Un mois s’est écoulé depuis son arrivée au sein du manoir des Rowle. Tout ce qu’il y a de plus ordinaire au fond dans cette société où sa tête est mise à prix s’il a le malheur de s’échapper, de fuir ou de se défendre. Un monde dans lequel il cherche désespérément son frère et ses meilleurs amis dont il n’a toujours aucune nouvelle, aucun signe. Sont-ils perdus, en sécurité ? Pire, gisent-ils depuis longtemps en terre, aussi froid que la pierre ? Cette simple pensée suffit à torturer le jeune homme. Car, sa présence ici est intimement liée à ce but d’en savoir davantage. Sans cela, peut-être se serait-il enfui avant de rejoindre les insurgés. Peut-être ou peut-être pas… Duncan ne sait plus trop. Il a passé les dernières semaines entre sa prison, le jardin du domaine et l’appartement de sa maitresse à l’étage. Il est arrivé en retard, l’a provoquée toujours un peu plus, s’est rebellé comme à l’accoutumée… Ses corvées n’en ont pas été intensifiées pour autant mais sa méfiance n’en a pas diminué pour autant.
Pourtant, contrairement à ses précédents maîtres, Lucrezia lui a fourni un certain confort au sein de ce qu’il ne peut toutefois s’empêcher de considérer comme une prison. Les quatre dernières semaines ont vu arrivés de nombreux objets et aménagements au sein du lieu. Là où il lui avait reproché de le stocker tel un objet qu’elle aurait capricieusement cassé comme tant d’autres, la Serpentard avait tôt fait de la personnaliser. Etrangement, l’endroit est chaleureux comme un ailleurs hors du temps et de l’espace de la bâtisse froide et impersonnelle. Le lit d’enfant a été remplacé par un imposant lit en chêne massif sur lequel s’étale une moelleuse couette au motif écossais inspiré du tartan de sa famille paternelle. La couche est parfaitement adaptée à sa taille imposante comme à son corps massif. Le bois utilisé lui rappelle à chaque fois celui de sa baguette lorsque ses doigts effleurent la texture. L’étagère remplie de jouets cassés a été dégagée et quelques romans y ont été ajoutés. Certains traitent d’agriculture, d’autres de chevaux ou même d’herboristerie. Seule une peluche a échappé au nettoyage. Il s’agit d’un phoenix de taille moyenne. Neuf, l’objet n’a subi que les dépôts de poussière que l’enlèvement de ses compagnons d’infortune a eu tôt fait de chasser. Il y a quelques jours, un étui est venu s’y ajouter. Un fourreau de velours noir incrusté d’un rubis et ayant la forme parfaite pour y accueillir une baguette. Un cadeau empoisonné qui ne cesse de lui rappeler l’absence de la sienne. Celle, chaleureuse et loyale au cœur de dragon loin de celle, froide et blessante qu'il a tenue il y a quelques temps pour soigner celle qui lui en a fait présent et lui remémore par l’étui sa situation désarmée. Le placard a été empli de vêtements à sa taille au coût exorbitant à en croire les différentes matières qu’il a aperçue lors de l’unique fois où l’armoire a été ouverte en présence de Lucrezia. La salle de bains attenante se voit occupée en majeure partie par une spacieuse baignoire où l’opportunité lui est donnée de pouvoir se savonner avec de l’eau réellement chaude. Plusieurs miroirs avaient été posés sur l’un des murs mais un seul coup d’oeil a suffi à ce que Duncan les brise de ses poings pour ne pas avoir à croiser son reflet dans l’un d’eux. Même si l’espace d’un instant Duncan a cru pouvoir toucher du bout des doigts son domaine, il ne s’est cependant pas laissé attendrir par cette attention. C’est un luxe qu’il ne peut pas se permettre. Il aurait l’impression de ployer, de voir sa fierté piétinée… et de se perdre lui-même quelque part. Or, il n’y a qu’à ça qu’il peut se raccrocher. Au fond, il ne peut s’empêcher d’y voir une provocation et une torture de la part de celle qui s’est offert sa compagnie. Une sorte de punition qu’elle lui infligerait en lui montrant constamment ce qu’il a perdu et semble ne jamais pouvoir regagner : son chez lui. C’est un peu comme son obstination a ne pas vouloir se servir dans le placard couteusement empli à son intention et qui remplacerait ainsi la chemise élimée en de nombreux endroits, seul vestige encore en sa possession et qu’il est toujours parvenu in extremis à conserver avec lui, de son chez lui.
Ces derniers temps, ces cauchemars sont revenus hanter ses nuits. Aucune raison ne vient appuyer ce soudain retour. Comme chaque soir, le jeune homme s’est couché après avoir pris soin de replier son précieux vêtement. Depuis son premier maître, il a appris à ne plus dormir en la portant sous peine de la déchirer dans son sommeil agité voir de la tremper de sueur en se débattant. Les premières nuits qu’il a passé dans la demeure des Rowle, Duncan s’était emmitouflé dans le plaid présent dans le précédent lit, craignant de ne voir débarquer la fille des propriétaires du lieu. Celle-ci aurait alors eu tout le loisir d’admirer les brûlures et cicatrices qui ornaient sa peau ce qu’il n’aurait pas supporté. Aussi n’avait-il trouvé d’autres solutions. La situation s’était améliorée avec le lit à sa taille qui était arrivé très rapidement.
Une fois encore, pourtant, malgré le lit chaleureux et confortable, malgré l’absence d’une quelconque présence au sein de ce qu’il considérait comme rien de moins que sa prison, la respiration du jeune homme est saccadée et son repos fiévreux. Tandis qu’il se débat, des mots s’échappent d’entre ses lèvres parmi lesquels « Rosenbach », « arrêtez » et un « non » clair.
Le bruit de la porte de la chambre tournant sur ses gonds le sort cependant brutalement de sa torpeur. Avant que la porte ne se referme derrière elle, Duncan a juste le temps d’apercevoir une ombre se dessiner dans l’encadrement grâce à la lumière tamisée pour la nuit du couloir.
Prompt et poussé par l’adrénaline qui pulse dans ses veines, le jeune homme se redresse, vif comme l’éclair pour se jeter sans ménagement sur le nouveau venu, le saisissant à la gorge bien avant que la lumière ne se fasse dans la pièce tout en poussant un puissant "non".
Celle-ci finit par se faire révélant à Duncan les traits de l’inconnu.
