J'vais vous parler un peu du mois de Septembre alors asseyez vous une seconde.

C'est un mois.
de.
Merde.

L'été s'est barré depuis un moment maintenant et les nuages sont venus, avec les coups de vent qui vont font choper la mort, la pluie qui vous glace le sang et bien évidemment la luminosité qui décline l'air de dire : "tu mourras dans le noir, parce que poussière, tu es poussière et tu redeviendras poussière"

La seule chose pire que septembre c'est Octobre. Et la seule pire qu'Octobre c'est Novembre. Vous suivez l'idée. Et là je me traîne dans la banlieue Sud de Manchester. J'ai atterri là en élargissant mon périmètre de rapine. Quand on a la police au cul, les mangemorts sur le dos, et les rebelles aux trousses, vaut mieux se la jouer mobile et agile. Agile comme un chat. Du coup, quitte à chourer de la bouffe et les nécessités du quotidien, je le fais aussi loin que possible des quartiers sorciers, histoire que chaque repas gagné se transforme pas en course poursuite endiablée sur les toits. True story.

J'ai la dalle, petit. Magnes toi.

Ah Raigar ! ça faisait longtemps ! t'as tes règles?

Fermes là, minus. Il faut que je sorte. Il faut que je sorte, et que tu me laisse faire. On a faim, on a froid, on est seuls. SEULS. et tu sais ce qui va se passer si tu continues à me laisser seul?

Je t'ai dit de me laisser du temps.

TU AS EU AMPLEMENT ASSEZ DE TEMPS

Ca me fait si mal à la tête quand il hurle comme ça que je suis obligé de m'arrêter de marcher deux minutes pour mettre une main sur mon front et le masser doucement.

Je t'avertis, minable. Si tu continues à me laisser pourrir ici ça va mal finir. Tu veux pas me nourrir? parfait ! alors c'est toi que je boufferai et tu pourras pas dire que t'as pas été prévenu!

On trouvera bientôt quelqu'un.

Je te le souhaite...

Corban sent que le loup repart en repos. C'est comme s'il sortait d'une tanière mentale, dans le noir, pour y retourner dès lors qu'il a craché son fiel. Raigar n'aime pas attendre, il n'aime pas la compromission, il n'aime pas discuter. Si j'lécoutais je passerais ma vie à me prendre la gueule avec tout le monde et je serais devenu dealer d'orviétan, proxénète et assassin depuis une plombe. L'important pour lui c'est de dominer, et il va finir par me dominer moi si je trouve pas un moyen de créer une famille. De trouver les miens.

De créer une meute.

La vie d'alpha solitaire, c'est pas une sinécure...C'est comme se réveiller le matin en deuil, sans savoir de qui. Des gens vous manquent, mais vous les connaissez pas. Vous crevez de manque envers quelque chose que vous avez jamais eu et c'est le truc le plus frustrant que j'ai jamais ressenti. Chaque pleine lune c'est plus dur. Chaque moi je mets plus de temps à m'en remettre. Je sais que c'est sa faute à lui, et qu'il me fait payer notre solitude autant qu'il le peut.

Sauf qu'on a pas exactement les mêmes préoccupations lui et moi. Là par exemple j'ai envie de manger. On a envie tous les deux d'ailleurs, de quoi il se plaint, d'où il me chie une pendule pour la meute alors qu'on va finir par bouffer dans une poubelle?! paie tes priorités!

Une seule manière de trouver de la bouffe dans une banlieue résidentielle de ce style : chourer chez les moldus. Ils taffent toute la journée et rentrent rincés chez eux avec des gueules de six pieds de long, irrités, fatigués, une vie en paix, mais une vie de merde. Comme quoi hein.

Ce qu'il faut viser, c'est la pause de midi. Ils viennent, graillent et repartent. Et souvent c'est là qu'ils oublient -ou pas- de fermer les portes de derrière, le garage, la fenêtre, qu'importe.

