas que tu veux faire des ricochets ou lancer des pierres dans l'eau aujourd'hui. » En remarquant le drôle de sourire qui lui fendait aussi la lippe, Marie se détourna un instant pour déposer un baiser dans le creux de la paume du sorcier.
Du bout des lèvres, elle effleura les lignes profondes qui la parcouraient avant de les quitter, pensivement. « Je ne veux pas faire quelque chose que tu n'as pas envie de faire. » D'un geste leste, elle fit glisser sa baguette magique en dehors de sa large manche, jetant un Accio en direction de la tente : les deux sacs passèrent l'entrée en même temps. Naturellement, Marie défit l'enchevêtrement de leurs jambes pour se traîner en face de lui, oublieuse des élancements provoqués par l'angle curieux de sa cheville contre le sol. D'autres informulés et l'intérieur de la tente s'ordonna, toutes les possessions de Rolf retrouvant leur place, avant que les tentures ne se replient soigneusement sur elles-mêmes. Ses bras se logèrent alors autour de ses épaules pour l'attirer à elle, déposant des baisers le long de sa mâchoire et à la commissure de ses lèvres, pour le détourner des pensées sombres qui lui parasitaient l'esprit. « Mais il y a quand même une rivière que je veux longer avec toi. » Elle planta un regard intense dans celui du sorcier avant de déposer légèrement ses lèvres sur les siennes. « Et la ville, », nouveau baiser, « et les ruines, », elle s'attarda plus longuement lorsqu'il vint lui enserrer la taille, approfondit le baiser durant de longues secondes pour essayer de calmer les battements frénétiques de son cœur. Ils redoublèrent juste d'intensité et l'obligèrent à se détacher pour finir la description des lieux qu'elle voulait arpenter avec lui. « - et les collines qu'elle borde. C'est un lieu de haute magie, paraît-il. J'ai fait un portoloin il y a des mois de ça pour y aller. Tu sais, si jamais quelque chose de grave devait arriver… j'étais au moins certaine de pouvoir m'y rendre au moins une fois. » Elle se tut avant même de terminer sa phrase, caressant attentivement la joue de Scamander pour être certaine d'en graver parfaitement la courbe au plus profond de sa mémoire. « Je préfère l'utiliser avec toi. Et manger des s'mores là-bas. » Découvrir de nouveaux lieux était beaucoup plus passionnant lorsqu'on était accompagné des personnes que l'on aimait plutôt que seul, sans personne avec qui partager de tels instants. Son père lui avait dit ça, la première fois qu'ils s'étaient remis à voyager après la disparition de Pandora. Elle n'avait pas très bien compris à l'époque, elle le comprenait maintenant. Quelques mètres plus loin, la tente avait disparu : elle était parfaitement repliée et réduite à une taille assez conséquente pour retourner dans le sac de Rolf lorsqu'ils partiraient. Front contre front, Marie s'imprégnait de son regard, de son étreinte, tandis que ses mains se perdaient tour à tour dans les mèches blondes et le long de sa nuque. Proie au doute. « Pour le reste : je n'ai pas peur des courants. Ma mère me disait souvent qu'ils ramenaient tout ce qu'ils emportaient sur la terre ferme, un jour ou l'autre. » Tout ce qu'il fallait faire, c'était savoir lâcher prise : on avait plus à y gagner en faisant avec plutôt que d'aller contre l'ordre naturel des choses. Elle ignorait que pour la première fois de sa vie, elle se débattait contre l'ordre naturel du monde : dans ses bras, elle pouvait se débattre contre tous les courants possibles... si elle s'autorisait vraiment le choix.
DAY 1. UNKNOW PLACE. 1:12 P.M. « N'y pense pas. – Je n'y pense pas. » Il avait un rictus sur les lèvres qui indiquait clairement le contraire. « Tes lèvres parlent mais ton regard… – - dit autre chose, je sais. Mais tu as dit ça, pas moi. » Son coude pour seul appui, Marie pencha un peu plus le visage pour mieux le regarder. Ses traits, quoique toujours marqués par la fatigue et les blessures à moitié résorbées, étaient plus détendus, plus sereins. Contrairement à ce matin, il ne paraissait plus aussi gêné par le manque de place notable de son lit de convalescence, ne semblait plus non plus craindre son contact. Elle aimait le voir ainsi. Elle aimait le voir sourire. « Je te l'avais dit. – Quoi ? – Qu'il y avait assez de place pour deux. » Il jeta un regard dubitatif sur l'enchevêtrement de leurs corps avant de la regarder une nouvelle fois dans les yeux. « J'en suis pas certain. Un mouvement et je me retrouve éjecté, seul et abandonné sur le sol... » Elle se mit légèrement à rire avant d'enfoncer son visage dans son cou et de l'attirer un peu plus contre elle, réduisant tant bien que mal la distance qui les séparait encore, réduisant les risques de le voir choir par-terre. Elle abhorrait définitivement l'idée de le savoir seul et abandonné. « On peut conjurer un meilleur lit, tu sais ? – C'est tentant mais… non. » Un silence, puis. « Rolf ? – Hum ? » Sa main retraçait la courbe de son échine lentement, minutieusement ; il provoquait du bout des doigts des frissons qu'elle savait n'être absolument pas dus au froid. Cette seule pensée la déconcentra assez pour lui faire oublier de longues secondes ce qu'elle voulait lui demander. « Marie ? – Je… Est-ce que je peux rester avec toi cette semaine ? » Légèrement, il recula son visage pour la jauger le plus sérieusement du monde. «Et tes petits camarades ? Ils... » Ses sourcils se froncèrent un instant avant de replonger le visage dans le creux de son cou. « Ce ne sont pas eux que j'ai failli perdre, dernièrement. », répliqua-t-elle, le murmure incertain. Si elle pensait l'exploit irréalisable, elle eut tort : Rolf l'attira encore un peu plus contre lui, déposa un long baiser contre sa tempe pour toute réponse. Marie se releva du sol et épousseta son jean avant de se diriger vers leurs sacs, les ramenant tous deux près du feu. Après avoir réduit les sacs de courses, elle sortit de sa sacoche la longue écharpe qu'elle s'était tricotée quelques mois plus tôt, l'enroula autour de son cou et plaça dans la besace les provisions réduites. L'expression sévère du sorcier réenclencha sa machine à penser : elle ne savait pas si son air maussade résultait du fait qu'elle venait d'utiliser sa magie, ou si c'était parce qu'elle venait de remballer leur campement du Devon sans y réfléchir à deux fois. Un rictus aux lèvres, elle s'empara des bords du pull qu'elle portait toujours du bout des doigts avant de lui faire une drôle de révérence avec sa robe de fortune. « Je te le rends tout à l'heure ? » Lorsqu'ils atteindraient leur destination, lorsqu'ils s'enfermeraient sous la tente, lorsqu'ils parleraient de tout et de rien, lorsqu'elle lui rendrait sa fonction première, celle du pull-oreiller inconfortable et pourtant, seul gardien de tous leurs souvenirs et de leurs espoirs silencieux communs.
DAY 5. DEVON. 3:16 A.M. Elle ne veut pas dormir. C'est ce qu'elle avait décrété, une heure plus tôt, lorsqu'elle avait senti les respirations de Rolf s'apaiser contre son épaule. Tête posée sur l'oreiller précaire, les bras passés autour de sa carrure, elle l'observait tandis qu'il dormait d'un sommeil lourd, profond, toute conscience évaporée par la journée éreintante qu'il avait passé la veille. De nombreuses fois, elle avait eu envie de mettre fin à son calvaire, transplaner pour rentrer le plus rapidement possible à la tente mais il avait insisté pour ne pas utiliser la magie, la portant sur son dos pour lui éviter de poser le pied à terre. C'est avec toute la bonne volonté du monde qu'elle avait résisté à l'appel de la facilité. Elle n'avait pas très bien compris la raison qui l'avait poussé à la porter – alors qu'une foulure faisait partie du domaine de la banalité pour les rebelles – ni même l'air pensif qui l'avait animé entre deux plaintes ereintées – il était vraiment expressif lorsqu'il se plaignait, multipliant les mimiques faciales, serrant les dents pour ne pas laisser sa mauvaise humeur éclater. Elle s'était même demandé si ce trait de personnalité était une condition sine qua non pour devenir élève de la maison Serpentard. Elle n'avait pas compris jusqu'à ce qu'il s'excuse d'avoir provoqué sa chute : devant son expression désolée, elle n'avait pas su comment réagir et elle avait senti son cœur se tordre dans sa poitrine. La sensation la reprenait, là, au beau milieu de la tente tandis que la nuit émettait toute une ribambelle de sons à l'extérieur de leur refuge. Le souvenir d'un Scamander plus jeune se superposa au malaise et elle se demanda si c'était le genre de sentiments qui l'avait rendu si réservé, si renfermé, si froid lors de sa jeunesse. Ne pas savoir comment réagir était un phénomène étrange, insupportable, pour elle : cela lui donnait l'impression d'être totalement rongée de l'intérieur. Rolf émit une faible plainte avant de resserrer sa prise tout autour d'elle, attirant l'attention bancale de l'insurgée sur lui : dans son étreinte, elle eut l'impression de sentir la sensation de lourdeur s'étioler jusqu'à disparaître totalement, remplacée par une réassurance uniquement due à sa simple présence. Elle ne voulait pas dormir, elle voulait le regarder jusqu'à ce qu'il se réveille, profiter de son visage rendu inexpressif par le sommeil, sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. Profiter du calme avant la tempête. Elle voulait profiter entièrement des dernières heures qui lui restait avec lui. Elle ne voulait pas do… Farfouillant une nouvelle fois dans sa besace, Marie chercha à tâtons l'objet moldu qu'elle avait transformé en portoloin des mois auparavant. Un crayon, à peine entamé. Elle se souvenait surtout d'avoir manqué de le briser à l'époque : elle l'avait créé quelques jours après la disparition de Xenophilius, motivée par la dernière histoire en date qu'il lui avait raconté dans la forêt de Daeva. Motivée par le souvenir de sa capture, de ses captures, et par l'abominable sensation d'avoir été privée de la moindre liberté en une fraction de seconde. Entre deux épisodes incertains, elle s'était dit que si l'occasion le lui permettait, elle n'aurait qu'à toucher le portoloin pour s'évanouir dans les airs. Elle ne voulait plus laisser une seule occasion aux hommes du Magister de l'emporter où bon leur sembleraient sans qu'elle ait son mot à dire une seule fois de plus. Le regard passa du crayon à Rolf, de Rolf au feu, du feu à Rolf. Elle chassa les réminiscences lointaines, les menaces constantes de la guerre, en lui adressant un sourire doux, calant les deux morceaux de bois contre la vieille cicatrice qui lui barrait toute la paume droite. Rencontre d'un autre type avec la baguette magique d'un Mangemort, lui avait-elle confié deux jours plus tôt à Liverpool, passant simplement sous silence le nom du Mangemort en question. Rabastan Lestrange ne méritait pas que l'on se préoccupe de lui un seul instant. « Il paraît que des fées y vivent encore. Je parie que j'en verrais une avant toi... » Un air malin planant sur ses traits, elle lui tendit la main gauche pour l'aider à se relever.
Son regard ne le quitta pas un seul instant, y défilaient des dizaines d'émotions mais les seules qui l'illuminaient constamment, c'était ce qu'elle ressentait pour lui : tendresse, désir, passion, confiance, tendresse, gratitude, tendresse, inquiétude, dévotion, tendresse encore et toujours. Et surtout, une sérénité tranquille, sourde mais constante, irréelle, qui avait pourtant disparu depuis longtemps d'elle. « Et puis, tu l'as bien vu hier : je suis une pierre du genre menhir, trop lourde pour être emportée aussi facilement. Mine ou gomme ? », termina-t-elle en lui présentant le crayon-portoloin, l'air aussi déterminé que décalé. |
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HERO • we saved the world Rolf Scamander ‹ disponibilité : always.
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‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.
Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
| DAY 01. UNKNOWN PLACE. 02:40PM Si elle avait ri comme une dingue quand elle lui avait révélé qu'il avait passé près de deux jours dans la semi-conscience semi-sommeil semi-mort suite à sa convalescence forcée, Marie s'était bel et bien endormie comme une bienheureuse au bout d'un moment, nichant son nez dans son cou et passant un bras autour de son corps avec un naturel désarmant qui avait picoté la peau de Rolf d'un milliers de frissons plus attendrissants que désagréables. Il avait été le premier à se plaindre du manque de place, et le premier aussi à dire que finalement ça ne le dérangeait pas; Rolf comprenait mieux, désormais, pourquoi Marie n'était pas le moins du monde dérangée par les dimensions exiguës pour deux du petit lit où ils avaient fini par s'embrasser fiévreusement en marmonnant, parfois, quelques paroles tendres à haute portée philosophique: après avoir poussé un soupir où s'entendait un “ je n'ai pas envie de dormir ” buté, elle avait fermé les yeux, s'était effectivement endormie et avait préféré utiliser Rolf plutôt que sa part du lit comme matelas. Non pas qu'il se plaigne, vraiment pas; à la place, ses doigts caressaient très doucement son dos pour ne pas la réveiller alors que ses yeux exploraient le plafond du cottage, sa respiration se calant sur celle de la française. Ses pensées, quant à elle, s'évadaient vers les étoiles et les futurs, les possibilités et les questions sans réponse que soulevait Marie quoiqu'elle fasse. Toujours, malgré leur proximité, leurs peaux collées l'une à l'autre et leurs lèvres roses à force de s'amuser, elle demeurait vide et lisse, impossible à lire et silencieuse émotionnellement. Mais Rolf ne s'en tourmentait plus. Évidemment, ça le perturbait incroyablement, évidemment, ça réveillait en lui une angoisse dont il ignorait l'origine; mais aussi, cela l'apaisait au même titre que le souffle de Marie qui allait et venait contre sa pomme d'Adam. Et il s'endormit à son tour, même si il aurait juré ne pas être fatigué quelques minutes plus tôt, bercé par le rythme de son coeur et la respiration de la française, s'enfonçant pour la première fois depuis des semaines dans un sommeil paisible et agréable où le monde n'était plus si violent et terrible. Où le futur était envisageable. Il a envie de graver cette image sur sa rétine pour toujours. Il a aussi envie de lui demander de ne pas bouger, de rester ainsi pour toujours, juste le temps qu'il la dessine. Mais Rolf n'est pas un romantique et quand il se laisse aller au sentimental, ce n'est jamais à haute voix; alors il la regarde avec une sorte d'admiration déférente, grave à jamais cette image d'elle, incertaine et magnifique, dans ses pensées. Sa main sur la sienne, sa joue contre sa paume et puis ses lèvres. Il l'observe faire avec fascination, toute cette douceur et cette affection. Rolf n'est pas très fort pour aimer les autres, il a toujours peur de ne pas le mériter ou de mal le faire; Marie a la patience pour lui montrer et lui apprendre. « Je ne veux pas faire quelque chose que tu n'as pas envie de faire. » Elle est toujours comme ça, Marie, avec ses phrases desquelles on peut retirer deux, trois, dix mille sens différents; mais Rolf aime bien, et elle le fait doucement sourire jusqu'à ce qu'elle se détache, sous son regard un peu perdu et incertain. Elle le prend tout à fait de court quand elle défait le camp de quelques sortilèges; Rolf l'observe faire avec un froncement de sourcils. Marie n'est pas réellement du genre à imposer sa volonté ou à faire tant de mystères; mais il la laisse faire sans protester, bien évidemment, l'observant et se détendant presque quand elle passe ses bras autour de son cou, quand ses lèvres reviennent se poser sur sa peau. Très bien, alors, il peut vivre avec ça. Ses mains maladroites à lui se glissent sur sa taille, dans le bas de son dos, s'assurent qu'elle ne s'éloignera pas trop de lui. Depuis ce fatidique jour dans la cuisine du cottage, Rolf n'est pas décidé à la laisser partir ou s'éloigner; dès que l'occasion se présente, il la garde contre lui, l'enlace et l'embrasse, avec une ferveur qui tient ses racines dans l'incertitude comme toujours. L'incertitude qu'elle révèle être une autre sous son masque parfait, l'incertitude qu'elle soit réduite en cendres dans ses bras, l'incertitude que tout ce bonheur ne soit qu'un mirage et un mensonge. Mais jamais elle ne l'a trompé ou déçu, et toujours ses étreintes sont moins pressantes, moins avides et demandeuses. « Mais il y a quand même une rivière que je veux longer avec toi. Elle plante un baiser sur ses lèvres. Et la ville, et un autre, et les ruines, » et un énième baiser, qu'il maintient sur sa bouche en la serrant d'autant plus contre lui alors qu'un sourire vient lui tordre la lippe; il ignore de quoi elle parle, de qui, de où, de comment; tout ce qu'il sait, c'est qu'ils sont là et qu'elle l'embrasse et que si elle veut longer une rivière, explorer une ville et arpenter des ruines, il la suivra avec un grand sourire. Elle se détache, il sourit toujours. « - et les collines qu'elle borde. C'est un lieu de haute magie, paraît-il. J'ai fait un portoloin il y a des mois de ça pour y aller. Tu sais, si jamais quelque chose de grave devait arriver… j'étais au moins certaine de pouvoir m'y rendre au moins une fois. » Il s'assombrit, Rolf. Il n'a pas envie de penser à ce genre de choses-là. Ses doigts se glissent sous la frontière du haut de Marie, viennent tracer à même la peau des cercles, des personnages, des monstres et des héros; les formes, pourtant, n'ont de sens et de consistance que dans la tête de Scamander. « Je préfère l'utiliser avec toi. Et manger des s'mores là-bas. » Il l'observe attentivement. Note pour la énième fois des détails stupides: l'aspect un peu mordoré de ses yeux quand ils sont exposés à la lumière, le minuscule grain de beauté presque imperceptible au coin de son oeil. “ Allons, alors, ” dit simplement Rolf, toutes tente et affaires et Diddlebury oubliés. Il observe Marie, se nourrit de sa présence et de sa chaleur et de son souffle sur son visage et ça lui suffit. Ici ou ailleurs, ça lui suffit. « Pour le reste : je n'ai pas peur des courants. Ma mère me disait souvent qu'ils ramenaient tout ce qu'ils emportaient sur la terre ferme, un jour ou l'autre. » Malgré ses jolis mots, Rolf ne croyait pas vraiment à l'espoir. Il le conservait, évidemment (avait-il le choix? sans lui, il ne serait pas là, mais au fond d'un fossé, très certainement), quelque part dans son coeur; mais il n'y croyait pas, pas à sa qualité immortelle et éternelle en tout cas. Mais quand Marie dit ça, quand elle remplace l'image de la rivière dans sa tête par une image d'espoir de courants contraires qui ne peuvent séparer deux personnes qui finiront invariablement par se retrouver, alors seulement Rolf se permet de rêver.
DAY 02. UNKNOWN PLACE. 07:15AM “ Aaaaaah... non, buddy, j'suis désolé, tu vas pas pouvoir venir avec nous... me dis pas que tu veux pas de congé... arrête! tu me fais mal! Erlk! ” Mais le piaf se débat, utilise du bec et des serres et des ailes, se contorsionne entre les bras de Rolf en se débattant, désireux de s'échapper mais pas de s'éloigner tout à fait. Il pousse un bruit à fendre la coeur, et Rolf finit par le relâcher; l'animal n'attend pas et s'envole brusquement, prenant de la hauteur et s'éloignant du cottage comme pour s'en aller à jamais; Rolf suit la silhouette prédatrice des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse parmi la cime des arbres, son plumage vert forêt se perdant dans le paysage. “ Il n'est pas jaloux, j'espère? ” Rolf se retourne avec un demi-sourire pour faire face à Marie qui, dans l'encadrement de la porte du cottage, jette sur lui un regard presque inquiet. “ Il fait juste son enfant capricieux, voilà tout. ” Il s'approche d'elle et hésite un peu quand il arrive à sa hauteur. Elle est un peu plus grande, dans l'encadrement de la porte, alors que lui n'a pas encore monté les deux petites marches qui y mènent; il doit presque lever le nez pour la regarder. Marie semble se faire la même réflexion parce qu'une lueur amusée et presque moqueuse infeste ses yeux, avant qu'elle ne fronce les sourcils et qu'elle lève la main... l'écrasant sur le visage de Rolf alors qu'il rigole légèrement, momentanément aveuglé. “ Quoi? — Quoi quoi? — Pourquoi tu me regardes comme ça? — Je sais pas. ” Elle laisse retomber sa main. Il continue de la regarder comme ça. Il se met sur la pointe des pieds et elle se recule au dernier moment quand leurs lèvres sont à deux doigts de se toucher, avec un petit sourire sur les lèvres. “ Il faut qu'on aille se préparer, mister Scamander. No time to fool around. ” Il fait la moue. “ C'est moi qui vais finir par être jaloux de ces fameuses préparations, ” grommelle-t-il avec une fausse humeur, avant de la suivre dans le petit cottage quand elle se détourne après lui avoir offert un dernier sourire éclatant. Elle se relève, finit de se préparer et Rolf l'observe avec un sourire qu'il ne peut réprimer. Il attire à lui son sac à dos, y met les sac de courses réduits par mécanisme, s'assure que rien ne manque après y avoir rajouté la tente; finalement, il darde un regard presque accusateur vers Marie. « Je te le rends tout à l'heure ? » fait-elle innocemment et Rolf doit convoquer toutes ses forces pour réprimer un sourire attendri et amusé, levant plutôt les yeux au ciel dans une parade d'exaspération. “ Non mais je vous jure, ” adresse-t-il à quelque entité supérieure, plongeant la main dans son sac pour en ressortir un autre pull laineux dans un état bien pire que celui qui leur sert épisodiquement d'oreiller; il l'enfile rapidement en grommelant dans sa barbe — qu'elle a insisté pour en choisir la longueur en sélectionnant elle-même le sabot la dernière fois qu'il s'est rasé quelques jours plus tôt — que le manque de respect finira par tuer le monde, et relève vers elle un regard curieux quand elle dégaine de sa besace un... crayon. Certainement le Portoloin, réflexionne-t-il rapidement. « Il paraît que des fées y vivent encore. Je parie que j'en verrais une avant toi... » Il se relève avec son aide et un petit sourire. “ Cesse de faire tant de mystères, ” bougonne-t-il, faussement boudeur. “ Je récupère ça, quand même, ” dit-il toutefois, intransigeant, retirant les lunettes qu'elle porte en tiare au sommet du crâne. Ses doigts s'attardent sur sa tempe, sa pommette et sa joue, replacent derrière son oreille une mèche sauvage de cheveux blonds avant de venir remonter sur son nez la paire de binocles. Il baisse les yeux sur le crayon, curieux et plein de questions, mais ses lèvres restent résolument closes. « Et puis, tu l'as bien vu hier : je suis une pierre du genre menhir, trop lourde pour être emportée aussi facilement. Mine ou gomme ? » Il lève les yeux au ciel. “ Un petit galet, plutôt, ” dit-il simplement, presque tendrement, en lui adressant un clin d'oeil faussement plein de confiance. (Il arrive à oublier, par tranches de cinq minutes, leur séparation inévitable; mais le doute et la peur reviennent toujours le tourmenter, perfides et insidieux). Il baisse le regard sur le crayon. “ Gomme, ” décide-t-il après un instant. Il a toujours été meilleur pour tenter de gommer le passé que d'écrire le futur... il repousse ces pensées. “ Une seconde. ” Il épaule son sac à dos, éteint le feu d'un Aguamenti impatient, balaie les environs du regard à la recherche d'un objet éventuellement oublié et puis il se tourne vers elle. “ Je suis prêt, ” ment-il; il pose le pouce sur la gomme, passe un bras autour de sa taille et puis ils disparaissent et le monde se trouble autour d'eux.
DAY 03. LIVERPOOL. 01:13PM Il la sent se crisper et il lève le regard vers elle mais elle détourne les yeux. Il embrasse sa peau mille fois, espère peut-être en effacer la cicatrice et la rendre oubliée pour toujours; il sent le regard de Marie explorer son visage mais il a fermé les yeux, se concentre tout à ses baisers sensés être apaisants. “ Ça reste une très belle main que tu as, ” dit-il après qu'elle lui ait raconté l'histoire, très rapidement et dans les grandes lignes; dans la voix, sincérité et tendresse, alors qu'il revient l'embrasser une dernière fois. Elle lève les yeux au ciel, referme sa main sur sa bouche et sa mâchoire jusqu'à glapir en la reprenant quand il fait mine de tendre la langue. “ Ew! ” Et Rolf de rire, légèrement, reprenant d'autorité son poignet pour y déposer là aussi un baiser. “ Trèèèèès belle main ” et elle lève les yeux au ciel. “ J'aimerais bien, ” marmonne-t-elle. Elle le pense vraiment, et ça le sidère. “ Mais si, regarde. ” Ils continuent de marcher dans les petites rues de Liverpool, désertes étonnamment mais ce n'est pas comme si c'était important: ne compte que l'un, ne compte que l'autre, dans ce monde qu'ils se construisent à deux. “ Tu as un, deux, trois, quatre, cinq doigts... beaucoup de phalanges. De très beaux ongles... et regarde-moi cette ligne de vie! ” Il explore sa main du bout des doigts en parlant, ignorant ostensiblement la cicatrice qui fend la ligne de vie en deux, préférant s'émerveiller des jointures et des phalanges et des articulations comme seulement on peut s'émerveiller de l'existence de l'être que l'on adore le plus au monde. Finalement, il glisse sa main contre la sienne, entrelace leurs doigts. “ Tu devrais être très fière de ta main, ” dit-il, l'attirant à lui pour lui embrasser la tempe. Rolf déteste les Portoloins. La prise qu'il a resserré autour de la taille de Marie est la seule chose qui l'empêche de s'écrouler parterre, la tête tournant à toute allure et l'estomac en vrac, une fois que le sol se précise sous leurs pieds; il demeure blême, Scamander, alors qu'il se détache machinalement d'elle pour découvrir où ils ont atterri. Ils sont à flanc de colline, l'herbe est verte, le ciel un peu plus dégagé que l'endroit qu'ils viennent de quitter même si des bourrasques de vent emmêlent les cheveux de Marie et fouettent impatiemment le visage de Rolf. Il y a un petit village en contrebas, et on peut voir à des kilomètres de distance à l'horizon: Rolf reconnait les platitudes de l'Angleterre où il a passé la plupart de sa vie sans jamais y appartenir réellement. Il tourne la tête avec une grimace à cause du vent et puis “ Glastonbury, ” s'étonne-t-il presque, arquant les sourcils en cherchant confirmation sur le visage de Marie. Puis il sourit, et enfin éclate de rire. “ Évidemment. Et puis... tu t'ignores pas que nous faisons face à la tour de St Michael, ” s'amuse-t-il en désignant la fameuse construction antique qui a fait couler tant d'encre. On raconte que s'y trouve, superposé au monde des moldus, la fameuse île Avalon du roi Arthur et ses amis. Rolf ne sait pas quoi en penser, il n'a jamais été historien ou intéressé par de tels contes, mais il sait cependant qu'il a déjà visité l'endroit pour étudier quelque espèce féérique alors qu'il travaillait encore au Ministère. Sa main vient presque naturellement trouver celle de Marie alors que, mordu de curiosité, il se dirige déjà vers la fameuse tour de St Michael — ah! Rolf devrait peut-être se pencher sur ces mythologies religieuses moldues qui ont l'air de faire peur; peut-être sont-ils sous la bonne étoile de ce bon vieux Michael dont il n'a pourtant jamais entendu parler autrement que dans ces lieux magiques qui rythment leurs rencontres — à grands pas, l'air enthousiaste. “ Tu ne cesses jamais de me surprendre. ” Il ressemble à un jeune garçon, Rolf, un jeune premier tout content de sortir d'une routine terriblement ennuyante pour une aventure extraordinaire; arrivés au sommet de la colline, il embrasse le paysage du regard en tenant fermement la main de Marie dans la sienne. Il observe le paysage, la ligne d'horizon et le village en contrebas avant d'observer la tour de Glastonbury, avant de reporter son attention sur elle. Il désigne la pente un peu abrupte de la colline du menton. “ Ça te dit de rouler jusqu'en bas? ” plaisante-t-il avec un petit sourire, tirant sur sa main pour l'attirer à lui et poser sur ses lèvres un baiser séduit.
