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sujet; DRACHO ⊹ a little twist of the knife |
| a little twist of the knife,
a little salt in the cut JUNE 2003 & DRACHO Et sur tes lèvres, il y a comme une odeur de fièvre. Le bras est encore un peu raide. ( « Il faut y aller lentement, mademoiselle Chang. Pas de maléfice ou de magie noire, sinon vous risquez de mettre quelques mois avant de récupérer la totalité de vos facultés magiques », et gnagna. ) Les médicomages sont usants & agaçants. Et tu as besoin de ce bras, tu as besoin de ta magie. Le Magister en a besoin. Tu ne peux pas être son bras armé sans cette danse dangereuse, orageuse abîmant tes doigts. Tu ne peux pas le venger d'avoir été trompé, volé par un de ses soldats. De l'amande de tes yeux, tu as lancé au pauvre infirmier un regard noir sans aucun égard pour son travail, son sens du détail. Et la colère n'a fait que grimper, te ravager. Monstre de feu, il te mord, te tordant le ventre de tes erreurs, de ta rancœur. Tu le détestes tellement, maintenant. « Chang ? Tu redresses les yeux noir vers un rafleur. Tu comptes venir avec nous ? Habillée comme ça ? Tu jettes un regard sur tes talons, te perchant sur huit centimètre de trop. Je suis en pantalon. Je ne vois absolument pas où est le soucis, MacBeth. Qui plus est, on a aperçu le traître dans une supérette moldu. Ce qui veut dire ? Penaud, la jeune recrue a l'air perdu. Du béton, partout. » . Un rictus moqueur s'étire sur tes lèvres alors que le stagiaire bat en retraite. Tu te redresses sur tes talons, princesse plus mondaine que guerrière. Les cheveux bruns frôlant tes épaules, un sourire lent agrippant ton visage, tu souffles ; « Je ne suis pas vous, MacBeth, je sais lire. ». Parce que, dans ce service, ils sont tous si cruellement débiles. Parce que, sans muselière, les chiens deviennent fous. Complètement tarés.« Qu'est-ce que vous foutez encore ? », crachés entre tes dents, tu observes les rafleurs se presser en cercle devant un enfant moldu. Plusieurs heures que vous êtes partis et rien de rien. Vous ne trouvez rien. « Bha il a vu MacBeth lancer un sort donc on va … le tuer. », un roulement des yeux. Déjà durant ton service, en tant qu'Adhérente, tu les as haïs. Tu les as tellement méprisé, eux & leur brutalité, eux & leur manque de subtilité. « Partez devant, je m'en charge. », détachée & froide, tu observes les brutes déguerpir en laissant l'enfant totalement tremblotant & apeuré. « Comment tu t'appelles ? Caresses-tu, en douceur, en lenteur au gamin brun. Il a les yeux bleus humecté de larmes, de drames. Je ne te veux aucun mal, tu sais. Et tu t'agenouilles face à lui, doucement, tendrement, laissant ta main paresser le long de sa joue. Tu le trouves sale & dégoûtant, sans la moindre magie, contraire au vœu du maître. Et pourtant, tu te refuses à le tuer, à le voir crever. C'est parce que tu n'as pas oublié ce que ça t'a fait la première fois. », il est là dans ton dos, inchangé, figé dans ses 17 ans. « Cedric », souffle l'enfant, et il y a un frisson qui roule alors que tes yeux plongent dans les siens ; Est-ce qu'elle aussi, elle est magique ? Elle sent comme maman, la violette & la tendresse. Elle n'est pas méchante comme les autres. Et dans les yeux clair, il y a des certitudes innocentes, charmantes. Le cœur se resserre ; Tu es exactement comme les autres. « Regarde-moi bien Cedric. Tu es quelqu'un de bien, Cho. Tu l'as juste oublié, murmure-t-il tout contre ton oreille. Tout va bien se passer, d'accord ? Le prunellier frissonne entre tes doigts & la magie t'enlace les doigts, craquante, brûlante comme une allumette. D'accord. ». D'un murmure, tu redessines les courbes de ses souvenirs, effaçant les rafleurs, le sort lâché à la volé. Tu te places à la place, douce & rayonnante, lui donnant des bonbons & lui disant qu'il est un bon garçon, qu'il doit le rester pour sa maman. Tu trembles, concentrée, pressée, la magie raide entre tes doigts blessés. Et quand Cedric bat des cils, tu as déjà disparu, ne laissant que sa main emplie de douceurs sorcières. Serrer les doigts. Desserrer les doigts. Une moue orageuse couture tes traits alors que les yeux s'écrasent contre la main tremblante, Et devant tes yeux, les formes sont floues. « Je suis fier de toi, Cho. Et tu lui balances un regard noir réduisant à néant ses espoirs. Je t'ai déjà dit de me foutre la paix. Tu es mort, à la fin, merde ! Et il sourit, un peu triste, un peu trop sensible. Tu regrettes un peu son chagrin. Et tu veux aussitôt t'excuser, reculer. Ce n'est pas grave. Je sais que tu n'es pas vraiment toi-m- ». Et du coin de l’œil, tu aperçois le blond caractéristique, aristocratique que tu cherches. Tu ne l'écoutes déjà plus quand tu t'élances, quand tu le poursuis. Les talons s'enfoncent dans la terre meuble, la cape claque contre les arbres. Et dans un souffle assassin, tu déchires la distance entre vous deux ; « Petrificus Totalus ! ». Le sort part, ricoche contre un arbre & te frappe, brutalement, violemment. Et tu t'effondres, figée, frustrée. Les yeux noirs ne peuvent que le fixer, l'observer & il y a quelque chose que tu ne comprends pas, que tu ne ressens pas. Et derrière tes dents serrées, tu sens ton cœur se bloquer en soufflant « Malfoy ». Et tu sais, tu sais que sans lui, tout de toi s'est brisé, s'est tué sans que tu ne saches pourquoi. « Espèce de lâche, tu craches, agacée, blessée. Tu comptes me laisser crever ? » et sur tes lèvres, il y a encore la fièvre des siennes. |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | a little twist of the knife ,
a little thorn in the side and it stings like hell 5 JUIN 03 & DRACHO La douleur est une compagne récurrente, qui tantôt reflue, tantôt s’exacerbe. Draco n’est pas certain de savoir où il en est – de la ressentir tout à fait, ou de s’y accoutumer… mais est-ce qu’on s’habitue, réellement ? Quand elle se fait discrète pourtant, le manque s’étire comme une trainée de feu. Reste l’apathie, la curieuse impression de n’être qu’une carcasse de chair partiellement brûlée, une enveloppe évidée, apte à se mouvoir et pourtant, mort à l’intérieur. Draco n’est même pas certain de savoir qui il est – il a égaré ses repères. Alors quand elle se fait moins cruelle, moins dévastatrice, il la provoque, sa douleur. Pour s’apercevoir qu’il existe encore. Parce que quand elle s’étiole, c’est tout son être qui s’écroule. Quand elle succombe, ne reste plus qu’un désespoir latent et l’impression dérangeante de errer au bord d’un précipice, sans pouvoir ni avancer ni reculer. Un Tempus lui indique qu’il entame sa 7ème heure de solitude. Parfois, il se retourne pour lancer une remarque sarcastique par-dessus son épaule, seulement pour s’apercevoir que Loony n’évolue pas à ses côtés. Et il se morigène, atterré de se découvrir si dépendant de sa présence – se fustige de l’avoir obligée à partir. A moins qu’il s’en veuille au contraire de l’avoir laissée rester des jours durant ? Ce matin, la question ne s’est pas posée. A vrai dire, c’est surtout la réponse qui s’est imposée, lorsqu’un énième trajet par portoloin les a achevés. Qu’il encaisse péniblement les voyages est une chose – ce moyen de transport est, après tout, déconseillé en cas de convalescence, et les abus imposés par sa situation n’arrangent rien. Mais qu’elle soit terrassée, nauséeuse, encore et encore – ça, c’était anormal. Il secoue la tête, perplexe de n’avoir pas tiré les bonnes conclusions plus tôt. Espérant surtout que leur aveuglement à tous deux n’aura pas causé de dommages irréversibles à Lovegood. Son ouïe humaine perçoit enfin ce que sa forme animale lui a indiqué peu avant qu’il ne se retransforme : un point d’eau. Se courbant pour se faufiler sous les branches basses, Draco jure en sentant des brindilles fouetter la joue amochée qu’il avait pourtant pris soin de protéger sous une capuche – capuche qui, à vrai dire, s’est écartée du fait du mouvement imposé. Il devrait exister un sort pour fixer ce genre de désagréments, qu’il décide, exaspéré et dérangé par la sensation désagréable. Des jours que les potions de Snape le soulagent ; mais comme à l’époque du