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or you've got your eyes closed
The clouds hold a storm over this road, You're dreaming or at least you've got your eyes closed. And this dormant love you've built inside your stubborn ways Well its begging now, for air of the silent breath of change. As these waves crash against the highway cliffs, I'm so scared they'll flood me where i sit. Well the roads, they change to waterways They never carry home. You pull back and You angle towards the window, Now the rain is crashing down And oh my god, you're beautiful I'm so unsighted, still I pray you'll hold back your escape. ~ eyes closed.


(24 décembre 1998)

L'histoire était terminée, achevée. Et retrouver Londres après ces quelques semaines d'absence le forçait à affronter la réalité qui s'imposait d'elle-même. Muré dans un silence qui lui était fortement inhabituel, il n'avait rien répondu aux attaques constantes d'Ivory quant à son comportement de vieille morve de troll – sauf à un moment où il lui avait expressément demandé de lui lâcher la grappe. Prudent, Maddox était resté à bonne distance du couple de balourds pendant que ces deux-là réglaient leurs comptes à grand renfort de gestes et de remarques injustifiées. Une bataille qui prit fin lorsque Maddox leur ordonna de se la fermer – l'un et l'autre suivirent à leur tour ce qui leur était demandé. Clyde en était à un point où la culpabilité le rongeait plus que de raison et s'en prendre à Ivory avait été un réflexe malheureux. Il aurait pu s'étendre en excuses, en demandes chancelantes mais ce n'était pas utile et il le savait pertinemment puisque c'était déjà oublié. Depuis plusieurs mois l'absence de Maedge se faisait douloureusement sentir et s'il avait tout révélé aux Burke – la grossesse, la rupture –, un goût aigre lui restait en travers de la gorge. Cette sensation de poids dans l'estomac ne s'estompait pas. Au contraire, elle ne faisait que s'amplifier.

L'acidité de cette rupture lui revenait inlassablement en tête, le prenait aux tripes et le renvoyait à tout ce qu'il aurait dû faire mais n'avait pas fait. Il s'était comporté comme un goujat ? Certainement, et s'il regrettait la forme de ses paroles, il ne pouvait pas déplorer le véritable fond de sa pensée. Il ne pouvait pas être le père de ce gosse dont il n'avait pas voulu – il avait tant de choses à vivre avant de songer à former une famille. Cet enfant n'était encore qu'un embryon dans l'inconscient de son géniteur. La simple idée de s'occuper d'un bébé le fatiguait. Égoïstement, il avait refusé d'être considéré comme étant le père du petit être, préférant porter un droit regard sur lui sans pour autant s'impliquer tous les jours dans sa vie. Clyde n'était pas le paternel idéal, il bougeait souvent et sa présence était aléatoire.

L'enfant était né. Et s'il n'était pas capable de s'exprimer sans équivoque avec ceux qui partageaient quotidiennement sa vie – tout simplement parce qu'ils connaissaient toutes les bribes de son histoire et qu'il n'avait pas besoin de se manifester oralement pour se faire comprendre –, peut-être était-il susceptible trouver en Ysolde Yaxley une oreille attentive. Il avait besoin de parler, de laisser les mots s'échapper, de s'étrangler avec s'il le pouvait. Il avait trouvé en Yaxley une confidente dont il ne pouvait plus se passer. En sa compagnie, il ne s’embarrassait plus de faux numéros de charme. Il s'agissait ni plus ni moins de la petite sœur qu'il n'avait jamais pu avoir. Il retrouvait en elle les airs d'Alice, sa sœur aînée, même si leurs verves n'étaient pas comparables. Les mains enfoncées dans les poches de sa veste, relevant son col afin de se protéger de la fraîcheur de ce mois de décembre – par Merlin, ce temps frisquet ne tarderait pas à avoir sa peau – Clyde marchait, longeait les murs. Son ombre était projetée sur les pavés et certains sorciers se dépêchait de rentrer chez eux. Se rendre à l'hôpital avait effleuré son esprit mais il avait préféré contacter Ysolde avant tout. Le bébé est né. Il était père. Ce gamin possédait peut-être son nez, ou ses yeux. Il ne l'avait pas encore vu. Il devait se préparer, il ne pouvait pas en être autrement. Le cœur battant, sa démarche s'accéléra à l'instar des pulsations qui martelaient sa poitrine.

