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sujet; Fuel to fire ( Annatteo) |
HERO • we saved the world Matteo Grimaldi ‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Annatteo # 2 L’œil soupçonneux, l'employé ministériel laisse peser son regard sur eux. Matteo s'efforce de ne pas ciller ; au fond de lui bouillonne une colère difficile à contenir. Qu'ils lui foutent la paix, tous autant qu'ils sont ! Anna à ses côtés retourne poliment le silence contemplatif du petit chauve, qui finit par faire claquer sa langue contre son palais. Il se relève de toute sa – faible – hauteur et se frotte les paumes, les sourcils froncés, un peu contrarié de ne pas avoir eu ce qu'il voulait. Il est évident que les deux Grimaldis – l'une ayant rejoint le premier sans son accord – cachent des choses. Il n'est pas idiot, il a bien remarqué cette lueur paniquée au fond du regard du plus jeune lorsqu'il est arrivé chez eux une heure plus tôt. Mais il n'a rien pour les inculper. Rien du tout. Leur alibi tient la route et que Merlin l'en garde, il est hors de question de créer un scandale en accusant à tord une famille aussi renommée que les Grimaldi.
Matteo se lève à son tour, songeant à laisser exploser son agacement dès l'instant où ce malotru aura quitté la demeure familiale. Aujourd'hui est un jour déjà assez pénible, les repas de famille ont perdu de leur saveur depuis un bout de temps déjà. Eirene se montre maussade et silencieuse, à la fois à cause de ce stupide repas de Saint-Valentin qui a tourné à la catastrophe que de son absence prolongée et – une fois de plus – inexpliquée. Ses parents montrent tantôt un intérêt envahissant pour leur vie quotidienne pavée de secrets dont aucun ne peut parler, tantôt d'une désinvolture écœurante. Ils trouvent parfaitement leurs intérêts dans la politique actuelle, soutiennent le Magister à un point tel que sa bonne entente avec son père commence à s'effriter. L'agacement montré envers sa mère est quant à lui pas nouveau. Seule Anna parvient à le garder parmi eux, sans elle il aurait déjà baissé les bras et fait preuve d'une impolitesse outrageante envers sa famille. « Bien, pardonnez-moi cette intrusion intempestive, je vous dérange en plein repas de famille. J'espère que vos parents ne m'en voudront pas de trop. » Un sourire affable vient étirer les lèvres de Matteo, un sourire menteur, alors que sa rage le démange avec force et le pousse à se montrer odieux avec l'intrus. Merlin, sa tête ne lui revient vraiment pas. « Absolument pas, soyez rassuré monsieur. Vous ne faites que votre travail n'est-ce pas. » Hochement de tête, l'autre affiche un air renfrogné qui a au moins le don de renforcer le sourire de Matteo. Dégages, maintenant. Avec un imperceptible soupire, le chauve sort du petit salon situé dans une aile attenante au bâtiment principal, salon qu'il a investi en souhaitant s'entretenir dans le « calme et la discrétion » avec eux. Matteo et Anna lui emboîtent le pas, et après une dernière parole bien pensante, le crâne dégarni s'évanouit au delà de leur champ de vision. Il ne pourra transplaner qu'une fois hors des limites de leur propriété – il a encore une petite trotte à faire.
La porte d'entrée se referme lentement, et le claquement résonne dans le hall au plafond immense. Le portrait d'une de leurs ancêtres pousse une exclamation en italien et menace l'employé ministériel de lui mettre sa canne à un endroit qui ne lui fera pas plaisir. Matteo l'ignore et se tourne vers sa sœur, avec dans le regard une lassitude qui y traîne depuis bien trop longtemps. Les choses s'enveniment. Ils étaient surveillés, ce n'est pas un secret. Ils l'ont su très rapidement après l'épisode du musée. Mais jamais encore ils n'avaient eu droit à un interrogatoire, certes mené chez eux avec politesse mais un interrogatoire quand même. Il voulait savoir où Matteo était passé une semaine entière, pourquoi il n'avait pas été au travail ni prévenu personne de son départ, pourquoi sa fiancée n'avait pas su leur dire où il se trouvait. Il n'en revient pas qu'ils aient osé interroger Eirene à propos de lui, ça le rend furieux, haineux. « Merci de m'avoir couvert » glisse-t-il à sa sœur à mi-voix. Ils sont seuls dans l'entrée, leurs parents et Eirene étant dans le grand salon, à deux portes de là. Mais sait-on jamais. Anna l'a sauvé, il en est sûr, en soutenant qu'il avait été avec elle en mission pour le gouvernement. Dire qu'il n'avait même pas su qu'Anna avait mené une quête pour le compte du Magister, avec l'un de ses Mangemorts... Les choses ne sont définitivement plus comme avant. Il pousse un soupir et amorce le retour vers le salon. « J'aimerais mieux qu'Eirene reçoive la même version que celle qu'on a servie au Ministère, si ça ne t'ennuie pas. » Il a presque honte de prononcer ces mots. Anna a beau être sa sœur et son repère le plus fiable dans cette vie, leur entente s'améliore depuis quelques mois seulement – depuis le départ de Chiara, en fait. Elle n'est pas vraiment au fait de sa relation bancale avec Eirene, des silences acides qui rongent son entente avec la jeune femme. Et s'entendre demander à sa sœur de mentir pour lui le met tellement mal à l'aise qu'il évite de croiser son regard. Il ne se retrouve plus. Il ne sait plus où il va, ce qu'il devient. Encore moins ce qu'il va faire.
Proche de la porte à double battant qui les sépare du salon, Eirene débarque, les bras croisés sur la poitrine, avec l'air de les attendre depuis plusieurs longues minutes déjà. « Il y a un problème ? » demande-t-elle avec douceur, l'inquiétude fronçant ses sourcils. La culpabilité menace une nouvelle fois de l'emporter et il porte une main à sa nuque. « Aucun rassure-toi. » « Il est rare que Bolger se pointe chez des gens comme ça. Habituellement, il s'occupe des interrogatoires au ministère... Qu'est-ce qu'il vous voulait ? » Regard en direction d'Anna, le cœur rabougri. « Savoir où on était la semaine dernière. » La jeune femme ouvre de nouveau la bouche pour tenter d'avoir les détails manquants, elle aussi, mais avec une main sur son avant bras, Matteo lui signifie qu'il n'est pas prêt à subir une deuxième série de questions, là tout de suite. D'autant plus qu'elle a déjà montré son avidité à savoir où il a disparu, qu'elle l'a déjà accusé de passer ses nuits avec une autre (Tu as recommencé je le sais), et qu'il a déjà démenti et refusé d'en dire plus. « Pas maintenant, s'il te plaît. » murmure-t-il. Eirene les toise du regard l'un après l'autre, pousse un soupir, comme consciente qu'elle n'aura rien de plus. « Giustino attend impatiemment votre retour, il meurt de faim et le diner est prêt à être servi. Je crois surtout qu'il en a assez de me faire la conversation si vous voulez savoir. » lance-t-elle d'un air sombre, et Matteo ne peut s'empêcher de s'en vouloir encore plus. Giustino n'a jamais supporté l'idée que son seul fils s'unisse à une sang-mêlé, un monstre dans le genre d'Eirene. Il glisse une main réconfortante dans le dos de sa fiancée et du regard, signifie à Anna qu'il est prêt à retourner auprès de leurs géniteurs, quoi qu'il ressorte de ce repas familial aux relents amers. |
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | « Miss Annabella ? » … La voix parait si lointaine dans son esprit et sa conscience refusait de sortir de la douce enveloppe dans laquelle elle s’était nichée. Miss Annabella ? Les appels se font insistants, mais ses yeux refusent de s’ouvrir, ses paupières décidément lourdes. Anna, m’entendez-vous ? Oui, elle entendait, mais rien n’y faisait, elle ne voulait pas se réveiller, elle ne voulait pas assumer la réalité, cette dure réalité qui l’agrippait et resserrait, chaque jour un peu plus, l’étau autour d’elle. « Non petit animal, ne faites pas ça ! » Le dos de sa main s’humidifiait d’un liquide visqueux et chaud. « Arrêtez petit animal, ne léchez pas miss Annabella ! » La voix chuchotait maintenant mais il n’était plus question de rêver et de fuir … Les yeux encore clos, elle souleva la main qui avait subi l’attaque attendrissante du petit Leo et chercha à tâtons le museau du petit chien. « Arrête donc Leo, si ma mère te savait ici, elle me tuerait. » Un grognement, un râle et elle daigna enfin ouvrir ses prunelles. La domestique s’était mise en retrait mais la regardait avec douceur et étonnement. Elles restèrent silencieuses toutes les deux, et Anna savait qu’elle était celle qui devrait rompre ce pesant silence. Cependant, elle n’en avait pas envie, il était plus simple de ne rien dire plutôt que de devoir des explications à quelqu’un. Que faites-vous ici ? Pourquoi n’avez-vous prévenu personne ? A qui est cet animal ? Un interrogatoire en bonne et due forme, tout ce qu’elle s’attachait à éviter. S’appuyant sur le lit, elle s’assit et prit Leo dans ses bras. « Merci de ne rien dire ni à mère, ni à père. Je ne souhaite pas qu’ils sachent que j’ai passé la nuit ici. Ils poseraient beaucoup trop de questions et mère semble si heureuse de me voir au bras de monsieur Rosier que je ne souhaiterais pas la rendre malheureuse. » Qui s’y intéressait après tout ? N’était-ce pas la mère qui l’avait battue et violentée durant plus de dix ans ? N’était-ce pas la mère qui l’avait haïe à chacune des secondes qui s’était écoulée après la mort de Tessa ? Pourquoi elle et pas toi ?, l’avait-elle entendue dire dans l’une de ses crises dépressives. Mais c’était sa mère, et elle l’aimait, malgré tout. « Puis-je vous demander pourquoi ? Que s’est-t-il passé ? » Elle lui intima le silence, ne voulait pas en parler, refusait d’admettre que les choses s’étaient mal passées. Après quelques secondes pourtant, elle accepta de répondre, parce que Julia n’était pas tout le monde, parce qu’elle avait été sa confidente durant des années. « Nous nous sommes disputés, un désaccord, futile … mais ça ira … » Futile, peut-être pas … La domestique arqua un sourcil, dévisageant quelques instants Anna, avant de faire quelques pas en arrière. « Très bien. Désirez-vous quelque chose ? » La Grimaldi força un sourire. « Non ça ira, merci. Ne dites juste à personne que j’étais là … Je vais ressortir par la sortie souterraine, je vais me changer et je reviendrais pour le déjeuner. Je n’ai jamais été là, vous m’entendez ? » Julia acquiesça. Qu’est-ce qui lui prenait ? Ce n’était pas elle ça, elle ne parlait pas comme ça, pas à Julia … Cette demeure la changeait, elle se sentait obligée d’y faire preuve de rigueur et de tenue. Elle détestait cette partie d’elle. Elle se détestait. Lorsque la gouvernante disparut dans l’encadrement de la porte, elle se laissa retomber dans le lit et attrapant l’oreiller, elle le colla contre sa figure pour s’imprégner des odeurs résiduelles de Chiara. Elle en avait besoin … Si elle était venue hier, au beau milieu de la nuit, c’était uniquement parce qu’elle avait ressenti le besoin de retrouver un cadre connu, une odeur, un sentiment … Plus rien ne tournait rond dans sa vie. Elle avait pourtant essayé, tellement essayé …