Sectumsempra, la guérison totale exige du repos et des précautions. Et du confort, des Chocogrenouilles à 4pm, un verre de champagne au dîner, aussi ? Rictus amer. Il ne peut pas s’offrir le luxe de se ménager. Au bord de la source s’engage un nouveau conflit intérieur. C’est sale. C’est putain de crade. Il en pleurerait, bon sang. De cette terre boueuse et de la végétation détrempée, des feuilles mortes qui flottent à la surface de l’eau limpide, trop limpide, les algues malodorantes qui dansent au gré du courant. Ses paupières se ferment pour échapper à ce spectacle peu ragoutant et le blond s’assoit sur une pierre, front sur ses genoux, paumes plongées dans ses cheveux sales. Il était si pur, il était si au-dessus de tout, paroxysme de l’élite, et en un jour seulement, le voilà rabaissé à un statut bien pire que les étapes traversées du temps où il était jeune mangemort, apprenti parmi les Rafleurs, ou durant les missions qui ont suivi. Là au moins, il y avait un retour plus ou moins assuré, une fin déterminée à son calvaire – mais cette fois… l’horizon est sombre, sans espoir ; il n’a aucun avenir à offrir à son fils, à Pansy, à sa mère, à Rose et Violet, et ça le tue à petit feu. Parce que chaque jour lui révèle de nouvelles facettes de son tourment et qu’il est bloqué à une impasse. Le sang pulse désagréablement à l’orée de sa plaie hyper sensible, l’obligeant à revenir à la réalité. Il doit se désaltérer, mais gaspiller sa magie et son énergie pour des Aguamenti à longueur de journée serait une mauvaise tactique. Mais Draco n’aime pas la nature. Il se rend compte à présent à quel point il est un homme de ville. Draco n’aime pas l’eau non traitée, le décor sauvage. Ce matin cependant, Lovegood et lui ont commis l’erreur de pénétrer dans une boutique moldue sans s’apercevoir qu’elle était surveillée. Des Rafleurs les ont talonnés, les obligeant à battre en retraite, les mains vides. Il ne se risquera pas à retenter le coup, d’une part parce qu’il est encore infoutu de compter à plus de deux à l’heure les pièces et billets qu’elle lui a confiés, mais également parce qu’il n’a pas l’énergie de se livrer à un duel. Pas ce soir. 7ème heure de solitude. La solitude, quand on est Draco Malfoy, on ne l’apprivoise pas – on la travestit. On s’offre des hommes de mains, en guise d’ombres pour avoir un public à chaque heure, à chaque instant. On sait surtout que dans les moments qui comptent, il y aura toujours quelqu’un à qui se fier. Il a eu la chance d’être toujours entouré et à présent, le contrecoup est violent. C’est le troisième jour à la chaîne qu’il passe sans voir retourner à la Résidence des Rosier. Il s’est fixé cette règle depuis qu’ils ont quitté le cottage pour y trouver refuge : trois jours de distance pour des retrouvailles de quelques heures. L’endroit est blindé de protections qui repoussent les intrus, masquent la demeure et, tout à la fois, brouillent la magie des sangs étrangers – une aubaine lorsque comme lui, on se suppose traqué avec l’aide d’une voyante. Trois jours sans son fils, c’est odieusement long. Il lui tarde que sonnent les douze coups de minuit – il a promis de rentrer ce soir. De les retrouver. De se retrouver, puisque Draco Malfoy n’existe plus qu’à travers leurs regards. Mais bon sang, il doit boire. Il s’y réessaye, évitant soigneusement de croiser son reflet ; il ne veut pas, il ne peut depuis que cette horreur le défigure. Il est incapable de se regarder en face et d’accepter, parce qu’il faudrait alors qu’il assimile le rôle de son père dans cette équation, l’impression de plus en plus mordante que jamais il ne retrouvera son visage, à présent que des soins décents sont or de sa portée. D’un geste rageur, le jeune homme rabat sa capuche sur ses cheveux blonds. Granger l’a traité d’imbécile quand il a refusé de les teindre – mais c’est trop tôt, et il est déjà trop… paumé, pour laisser quiconque lui voler une nouvelle part de son identité. Il sait que c’est risqué. Il les foncera, plus tard. Plus tard. S’il survit jusque-là. Lorsqu’un autre type de souffrance lui déchire les veines, il manque de peu de lâcher sa bâguette. Sa main couvre nerveusement son avant-bras tandis qu’il se déplie, un râle amer aux lèvres. Cette douleur-là est pire que tout ce qui est physique : c’est l’encre maudite de la Marque qui rampe à travers toutes les couches de l’épiderme et le lacère jusqu’à la moelle, exprimant la fureur d’un Maître qui veut sa peau. Il ne connait qu’un moyen de la rendre supportable alors, sans hésiter, sa silhouette se tasse dans un tourbillon de magie, laisse place à la carrure canine de son animagus, et le chien-loup trace à travers les arbres, annihilant les sensations en se livrant à une course-folle. Il parcourra bien plus de distance de cette façon. […] Le ciel est déjà plus sombre lorsqu’il délaisse le pelage qui lui fait office de refuge ( le manque de Nyssandra se fait toujours plus mordant quand il se fait loup). Ses pas l’ont porté, contre toute logique, à proximité d’une épicerie moldue qu’il connait. Ce n’est pas assez loin de celle de ce matin pour être sécuritaire – il est très conscient de faire une connerie en se pointant ici. Mai un nouveau trajet en portoloin l’achèverait. Et il est trop au bord de l’évanouissement pour risquer de transplaner ; à tous les coups, il se Désartibulerait. Draco n’a jamais connu la privation. Il pensait avoir vécu les pires atrocités, ne s’était pas imaginé ce que c’était que la faim rongeant les entrailles et les lèvres déchirées par la déshydratation ; du moins en a-t-il eu un aperçu lors de l’effondrement de l’aile de Sainte-Mangouste… mais là encore, ce n’est pas pareil. Tout est rationné, compté, depuis le premier jour de leur fuite. Il a affirmé à Pansy avoir tout ce qu’il lui fallait, pensant pouvoir se réapprovisionner avec Loony ; soucieux de laisser un maximum de vivres à ses proches. Mais ces derniers jours plus que jamais, les Rafleurs ne le lâchent pas d’une semelle. Semblent être présent à chacun de ses pas, deviner ses destinations malgré les efforts fournis par Luna et lui pour les varier sans sens logique. Le forcent à rester sur ses gardes en permanence, paranoïaque et en manque de tout. Il a une sale tête sous le sweat-shirt moldu que lui ont fourni ses deux comparses insurgées, et la texture du jean est très désagréable, rendant sa démarche awkward. Mais cette invention infernale a au moins le mérite d’être assez malléable pour lui permettre de courir, assez résistante pour ne pas se consteller d’accrocs dès qu’il pose un genou au sol. Ombre parmi les ombres, il parvient à pénétrer la boutique sans se faire remarquer. C’est déjà mieux que les tentatives précédentes. Quelques moldus le regardent de travers, par contre, lorsqu’il longe les étalages, mains dans les poches et tête basse, surveillant sans arrêt ses arrières. Le regard torve de Draco fait détourner les yeux à une jeune mère, qui se ronge la lippe en pressant le pas. « Ne traîne pas, Cedric », l’entend-il ordonner, visiblement dépitée de s’apercevoir que le type étrange qu’il est la suit jusqu’à la caisse. Foutue moldue. Elle est inférieure, minable, elle n’est rien. Ce n’est pas par mépris ou par dégoût qu’elle devrait s’écarter de son chemin – mais par respect, par déférence, nom de Merlin ! « V-vas m’attendre dans la voiture, d’accord ? Je te rejoins tout de suite. Allez ! » Comme s’il avait la Dragoncelle ou risquait de lui sauter dessus comme un sauvage. Pauvre attardée, misérable vermine. Il en tremble de colère et d’outrage, mâchoire crispée tandis qu’elle tremble sur ses billets, s’y reprend deux fois dans ses comptes. Tant et si bien que lorsqu’elle dégage enfin de son chemin, Draco claque ses achats sur le comptoir, peinant à se contenir. Au feu, son sacro-saint contrôle, c’est juste trop à encaisser, trop tout le temps, à croire qu’il n’aura jamais droit ne serait-ce qu’à une seconde de répit. « Waouh, tu tires une sale gueule vieux, tu te tapes un bad trip ou quoi ? » Malfoy lève brièvement les yeux, perplexe qu’il ait deviné qu’il est en ‘voyage’ (à moins qu'il n'ait voulu dire autre chose ?), mais