- Mistress ?, grogne-t-il visiblement en colère en relâchant immédiatement sa prise sur la gorge de la jeune femme avant de se passer une main dans les cheveux pour tenter de maitriser la colère qu'il ressent, Ne vous avais-je pas demandé de ne pas pénétrer dans ma prison de nuit sans m’en avertir pour votre propre sécurité ? Que faites-vous ici ? De quoi avez-vous donc besoin si urgemment ?
Entrer, elle n'aurait jamais dû entrer et cela met le jeune homme terriblement en colère ! Qu'a-t-elle entendu et que vient-elle faire ici ?
1082 mots
Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:03, édité 1 fois
(WICKED) ▽ « Remember this: Nothing is written in the stars. Not these stars, nor any others. No one controls your destiny. »
Le souffle court. Ta main s’accroche à celle qui serre ta gorge gracile, tes ongles rencontrant instinctivement la peau tandis que tes paupières se ferment sous l’assaut subit. La baguette de prunellier s’illumine dans un sortilège informulé qui éclaire ainsi la partie de la pièce dans laquelle vous vous trouvez. Tu avais à peine eu le temps de refermer la porte derrière toi, inquiète de l’agitation perçue, que tu te retrouvais prisonnière de l’immense carrure. Ton petit mètre soixante-cinq et l’absence de talons te font paraître encore plus vulnérable, ta fine silhouette faisant figure de Lilliputienne au sein du monde de Gulliver. « Mistress ? » Tu tousses, prenant une profonde inspiration, appuyée contre le mur, le sang pulsant encore vivement dans tes veines. Il pouvait, de ce simple geste, te tuer. Il ne faudrait que peu d’effort, si peu, pour qu’il te brise telle une frêle allumette. « Ne vous avais-je pas demandé de ne pas pénétrer dans ma prison de nuit sans m’en avertir pour votre propre sécurité ? » Tes mains tremblent. Tout ton corps se fait légèrement tremblant tant le choc s’est rapidement mêlé au désagrément de tant de proximité. Le contact, tu le gères mal, quand on ne t’en avertit pas. Là est bien ton problème : les gens ne préviennent que rarement lorsqu’ils initient ce genre de choses, que ce soit dans un objectif positif ou non. Paradoxalement, tu étais dans un état trop normal et stable pour l’encaisser. Ta nature froide n’y est pas coutumière. « Que faites-vous ici ? De quoi avez-vous donc besoin si urgemment ? » Reprendre tes esprits, vite. Vite. Tes billes hétérochromes croisent celles de Duncan, ton rythme cardiaque retrouvant lentement la mélodie habituelle de sa glaciale prison. Tu savais qu’il ne voulait pas que tu entres pour ta propre sécurité, cependant tu étais passée outre, craignant pour la sienne.
« Je cherchais Daeva.. en entendant du bruit j’ai eu peur que tu sois en danger. » En danger parce que le venin de ton cobra royal était extrêmement douloureux, parfaitement mortel, et qu’il avait le don de l’injecter en des doses le rendant à la fois plus lent, et plus digne du supplice. « Visiblement, je me suis trompée.. excuse-moi. » La longue robe de soie fine reflète la luminosité claire de ta baguette et celle de la lune, te donnant des airs de fantôme tout droit sorti d’une autre époque. Pas de nuisette ou de vulgaire pyjama pour toi. Une chance, en fin de compte, dans une situation pareille. Tu demeurais présentable même si celle-ci était faite pour le confort de la nuit et n’avait donc aucune réelle forme travaillée, simplement les tiennes, suivant tes courbes avec grâce. « Nox.. » souffles-tu, remplaçant d’un geste de la main la lumière de ta baguette par celle de l’éclairage.
« Je.. vais te préparer un thé. » déclares-tu, d’une voix anormalement douce. Voilà quelques temps que tu ne lui avais pas parlé pour autre chose que lui donner la courte liste des tâches qui devaient occuper ses journées, il n’avait donc pas eu l’occasion de te connaître apaisée - ou ce qui s’en rapprochait. Un peu maladroite, tu sors de la chambre, montant dans tes appartements pour lui préparer un thé aux vertus apaisantes. Tu en profites pour réaligner tes pensées, retrouver la logique de tes réflexions, avant de retourner auprès de l’esclave, prenant soin de toquer, cette fois-ci, à la porte. La nuit promettait d’être riche en contrariétés et peu en sommeil.
574 mots. Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE
Dernière édition par Lucrezia Rowle le Mer 7 Jan 2015 - 16:44, édité 1 fois
La jeune femme ne se formalise pas de son agression. Ses yeux se contentent de croiser celles de l’ancien Gryffondor. Ce dernier ne prend pas la peine de se montrer poli. La colère couve en lui et ce n’est qu’à grand peine qu’il la contrôle. Le fait qu’il soit torse nu est l’un des aspects qui l’empêche de arpenter la pièce tel un lion en cage. Mais c’est un peu ce qu’il est au fond depuis toutes ses années ! Les maîtres ont beau se succéder, le battre, le punir, le blesser, il reste toujours le même lion dans sa prison peu importe le visuel que revêt celle-ci. La raison de son entrée est liée à son foutu cobra royal comme toujours ! En cherchant après, sa maitresse a eu peur que le reptile ne soit en train de faire de lui son prochain repas ou sa prochaine victime. Comme si cette femme était capable d’éprouver le moindre sentiment de peur pour quelqu’un comme lui ! Ses excuses le surprennent pourtant. Tout comme la soudaine clarté qui illumine la chambre lorsqu’elle remplace la luminosité de sa baguette par celle du lieu.
Doucement et de manière lointaine, Duncan l’entend lui annoncer qu’elle s’en va lui préparer du thé. Du thé ? Immédiatement il est sur ses gardes. La situation est anormale. Il vient de la saisir à la gorge et elle se propose de lui préparer une boisson chaude ? Ne répondant rien, il la regarde juste quitter la pièce avant d’entendre son pas leste dans l’escalier montant à son appartement.