(xxx) Le regard insistant du missionnaire de justice pesait sur elle, l’empêchant de réfléchir à ce qu’il fallait dire ou ne pas dire. Elle n’avait rien fait de mal après tout, pas depuis octobre, pas depuis que Chiara était partie. Elle était rentrée dans les rangs, avait en sorte d’être la parfaite petite Grimaldi. Néanmoins, ce n’était pas suffisant, ce n’était jamais suffisant. Ils essayaient d’être discrets, ils essayaient de faire comme si de rien n’était, mais aucun Grimaldi n’était dupe, ils se savaient surveillés … Ils savaient que leurs moindres faits et gestes étaient analysés à la loupe. Pourtant Matteo avait toujours eu cette âme d’aventurier, et il n’hésitait jamais plus d’une seconde lorsqu’il fallait aider les insurgés ou protéger quelqu’un. Voilà pourquoi ils en étaient là aujourd’hui, face à cet employé ministériel qui leur posait des questions sur la disparition soudaine de Matt pendant une semaine entière. « Vous ne vous êtes pas présenté au travail ! » Anna n’avait pas réfléchi bien longtemps pour venir en aide à son frère. La famille était importante, elle se devait de la préserver. Les mots étaient sortis de sa bouche avec un naturel condescendant. « Nous étions en mission à Milan, une entrevue avec un haut dirigeant dont je dois vous taire le nom. Demandez à madame Lufkin, j’y ai été missionnée à notre retour du Haut Sommet de la CIMS pour cet entretien. Et étant donné que j’ai quelques petits problèmes de santé actuellement, mon frère a accepté de m’y accompagner … » Cet air perplexe qui déteignit sur le visage du fonctionnaire n’enleva en rien l’assurance temporaire qui embrassait l’esprit d’Anna. « Nous avions fait parvenir à son employeur une note qui excusait son absence durant ces quelques jours, mais comme d’habitude, elle a dû se perdre soit en route, soit parmi les nombreux courriers reçus … » Ce ton diplomatique, presque trop vrai, avait déjà convaincu quelques commerciaux et dirigeants étrangers ; un fonctionnaire britannique ne devrait donc pas poser problème. « Je peux essayer de vous trouver une copie si vous le souhaitez ! » Elle déployait ses talents de négociatrice. Une Anna telle qu’on ne l’avait jamais vue, une assurance irréaliste – ponctuelle, mais nécessaire. Elle pinça les lèvres, prête à faire face aux œillades assassines de l’employé mais rien, il baissa les yeux, prit quelques notes et ploya sous la fermeté des paroles d’Anna. « Bien, pardonnez-moi cette intrusion intempestive, je vous dérange en plein repas de famille. J'espère que vos parents ne m'en voudront pas de trop. » Anna se retint de rire et préféra tripoter la large blouse bordeaux qui dissimulait son ventre arrondi. « Absolument pas, soyez rassuré monsieur. Vous ne faites que votre travail n'est-ce pas. » Elle resta en retrait et acquiesça aux paroles de son frère.
Lorsque la porte se referma enfin, elle s’appuya contre le mur le plus proche d’elle et poussa un long soupir. Qu’avait-elle fait ? Menti, elle avait menti, une fois de plus. Pour une bonne raison, pour protéger son frère … Mais regardez où les mensonges l’avaient menée jusqu’à présent. Chiara était à des milliers de kilomètres d’elle et Simon refusait catégoriquement l’existence de ce bébé. « Merci de m'avoir couvert » Elle leva les yeux vers Matt, son petit frère, sa béquille, son sauveur, son protecteur … Les secondes s’égrainèrent sans qu’elle n’arrive à assumer ses actes. Elle avait bien fait, oui, elle l’avait couvert … C’était ce qu’il fallait faire. « Je te protégerai toujours … » Des paroles qu’elle ne disait pas en l’air. Une promesse qu’elle n’avait cependant pas tenue lorsqu’il était question de Teresa … Qu’il le veuille ou non, elle le protégerait. « J'aimerais mieux qu'Eirene reçoive la même version que celle qu'on a servie au Ministère, si ça ne t'ennuie pas. » Elle acquiesça. Depuis quelques temps, elle sentait que la relation qui liait Eirene à Matteo était bancale. Elle ne savait pas parfaitement pourquoi et n’avait rien demandé à son frère, mais elle avait l’intime conviction qu’il lui cachait des choses. Elle le questionnerait en temps voulu. Ils rebroussèrent chemin et tombèrent nez à nez avec une Eirene aux aguets et peu encline à laisser passer ça. « Il y a un problème ? » Elle était gênée par le regard que lui jeta sa belle-sœur. Il fut un temps, Eirene et elle s’entendaient plutôt bien, mais quelque chose les avait éloignées. Chiara, la distance qui s’était glissée entre Matteo et elle, ou quelque chose du genre. A présent, elles vivaient toutes deux dans une entente cordiale et parfaitement superficielle. Elle n’écouta que partiellement la conversation partagée par Eirene et Matteo, mais quelques bribes parvinrent à ses oreilles. « Giustino attend impatiemment votre retour, … » Elle se laissa convaincre qu’il était temps d’affronter ce repas ; mais avant … « Je vais me rafraîchir. Je reviens. » En réalité, ses narines avaient été chatouillées par les effluves du parfum d’Eirene et elle avait soudainement été prise de nausées. Ses talons frappèrent le sol avec vitesse et elle s’échoua au-dessus des toilettes. Les contraintes d’une grossesse … Elle ne s’y ferait jamais.
En revenant vers la salle à manger, elle croisa le regard furtif et accusateur de Julia. Elle préféra ignorer cette soudaine méprise et rejoignit les autres membres de sa famille à table. Ils étaient déjà partis dans un colloque à propos de ces employés ministériels qui osaient interrompre un repos dominical. « Père, vous avez vous-même travaillé des dimanches lorsque vous étiez encore salarié au ministère. Vous devriez savoir ce que c’est ! » Elle tira sa chaise – sa place attitrée à côté de son père et en face de son frère – et s’assit. « Peut-être bien, jeune Annabella, mais les choses sont différentes à présent, on porte toutes ces accusations à propos de ma famille. Tout cela devient in-sup-por-table ! » A qui le disait-il ? Ce n’était pas lui qui subissait tous les jours les regards en biais, les messes-basses, les surveillances accrues et toutes ces choses qui rendaient une vie invivable. Anna jeta un regard doux à Matteo pour tenter de calmer le jeu, elle savait qu’il pensait comme elle, mais elle redoutait aussi la confrontation qui pourrait survenir entre Giustino et Matt. « Annabella, tenez-vous droite voyons ! » Sa mère qui s’était jusqu’alors faite si discrète réussissait à gâcher le repas en une fraction de seconde. Elle n’accorda même pas un regard pour celle qui tentait désespérément de la briser. Elle se redressa légèrement, mais la douleur qui lui vrilla l’estomac l’empêcha de faire mieux. « Giustino, veux-tu bien arrêter de te plaindre ? Nous avons des invités … En parlant de cela, monsieur Rosier ne devait-il pas être présent ? » Elle se sentit immédiatement prise au piège. Lorsque la semaine dernière, elle avait parlé du repas à Simon, elle avait dû insister et faire preuve de beaucoup de gentillesse pour qu’il lui accorde un hypothétique oui … Et puis il y avait eu tout ça, l’annonce, la dispute, l’ultimatum et cette haine qu’elle ressentait à présent pour lui. Une haine relative, une haine torturée, une haine due à l’amour … Mais elle le détestait, elle lui en voulait. Il était égoïste, n’avait même pas cherché à comprendre. Les mots qu’il avait utilisés, sa façon de dépeindre l’horreur que représentait ce petit fœtus. Elle avait été horrifiée, et la colère rougissait encore ses joues. Elle fixa Matteo parce qu’il était le seul dont le regard ne l’insupportait pas. Le temps s’écoula, lentement, trop lentement, dans ce silence oppressant. Quelqu’un lui viendrait-il en aide ? « Il a eu un empêchement. » Des paroles ruisselantes de fausseté. Sa mère ne percevait pas ces choses, mais Matteo comprendrait. « Tout cela est bien triste. Ce garçon est vraiment formidable. Je me rappelle encore de ce cadeau qu’il t’avait fait à tes quatre ans … » Les mots continuèrent à être débités mais elle n’écoutait plus. Ses mains glissèrent sous la table et grattèrent les petits renflements sur sa main qui lui rappelaient ce souvenir que sa mère tentait désespérément de relater. Dur, tout cela était trop dur. Elle allait craquer. Il fallait que ça s’arrête. |
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HERO • we saved the world Matteo Grimaldi ‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
| « Je vais me rafraîchir. Je reviens. » Anna s'éloigne et Matteo reste seul avec Eirene. Cette dernière lui adresse un regard prolongé, chargé de questions, de reproches voilés et d'une déception qui le fait se détourner. Il refuse de s'y attarder. La situation avec Eirene devient invivable, il s'en rend bien compte mais ne sait pas comment y remédier. Faux. Il sait, mais ne peut s'y résoudre. Enveloppé dans ses secrets, Matteo a bien du mal à s'en séparer, craignant la rupture, la colère. L'oubli. Le silence de sa fiancée se prolonge alors qu'ils restent immobiles dans le vaste hall d'entrée. Elle a les bras croisés et le fixe toujours de ses yeux verts. Merlin, si seulement Eirene était de ces femmes qui expriment leur désapprobation à grands renforts de cris et de larmes. Ce serait autrement plus facile. Mais non. Elle se contente d'attendre, avec toute la patience du monde. « Je ne te comprends plus, Matteo. Vraiment. » laisse-t-elle tomber, et il fuit, soupire. « Qu'est-ce qui t'empêche de me dire ce que tu faisais ? Tu sais parfaitement que je ne te jugerai pas. Jamais. » « Je sais. » Comment lui dire qu'il ne peut se fier à elle à cause de ses occupations ? À cause de sa position au Ministère ? Oh, Anna occupe elle aussi une place importante, Anna passe ses journées à travailler dans ce nid de vipère. Mais Anna n'a pas les ambitions dévorantes de sa compagne, elle n'espère pas orner son bras gauche de cette sombre marque qui le répugne de plus en plus. Ça non plus, il ne lui a pas dit, à quel point chaque jour que Merlin fait, il espère un peu plus la voir changer d'avis, tout en étant parfaitement conscient que ça n'arrivera pas. Elle a travaillé trop dur pour en arriver là. Et, comment lui dire qu'il ne lui fait simplement pas confiance ? Dit-on seulement ce genre de chose à la femme qui partage votre vie ? « Alors quoi ? » Sa voix s'étrangle. Pris au piège, Matteo s'avance vers elle, paniqué à l'idée qu'elle pleure – pas maintenant, pas alors qu'il y a sa mère qui n'hésiterait pas à le réprimander, pas alors qu'il y a son père, trop ravi de sauter sur chaque occasion de souligner à quel point Eirene n'est pas une fille pour lui. Il l'entoure de ses bras et lui promet de tout lui expliquer un jour. « Allons-y, on est déjà en retard. » Il la sent hocher la tête contre son épaule. Et il s'en veut, comme il s'en veut.