se renfrogne et ne pipe mot. « Tu devrais… je sais pas, faire un effort, dormir un peu des fois ? Sérieux, on dirait qu’t’as vu la mort, t’as pas l’air net. » Et il insiste, insiste, jusqu’à ce que les nerfs du blond menacent de rompre et qu’il ne crache : « Je ne m’adresse pas à la sous-race. » Avant de maudire ses vieux réflexes. Et si ce type était manipulé par les Rafleurs ? S’il le poussait à bout pour le faire se dévoiler, révéler ses pensées, ses idéaux, son visage ? La panique s’agrippe agrippe ses organes comme une main cruelle et les broie, et il rabaisse encore un peu sa capuche, récupère en vitesse ses achats, jette de l’argent sans compter et se détourne pour s’éloigner à grand-pas. A travers les pulsations assourdissantes du sang à ses tempes, il entend le caissier le traiter de raciste et d’ à rien (Aryen), mais ne ralentit pas pour tenter de comprendre son jargon. N’a pourtant d’autre choix que de se plaquer contre le mur à l’arrière de l’épicerie pour reprendre son souffle. Ses jambes peinent à le porter et sa vision se trouble ; d’un mouvement pressé, il ouvre l’une des bouteilles, boit à grandes gorgées, manque de s’étrangler. Avale ensuite quelque chose (Loony dit barres de céréales), papilles à la fois agressées par la médiocrité de la qualité mais ravies par l’excès de sucre. Il en avale une, deux, trois, puis s’arrête, laisse à ses sens le temps de se rajuster. S’assure ensuite d’être correctement caché, à l’abri d’un panneau, tandis qu’il réduit les achats et les fourre dans ses poches pour plus de liberté. Il faut qu’il bouge, à présent. Mais si le trajet pour rejoindre les sous-bois à proximité se fait sans encombre, les choses se gâtent avant qu’il n’ait le temps de disparaître tout à fait. Il sent crépiter la magie, lorsqu’un sort lui frôle l’épaule par derrière (il n’a que le temps de se baisser pour esquiver) et percute un arbre juste à côté de lui. Avec tant de hargne qu’au lieu de simplement s’y évanouir, il se répercute contre le bois. Malfoy fait volte-face dans le même mouvement, baguette au poing, retenant la capuche de sa main libre – mais il ne voit qu’un corps allongé à quelques pas de lui. C’est passé près et il n’est vraiment pas lui-même, pour n’avoir pas perçu une présence, avoir manqué de se faire coincer sans même s’en rendre compte. Mais alors qu’il s’apprête à détaler sans plus attendre, la voix qui s’élève le cloue sur place. « Malfoy ! » Chang. So what ? Hurle une voix furibonde dans son esprit, et il se secoue, reprend son avancée, mais – « Espèce de lâche, tu comptes me laisser crever ? » C’est Chang. Il s’est découvert cette difficulté à regarder mourir des sorciers avec lesquels il a grandi – et elle, eh bien, les circonstances l’ont lié à elle en dépit de leur volonté à tous les deux. Partenaires sur le terrain, d’abord de force, puis par choix, jusqu’à ce que se tisse une entente qu’ils niaient aux yeux des autres, conscients qu’on ne les appairait que parce qu’ils étaient supposés se haïr. A ses débuts en tant que Mangemort, quand elle n’était qu’Adhérente, elle était bien la seule en dehors de Nott à ne pas espérer qu’il crève en mission. La seule de ses binômes à lui hurler qu’il devait se relever et vivre – la seule à qui il ait rendu la politesse, camarade de galère acariâtre et virulent. Amant brutal, quand il lui dévorait les lèvres pour faire couler le sang et lui prouver qu’il lui en restait encore, de ce précieux liquide qui la condamnait à vivre sous la coupe du Magister. Il se hait de faire marche-arrière, mais le fait quand même, un œil sur elle, l’autre aux alentours. Lui arrache sa baguette, se penche à ses côtés pour s’assurer qu’elle soit intacte – puis la fait léviter plus loin, à couvert. Chang a subi le brainwashing du gouvernement. Il s’en est aperçu lors de leur dernier corps à corps – elle est passée à deux doigts de le saigner sur l’oreiller pour un mot mal pesé à l’encontre de la Tyranie ; Chang n’est pas elle-même et il ne devrait pas s’arrêter pour elle, il ne peut rien pour elle. Il n’est pas altruiste, il n’est pas un crétin de Gryffondor, il n’en a rien à faire d’elle, et il se mettrait des gifles de passer une main derrière sa nuque au moment de la reposer au sol, assise contre un arbre. L’arme qu’il lui a prise, il la pose au sol à deux pas d’eux – si elle se retourne pour la prendre, il aura transplané avant qu’elle ne lui fasse de nouveau face. « A l’heure actuelle c’est plutôt toi qui veux ma peau, princesse », persiffle-t-il sans trop hausser la voix pour rester discret. La pénombre et la capuche le masquent suffisamment pour qu’elle ne voie que le bas son visage, tout au plus son menton et ses lèvres courbées par la contrariété, et il en est soulagé – il ne veut pas qu’elle le voie ainsi. Il voudrait que personne ne soit témoin de sa déchéance. Alors il se tient légèrement à distance, posé sur un genou à côté d’elle, bien moins près qu’en temps normal. « Toujours à geindre, à te plaindre. » Il lui en veut. Il en veut à toute l’Elite, qui mange, boit et festoie tandis qu’il crapahute à travers bois, comme un vulgaire gibier. On lui a volé sa vie et elle trouve le moyen de le blâmer pour ça. « C’est quoi, la version officielle ? J’ai trahi, c’est ça ? » Il rit pour ne pas dégueuler. Il est épuisé. Et il ne peut pas lui dire la vérité. Il ne peut rien dire à personne si ce n’est à cet enfoiré de Potter, et Merlin lui en soit témoin, il n’est pas question qu’il coure se réfugier dans les jupons du Balafré. Jamais. « Et toi, tu rêves de me dépecer pour brandir glorieusement mes restes devant le Dark Lord, mais tu as le cran d’user de chantage affectif pour me forcer à m’attarder. » Ce n’est pas une question – il lit la haine dans le regard qu’elle pose sur lui. Il effleure de sa paume la joue intacte de la jeune femme, esquisse un rictus amer. Rudoie : « Je ne peux pas te maintenir en vie Chang. J’ai ma propre peau à sauver. » Et il est incapable de déterminer qui lui fait face. A quel degré la mangemort encore Pétrifiée face à lui est la Cho sur l’épaule nue de laquelle il posait un baiser en s’éclipsant au matin, ou celle dont les serres ont manqué de lui arracher la trachée dans son sommeil. - Spoiler:
pardon, j'sais pas ce que j'ai ces temps-ci avec Draco mais y'a juste trop de choses à raconter et JE SAIS PAS SYNTHÉTISER
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a little salt in the cut JUNE 2003 & DRACHO Les yeux noirs le détaillent, le traître. Dans les sous-bois, tu observes le sweat moldu, la capuche rabattu sur sa tête. Du fin fond de ta poitrine, d'un bruissement de coeur, tu t'ordonnes de le détester, tu sais que tu es obligée de le briser. ( Déteste-le, il a trahi., crisse & caresse les mécaniques détraquées, éparpillés de ton coeur.) Et il est tellement lâche de vous avoir abandonné, laissé. Il est tellement lâche de les avoir choisi, eux. Eux & pas toi. Monstre de rage, tu veux l’assommer de ta rancœur, de tes erreurs. Les cheveux noirs cascadent contre ta nuque, l'oeil peut encore se voir, glacial & fatal. Et brutalement, il se retourne. Brutalement, il vient vers toi. Et tu te jures de lui arracher ses si beaux yeux. Et tu te jures de t'en faire un collier de son regard si tumultueux, si orageux. Pour ne plus qu'il te quitte. « Rends-moi ça ! Craches-tu, en sentant le prunellier t'échapper. Malfoy, je vais te – et de ses yeux, il te cloue le bec. Les mots s'étranglant alors que son regard paresse sur toi en mille égards. Il s'inquiète encore pour toi, et entre les feuilles, Cedric se dresse, se redresse. Tu voudrais resserrer tes poings & le cogner, le blesser. La magie te soulève & tu te retrouves assise contre un arbre. Ne me touche pas. » Il y a comme un air de dégoût sous ta langue alors que sa paume chaude roule contre ta peau. Et la poitrine se soulève, le feu de ses doigts paressent encore un peu. Il tombe dans le creux de ton ventre, là où en douceur, en lenteur, un incendie court encore. Là où il existe encore un peu de désir. « A l’heure actuelle c’est plutôt toi qui veux ma peau, princesse » et tu veux esquisser le rictus méprisant, angoissant