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
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‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| Because maybe, in a way, we didn't leave it behind nearly as much as we might once have thought. Because somewhere underneath, a part of us stayed like that: fearful of the world around us, and no matter how much we despised ourselves for it - - unable quite to let each other go. « Gomme. » D'un habile et rapide mouvement, la sorcière retourna le crayon dans sa main et offrit à Scamander sa partie du Portoloin, ressassant ses paroles dans un coin reculée de son esprit. Un petit galet : l'image, banale, colla un sourire amusé et serein sur le visage de Marie, attendrie tant par le caractère futile de son argumentation que par la douceur qu'il avait emprunté pour prononcer ces mots. Ce n'était pas une habitude, encore moins une routine, mais elle avait remarqué qu'il avait vite prit le pli de la taquiner dès que l'occasion se présentait. « Une seconde. », elle se mit alors à faire tourner le crayon entre ses doigts, pour meubler le temps, fixant sans vraiment le voir le visage de Scamander dans tous ses détails tandis qu'il s'activait pour effacer les dernières traces de leur campement. Sans préavis, elle décréta qu'elle aimait beaucoup l'entendre lui renvoyer la balle, user de ses propres paroles pour les retourner contre elle. Et si parfois – souvent – elle décelait le tempérament rusé incombant aux Slytherins, elle voyait bien qu'il faisait tout son possible pour tamiser les coups d'éclats qui le caractérisaient, profondément. Elle l'avait toujours connu comme ça, pas vrai ? D'aussi loin qu'elle s'en souvienne. Elle aimait beaucoup le voir prendre soin d'elle, qu'il fasse attention à elle, qu'il la contente de petits riens juste pour effacer les plis soucieux qu'empruntaient parfois ses traits. Le crayon s'immobilisa soudainement, mystérieusement, dans sa main, retrouvant sa position initiale : mine pour elle, gomme pour lui. « Je suis prêt. » Ses yeux se perdirent totalement dans ceux de Scamander, cachés par sa paire de binocles rondes. En le sentant passer son bras autour de sa taille, Marie ne put s'empêcher de lui sourire tendrement, coulant bien volontiers dans son étreinte comme si c'était normal. Comme si elle n'était que la continuité logique de ses membres. Comme si c'était une seconde nature que d'être dans ses bras. « C'est parti, alors. » Et d'une formule murmurée du bout des lèvres, Marie activa le Portoloin, abandonnant sans le moindre remord son malaise dans cette campagne environnante de Diddlebury. Marie n'était pas sensée savoir ça, Luna oui. Elle n'était pas sensée apprécier le fait qu'il fasse beaucoup de choses pour elle en dépit de lui-même. Oui. Elle abandonna la pensée traître dans un tourbillon de couleurs et de formes indiscernables. Elle abandonna l'interrogation traître sur le sol meuble du Devon. Est-ce que ça faisait d'elle un être abominable si elle le préférait maintenant plutôt qu'avant ?
DAY 02. UNKNOWN PLACE. 01:36AM C'est la première chose qu'elle sent lorsqu'elle se réveille : le poids de la chaine en-travers de sa poitrine. C'est la première chose qu'elle sent parce qu'elle se souvient parfaitement de son absence en s'endormant, de la trace fantomatique qu'elle avait imprimé sur sa peau au fil du temps. Si elle ressent de la joie à la simple idée de se sentir à nouveau entière, elle ne parvient pas à réprimer le sentiment glacial qui l'envahit à mesure qu'elle se réveille. Le lit est froid et sur sa peau se forment des milliers de fourmillements désagréables, qui se font douloureux à mesure qu'ils lui remontent l'épiderme : ils lui lacèrent carrément le cœur lorsqu'elle assimile complètement l'information d'un simple coup d’œil. Elle est seule dans le petit lit. Rolf n'est plus là. Brusquement, elle se relève, tente de chasser du mieux qu'elle puisse les embruns nocturnes avant de se relever, tendant les bras pour éviter de trébucher une fois levée. L'inquiétude qui la prend aux tripes est équivalente au froid ambiant de la chambre. Elle ne prend pas la peine de chercher ses vêtements ; se recouvre, s'enroule, entièrement du vieux drap dans lequel elle dormait pour sortir en toute hâte de l'arrière cuisine transformée en chambre. Elle n'ose pas prononcer son nom,. Comme si l'appeler donnerait plus de consistance à son affolement sourd. Dans sa tête, la supplique formulée quelques jours plus tôt se transforme à nouveau en ritournelle, leitmotiv abrutissant et angoissant. Où est-il ? Où est-il ? Où est... Elle s'immobilise subitement lorsqu'elle aperçoit la porte d'entrée entrouverte et perçoit une lointaine odeur de tabac dans l'air. Il est là, il n'est pas parti, il ne s'est pas évaporé dans le néant. Il est là, il n'est pas mort, il est là, là, là... « Rolf ? », lâche-t-elle avant d'ouvrir complètement la porte, ne souhaitant pas le surprendre avec les gonds grinçants qui maintiennent la planche moisie au restant du cottage abandonné. Lorsqu'elle passe le seuil et rejoint le perron, il est déjà tourné vers elle, assis sur les marches, cigarette toujours calée entre les doigts. Il a beau avoir les traits tirés par la fatigue, il ne manque pas de lui adresser un sourire amusé avant d'ouvrir un pan de la couette, l'invitant à s'asseoir près de lui. La sorcière se hâte de le rejoindre, se colle à lui tandis qu'il rabat étroitement autour d'elle la couverture. Elle peut sentir la matière rêche de son jean à-travers le drap qui lui sert de robe de fortune. Le froid qui la plombait jusqu’alors s'évanouit au contact du tissu, qu'il a imprégnée de sa chaleur humaine et de son odeur. Il est là, il n'est pas parti, il n'est pas mort. Il est en vie. « Miss me already ? », lui lance-t-il en lui jetant un regard en coin, un rictus amusé aux lèvres. Elle se contente de lui mettre un léger de coup de coude dans les côtes, provoquant ainsi son hilarité généralement endormie. Il aspire une nouvelle bouffée toxique et la rejette, la questionne du regard avant de lui présenter le filtre de la cigarette. Elle paraît dubitative en fixant le morceau jauni mais se laisse aller, tente l'expérience sans rien en penser, aspirant tant bien que mal la tige sorcière. Lorsqu'elle y parvient, elle relâche instantanément la fumée grisâtre, contrôlant à peine la quinte de toux qui la soulève pour chasser l'air vicié qu'elle vient d'inhaler. « Par Salazar, ne me dis pas que c'est la première fois que tu fumes... – Si. Pourquoi ? », lâche-t-elle, vaguement vexée sous son regard consterné. « Je vais finir par croire que je suis une sorte de lutin, à te pervertir comme ça encore, et encore... », elle lui donne un nouveau coup de coude tandis que de sa main libre, elle chasse les volutes de fumée qui l'entourent. « … et encore. », ponctue-t-il une dernière fois dans un murmure, le regard intense. « Quoi ? », questionne-t-elle sur un ton presque inaudible, et lancinant, « Quoi quoi ? » mimique-t-il instantanément, la voix basse et le timbre rauque. Elle ne dit rien, reste hypnotisée par son regard, sent son cœur s'emballer lorsqu'il l'attire un peu plus contre lui, apprécie le trouble qui l'envahit lorsqu'il déroule le bras autour de ses hanches. « Tu es toi, Rolf. ». Sa propre main se met à parcourir la jambe du sorcier avant de s'agripper sur son genou. Elle ne sait pas pourquoi elle sert autant son articulation de cette manière si possessive. Elle qui n'a jamais vraiment été matérielle, elle sait qu'elle s'accroche à lui de toutes ses forces et de tout son être. Que jamais elle ne veut le relâcher, qu'il reste toujours près d'elle. « Je ne serais pas là si je n'aimais pas ce que tu étais. Sois un lutin mais arrête de t'en faire, d'accord ? » Il ne lui répond rien, se contente de jeter sa cigarette dans l'herbe avant de fondre sur elle. Un autre jour, elle aurait ri en le voyant vaciller sur place, déstabilisé par le mode de transport qu'ils venaient d'emprunter. C'était étrange d'ailleurs, elle avait toujours considéré les Portoloins plus sûrs que les Transplanages. Un autre jour, elle n'aurait pas hésité à rire avant de le taquiner d'une parole ou d'un coup de coude. Un autre jour, oui. Aujourd'hui, avec cet air frais qui lui envahissait les sens, elle se contenta de raffermir sa prise pour le maintenir contre elle, stabilisant sa posture d'une poigne sûre et ferme. La sorcière eut à peine le temps de s'assurer qu'il n'allait pas s'écrouler sur lui-même que déjà, il la lâchait pour observer son environnement d'un air frénétique. « Glastonbury. », Glastonbury, la cité magique ; Glastonbury, l'Avalon des moldus. Glastonbury, ce coin tellement perdu que toutes les innovations du monde ne pourraient jamais lui retirer son passé, son âme ni son cœur, toujours rythmée par les siècles et les siècles de magie ancestrale qui la formataient. Elle souriait mystérieusement, Marie, tandis que Rolf la regardait déjà d'un air mi-étonné, mi-admiratif. « Évidemment. Et puis... tu n'ignores pas que nous faisons face à la tour de St Michael ». Son expression se teinta par la surprise la plus pure. Elle semblait plus étonnée que lui. « Vraiment ? » Elle ne connaissait que les propriétés magiques de cette ville, ses histoires légendaires et le respect qu'elle inspirait aux moldus. St Michael, St Michael, St Michael. Le nom résonnait dans sa tête tandis qu'elle observait Rolf admirer le décor qui les entourait. Son cœur explosa dans sa poitrine, manqua un battement précieux : elle ne saurait dire si c'était la coïncidence ou l'air empressé de Rolf, intensément émerveillé par la surprise, qui la déstabilisa. Mais la sorcière resta longtemps silencieuse après ça. Elle avait une théorie sur les coincidences. Elle avait une théorie pour à peu près toutes les perspectives offertes par le monde. Elle prenait à peine attention à la main de Rolf subitement dans la sienne – phénomène devenu naturel – que déjà, il l'attirait dans son sillage, gravissant la colline comme si sa pente n'était rien de plus qu'une flaque d'eau à éviter pour ne pas souiller le bas de sa robe sorcière. Elle riait franchement devant son enthousiasme. Elle adorait le sourire qui lui fendait le visage. Elle adorait le voir comme ça. Sa main rendit instantanément la poigne dans laquelle il l'emprisonna une fois en haut de la colline. Son cœur ralentissait, son souffle se coupait. Le temps s'arrêta. Tout était parfait. « Tu ne cesses jamais de me surprendre. » Lentement, son regard se décrocha de la vue qui s'étendait en contrebas, de la pierre usée de la tour qui se dressait près d'eux, pour le jauger lui à la place. Dans son regard, elle pouvait voir le désir qui se terrait derrière ses yeux trop fiers, elle pouvait voir la tendresse qu'il lui réservait depuis le début de la semaine. Si elle se concentrait assez fort, elle pouvait même voir son visage se refléter dans les iris azurées de Rolf. Elle préférait ne pas trop se concentrer. Elle avait vite appris qu'elle ne pouvait pas se concentrer entièrement en la présence de Scamander. Elle ne voulait pas voir le visage de Marie s'y refléter à la place du sien.
Elle arqua un sourcil étonné lorsqu'il brisa l'échange pour désigner la pente du bout du menton. « Ça te dit de rouler jusqu'en bas? ». Les lèvres pincées, elle commença à dodeliner légèrement de la tête, pesant mentalement le pour et le contre, avant de se figer d'un air tranquille lorsqu'il l'attira à lui. Elle se laissait toujours faire, Marie, ne réagissait que lorsque les lèvres de Scamander effleuraient les siennes. Elle souriait à s'en déchirer les joues, n'approfondissait le baiser que lorsqu'elle sentait la lippe du sorcier se calquer parfaitement contre la commissure de ses lèvres relevées par la joie la plus pure. Elle ne souriait plus vraiment alors, toute occupée qu'elle était à se dissoudre dans l'instant présent, cherchant toujours la meilleure façon pour ne plus faire qu'un avec ses pensées, ne faire qu'un avec lui. C'était presque devenu naturel, quasi-instinctif, que d'embrasser Rolf Scamander. Ses bras se déroulaient toujours autour de sa nuque, ses doigts cherchaient toujours le battement de son cœur le long de sa peau. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, d'ailleurs. Elle avait bien passé des jours entiers confinée avec d'autres sorciers, avant ; partageant discussions, idées, nourriture et air avec eux sans que jamais ça ne l'atteigne vraiment. Mais avec lui, tout lui paraissait différent. Elle n'était pas seulement cette sorcière à l'air totalement désintéressé, aux traits rêveurs et toujours décalés. Elle était autre chose de plus vibrant, de moins indifférent, de plus passionné : elle se sentait vraiment vivante à ses côtés et jamais, non jamais, elle ne voulait que ça s'arrête.
Elle avait sans doute dérivé un peu trop longtemps parce qu'en rouvrant les yeux, elle sentit un voile troublé la recouvrir et ses lèvres s'étirer en une mimique bien trop vaporeuse pour qu'elle tente de la comprendre. Cependant, elle ne parut absolument pas surprise d'être allongée contre l'herbe humide de la colline, comme si ne pas se retrouver dans la même position dans laquelle on pouvait s'endormir était normale. Elle maintenait toujours Rolf contre elle. Il lui fallut quelques secondes pour se souvenir de la colline aux courants d'airs terribles, surmontée par une tour au nom fabuleux. Ses doigts frôlèrent une dernière fois les ridules qui lui graciaient le coin de l’œil avant de le libérer de son étreinte, démêlant sa jambe de la hanche de Scamander pour le faire basculer sur le côté. « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour ma cheville, Rolf. Désolée... »
DAY 03. LIVERPOOL. 01:13PM Elle s'est apaisée, un peu, ne parvient vraiment à rejeter les souvenirs de la cicatrice de sa paume qu'après dix minutes de marche, toujours flanquée contre Rolf. Son bras passé autour de ses épaules et ses doigts entrelacés aux siens sont un calmant bien plus puissant que ses mots et pour le remercier, l'insurgée relève légèrement la tête afin de lui sourire, reconnaissante. Il le lui rend, lui serre un peu plus la main lorsqu'elle repose sa tête contre son épaule. Elle a toujours été plus silencieuse qu'extravertie, plus tactile que platonique et à ce moment, et elle se rend compte qu'elle aime beaucoup le Rolf qui la tient fermement contre son flanc : elle aime le voir s'adapter à elle plutôt que d'attendre qu'elle ne le fasse pour lui. Elle avait vraiment l'impression d'être elle-même avec lui : c'était une raison suffisante pour ne jamais vouloir le quitter, pas vrai ? Soudain, il se stoppe net, resserrant à peine sa prise pour l'arrêter, elle aussi. Sa surprise s'évapore lorsque son regard suit sa ligne de mire. À quelques mètres de là, un moldu d'âge mûr est assis à même le sol, un étrange instrument de musique dans les mains, chantant un air lancinant d'une voix éraillée à souhait. Elle aime beaucoup cette voix. C'est sans doute pour ça qu'ils s'écartent du chemin pour le rejoindre, se plaçant presque devant lui et sa vieille pancarte pour l'écouter jouer. Il ne lui faut que quelques secondes pour décréter qu'elle aime passionnément cette musique. Et elle n'a besoin que d'un regard pour savoir que Rolf est transporté lui aussi. Le moldu ne les remarque pas jusqu'à ce que Marie se détache de Rolf pour commencer à danser sur la mélodie.