« Ah, vous voilà. Il était temps, Giu' allait commencer à manger son rond de serviette » fait-elle dans une faible tentative pour alléger l'atmosphère, avant de retomber dans un sombre silence. Depuis la mort de Teresa, Laureen n'est plus la même. Ça ne tire même pas un sourire à Matteo, qui a le cœur tellement plombé qu'il se demande s'il va supporter ce cirque très longtemps. Les repas de famille durent toujours une éternité chez eux, sa mère mettant un point d'honneur à toujours exiger plusieurs services. N'est-ce pas ce qui se fait chez les gens bien ? « Où est Anna ? » « Partie se rafraîchir. » « Oh. Elle ne se sent pas bien ? » L'inquiétude est trop marquée pour être sincère ; ça lui échappe, il hausse les épaules. Son père frappe joyeusement dans ses mains et invite tout le monde à se placer autour de la table. « J'ai horreur des gens qui s'invitent sans prévenir à l'heure du déjeuner, un dimanche en plus ! C'est d'une impolitesse à toute épreuve. » « Père, vous avez vous-même travaillé des dimanches lorsque vous étiez encore salarié au ministère. Vous devriez savoir ce que c’est ! » fait sa sœur en revenant. Matteo se met face à Eirene, à côté de laquelle Anna prend sa place. Son père est assis au bout de la table, sa mère est à sa droite et fredonne une des cantiques italiennes qu'elle affectionne tant – et qui l'agacent profondément. Il se souvient encore des coups qui partaient à l'intention de sa sœur quand elle avait le malheur de faire de même : on ne chante pas à table, jeune fille. « Peut-être bien, jeune Annabella, mais les choses sont différentes à présent, on porte toutes ces accusations à propos de ma famille. Tout cela devient in-sup-por-table ! » Il échange un regard avec Anna. Eirene a le nez dans son verre et se fait la plus petite possible. Julia passe entre eux et dépose des petits pains rond à côté de chacun. Arrive ensuite l'entrée, apportée par les elfes. Un bel assortiment de fruits de mer de premier choix. « Ils étaient là pour ça, papa. Ils mènent leurs enquêtes. Avec les temps qui courent, vous savez... Tout le monde est soupçonné. Même les Malfoy et les Greengrass ont le droit à ce genre de traitement. » Son père secoue la tête. « Ce n'est pas une raison. » Certes non. D'autant qu'il doute que les Malfoy et les Greengrass aient, eux, des choses aussi répréhensibles que les siennes à cacher. « Annabella, tenez-vous droite voyons ! » « Je trouve ça parfaitement déplacé de traiter les familles les plus fidèles au régime de cette façon. Qu'espèrent-ils, débusquer des rebelles dans nos rangs ? » demande-t-il en poussant une exclamation outrée. L'idée lui paraît saugrenue, à l'évidence. Matteo fixe un regard las sur son père. Comment ose-t-il parler ainsi alors que sa propre fille garnissait les rangs des Insurgés, alors qu'elle en est morte. Ils n'ont eu qu'un cercueil vide à mettre sous terre, et quelques murmures sur la traîtrise du plus jeune membre de cette famille si respectable. Rien d'autre. Depuis, le sujet n'a plus jamais été abordé. Le souvenir de Teresa et tout ce qui s'y rapporte a été enterré ce jour là. La colère gronde en son fort intérieur. Leur attitude le dégoûte. « Vous ne pensez pas que ça pourrait avoir quelque chose à voir avec Teresa, non ? » jette-t-il sans se soucier de l'effronterie de sa remarque. Le regard de Giustino est menaçant lorsqu'il se tourne vers lui. « Assez, Matteo. Nous ne... » « Giustino, veux-tu bien arrêter de te plaindre ? Nous avons des invités … En parlant de cela, monsieur Rosier ne devait-il pas être présent ? » l'interrompt sa mère, avec un regard vif dans sa direction. Le sujet demeure sensible, et elle préfère en changer, à l'évidence, pour parler de choses plus réjouissantes.
Et quelle réjouissance.
Matteo s’exhorte au calme en entendant la question. Son regard dévie inévitablement vers Anna, qu'il fixe sans comprendre. Rosier ? Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire. « Pourquoi est-ce que Rosier serait invité ? » La question tombe à l'eau et personne ne prend la peine d'y répondre. Simon ne fait pas partie de la famille à ce qu'il sache, et c'est tant mieux, tout ce qu'il demande c'est que ça dure. Anna plonge son regard dans le sien avec l'air d'y chercher une quelconque aide, mais tout ce qu'il peut lui donner en cet instant, c'est sa confusion et la crainte d'entendre quelque chose qu'il refuse de savoir. « Il a eu un empêchement. » Le ton de sa sœur laisse à penser que cette ordure n'a pas simplement eu un empêchement. Ironiquement, il tente d'imaginer Simon Rosier assis avec eux autour de la table, face à Anna. Ça le ferait presque rire. Il regrette le temps où Thomas était encore de ce monde, cette époque qui lui paraît si lointaine où les choses étaient encore à peu près normales dans cette famille. Et où Simon n'avait aucune place, ni dans le cœur d'Anna ni dans les idéaux à vomir de sa chère mère. Les Grimaldi courent toujours après la pureté du sang, la renommée, l'excellence à tous les niveaux. « Tout cela est bien triste. Ce garçon est vraiment formidable. Je me rappelle encore de ce cadeau qu’il t’avait fait à tes quatre ans … » « Oh oui, formidable vraiment. Qu'est-ce qu'il t'a offert ce jour là, Anna ? Une sucette tête de mort ? » grince-t-il, conscient d'être aussi aimable qu'un scrout à pétard. Anna baisse la tête, plonge les mains sous la table. Son regard vide veut tout dire ; elle a quitté la conversation, préféré se renfermer que de devoir subir la logorrhée incessante de Laureen. Matteo se rembrunit et Eirene lui lance un regard précautionneux. Fais attention à ce que tu dis, semble-t-elle lui dire. « Il lui a offert un adorable bracelet avec de véritables perles françaises. C'était très beau, je m'en souviens encore. Je ne comprends pas pourquoi tu ne l'apprécies pas, Matteo, – (peut-être parce que ce foutu Mangemort est une raclure et une mauvaise fréquentation ?) – il est charmant et il vient d'une très bonne famille. » Le ton est sec et sans appel. Il vient d'une très bonne famille, voilà qui force le respect et règle la question. Matteo serre les dents. « Allez, allez, servez-vous les enfants. »
Le cliquètement des couverts meuble le silence qui suit. L'infime changement d'ambiance l'atteint de plein fouet, et il se surprend à remarquer que les mauvaises ondes émanent toutes de lui. Son père est tout à son entrée, réjoui de pouvoir enfin passer au repas. L'employé ministériel semble oublié. Laureen chipote dans son assiette et jette des regards durs à sa fille, qui ne pipe toujours pas mot. Eirene se montre aussi discrète que nécessaire, dans le but de ne pas s'attirer les remarques désobligeantes que Giustino a toujours en réserve pour elle. Il est le seul à bouillonner, à devoir se contenir. Et il ne comprend toujours pas pourquoi, par Merlin, Rosier a été invité à ce maudit repas. Incapable de se retenir plus longtemps, il finit par poser la question qui lui brûle les lèvres, les crevettes intactes dans son assiette. Anna tire une drôle de tête en regardant les siennes, et sa question accentue la pâleur de ses joues. Il regrette de le demander mais il veut savoir. « Pourquoi Rosier devait venir aujourd'hui, alors ? » Sa mère pousse un soupir exaspéré, et se tourne vers lui en cognant brusquement ses couverts contre la table : « Mais enfin Matteo, nous convions gentiment ta compagne à déjeuner avec nous, je ne vois pas pourquoi nous ne ferions pas de même avec Anna. » Laureen secoue la tête devant l'absurdité de la question de son fils, qui fait des efforts surhumains pour essayer de comprendre ce qu'on vient de lui dire. « Surtout que Monsieur Rosier est un homme de charmante compagnie et qu'il fera le plus grand bien à cette famille, j'en suis sûre. »
Le regard de détresse de Matteo s'échoue sur sa sœur, qui relève brièvement la tête vers lui. Figé, il est aussi incapable de parler que de réagir d'une quelconque manière à l'annonce qui vient d'être faite. Le silence semble durer des heures, puis – « J'ai vraiment peur de ne pas comprendre. » Sa mère secoue la tête et abandonne dans un soupir dramatique étouffé par la crevette qu'elle enfourne dans sa bouche. Et il regarde toujours sa sœur. Fallait-il vraiment qu'il l'apprenne de cette manière ? Ses parents s'étranglent de joie à l'idée d'avoir Simon dans la famille, il faut croire. « Peut-être qu'avec cette union ils cesseront de nous surveiller comme des traîtres. Un Mangemort ne fera pas de mal à la réputation de la famille, c'est certain. – Eirene peut très bien occuper cette place, on n'a pas besoin d'un autre. » réplique-t-il sèchement. « Je parlais d'un vrai Mangemort, Matteo. Quelqu'un qui a du poids et un nom dans cette ville, une certaine prestance, pas une tare génétique – pardon Eirene, ma chère – pour donner l'illusion de son utilité. » L'intéressée laisse retomber ses couverts en silence, et Matteo se laisse aller contre son dossier lorsqu'elle quitte la table sans un mot. Il y a une telle fureur qui se débat pour éclater hors de lui, qui l'étrangle, qu'il ne sait même pas comment répliquer à cet affront. |
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Simon. Entendre ce prénom résonner dans sa tête, à l’appel de son patronyme Rosier, lui faisait horriblement mal. Une douleur indicible lui torturait les entrailles comme une pelleteuse qui tentait de déraciner un arbre. Le deuil de la mort de Thomas était tout juste fait que celui de sa relation avec Simon prenait déjà sa place. Qui aurait cru que leur amour ne supporterait pas l’apparition d’une troisième personne dans l’équation. Elle savait pertinemment que ce qui existait entre eux était fragile … Mais pendant les premiers mois, elle avait vraiment cru que cela pourrait marcher, qu’ils arriveraient à être comme tous ces couples heureux qui s’aimaient, se complétaient, se disaient tout … A peine lancée, leur liaison était néanmoins déjà obscurcie par les secrets qui entachaient chacune de leurs vies respectives. Aussi fataliste que cela puisse paraître, cette relation n’aurait jamais pu marcher. Vouée à l’échec. Elle n’aura en réalité servi qu’à une chose … A comprendre qu’un nous n’existerait jamais entre eux. Il restait cependant un problème résiduel : la petite fille qui grandissait lentement à l’intérieur de son corps. Elle avait beau renié tout ce que représentait Simon, elle ne pouvait absolument pas oublier qu’il était le père de ce bébé. Comment dépasser ce stade ? Comment outrepasser cette vérité ? Un poids pesait encore sur sa poitrine à chaque fois qu’elle ressassait leur dernière dispute … Y avait-il encore une chance pour qu’il accepte cet enfant ? Pour qu’il revienne sur ses positions ?