Une fois la jeune femme partie, Duncan se mit à arpenter la pièce libérant ainsi l’agacement et la colère qu’il ressentait à l’avoir vue pénétrer dans cette pièce. Ce n’était pas faute de le lui avoir dit ni de lui avoir répéter la chose plusieurs fois. Chaque soir, inlassablement, l’ancien gryffondor se fatiguait à lui poser l’ultime question avant de se retirer pour savoir si elle aurait besoin de lui durant la nuit. Et à chaque fois, inlassablement également, Lucrezia lui avait répondu par la négative. Peur qu’il soit en danger ? Mais il était un homme assez fort de surcroit. Il avait subi le viol, les coups, la torture, les nuits au dehors et sous la pluie avec une fièvre folle. L’un de ses maîtres avait aussi pris un malin plaisir à lui faire tester des poisons. Aucune portée scientifique derrière ce geste, ce dernier ne le faisait que par pur amusement. Le voir se tortiller de douleur au sol ou bien en train d’écumer les yeux révulsés égaillait la journée de cette charogne qui ne lui administrait un antidote que lorsque son jeu risquait de lui faire perdre son unique loisir. Passant dans la salle de bain, le jeune homme se passa rapidement de l’eau dans le cou. Ce geste simple avait le mérite de l’apaiser légèrement même s’il savait que le moindre faux pas de la jeune femme raviverait sa colère comme toujours mais tout cela devenait une habitude au final. Une fois un peu plus apaisé, même si cela ne reste qu’une apparence trompeuse au plus profond de lui –même, Duncan va se poster près de la fenêtre admirant l’extérieur et faisant dos à la porte. Il fait nuit noir certes mais il peut apercevoir le jardin plongé dans le calme nocturne. Par chez lui, à cette période de l’année, la neige aurait déjà envahi le domaine qui irradierait d’une douceur lumière due à celle de la lune sur la poudreuse.
Plongé dans ces pensées, c’est à peine s’il entend réellement le bref cou frappé contre la porte auquel il répond par un oui distrait. Plusieurs instants s’écoulent avant qu’il ne se rende compte de sa demi-nudité et de la personne qui se trouve derrière lui. Serrant les mâchoires, le jeune homme s’empare de sa chemise qu’il enfile rapidement. Soupirant en fermant brièvement les yeux, il finit par se retourner pour faire face à sa pseudo maîtresse. Celle-ci est revenue comme elle l’avait dit avec du thé.
- Vous dérangez n’était pas nécessaire, Mistress. Je suis sujet très régulièrement aux cauchemars. Cela fait partie de mon quotidien …
Toujours aussi horrifié à la perspective qu’elle ait pu voir l’état de son dos et de ses épaules, ses mâchoires restent crispées et son accent écossais ressort davantage que d'ordinaire lorsqu'il prend la parole.
- C’est pour cette raison que je vous avais demandé de ne pas pénétrer de nuit dans ma prison.
Trouver un autre sujet de conversation qui l’occuperait, voilà sur quoi se fixe l’esprit de l’écossais.
- Daeva … L’avez-vous retrouvé ?
755 mots
Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:04, édité 1 fois
(WICKED) ▽ « Remember this: Nothing is written in the stars. Not these stars, nor any others. No one controls your destiny. »
Tu ne dis rien, posant sur la table de nuit la tasse de thé et la coupelle afin de ne pas faire souffrir le bois du meuble de la chaleur de la tasse. Tu as vu mais tu ne commentes pas. Tu ne laisses absolument rien paraître de ce à quoi tu songes, te contentant de placer une cuillère dans le récipient aux senteurs de plantes. « Vous déranger n’était pas nécessaire, Mistress. Je suis sujet très régulièrement aux cauchemars. Cela fait partie de mon quotidien … » te dit-il tandis que tes pas te ramènent vers la porte, songeant d’abord à le laisser seul. Tu stoppes toutefois ta progression, faisant calmement demi-tour. « Est-ce une raison pour les laisser aller et venir au gré de tes nuits ? » La question est rhétorique, la réponse coule de source : non. Il est sous ta responsabilité. Il vit avec toi. Il mérite par conséquent des nuits décentes, de quoi supporter les journées sans tomber de sommeil ou être hanté par les pires instants de sa vie. Pas comme toi. Tu ne veux pas qu’il ressasse jusqu’à ce que mort s’en suive. « C’est pour cette raison que je vous avais demandé de ne pas pénétrer de nuit dans ma prison. » « Ta chambre. » Tu fermes les yeux, un instant. Tu te mords légèrement la lèvre inférieure, reposant tes billes bicolores sur le jeune homme désormais dans une tenue plus appropriée. « Ta chambre, il s’agit d’une chambre. Si tu n’en changes pas la fonction, cette pièce demeurera une prison jusqu’à notre mort à tous deux. » Il est tard. Ou tôt, selon le point de vue. La langue anglaise qui, selon toute vraisemblance, devrait être pour toi la plus aisée à utiliser s’avère défaillante. Son accent ressort par colère. Le fourchelangue devient principal et instinctif par fatigue. Nul doute que vous passiez chacun une mauvaise nuit, seulement tu n’en diras rien. Qu’il te perçoive comme un être implacable et froid avait certains avantages ; il ne pose pas de questions personnelles.
« Daeva … L’avez-vous retrouvé ? » Tu fais signe que non, ta longue chevelure blonde jouant sur ton épaule, dans ton dos, suivant le mouvement. « Il doit chasser. Ou chercher une quelconque compagne. » Même ton cobra royal était capable de trouver une galante compagnie. Et vous, vous étiez enfermés dans des vies qui ne vous convenaient pas, lui ouvertement, toi en silence. Le silence de l’animal solitaire qui s’accommode de l’environnement par instinct de survie. D’honneur. Un honneur qui finira par n’avoir plus aucun sens. Tu n’es pas une Selwyn et Charles ne te pardonnera sans doute jamais d’avoir évoqué son épouse. Les crises de ces dernières semaines te rendent certes mélancoliques mais paisible, tu sembles moins tendue même si toujours distante. Quelque chose de plus humain flotte dans ton étrange regard, comme si tu n’étais plus seulement la maîtresse reptile. Sur ton bras, à la transparence des manches, se distingue nettement la Marque des Ténèbres ne permettant pas de douter de ton appartenance. Tu essayes d’oublier. Tu essayes de ne pas prêter attention à ce qu’en a pensé Fred, à ce que lui peut en dire, en voir. Tu détestes qu’elle soit si visible. Comme tu hais être en tenue si légère face à un homme apte à distinguer des courbes trop agréables pour appartenir à un monstre. Ta gêne est bien cachée, pourtant. « Le thé devrait te permettre de dormir. Je ne te promets pas de beaux rêves, juste assez de calme pour que les cauchemars te laissent un répit. » Tu sais de quoi tu parles, tu es une utilisatrice des plantes aux propriétés apaisantes.