Danser est un bien grand mot, elle le sait rien qu'en voyant le regard hébété que lui jette Rolf mais elle redouble d'énergie et ses pas se font soutenus lorsqu'elle entend le moldu mettre plus d'ardeur dans sa chanson. Il est poignant, ce vieux moldu, surtout lorsqu'il se laisse transporter par ses paroles completement.
You always hurt the one you love : elle a l'impression que c'est la raison pour laquelle il a l'air passionné. Parce qu'il chante sa vie sans que personne ne l'entende vraiment. Sa voix se fait alors moins tremblante à mesure que Marie danse et que Rolf les observe curieusement. Quand ses doigts grattent les quatre cordes usées de son instrument avec plus d'aplomb. Rolf éclate même de rire lorsque les pieds de Marie s'emmêlent, à la fin de la chanson. Elle fait mine de saluer une foule invisible de quelques courbettes lorsque le chanteur de Liverpool l'acclame joyeusement et que, subitement, à cause des yeux trop amusés, désabusés, de Rolf, elle laisse un rictus s'emparer subitement de ses lèvres. « Vous connaissez 'you and me' ? » Le regard du moldu semble pétiller quand il voit le visage du blond se figer d'effroi. « On ne va pas plus vous ennuyer plus longtemps, on... » Mais déjà, les premières notes de la chanson qu'ils connaissent tous les deux par cœur s'élèvent, et sur le visage de la sorcière se dessine un air ravi. Le moldu la connaît, il ne joue pas un autre air. Et Rolf se laisse faire lorsqu'elle l'attire contre elle pour danser, malgré ses joues cramoisies et son air gêné. Il s'adapte toujours à elle. C'est suffisant pour ne pas juste penser qu'elle l'aime bien, Scamander. C'est suffisant pour simplement se dire qu'elle l'aime. Pourtant, sans le moindre préavis, son air désolé laissa place à une moue beaucoup moins triste et beaucoup plus mystérieuse. Elle donnait l'air de savoir quelque chose que le monde ignorait complètement et ce simple fait la ravissait, bien plus que la promesse d'un morceau de pudding. « Mais elle est excellente pour te battre à plate couture! » Et l'utilisant presque comme tremplin, elle le repoussa pour se donner l'élan nécessaire afin de dévaler la pente.
Sa vision se tordit en une myriade de formes et de couleurs, alternant successivement avec l'émeraude de l'herbe et le bleu parsemé de gris du ciel. Elle ne voyait déjà plus la silhouette de Rolf. Elle ne voyait plus non plus l'immense bâtisse qui surplombait tout Glastonbury. Tout ce qu'elle percevait, c'était la pression de la terre contre ses muscles, l'étourdissement grandissant provoqué par la chute et l'air qui vibrait tout autour d'elle. Plus elle prenait de vitesse, plus elle sentait son diaphragme souffrir du rire incontrôlable qui la secouait frénétiquement. Elle respirait, elle manquait d'air, pour respirer et étouffer à nouveau, dans des secondes qui lui paraissaient éternelles. Elle était animée par une force qu'elle pensait avoir perdue il y a longtemps. En dévalant cette pente, elle oubliait Marie. Dans cette pente, elle se souvenait de qui elle était avant. Elle avait l'impression d'être vraiment Luna Lovegood.
Encore quelques instants et elle se mit à ralentir, usant de ses mains et de ses talons pour freiner sa descente infernale. Elle parvint à s'immobiliser, face tournée vers le ciel, les joues rougies par l'air frais de mars et son rire mourant. Lentement, elle tourna la tête vers la gauche et les dernières dizaines de mètres qui lui restaient à parcourir pour finalement arriver sur les étendues planes de Glastonbury ; rapidement, son visage se détourna sur la droite, la tempe presque collée contre l'étendue humide de la terre. Son regard accrocha la silhouette immobile de Rolf, toujours juchée près de la tour St Michael, avant de faire de nouveau face à la voûte céleste claire. Elle était bien, là, les narines envahies par l'odeur encore matinale de cette étendue verte anglaise, l'esprit tourbillonnant par sa subite envie de dévaler cette pente et les premiers souvenirs de la semaine qu'elle rangeait minutieusement dans les recoins les plus sécuritaires de sa mémoire. Ses paupières se fermèrent alors et, sans comprendre pourquoi, ne voulant pas savoir pourquoi, elle laissa le visage de Cara s'imposer à elle.
DAY 02. NOTTINGHAMSHIRE. 01:36PM « Celle-là plutôt, plus elles sont dégradées, plus leurs sucs s'incorporeront au reste du baume sans difficulté. » Elle hoche la tête, abandonne la fleur violacée au profit de sa voisine, une plante aux pétales si noirs et si défraichis que le commun des sorciers préfère l'ignorer, sans se douter de la ressource véritable qu'ils contiennent. « Tu as dit que certaines de ses plaies avaient du mal à se refermer ? - Oui. Je pense que l'effet de mon Dictame est altéré par le temps. On a un peu de mal à s'en procurer en ce moment. Les préparations les plus récentes restent dans les tentes des soigneurs. Pour... Vous savez. » Les blessures les plus vives, les plus désastreuses, celles qui font froid dans le dos et rien d'autre. « Je dois avoir un peu d'eucalyptus dans mes placards. Ça n'ira pas avec ta préparation mais une bonne infusion ne fait jamais de mal à personne. Marie se contente d'acquiescer paisiblement tandis qu'elle range dans son petit sac en toile les fleurs sombres qu'elle vient de récolter. Elle aime bien cet endroit. Il est calme, serein, hors du temps. Si elle pouvait choisir son destin, elle sait dorénavant qu'elle veut vivre dans un endroit similaire à celui de Cara. Elle veut voir la nature tout envahir, sans la moindre logique humaine, mais avec toute l'harmonie dont pouvait faire preuve de la nature. Sans crier gare, Cara se met à rire. L'Insurgée lui lance un regard étonné en ne voyant jamais arriver la fin de son esclaffe. Elle aime voir les gens rire, elle préfère en comprendre la raison pour pouvoir les rejoindre, avoir l'impression de vraiment faire partie de leur monde. « Excuse-moi, je ne suis qu'une vieille femme qui se moque de la jeunesse. Pardonne-moi, Panda. » Ses sourcils se froncent tandis qu'un sourire incertain lui tord les lèvres. Elle aimerait lui demander pourquoi elle riait mais elle préfère se taire. « C'est juste qu'en voyant ton ami, je ne peux pas m'empêcher de me souvenir de Lyle. Un vieil ami à moi... » s'empresse-t-elle soudainement d'ajouter, comme si ce complément d'informations suffirait à l'insurgée pour savoir de qui il s'agissait. « Il me regardait toujours comme ton Rolf le faisait. D'un air si incertain et assuré en même temps que j'avais toujours l'impression qu'il se moquait de moi ou qu'il ne vivait pas dans le bon monde. On a eu de très bons moments ensemble, je m'en rappelle comme si c'était hier. Je l'aimais beaucoup, Lyle. Toujours un mot gentil pour les autres, toujours un temps d'avance pour éviter le malheur des autres. » Marie arque ses sourcils. La description de Lyle ne ressemble à rien à ce qu'elle se souvient de 'son' Rolf. « J'ai peur de vous décevoir Cara. Rolf, il... », son regard se perd dans les herbes, cherchant des mots pour décrire l'être qu'elle connaît elle. « Il est très silencieux. Il va difficilement vers les autres. Enfin... je crois. Je ne l'ai jamais vu se... » et soudain, elle se tait. Elle ne l'avait jamais vu aller vers les autres avant. Comme maintenant mais l'idée la heurte douloureusement. Elle ne l'avait pas vraiment vu ne pas aller vers les autres, à Poudlard, si ? Il n'était pas allé vers son père lorsqu'il était petit, c'était Pandora qui avait rapproché les deux hommes sans le vouloir véritablement. Elle ne l'avait... Cara éclate une nouvelle fois de rire. Marie la regarde avec un air perdu. « Je... – Tu ne vois pas, n'est-ce pas ? » Marie fronce de nouveau des sourcils, complètement perdue. « Je te rassure, je ne l'avais pas vu non plus. Il m'a fallu des années avant de me rendre compte de qui il était. Le double pour m'apercevoir qu'il faisait tout ça pour trouver sa place parmi les autres. » Marie semble réfléchir un instant avant de se retourner encore une fois vers elle. « Il est où aujourd'hui ? », son sourire se fait triste avant d'observer l'étendue de flore qui les enrourent. « Ici et là. Il m'a fait jurer de jeter ses cendres dans mon domaine. Après tout ce qu'il avait fait pour moi, je pense que c'était le moindre que je puisse faire. » Marie ne regarde pas le terrain, pas plus qu'elle ne s'inquiète de déambuler au beau milieu d'une tombe pérenne. Elle regarde Cara et son regard perdu. Elle se demande si elle s'est un jour rendue compte de tout l'amour qu'elle portait pour ce Lyle qui lui faisait tellement penser à Rolf. A cet instant, elle commence à se demander si elle parviendrait vraiment à quitter Rolf à la fin de la semaine. |
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HERO • we saved the world Rolf Scamander ‹ disponibilité : always.
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rolf ft. ryan gosling, astoria ft. lily collins, theodore ft. dylan o'brien, édouard ft. bob morley, neville ft. daniel sharman, elijah ft. chris evans, ambroise ft. sen mitsuji, alexander ft. alfie enoch, olivia ft. emeraude toubia, brienne ft. natalia dyer, dean ft. john boyega, gregory ft. alden ehrenreich, priscilla ft. daria sidorchuk, charles ft. james norton, hwan ft. vernon choi, jay ft. gong yoo, hiram ft. abel tesfaye, adidja ft. reece king.
‹ âge : il a l'air d'avoir environ trente-cinq ans mais en a en réalité vingt-huit.
‹ occupation : employé à mi-temps dans un élevage indépendant de licheurs.
‹ maison : serpentard.
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : est rigide, sculptée d'une salamandre à sa base, longue de trente-quatre centimètres, est faite de bois de sureau et contient un crin de Kelpie.
‹ gallions (ʛ) : 4350
‹ réputation : je suis quelqu'un qu'il est difficile d'approcher.
‹ particularité : empathe. J'entends et ressens les émotions d'autrui.
‹ faits : je suis empathe et après avoir abusé de l'usage d'un Retourneur de Temps, mon corps est toujours désynchronisé et je parais avoir six ans de plus par rapport à l'âge que j'ai réellement. J'ai fait cavalier seul pendant des mois jusqu'à finalement rejoindre Poudlard mi-juillet 2003, où j'ai rejoint la Renaissance du Phénix. Mon surnom parmi les Insurgés était Oz.
Je vis avec Luna depuis la fin de la Guerre, et avec notre fille née à la fin de la Bataille, Lesath — jusqu'à ce qu'elle ait contracté le syndrome de Rosier et soit en convalescence à Saint-Mangouste.
‹ résidence : dans la maison Lovegood.
‹ patronus : un loup
‹ épouvantard : moi-même, fou à lier, écumant, incapable de sauver la silhouette indistincte d'une femme qui se tord de douleur devant moi.
‹ risèd : rien de particulier. j'ai tout ce que j'ai jamais désiré.