« Oh oui, formidable vraiment. Qu'est-ce qu'il t'a offert ce jour-là, Anna ? Une sucette tête de mort ? » Réplique cinglante qu’elle aurait pu laisser passer si elle n’avait pas été aussi brisée. Elle ne voulait pas parler de lui. Elle ne voulait pas évoquer avec nostalgie les souvenirs qui l’avaient autrefois motivée à avouer son amour à Simon. Elle n’arriverait pas à supporter tout cela bien longtemps. Le seul fait qu’elle ait dû endurer un repas de famille tel que celui-ci était une douleur bien suffisante sans que l’on ait à y ajouter tout ça. Elle ne répondit pas. Baissa simplement les yeux. « … un adorable bracelet avec de véritables perles françaises … » Sa mère ne changerait jamais. Elle ne se rappelait que de ce qu’elle voulait, le reste, elle l’effaçait comme si tout pouvait disparaître comme ça et redonner une image plus belle et plus noble. Anna avait envie de crier, de dire que les choses ne se passaient pas comme ça, que l’on ne contrôlait pas tout … Néanmoins le rappel douloureux des sévices qu’elle avait subis toutes les fois où elle s’était opposée à sa mère lui donnait toujours une raison suffisante pour se contenir.
« Allez, allez, servez-vous les enfants. » Merci papa. Pour une fois, son grand intérêt pour la gastronomie la sauvait. Elle pouvait enfin espérer un léger répit si … Ses yeux se déposèrent sur le plat de fruits de mer et un dégoût apparent se dessina sur son visage. Elle défit rapidement ces traits tendus, craignant une fois de plus des représailles de sa mère, qui, heureusement pour elle, était trop occupée à vérifier l’état de l’argenterie avant de se servir. Elle ravala tant bien que mal ses nausées et préféra baisser les yeux vers son assiette vide pour ne pas avoir à affronter la vue de ces mollusques en plus de l’odeur qui chatouillait ses narines. Répit de courte durée car Giustino se permit de servir sa fille de sa propre main. Anna porta le bout de ses doigts sur ses lèvres et dissimula au mieux son mal-être. Pour détourner son attention, elle se risqua à croiser le regard de chacune des personnes à cette table. Giustino lui rendit son sourire et préféra se perdre d’intérêt pour son assiette. Gaya lui envoyait des regards accusateurs. Eirene s’obstinait à ne pas se faire remarquer. Et Matteo. Il regardait tantôt à droite, tantôt à gauche, cherchant sans doute à calmer le mélange d’émotions qui lui torturaient l’esprit. Anna le connaissait, il lui arrivait de rester coincer sur une information tant qu’il n’obtenait pas une réponse ; il avait alors cette expression sur le visage, coincé entre l’incompréhension et l’obstination.
« Pourquoi Rosier devait venir aujourd'hui, alors ? » Elle savait qu’elle n’en avait pas fini. Matteo continuerait à demander tant qu’il ne saurait pas. Elle pensait pourtant qu’il était au courant. Rien n’avait été officialisé, mais leurs escapades amoureuses avaient quelque peu fait jaser. En fait, Anna ne s’étonnait même pas que son frère ait pu à ce point se voiler la face. D’une, il n’avait jamais apprécié Simon alors si un doute subsistait, il sauterait sur l’occasion pour le nourrir. De deux, il était trop occupé à s’empêtrer dans des affaires d’insurgés ou des je ne sais quoi pour traîner dans ces soirées mondaines où tout le monde parlait beaucoup sans vraiment savoir. Elle pouvait l’accuser de beaucoup de choses, mais en réalité, elle aurait dû le lui dire. Quel intérêt aujourd’hui ? Pourquoi parler d’une chose qui n’existerait sûrement plus jamais. « Mais enfin Matteo, nous convions gentiment ta compagne à déjeuner avec nous, je ne vois pas pourquoi nous ne ferions pas de même avec Anna. Surtout que Monsieur Rosier est un homme de charmante compagnie et qu'il fera le plus grand bien à cette famille, j'en suis sûre. » Elle sentit le regard lourd de Matteo peser sur elle. Elle tenta une œillade dans sa direction mais baissa presque immédiatement les yeux trop touchée par les reproches qu’elle lisait dans les prunelles de son frère. « J'ai vraiment peur de ne pas comprendre. » Voulait-il arrêter ? Il commençait réellement à l’exaspérer. Elle ne voulait pas en parler, elle ne voulait pas que la conversation se poursuive. Elle voulait sortir de table et quitter toute cette tension qui l’obligeait à troquer sa relative bravoure pour d’évidentes larmes. « Peut-être qu'avec cette union ils cesseront de nous surveiller comme des traîtres. Un Mangemort ne fera pas de mal à la réputation de la famille, c'est certain. – Eirene peut très bien occuper cette place, on n'a pas besoin d'un autre. – Je parlais d'un vrai Mangemort, Matteo. Quelqu'un qui a du poids et un nom dans cette ville, une certaine prestance, pas une tare génétique – pardon Eirene, ma chère – pour donner l'illusion de son utilité. » Ce repas commençait à prendre des allures de règlement de compte et elle en était, en grande partie, la fautive. Elle fixa Eirene avec compassion et la suivit du regard lorsqu’elle quitta la table. Lorsqu’elle ne fut plus dans la pièce, elle se tourna vers son père, et lui reprocha. « Père, vous ne pouvez pas juger les personnes ainsi. Cessez donc de croire qu’Eirene ne pourra jamais atteindre un haut statut qui pourrait nous aider à remonter la pente. Elle fait tout pour donner une bonne image d’elle à vos yeux et vous n’asseyez même pas de l’y encourager. Ni l’un – elle se tourna vers sa mère – ni l’autre. » Elle s’attarda quelques secondes sur Matteo et reprit. « Simon a le sang et fait de son mieux pour égaler son titre, alors qu’Eirene n’a pas l’héritage qu’elle mériterait, pourtant elle tente malgré tout de s’élever au rang des meilleurs. Vous devriez vraiment cesser de juger votre propre famille. Vos avis ne compteront plus le jour où Matteo décidera de nous quitter parce que vous n’aurez pas approuvé sa compagne. » Elle ferma les yeux quelques secondes, et laissa un léger silence s’installer en espérant que personne ne le rompra. Elle en avait marre d’entendre sa mère évoquer les qualités de Simon alors qu’il ne les avait pas, et d’écouter son père plaindre le sang-mêlé d’Eirene alors qu’elle était bien plus que ça. Elle ne supportait plus rien en réalité. Son mécontentement accélérait son rythme cardiaque et l’odeur qui émanait des crustacés qui se trouvaient dans son assiette suffit à la rendre malade. « Excusez-moi ! » Elle se leva et jeta sa serviette au-dessus de son assiette intacte. « Anna, qui vous a permis … ? … » Les mains portées à sa bouche, elle courut jusqu’aux sanitaires les plus proches.
Que fuyait-elle ? Les contre-arguments de son père ? Les regards furieux de sa mère ? L’incompréhension de son frère ? La réalité … La vérité … Se passant un voile d’eau sur le visage, elle se sentait incapable de retourner dans cette salle à manger. Trop de stress, trop d’angoisse, elle préférait retrouver sa solitude, son calme … Se retenant aux encadrements de porte et au mur, elle rejoignit sa chambre d’une démarche incertaine. En arrivant, elle s’échoua sur son lit et tira les couvertures sur elle. Elle cala un coussin contre son ventre et se mit en position fœtale. Les yeux mi-clos, elle respirait calmement pour taire les nausées qui lui faisaient encore front au souvenir des effluves résiduelles de fruits de mer. « Madame ? » Elle leva les yeux vers la domestique. « Julia … » Elle lui adressa un sourire forcé. « Souhaitez-vous une tisane ou un verre d’eau pour faire passer les nausées ? » Cette femme la connaissait par cœur, elle décelait un tout à partir de rien. Alors qu’elle allait répondre, elle remarqua que cette question était purement rhétorique et qu’un plateau était déjà déposé sur sa table de chevet. « Tisane de thym et pointe de mélisse. Ainsi qu’un verre d’eau. » Anna la remercia d’un signe de la tête. « Vous faites une bien meilleure guérisseuse que moi. » Julia sourit et enleva une mèche de cheveux qui trainait sur le visage d’Anna. « J’ai appris de la meilleure. » La gouvernante récupéra son plateau et quitta silencieusement la pièce. Se redressant, elle s’adossa à la tête du lit et attrapa la tisane. En buvant une gorgée, elle sentit la chaleur du liquide lui parcourir le corps et lui redonner un peu de force. Un long silence s’en suivit, durant lequel elle parcourut son ancienne chambre des yeux. Elle regrettait parfois l’époque de Poudlard. A cet âge, on se pensait capable de tout … Quelqu’un frappa à la porte, elle tourna son regard dans cette direction et n’eut même pas le temps de répondre qu’un visage familier faisait déjà son apparition. « Le meilleur repas de famille de toute notre vie, n’est-ce pas ? » |
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HERO • we saved the world Matteo Grimaldi ‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
| Anna prend la défense d'Eirene d'un ton calme et posé. L'esprit ourlé de remarques rageuses qu'il est trop furieux pour seulement les dire, il écoute distraitement, l'échine tendue et les mains crispées sur ses couverts. À mesure que sa sœur parle, il sent la tension s'accentuer et le silence qui suit ses reproches est assourdissant. Le sang pulse à ses oreilles : vraiment, Matteo adore son père. Mais son mépris pour sa fiancée, son opposition farouche à l'idée qu'ils se marient le rendent fou. Fou. Il se sent sur le point de répliquer durement, laisser la colère parler – sa remarque a suffi à effacer Simon du tableau. C'est dire. Mais Anna éprouve le besoin de s'en aller, elle aussi, et il devient alors impensable de rester à cette tablée d'hypocrites qui le débectent. Le zèle de ses parents le rendent malade, leurs commentaires sont à vomir, leurs ambitions ridicules. Il les hait, en cet instant. « Anna, qui vous a permis … ? … » sa mère s'offusque, outrée par le mauvais comportement de son aînée. Matteo soupire. Mais il l'a remarquée, cette main posée sur la bouche. Les petits éléments s'assemblent les uns aux autres, enclenchent une alarme dans son cerveau. Non. Non ! Simon, le dégoût apparent de sa sœur à la vue des crevettes, cette course vers les toilettes les plus proches. Non non non non non. Matteo se lève à son tour sans s'excuser, son père le suit du regard sans comprendre, sa mère ouvre la bouche comme pour s'énerver à nouveau, soufflée par l'impolitesse de ses enfants.
