Cillian adressa un clin d’œil a un de ses collègues du ministère qu’il venait d’apercevoir au loin. Le jeune homme n’était pas peu fière, peut-être d’ailleurs même un peu trop vu l’action qu’il s’apprêtait a réaliser. Mais la fierté de l’honneur qui venait de lui être fait passait au dessus de la bienséance et de tout le reste. A leur époque, il n’était pas humain d’acheter une personne comme esclave jugé et vendu comme des animaux, sauf qu’au lieu d’examiner leurs dents et leurs sabots, on regardait leur ascendance et leur crime. Et pourtant, il était bien la, une liste de nom a la main, regardant des ennemis de l’état, tous en rang d’oignon, attendant de voir ce qui allait être fait d’eux. Cillian avait déjà fait son choix, il l’avait fait une minute après avoir pénétré dans cette pièce sinistre, il avait d’ailleurs déjà fait une offre, mais il devait attendre, il voulait d’ailleurs attendre. Question d’éducation ou d’orgueil ca dépendait. Lorsqu’on lui avait annoncé qu’il avait été ajouté à la liste des sorciers susceptible de posséder un rebut, il n’avait pas hésité une seule seconde. Il avait su que les choses pour lui ne serait pas facile, son nom ne l’aidant pas, et pourtant, il s’était pourtant bien débrouillé. Un jeune homme, chargé de la vente aux enchères se pencha à son oreille pour lui glisser discrètement que quelqu’un d’autre venait de faire une offre sur la personne qu’il convoitait. Sans hésiter une seule seconde, l’écossais avait augmenté sa proposition. Des échanges de la sorte se déroulaient un peu partout autours de lui, mais seul celui concernant ce rebut là l’intéressait. Il l’intéressait a tel point que le jeune employé du département des mystères était prêt a mettre un argent fou la dedans. Quelques va et viens plus tard lui apprirent que son offre avait été acceptée. Sourire au visage et palpitations du cœur. Se rendait-il compte que la cause d’une telle excitation était l’achat d’un esclave ? Probablement pas. A vrai dire, il n’en avait que faire. Si les rebuts se trouvaient devant lui, c’étaient pour une bonne raison, et par leur choix. Prison ou servitude, ils avaient choisis.

Runcorn ! Le concerné se tourna dans la direction de la voix. Il va falloir que tu passes dans la pièce d’a coté, histoire de marquer ta nouvelle possession ! Tu vas voir, j’en ai acheté un il y a deux mois, c’est encore mieux qu’un elfe de maison ! Ma femme adore !

Eclat de rires et formules de politesse lui permirent de s’échapper rapidement des pattes de son collègue. Cillian était un bavard compulsif, c’était plus fort que lui malheureusement, donc il parlait beaucoup, et a tout le monde, même aux personnes qu’il n’appréciait pas, ce qui pouvait parfois mener a l’impression qu’il aimait le monde entier. Le monde entier se trompait. Beaucoup le disait trop faible, encore plus chuchotaient dans les couloirs qu’il n’avait pris la marque de ténèbres que sous les menaces de son frère, le brave Albert qui avait tant de caractère. Ils se trompaient. Tous. Et Cilian ne faisait rien, absolument rien pour les détromper. Tout ce qui lui importait au final, c’était de retrouver le rang qui lui était du. Le jeune homme hocha a nouveau la tête lorsque l’une des personnes lui demanda s’il était sur de son choix de tatouage. Le symbole de la famille Runcorn, un pin sylvestre entouré des mots, o combien ironique pour se rebut, la vérité dans la baguette, serait maintenant une partie intégrante de son poignet droit. Il aurait pu choisir plus gros, plus voyant, mais il ne voyait pas l’intérêt.
Ce ne fut qu’après ce marquage, tel du bétail, et lorsqu’il fut conduit, lui et son rebut dans une nouvelle pièce, la sortie, que le jeune homme l’observa pour de bon. Elle était belle, pour son espèce, très belle même, mais il ne l’avait pas acheté pour ca, pas du tout. Non, il ne l’avait même pas acheté pour les talents dont elle faisait certainement preuve, il vivait seul depuis plus de dix ans, si elle ne faisait pas la cuisine, ca ne changerait rien à sa vie. Il l’avait acheté pour la raison de sa condamnation. Elle avait utilisé une arme plus puissante que la force, elle avait utilisé des mots, des mots bien tournés. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait eut besoin de l’avoir. C’était comme ca, on pouvait appeler ca une pulsion, mais il ne pensait pas que c’était ca. Il la regardait donc vraiment pour la première fois, et il lui sourit. Un sourire froid mais sincère.

Cillian Runcorn, directeur des expérimentations magiques. Tu es sous mes ordres et chacune de mes envies seront des ordres. J’ai toujours besoin d’un bon cobaye.