Pour la première fois de sa vie, il avait peur. Ses mains étaient moites malgré la fraîcheur de l'air sec qui s'infiltrait sous ses vêtements. Il avait chaud, comme s'il avait bu. Une partie de lui le suppliait d'agir en la faveur de Maedge, de se jeter face à son lit et de quémander son pardon – mais il ne le ferait pas. Il ne le savait que trop bien ; sa fierté, bien que parfois chancelante, l'empêcherait de reconsidérer les faits. Oh, des erreurs, il en avait fait de nombreuses et il en avait conscience. Laisser Maedge partir en était peut-être une mais rien n'était moins sûr. Il avait consacré ces derniers mois aux quêtes et aux recherches qu'il s'évertuait à fournir. Il avait beaucoup ri, mais jamais pleuré. La jeune femme lui avait manqué de manière telle qu'il n'était pas parvenu à l'expliquer.

Au lieu d'être en compagnie de sa famille, à qui il avait prétexté vouloir se détendre un peu les jambes avant d'entamer les festivités, Clyde tournait en rond. Il hésitait. Ysolde devait sûrement être en train de fêter Noël et ce, même s'il avait bien compris qu'être la bâtarde d'un Yaxley n'était pas chose facile à supporter. Posément, il leva le bras et martela de trois grands coups l'encadrement boisé qui lui barrait le passage. Après quelques dizaines de secondes, la porte s'entrouvrit, laissant passer de fines particules de lumière. Esquissant un sourire, l'encadrement s'élargit davantage lorsqu'Ysolde remarqua qu'il s'agissait de Clyde. « Je suis désolé de te déranger, tu dois sûrement être en plein réveillon mais » il se racla la gorge. Il pensait à son père en train de s'engueuler avec Alice, à sa mère en train de rouler des yeux ronds et aux Burke en train de discuter au-dessus de la dinde. Seule sa chaise était vide. « j'aurais voulu te parler. » Il se massa la nuque, passablement gêné par la situation. « Ça peut attendre demain ou..ou après-demain. C'est juste que » nouveau raclement de gorge. Nouveau flash qui lui présentait sa famille en train d'attaquer la viande et les petits marrons sans même attendre son retour. La bouche sèche, il profita de son silence pour s'humecter rapidement les lèvres « Maedge a accouché. » lâcha-t-il de sa voix la moins assurée. « Maedge a accouché et je ne sais pas quoi faire. » avoua-t-il avant de se reprendre « Je ne suis pas certain que ma présence à ses côtés lui ferait plaisir – j'suis pas vraiment un cadeau lorsque j'ai faim. » il souligna sa (mauvaise) plaisanterie d'un sourire frémissant qui, bien vite, s'affaissa à la commissure. « Et du coup je préfère venir là pour te dire que je crains et que j'ai la dalle. Merlin doit être en train de se retourner dans sa tombe. » de nouveau, il se racla la gorge et força son sourire qui ressemblait plus à un rictus désabusé plutôt qu'à une véritable expression de joie. 
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CLYDE + YSOLDE

or you've got your eyes closed

Noël, ça faisait plusieurs mois qu'Ysolde redoutait cette fête. Elle n'avait pas souhaité rester à Poudlard, contrairement à certains de ses camarades, décidant plutôt de prendre cette bouffée d'air dont elle avait pris l'habitude depuis sa première année à Poudlard. Lorsqu'elle avait franchi les portes de cet appartement, qu'elle avait refusé de vendre, elle avait aussitôt regretté sa décision. Pourtant, elle n'avait appelé personne, elle avait gardé ce sentiment de solitude pour elle, soulageant sa peine à forte dose de chocogrenouilles et de films moldus. Les vacances étaient finalement passées à une vitesse fulgurante et Noël était arrivé trop rapidement au goût d'Ysolde. La neige qui s'était installée depuis un moment ne faisait que rendre plus magiques mais aussi plus douloureuses ces fêtes de fin d'année. Elle qui pourtant essayait de sortir au maximum pour ne pas s'enfermer dans une dépression malsaine, il lui était presque trop dur de franchir la porte de chez elle pour croiser toutes ces familles, ces couples heureux en cette magnifique période. La jeune femme n'avait pas pris la peine d'installer un sapin et elle comptait ne recevoir aucun présent lors du jour J. A Londres ou à Poudlard, il semblait évident qu'Ysolde Yaxley ne manquait à personne et voyant qu'aucune occasion particulière ne se présentait à elle pour fêter le Réveillon, elle avait décidé de rester chez elle, seule.