599 mots. Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE
Dernière édition par Lucrezia Rowle le Mer 7 Jan 2015 - 16:46, édité 1 fois
La tasse thé ainsi que sa coupelle sont posées sur sa table de nuit. Le liquide fumant dégage une odeur très aromatique qui rappelle à l’écossais certaines décoctions que sa mère préparait lorsqu’ils étaient malades. Parfois, c’était des bouquets d’herbes qu’elle faisait soigneusement séchés dans sa réserve personnelle et qu’elle brûlait pour apaiser leur toux ou leur angoisse. Au final, Aislinn Fraser n’était pas une sorcière mais elle avait ce genre de don rare qui avait souvent fait pensé à son fils aîné combien elle aurait eu sa place dans le monde qu’il côtoyait chaque jour. Si Lucrezia a vu le dos de l’ancien Gryffondor, elle n’en laisse rien paraitre ce qui le soulage clairement. Certes, la cuisante humiliation que ses yeux vairons aient pu se poser sur l’immense brûlure reste présente et amère. Lorsqu’il lui annonce que les cauchemars sont son quotidien, la jeune femme fait calmement demi-tour pour lui dire, de manière clairement et purement rhétorique, qu’il ne s’agit pas là d’une raison pour les laisser empiéter sur ses nuits. La réflexion est juste, très juste même à tel point qu’un bref rire légèrement plus chaleureux que celui froid et amer qu’il réserve d’habitude à quiconque, franchit ses lèvres modifiant brièvement ses traits en lui donnant un air plus détendu, plus jeune, plus lumineux et un peu plus proche de celui qu’il a été à Poudlard loin du garçon sombre, blessé et cynique qu’il est désormais, l’espace d’un instant. La mention qui est faite quant à l’appellation que Duncan donne au lieu où il vit, le ramène à sa situation présente. Une chambre… Elle souhaite le voir considérer sa prison comme sa chambre pour justement l’aider à ne plus la considérer comme telle. Si seulement c’était aussi facile qu’elle le prétendait ! Mais peut-elle simplement comprendre ? A la voir, la jeune femme ne semble pas être de celle qui a vécu en plein air parmi les montagnes, les forêts et les prairies foisonnantes d’herbe fraîche. Au contraire, elle parait plutôt à avoir été confinée toute sa vie dans cette froide et glaciale demeure entourée uniquement de ses serpents, cachée presque. Comment saurait-elle ne serait-ce qu’imaginer ce qu’il éprouve face à ce confinement ? Mais déjà la voilà qui se concentre comme il l’avait souhaité sur son cobra royal pour lequel elle ne semble plus réellement si inquiète puisqu’elle le pense à la chasse ou bien avec une quelconque compagne. Semblant se détourner pour le laisser, sa maitresse ajoute que le thé devrait lui permettre de dormir, lui laissant un peu de répit pour ce qu’il reste de sa nuit. Peu importe ce qu’il reste de sa nuit, la marque qu’il vient d’apercevoir sur son avant-bras fait remonter en lui une série de souvenirs de Rosenbach… L’être qui revient le plus souvent dans ses cauchemars. Pas le seul malheureusement mais il s’avère le plus présent. Très souvent, ses traits viennent remplacés celui du maître vicieux et sournois qui le punit changeant inlassablement la scène et le ramenant dans la salle de torture où l’homme le menaçait, l’attouchait. Cette même pièce où il a fini par lui charcuter les chairs.
Se levant, Duncan va jusqu’à l’armoire surchargée de vêtement en tout genre qu’il ne portera jamais. Fouillant rapidement entre les chemises en soie – matière qu’il déteste par-dessus tout – et autres accoutrements, il finit par trouver un long et doux manteau assez confortable et chaud. Le saisissant, il le dépose sur les épaules de la jeune femme en prenant grand soin d’éviter tout contact physique avec sa peau. C’est un détail qu’il a remarqué et qu’il ne peut que comprendre. Lui-même ne tolère pas d’être touché de trop prêt à moins d’une situation d’une extrême gravité et encore…
- Il y a des choses que je préfère ne pas revoir ce soir, Mistress. De plus, votre tenue pourrait être jugée légère et je ne tiens pas à être accusé d’un méfait que je n’ai pas commis.
S’écartant d’un pas, l’une de ses grandes mains vint décoiffer davantage ses boucles rousses.
- J’ai énormément de défauts..., lui fait-il avec un bref rire bien moins chaleureux que le précédent mais loin d’être ironique ou cynique, Et Rosenbach m’en a donné de nouveau mais … pas encore ce genre de défaut.
Se détournant, Duncan retourne s’asseoir sur son lit saisissant la tasse et l’inspectant cependant avec méfiance.
- Ce n’est pas courant qu’une mangemorte ait ce genre de cicatrices… Est-ce dû à ces crises durant lesquelles je suis censé vous protéger de vous-même ?
Son murmure n’est pas moqueur que du contraire, le jeune homme est sérieux sans pourtant lui donner le sentiment qu’elle est tenue de lui répondre. Cependant en s’approchant d’elle précédemment pour lui poser le vêtement sur les épaules, il n’a pu manquer de voir à travers les dentelles de la robe qu’elle porte ce qu’elle ne semble, contrairement à lui, pas vouloir spécifiquement cacher. C’est d’ailleurs pour cela qu’il se permet d’aborder le sujet, lui qui ne supporte pas de voir ses propres stigmates affichées à la vue de tous.
841 mots
Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:04, édité 1 fois
(WICKED) ▽ « Remember this: Nothing is written in the stars. Not these stars, nor any others. No one controls your destiny. »
Il dépose un manteau sur tes épaules. Tu demeures méfiante ; trop de proximité. « Il y a des choses que je préfère ne pas revoir ce soir, Mistress. » Ton regard se détourne et ton bras se place contre ton ventre, dissimulant ainsi la Marque à votre vue, malheureusement pas à ta conscience. « De plus, votre tenue pourrait être jugée légère et je ne tiens pas à être accusé d’un méfait que je n’ai pas commis. » Tu fronces les sourcils, ton visage se penchant légèrement pour le regarder. Tu ne saisis pas ce qu’il veut dire. Peut-être n’as-tu jamais été assez normale pour percevoir quand la situation pourrait jugée tendancieuse. Peut-être ta logique froide ne peut-elle être gênée que par ton propre désamour, non par son regard à lui, spécifiquement. Tu ne le vois pas comme un homme capable de ce genre de point de vue - sans doute à tort. « J’ai énormément de défauts… » Tu n’oses rien dire, cherchant un indice vers ce à quoi il veut en venir. « Et Rosenbach m’en a donné de nouveau mais … pas encore ce genre de défaut. »
Un rire s’échappe d’entre tes lèvres, nerveux. Tu viens de saisir. Tu n’as cependant fait que survoler son dossier, n’ayant eu aucun intérêt à le décortiquer ou l’étudier pour faire ton choix, ainsi Rosenbach n’évoque que vaguement une mauvaise expérience. Combien de maîtres a-t-il eu, déjà ? Trop. « On ne t’accusera pas d’être pervers ou vicieux. Je fais fuir les hommes, ça n’est pas celui que je suis censée exploiter qui sera pointé du doigt à cause d’une robe. » Certainement pas. Ypsös risquait bien plus d’y laisser sa tête. Tu chasses la douloureuse pensée. Tu chasses tout ce que cela implique, toute cette douleur cuisante, piquante, sur ton myocarde imprimée. Tu ne sais pas réellement comment communiquer avec lui, vous venez de deux mondes extrêmement différents, vous avez grandi dans ce qui pourrait ressembler à des univers parallèles. Ton sang-pur ne saurait se mêler, n’est-ce pas ?