| TWENTY YEARS AGO. DEVON. “ C'est juste que... tu ne le connais pas comme je le connais, Rolf. — That's bullshit. ” Avec un grognement de rage, Rolf attrape la pierre la plus proche et l'envoie valser à travers les vagues. Près de The Ark, la maison secondaire des Scamander où ses grands-parents ont emménagé suite à la mort de ses parents pour l'élever, se trouve la mer. Il faut traverser tout un champ, puis une étendue trop grande de sable, pour arriver à l'eau: Rolf aime bien y passer des heures et des heures, y observer les vagues aller et venir, laisser le vent chargé de sel ébouriffer ses cheveux et le bruit de la mer apaiser ses pensées. Personne n'est assez fou pour s'aventurer sur cette plage froide et austère du sud de l'Angleterre quelle que soit la période de l'année: il peut y passer des heures, surtout, parce que personne ne vient jamais troubler sa quiétude. Il n'y a jamais personne pour l'embêter, personne pour le contaminer avec son Bruit, personne pour l'interrompre. Mais Ma le trouve toujours. Elle s'assied à côté de lui, elle ramasse des pierres et elle les assemble dans le sable, y créant des motifs connus d'elle-seule. Son Bruit est toujours apaisant pour Rolf. Comme des bras accueillants, qui le bercent émotionnellement, l'étreignent, lui passent des doigts tendres dans les cheveux, l'incitent à fermer les yeux. Comme une maison. “ Je le déteste! Qui pourrait aimer un monstre comme lui? — Un monstre? Allons, Rolf. Il reste ton grand-père. ” La voix de Ma est raisonnable, comme toujours. Mais cette fois, elle énerve Rolf plus que tout au monde: ne peut-elle pas voir la cruauté de son époux? Ne comprend-t-elle pas qu'il est froid, méchant, dur et bourru dès qu'elle tourne le dos? Qu'il ne s'excuse seulement parce qu'elle insiste? Qu'il n'a que mépris, dégoût, froideur, distance pour Rolf, son propre petit-fils? Et le pire, c'est que Rolf a l'impression de se battre avec un mur, indifférent à ses attaques, et éternel. Quand il perd son tempérament, Newt le regarde toujours avec froideur, l'air de dire: j'ai vu pire que toi et je verrai pire encore après. Tu n'es rien. Rolf ne sait pas d'où toute cette frustration vient chez lui. Il sait juste que ça le laisse crever à petit peu d'imaginer ce que Ma peut lui trouver. Elle mérite tellement mieux. Il ne répond pas, reste silencieux, les yeux plantés sur l'horizon jusqu'à ce que sa grand-mère glisse sa main dans sa nuque et le force à trouver la tête. Elle n'a jamais été douce, ni tendre; mais elle a toujours été moins dure et vindicative que son époux. Ses yeux sont très sombres, presque noirs, et ressortent comme des pierres précieuses sur son visage pâle raviné par les années. “ Est-ce que tu l'aimes? ” Elle relâche son visage, avec douceur, après avoir laissé son doigt retracer sa joue. “ Oui. Beaucoup. — Mais... pourquoi? ” Avec un soupir, Ma détourne les yeux vers les vagues, les observant un long moment avant de répondre. “ Je me souviens quand nous nous sommes rencontrés. Il était tellement... tellement timide et passionné à la fois. Tellement fougueux et distant, aussi. Que veux-tu que je te dise? Je sais qu'il ne me laissera jamais tomber, ton grand-père, Rolf. Il était un peu comme toi. ” Rolf a du mal à y croire. Ma éclate de rire en voyant son visage dubitatif. “ Toujours à s'emporter sans raison, à être presque injuste avec autrui, dit-elle sans pincettes et Rolf se sent rougir d'embarras. Mais est-ce que ça m'a empêchée de l'aimer il y a tout ce temps? de l'aimer encore? Non. — Mais il est si... Rolf grogne d'exaspération. Si froid. Si méchant. J'ai l'impression qu'il ne m'aime pas, moi. Alors que je suis son petit-fils! C'est... monstrueux. Et il a changé! Il a changé depuis que tu es tombée amoureuse de lui. Il n'est rien de tout cela. ” Le regard de Ma est sévère et froid quand il tourne les yeux vers elle. “ Arrête avec ça, Rolf. Son ton était pincé. Si il ne mérite pas mon amour, qui le mérite? ” Rolf se crispe. Ma soupire. “ Tu connais l'expression, le blé est toujours le blé? Si il vaut quelque chose plus tard, il le vaut maintenant, parce que le blé est le blé même quand les autres n'y voient que de l'herbe. Et l'inverse aussi est vrai. — Ça n'a aucun sens. ” Il sent le sourire de Ma sans même tourner la tête vers elle. “ Ça en fera. Tout le monde mérite de l'amour, Rolf, même le plus froid des hommes. — Qu'est-ce que ça fat de l'aimer? ” Il sent le Bruit de Ma, surpris, se tendre vers lui puis se calmer, comme pris d'une sérénité toute caractéristique. “ Comme un feu, dit-elle après un long silence. Un feu brûlant et destructeur et parfois, juste une chaleur diffuse et rassurante. Comme si il était constamment en train de me regarder et de me peindre et comme si je pouvais rester pendant des éternités dans ses yeux. ” « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour ma cheville, Rolf. Désolée... — Right... ” Rolf avait l'impression qu'on avait remplacé le sang dans ses veines par du gasoil. Quelque chose de toxique et d'acide qui le démangeait, qui remontait le long de ses bras, allait se ficher et intoxiquer son coeur. C'était comme être habité par un autre. Il n'arrivait pas à respirer, il avait l'impression que chaque souffle qui allait et venait dans ses poumons allait le consumer de l'intérieur. Les lèvres de Marie, qui venaient tout juste d'allumer des étincelles sur les siennes, se détachèrent trop vite à son goût. Rolf brûlait de l'intérieur. Il se fichait bien qu'ils soient parterre, que l'herbe soit trop humide pour qu'il l'apprécie et que c'en était presque indécent; la seule chose qui comptait était Marie. Encore une fois, lui revint comme une vague l'étrange idée et réalisation qu'il lui avait fait trop de place dans sa vie en si peu de temps. Ça ne lui ressemblait pas le moins du monde. Ça ne lui ressemblait pas le moins du monde mais il n'en regrettait pas une seule seconde, une seule seconde passée à la regarder, la toucher, lui courir après, la faire rire, rire d'elle, l'embrasser, la serrer contre lui, sentir ses doigts en quête de son pouls sur sa peau, frotter son menton contre son épaule, la regarder, la regarder, la regarder. Il aurait aimé que ça dure pour toujours. Il aurait aimé avoir les mots pour la retenir, pour la forcer à rester, pour lui dire de tout abandonner, pour lui dire de venir avec lui et de ne pas le quitter. L'amour de Rolf Scamander était entier, obsessionnel, compulsif, égoïste. Et il ne pouvait pas infliger ça à Marie. « Mais elle est excellente pour te battre à plate couture! » Elle se détacha brusquement de lui en prenant appui sur son torse.
La main de Rolf vola pour la rattraper juste à temps mais ses doigts s'écrasèrent dans l'herbe, vides. Elle s'échappait déjà. Il n'alla pas à sa suite, pour une raison qui lui échappait. Il l'observa rouler le long de la colline, sans pouvoir rien y faire, sans savoir quoi y faire, son rire dément et hystérique arrachant à Scamander un petit sourire amusé. Il ne se lança pas à sa suite. Il la regarda tourner, rouler, bouler sans rien faire, sans rien dire, se permettant lentement de se redresser, de se lever pour ne pas la perdre de vue dans la pente. Son rire l'accompagnait toujours même si sa silhouette réduisait à vue d'oeil: une tornade blonde, joyeuse et effrayante presque, tournant, tournant et s'éloignant, s'éloignant. Rolf grava cette image dans sa tête. Il se demanda si il aurait l'occasion de la dessiner, juste une dernière fois, avant qu'elle ne parte. Il sentit une grande tristesse l'envahir, brusquement, et leva machinalement le visage vers le ciel où se précipitaient les nuages blancs aveuglants habituels en cette saison. Il fut à deux doigts de fermer les yeux mais préféra les redescendre sur Marie, la détailler, même de loin. Il n'arrivait pas à se lasser de la regarder. À chaque nouveau coup d'oeil qu'il lui adressait, c'était comme si une nouvelle page s'ouvrait à lui, où il pouvait inscrire un détail à son propos. La manière avec laquelle son nez s'était froncé quand elle avait goûté la glace à la pistache qu'il s'était commandé pour lui-même, le rire silencieux au coin de sa bouche quand il lui avait confié son incompréhension des technologies moldues, son regard un peu rêveur qui la prenait parfois, quand elle observait quelque chose de terrible prosaïque et qu'elle en faisait quelque chose de lourdement poétique. Ses sentiments pour elle étaient comme un énorme océan, avec des vagues titanesques qui recouvraient tout, qui ravalaient tout: remparts, protections, distance et froideur. Ma disait toujours qu'il fallait laisser entrer les mauvaises choses dans sa tête, les faire entrer par la porte de devant et sortir par la porte de derrière sans leur servir le thé: ainsi rien ne l'atteindrait jamais. Il s'était tellement appliqué à construire des murs autour de lui qu'il n'avait pas protégé des portes qu'il ne s'était jamais résolu à condamner.
Rolf se laissa tomber en avant et se rattrapa rapidement en tendant le pied, se laissant entraîner par la vitesse du mouvement pour descendre le long de la pente à la suite de Marie, prenant rapidement de la vitesse bien malgré lui. Il dérapa sur les derniers mètres, s'éraflant sans douleur l'avant-bras alors qu'il manqua presque de rentrer en plein dans Marie; il eut le bon sens de sauter avant de trébucher contre son flanc, et s'étala la tête la première de l'autre côté de la jeune femme, roulant douloureusement sur l'herbe et la boue avant de s'immobiliser. Il tourna un visage recouvert de boue où quelques mèches d'herbe étaient collées sur son front et sa joue vers Marie, qui l'observait avec des étincelles amusées et moqueuses dans les yeux. “ C'était l'idée nulle de qui, déjà? ” dit-il le plus innocemment du monde avant d'éclater de rire, bientôt rejoint par Marie. Rolf trouvait que le rire de Marie était plus magique encore que Glastonbury.
Ils visitèrent le village comme des princes. Ils trouvèrent des lutins. Ils longèrent la rivière. C'est un monde innocent qu'ils construisirent à Glastonbury: la Guerre n'y existait pas le moins du monde. En tout cas, Rolf avait l'impression qu'elle était loin alors que, les doigts noués à ceux de Marie, il se promenait de rue en rue, venant parfois embrasser son front juste parce qu'il en avait la possibilité et le droit. Elle nichait parfois son nez contre son épaule, son cou, levait un doigt pour effleurer le pouls battant près de sa jugulaire. À Liverpool et sous la tente et chez Cara, ils parlaient, parlaient tellement: elle lui arrachait toutes ses pensées, même les plus secrètes, et il lui posait toutes les questions qui lui passaient par l'esprit, même les plus inconvenantes. Et elle répondait, et lui parlait. Mais cette fois, c'était différent. Il y avait un silence, qui n'était ni angoissant ni heureux entre eux. Rolf gravait toutes les images de Marie qu'il pouvait sur sa rétine, les stupides et les prosaïques, les rares et les poétiques. Sa tête en voyant des fées et surtout son horreur quand Erlkönig avait plongé en manger quelques unes. Les rires incontrôlables qui l'agitaient toute entière et qui la laissaient tremblante, presque hystérique, sous le regard mi-amusé mi-effaré de Rolf. La moue qu'elle faisait juste avant de l'embrasser, entre un air très inquiet et un air très amusé. Elle lui manquait déjà. À chaque fois qu'elle souriait, qu'elle riait, qu'elle l'embrassait, elle lui manquait affreusement et Rolf avait l'impression qu'on lui foutait la tête sous l'eau, qu'on l'empêchait de respirer, de penser, de faire, d'être. Il détestait cette sensation. Pour l'amour de Merlin, il était Randolf Scamander, il était mieux que ça, mieux que tout, il n'avait besoin de personne, envie de rien. Il avait envie de savoir ce qu'elle ressentait. Lui dire ce qu'il ressentait. Lui parler du Temps, du Bruit, lui parler de son coeur qui battait mal, pas comme les autres. Les coeurs ne seront jamais utiles à moins d'être fait indestructibles. Rolf avait beau se répéter cette phrase comme un mantra, ça ne faisait aucune différence. Il ne regrettait rien, et ce sentiment lui faisait tellement, tellement peur. Il imaginait ce qu'il ressentirait quand elle partirait et il avait envie de s'arracher les yeux et il se détestait encore plus pour ça. Alors à la place, il riait, l'attirait à lui et l'embrassait; et pendant un instant, ça suffisait.
SEVEN YEARS AGO. LONDON. Ma est tombée de son balai, et c'est stupide, et Rolf n'arrête pas de transpirer et il a l'impression qu'il est au bord des larmes. C'est stupide, de tomber de balai mais c'est encore plus stupide d'utiliser un balai quand on a plus de soixante-dix ans. Rolf l'a dit des milliers de fois à Ma mais elle n'écoute jamais, elle utilise son balai pour aller voir ses amis, l'utilise pour revenir à la maison après avoir bu trop d'hydromel. Elle dit toujours qu'elle n'a aucune raison d'avoir peur de tomber: ça fait bien plus de soixante-dix ans qu'elle file droit sur son balai! Sauf que voilà, cette fois, Ma est tombée et Rolf fait des allers-retours nerveux dans la salle d'attente de Sainte-Mangouste, se passant des doigts tremblants dans ses cheveux blonds, sur son visage baigné de respiration, contre ses dents qui claquent, qui mordent, qui tremblent. Et quand enfin Newt surgit dans l'encadrement de la porte, il fonce vers lui comme une fusée et le prend presque au col, le plaquant au mur sans autre forme d'hésitation alors que son grand-père se fige, surpris et outré. “ Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, boy? ” gronde-t-il avec des orages dans les yeux. “ OÙ ÉTAIS-TU? hurle Rolf en retour, peu soucieux de faire une scène. ELLE EST TOMBÉE ET TOI- - — Lâche-moi. Randolf. ” Le sort informulé le frappe comme un poignard dans le dos; Rolf recule d'un pas, comme électrocuté et reste immobile tandis que Newt rajuste ses vêtements en jetant un coup d'oeil nerveux dans la salle. Finalement, il prend son petit-fils par le col et le traîne dehors. Il n'y a personne, pas à cette heure de la nuit, sauf des internes qui les couvent d'un regard à moitié inquiet et curieux. “ Tu ne la mérites pas, siffle, perfide comme un serpent, Rolf quand son grand-père le relâche. Qu'attends-tu d'elle? Tu veux qu'elle t'attende toujours, toute sa vie, quand tu es à l'autre bout du monde, quand tu ne penses jamais à elle et qu'à toi...! Tu me dégoûtes, tu es tellement égoïste! — Du calme, boy, gronde Newton Scamander avec tout le charisme inhérent au personnage. — Et à chaque fois ça recommence. Elle t'attend. Elle t'attend! Toujours! Elle aime un homme que tu n'es plus et que tu ne seras jamais. ” Il a du mal à respirer. Il a l'impression qu'il va exploser. “ Qu'est-ce que ça fait d'être aimé pour un mensonge? Un mensonge! Un déguisement, un masque, un mensonge! ” Les yeux de Newt brûlent cruellement dans leurs orbites. Ils clouent Rolf sur place et celui-ci a l'impression d'avoir dix ans à nouveau, d'avoir fait une énorme bêtise et d'avoir brûlé les paumes de son grand-père. Il y a toujours cette lueur dans ses yeux, ce mépris et cette distance, cette incompréhension aussi. Son Bruit est sauvage et cruel comme toujours, s'immisçant dans les failles des murs mentaux de Rolf comme un serpent, s'enveloppant autour de son coeur pour l'étouffer. Il y a beaucoup de rage, beaucoup de tristesse, beaucoup d'incompréhension dans son Bruit, qui nourrissent douloureusement la rage, la tristesse et l'incompréhension de Rolf. Newt ouvre la bouche et Rolf se tait, attendant sans y croire la phrase froide et cruelle qui va tomber comme un coup de fouet. Il espère un mot de réconfort, d'amour, d'affection, quelque chose, n'importe quoi. “ Tu ne comprendras jamais. ” Ils avaient trouvé un endroit à l'ombre, un peu loin du village, où ils s'étaient lourdement affalés et avaient somnolé ces dernières heures, en échangeant quelques mots et en observant le ciel. Marie avait appelé Erlkönig et il les avait rapidement trouvé; il volait désormais très haut au-dessus d'eux, dissimulé par un sortilège de Rolf, et poursuivait des leurres magiques que celui-ci faisait tourner du bout de la baguette, virevoltant dans les airs avec l'aisance que seul le roi des cieux (ou des aulnes) pouvait posséder, poussant parfois des cris outrés qui arrachait Rolf de sa semi-conscience quand les leurres magiques s'effaçaient au profit du sommeil du sorcier. Le soleil flirtait avec l'horizon, désormais. Il y avait trop de nuages et il faisait déjà sombre; d'un commun accord silencieux, Marie et Rolf s'étaient redressés et regardaient la lourde et inévitable chute du soleil. Même Erlkönig s'était tu. Rolf essayait de retenir le soleil par toute la force de sa volonté, juste avec son regard, pour l'empêcher de disparaître, pour arrêter l'inexorable avancée du Temps (à cette pensée, une douleur depuis longtemps enterrée se raviva, s'étendit le long de ses membres, le paralysa aussi un peu). Il ne voulait pas que la journée s'arrête, ne voulait pas qu'elle parte, ne voulait pas que ça se finisse. Ne voulait pas qu'elle l'oublie, ne voulait pas l'oublier, ne voulait pas lui dire au revoir. Il avait envie de lui faire promettre de revenir mais ça aurait été égoïste; avait envie de lui demander de l'aimer suffisamment pour rester mais ça aurait été égoïste; avait envie de la supplier de l'accompagner mais ça aurait été égoïste. Rolf avait décidé de ne pas être égoïste avec Marie, jamais. Il voulait qu'elle l'aime, même si il était lui, et il voulait qu'il mérite qu'elle l'aime. Alors Rolf resta silencieux. Et quand le soleil céda la place à la nuit, il se rallongea lentement et ferma les yeux en serrant Marie contre lui avec le bras qu'il avait passé sous elle, tournant la tête pour coller ses lèvres contre son front.