Ca fait une bonne heure que je suis assis dans un groupe de bosquets à attendre que le couple grisâtre de la maison d'en face se bouge le train. Monsieur a l'air chiant, n'a plus un poil sur le cailloux et un costume trop grand, des chaussures à bout carré et une malette fatiguée. Madame porte des tailleurs aux couleurs passées et une coupe de cheveux qui devait être démodée avant d'être inventée. Ils sont tous les deux bien ronds. Les pigeons parfaits. Lorsque le gars sort le premier et rentre dans sa petite voiture milieu de gamme, je me redresse un peu et j'écoute. D'ici je peux percevoir le cliquetis de talons dans le hall d'entrée, ça veut dire que la régulière est sur le départ. Et, en effet, elle va rentrer dans sa petite voiture une place et elle roule vers d'autres horizons. Plus qu'à entrer sans me faire remarquer. Les moldus sont pas courants à cette heure de la journée dans le quartier, la majorité est déjà repartie travailler, c'est pour ca que j'ai visé les retardataires. Quant aux vieux débris du coin...eh ben qu'ils me frappent avec leur canne si ça leur dit, j'leur foutrai un coup sur le crâne, ça réduira le vieillissement de la population.

Bon dieu je deviens dingue.

Je marche tranquillement jusqu'à une des ruelles de briques qui sert à déposer les ordures et jouxte les jardins, derrière des murs de pierre. Mur que j'ai vite fait d'escalader, ça a son avantage d'être une grande perche sans vergogne. Leur jardinet à eux est propret, bien entretenu, chiant quoi. Et la porte est fermée, mais l'alohomora existe pour ça.

On prend de la viande

On prend ce qu'on trouve surtout.

La cuisine est couleur crème, le salon couleur taupe, le sol couleur vomis. C'est la maison de la dépression cet endroit. J'ouvre les placards les uns après les autres. Boites de conserve, boites de conserve...pas mal au moins ils sont prévoyants et ça m'évitera de faire une palanquée d'expédition bouffe ce mois çi. Bénis soient les moldus et leurs drôles de boites.

C'est au moment où je fourre les derniers baked beans dans mon sac que j'entend que ça cavale au premier étage. Bon dieu de Merlin est ce que monsieur et Madame Morse ont eu un bébé morse? une progéniture en âge de se garder toute seule pour mon plus grand malheur?

Je dégaine ma baguette. Ca sent l'impero tout ça. Pas que je sois fan de ce sort mais si c'est pour mal doser ma force et faire exploser le mioche ou le caniche au lieu de juste l'envoyer bouler au dodo, j'vais pas prendre le risque.

Dans quoi je me suis encore collé putain, c'est pas permis d'être aussi poissard!

Chienne de vie.

Ils manquaient de vêtements. C'était terrible à  dire, mais les gens sous-estimaient grandement le budget fringues des belliqueux. A force de tout faire sauter et de se retrouver dans des combats quotidiens avec les rafleurs, Rocket perdait un nombre incalculables de t-shirt et autres pulls qui allaient bientôt devenir sacrément utiles avec l'arrivée de l'automne. De plus, les belliqueux commençaient à se rassembler afin de préparer la destruction d'Herpo Creek (un projet qu'elle rêvait de voir devenir réalité depuis des années, mais trop de personnes s'y étaient opposées avant la scission avec les phoenix). Avec rassemblement de gens, cela entraînait forcément des demandes supérieures en vêtements, donc, mais aussi en nourriture, en matériaux, en herbes diverses et variées. Et on avait fait comprendre à Rocket que, concrètement, hors d'un champ de bataille elle était assez inutile.
Certes, la jeune femme n'avait pas été ingénieure en balais pour rien, mais elle n'avait jamais cherché à transformer cette spécialité en véritable expertise avec son entrée chez les insurgés. Elle aurait pu se former en bouclier et autres choses complexes. Non. Elle avait repris intensément l'entrainement physique et avait ressorti ses capacités du club de Duel. Elle était devenue une machine à faire la guerre. Et lorsqu'il s'agissait de planifier une attaque,  si elle était toujours douée pour organiser et motiver les troupes, elle se faisait tout de même souvent envoyer au loin. Trop hargneuse. Trop pressée. Va nous faire le plein de tissu au lieu de rôder Rocket. Et puisque, de toute manière, Rocket détestait être enfermée, elle obéissait.