« Ce n’est pas courant qu’une mangemorte ait ce genre de cicatrices… Est-ce dû à ces crises durant lesquelles je suis censé vous protéger de vous-même ? » Tu te crispes. Il est retourné s’asseoir tandis que tu t’es appuyée contre la porte, plongée dans tes pensées. Tu en sors par ses mots, te heurtant à nouveau à une réalité que tout ton être voudrait fuir, un passé qui s’est gravé jusque dans ta peau, de cette cicatrice à ce tatouage. « Je suis Mangemort parce que le Magister.. » Ta phrase avortée, tu bouges. Tu t’approches de la fenêtre qui n’est entravée d’aucun barreaux ; la barrière est magique, invisible, laissant percevoir l’extérieur, cet horizon inaccessible pour chacun de vous. « A l’époque, le Magister était le seul que je pensais apte à me comprendre. Une sorte de famille lointaine, liée par notre don commun. Et mes parents ont exigé que je sauve l’honneur de notre lignée. » Les Rowle, traîtres déchirés dont l’allégeance floue était intolérable, d’autant plus que la nouvelle génération se vouait à l’insurrection. Maverick avait terminé rebut. « Un Doloris. » Tu sembles avoir du mal à l’exprimer, à t’expliquer, comme si les sensations étaient trop nombreuses et paradoxales pour que le vocabulaire soit assez large, vaste, adéquat pour l’extérioriser. La cicatrice, le résultat d’un Doloris. « Nous fêtions mes dix-hui ans. L’annonce de mon désir d’entrer au Ministère a contrarié ma mère ; je ne voulais plus cacher ce fourchelangue qu’elle déteste tant. Le contrôle m’a échappé, Daeva a mordu et mon père n’a trouvé que cette façon de m’arrêter. » Tes doigts se promènent distraitement sur le rebord de la fenêtre, ton autre bras toujours contre toi, toujours à l’abri d’un regard pouvant être porté sur la Marque. Tu n’aimes pas évoquer cela, ni qu’on pose les yeux sur la cicatrice. Elle est fine, tu ne pensais pas qu’il serait assez observateur pour y prêter attention. Elle est l’éternel rappel de ta folie, de ton manque de maîtrise. « Je suis tombée entre du verre et un vase brisé. » L’entaille profonde témoignait de la violence de la scène, de la rage ambiante qui s’était emparée du repas de famille. Charmant cadeau d’anniversaire. « Tu n’es pas là pour me protéger de moi-même mais pour vous protéger vous de ce dont je suis capable. » Une pause. Tu fixes toujours la nuit, refusant de croiser ses pupilles inquisitrices. « Un jour, tu seras à nouveau libre. Tu pourras peut-être tirer un trait sur tout ça. »
743 mots. Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE
Dernière édition par Lucrezia Rowle le Mer 7 Jan 2015 - 16:59, édité 1 fois
Concilliante visiblement ce soir, elle place son bras marqué contre son ventre évitant ainsi à Duncan d’avoir à supporter davantage la vue du tatouage qu’il exècre tant. La remarque de l’ancien Gryffondor sur sa tenue ne semble pas vraiment faire écho chez elle. Ses sourcils se froncent et il la voit pencher la tête dans sa direction, l’air légèrement sceptique et dubitatif. C’est certain, elle ne comprend clairement pas ce dont il veut parler. Lorsqu’enfin, le sens des paroles de l’écossais deviennent limpides, un rire nerveux s’échappe d’entre ses lèvres avant qu’elle ne lui expliquer qu’on ne l’accusera probablement pas d’être vicieux ou pervers puisqu’elle a cette tendance à faire fuir les hommes. Duncan n’est guère étonné de la chose. Sa maîtresse semble être de ces gamines caractérielles et glaciales changeant d’homme comme de chemise ou de jouet, d’envie comme d’accompagnement au petit déjeuner. La remarque portant sur sa cicatrice s’avère être un terrain plus marécageux et glissant que Duncan l’avait cru à l’origine. Celle-ci n’était guère cachée par la dentelle du dos de sa robe. Il en a donc conclu que cette balafre n’était pas un sujet délicat, qu’elle n’en éprouvait pas une honte aussi cuisante que ce que lui-même ressentait. Lucrezia s’avance pour se tenir là où plusieurs instants auparavant il s’est lui-même tenu face à la fenêtre. Le paysage qu’elle y voit se refléter doit être tout à fait différent de ce que le roux y a vu. Pour elle, il s’agit du futur domaine dont elle héritera tôt ou tard, une sorte de fierté. Il y a fort à parier qu’elle y tient autant que lui-même tient au domaine familiale en bordure des Highlands qu’il a du bien malgré lui quitter et qu’il n’aspire qu’à regagner avec les siens. C’est cependant, tout autre chose qui s’échappe d’entre les lèvres que la blonde qui lui narre l’histoire de la cicatrice qu’il a pointé du doigt un peu plus tôt. La raison de sa présence n’a rien ne courageux, rien d’héroïque, il s’agit juste de ce que Duncan associe à de la maltraitance parentale. Ce n’est pas la première fois qu’il le remarque et il a eu tout le loisir de les observer mais une haine semble opposer celle qui a acquis sa présence à ses côtés et ses géniteurs. Sa mère lorgne très souvent en direction du rebut qu’est Duncan. Hautaine et prétentieuse, le jeune homme l’évite autant que possible pour éviter de se retrouver entre la fille et la mère qui parait vouloir s’accaparer à son tour ses services dont il n’est pas pressé de connaitre la nature. Le père est un être aussi froid que le manoir qu’il a hérité des siens et dans lequel il vit. A eux trois, ils forment tout