Il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux. Si il ouvrait les yeux, la nuit l'envelopperait et elle partirait.
Rolf serra Marie contre lui, fort. Très fort. Elle portait la veste en daim qu'il lui avait donné quand elle s'était plaint du froid mais lui-même frissonnait, désormais. Mais ce n'était pas vraiment à cause du vent. “ Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux. ” La révélation était inutile. Il fermait tellement, tellement les yeux: ils étaient hermétiquement fermés, insensibles au reste du monde. Le monde était noir et souffrance et solitude: Rolf ne voulait pas y retourner. Il voulait que cette semaine dure pour toujours. Il voulait que Marie embrasse ses paupières. Il voulait qu'elle l'attire à lui et l'embrasse, en plein sur la bouche, sans se soucier de rien si ce n'est que de lui. Il voulait que le soleil se relève et recommence sa course éternelle dans le ciel, pour jouer encore et encore le même jour, le village, les lutins, le fish and chips qu'il lui avait fait manger et la rivière qu'ils avaient remonté. Il voulait se souvenir des glaces de Liverpool et du jardin de Cara et des pierres précieuses de Lesath. Ne sois pas égoïste. Rolf se força à se détacher et rouvrit les yeux pour la regarder. Il y avait tellement, tellement de fées sur le rebord de la rivière et Erlkönig, rigoureusement immobile, les ignorait complètement pour une fois; comme des lucioles de toutes les couleurs, elles nimbaient la scène de rouge, de vert, de bleu. Rolf avait envie d'éteindre toutes les lumières du monde. Regarder Marie était insupportable. Il lisait sur son visage à elle aussi qu'elle lui disait au revoir. “ Je t'ai parlé de la fois où j'ai brûlé les mains de mon grand-père? ” Elle se détendit un peu. Fit non de la tête, alors il lui raconta. Il rajouta plein de détails, plein de divagations, plein de pensées personnelles. Il lui parla de la branche de l'arbre, de l'attente, de son bras cassé. Il parla longtemps.
Quand il se tut, elle était toujours là. Plus pour longtemps.
Il ferma de nouveau les yeux. Rolf n'avait jamais été courageux. Il glissa sa main entre eux et alla tapoter la petite bosse que formait son collier sous le pull de Marie, la montre, le sifflet, les alliances. Il le tapota trois fois et sa main resta immobile, son corps crispé comme une statue, son nez niché dans son cou, respirant profondément son odeur, sa chaleur et sa présence. Il entendait son coeur aussi sûrement que le sien battait dans sa poitrine de toutes ses forces. “ Je veux que tu le gardes. ” Je veux que tu restes, je veux partir, je veux te revoir, je veux pas te lâcher, je veux que ça continue comme ça, je veux aller en France, je veux chanter jusqu'à noyer le monde, je veux remonter le temps, je veux écouter de la musique, je veux que tu comprennes, je veux qu'on ait une chance. Je veux bouffer le monde tout cru. “ Le collier. J'aime bien quand tu le portes. ” Il resta silencieux, tendit les lèvres et embrassa la peau frémissante de sa jugulaire. “ Et puis comme ça, tu ne m'oublieras pas. ” Et il y a une fragilité dans sa voix, un peu, un doute qui persiste malgré tout et qui persistera toujours. Il garde les yeux fermés, il la garde contre lui, il continue d'embrasser sa peau, son cou, sa mâchoire, sa joue, son oreille. Il veut graver toute sa peau sur ses lèvres. Sa main, posée sur l'épaule de Marie, qui la maintient contre lui, n'arrête pas de trembler. “ Je suis désolé. Je n'ai jamais été très bon pour dire au revoir, ” murmure-t-il contre sa peau avant de, difficilement et douloureusement, se détacher, centimètre par centimètre, ouvrant les yeux millimètre par millimètre pour la regarder, dans le clair-obscur du refuge dans lequel ils se sont allongés l'un contre l'autre. Elle est belle, même comme ça, même de si près, même si il a l'impression qu'elle est si loin. La main de Rolf quitte le collier pour se lever et caresser, du bout des doigts, son visage, retracer son joue, son front, en dégager une mèche de cheveux blonds. “ Je me sens stupide. ” Stupide de se sentir faible, démuni, needy. Stupide de ne pas savoir la remercier pour ce temps qu'ils ont partagé, et stupide de presque lui en vouloir de ne pas lui en donner plus. De temps. Toujours, toujours, toujours plus de temps. Il n'y a jamais assez de temps sur la planète entière. Il faut toujours une seconde de plus, une paire de minutes, une poignée d'heures, un sac de journées en plus. Pour la première fois depuis de longs mois, Rolf pense à- “ Je voulais te donner ça. ” Il sort le lecteur de cassettes, et ses cassettes, de la poche enchantée de son jean. Les lui met dans les mains. Il a un long silence avant qu'un sourire ironique vienne ombrager son visage, légèrement, traçant sur ses traits émaciés un peu de tristesse et un peu d'amertume aussi. “ Ça commence à devenir très sentimental. Mes excuses pour ça, ” murmure-t-il en détournant les yeux, soudainement intimidé. Il n'aime pas dire au revoir. Il n'a jamais eu l'occasion de le faire avant, pas pour de vrai. Et c'est nettement plus désagréable et douloureux qu'il ne le pensait.
SIX YEARS AGO. DEVON. “ Je ne vais pas vous retenir plus longtemps que ça, Xenophilius. — Ah? Bon, d'accord, très bien, je comprends, mon garçon. Je te reverrai bientôt? — Euh, je ne sais pas, Xenophilius. ” Xenophilius lui adresse un sourire tendre, quoique fatigué en se levant à son tour, posant sa main sur son épaule et la pressant légèrement. “ Je comprends, dit-il, ce qui soulage énormément Rolf qui se sent dégonfler comme un ballon de baudruche. These times are hard. Mais prends soin de toi, n'est-ce pas, mon garçon? ” Le ton de Xenophilius est très sérieux, ce qui n'est pas du tout caractéristique du personnage. Rolf hoche lentement la tête, se détachant pour passer son sac en bandoulière sur son épaule. Alors qu'il s'éloigne pour rejoindre la porte avec empressement, Lovegood l'arrête une nouvelle fois en reposant sa main sur son bras. “ Puis-je te demander quelque chose? — Oui bien sûr. Ce que vous voulez, Xenophilius. ” Rolf est sincère. Il se demande bien ce que Xenophilius a à lui demander — c'est généralement lui qui pose les questions et Lovegood qui répond de bonnes grâces — et le soupçonne un peu de lui demander de toucher un bon mot à son propos à son grand-père pour lui. Rolf suspecte mal. Les doigts noueux de Lovegood le lâchent et se joignent devant sa poitrine, nerveux. Rolf l'a vu vieillir, non, flétrir comme une fleur ces dernières semaines. Lui-même a l'impression de prendre trois mille ans à chaque fois qu'il ouvre les yeux. These times are hard indeed. “ Puis-je te demander... si jamais il m'arrive à quelque chose... pourras-tu veiller sur Luna, Rolf? ” La question prend Rolf tout à fait au dépourvu et il sent sa mâchoire se décrocher. Les doigts de Xenophilius ne cessent de s'entremêler. “ Depuis la mort de sa mère, nous... eh bien, tu sais comment nous sommes. J'aimerais juste m'assurer qu'elle ne soit pas... seule si jamais... — Non. Enfin, oui. Évidemment que oui, Xenophilius, ” dit Rolf sans réfléchir. Il se rend compte que les mots sont vrais seulement quand ils quittent ses lèvres. Le visage de Xenophilius se détend brusquement et il lui adresse un petit sourire. En repensant à Pandora, Rolf se sent se crisper; une émotion que sent aussitôt celui qu'il a toujours considéré comme un père de substitution. Il cesse de torturer ses mains pour en poser une, à nouveau, sur l'épaule de Rolf. “ Elle nous manque à tous, Rolf, ” dit-il très simplement. Rolf se sent devenir très immobile et silencieux. “ Qu'est-ce que ça a fait de la perdre? ” murmure-t-il doucement. La question ne parait pas surprendre Xenophilius Lovegood. Il deoit en avoir entendu des plus bizarres de la bouche de sa fille. “ Je pense que c'est le plus grand chagrin qui existe, Rolf, et sans doute le plus cruel: celui de rester quand un autre est parti. ” Rolf a l'impression qu'on lui arrache les entrailles à la petite cuillère. Les yeux de Xenophilius sont du feu liquide bleu, comme ceux de sa fille. Rolf invoque le souvenir de Pandora: ses sourires, sa douceur, sa patience, sa beauté, ses tendresses et ses moues contrariées, parfois, quand les autres s'obstinaient trop. Il se rappelle de la Chine, des livres, des tentes, des envies d'étrangler Luna et de ses demandes pressantes, à lui, de prendre en photo la famille Lovegood à toutes les occasions (en refusant à chaque fois de paraître sur un cliché, comme angoissé à l'idée). Il essaye de se souvenir de l'affection de Pandora, sa tendresse inexplicable, son amour pour sa fille et son époux. Il essaye de se souvenir de sa propre mère, en même temps, mais n'y parvient pas. Xenophilius lâche son épaule et toute sensation de chaleur le quitte. “ Mais il faut laisser partir les gens, parfois. ”
Dernière édition par Rolf Scamander le Lun 5 Sep 2016 - 23:53, édité 1 fois |
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HERO • we saved the world Luna Lovegood ‹ inscription : 31/05/2015
‹ messages : 5660
‹ crédits : LUX AETERNA (avatar), TUMBLR + MATHY LA BEST (gifs), KAZUO ISHIGURO (quote).
‹ dialogues : bleu (luna - #669999) ; rosé (marie - #cc6666).
‹ âge : (depuis le 13/02/04) 23
‹ occupation : aventurière dans l'âme, souvent bénévole, étudiante par correspondance et mère à plein temps.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : septembre 1992 et décembre 1997.
‹ baguette : mesure 25, 8 centimètres, a été taillée dans du bois de sorbier et son cœur recèle un ventricule de dragon.
‹ gallions (ʛ) : 10433
‹ réputation : je suis différente ; même je ne suis plus aussi loony qu'auparavant.
‹ particularité : douée d'un sixième sens tel qu'on me soupçonne d'avoir le troisième œil.
‹ faits : Marie n'est plus ; que je me réhabitue à mon nom, mon visage et ma vie d'autrefois, tant bien que mal ; que les conséquences d'une année et demie volée sont rudes ; que je crois en Harry Potter depuis toujours ; que je suis une héroïne de guerre ; qu'il me manque du bon sens et une part d'humanité ; que je ne pourrais pas survivre sans ma fille, Lesath, ni son père, Rolf Scamander, à mes côtés ; que notre famille détonne ; que je suis l'une des sacrifiés scolaires de la guerre ; que Lesath est atteinte du syndrome Rosier.
‹ résidence : dans cette drôle de demeure du Devon, en forme de tour d'échecs, avec Rolf et notre fille, Lesath. Autrefois musée du gouvernement, aujourd'hui réhabilitée, elle s'élève toujours aux abords de Loutry-Ste-Chapsoule.
‹ patronus : un sombral, après de nombreuses métamorphoses (le lièvre et le panda ont été les plus marquantes).
‹ épouvantard : une forme prostrée dans un sous-sol tantôt calciné, tantôt humide (représentation d'un retour en arrière inéluctable, sans Lesath, sans Rolf, sans ceux qui comptent pour moi).
‹ risèd : une longue chaine dorée, sertie de six pendentifs très particuliers.
| Because maybe, in a way, we didn't leave it behind nearly as much as we might once have thought. Because somewhere underneath, a part of us stayed like that: fearful of the world around us, and no matter how much we despised ourselves for it - - unable quite to let each other go. FEBRUARY 1990. NEW-ZEALAND. Les odeurs ici sont terriblement différentes, étrangères. Incomparables à celles qu'elle peut sentir en Angleterre. Elle avait pourtant parcouru de nombreuses contrées lointaines, Luna, aimait toutes les effluves qui s'en réchappaient toujours ; mais ici, en Nouvelle-Zélande, l'odeur qui s'échappe de la terre lui semble trop différente, trop étrange. Ici, rien était comparable à ses précédents voyages et si ça ne l'effrayait guère, elle ne pouvait pas pour autant dire qu'elle s'y sentait tranquille.
En cette fin de semaine, il faisait lourd et humide ; le soleil s'imposait partout mais elle ne parvenait pas à en voir les rayons, bien cachés par d'imposants nuages sombres. Ils annonçaient l'orage, la tempête ; partout, on parlait d'une catastrophe naturelle. Mais la petite Luna ne ressent aucune peur lorsque le vieux transistor de sa grand-mère laisse échapper des mots comme pluie, diluvienne et ouragan. De l'eau et du vent ? La magie les empêchait bien d'en ressentir les effets néfastes à Loutry-Ste-Chapsoule dans le Devon ; alors pourquoi pas ici aussi, à Matamata en Aotearoa ? La magie pouvait bien la garder de quelques gouttes de pluie et d'une dizaine de bourrasques venteuses : elle n'avait pas peur de cette météo qu'elle trouvait habituelle, qui effrayait tout le monde ici. Elle avait déjà oublié le regard inquiet de son père la suivre depuis la véranda en la voyant partir pour son habituelle balade dans la propriété de Gra'Ma. Elle avait oublié son regard effrayé en la voyant seulement fouler le bois de la terrasse, les volants de sa robe fleurie virevoltant au gré du vent.
