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sujet; Presume not that I am the thing I was. (gabriel)

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Le soleil s'était déjà levée quand elle sortit de la tente qu'elle occupait avec deux autres Insurgés. Accueillie par le froid mordant de ce jour d'automne, Teresa resserra les pans de ce qui lui servait de veste autour d'elle. Comme à chaque réveil, elle répétait les mêmes gestes inlassablement. Elle filait discrètement jusqu'au point d'eau. Dans ce cas-ci, une rivière au lit aussi glaciale que le cœur du Magister. Pour elle qui n'avait connu que le confort toute sa vie, se retrouver dans une situation pareille était délicat. Son apprentissage de la vie à la dure était des plus laborieux. Elle ne pouvait que regretter d'avoir présumé de ses forces, d'avoir comparé la rudesse d'un match de quidditch à l'austérité d'une vie de fugitif. Le résultat était déplorable. La jeune femme avait perdu de sa superbe, elle était terne, fatiguée, sale, incapable de maintenir l'apparence irréprochable qu'elle arborait jadis, à Poudlard. Elle ne se faisait pas à la froideur de l'eau, ni au lit de camps incommode. Elle faisait pourtant des efforts, elle ne s'en plaignait pas, elle souriait encore et toujours, faisant son maximum pour participer à la vie de groupe. Cette fois, elle avait accepté un tour de garde tardif et il fallait qu'elle se remette à jour. Plusieurs choses avaient pu se passer pendant qu'elle récupérait ses heures de sommeil. Des nouvelles informations, des missions, des regroupements. Toutes ces choses qu'elle guettait attentivement...pour avoir des nouvelles de sa famille. Quand bien même ils étaient haï par les Insurgés, jamais elle ne leur tournerait le dos. Elle affectait pourtant l'indifférence en public mais la présence rassurante de son frère lui manquait chaque jour. Elle guettait également les regroupements car c'était à ces moments-là qu'elle décidait de quitter une troupe ou non. Elle préférait éviter les Insurgés aux idées radicales. Elle les détestait, les méprisait au même point qu'ils ne pouvaient s'empêcher de s'en prendre à elle sous prétexte qu'elle était une sang pur. Elle en était même venue à se cacher derrière une identité de née moldu, un rôle qu'elle jouait si maladroitement qu'elle-même doutait de sa crédibilité. Cette fois, elle avait eu de la chance. On ne lui avait pas posé de questions, elle leur était reconnaissante pour ça. Quand bien même, ce manque flagrant de curiosité la laissait perplexe. Elle pouvait être une infiltrée, après tout. Ils avaient une trop forte propension à accepter le premier venu. Aussi, quand elle alla les rejoindre, elle ne fut pas surprise de découvrir qu'un nouveau sorcier les avait rejoints. Décidée à le saluer convenablement, elle s'approcha davantage. Elle se figea pourtant bien vite.

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, elle recula de plusieurs pas. C'était comme si elle se tenait devant un fantôme. Il se trouvait là, devant elle, tout avait disparu autour d'eux. Elle le reconnaissait. Physiquement, du moins. Il avait peut-être l'air fatigué, rongé par une vie qu'elle devinait périlleuse et sans répit mais il ne faisait pas de doute, c'était lui, elle le reconnaîtrait entre mille. Pourtant c'était comme si elle avait tout oublié de lui. Du son de sa voix à ses éclats de rire. Elle était traversée par des sentiments contraires, tremblante, choquée de cette réapparition soudaine. Et puis, soudainement, elle s'avança ; sa main heurta la joue du jeune homme dans un élan de colère insoupçonné. Elle regrettait déjà son geste à mi-chemin mais il était trop tard pour l'arrêter. Alors elle allait assumer, son regard se fit plus dur effaçant toute trace de choc. Et puis la colère gronda et prit le dessus sur la raison. Elle n'allait pas s'excuser. Dans sa candeur égoïste, elle n'estimait pas être en tort. Elle n'arrivait pas à mettre de mots sur ses sentiments mais elle ne pouvait pas oublier les moments qu'elle avait vécus quand il avait disparu, comme ça, sans raison, sans laisser de trace, sans rien. Il ne lui devait rien mais Teresa s'en fichait guère. On lui avait répété maintes fois dans sa vie que tout lui était du. Alors même lui aurait pu faire l'effort si pas de lui expliquer ses plans, au moins la prévenir et lui donner des nouvelles. Et plus elle y pensait, plus l'envie de lui flanquer une seconde gifle la rongeait. C'était comme si, d'un coup, toutes les semaines, tous les mois passés à attendre des réponses à des lettres qu'elle s'efforçait d'envoyer lui revenaient en tête, comme si toutes ses tentatives pour renouer le contact et pour avoir des nouvelles lui explosaient en plein visage. Toute cette crainte, toute cette incertitude quant à la survie de celui qui avait tenu une part si importante dans sa vie l'avait épuisée. Mais Teresa n'était encore qu'une innocente face à cette guerre, elle n'avait jamais eu aucune idée des contraintes réelles que la vie d'un sorcier lambda impliquait. Jusqu'il y a peu, elle profitait encore du système qu'elle savait pourtant profondément injuste. Elle menait une vie oisive, loin de toutes les préoccupations, protégée à la fois par son nom et par son statut de sang-pur. Elle s'était bercée d'illusions qui la poursuivaient encore aujourd'hui.

Parce qu'après tout, que croyait-il ? Qu'elle allait oublier son silence radio pendant tout ce temps ? Qu'elle allait lui sauter dans les bras et l'accueillir en héros ? Elle en mourrait d'envie pourtant. Si elle n'avait pas été si bornée, si elle n'avait pas été si portée sur sa petite personne, elle aurait réduit la distance les séparant depuis longtemps. Seulement, elle n'y parvenait pas. Ses jambes s'étaient changées en plomb. Sa frustration et son égoïsme pesaient trop fort sur ses épaules. Ou peut-être était-ce simplement sa façon d'exprimer son soulagement ? Elle avait eu si peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave. Elle avait craint chaque jour de le retrouver à une réception au service d'un mangemort, en tant que rebut dans une vie qui ne lui garantissait que tourments et souffrances. Ou pire, qu'il ait été de ceux exécutés sans pitié et qui reposaient à présent nulle part, oubliés de tous. « Comment oses-tu revenir comme ça ? », cracha-t-elle sans parvenir à cacher les tremblements dans sa voix. Elle se trouvait pathétique, incapable de s'adresser à lui sans faillir, incapable de se défaire de cette manie de tout contrôler. Elle se tut un instant, prenant le temps d'assurer sa voix. « Où étais-tu tout ce temps ? » Et tant d'autres questions se bousculaient dans son esprit, un flot qu'elle s'efforçait de retenir pour ne pas perdre toute contenance, pour lui faire comprendre - essayer du moins - que s'il n'en avait rien à faire d'elle, son intérêt pour lui aussi était limité. Mensonge, encore et toujours pour préserver une image désuète qui avait perdu son sens mais sans laquelle elle s'effondrerait sans doute.

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