sauf une famille. Du moins, pas comme l’ancien Gryffondor la conçoit. Parler de sa blessure incommode la jeune femme, il le voit bien. Lui-même n’a pas abordé le sujet volontairement. Il lui avait juste semblé le meilleur pour détourner la conversation de l’immense plaie que représente désormais son propre corps. Mais déjà la voilà qui à son tour, détourne la conversation en lui indiquant que son rôle n’est pas de la protéger d’elle-même mais de protéger les autres et lui-même d’elle. Relevant la tête et abandonnant provisoirement l’examen du thé qu’elle lui a concocté, l’écossais tente de croiser ses yeux vairons mais ceux-ci restent obstinément fixés sur l’obscurité du dehors tandis qu’elle lui annonce qu’un jour, sa liberté lui sera rendue et qu’à ce moment-là, peut-être pourra-t-il tirer un trait sur tout ça. Tirer un trait ? Comme si cela était possible ! Ce serait tellement facile, tellement aisé, tellement souhaitable. Pourtant Duncan sait qu’il ne parviendra pas à oublier les années de torture qu’il a vécu, les attouchements dont il a été l’objet, les empoisonnements ou les tortures physiques et mentales qu’on lui a fait subir sans qu’il ait jamais rien fait pour vraiment les mériter d’origine. Ca serait bien mieux mais il sait qu’un long et pénible chemin s’ouvrira devant lui si tant est qu’il puisse un jour recouvrer sa liberté. Regagner son estime, tolérer la vue de son propre corps, apprendre à accepter le contact et la proximité… Savoir à nouveau aimer sans craindre pour la vie des autres et tenter par tous les moyens de les isoler de lui… Oui, si tant est qu’il puisse un jour quitter son statut de rebut, il ne sera plus qu’un être aux fondations irréparables. Un léger rire, las et mélancolique, s’échappe des lèvres du jeune homme qui après avoir redéposé la tasse et la coupelle, se redresse et s’avance vers Lucrezia. Légèrement hésitant, il l’effleure du bout des doigts pour lui intimer délicatement de lui faire face. Ce bref contact est largement suffisant pour provoquer chez lui une vague de rejet lui faisant serrer les mâchoires. Une fois que l’ancienne Serpentard a pivoté, il se recule de quelques pas et se tourne pour lui offrir son profil.
- Je ne pourrai jamais tirer un trait sur tout ça, Mistress, lui murmure-t-il , son accent resortant à nouveau plus que d’ordinaire, avec un sourire douloureux qu'il affiche très rarement.
L’action qu’il s’apprête à mener est difficile mais lui-même a malencontreusement touché un point sensible de celle avec laquelle il vit depuis plus d’un mois maintenant. Il ne lui doit rien certes mais en l’instant, lui montrer une partie de ce qui le ronge et continue de l’humilier malgré sa dissimulation derrière sa chemise, lui semble être la meilleure chose à faire. Aussi redéboutonne-t-il avec difficulté les deux boutons qu’il avait fermé précédemment lors de son retour avec le thé. Prenant une longue expiration, la chemise fut enlevée dévoilant une partie du carnage provoqué par Rosenbach et entretenu par la suite par ses autres maîtres. L’espace d’une nanoseconde, Duncan baisse la tête, clairement mal à l’aise mais bien vite, son côté insoumis, rebelle et fier reprend le dessus et le force à redresser la tête en serrant à nouveau les mâchoires.
- La raison est qu’en dehors de ce qui m’a été infligé physiquement, ce que j’ai subi mentalement est inaltérable. Je le revis chaque nuit inlassablement et ce qu’il reste de mon corps suffit à me le rappeler la journée lorsque les chimères se sont tapies jusqu’au soir.
Jugeant que le spectacle a assez duré et n’étant plus capable de supporter davantage le malaise qu’il ressent, Duncan repasse sa chemise qu’il laisse cette fois ouverte, sans prendre la peine de refermer un seul bouton.
- Quoique vous en disiez ou quelque soit la tâche que vous m’ayez affublée, je continue de croire que vous protégez de vous-même est un premier pas pour protéger les autres. Il est toujours hors de question que je vous tue pour qui que ce soit sauf si vous menacez ma propre vie ou celle de l’un des miens comme je vous l’ai déjà dit, Mistress.
1148 mots
Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:04, édité 1 fois
(WICKED) ▽ « Remember this: Nothing is written in the stars. Not these stars, nor any others. No one controls your destiny. »
« Je ne pourrai jamais tirer un trait sur tout ça, Mistress » Ta réaction a été raide. Il a frôlé, il est entré en contact et tu as pivoté sans souplesse aucune. Tes gestes gracieux envolés sous la pression soudaine d’un risque encouru : être touchée est toujours, pour ton esprit, un réel risque. Et quand tu le vois déboutonner sa chemise, tu restes sans voix ; non que le spectacle soit choquant en soi, mais le fait qu’il te dévoile volontairement les dégâts causés sur son corps te surprend. L’horreur de la chose, en revanche, est analysée de façon très logique par ton regard méthodique. « Je le revis chaque nuit inlassablement et ce qu’il reste de mon corps suffit à me le rappeler la journée lorsque les chimères se sont tapies jusqu’au soir. » Le spectacle s’interrompt lorsqu’il juge ne plus pouvoir supporter ton regard. Tu l’écoutes, silencieuse, le bras toujours contre ton ventre, cachant la Marque qu’il ne saurait souffrir.