Elle avait oublié tout ça parce que maintenant, tout ce qui comptait, c'était les pétales rosés de la pivoine qu'elle tenait entre les mains. Elle aimait du plus profond de son être cette fleur, en appréciait la couleur, la forme, l'odeur. Mais surtout, surtout, elle aimait cette fleur parce que c'était la seule chose ici qui lui rappelait l'Angleterre. Elle inspirait, inspirait et inspirait , Luna, juste pour ne pas subir l'étrangeté de cette contrée lointaine. Elle inspirait, inspirait et inspirait, comme une folle, seulement apaisée une fois les effluves fleuries filant dans son système. Elle avait tout oublié, même le vent qui l'empêchait de marcher correctement... jusqu'à ce que elle ne perçoive la silhouette recourbée de sa grand-mère au bord de l'étang.
Luna se souvient de la tempête en voyant Sélênê au beau milieu de ce terrain fou, sauvage, effrayant. Elle se souvient des bourrasques, de la violence, sans s'expliquer pourquoi. La pivoine tombe sur le sol lorsque la gamine s’élance en avant, court, court toujours plus vite, se bat avec le vent, pour seulement rejoindre la vieille femme aux cheveux blancs. « Gra'Ma? » Sélênê se retourne lentement vers elle, la jauge d'un air curieux, comme si la petite venait de débarquer de nulle part. Comme si elle venait du pays des songes. Luna est effrayée, un instant : il lui semble n'avoir vu que deux grands yeux blancs la fixer jusqu'à ce que sa grand-mère ne batte des paupières pour mieux la voir. « Luna ? Que fais-tu ici, Sweetheart ? », la petite aux cheveux si blonds qu'ils paraissaient aussi blancs que ceux de la vieille dame tend alors les mains, supplie du regard sa grand-mère de s'en emparer pour la ramener au plus vite à l'intérieur de la maison, cette drôle de demeure à moitié enterrées sous les collines verdoyantes. « On doit rentrer, Gra'Ma. Viens ! » Elle rit, la Seer, les échos cristallins de sa voix se perdant dans des souffles grondants. « Serais-tu voyante ? M'aurais-tu vue m'envoler, Luna? Emportée par la tempête ? » Lovegood fronce des sourcils avant de prendre fermement appui sur le sol avant de relever sa grand-mère. Elle ne comprend pas ce qu'elle veut dire alors elle se tait ; tire de toutes ses forces lorsque la sorcière s'empare finalement de ses paumes. Sélênê se relève seule mais préfère faire croire à la gamine que c'est elle seule qui parvient à la mettre debout. « Luna, Sweetheart, veux-tu que je te dise ce que j'ai vu le jour où tu es venue au monde ? Le jour où je t'ai donné ton nom ? » Les deux générations continuent d'avancer pour rejoindre la sécurité de la maison. Mais Luna a beaucoup plus mal à marcher maintenant, se débat frontalement au vent terrible qui gronde de plus en plus autour d'elles. Sélênê s'abaisse pour prendre sa petite fille dans ses bras, la protège du mieux qu'elle puisse en la portant. Luna n'est pas rassurée ici et elle ne sait toujours pas pourquoi. Elle commence à se douter que ça a quelque chose à voir avec Gra'Ma... Elle acquiesce simplement de la tête contre l'épaule de sa Grand-Mère, essaie tant bien que mal de ne pas être un fardeau pour elle tandis qu'elle observe la pivoine abandonnée devenir de plus en plus petite parterre à mesure qu'elles s'éloignent de l'étang. « J'ai vu une étoile. Une très belle étoile scintillante. Elle brillait aussi fort que la lune. » Luna resserre sa prise autour du cou de sa grand-mère, se cache dans son cou. Elle n'est pas rassurée et elle ne saura pas pourquoi avant très longtemps. « Tu veux que je te dise le nom de cette étoile ? » Elle hésite puis acquiesce légèrement. Ce n'est qu'une fois la chaleur de sa maison retrouvée que Sélênê dépose Luna sur le sol, remet ses cheveux en place avant de s'abaisser à sa hauteur pour lui souffler la réponse.
Trois jours plus tard, les Lovegood retournent en Angleterre, Luna demandant à ses parents ses toutes premières cartes célestes. Elle veut trouver l'emplacement du secret que Gra'Ma lui a confié ; elle veut tout connaître de cette étoile qui l'obsède jour et nuit depuis que la voix douce et lancinante de la voyante la lui a révélée. Une semaine plus tard, Sélênê meurt d'une fièvre foudroyante. Deux semaines après, Luna oublie tout de l'étoile. Elle préfère abandonner les géographies célestes quelque part entre les vieux numéros du Quibbler de son père et les grimoires sur les sortilèges de sa mère. Elle préfère oublier qu'elle n'a pas été assez rapide, Luna, alors elle oublie, oublie, oublie... Parce que ça lui fait mal d'avoir perdu contre du vent. Loin, loin, loin. Elle partait loin, ce soir. Même si en réalité, elle ne connaissait pas la distance qui les séparerait, desormais, si ils seraient si éloignés que ça. Pourtant, le simple concept de ne plus avoir Rolf à ses côtés était suffisant pour imaginer son nouveau quotidien rebelle... Tous les matins, plutôt que d'être bercée par les grésillements interminables du lecteur-cassette, elle se réveillerait dans le silence. Tous les soirs, plutôt que de trouver le rythme cardiaque de Rolf sous ses doigts, elle ne toucherait plus que la matière revêche de sa cape transformée en oreiller depuis des mois. Plutôt que de lui parler sans fin, sans logique ni le moindre sens, ses lèvres resteraient closes. En lieu et place du bleu indéchiffrable de ses yeux, elle ne fixerait plus que le noisette chaleureux et rassurant d'Hermione ou l'acier froid et gêné de Draco, les autres l'évitant du mieux qu'ils puissent ; comme avant. Elle ne sentirait plus Rolf la regarder, la toucher, l'enlacer, l'aimer. On ne s'attarderait plus en la voyant déambuler. Plus personne ne la frôlerait. Aucun bras ne viendrait la rassurer, dorénavant. On la supporterait, on la jaugerait, on l'éviterait, on la défierait. On l'ignorerait. Mais on ne l'aimerait plus comme lui le faisait, d'un simple regard, en prenant seulement sa main dans la sienne. C'est tout ce qui émergea à sa conscience lorsque Marie rouvrit finalement les yeux, surprenant Scamander s'envoler par-dessus elle avant de s'effondrer lourdement quelques mètres plus loin. « C'était l'idée nulle de qui, déjà ? ». Il parle de leur dégringolade, elle pense à la semaine qui se termine. La sienne. En choisissant de le suivre, elle n'avait pas pensé à ce jour-ci, celui où elle retournait dans les campements insurgés sans lui. Elle ne sut pas non plus, quid de sa réflexion ou de son visage recouvert de boue, la fit le plus rire. Ce qui était certain, c'était que sa poitrine lui faisait mal. Mais rire lui faisait plus mal encore. Alors elle se mit à rire encore plus fort, juste pour noyer l'autre douleur qui la tenaillait insidieusement de plus en plus. Elle riait, riait, riait comme jamais ; de ce même éclat qui l'avait un jour secouée en décodant la blague de Ronald Weasley et de ses babouins volants. Il avait cet effet-là sur elle, Rolf. Elle n'avait pas besoin de tout entendre, de tout ressasser, pour savoir qu'elle se sentait bien avec lui, juste en le comprenant automatiquement. Et même si elle ne comprenait pas, elle était certaine qu'il lui réexpliquerait tout patiemment, sereinement, et ce simple fait était suffisant pour elle. Elle n'avait besoin que de sa voix, de son visage et de ses paroles pour enfin avoir l'impression de comprendre le monde. Elle riait, riait, parce qu'en la présence de Scamander, elle comprenait enfin tous les rouages qui lui étaient longtemps apparus obscurs et inatteignables.
C'était tout ce dont elle avait besoin pour se sentir entière, Marie. Une passerelle entre elle et le monde. Elle avait juste besoin d'un être, un seul, qui parvienne à naviguer dans ses univers pour ne plus jamais craindre la souffrance. C'était tout ce dont elle avait besoin pour être elle-même, Luna. Juste un être, un seul, pour l'aider à réagencer son esprit loufoque et décalé. Elle avait juste besoin de Rolf Scamander pour se sentir elle-même parmi les autres.
DAY 1. THE COTTAGE La petite chambre est silencieuse. Elle n'a jamais été aussi silencieuse depuis que Rolf s'était éveillé de sa longue nuit inconsciente. La dernière fois que tel phénomène s'était produit, c'était il y a des mois ça ; des années, une éternité. Lorsqu'elle-même se remettait de ses blessures. Depuis qu'elle s'était terrée dans un mutisme sombre. En y repensant, elle devrait ressentir toutes les douleurs d'autrefois ; les longues et interminables heures passées à se demander si son corps survivrait seulement au processus de guérison qu'Hermione alimentait toujours solennellement : de potions, d'onguents, d'enchantements et surtout, surtout, de paroles rassurantes, d'étreintes apaisantes. Elle devrait ressentir toutes les horreurs qui lui avaient entaillé les chairs, les pics électrisants qui l'avaient paralysée aussi sûrement que ne l'avaient fait les Doloris en leur temps. Mais non. Elle ne ressentait rien de tout ça. Elle ne ressentait plus rien des tortures passées lorsque Rolf la tenait dans ses bras.
Ils avaient rejoint la chambre une fois qu'elle l'eut retrouvé sur le perron, une fois qu'il eut terminé de fumer sa cigarette sorcière et qu'ils n'avaient plus su où commençait son drap à elle et où terminait sa couverture à lui. Ils s'étaient embrassés jusqu'à ce que l'air leur manquent, jusqu'à ce que leurs étreintes tendres ne soient plus suffisantes pour ignorer l'étroitesse du lit qu'ils proclamaient tour à tour comme le leur. Ils avaient parlé, encore et encore, ses lèvres à lui nichées contre sa tempe, ses doigts à elle posés contre sa jugulaire, jusqu'à ce que la fatigue n'emmêle leurs syllabes et ne les fasse communiquer plus que par le langage étrange imposé par le sommeil avant d'entrer dans le monde de Morphée. Elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi, Marie, mais elle savait parfaitement qu'elle s'était éveillée avant lui. Elle manqua d'éclater de rire en découvrant leur position, entremêlée, tellement différente de celle dans laquelle ils s'étaient endormis. Manque de place ou agitation nocturne, il avait fini par atterrir complètement sur elle, tête flanquée contre son estomac et bras passés sous ses jambes, les pieds dépassant de la matrice du lit sans aucune contrainte textile. C'était sans doute ça qui l'avait réveillée, la sensation d'avoir du plomb dans l'estomac, étouffante et inconfortable impression pour qui espérait une nuit tranquille comme celui implorait la pluie en plein désert. Mais là, les embruns nocturnes s'éloignant peu un peu de sa conscience, la sorcière ne trouvait plus le poids entravant son diaphragme désagréable. Elle ne se rappelait même plus des maux provoqués par longues semaines de guérison dans ce même lit. Elle ne ressentait que les fourmillements lancinants de l'épuisement lui alourdir les membres, les lui étirer si bien qu'elle ne ressentait plus que les conséquences du sauvetage de Scamander, une paire de jours plus tôt. Elle tenta de se redresser mais voyant l'échec cuisant d'une telle entreprise se former, elle se contenta de porter les mains sur lui, l'une effleurant doucement sa joue mal rasée tandis que l'autre caressait tendrement l'arrière de son crâne. Le plafond s'étendait à perte de vue dans son regard quand soudain, Luna s'extirpa des tréfonds inconscients de son esprit. Elle ne voyait plus le plafond mais une immense tâche sombre, sur laquelle se mit à scintiller une myriade de points désordonnés et mouvants. Elle se concentra et ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'elle parvint à déchiffrer les géographies que ces points brillants formaient de plus en plus devant ses yeux ensommeillés, de plus en plus précisément à mesure que le temps passait. Elle voyait des étoiles, elle voyait des constellations. L'insurgée voyait l'espace, comme sur les cartes célestes... Et pourtant, elle était certaine de ne pas y être vraiment. Cette planète ne devrait pas se tenir ici. Cette étoile ne devrait pas être là. La constellation du Scorpion ne devrait par remplacer ainsi Alpha du Centaure. Elle en était cert ... Deux lèvres embrassèrent alors la peau de son ventre, tirant la sorcière de sa contemplation abstraite du plafond, de la voûte céleste, pour la ramener dans la réalité. Elle tendit un peu le cou, Marie, le menton enfoncé sur le haut de son sternum pour seulement apercevoir les billes de Scamander, toujours voilées par deux paupières ensommeillées. « Did i wake you ? », lança-t-elle dans un murmure avant qu'il ne presse son front contre son estomac, hochant négativement de la tête. Elle se contente de sourire légèrement avant de finalement reposer sa tête à plat, scrutant frénétiquement le plafond dans l'espoir d'y retrouver sa carte illogique du ciel. Du bout des ongles, elle continue de lui parcourir la nuque, imagine déjà les étoiles fictives réapparaître une fois que Rolf serait à nouveau endormi. Mais il ne se rendormit pas. Il préféra tracer une ligne incandescente le long de sa peau jusqu'à atteindre ses lèvres pour la détourner définitivement de son exploration imaginaire du ciel.