Comme d'habitude, Rocket dépouillait les moldus. Elle aurait aimé pouvoir dépouiller l'Elite sorcière, mais c'était un peu trop risqué juste pour récupérer quelques t-shirts. Elle en avait un peu marre, d'ailleurs, de ne porter que des vêtements de moldus. Elle voulait une belle cape ou une veste en peau de dragon pour l'hiver pas une.... parka. Elle n'était cependant pas en réel état de se plaindre. Chargée d'un sac sans fond, elle transplanait de maison en maison durant la pause déjeuner d'une petite banlieue friquée du Nord de l'Angleterre. Elle passait le plus souvent par les toits, se faufilait par une fenêtre de l'étage, et s'occupait de dépouiller les chambres avant de se risquer à prendre un peu de nourriture (bien que ce ne soit pas sa priorité, on ne crachait jamais sur des conserves chez les belliqueux).
Elle était en train de vider les placards de moldus incroyablement larges (heureusement qu'ils pourraient moduler tout cela magiquement) lorsqu'elle entendit quelqu'un au rez-de-chaussée de la maison. Aussitôt, elle se figea. Un moldu ? Un animal ? Elle sortit sa baguette, prête à Obliviate quiconque en viendrait à voir son visage. Elle ne songea même pas croiser un autre sorcier. Quelles étaient les chances qu'ils soient deux à dépouiller la même maison ?

Doucement, silencieusement, Rocket descendit les escaliers, sourcils froncés, prête à l'attaque. Elle espérait que ce soit juste un chien. Elle aimait bien les chiens. Plus elle s'approche du bruit, cependant, et plus elle doit s'avouer que cela doit être un humain. Ou alors un chien avec des chaussures. Au choix.
Elle passa brusquement la porte de la cuisine, baguette brandie et se retrouva face à.
Corban Yaxley.
Elle le reconnu immédiatement. D'abord parce qu'il avait fait partie de l'équipe nationale lors de leur victoire mondiale en 84. A une époque, elle aurait tué pour avoir son autographe (même s'il était batteur) (personne n'était parfait). On le laisse en vie. Ensuite parce qu'elle se souvint brusquement que c'était un mangemort de longue date. On l'achève, direct. Enfin, parce qu'il avait été banni du groupe, pour une raison qu'elle avait oublié. Mais si elle se souvenait bien, sa tête aussi était mise à prix. On lui laisse une chance.
Sourcils froncés, muscles tendus, elle fixait l'individu qui avait l'air aussi surpris qu'elle de la trouver là. Même s'il ne devait pas la connaître. Les ingénieurs de balais n'étaient pas véritablement aussi connus que les stars internationales de Quidditch. Elle décida de commencer poliment :

« Qu'est-ce que tu fous ici Yaxley ? T'as la dalle ou tu aimes toujours autant charcuter gratuitement des moldus ? »

Eh.
Elle avait pas lancé d'AK.
C'était poli.

Putain le truc qui cavale à l'étage cavale maintenant vers le rez-de-chaussée. Bordel mais pourquoi est ce que les gens se sentent le besoin d'investiguer les bruits bizarres ! vous n'avez jamais vu de films d'horreur?! vous n'avez pas compris la morale de tous les scenarii qui est:

N'INVESTIGUEZ PAS LES BRUITS CHELOUS

Ben visiblement y'en a qui ont pas eu le mémo, et je me dépêche de fermer mon sac et de le foutre sur mes épaules vite fait, bien fait. Pas le temps d'atteindre la porte de derrière, va falloir jouer ça façon rodéo.

Je m'attends surtout à voir un moldu débarquer, mais la nana qui déboule dans la cuisine a une baguette. Alors soit c'est la fille adoptée des proprios qui bouffait à ce moment là du chinois à domicile, soit c'est une sorcière. Et vu sa gueule, la manière dont elle brandit son bout de bois et ce qu'elle dit, ben je suis dans la merde. Encore.

« Qu'est-ce que tu fous ici Yaxley ? T'as la dalle ou tu aimes toujours autant charcuter gratuitement des moldus ? »

Oh. D'accord on la connait.
moi sa gueule ne me reviens pas

Ancienne amante? trop jeune. Ancienne collègue? toujours trop jeune et clairement trop énervée pour que j'aies oublié sa tête. En plus de qui on se moque! j'suis hypermnésique par Merlin ! si j'avais vu cette tête là quelque part, évidemment, que je m'en souviendrais!

Arrêtes la branlette mentale! elle, elle nous connaît! c'est tout ce qui compte

Ouais ben elle nous connait pas si bien que ça sinon elle saurait que j'ai toujours la dalle, de un, et que j'ai jamais charcuté de moldus, de deux.

-Bonjour à toi aussi...gamine agressive et malpolie dont j'ignore le nom. J'vois qu'on chasse sur le même territoire. On règle ça à l'épée ou au pistolet?