qui doit étirer tes traits. « C'est ce qui arrive quand on trahit, Malfoy. », comme si il ne savait pas, comme si il ne comprenait pas. « Tu sais quand on fait exploser un hôpital & qu'on attente à Sa vie. », le charges-tu comme tout ce qu'affiche ses journaux, en lettres manuscrites. Et tu te souviens, un peu tremblante, avoir lisser la coupure, observer son air flegmatique & très britannique. Tu te souviens avoir accusé la torture pour lui. Ecoeurée, tu as même murmuré qu'ils devaient tous se tromper, qu' Il devait se tromper. Il a reculé & dans la pénombre, tu ne vois que le pli de ses lèvres, en une ligne dure & serrée, contrarié. « Toujours à geindre, à te plaindre. » et tu crisses d'un rire de hyène. Comme si lui ne se plaignait pas. Comme si lui, prince aux cheveux dorés, il ne geignait pas. « Tu pues tellement la mauvaise foi. ». Du haut de son trône, il a plutôt bien profité, bien abusé, non ? Le petit prince Malfoy n'est soudainement plus le haut de la chaîne alimentaire, mais est revenu au statut de proie. Et ce sera à qui aura sa tête en premier, qui l'apportera sur un plateau d'or & d'argent. « C’est quoi, la version officielle ? J’ai trahi, c’est ça ? » , il extirpe d'entre ses lèvres un rire sucré, salé. Il a l'amertume au bord de la bouche & dans toutes tes certitudes, tu sais qu'il ment. Il refuse d'avoir jouer & tout perdu. Ils ont dit qu'il mentirait. Ils ont dit que tu ne devais pas fléchir, compatir. Dans les vrombissements de ta haine pointent pourtant un semblant de pitié, d'incompréhension. « Tu as trahi. Lui craches-tu, sévère & incendiaire. Arrête de faire ta putain de mijaurée, blondie, tu as voulu gagner, tu t'es crashé. Point. » Il n'y a pas à douter, à se questionner. Il n'y a pas à raisonner. « Et toi, tu rêves de me dépecer pour brandir glorieusement mes restes devant le Dark Lord, mais tu as le cran d’user de chantage affectif pour me forcer à m’attarder. » Crétin, il n'est qu'un crétin, un enfant de rien. « Chantage affectif ? Les sourcils se froissent & se froncent. Mais, chéri, c'est la guerre. », il s'attend sérieusement à ce que tu lui offres une couronne de fleur & que tu le félicites pour sa prestation. Il s'attend vraiment à ce que tu n'uses & abuses pas de toutes les armes à ta disposition. « Tu aurais fait exactement pareil si je t'avais touché. » . Qu'il ose dire le contraire & tu mords cette main qui laisse s'échouer une myriade de frissons le long de ton dos. « Je ne peux pas te maintenir en vie Chang. J’ai ma propre peau à sauver. » . Et il y a, en toi, des mers de rébellions, de révolutions. Tu sais qu'il ment. Tu sais que Draco n'est pas ce qu'il montre. Si la lâcheté & la mauvaise foi s'agitent, valsant dans le creux de son coeur. Il n'est pas si insensible. Ils ont tentés de le tailler dans le roc, refusant de le voir se briser, s'écraser. Dans les couches de givre, il y a la peur vorace, crasse de ne pas être assez. « C'est jolie les mensonges que tu te racontes. Ça t'aide à te regarder dans le miroir, mh ? Un sourire s'esquisse, se dessinant sur les lèvres fines, dévoilant des dents parfaitement alignés. Le sort commence à s'estomper, tu dois juste l'occuper. Tu n'as pas que toi à sauver. Et dans tes yeux, il y a des menaces à peine voilées, lentement suggérées. Sinon, tu n'aurais pas pris avec toi Parkinson, ses filles, ou tes filles, il y a l'ombre d'une jalousie féroce, véloce dans la chaleur de ton cœur. Et puis sans oublier, ton fils. Ça fait beaucoup de monde à maintenir en vie, beaucoup de peaux à sauver. Tu ne culpabilises pas trop de les avoir entraîné là-dedans ? ». La sincérité est presque touchante, quasi désarmante ; Est-ce qu'il s'en veut de t'avoir condamné à la torture ? Est-ce qu'il a un peu pensé à toi ? Rêve pas. « Tu es au courant ? Les yeux noirs le scrutent, le percutent. Qu'on a été torturés pour toi. Tes amis, ta famille, on y est tous passés. L'amertume s'écoule de ta bouche ; J'y suis passée. Et il y a un souvenir brûlant que tu n'arrives plus vraiment à attraper, à garder. Et les maux de tête te poussent à balayer les questions en douceur, en lenteur. Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? ». C'est à peine un murmure écrasé contre les arbres & la terre froide. C'est à peine une blessure sous les dorures du jolie visage, une écaille dans le masque. Et tout s'écroule sans qu'il le connaisse, le reconnaisse. Et tout semble trembler, hésiter dans l'antre de ton coeur si sûr, emmuré d'un million de vérités ( enfoncées, gravées, écrasées dans ta cervelle). « Est qu'au moins, une fois, tu as été un peu vrai ? » ou t'es-tu juste trompée ou t'es-tu juste fourvoyé dans les froissements de ton cœur abîmé, égratigné. Est-ce qu'il t'a un peu aimé ? Les yeux le suivent & le poursuivent ; Et tu n'as pas vraiment, tellement envie de le piéger. « Il pourrait te pardonner, tu sais. ». A toi, il t'a bien pardonné alors pourquoi pas à lui aussi ? « Je lui demanderai pour toi », et il récupérera sa vie d'avant, et tu le récupéreras. Et vous en rigolerez, vous en rirez. Ce n'est pas si grave un hôpital en morceaux. Ce n'est rien qui ne soit pas pardonnable. Une part de toi lui a déjà pardonnée. Et tu luttes pour le toucher, l'effleurer, laissant un doigt paresser sur sa bouche, redessinant le pli boudeur & le bras retombe, tes muscles figés. « Rentre à la maison avec moi. » |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | a little twist of the knife ,
a little thorn in the side and it stings like hell 5 JUIN 03 & DRACHO Elle est belligérante et indocile, Cho. Se braque en dépit du sort qui la cloisonne au creux de ses propres membres, tente d’échapper à l’emprise de la Magie autant qu’à celle de Malfoy, dont les mâchoires crispées témoignent de la tension. Elle lâche des informations (des reproches) que l’esprit du déserteur n’assimile pas immédiatement, et pendant un instant, ils ne communiquent pas : c’est qu’un enchevêtrement de répliques qui se chevauchent, se suivent, se superposent, dispute, rancœur exprimée par leurs prunelles rageuses et l’acidité de leurs lèvres. Ils feraient un tableau grandiose – Les Amants Déchirés – pour n’importe quel artiste avide de discorde. Ou Dialogue de sourds. Il ne veut pas l’entendre. Elle refuse de le croire. Dynamique tumultueuse qui se tasse un tant soit peu quand elle mentionne crument la situation actuelle. C’est la guerre, indeed. Tous les coups sont permis. Il avale la pilule, se tait enfin. S’oblige à assimiler les mots dont elle l’a bombardé. Tu as trahi, quand on fait exploser un hôpital & qu'on attente à Sa vie, … De frustration confuse, il tâte la capuche, s’assure qu’elle soit bien basse. C’est nouveau tic – l’envie (le besoin) de disparaître, d’échapper aux regards ; tellement contraire à sa nature, à ses habitudes, pourtant. Mais lorsqu’il baisse les armes, explique pour l’obliger à se détacher de lui qu’il n’a pas le temps pour elle, tout juste celui de se défendre lui-même, la réaction qu’elle lui oppose lui fait regretter d’avoir ouvert la bouche. « C'est jolie les mensonges que tu te racontes. Ça t'aide à te regarder dans le miroir, mh ? Tu n'as pas que toi à sauver. Sinon, tu n'aurais pas pris avec toi Parkinson, ses filles, ou tes filles. Et puis sans oublier, ton fils. Ça fait beaucoup de monde à maintenir en vie, beaucoup de peaux à sauver. Tu ne culpabilises pas trop de les avoir entraîné là-dedans ? » C’est l’une des idées qui le taraudent en permanence. Est-ce qu’ils lui en voudront de s’être avéré incapable de fuir sans Pansy, mais de n’avoir eu aucun moyen de les prévenir ? Tout s’est passé très vite, trop vite ; difficile, pourtant, de ne pas s’en vouloir quand on revient sur les actes manqués, et de n’avoir eu aucun moyen de les prévenir, de les protéger. Pourtant Draco se fait de glace. « Epargne-moi le numéro insipide de l’épouse bafouée. Je ne te dois rien. Ni loyauté ni explications. » Il est surtout sur la défensive, touché en plein cœur par ces affirmations qui, telles des flèches aiguisées, frappent leur cible de plein fouet, retournent la baguette dans une plaie béante qui lui donne envie d’attaquer en retour. Il