Eirene est cloîtrée dans leur chambre à l'étage. Elle a le visage défait, l'air hagard. Elle lève la tête lorsqu'il passe la tête par la porte. Il entre. « Je suis désolé pour le comportement de mon père. Les années ne l'assagissent pas – ni ne le rendent plus poli. » Elle hoche la tête, détourne le regard vers la fenêtre. L'attitude de Giustino a été supportée des années durant. Mais ça ne passe pas, ça ne passe plus. « Je vais rester là. J'ai entendu Anna passer, je crois qu'elle ne se sent pas bien. » Sa voix atone l'inquiète plus que tout le reste. Il voudrait rester, la rassurer, lui faire comprendre comme l'opinion de Giustino est futile face à ce qu'ils sont tous les deux, un couple. Mais il y a Anna, il y a ces doutes à son sujet qui prennent toute la place dans ses pensées, qui le terrifient et le révoltent plus que de raison. Il veut être certain d'avoir tord (Merlin comme il l'espère). Après un baiser rapide posé sur le front d'Eirene, il quitte la chambre et referme doucement la porte derrière lui. Dans le coridor, il croise Julia, la domestique de leurs parents. Il l'intercepte : « Comment va-t-elle ? » « Ca va monsieur Grimaldi, quelques nausées, rien de grave. » « Des nausées, hein. » Il secoue la tête, porte une main à sa nuque. « Est-ce qu'elle ?... » Il regarde la servante sans finir sa phrase ; elle comprend, pince les lèvres, refuse de trahir un secret qu'il ne lui appartient pas de révéler. « D'accord. Merci Julia. » Devant la chambre d'enfance d'Anna, il marque une hésitation. Combien de fois a-t-il pénétré dans cette pièce en pleine nuit, accompagnant sa sœur dans les soirées les plus moroses, après les coups et les cris de Laureen. La violence de sa mère à l'égard de son aîné a toujours échappé à la compréhension de Matteo. Comment peut-elle aimer autant ses cadets et dénigrer ainsi son premier enfant ? Les coups portés à Anna l'atteignaient toujours de plein fouet. La protéger, c'est tout ce qu'il a toujours souhaité. Et c'est tout ce qu'il souhaite aujourd'hui encore, en entrant dans la chambre à pas doux. S'il pouvait absorber tout le mal qu'elle subit, il le ferait, et avec joie. Il prendrait sur lui les malheurs qui lui tombent dessus, il les prendrait tous pour lui si cela pouvait épargner la chair de sa chair. Son sang, son autre. Il ne lui reste plus qu'elle, songe-t-il.
Anna est prostrée dans son lit, elle a rejeté les couvertures sur elle. Comme elle a l'air fatiguée. Épuisée. Avec un pincement au cœur, il s'approche doucement et s'assoit à côté d'elle sur le lit. « Le meilleur repas de famille de toute notre vie, n’est-ce pas ? » Il rit. « Depuis quand les repas de famille sont amusants ? Et encore, Cara n'était pas là aujourd'hui. » Haussement de sourcils. Ces derniers temps, il a bien du mal à faire face à sa cousine sans se révolter intérieurement pour la voie qu'elle a emprunté. Dire qu'il aurait pu finir là, lui aussi : sbire du Magister. C'est la mort de Teresa qui lui a ouvert les yeux, mais qui sait, aurait-il... Non. Il préfère penser que son abnégation ne serait pas allée jusque là. Il ne se serait pas voilé la face au point de prendre la marque tant honnie. Et Eirene, qui n'espère plus que ça. Il soupire. « Je suis passé voir Eirene. Elle n'a pas l'air d'avoir envie d'y retourner et je t'avoue que moi non plus. Je crois que c'est le repas de famille le plus court de notre vie surtout. » Il esquisse un maigre sourire. « Père est un sacré goujat quand il s'y met. » fait-il remarquer. Un silence contemplatif suit sa déclaration. Leur vie est un champ de ruine que rien ne semble pouvoir réparer. Tout se délite autour d'eux, et ils n'ont aucune emprise sur les événements, malgré leurs efforts. Aucune. « Anna... Dis-moi ce qui se passe. Ne me dis pas que... » Il secoue la tête, fuit son regard. « J'ai toujours su que Simon faisait partie de ta vie. Mais j'ai toujours pensé que tu subissais sa présence, non pas que tu la souhaitais. Je veux dire, après Thomas, comment peux-tu te tourner vers lui ? Je ne comprends pas. Il te fait du mal Anna, il ne te respecte pas et ne le fera jamais. Et j'apprends de la bouche de notre mère que - » Il se tourne vers elle, plante son regard dans le sien - « - que vous vous êtes mis en concubinage. » Le mot dans sa bouche sonne comme une vulgarité, une insanité. « Sérieusement Anna ? »
Il voudrait lui dire à quel point il méprise Simon, d'autant plus depuis qu'il descend aux enfers de la sorte, depuis qu'il mène cette vie de débauché. Comment peut-elle trouver son compte auprès de cet homme là ? Sa sœur ne mérite-t-elle pas mieux ? « Je pensais que tu m'en aurais parlé de toi-même. » La déception filtre dans sa voix, mais il comprend pourquoi elle ne lui a rien dit : la violence de sa réaction à l'idée que sa sœur forme un couple avec Rosier n'est-elle pas suffisante pour prouver à quel point il est indigne de confiance sur ce sujet ? Il s'en veut, mais impossible d'agir autrement. C'est plus fort que lui. Il fait un effort, se reprend. « Pardon, je suis désolée. Si c'est ce que tu veux, tu sais que je te soutiendrai. Je ferai même l'effort d'être agréable avec lui si c'est ce qui te rend heureuse, si il te rend heureuse. Dis-moi que c'est le cas Anna, ou jamais je ne m'y ferai. » Il tend la main, s'empare de celle de sa sœur. « Dis-moi qu'il fait attention à toi et qu'il te mérite. » Il n'y croit pas une seconde. |
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Anna se décala légèrement et tapota la place qu’elle avait laissée libre à côté d’elle. Il vint la rejoindre et s’assit. « Depuis quand les repas de famille sont amusants ? Et encore, Cara n'était pas là aujourd'hui. » Ses traits forcèrent un sourire et se turent subitement dans une façade dépourvue d’émotions. Elle ne voulait pas inquiéter son frère, elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de l’aider alors qu’il avait tellement d’autres problèmes personnels à régler. Ne pas être un fardeau pour sa famille. Fermer les yeux pour feindre l’inexistence du mal et de la douleur. Naïve idéaliste qu’elle avait toujours été et facette de sa personnalité dont elle n’arrivait pas à se détacher. Le temps l’a obligée à prendre parti, à s’adapter pour survivre. Jamais pourtant elle n’avait cherché à se faire plaindre pour les souffrances qui la touchaient le plus profondément. Il pouvait lui arriver de pester pour des raisons complètement futiles et lointaines. Néanmoins lorsqu’elle était blessée émotionnellement, elle faisait tout pour le dissimuler. Elle était passée maître dans l’art de l’illusionnisme et du détournement d’informations. Concentrer toute l’attention sur un mal superficiel pour mieux camoufler la souffrance profonde. Ou détourner les regards vers la peine des autres, plutôt que la sienne. « Comment va Eirene ? » La réponse fut presque immédiate, comme s’il avait prévu qu’elle évoquerait sa fiancée. « Je suis passé voir Eirene. Elle n'a pas l'air d'avoir envie d'y retourner et je t'avoue que moi non plus. Je crois que c'est le repas de famille le plus court de notre vie surtout. » Ses yeux se baissèrent sur ses mains. Elle tripotait les petites cicatrices qui surplombaient ses paumes et n’écoutait son frère que d’une oreille distraite. « Père est un sacré goujat quand il s'y met. » Ses lèvres se pincèrent et elle laissa sa tête glisser contre l’épaule de son frère. « Il ne faut pas chercher. Père est vieux jeu et a gardé les traits de son propre père. Il ne sait pas manier les mots et blesse souvent sans vraiment le vouloir. Tu le connais … » Elle se blottit contre Matteo en essayant de faire abstraction du mal qui bouleversait son estomac.