Le froid extérieur l'avait dissuadée de sortir et elle avait plutôt décidé de se faire une manucure après avoir passé une heure complète dans un bain bien chaud. Elle avait longuement brossé ses cheveux, avec un pincement au cœur en se rappelant la manière dont sa défunte mère s'occupait de ses boucles blondes. Elle avait même laissé échapper quelques larmes. Et après s'être repris, elle avait opté pour la cuisine. Elle avait commencé par des gâteaux de plusieurs sortes : muffins, cookies et finalement, browniess, jonglant entre les moules, le beurre et autres fouets. La jeune femme était ainsi restée occupée pour le reste de la journée, s'empêchant de sombrer dans la nostalgie. Puis, enchainant la vaisselle et la préparation d'un plat de pâtes. Quand vint le moment de passer à table, la mélancolie envahit à nouveau l'esprit fatiguée d'Ysolde. Seule à table. C'était la première fois, la première année qu'elle se retrouvait seule ainsi à table. Elle avait refusé catégoriquement d'appeler son père pour tenter de le voir, ayant un minimum de fierté pour se débrouiller sans lui. Ce n'est qu'une fois assise en face d'un vide que Yaxley se demanda si elle n'aurait pas mieux fait de mettre sa fierté de côté. Et alors qu'elle allait entamer son plat de spaghettis qu'on frappa.

Elle ne fit qu'entre-ouvrir sa porte, méfiante, avant de reconnaitre un visage familier : celui de Clyde Barjow. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là, celui-là ? Il avait pourtant une famille, de nombreux amis, Ysolde connaissait bien les relations entre les Barjow et les Beurk. Il devait sans aucun doute être attendu à une table remplie, sur laquelle étaient entreposés de véritables délices. La jeune étudiante ne fit aucune remarque, elle se contenta d'ouvrir complètement sa porte tandis que son ami s'appliquait à se justifier pour sa présence. Ysolde ne l'interrompit pas, le laissant s'expliquer, jusqu'à ce qu'il ne lâche une véritable bombe au milieu de ses excuses. « Maedge a accouché. » La blonde ouvrit de grands yeux et alors que Clyde continuait de déblatérer. Lorsqu'il eut fini, elle s'effaça pour lui faire signe d'entrer. « Reste pas dehors à crever de faim. J'ai fais deux fois trop de pâtes ! Ça sera pas le meilleur repas de Noël de ta vie mais c'est mieux que rien. » Il s'engouffra dans l'appartement et tandis qu'Ysolde fermait la porte, elle lui proposa de s'installer pendant qu'elle ajoutait une nouvelle assiette. Elle n'osa pas lui dire mais l'arrivée de Clyde la soulageait, brisant cette bulle de solitude dans laquelle elle s'était enfermée. Elle vit aussitôt, à l'attitude de son ami qu'il ne se sentait pas bien. Il se forçait à sourire, se raclant la gorge à chaque phrase, signe évident de son malaise.

Elle ramena avec elle une bouteille de whisky pur feu, servant un verre bien rempli à son ami. « Je pense que ça te fera du bien. » Une fois les verres remplis, elle s'attaqua aussitôt à servir Clyde car elle avait appris, avec l'expérience, qu'un Clyde Barjow affamé n'augurait rien de bon. « Raconte un peu. T'as pas contacté Maedge depuis quand ? Tu l'as aidée un peu quand même ? » elle continuait de lui remplir son assiette en le regardant, les sourcils arqués, prête à entendre le pire. Elle vit la moue coupable de Clyde et comprit qu'effectivement, Merlin devait être en train de se retourner dans sa tombe et plutôt deux fois qu'une !
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or you've got your eyes closed
The clouds hold a storm over this road, You're dreaming or at least you've got your eyes closed. And this dormant love you've built inside your stubborn ways Well its begging now, for air of the silent breath of change. As these waves crash against the highway cliffs, I'm so scared they'll flood me where i sit. Well the roads, they change to waterways They never carry home. You pull back and You angle towards the window, Now the rain is crashing down And oh my god, you're beautiful I'm so unsighted, still I pray you'll hold back your escape. ~ eyes closed.