La chemise sur son dos, ouverte, il prend soin de te rappeler qu’il ne comptait pas te tuer, sauf exception. La vie de l’un des siens.. comment saurais-tu, si tu t’en prenais à ses amis ? On ne t’appelle pas pour faire de l’analyse de dossier, on t’assigne à la traque, la mort, à ce à quoi être fourchelangue sert. En l’occurrence : chasser les fuyards sur un secteur précis, vague description physique, nom vaguement entendu, jamais retenu pour te protéger de ta conscience. Tu demeures immobile et muette un instant avant de t’appuyer contre le rebord de la fenêtre, l’observant d’un air sérieux, moins glacial, peut-être même préoccupé, pour reprendre la parole. « Laisse-moi te soigner, Duncan. » Ca n’est en rien un ordre, juste une demande. « Je ne peux pas te rendre un dos intact mais rien n’a cicatrisé convenablement, tout semble encore à vif. Je crois comprendre que tu gardes ces marques ainsi parce que tu n’es pas de ceux qui plient ou fuient la réalité mais.. » Tu parais réfléchir à la tournure de phrase, n’étant pas très douée avec le tact et autres conventions sociales. « Je peux t’aider. Quelques unes peuvent être atténuées.. et ton bras est encore mal en point. »
Un soupir s’extirpe de tes lèvres. Peux-tu seulement songer qu’il t’accorde assez de crédit pour te laisser faire ? Il est fier comme un paon, il a vécu des instants d’horreur que tu ne saurais imaginer. A dire vrai, tu n’es pas adepte des tortures qui laissent des plaies, tes bijoux s’attaquant plus aux impressions de l’esprit qu’à la peau elle-même. Tu te débarrasses calmement du manteau, que tu vas reposer dans l’armoire - signe de ton côté un brin maniaque qui n’aura pas échappé au Rebut, exempté de toute tâches ménagères - et te glisses à l’extérieur de la chambre. Pas plus de deux minutes ne s’écoulent avant que tu ne sois de nouveau près de lui, glissant entre ses mains un petit écrin pourpre. « J’imagine qu’il est inutile d’attendre Noël, ça n’est pas comme si cette famille le fêtait. » Tu retournes près de la fenêtre, contempler cet horizon, l’esprit voguant vers ces amis et ennemis perdus dans la forêt, dissimulés à ce camp qui est le tien. A l’intérieur de l’écrin, une chevalière d’argent, ornée d’un lion d’onyx, élégante, discrète, à la mesure de ses grandes mains toutefois. « Elle apaise l’esprit, aide à conserver lucidité et calme. » finis-tu par expliquer. Sans le regarder. Des bijoux positifs, tu n’en créer que rarement. Ca n’est pas une commande qui t’est généralement faite, au contraire, plus l’effet est néfaste plus les clients aiment. Aucun commentaire sur le danger que tu représentes, sur les raisons qui pourraient le pousser à te tuer - il verrait de ses propres yeux ton état psychologique.
621 mots. Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE
Dernière édition par Lucrezia Rowle le Mer 7 Jan 2015 - 17:00, édité 1 fois
Beaucoup de choses… De la froideur, celle dont elle fait toujours preuve quoiqu’il arrive s’imposant ainsi en reine de glaces insensible. Du dégoût, celui que lui ont témoigné beaucoup d’acheteurs lorsqu’est venu son tour d’enchères. De la pitié comme tant de rebuts en ont eu pour ces lambeaux de chairs fondus. Peut-être de l’amusement ou une certaine fierté face à l’œuvre de l’un des siens. Duncan s’attendait à énormément de réactions de la part de celle avec laquelle il partage ses jours depuis plus d’un mois. Généralement, la vipère qui lui fait face cache ses sentiments sous son apparence de sans cœur. Le jeune homme sait pourtant que la glace par endroit est fragile telle de la porcelaine. Un petit coup, une épine bien plantée et le glacier se brise permettant de toucher son occupante qui s’y barricade. Cependant il ne s’agit là pas d’elle mais de lui, de ce qu’il a subi. Les punitions qu’il a subies au fils des années même si seules celles infligées par Rosenbach sont apparentes en pleine luminosité. Chaque pore de sa peau abimée suinte pourtant de ce qu’il a subi après. Les menaces, les expériences, l’empoisonnement, la douleur, le froid et la maladie, rien ne semble lui avoir été épargné. Ces trois dernières années, l’ancien Gryffondor a vécu loin de toute émotion positive. Aucune chaleur, pas plus que de l’amitié ou de l’amour. Son foyer ressemble à un oasis, une hallucination, un rêve. L’ancienne Serpentard n’a jamais vraiment montré le moindre signe de sentiments. Dégoût, pitié, peur, haine, chaleur… Rien de tout cela. Son attitude glaciale face à la sienne plus enflammée voilà en quoi a consisté leur rapport.
Pourtant alors qu’il vient de se dévoiler pour – enfin - l’informer de l’état du rebut qu’elle a acquis voilà un peu plus d’un mois, il la sent pour la première fois muette comme choquée par ce qu’elle voit. Lui-même, bien qu’il le cache, en est le premier étonné. Il s’attendait à ce qu’elle ait épluché son dossier. Visiblement ce n’est pas le cas. Ou bien, c’est le fait de faire face à l’atrocité qui la met dans une situation inconfortable provoquant son soudain mutisme. Savoir ou lire ce genre de cicatrices est une chose. La voir de ses yeux en est une toute autre. Difficile à croire que ce sont des hommes qui en sont responsable. Une fois sa chemise enfilée à nouveau, l’écossais guette une réaction. Mais elle demeure immobile et muette un instant avant de s’appuyer sur le rebord de la fenêtre sans le quitter des yeux. Cette inquisition de sa part le dérange très clairement mais il continue de se tenir fièrement face à elle. Se détourner serait ployer, craquer et c’est une chose qu’il ne peut pas se permettre. Pas maintenant, pas comme ça et surement pas pour ces stigmates. L’espace d’une minute, son esprit croit voir une sorte d’inquiétude dans le regard vairon de la blonde qui lui fait face mais bien vite, il préfère ne pas s’y attarder, persuadé qu’il s’agit d’une fausse impression, d’une erreur. Comment pourrait-il en être autrement ? Les mots qui suivent finissent de l’abasourdir. Elle lui propose de le soigner. Certes, ses dons ne semblent pas capable de lui rendre un dos intact comme au premier jour, comme autrefois mais d’en atténués les contours. Pour Duncan, il s’agit de prendre la fuite et il ne souhaite pas fuir. Ces marques ont changé le garçon naïf, impulsif et respirant la joie de vivre qu’il était. Il ne peut pas s’en défaire, pas encore. Il s’y raccroche désormais, se répétant sans cesse que c’est ce qui arrivera aux siens s’il plie. Il y a aussi le problème du contact physique. Si son dos est dans cet état aujourd’hui, c’est dû aux difficultés qu’a rencontrées la personne qui l’a soignée à Sainte Mangouste pour panser ses plaies vu son refus du moindre toucher. Avec un soupir, la jeune femme va ranger le manteau qu’il a déposé sur ses épaules. Elle quitte ensuite la chambre. Ca ne dure pas plus de deux minutes mais durant ce court laps de temps, Duncan a le temps d’imaginer tous les scénarios possibles et inimaginables. A un tel point que lorsqu’elle regagne sa prison, il a habillement pris et dissimulé dans la poche de son pantalon un bri de la glace de la salle de bains. Cependant, lorsqu’elle revient, c’est pour tout autre chose. Un petit écrin pourpre est glissé entre les grandes mains de Duncan alors qu’elle lui explique qu’elle a trouvé inutile d’attendre Noël puisque sa famille ne le fête pas. La formulation fait paraitre la chose plus amère qu’elle ne le ressent sans doute. Une fois le présent déposé, la jeune femme se détourne pour se tourner à nouveau vers la fenêtre. Alors que ses yeux se posent sur la chevalière en argent ornée d’un lion d’onyx, elle lui explique les propriétés de l’objet. Ce dernier apporte paix, lucidité et calme. Le calme… Voilà une chose qu’il ne peut retrouver et ne souhaite d’ailleurs pas retrouver. Le calme signifierait la fin pour lui. Dans d’autres circonstances, ce cadeau aurait apporté la joie et suscité des remerciements de la part de l’ancien Gryffondor. Ce simple « merci » ne parvient pourtant pas à franchir le seuil de ses lèvres. Aussi préfère-t-il revenir sur sa proposition de le soigner.