La relation qui existait entre Anna et Matteo avait toujours été naturelle. Ils étaient aussi proches que des jumeaux et se chamaillaient comme des frères et sœurs, mais rien ne pouvait réellement briser leur lien. La seule entrave qui pouvait exister entre eux était leur orgueil. Et à cet instant même, c’était ce même orgueil qui l’empêchait de tout lui dire, de lui parler de sa fatigue, de sa souffrance … Elle voulait être aussi grande et aussi forte que l’aînée de la famille devait l’être, elle voulait être l’exemple qu’elle n’avait jamais été. Pouvait-elle seulement être un modèle alors que son univers n’était qu’un champ de ruines ? Son esprit rappelait à sa mémoire les reliques de leurs personnalités passées, dans cette même maison, dans cette même pièce, à ce même endroit. Anna et Matteo. Ces deux enfants que les parents aimaient avec disparité mais que la jalousie n’avait pas touché. Le petit frère qui défendait sa sœur et s’excusait des maux que lui infligeait leur mère. La grande sœur qui protégeait son frère en lui disant que tout allait bien et qu’il n’avait pas à prendre soin d’elle. Cet amour fraternel, cette relation fusionnelle. Ils pouvaient tout se dire. Elle pouvait tout lui dire. Mais comment réagirait-il ? Comprendrait-il ? La haine qu’il vouait à Simon et la puissance de l’amour qu’il portait à sa sœur le pousseraient à faire l’irréparable. Elle le savait. Elle le connaissait. Il était comme ça, audacieux et impulsif, un peu trop parfois. Elle avait le choix. N’est-ce pas ? « Anna … Dis-moi ce qui se passe. Ne me dis pas que … » Elle leva les yeux vers lui. Evidemment. Sa perspicacité n’était pas à prouver. Faites qu’il n’ait pas compris … Elle remarqua qu’il fuyait son regard et ne put s’empêcher d’angoisser. Il y avait quelque chose. Il avait compris quelque chose. Mais quoi ? « J'ai toujours su que Simon faisait partie de ta vie. Mais j'ai toujours pensé que tu subissais sa présence, non pas que tu la souhaitais. Je veux dire, après Thomas, comment peux-tu te tourner vers lui ? Je ne comprends pas. Il te fait du mal Anna, il ne te respecte pas et ne le fera jamais. Et j'apprends de la bouche de notre mère que - » Ce regard plein de reproches, ce ton rempli de déception. Elle ne lui avait pas dit. Parce qu’une partie d’elle-même croyait qu’en gardant cette relation secrète, elle ne serait pas exposée et ne pourrait pas se briser. Ses raisonnements étaient décidément bien illusoires. Voilà où elle en était à présent. Seule, enceinte et désespérément amoureuse d’un homme qui ne savait que la détruire. Donc oui, ce regard, elle le reçut en pleine face, à cet endroit où toute sa culpabilité s’amassait et l’étouffait. « - que vous vous êtes mis en concubinage. » Ces mots la brisèrent. « Sérieusement Anna ? » Elle baissa les yeux alors que la première larme coulait déjà le long de sa joue. Ce n’était définitivement pas le moment de lui remonter les bretelles ou de lui dire qu’il n’approuvait pas cette relation. Elle n’avait pas envie de l’entendre dire à quel point Simon était mauvais pour elle, à quel point elle était aveugle face à l’horreur qu’il lui faisait vivre. Il n’hésiterait pas à lui parler de la tare qu’était ce Rosier. « Je pensais que tu m'en aurais parlé de toi-même. » Tout ce qu’il voulait c’était le silence. Qu’il se taise. Qu’il arrête. Elle dépérissait à chacune de ses paroles, à chacun de ses blâmes …
Elle avait plaqué ses mains contre sa face et tentait de taire toutes ces voix qui l’emprisonnaient dans cette spirale infernale dont elle était la seule responsable. Elle s’était mise dans cette situation et devait maintenant l’assumer. Seulement, quelque chose en elle refusait de faire face, comme si une partie d’elle s’était envolée en même temps que son couple s’effondrait. « Pardon, je suis désolée. Si c'est ce que tu veux, tu sais que je te soutiendrai. Je ferai même l'effort d'être agréable avec lui si c'est ce qui te rend heureuse, si il te rend heureuse. Dis-moi que c'est le cas Anna, ou jamais je ne m'y ferai. » Que cherchait-il à faire ? Elle sentit sa main partir et trouver place dans le creux de celle de son frère. Pensait-il vraiment pouvoir la rassurer en lui soumettant cet ultimatum masqué. Il voulait qu’elle lui dise qu’elle était heureuse pour qu’il s’y fasse, pour qu’il accepte. Elle ne devrait pas avoir à s’expliquer, elle ne devrait pas avoir à se justifier. Elle ne devrait vraiment pas. C’était comme s’il cherchait une raison de prouver qu’il avait raison. Mais il ne comprenait pas à quel point cela faisait mal, à quel point elle se sentait seule. « Dis-moi qu'il fait attention à toi et qu'il te mérite. » Elle se sentait oppressée, obligée de répondre à un questionnement qui mettait sa partialité à rude épreuve. Elle ne savait pas. Faisait-il attention à elle ? Pouvait-on dire qu’il la méritait ? Elle pourrait dire ce qu’elle voulait, Matteo ne l’écouterait pas. Il s’était déjà fait une idée de cette relation, il savait déjà que Simon n’était qu’un sale maraud et qu’il n’avait rien à faire dans la vie d’Anna, alors à quoi bon le convaincre ? « Tais-toi … » Un murmure, un semblant d’expression. Elle arracha sa main de l’étreinte de son frère. « Tais-toi ! » Un cri, le désespoir et la douleur. Elle s’éloigna de lui. « Tais-toi s’il te plait … » Une plainte, l’espoir du silence. Elle aimait son frère, mais elle détestait être prise au milieu de leur rivalité et d’idéaux qu’ils n’étaient prêts à renoncer, ni l’un, ni l’autre, pour elle. Qu’ils se taisent alors. Qu’ils se taisent pour la laisser respirer, pour la laisser décider de ce qui était bon pour elle, pour son bébé. Qu’avaient-ils tous à penser qu’ils avaient un mot à dire sur ce qu’elle vivait ou ressentait ?
Elle glissa hors du lit et attrapa le premier objet qui lui passa sous la main – un coussin, heureusement pour Matteo – et lui lança dessus. « Pourquoi ? POURQUOI ? » Les mots, le mot. L’incompréhension, le surplus d’émotions. Elle avait explosé. Une peluche manqua sa cible. Elle balançait tout ce qui se trouvait à proximité d’elle. « Je ne peux plus Matt. » Un calme avant la tempête. « Pourquoi pensez-vous tous savoir ce qui est bon pour moi ? » Le ton devenait plus violent. « Je ne devrais pas à me justifier à qui que ce soit. Je ne devrais pas avoir à expliquer à maman pourquoi je ne fais jamais ce qu’elle veut. Je ne devrais pas avoir à t’expliquer à toi pourquoi Simon – » une déchirure dans sa poitrine à la prononciation de ce prénom. « – devrait faire partie de ma vie. Je ne devrais pas avoir à lui laisser choisir si notre fille devrait vivre ou non. C’est ma vie, mon corps. Vous voulez toujours tout décider. Laissez-moi décider pour une fois. Laissez-moi décider … » Sa voix se rompit et elle glissa par terre, une peluche encore dans les mains. Elle voulait mourir, laisser la douleur la gagner au point de la tuer. Elle avait du mal à respirer, suffoquait dans sa propre colère, dans sa propre tristesse. « Laissez-nous tranquille. » Elle ne pleurait pas mais se sentait prise dans un étau dont elle n’arriverait jamais à se libérer. Laissez-moi tranquille. |
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HERO • we saved the world Matteo Grimaldi ‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
| Sans vraiment le vouloir ? De cela Matteo doute beaucoup. Giustino est un homme intelligent et loin d'être maladroit. Il l'a toujours vu comme quelqu'un de puissant, à sa manière, et d'infiniment capable. Même des pires bassesses. Chercher à blesser Eirene a toujours été un de ses jeux favoris, et motivé par une répulsion inexcusable aux yeux de son fils. « Je le connais justement assez pour dire que chaque mot et chaque offense est volontaire, voulue. » La relation qui désunit sa fiancée à son père est une telle impasse que Matteo préfère passer à un problème non moins insoluble. À croire que chaque membre de cette famille s'acharne à se lier à des personnes qui déplairont toujours au reste du clan. Et à se faire du mal en ne réussissant pas à accepter lesdites relations, en vient-il à penser en voyant les larmes couler sur les joues d'Anna. Merlin, comment réussit-il systématiquement à la faire pleurer dès qu'il ouvre la bouche ? Ne peut-il pas faire attention ? Rien ne le met plus mal que de voir sa sœur exprimer sa douleur et sa déconvenue. Il va ruiner toute crédibilité en descendant Simon plus bas que terre, alors qu'il n'est même pas capable de prendre soin des sentiments de sa sœur, d'apaiser ses peines plutôt que de les alimenter. Il a toujours cherché à lui éviter le malheur, il n'a toujours souhaité que son bonheur, s'est donné le devoir de le lui offrir, par tous les moyens. L'échec est cuisant, piteux. « Tais-toi … » Il se tait. Reprend : « Anna, je t'en prie, je ne fais que – Tais-toi ! Tais-toi s’il te plait … » Et définitivement cette fois, Matteo adopte un silence honteux, dans l'attente de la suite. Il voit sa sœur s'écarter avec un pincement au cœur, et il se redresse sur le lit somptueux où elle se glissait si souvent quand ils étaient petits, quand leur mère perdait la tête et osait lever la main sur son aînée pour des raisons qui demeureraient pour toujours obscures et terrifiantes à ses yeux, même devenu adulte. Jamais il ne se sentait plus important que quand il allait la rejoindre dans l'espoir de la réconforter d'une étreinte et d'une parole réconfortante, quand il prenait à cœur ce rôle de protecteur. Un coussin s'écrase sur son visage sans qu'il ne le voit arriver et, effaré, il suit sa sœur du regard sans comprendre ce qui peut l'agiter à ce point. Elle transpire la douleur par tous les pores de sa peau, et sa colère est loin de l'effrayer autant que l'idée qu'elle est en train de sombrer. Il la perd, ils sont tous en train de la perdre, et personne pour essayer de la ramener à la surface. Même lui contribue à sa décadence, à la dépression qui la guette avec bruit en cet instant. Les crises d'hystérie étaient leur lot quotidien après la mort de Teresa, leur mère n'ayant jamais réussi à y faire face, encore maintenant. C'est ça qu'il a fui, lâchement et conscient de sa lâcheté. C'est ce regard perdu dans un univers douloureux et inaccessible qui l'effrayait. Il avait préféré détourner les yeux plutôt que d'affronter ce spectacle. Maintenant, c'est Anna qui semble y plonger tête la première – la peur qui gronde n'a pas d'égale. S'il a refusé de faire face à la maladie de sa mère, il se sait capable de se battre jusqu'à son trépas pour sauver sa sœur de cette éventualité. Anna n'en est pas encore là, il le sait. Mais si personne ne la retient de glisser vers le néant, elle finira comme Laureen, rongée par le passé immuable et les regrets acides. « Pourquoi ? POURQUOI ? » lui hurle-t-elle au visage. L'hébétude se peint sur ses traits, il a la bouche à demi ouverte dans une expression choquée – et les objets pleuvent autour de lui, s'écrasent au sol, sur lui, partout. Anna est en train de péter un plomb, pense-t-il, béat de surprise et d'incompréhension. Force lui est d'admettre qu'il n'a pas été tendre avec Simon, mais il ne l'a jamais été, et Anna a toujours réagi de manière pacifiste, rouspétant gentiment pour le faire taire ou l'obliger à retirer une insulte particulièrement blessante. Anna a toujours protégé Simon. Et il s'est toujours évertué à le descendre, le dégrader, le rendre pire qu'il ne l'est. A-t-il dépassé des limites invisibles, inexistantes jusqu'alors ? « Je ne peux plus Matt. » « Qu'est-ce que tu ne peux plus ? » souffle-t-il prudemment. « Je ne voulais pas te blesser, je veux juste... » t'aider ? Ridicule. Il ne peut refuser de voir la curiosité qui se cache aussi derrière son envie de savoir ce qui la lie à Simon. Parce qu'il ne comprend pas, parce qu'il ne comprendra jamais. « Pourquoi pensez-vous tous savoir ce qui est bon pour moi ? Je ne devrais pas à me justifier à qui que ce soit. Je ne devrais pas avoir à expliquer à maman pourquoi je ne fais jamais ce qu’elle veut. Je ne devrais pas avoir à t’expliquer à toi pourquoi Simon devrait faire partie de ma vie. Je ne devrais pas avoir à lui laisser choisir si notre fille devrait vivre ou non. C’est ma vie, mon corps. Vous voulez toujours tout décider. Laissez-moi décider pour une fois. Laissez-moi décider … » « Attends, quoi ? »