Aucun ne baisse sa baguette. Bon sang mais je vais quand même pas me faire défoncer pour une boite de haricots en sauce et de boeuf en croute, merde! Cette génération pête les cables, c'est du grand n'importe quoi ! est ce que je saute à la gueule de tout le monde moi ? Ben non! ben non!

-Ecoutes ma jolie, c'est pas que je m'ennuie en ta compagnie, mais je suis juste venu chercher de quoi manger, et j'aurais bien mangé les moldus qui vivent ici avec ketchup et mayo, mais zut de flûte ils sont partis ! alors pourquoi on fait pas pareil et qu'on retourne pas à...

Je m'interrompt, arque un sourcil. la connerie va sortir, je la sens qui monte et d'un seul coup, je la lâche:

-Dis moi, tu es en quelle classe?

Oh oh oh, si les regards pouvaient tuer j'crois bien que je boufferais déjà les pissenlits par la racine, surtout qu'elle a pas l'air du genre à hésiter quant il s'agit de vous faire le fameux tour de passe-passe Abrakedavra.
C'est le tour le plus mortel du monde.
Ah ah.
je suis drôle.

Elle a le feu de la rage dans les yeux. On la mord. On la mord avant qu'elle nous morde.
Sauf ton respect Lao-Tseu, j'pense qu'elle ne mord pas comme nous. Elle est plutôt du style à nous mettre sa baguette dans le...
JE LA VEUX.
Ben pas moi. Regarde sa tronche, c'est un modèle défaillant elle a pas la lumière à tous les étages.
CORBAN N'ESSAIE MEME PAS DE FUIR OU J...

-Eh ben sur ce, love...

J'réagis très vite. Privilège d'être spécialisé professionnellement en déviation de projectiles dangereux. Ma baguette fend les airs et aussitôt, les murs, les meubles et le plafond semblent éternuer toute la poussière qu'ils contiennent, créant un écran si opaque et piquant que ça me fait moi même tousser une ou feux fois. j'entend un juron à faire palir une prostituée danson dos et un éclair vert me frôle.

Elle ne rigole pas la grognasse.

-Putain d'hystérique...

Avec un peu de chance je vais la faire devenir asthmatique. Peut être même que les murs étaient chargés en peinture au plomb ou en amianthe. On peut rêver hein. Je sors par la porte arrière alors qu'un nouveau jet de lumière vient lme passer juste à côté du cou, puis vient frapper le pommier couvert de feuilles mortes, lequel les perd immédiatement, comme victime d'une soudaine calvitie. Mais elle va nous saccager le quartier! où est le respect ? Parti avec mes économies et ma vie sexuelle?

Probablement.

J'me magne, je traverse le jardin, escalade de nouveau le mur, traverse la ruelle, dérape dans une flaque, me gauffre, me relève, cours, cours encore, tourne à gauche et débarque dans un parc municipal. Oh bon dieu y'a des mères et des chiards partout. C'est un enfer. C'est un putain de cauchemar éveillé.

Quoique...

Je m'engage dans le parc. Pardon excusez moi, poussez vous, poussez moi, excusez vous. Va tirer dans le tas maintenant, la folle de Chaillot. Si tu touche un nain de jardin c'est ton problème. Ah ben d'ailleurs la voilà. Je lui fais un signe. Et elle elle a l'air d'avoir avalé un doxy, et pas par la bouche. Oh, j'en connais une qui maîtrise pas trop ses nerfs.

MORDS UN ENFANT
mais ça va pas non?!
JE VEUX SORTIR
dans un mois comme d'habitude. T'as pas lu les petites lignes au bas du contrat?!
CORBAN LAISSE MOI SORTIR JE TE L'ORDONNE!!

Non pour l'instant on se casse. On se taille. Un peu plus loin, de l'autre côté du parc, il y a le métro. Le tram. Bref le truc moldu qui roule. Si je l'atteint avant elle, elle l'a dans le baba et moi je me casse avec mon butin. Si elle me rattrape...Eh ben on lui tire les cheveux et on lui râpe la gueule sur le toboggan des petits. Histoire de la ralentir un peu je dirige discrètement ma baguette vers les graviers de l'aire de jeu par laquelle je viens de passer. Et j'emmerde le secret magique. Chacun pour sa pomme si la police débarque.

On va voir comment elle s'en sort avec un sol consistance chamallow fondu.