est blessé. Mais il lui doit quelque chose pourtant. Son sang sur le sol en pierre des cachots du QG, écoulé au nom de l’enquête dont il est la cible. « Tu es au courant ? Qu'on a été torturés pour toi » , qu’elle assène aussi sec. Et son cœur manque un battement. « Arrête. » « Tes amis, ta famille, on y est tous passés- » « Je t’ai dit de te taire. » Mais elle exhale ses lettres assassines comme elle respire. « J'y suis passée. » « Ferme-la Chang ! » Cette fois, il cogne l’arbre durement, du plat de sa main, juste à côté de son visage partiellement figé. Pour donner du poids à son ordre. Il ne veut pas l’entendre. Il y pense déjà suffisamment – ça le tient éveillé à la faveur de la nuit, ça l’embourbe dans des cauchemars psychédéliques au cœur desquels le monde a des dents et ne cesse de mordre. Ou peut-être est-ce la pure et dure réalité, ni plus ni moins. Celle qui ne se dissipe pas au réveil. Le silence s’installe brièvement, pèse entre eux. Lourd de regrets. Lourd de torts. Lourd d’admonestations muettes – ou presque. « Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Est-ce qu'au moins, une fois, tu as été un peu vrai ? » Il hausse les épaules, défaitiste. Réaliste. « Peu importe. » Oui, peu importe. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, elle est perdue, vaincue, prisonnière de son propre esprit réformé et possédé par un tiers. Elle n’en détient pas les clés. Son regard sombre est pénétrant pourtant, il le transperce, et l’espace d’un instant il se prend presque à croire encore qu’elle est elle-même. Mais ses mots de tout à l’heure, brusquement, lui reviennent en mémoire : c’est la guerre. N’est-ce pas qu’une mascarade de plus, ce nouveau jeu de sentiments contradictoires, d’émotions exacerbées ? « Il pourrait te pardonner, tu sais. » Draco secoue la tête de droite à gauche, un rire jaune à la coupe de sa bouche. « Je lui demanderai pour toi. » « Ne fais pas ça. » Est-elle consciente qu’agir ainsi reviendrait à se condamner dans l’espoir vain de le ramener ? « J’ai atteint le point de non-retour. Tu l’as dit toi-même, je suis un traître », qu’il raisonne, déraisonne. Pas pour l’apaiser cette fois, mais pour la remonter contre lui et lui faire avorter de ces idées suicidaires qu’elle vient de formuler naïvement. Le Lord est le plus ingrat des Maîtres et certes, il serait ravi de voir rentrer Draco. Pour mieux l’écarteler de sa propre baguette, au nom d’une arme que le blond ne domine plus depuis longtemps. Et puis : « Rentre à la maison avec moi. » La supplique le laisse coi. Et elle est un baume sur son cœur esseulé. L’espace d’une seconde ils sont de nouveaux les gamins paumés qu’ils ont jour été, ceux qui contre toute attente se sont trouvés et liés, raccrochés l’un à l’autre pour survivre à un monde brutal qui voulait coûte que coûte les achever. Le visage de Draco penche instinctivement vers le doigt qui l’effleure, comme pour se laisser aller à son toucher, comme pour se laisser bercer par cette perspective. Il pense à tout ce (tous ceux) qu’il a laissé(s) derrière lui, et- Mais la main qu’elle a portée à sa bouche s’écroule. Lui rappelle que, comme il l’a dit à Scorpius, comme il le répète d’une voix rauque- « Il n’y a plus de maison. » Lui rappelle aussi d’un coup le sort qui l’a Pétrifiée, l’attaque, la situation. Et il se braque, de nouveau sur la défensive. Fait remonter sa baguette en sécurité dans sa manche, pour se libérer les phalanges et emprisonner les mains de Cho sous les siennes. Le sort d’immobilisation commence à s’évanouir et la tension monte d’un cran. « Il n’y a rien à pardonner. Rien à excuser. Je n’ai rien fait. » Il délaisse déjà les prétentions, l’autoflagellation mue par l’altruisme. Parce qu’il est taraudé par la possibilité qu’elle soit en train de mentir pour l’amadouer. Probabilité forte, le brainwashing ne plaisante pas. « Tous les coups sont permis, n’est-ce pas ? Tu tentes de m’amadouer, pour me pousser à me rendre sans esclandre ? » Ses iris la sondent, orageux, brodés de méfiance. « Je ne peux rien t’expliquer. Tu n’es pas toi-même. » Il sait qu’il s’engage sur une pente dangereuse : les victimes de manipulation d’esprit ne sont pas changées seulement en surface, mais de façon intrinsèque. D’une façon qui, il suppose n’est réversible qu’à l’aide de lourds contre-sorts, de psychomagie, de souvenirs réels visionnés à l’aide d’une Pensine. Et de temps. « Ils ont modifié tes pensées, déformé tes souvenirs, nos souvenirs. » Mais on ne le blâmera pas de ne pas avoir essayé. De ne pas s’être heurté à ses barrières mentales dans le but de les ébranler. « Réfléchis », incite-t-il, d’un ton pressant, ses phalanges broyant presque celles de la jeune femme. « Quel avantage avais-je à partir ? » La réponse est rien, mais il devine les fils de l’emprise sur son esprit se lacer autour de ses pensées et en ruiner les connexions, pour la laisser incrédule, endoctrinée jusqu’à l’os. « Quel avantage, à risquer de tout perdre ? » Tu as joué et tu as perdu, qu’elle disait. Mais qui pour croire qu’il entretenait avec les insurgés une quelconque relation ? Ils les déteste et la réciproque est plus que vraie. « N’ai-je pas assez prouvé ma haine des rebelles ? Fait suffisamment de dégâts parmi leurs rangs ? » Brave soldat. Aveuglé lui aussi. Brainwhashing, en quelque sorte, sans l’usage de sorts, mais avec le règne de la Peur et la certitude de lutter pour la bonne Cause, jusqu’à ce que ladite Cause tente de l’engloutir vivant. « Réfléchis », et il lâche ses mains pour les clouer au-dessus de ses épaules, juste à la jonction de son cou, pour la forcer à le regarder en face, là où elle devine sûrement la position de ses yeux. Ses doigts serrent les tendons pour provoquer une douleur sourde et la raccrocher à l’instant présent, pour empêcher son esprit de se dérober pour se réfugier dans il ne sait quels mensonges éhontés. Et il ne lui donne pas de réponse claire qu’elle pourrait déformer ; seulement des interrogations dont les réponses dénoncent un manque de logique, pour l’obliger à se questionner. « Quel avantage, à faire s’écrouler un bâtiment à l’intérieur duquel je me trouvais, au risque de mourir ? L’endroit même où mes proches se trouvaient réunis ? » Tous les coups sont permis ; or il y a dans son attitude une brèche, peut-être due au temps écoulé depuis les changements imposés à son esprit. Il l’a remarqué sur d’autres cas – il y a parfois des failles. Une résurgescence des faits oubliés. Et la faille, c’est eux deux. Ce sont les souvenirs partagés et la tendresse qui perdure, parce qu’il était son refuge autant qu’elle était son oubli. La faille, c’est précisément l’élément que les mangemorts ont assurément laissé dans l’unique but d’accroître sa rage et le sentiment de trahison. L’indifférence aurait été plus prudente, mais a sans doute semblé grotesque à côté des dégâts que peut provoquer la sensation d’avoir été trompée, abandonnée. Tous les coups sont permis, alors Draco se penche vers elle, heurte leurs fronts. Il ne peut rien pour elle, il ne devrait pas perdre son temps à essayer et ça causera peut-être sa perte, mais l’abandonner une nouvelle fois s’avère plus difficile que prévu. « Tu te souviens de toutes ces fois où j’aurais pu te laisser mourir, et vice versa ? » Il délaisse la force pour opter pour la manipulation. Ses gestes se font caresse. Ça a toujours été ainsi, entre eux : tempête, tumulte entre colère et quête de réconfort. Draco lui-même a toujours été ainsi en temps difficiles, s’exprimant soit par la violence, soit en jouant sur les sentiments. Elle a raison après tout : sur ce plan, ils sont pareils, et peut-être que cette attitude familière lui soufflera qu’il n’a pas joué de rôle auprès d’elle. Qu’il était lui-même, à travers tous ses masques et son éducation fuckée. « Tu te souviens de qui t’obligeait à te relever, toutes ces années ? » Toutes ces fois où le monde autour tantôt ne souhaitait que leur perte, tantôt les utilisait sans scrupules. « Quel intérêt y aurait-il eu à mentir à ce sujet ? A prétendre si je n'étais pas... sincère ? » Le mot peine à sortir, il déteste se mettre à nu. Mais l'idée est là. Elle n'était, après tout, pas la plus stratégique des alliées. Sans cesse remise en doute du fait de son passé dans le camp ennemi. Il pense brièvement aux parents de Chang, et prend son visage en coupe, comme si le contact de ses doigts sur ses tempes suffirait à rectifier sa vision biaisée, désorganisée. Et finalement, une déclaration : « Tu sais que quelque chose ne colle pas. Tu es une Serdaigle, comment pourrais-tu te laisser berner par des incohérences ? » Et toute cette histoire n’est, en effet, qu’une monumentale incohérence ; mais il ne s’agit pas réellement d’analyser correctement des faits. Il s’agit de lutter contre une magie agressive, et Draco n’a pas les armes pour ça. |