Le puzzle qu'il a commencé a assembler un peu plus tôt autour de la table achève lentement de se mettre en place, et l'image finale qui s'offre à sa compréhension fait tinter mille alarmes incendiaires. « Te justifier de quoi Anna ? Alors c'est ça ? Tu... Il t'a... Il a osé ?! » La grossièreté de ses pensées injurieuses, il a le bon sens de la taire et d'adopter de nouveau un silence bref et choqué qui ne peut toutefois signifier qu'une chose : il vient d'obtenir la confirmation à ses doutes les plus terribles. Et il a beau respirer le plus calmement possible et prendre sur lui, il ne parvient pas à cacher son trouble. Il n'est même pas (pas vraiment) en colère. Il a juste un mal fou à réaliser ce qu'il sait pourtant être vrai et parfaitement immuable. Soudain, il bondit, tape dans une des peluches favorites d'Anna du bout du pied. « Laissez-nous tranquille. » Il secoue la tête de droite à gauche, comme un gamin contrarié auquel on vient de refuser une sucrerie à la fête foraine. Il ne peut se soumettre à ça. Il ne le veut même pas. La laisser tranquille ? Autant l'abandonner. En évitant de croiser son regard, il cherche désespérément à mettre de l'ordre dans le champ de bataille qui se tient sous son crâne et qui menace tout équilibre. Certes, elle n'a pas à lui expliquer pourquoi Simon fait partie de sa vie. Il est même légitime qu'elle l'envoie balader, il s'en fiche, d'accord, qu'elle ne lui explique rien. Soudain ça lui paraît si futile, il préférerait que Simon lui passe la bague au doigt et s'enfuie avec elle pour une destination lointaine plutôt que ça : que cet enfant de salaud ose penser avoir le moindre droit sur la vie de sa sœur, d'autant plus sur un événement aussi important que celui-ci. Pour qui s'est-il pris ? Merlin lui-même ? Matteo sent enfler en lui une colère sourde ourler la moindre de ses pensées, qui s'étiolent et perdent en consistance à mesure qu'il finit par comprendre l'ampleur du désastre. « Il ne t'a quand même pas demandé de mettre un terme à la grossesse ? Dis-moi qu'il n'a pas fait ça. » Dis-le moi, et je le descends sur le champ. Lui qui n'a jamais été d'un naturel violent ou vindicatif se retrouve plongé jusqu'au cou dans une rage noire, un désir fiévreux de coller son poing sur le visage de Rosier. « Je le savais que ce type était de la pire espèce. Même Malfoy vaut mieux que cette ordure, mais de quel droit, putain, de quel droit ! Je n'en reviens pas. Ne le laisse pas t'infliger une telle horreur, Anna, jamais. Il a déjà trop fait. Je le savais, Merlin, pourquoi a-t-il fallu que tu laisses entrer dans ta vie ce minable... »
Et les insultes, et les jurons de continuer de pleuvoir sur sa sœur. Le déferlement de rancœur outragée se déverse comme de la bile, altère son jugement. Dans l'esprit de Matteo, le diable – que ces moldus affectionnent tant – n'a pas d'autre visage que celui de Simon. Il ne saurait même pas expliquer pourquoi cela le met tant en rage : sa réaction est tout sauf saine et sensée. Ressentir de la colère, de la compassion, bien sûr. Vouloir aider sa sœur, la soutenir, certainement. Mais éprouver ce besoin violent d'aller faire mal au seul responsable – à ses yeux – de ces larmes qui ont glissé sur les joues d'Anna, voilà qui ne lui ressemble pas, qui s'éloigne bien loin de son caractère concilient, compréhensif. Matteo a déjà oublié qu'il est le premier à la faire pleurer, aujourd'hui, que ces larmes brillantes sont de son seul fait. Après s'être blessé violemment le coude en se cognant contre une des fragiles étagères sculptées de sa sœur, Matteo parvient à retrouver un semblant de bon sens. À peine honteux de sa réaction, il réussit à reprendre contenance, à se calmer – un peu, et à se tourner vers Anna. Les doigts serrés autour du cou d'un lapin blanc en peluche qui ne lui a pourtant rien fait, il articule - « Je ne peux pas croire qu'après Chiara, ce soit lui qui foute encore tout en l'air. Je ne peux pas. » Ses mains se tendent vainement vers elle, comme pour la supplier de démentir l'horreur révélée, l'odieuse vérité. « Après tout ce qu'on a fait pour la mettre en sécurité... Que va-t-il se passer maintenant ? » Ce qui l'horrifie tant, dans cette histoire, c'est de penser que tout cela a été vain, que Chiara a beau être hors des limites de ce pays en berne, un autre innocent grandit dans le ventre de sa sœur et sera lui aussi exposé à tous les dangers qu'ils ont cherché à éviter à la petite. À la manière d'un vulgaire homme d'affaire, il décompte les pertes et les bénéfices et se désole de les voir courir à leur perte. Comme si la nouvelle grossesse d'Anna rendait tout cela bien peu rentable compte tenu des risques fous pris les mois passés. Et Merlin comme il s'en veut de penser ainsi. Ce n'est pas digne de lui. Ce n'est pas digne d'un frère. Il réalise cela et pince les lèvres, les doigts croisés derrière sa nuque, les yeux rivés sur sa sœur, qu'il couve d'un regard inquiet, bien qu'attentionné. Elle ne peut douter de la sincérité de son inquiétude en cet instant, mais il craint qu'elle décide de ne rien voir d'autre que l'affront qu'il lui fait par cette démonstration de colère injustifiée. Après tout, ce ne sont pas ses affaires. « La décision de garder ce bébé te revient, Anna, à toi seule, reprend-il d'un ton infiniment doux, précautionneux. [/color]Qu'il soit le père ne pèse en rien dans la balance, malgré ce que ce goujat a l'air de penser. » Il soupire, las. « C'est une petite fille, alors ? Félicitations Anna. » sa voix se brise et afin de faire oublier cette faiblesse dans l’intonation de sa voix, il s'éclaircit la gorge et détourne le regard, gêné malgré lui par la colère qu'il a laissée déborder dans ses propos. Il aime Anna plus que tout. Mais il n'arrive pas à être heureux de cette nouvelle. Il doute de l'être un jour. |
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WIZARD • always the first casuality Anna Grimaldi | Son corps ne transpirait que rage et dégoût. Ses bras fermés autour de ses genoux tentaient de protéger au creux de son ventre ce petit être dont elle se sentait déjà mère. L’instinct maternel était une émotion qu’elle ne pouvait tromper et dont elle ne pouvait se défaire. Dès lors où la première graine avait été plantée, les racines d’une famille nombreuse et heureuse avait grandi en elle. Ce désir lancinant d’atteindre l’inaccessible, ce besoin profond de combler le manque d’affection maternel de son enfance … Le destin l’avait très vite rattrapée … Ses espoirs avaient été réduits à néant le jour où elle avait appris qu’Andrea souffrait d’une malformation grave et qu’il ne survivrait pas. Elle était prête à tout abandonner lorsqu’une lueur s’était présentée dans le dense et obscure brouillard dans lequel elle s’était enfermée … Chiara avait été sa bouée, son espoir, cette chance qu’elle croyait perdue. Sa fille avait été sa boussole durant ces quatre dernières années ; jusqu’à ce qu’elle doive s’en séparer, jusqu’à ce que le gouvernement l’oblige à s’en séparer. Alors, elle avait compris que le monde s’était retourné contre elle, qu’il s’acharnait à lui faire du mal, à détruire ses rêves. Elle s’était faite à cette idée, elle pensait même qu’elle finirait sa vie complètement seule et malheureuse. Simon avait bouleversé cette vérité, il lui avait à nouveau fait croire que le bonheur était fait pour elle, qu’elle avait encore le droit à ce bonheur. Elle avait été trop naïve de croire que cela marcherait, que le destin la laisserait tranquille, qu’elle aurait le choix … Simon avait réussi à la construire et la démolir d’une seule et même voix. Son corps et son esprit lui rappelaient sans cesse la tendresse de ses regards, la douceur de ses gestes, les ardeurs de ses baisers … Tout ce qu’elle avait toujours voulu s’était retrouvé si près d’elle, qu’elle avait fini par le laisser s’échapper à des milliers de kilomètres devant elle. Comment avait-elle pu croire un seul instant qu’un homme tel que Simon pourrait désirer les mêmes choses qu’elle ? Il l’avait prouvé par le passé en la laissant tomber pour des jeunes filles plus belles et plus matures qu’elle. Des illusions, toujours des illusions et des envies tellement fortes qu’elles en devaient aveuglantes. Leur relation était allée trop loin. Ce bébé n’aurait jamais dû faire partie de l’équation. Maintenant qu’il s’y trouvait cependant, Anna ne réussissait pas à s’imaginer une existence sans lui. Si elle ne pouvait pas avoir Simon, s’approprier une partie de lui n’était-il pas suffisant ? Loin de l’éthique et des droits qu’il avait sur cet enfant, elle était bien décidée de ne pas le laisser choisir à sa place. Toute son existence n’avait été qu’ordre et soumission, elle ne pouvait plus supporter la bassesse et l’asservissement.
« Te justifier de quoi Anna ? Alors c'est ça ? Tu... Il t'a... Il a osé ?! » Matteo elle l’adorait, il avait toujours été là pour elle, il l’avait toujours soutenue pour plein de choses. Même lorsqu’ils s’étaient disputés pour une histoire de camp et d’allégeance, elle savait qu’il avait toujours gardé un œil sur elle, comme elle avait gardé un œil sur lui. Pourtant à cet instant même, la moindre parole, le moindre son qui sortait de sa bouche était un véritable supplice. Elle connaissait la répugnance qu’avait son frère lorsqu’il était question du plus jeune Rosier. Elle savait qu’il avait fait beaucoup d’efforts pour ne pas laisser paraître l’amertume – le mot était trop faible – qu’il ressentait vis-à-vis de Simon mais rien n’y faisait, le mal était fait, ils se détesteraient toujours, et une fois de plus, elle se retrouvait au milieu. Elle ne supportait plus de voir des personnes se battre pour elle. Le manque d’estime qu’elle avait en elle l’empêchait d’être suffisamment égoïste pour apprécier l’intérêt que les autres pouvaient lui porter. Elle avait cette impression, aussi saugrenue pouvait-elle être, qu’elle n’était qu’un fardeau, un boulet que l’on trainait par devoir. Ce sentiment était devenu tellement insupportable que la révolte de Matteo, elle-même, était devenue insupportable. Elle ne demandait rien. « Laissez-nous tranquille. » Elle voulait juste qu’on la laisse seule.