La méfiance apparente d'Ysolde n'incommodait pas Clyde ; après tout, cette nuit était dédiée aux fêtes familiales et les visites de courtoisie n'étaient sûrement pas régulières à cette heure-ci. De fait, l'évocation des pâtes le fit esquisser un sourire – il ne pouvait toutefois s'empêcher de ressentir un sentiment qui s'assimilait plus ou moins à... de la peine. Jamais il n'aurait imaginé la jeune et douce Yaxley seule pour la veille de Noël. Une grosse bouffée de culpabilité le prit alors, incapable de dire s'il était touché par le geste amical de sa comparse ou plus simplement étonné par sa solitude. Il n'avait pas envie de la lancer à ce propos, préférant ne pas réveiller chez elle de vieux démons. Idiot, il l'était, mais sûrement pas à ce point. Il abandonnait sa tablée familiale (avec la dinde qui allait fatalement avec) pour s'engouffrer dans cet appartement qu'il ne connaissait que trop bien. La gentillesse apparente d'Ysolde lui mettait du baume au cœur. Elle lui tendait une main salvatrice et lui – disons qu'il était trop heureux de se retrouver dans un environnement calme et en sa compagnie. Enlevant sa veste pour l'accrocher au porte-manteau, il lui emboîta le pas, s'asseyant à la place qu'elle lui désigna. C'est mieux que rien, lui avait-elle dit. Un tantinet gêné par la situation, il se détendit lorsqu'il la vit revenir avec deux verres et une bouteille de whisky. Dès que son récipient transparent fut rempli, il la remercia d'un hochement de tête et prit son dû dans sa main droite. Ses doigts l'enserraient avec une avidité quasiment malsaine tant il avait envie de siffler toute la bouteille – pour oublier, juste oublier ce qui l'attendait à Sainte-Mangouste. Une femme amère et un enfant qu'il n'avait pas désiré.

Tandis qu'elle lui servait une assiette, Ysolde s'attardait à lui poser les questions qui la taraudaient – tout autant que lui d'ailleurs. Elle parvenait, en douceur, à le confronter à la situation qui l'effrayait mais dont il ne soufflait mot. Rares étaient les personnes qui savaient qu'il était le géniteur de l'enfant qu'attendait – et maintenant qu'avait – Maedge Fawley. Il accordait une confiance sans faille à Yaxley, tant et si bien qu'il n'avait pas hésité à venir à sa rencontre pour lui parler de ce gosse illégitime qui ne tarderait pas à naître. Ysolde avait été fantastique. Une épaule sur laquelle pleurer, une oreille attentive. En profitant pour s'humecter les lèvres, alors que son assiette rejoignait la partie de la table qui lui était attribuée, Clyde haussa bravement les épaules. Ses serres encerclèrent son verre et, au lieu d'en boire son contenu, il fit rouler le liquide à l'intérieur. Ses yeux observaient les petites vaguelettes qu'il créait, réfléchissant à la réponse qu'il pourrait donner à Ysolde. Oui, il avait été là – partiellement, du moins. On ne pouvait pas attendre de lui une présence constante ou une approbation éternelle. Il l'avait dit à Maedge et il le répétait à qui voulait bien l'écouter. Clyde Barjow n'avait rien d'un père. La simple idée de l'être le faisait même frémir tant sa désapprobation était grande. Maintenant, il était perdu et appelait à l'aide. Ysolde ne pouvait certainement pas porter la charge de ses propres responsabilités mais elle voulait bien l'écouter, et elle posait l'index sur tout ce qui pouvait le chagriner.