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| a little twist of the knife,
a little salt in the cut JUNE 2003 & DRACHO Les tourments de cette existence s'écrasent, cruellement, sur vous. Et si tu craches, si tu le traites de lâche, c'est pour ne pas le voir disparaître totalement, vraiment. Il n'est déjà plus qu'une ombre entre les arbres, il n'est déjà plus qu'un fantôme à l'image effilochée, brisée. Il est déjà si loin pour que tu puisses le tenir entre tes bras, entre tes draps sans espérer te trahir. Et tu es si certaine, si sereine dans tes choix. Il n'existe aucune hésitation, aucune question dans tes yeux fauves. Tu as raison & il a tord. « Epargne-moi le numéro insipide de l’épouse bafouée. Je ne te dois rien. Ni loyauté ni explications. » , crache-t-il de sa voix lente & traînante. Et tu sens presque le gris de son regard te brûler, léchant ta peau d'autres colères dans le fin fond de ses yeux clairs. Oh serait-ce un touché, coulé ? Tes lèvres s'étirent plus vorace dans un sourire crasse. Parce que, lui aussi, il te bousille, il te gaspille. « En même temps, Malfoy, être engagée avec toi est synonyme de fiancée kidnappée ou tuée – Un silence pèse ; d'Astoria à Bonnie, elles ont écopés d'un destin bien funeste à s'accrocher au fils Malfoy. Et puis, toi, tu préfères les ombres rassurantes & traînantes d'une chambre, des soupirs arrachés dans les étreintes volées et déjà condamnées. Tu n'as jamais rien voulu de plus que ses bras ou ses draps. Tu n'as rien voulu de plus qu'un baiser volé à la dérobée. Mais, c'est là que tu as tord. Tu me dois des explications. ». Tu ne veux pas avoir subi les brûlures des endoloris pour rien. Ce n'est pas pour rien si c'est pour lui. « Tu me dois la vérité pour avoir subi ça. », et il le sait aussi. A tous ceux qu'il a laissé, qu'il a condamné, il doit au moins ça. Il le doit à Nott aussi, cloué sur le canapé de sa cousine à ruminer le nez dans ses papiers. Il le doit parce que vous Lui n'avez n'a pas été rien. En foutu prince trop égoïste, il ne réalise sans doute pas. Et il ne comprend pas. Alors tu défonces les portes de son coeur à grands coups de pieds. Tu veux le faire exploser, vaciller comme il t'a fait vaciller. « Arrête. » , souffle-t-il bassement, brutalement. Et tu ne t'arrêtes pas. A vive allure, tu fonces droit vers lui pour lui faire sentir quelque chose. N'importe quoi mais quelque chose. Je t’ai dit de te taire. » , tu ne te tais pas. Tu ne veux pas. Il a besoin de comprendre, de l'entendre, de l'apprendre par coeur. Parce que tu veux juste lui arracher le sien & l'enfermer à double tour, tout près du tien. « Ferme-la Chang ! » , et le coup part, dans un soubresaut de ton palpitant, s'écrasant contre l'arbre à quelques centimètres de ton visage. La langue claque, le myocarde se détraque. Et il se pense au-dessus de tout, encore, à hurler ses ordres, à hurler ses caprices. Même ici. Toi comme lui, vous savez que tu ne sais pas te taire, te soumettre vraiment, totalement. Tu as, encore, au creux des entrailles, le feu des luttes incendiaires, des révoltes guerrières. Sur tes lèvres, il y a des défis imprimés, des airs de dire « essaie pour voir » dans les gerçures, les blessures. Tu creuses du bout de tes ongles peint en rouge le cratère de ses colères, de ses enfers. Tu veux le voir se fissurer, s'exposer. Tu veux le voir pulvériser à tes pieds. « Peu importe. » Alors pourquoi, à toi, tout t'importe ? « Il pourrait te pardonner, tu sais. » Le Magister est clément. Le Magister est bon. Il pardonne toujours à Ses enfants. ( Et la ritournelle de tes pensées s'égrainent, lente, entêtante & captivante.) Et il fait non quand tu fais oui. Il dit blanc quand tu dis noir. « Ne fais pas ça. » , entêtée, bornée, tu le ferais, tu le supplierais parce qu'il y a comme quelque chose qui te traque, gratte la peau, le cerveau sans lui. « J’ai atteint le point de non-retour. Tu l’as dit toi-même, je suis un traître », Les sourcils se froncent & se froissent, l'âme s'écrase. « Moi aussi, j'ai trahi, Draco. Le prénom revient, chaud & savoureux, à peine murmuré dans la chaleur du soir d'été. Mais il a pardonné. » Comme si toi & lui, ça pouvait être pareil. Comme si toi & lui, il n'y avait que ça qui comptait, qui survivait. Comme si tu vous ne devais devriez pas le servir. Et tu y crois tellement fort. Tu le veux si cruellement, si avidement ; Qu'il rentre à la maison, qu'il se glisse en toi avec violence, que tout ça, tout ce monde n'existe plus. Les doigts ré-esquissent ses lèvres, la fièvre en nœud dans les ventres. Et tu veux juste le ramener là où il doit être, là où il ne peut pas L t'abandonner. Et ils chutent comme ses yeux couleur d'orage et tu sais que tu l'as perdu. Tu sais que tout ce qui t'étreint, te retient à lui ne devrait pas exister. Plus jamais. « Il n’y a plus de maison. » Il en a incendié le toit & les fondations, ne laissant qu'une traînée de cendre dans son sillage. Il n'y a plus qu'un lit froid, vide, s'écrasant comme les battements désemparés, éclatés de ton coeur. Et tu serres les dents pour ne pas lui cracher dessus que c'est de sa faute à lui si il n'y a plus de maison. C'est de sa faute à lui si vous souffrez tous. Sa grande main s'écrase contre tes poignets trop fins, un grondement quitte ta gorge ; « Je ne t'ai pas autorisé, Malfoy. Et il s'en fout, en serrant plus fort, en te faisant couiner, grogner. Il n’y a rien à pardonner. Rien à excuser. Je n’ai rien fait. Que de la gueule, lui chuchotes-tu de ta voix basse, de ta voix méprisante, menaçante. Et il y a comme une fissure, une craquelure dans les murs de ton passé. Tous les coups sont permis, n’est-ce pas ? Tu tentes de m’amadouer, pour me pousser à me rendre sans esclandre ? Est-ce que tu m'as écouté, sombre demeuré ? Je veux que tu rentres chez toi. Tu te mords la langue. Je veux que tu reviennes. Pour qu'il t’appartienne. Je ne peux rien t’expliquer. Tu n’es pas toi-même. Et il y a un rire amer sur le bord de ta bouche, dansant sur tes pensées ; Il ne sait plus quoi inventer. Il veut juste s'échapper, t'échapper. Ils ont modifié tes pensées, déformé tes souvenirs, nos souvenirs. Vos souvenirs ? C'est comme si il appliquait, un tison brûlant dans le creux de tes côtes. C'est comme si il mentait. ( Il ment, ordonne l'esprit, ordonne une voix subtile.) Et Cedric s'approche, soutenant Malfoy, Il ne ment pas, Cho. Il ne t'a jamais menti, lui. Réfléchis . Et les rouages s'ébranlent, dans une vitesse infernale, banale. La danse des pensées réformées t’abîment le cerveau ; Il ment. Ça se sent, ça s'entend dans ses airs d'animal traqué, chassé. Il ne sait plus quoi inventer pour te détourner de ton but. Et pourtant, pourtant, tu les sens les pointes d'hésitation, les débuts de questions. Tu me fais mal, souffles-tu, sentant tes doigts se faire broyer par ses grandes mains. Arrête ça, Malfoy, les mots trébuchent sur ta langue & tu ne sais pas vraiment si tu veux qu'il arrête de te toucher ou de te parler de ça. Tu ne sais pas si tu veux encore entendre tes pensées s'écraser, se froisser comme du papier contre quelque chose de trop fort pour toi. Quel avantage avais-je à partir ? A toi de me le dire. Réfléchis, Obéis, hurle ton cerveau, déchirant ses questions, ses prétentions. Quel avantage, à risquer de tout perdre ? Parce que toi & les tiens, vous cherchez le pouvoir. Les Malfoy sont des amoureux du pouvoir quand les Lestrange flirtent avec la