« Il ne t'a quand même pas demandé de mettre un terme à la grossesse ? Dis-moi qu'il n'a pas fait ça. » Elle avait envie de crier Si, bien sûr que si, toi qui le connais si bien, tu devrais savoir ! Mais elle n’en fit rien. Elle retint toute sa colère et sa rage à l’intérieur. Elle savait pertinemment que cette réaction d’autodéfense et ce besoin irrépressible de cacher ces sentiments aux autres étaient mauvais pour son enfant, et qu’un jour où l’autre, elle devrait libérer toute cette souffrance. Pour l’instant, cependant, elle avait besoin de silence, de calme, de solitude. « Je le savais que ce type était de la pire espèce. Même Malfoy vaut mieux que cette ordure, mais de quel droit, putain, de quel droit ! Je n'en reviens pas. Ne le laisse pas t'infliger une telle horreur, Anna, jamais. Il a déjà trop fait. Je le savais, Merlin, pourquoi a-t-il fallu que tu laisses entrer dans ta vie ce minable... » Elle baissa la tête et agita vigoureusement la tête. Il devait arrêter où elle pourrait se couper les oreilles pour ne plus l’entendre. Ces réactions excessives n’étaient mûries que par les hormones qui se donnaient un mal fou pour perturber tout son équilibre physique. Elle voulait tout arrêter, mettre fin à tout ça. Elle plaqua ses paumes de main contre ses oreilles comme l’enfant qu’elle était lorsque sa mère lui interdisait ceci ou cela. Elle savait que derrière, les punitions planeraient au-dessus de sa tête, mais elle était bien assez audacieuse pour ne pas laisser de tels actes la freiner dans ses ambitions. C’était ça qu’elle était, à l’époque. Une fille forte, courageuse, qui assumait ses idéaux sans laisser quiconque l’en dissuader. C’était cette part si importante d’elle que la guerre et l’âge avaient réussi à emporter. Les larmes dévalant doucement ses joues rougies par la colère, elle ravala ses sanglots pour ne pas laisser paraître sa faiblesse. Matteo faisait les cents pas dans la chambre, son dégoût déferlant à travers ses dents obstinément serrées. Elle aurait pu le rassurer en lui disant que de toute façon entre Simon et elle tout était fini. Mais elle n’en avait pas la force, elle voulait être égoïste pour une fois, elle voulait simplement penser à elle. Alors les mots pouvaient continuer à la survoler, elle ne les écoutait pas. Son cerveau captait parfois quelques bribes de phrase, cependant, elle n’y accordait pas suffisamment d’intérêt pour en comprendre les termes. Et puis il se tut. Le front posé sur ses genoux repliés, ses mains serrées contre l’abdomen, elle s’abandonnait doucement au silence doux et monotone. Parfois, le cliquetis de sa petite boîte à musique rompait le calme ambiant, mais elle ne bougeait pas. S’imprégnant de ce sentiment feint de plénitude, elle laissa le temps s’écouler et son mutisme devenir désagréable aux yeux de Matteo. Elle devait dire quelque chose, elle lui devait bien ça. Alors, toujours prostrée, elle marmonnait. « Il n’a rien dit … » Elle leva la tête et planta son regard dans celui fuyant de Matteo. « Il ne l’a pas vraiment dit. Mais je le connais. » Elle s’imagina les billes céruléennes de Matteo rouler dans leurs orbites et au fond, elle aurait réagi de la même façon si Eirene n’avait pas été quelqu’un qu’elle appréciait particulièrement. « Et il me connait suffisamment pour savoir que je comprendrai. Il n’en veut pas. Mais je ne peux pas Matt. Je ne peux pas la tuer. Je ne dis pas que j’en veux pas, je voudrais seulement qu’elle puisse vivre dans un monde où elle ne risquerait pas de mourir. » Elle baissa le regard vers le sol et caressa délicatement la petite peluche tombée à ses pieds. Si seulement cela était possible … « Avant que tu ne dise quoi que ce soit … » Elle marque une pause, inspire profondément et reprend. « Ne fais pas semblant avec moi, n’essaie pas de me faire croire que tu es heureux pour moi ou quoi que ce soit du genre. Je sais que tu m’aimes, et cela me suffit largement. Je ne te demande pas d’aimer Simon. Je ne te demande pas d’aimer sa fille. Je veux seulement que tu ne fasses pas semblant avec moi, Matt. » Elle frotta ses yeux encore humides. « Tu devrais retourner auprès d’Eirene. Elle a besoin de toi. Dis-lui que je suis désolée. Je viendrai la voir un peu plus tard. Pour l’heure, j’ai besoin de me reposer un peu. » Elle se força à sourire et lui tendit l’ours en peluche qui traînait sous ses doigts. « Dis-lui que serrer Polo ça aide. » Elle pinça les lèvres et insista pour que Matteo prenne le petit ourson. « Je t’aime Matt. » Elle ne le disait pas assez, elle ne voulait pas qu’il oublie. |
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HERO • we saved the world Matteo Grimaldi ‹ inscription : 04/10/2015
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‹ dialogues : #749585
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
| Les félicitations de mise sonnent affreusement faux. Elles ont un goût âcre sur sa langue, elles le dégoûtent. Tiraillé entre la répulsion qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver et son désir de faire passer le bonheur d'Anna avant tout le reste, Matteo se défend d'en dire plus et laisse parler sa sœur. « Il n’a rien dit … Il ne l’a pas vraiment dit. Mais je le connais. » Ils le connaissent tous deux. Et même s'il n'a rien dit, Matteo imagine sans peine la façon dont Rosier a pu accueillir la nouvelle. D'où lui vient cette haine, ce venin. Il prend sur lui, avec succès : son visage demeure presque impassible lorsqu'elle poursuit. Il serre les dents spasmodiquement, pourtant. « Et il me connaît suffisamment pour savoir que je comprendrai. Il n’en veut pas. Mais je ne peux pas Matt. Je ne peux pas la tuer. Je ne dis pas que j’en veux pas, je voudrais seulement qu’elle puisse vivre dans un monde où elle ne risquerait pas de mourir. » Matteo hoche la tête. C'est tout ce qu'il souhaite à Anna, à ses enfants. C'était déjà ce qu'il souhaitait lorsqu'il l'a aidée à faire sortir Chiara du pays. Mais quel monde est parfaitement sûr pour un nouveau-né ? Aucun. Il leur incombe de veiller sur ces cœurs neufs, il n'appartient qu'à eux de les protéger, de faire de leur environnement quelque chose de sain. C'est simplement plus facile dans certains cas ; le leur craint. Leur pays est en guerre, au bord de l'implosion. Les changements sont subtils, pour l'heure, mais tout va partir à vau l'eau. Ce n'est plus un secret. « Personne ne te demande de la tuer. » murmure-t-il, et il sait que c'est faux, que c'est un mensonge. « Avant que tu ne dise quoi que ce soit … Ne fais pas semblant avec moi, n’essaie pas de me faire croire que tu es heureux pour moi ou quoi que ce soit du genre. Je sais que tu m’aimes, et cela me suffit largement. Je ne te demande pas d’aimer Simon. Je ne te demande pas d’aimer sa fille. Je veux seulement que tu ne fasses pas semblant avec moi,Matt. » Faire semblant, avec elle ? Ridicule, songe-t-il. Faire semblant. C'est pourtant devenu un de ses meilleurs atouts. Le mensonge élevé au rang d'art, c'est devenu presque naturel. Masquer les tromperies, les coucheries : facile. Mener une double vie : facile. Mais Anna verra toujours au travers des murs soigneusement érigés autour de lui. Les tours de passe-passe ne fonctionnent pas sur elle, aucun déguisement qu'il s'efforce de revêtir n'est capable de masquer cet être qu'elle connaît si bien. Alors Matteo ne cherche pas à discuter, ni à nier quoi que ce soit. Il n'aimera sûrement jamais Rosier alors qu'il peine à se souvenir d'où lui vient cette haine viscérale. Il n'y a rien dans le passé qui lui permet de justifier son animosité à l'encontre du Mangemort – c'est aussi puissant qu'inexplicable. C'est viscéral, une putain d'intuition qui n'a pas cessé de se révéler juste. Il serait bien incapable de l'expliquer si Anna le lui demandait. Anna qui a toujours accepté cela comme un fait, sans chercher à y remédier. Merlin, et quelle réaction puérile il lui sert là. Néanmoins elle doit se douter que qui que soit le père de son enfant, ça ne l'empêchera jamais d'aimer sa nièce. Jamais. « Je serai heureux pour toi si tu l'es. Tu sais que c'est vrai. Et je ferai tout ce qui est nécessaire pour que ta fille aie la meilleure existence possible dans le monde où elle va naître. » « Tu devrais retourner auprès d’Eirene. Elle a besoin de toi. Dis-lui que je suis désolée. Je viendrai la voir un peu plus tard. Pour l’heure, j’ai besoin de me reposer un peu. » (Eirene a besoin de lui, peut-être, sûrement. Mais il craint de retourner auprès d'elle. Il craint d'affronter ses doutes, de se confronter à la suspicion qu'il sème à chaque départ précipité. Il a honte, il a peur, et il préférerait rester auprès d'Anna que de soutenir sa fiancée. C'est une pourriture, un homme indigne d'être entouré comme il l'est. Il ne mérite rien de ce qu'il a. Il ne vaut pas mieux que Simon, dans le fond. Et merde.) Matteo se fait ainsi congédier sans plus de cérémonie. Avec douceur, certes, mais elle veut la paix. C'est ce qu'elle s'acharne à lui répéter depuis tout à l'heure, c'est ce qu'il était incapable d'entendre tant sa colère annihile son écoute. Il hoche la tête ; c'est entendu. « Dis-lui que serrer Polo ça aide. » La peluche atterrit entre ses paumes sans qu'il n'y jette plus qu'un vague regard désespéré. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, le moindre service, tout, viens me voir. » « Je t’aime Matt. » Les lèvres serrées, il tait ce qu'elle sait déjà. Il entoure Anna de ses bras, dépose un baiser sur son front et s'astreint à ficher le camp. Il en a déjà trop dit.
FIN
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