- Votre sollicitude est tout à votre honneur, Mistress, mais je ne souhaite pas voir disparaitre ces marques. Elles font parties de ce que je suis aujourd’hui. Une sorte de partie de mon âme. L’homme que j’étais autrefois a brûlé avec la chair de mon dos. C’en est un souvenir jusqu’à ma mort.
Sortant le bri qu’il avait caché, Duncan l’envoie valser sur la table de nuit dans un mouvement ample sans brusquerie.
- Le présent n’était pas nécessaire mais … , commence-t-il alors que ces remerciements restent une fois de plus bloqués au fond de sa gorge, Que faites-vous exactement le jour de Noël, Mistress ?
L’un et l’autre, ils n’ont aucun point commun, aucune attraction, aucun sentiment si ce n’est une répugnance l’un et l’autre à être ensemble. Cependant, Duncan déteste les dettes. Et même s’il ne portera jamais cette chevalière tant qu’il sera un rebut, l’idée de n’avoir aucune possibilité de lui retourner son acte le dérange.
- Seriez-vous prête à m’accorder une once de confiance ce jour-là pour …, lui murmure-t-il avant d’ajouter avec une pâle copie du sourire chaleureux qu’il pouvait avoir autrefois, … changer un peu la tradition de votre famille à snober Noël. Daeva et ses copains sont les bienvenus, bien sûr.
(WICKED) ▽ « Remember this: Nothing is written in the stars. Not these stars, nor any others. No one controls your destiny. »
Ton esprit vagabond vole bien loin au dessus de la situation présente et, absorbée par l’horizon, tu tournes le dos au rebut sans prudence, sans méfiance. Beaucoup éviteraient, de peur de se faire voler la baguette ou brutalement attaquer dans le désir d’une fuite ; les risques du métier. Tu sais que c’est possible mais cela semble t’importer peu. Ta propre vie semblait, en cette heure de la nuit, t’importer bien peu. Mélancolie des insomnies. « L’homme ou l’enfant ..? » souffles-tu. Etait-il vraiment autre chose qu’un enfant, quand tout a commencé ? Au même titre que toi, d’ailleurs. Une simple année d’écart. Evidemment que le présent n’était pas nécessaire, il n’avait même pas lieu d’être, et alors ? Les heures que tu passais à travailler étaient autant de minutes à oublier. Oublier le phoenix sur cette étagère que ta conscience occultait brutalement, oublier la solitude, l’ambiance de la demeure ou tes erreurs. « Que faites-vous exactement le jour de Noël, Mistress ? » La question pourrait être surprenante, considérée comme légitime ou simplement polie. Elle te laisse, à vrai dire, tout simplement froide. Noël exprimait quelque chose pour toi, du temps de Poudlard où ton père t’envoyait un paquet, fille unique d’un homme qui t’aimait malgré la crainte, malgré le dégoût de sa femme, de ta propre mère. Aujourd’hui ? Ca n’est que le reflet de ce que tu es devenue, une Marquée sans regard pour l’avenir. « Je travaille. » lui indiques-tu, sur le ton de l’évidence. Tu n’avais pas de coeur aux futilités, aux mièvreries, à.. la famille.
« Seriez-vous prête à m’accorder une once de confiance ce jour-là pour … » Tu hausses un sourcil, tournant légèrement le visage pour l’observer. « … changer un peu la tradition de votre famille à snober Noël. Daeva et ses copains sont les bienvenus, bien sûr. » Tu as bien vu son sourire, le tien pourtant ne fleurit pas. « Ma famille ne snobe pas Noël. Il n’y a simplement pas de famille. » Difficile à croire qu’une sang-pur ne possède pas une grande famille comme seules ses lignées savaient les forger, d’alliances en intérêts. Après un long silence, tu consens à expliquer tes mots, l’arbre généalogique d’une des pièces de la demeure ne pouvant que semer le doute ou te faire passer pour une menteuse invétérée. « L’un de mes cousins est mort insurgé, l’autre est un rebut. Quant aux Selwyn, mère les déteste. » Ombre de sourire au bord des lèvres, la rançon d’un destin joueur. La Mangemort qui l’est parce que les héritiers mâles furent réduits à la fuite ou l’esclavage.
« Soit. Fais de Noël ce qu’il te plaira. » Et tes billes bicolores retournent à la contemplation de l’extérieur. Tu n’y vois pas, comme il le pense, ton futur domaine, ta propriété ou la fortune à venir, seulement le palais glacé d’un univers familier jusqu’à l’écoeurement. Il ne neige pas mais l’aura froide qui entoure l’ambiance rivalise largement. « Tu es écossais, n’est-ce pas ? Comment est-ce, l’Ecosse ? » Tu ignores s’il voudra bien te répondre, toutefois, petite, tu rêvais de trouver une terre d’accueil. Peut-être pourrais-tu l’y ramener, le jour où les frontières et obligations tomberont. Du moins, lui offrir de quoi payer le voyage. Toi, tu ne seras sans doute plus libre, d’ici là. Ironie du sort.
#EVENTS & #MISSIONS. NE MANQUEZ PAS LA WIZPRIDE (rp et hrp) !#SCRYNEWS. refonte du ministère (plus d'infos) & nouveaux procès de guerre (plus d'infos)#FORUMATHON.