magie noire & les Chang avec des vieilleries. Il n'y a pas de secret. Leur intérêts se trouvent dans le camp de ceux qu'ils pensent gagnant. Il n'y a qu'eux & encore eux qui compte. Mais si il ne mentait pas vraiment ? Y a-t-il une réelle logique ? Oui, celle du Maître. N’ai-je pas assez prouvé ma haine des rebelles ? Fait suffisamment de dégâts parmi leurs rangs ? » , et ton visage s'approche du sien, soudainement, brutalement. « Réfléchis » . Non, obéis, caresse la voix, crissement dans tes tympans, chassant les pensées parasites. Et tu veux filer dans la chaleur rassurante de tes certitudes, celles que tu raccroches frénétiquement à ton coeur. Obéis. Obéis. Obéis. Ne réfléchis surtout pas. Il y a comme un gémissement de bête blessée, là où il accroche tes poignets, tirant férocement, brutalement dessus. La douleur piquante, brûlante, te force à regarder les lambeaux de questions, à te poser des questions. ( Obéis. Obéis. Obéis, hurle le monstre, te tirant en arrière ) Et tu as l'impression que ta tête va exploser, se fracasser. Le mal de tête te broie, te noie. « Quel avantage, à faire s’écrouler un bâtiment à l’intérieur duquel je me trouvais, au risque de mourir ? L’endroit même où mes proches se trouvaient réunis ? » « Lâche-moi, maintenant ! Siffles-tu, entre tes dents serrées, pressées. Et la fissure se métamorphose en gouffre de douleur, de peur, de hurlements. Arrête ! Et tu tentes de le repousser, de te pousser contre l'arbre. Son contact fait mal. Son contact te fait mal. Son front caresse le tien, son souffle caresse tes lèvres. Tu te mords les lèvres & là dans la lutte entre raison & passion dans un creux de ton esprit, la réponse fuse, maladroite & de mauvaise foi ; Je ne sais pas. ( Si tu sais, il ment) Et tu essaies de te convaincre que tu veux juste cesser le feu dans ta tête, tu veux juste voir la douleur s'estomper. Tu veux juste crever parce que tu sens que, comme avant, tu vas te casser, te briser en mille morceaux, en centaines de lambeaux. Je ne sais pas. ». Un souffle plus doux alors que les yeux s'agrandissent dans une lutte intestine, divine. Et il y a de la terreur au fin fond du coeur. « Tu te souviens de toutes ces fois où j’aurais pu te laisser mourir, et vice versa ? » et ça, tu t'en souviens bien. De ses insultes lancées à la volée, de ses doigts pour te relever, ne pas t'abandonner, ne surtout pas le laisser sombrer. Et tu sais que c'est pour le Maître. Tu sais que si tu en es là, c'est pour lui. Ça a toujours été pour lui. Sinon pourquoi lutter ? Pourquoi exister ? Parce qu'il était là. Parce que tu n'as pas eu d'autre choix. Parce qu'Il est le meilleur choix, le seul choix. « Tu m'as aidé. Un silence & les yeux cherchent les yeux. Je t'ai aidé. Et les rouages s'activent ; Tu dois penser correctement, précisément. Pour Sa gloire & Sa grande œuvre. », énonces-tu, poupée sage & docile, quasi imbécile. Et il y a quelque chose qui tressaute dans ta caboche, qui t’amoche ; Il n'a pas menti, hein ? « Tu te souviens de qui t’obligeait à te relever, toutes ces années ? » . Ta putain de fierté accrochée à ta dignité un peu malmenée, bousillée. Par quoi déjà ? « Toi. Et tu grinces des dents, du bout de ta langue hésitante. Mais c'est pour Lui. ». C'est toujours pour Lui que tu vis, respire & expire. « Quel intérêt y aurait-il eu à mentir à ce sujet ? A prétendre si je n'étais pas... sincère ? » Et sous tes manches, il y a la réponse que tu susurres, effarée, blessée ; « Parce que tu nous as tous manipulé. ». Sinon pourquoi, pourquoi t'aurait-il torturé ? Sinon pourquoi serais-tu là ? « Parce que … Les pensées bien rangées se frayent un passage dans la mémoire. Les pensées blessées, prisonnière ricochent pourtant. Je ne sais pas. ». Et tu ne sais vraiment pas entre la douleur & la douceur de ses mots. Tu ne sais plus vraiment où donner de la tête, qui écouter, qui suivre, qui a trahi. Et tu fais non de la tête ; Si, si, tu sais. Bien évidemment que tu sais ; Le Magister est tout.Les phalanges sur tes joues te décrochent un frisson cruel, éternel. Et les yeux gris tombent dans les tiens, de sel & d'encre. Et il y a comme des larmes retenues. ( Ne pense pas. ) « Tu sais que quelque chose ne colle pas. Tu es une Serdaigle, comment pourrais-tu te laisser berner par des incohérences ? » Obéis, obéis, obéis. Et tu fais non de la tête même si tu le crois un peu. Parce que là, dans ton cerveau, tout est trop doucereux, tout est trop douloureux. Il n'y a pas d'incohérence, il n'y a que lui & ses foutus, foutus, foutus tortures. Soudainement, trop brutalement, tu le rapproches & tu chasses contre ses lèvres ; « Tu es la seule incohérence, ici. ». Et tu mords. Le sang s'écrase dans ta bouche, myriade de générations de Malfoy trop prétentieux, trop précieux pour ce putain de monde. Les dents s'accrochent, l'écorchent encore & encore. De la raideur de tes doigts, tu accroches le tissu de sa capuche, cherchant à griffer sa nuque. « Arrête tes conneries. Même si il y a des éclats de défiance, de méfiance dans tes yeux. Tu craches le sang en détournant les yeux, dégoûté de son odeur sur la tienne. Arrête de me faire souffrir. ». Et il y a un claquement dans tes dents, une peur vorace d'être seule. « Arrête de te croire si puissant, si menaçant. Tu n'es qu'un fils à son papa. ». La bouche se tord, grimace tenace & féroce. « Un accro sur l'arbre parfait des Malfoy. Et dis-moi – et tu te hais de le faire souffrir, de lui rendre coup sur coup, ça te plait d'être une déception ? ». La langue valse et tu tires, rageusement, furieusement sur le tissu. Tu veux le voir comme il t'a vu, abattue, perdue. Tu veux l'écraser de confusion & d'hésitation. « J'en ai vraiment ma claque de toi. », et de ses enfoirés de sentiments contradictoires qui te pilonnent, papillonnent. « Je veux juste te t – et les mots se stoppent en pleine course lorsque la capuche tombe, te dévoilant une carte des horreurs, des douleurs sur sa peau. Merlin ... ». Du bas de sa mâchoire au haut de sa pommette, il y a une peau rosée, à peine renouvelée. Et tu le relâches, dans un battement de cil mais tu le caresses de la courbe de tes yeux. Ça s'étale, ça s'écrase contre sa peau comme un lambeau, un morceau de monstruosité couturée sur son visage, sur le masque. Et la main se glisse dans le cou, dans un tremblement, remontant un peu. « Qui … » t'a fait ça? Que j'aille le tuer, te venger. « Draco. Un soupir. Montre-moi. », une autre caresse court sous les doigts, remontant sur sa joue intacte. Draco, dis-moi, parle-moi de toi. Comme avant. |
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PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | a little twist of the knife ,
a little thorn in the side and it stings like hell 5 JUIN 03 & DRACHO Elle en souffre. C'est inscrit partout, partout sur ses traits tirés, torturés ; la lutte intérieure, l'âme en dérive, les pensées contradictoires qui s'entrechoquent. Et il ressent quelque chose, quelque chose qu'il a banni il y a longtemps — pitié, compassion. Les émotions lui font froncer les sourcils, grignotent les contours de son palpitant, cherchant à effondrer les barrières qu'il érige, à le faire céder à ce qu'il considère comme de la faiblesse. L'altruisme est faiblesse, c'est une ancre qui freine. Mais il n'a pas le temps, pris dans une course contre le temps, une course pour sa vie. Elle s'entête, le piège, le retient. Il connait trop bien la chaleur de ses bras qui veulent le cloisonner, le couper du reste du monde, prétendre que rien n'existe, rien d'autre qu'eux. C'est la cage réconfortante qui a repoussé ses douleurs lorsqu'il a, tour à tour, échoué à aimer Astoria, Susanna, Bonnie, et à trouver l'apaisement au creux de courbes inconnues, de corps sans visage. Ils ont avancé ensemble, dans l'ombre, sans étalage, dans la toile des secrets qui régénèrent, des mystères. Et à défaut d'avoir subi son calvaire sous le poids des baguettes qui rugissent et dominent et gomment et manipulent, des marionnettistes qui reprogramment les poupées de chair sans scrupules, il a été le jouet d'un maître aussi habile ; son propre père, mentor, modèle, qui l'a