Elle avait oublié la douleur parce qu'elle préférait nettement mieux perdre la raison avec Rolf Scamander plutôt que sans lui. D'un regard incertain, Marie observa longtemps Rolf avant de se défaire de son étreinte, s'asseyant face à la rivière et ses lucioles enchantées, pour mieux voir les contours familiers du lecteur qu'elle avait entre les mains. Gauche, droite ; droite, gauche : elle le faisait aller et venir entre ses paumes pour mieux en apprécier le poids, en tester la réalité. Comme si le soupeser était suffisant pour se rendre pleinement compte qu'elle retournait là-bas et lui resterait ici. L'impression qu'il tentait de la rassurer elle était aussi forte que celle où elle le voyait se rassurer lui-même. L'index caressa les courbes plastiques, avant de longer l'armature métallique qui en faisait le contour ; un relief marqua une impression curieuse contre sa peau, l'engagea à retourner le lecteur pour le rapprocher de son visage afin d'en découvrir les lettres gravées. Marie. Marie, Marie, Marie... Un tremblement secouait ses mains tandis qu'elle passait en revue les cassettes, qu'elle connaissait pourtant par coeur mais qui lui semblait étrange maintenant qu'elles étaient à elle. La sorcière en sélectionna une, ouvrit doucement le boitier pour l'insérer dans le lecteur d'un seul geste. Une hésitation l'arrêta mais en sentant le regard de Rolf la transpercer de part en part mais elle balaya son appréhension d'un revers de main mental : son doigt presse le bouton de lecture er tourne par la molette du son par habitude. When the night has come and the land is dark. Rouges, vertes, bleues, les petites lumières s'éloignent lorsque la chanson se met à résonner dans les airs et attirent bien malgré elles Erlkönig à leur suite. Elle n'a pas besoin de le regarder pour savoir qu'il s'était redressé, lui aussi, la regardait désormais d'un air interrogatif. Qu'est-ce qu'elle fait, doit-il se dire. Mais elle garde les lèvres scellées, préfère passer sous silence toutes les choses qui lui viennent à l'esprit et qui la font grimacer, tellement elle est incertaine de pouvoir les maintenir emprisonnées plus longtemps. And the moon is the only light we'll see. No I won't be afraid. Tu n'es pas stupide. Parfois, on ne peut pas faire autrement que de dire au revoir ; même si c'est dur, même si ça parait horrible. C'est toujours mieux que de se dire adieu (à cette pensée, son coeur manque d'un battement. Elle ne le supporterait pas si...). Alors elle ne lui dit pas au revoir, ni adieu. Pas même à bientôt. Elle se fiche bien que ce soit sentimental parce qu'elle aimait tout ce qu'il lui disait ; elle aime l'entendre lui parler comme ça. Elle se tait plutôt que de lui dire qu'elle aussi, elle ne veut pas ouvrir les yeux. Elle préfère se taire parce que si elle parle, elle lui dirait qu'elle ne veut pas de sa chaine, elle ne veut pas son baladeur moldu. Pour la simple et bonne raison qu'elle le voulait lui et rien d'autre. So darling, darling. Stand by me, oh stand by me. Pour ne pas lui confier qu'elle ne méritait pas tout ça parce qu'elle n'était pas réelle. Elle n'était pas ce qu'il s'imaginait d'elle. Elle garde ses lèvres scellées pour ne pas lui dire : à quoi tu penses, à quoi tu penses, à quoi tu penses. Ses lèvres restent closes là où elles devraient s'entrouvrir pour lui dire 'c'est un comme un riddikulus, cette situation! arrête de faire cette tête, tu vas rider. Prends ton sac, viens avec moi! (Au fait, ne sois pas surpris si d'ici quelques semaines, je ne suis plus la même...)' Oh stand, stand by me.
Mais elle ne dit rien. À la place, elle dépose le lecteur près d'elle avant de se retourner brusquement contre lui, commande à ses mains de l'attirer contre elle. Ses lèvres menacent de plus en plus de se descelle, alors elle les écrase contre celles de Rolf, l'embrasse si fort qu'elle n'a l'impression de respirer que lorsqu'il lui répond, avidement, avec autant de férocité qu'elle. La sorcière étouffe dans cette veste ; elle étouffe en se disant qu'il était encore trop éloigné d'elle. Alors elle passe ses bras autour de ses épaules, l'enferme dans une étreinte terrible juste pour l'aider à chasser ce sentiment d'écrasement qui la plombe, et la plombe, sans jamais discontinuer. Ses mains frôlent les traits, les paupières, les joues de Scamander ; lui parcourent la peau jusqu'à sentir son coeur battre à tout rompre sous ses doigts. Elle ne souvient de rien, la sorcière, lorsque Rolf la serre comme ça. Elle ne veut se souvenir de rien. Elle veut continuer de vivre ainsi.
No, I won't cry, I won't cry. Rolf n'ouvre pas les yeux lorsque leurs lèvres se détachent alors elle le regarde, fébrile. Il n'ouvre pas les yeux alors elle embrasse ses paupières, ses joues, sa pomme d'Adam, avant de remonter tout près de son oreille, calmant sa respiration sifflante avant de lui souffler la seule chose qu'elle se sentait capable de lui dire sans se briser un instant. « Je ne pourrais jamais t'oublier, Rolf. Jamais. ". Et c'était vrai. Comme le reste. Son visage était la seule chose que Luna regrettait. Elle dépose son front contre le sien, manque d'ajouter qu'elle a bien peur que lui ne fasse tout pour l'oublier elle un jour mais il ne lui en laisse pas le temps. Lentement, il l'attire à nouveau vers lui, l'embrasse en sentant son trouble. Il l'embrasse pour l'empêcher parler. Et encore, et encore, et...
APRIL 1988. CHINA. Elle court, court, court toujours plus vite, la blonde, file plus vite que le vent. Dans cette course subite contre la montre, tout ce qu'elle perçoit sont les battements frénétiques de son cœur qui lui martèlent les tempes et la succession infernale de couleurs qui défilent dans son champ de vision. Elle respire à peine entre les foulées, puise toujours plus, plus, plus d'énergie afin que ses muscles ne cessent jamais de fonctionner. Branchages, pierres, flaques : elle évite les obstacles avec une agilité telle qu'elle doute que ce soit vraiment elle qui s'élance en cet instant. Plus vite, plus vite, plus vite. Elle a juste l'impression de sombrer dans un abîme sans fond tant son allure est folle. Tout en elle l'électrise, lui fait mal. Mais elle s'en fiche, elle s'en fiche, elle s'en fiche : elle doit aller plus vite. Boum-boum, boum-boum, boum-boum. Le cœur s'emballe, manque de se briser entre ses côtes à chaque nouvelle enjambée qu'elle force. Elle s'en fiche complètement. Elle court, court, court toujours plus vite, redouble même d'ardeur lorsque les formes caractéristiques d'un campement se dresse finalement face elle. Trop tard, trop tard, trop tard ; faites qu'il ne soit pas trop tard. Elle ne ralentit pas, plonge presque en avant lorsqu'elle fonce sur la tente de droite et... « LUNA ? ». Elle est entrée dans la plus petite des tentes si violemment que la forme prostrée devant elle hoquète, surprise, malgré les sanglots violents qui la secouent déjà. D'un regard, elle scrute l'intérieur du refuge, analyse l'espace : retrouve l'ordre spartiate du côté droit et le capharnaüm sans nom du gauche. Et au beau milieu de ces deux univers, une ligne imaginaire qui sert de port d'attache à la petite fille aux cheveux emmêlés, aux yeux tout embués de larmes. La chappe de plomb qui lui enserrait la poitrine jusqu'alors s'écroule et la sorcière n'a que le temps de rejoindre les côtés de la petite fille avant de s'effondrer à son tour, membres tremblants et respiration courte à cause de l'adrénaline qui s'efface progressivement de son système. « Luna, sweetie Lou ? Tu t'es fait mal ? Pourquoi as-tu crié ? ». Pandora Lovegood ne ne laisse pas le temps à sa fille de répondre qu'elle l'assaille de questions bien inutiles, passant déjà ses mains, ses jambes et sa tête en revue, tentant tant bien que mal de contrôler les tremblements violents qui l'assaillent toujours. Peur, peur, peur, Pandora Lovegood a ressenti de la peur en entendant seulement le cri strident de sa fille. « Luna, Luna ? Regarde-moi. », elle prend son visage en coupe, plonge son regard dans les billes céruléennes de sa fille, parvient même à maîtriser ses propres larmes pour ne pas lui montrer autre chose qu'un visage déterminé, aimant. Sécurisant. « Ton... ton app...areil ph...photo, Mama. Je ne le re...trouve pl...plus. » Elle soupire de soulagement, Pandora, attire contre elle Luna avant de la serrer aussi fort que possible dans ses bras. Ignorante des traces humides que la gamine sème contre sa peau en nichant seulement son visage dans le creux de son cou. Elle la berce, laisse ses doigts courir le long de son visage poupin pour en effacer les larmes et sentir la chaleur rassurante de sa fille contre ses paumes. Elle la berce longtemps avant que les larmes ne se tarissent et que la tête blonde ne relève son regard rougi vers elle. Elle va bien. Elle va bien. Elle va bien. C'est tout ce qui importe pour Pandora. Que sa fille aille bien. Qu'elle ne souffre pas, jamais. « Tu sais ce que ton père a l'habitude de dire, Sweetie ? », elle fait non de la tête, force sa main dans la poigne de sa mère. « Qu'il faut savoir accepter l'inévitable, parfois. Dire au revoir. » Deux sourcils presque blancs se froncent, Luna regarde sa mère d'un air effrayé. « Mais... on peut pas dire au revoir à un objet... – Oui et non. Et tu sais pourquoi ? » Nouveau dodelinement négatif de la tête. « Parce que je pense que les objets sont comme nous. Ils vivent lorsqu'on y tient de tout son cœur. Et nous sommes comme les objets, sans personne pour nous voir, nous sommes aussi inanimés qu'eux. » Elle se pince les lèvres, Pandora, écarte quelques mèches de cheveux du visage humide de Luna. « Mais j'ai l'habitude de dire une chose bien différente de celle de ton Daddy, aussi. – Quoi, Mama ? » Pandora regarde le coin de tente ordonné, celui de Rolf, avant d'observer celui de sa fille, plus désordonné encore qu'à l'accoutumée. Elle a respecté l'espace du jeune Scamander malgré ses recherches tumultueuses et ce simple fait la fait sourire de plus belle, la rend fière. « Things we lose have a way of coming back to us in the end... » A ce moment, la silhouette de Scamander passe les pans d'entrée de la tente, son air pensif laissant place à la surprise de voir Pandora et Luna entrelacées à même le sol. Dans ses mains, l'appareil photo perdu. « Xenophiliuuuus! Elles sont là ! », crie-t-il en ressortant de la tente, sa voix s'amenuisant à mesure qu'il s'en éloigne pour rejoindre le patriarche Lovegood. « If not always in the way we expect. »
… sa main ne se referme que sur du vide. Elle paraît étonnée de ne pas trouver la main de Rolf entrelacée avec la sienne jusqu'à qu'elle croise son reflet dans la vitre sur laquelle elle s'était mise à somnoler. C'est une chevelure longue et noire, et non plus la couleur naturellement dorée de Marie, qui lui encadre le visage, rend son teint encore plus blafard qu'il ne l'est déjà. Elle n'était plus avec Rolf depuis une paire d'heures, alternant entre Portoloins et modes de transports moldus pour retourner à la planque flanquée par-dessus le toit de Giupure. D'un regard jeté au-travers de la fenêtre, elle se rendit compte que la rame était à l'arrêt, laissant aux rares passagers le temps de sortir ou de monter dans ce train de nuit. Ramenant sa main dans la poche de sa veste, la sorcière s'efforça de sortir plus vite du brouillard ensommeillé qui l'anesthésiait entièrement, ne prenant finalement conscience du silence environnant qu'en jetant un coup d’œil rapide sur toute la rame. Elle était complètement seule. Le silence était lourd et angoissant. En serait-il jamais autrement désormais ? Contre son front, ce n'étaient pas les lèvres tendres et fiévreuses de Rolf qu'elle ressentait mais la rigidité insensible de la vitre contre laquelle elle s'appuyait depuis presque une heure.
Il lui manque. Il lui manque tellement qu'elle n'arrive pas à le penser correctement. Elle a mal partout : dans ses muscles, ses tendons, ses os. Ses mains tremblaient à chaque fois qu'elle essayait d'attraper quelque chose. Sa tête semblait transpercée de milliers d'aiguilles, être compressée dans un étau étouffant : elle se demanda si en la cognant sans aménité contre le carreau, elle réussirait à expulser la douleur insidieuse qu'elle ressent. Elle veut briser cette vitre. Elle veut hurler jusqu'à ce que ses cordes vocales se brisent. Elle veut juste mourir en ressentant les douleurs passées venir l'envahir, comme si elles s'étaient endormies au plus profond d'elle-même pour n'attendre que le moment propice afin de ressurgir dans le présent. (doloris, doloris, doloris, doloris). D'un seul coup, elle ressent la faim, la soif et le manque de sommeil d'autrefois, sans aucune limite. Subitement, elle se mit à pleurer en silence, au beau milieu de la rame vide, en comprenant que ça faisait aussi mal que ça d'avoir laissé Rolf loin d'elle. (doloris, doloris, doloris) Ça la brise aussi violemment que des mois passés à l'ombre d'un manoir étouffé de toute part par la magie noire. Ça lui fait aussi mal que tout le temps qu'elle a passé sous les chaînes invisibles d'un tatouage. C'est aussi douloureux qu'un sortilège qui la tue lentement, doucement, sûrement. C'est aussi atrice que d'attendre le jour où elle serait libérée par la mort. C'est comme être à nouveau prisonnière dans le manoir Malfoy (doloris, doloris). Subitement, elle veut sortir, elle veut aller sur l'autre quai. Elle veut faire machine arrière. (doloris). Elle veut Rolf auprès d'elle.
Le train redémarra, la projetant subitement en arrière, de nouveau contre la vieille banquette du train de banlieue dans lequel elle voyageait. Le choc fut bien plus efficace pour la réveiller que ses tentatives précédentes et ce fut d'un œil alerte qu'elle sonda de nouveau la rame, captant quelques mètres plus loin la silhouette d'un couple qui venait tout juste d'embarquer. L'image lui fit détourner la tête, gênée de les surprendre se chuchoter de douces paroles à l'oreille. Ce n'est qu'en croisant de nouveau son visage dans la vitre qu'elle laissa le sentiment d'être de nouveau seule au monde se dissiper. Elle ne pouvait pas regretter d'être seule, ce serait égoïste. Les jours à venir étaient incertains, c'était pour ça qu'elle ne lui avait pas dit de venir. Les jours étaient incertains et pourtant, c'est une certitude venue de nulle part qui la rassure et l'apaise : elle n'était pas seule et elle ne le serait plus jamais. Sans voir ce qu'elle faisait, elle fouilla sa besace quelques secondes pour en ressortir le lecteur cassette. Elle pressa le bouton lecture avant même d'avoir passer le casque sur sa tête, reposant une nouvelle fois sa tempe contre la fenêtre du train, indifférente aux décors qui se succédaient dehors. Darling, darling, stand by me.
Elle ne serait jamais seule parce qu'à son reflet s'ajoutait aussi celui de la chaine et de ses quatre pendentifs.
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| | | | | (march 2003) rolfie#3 — LEAVE TONIGHT OR LIVE AND DIE THIS WAY. (w/fluff) | |
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