forgé, dressé à voir le monde au travers d'un prisme déformé. Il sait combien c'est dur de s'entendre imposer une vérité dont l'on ne veut pas, que l'on croit faussée, que espère erronée de peur de devoir se retourner pour constater les dégâts de toute une vie échouée. Il le sait parce qu'Hestia a joué ce rôle ingrat, tenté de le réveiller, de le raisonner, en vain, jusqu'à ce que le gouffre s'ouvre juste ses pieds. « Damn, Chang », et sa voix n'est pas plus élevée qu'un chuchotement ; contrastant avec ses éclats de voix, ses coups de force. C'est le timbre d'un homme qui abandonne, accepte qu'ils ne sont que deux gamins ballotés par des forces trop intenses pour eux, conclut qu'il n'existe aucune échappatoire. Il ne peut rien pour elle, cette fois, et qu'importe son acharnement : ce qu'il veut faire, la magie le défait. Elle les fracasse, puissante et tumultueuse, destructrice, dominatrice. Il flanche. « You need to let me go », souffle-t-il plus durement, les yeux dans les siens. Mais de toute la force qu'elle peut opposer au sort, elle lui impose son refus. « Tu es la seule incohérence, ici » Ses lèvres le cherchent et le trouvent, pour l'engloutir des incisives meurtrières qu'elles masquent. Elle creuse sa chair comme elle voudrait creuser sa tombe, et il l'accueille comme on reçoit un adversaire. Ses paumes délaissent ses joues — l'une au profit de sa hanche qu'il redresse pour les repositionner, les aligner, l'autre pour s'ajuster au creux de son cou, qu'il enserre d'une prise trop appuyée pour rester inaperçue, mais pas assez pour la faire suffoquer. Et elle tire sur sa lippe, et il persiffle de colère, s'arrache à sa hargne, reprend sa bouche, dévore le venin de sa langue ; ce n'est pas tout à fait un baiser, mais une guerre, et ils prennent, dévorent, et il blasphème entre ses lèves lorsque leurs dents s'entrechoquent, jure quand leurs fronts se cognent et que leurs nez se gênent, pose son deuxième genou au sol pour mieux s'ancrer au sol, pour la posséder sans vaciller. « Arrête tes conneries. » La connerie, c'est d'être là, avec elle, plutôt qu'à des mille de là, prudent comme il l'a promis à Loufoca. « Arrête de me faire souffrir. » Et le regard gris s'assombrit, tandis qu'il balaye machinalement la mèche sombre qui choit sur le front de la jeune femme. « Cesse de vouloir me retenir. » Il n'y a pas d'autre choix, c'est là le seul remède à leurs émois. Mais s'il exige qu'elle le libère, il ne se limite pas à l'instant présent ; plutôt à toutes les chaînes qui opèrent, les liens l'un à l'autre avec la force de son acharnement. « Ne parle pas de moi à ton Maître. Tu m'entends ? » C'est une exigence, un ordre, de ceux qu'elle exècre et qu'il voudrait pourtant tatouer sur son esprit égaré, pour l'empêcher de signer sa perte. Mais elle persiste, les enterre, elle ne comprend rien. « Arrête de te croire si puissant, si menaçant. Tu n'es qu'un fils à son papa. » Les mots tapent dur sur des plaies ouvertes, lui insufflent de la haine au cœur. « Ne recommence pas. Ne parle pas de ce que tu ne sais pas », qu'il s'impatiente, pas loin de sortir de ses gonds, et ses phalanges se plantent dans le dos des mains de Cho, pour les retenir de s'attaquer à la capuche qui lui masque presque l'ensemble de son visage. « Je veux juste te t – » Et c'est trop tard. Le vêtement cède et révèle la laideur de ses traits gâchés, cheveux pâles, peau de craie, boucles de cernes immenses sous ses yeux rougis de fatigue, ses yeux fous d'animal traqué, et sa joue gauche arrachée, tuméfiée. L'un des poings de Draco la libère pour cogner dans le tronc juste à côté du visage de Cho, de rage et d'humiliation mêlée, et dans le même rythme il se redresse pour lui échapper, s'éloigner du nouveau jeu de sentiments qui la transforme. « Merlin ... » Elle ne le laisse pas partir, malgré ses prunelles qui s'agitent en quête d'une échappée. Il a la nausée à l'orée des lèvres, le cœur qui part en vrilles, qui se soulève. Les doigts de Chang à l'arrière de son cou qui l'attirent tandis qu'il cherche à fuir son comme les barreaux ensorcelés d'une prison. Il brûlent, brûlent, ils consument. De sa main intacte, celle qu'il ne vient pas d'exploser dans un élan d'inconscience contre un arbre noueux, il agrippe fébrilement la capuche et la rabat, stoppe d'un côté l'avancée de la chinoise vers son visage, mais ne peut la retenir de l'autre d'effleurer sa joue droite — celle du profil qui est encore lui. « Qui...? » « Tu en demandes trop », rugit-il, et il a cessé de vouloir s'écarter mais il est braqué. Son corps n'est que tension pour s'opposer à la recrudescence de douceur des gestes dont elle use, abuse. Il se réfugie dans ses terreurs et dans le poids de ses erreurs pour ne pas céder au danger de son appel. « Draco. Montre-moi. » « A quoi bon ? Tu ne peux pas me réparer. Tu ne peux pas me garder ! » A nouveau il le martèle, à nouveau il creuse une prise à même elle, cette fois sur son cuir chevelu, à travers la soie des mèches sombres dont il raffole. « A quel point peux-tu être bouchée et idiote ? C'est terminé, la partie est perdue. » Elle a appris, pourtant. Toutes ces nuits passées à ravaler les noms de ses anciens alliés dans la pénombre, en étouffant ses sanglots sur son poing clos enfoncé dans sa bouche comme pour se punir d'être encore vulnérable ; toutes ces missions ponctuées de corps qui chutent pour ne jamais se redresser. Il n'a toujours eu qu'une litanie à lui offrir, pour terrasser ses démons, néantiser les regrets. « Tu dois avancer, quitte à piétiner les cadavres qui s'écroulent sur ta route. Marche ou crève. » Et s'il a longtemps été celui qui l'agrippait, la relevait, la bousculait, il compte à présent au nombre des enclumes dont elle doit se défaire pour ne songer qu'à sa propre survie. « Pense à tes parents, à toi, pas à moi. » Et son trouble le bouleverse, toutes ces promesses tacites scellées entre eux lui pèsent. Ce serait un dialogue de sourd que de persister. De sa baguette il réitère le sort sur les parties inférieures de son corps. L'immobilise. Game over pour elle et lui — c'est un jeu sans victoire. De son pouce Draco redessine un peu trop durement la lèvre blessée l'ancienne Serdaigle, là où elle porte encore son empreinte, bien qu'un œil extérieur pourrait jurer qu'elle s'est éclaté contre le sol constellé de pierres et de roches coupantes, et lui aussi. « Je me fous du simulacre qu'ils ont fait de toi », qu'il crache, rancunier, heurté par sa simili existence, son identité trafiquée, faussée. « Mais tu loges dans un corps qui m'appartient, prends en soin. » C'est un ordre, à nouveau. Tu n'es pas toi-même, hurlent ses mots, qu'elle refuse, qui s'usent. Parce que quoi qu'il en dise, il est encore à elle, et à travers le brainstorming et les couches de folie et d'ignoble asservissement, elle reste un peu à lui. « Ne parle pas de moi à ton Maître », il réitère, rendu fébrile par la douleur sourde qui pulse dans son avant-bras Marqué. Ton Maître. Malfoy renie ouvertement le Lord, ôte prestement son pouce pour qu'elle ne le sectionne pas de ses dents en rétribution. « Ne mets pas en péril ma Chang avant que je ne l'aie retrouvée. » Ils ne l'ont pas complètement effacée. Ils ont préservé plusieurs aspects d'elle, tout en la remodelant, et en résulte un monstre de tourments et de déraison qui le rend littéralement dingue. Mais il en tire un espoir, celui de parvenir un jour à la rattraper à travers les fils étroits qui emprisonnent ses pensées et y sèment un carnage. « Je la retrouverai. » Il les dissocie entièrement, l'arme vivante qui lui face et l'âme esseulée qu'on a barricadé au creux d'elle-même, paroxysme de la schizophrénie. Son message formulé, Draco se redresse, recule, s'éloigne d'elle ; s'arrache à elle. Il n'a déjà que trop traîné et se doit de disparaître des radars avant que— Trop tard. Des cris résonnent, ordres beuglés dans la précipitation d'une traque. Ils l'ont déniché et affluent, les collègues Rafleurs assassins. |
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| | | | | DRACHO ⊹ a little twist of the knife | |
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