Finalement, il porta son verre à ses lèvres entrouvertes et en avala la moitié du contenu. Instantanément, un feu agréable commença à lui réchauffer l'estomac. Il prit sa fourchette et attaqua ce repas qui n'attendait que lui. Affamé, il l'était. Et s'il buvait – ce qu'il ferait sûrement –, son appétit n'en serait que plus grand (et plus dévastateur, personne ne souhaitait se retrouver dans son sillage lorsque son ventre criait famine). Ses mâchoires claquaient et il laissait le silence s'éterniser, trop occupé à se rassasier, vaguement conscient d'être un goujat. La bouche pleine, il continua à mâchouiller ses pâtes tandis qu'il s'évertuait à donner une réponse plus ou moins correcte « Je l'ai aidée...de temps en temps » il sentit aussitôt le regard réticent de sa cadette se poser sur lui et, comme pris au piège par ses propres erreurs, il ne mit pas longtemps avant de chercher à se justifier « Ne me regarde pas comme ça, mon boulot ne me donne jamais l'occasion d'être présent bien longtemps » et tant mieux voulut-il ajouter, comme pour souligner que se coltiner une femme enceinte n'était décidément pas de tout repos, mais il crut bon de bloquer cette remarque dans sa gorge. Ses yeux exprimaient toutefois toute sa rancune et son désespoir. Il ne parvenait pas à exprimer son ressenti tant celui-ci s'altérait au fil du temps. En silence, il continua à manger. D'humeur morose, il avala une dernière gorgée d'alcool et reposa son verre vide sur la table. Il avait sûrement fait tous les mauvais choix possibles et imaginables. Déjà, au lieu de profiter de cette soirée pour rendre visite au nouveau-né, il mangeait des pâtes en compagnie de la bâtarde Yaxley. Il n'était même pas sûr de se rendre à l'hôpital ce soir-là, préférant terminer sa soirée en compagnie de sa famille plutôt qu'à s'enfoncer lentement mais sûrement dans le silence morose que Maedge ne manquerait pas de créer.

Finalement, alors qu'il avait pris quelques bouchées de pâtes, il reposa sa fourchette dans son assiette. Il avait faim mais le poids qu'il avait sur l'estomac l'empêchait de se jeter sur la nourriture. Il se racla la gorge et se servit un autre verre de whisky. Il ne le toucha pas, le laissant en revanche non loin de lui. Clyde regarda alors le décor dans lequel il s'était précédemment engouffré, les bras croisé sur son torse, le regard illuminé d'un éclat particulier. Celui que lui insufflait l'alcool – il avait bu trop vite, encore une fois, et il se sentait submergé par une torpeur qui n'était en rien désagréable. Il était juste bien. « Tu vivais ici avec ta mère, non ? » il s'efforçait de se rappeler ce qu'elle avait bien pu lui dire à ce propos. « Et ton père ? » la question avait été lâchée. Il n'avait plus envie de parler de Maedge, ni de ce bébé qui l'attendait. « Tu as l'occasion de...lui parler ? De le croiser ? » Clyde ne se méprenait pas sur le cas d'Ysolde, il savait que le géniteur de cette dernière était un véritable enfoiré. Mais l'évoquer lui permettait d'échapper à cette épée de Damoclès brandie au-dessus de sa tête. Il utilisait le malheur de sa comparse pour échapper au sien.


Dernière édition par Clyde Barjow le Jeu 13 Nov 2014 - 7:00, édité 1 fois
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La présence de Clyde était réconfortante. Il avait beau être préoccupé, les traits de son visage gardant ce soupçon d'angoisse, à peine visible. Malgré tout, son corps occupant l'espace vide remontait le moral d'Ysolde. Il avait bu son verre de whisky lentement, le sirotant, faisant danser le liquide ambré dans le verre, comme pour en savourer l'aspect. Ysolde se contentait de l'observer, lui cet ami fidèle et toujours disposé à être présent dans les moments durs. Ils ne se connaissaient pas depuis toujours, n'avaient pas vécu l'un chez l'autre pendant leur enfance et ils n'avaient pas non plus passé leurs pires crises d'adolescence ensemble. Cette amitié, bien que récente, comptait énormément pour Ysolde qui avait trouvé chez Clyde ce petit grain de folie qui la faisait se sentir libre, insouciante. Même dans des situations graves, Clyde parvenait à mettre du baume au cœur de la serdaigle, il parvenait, Merlin savait comment à lui redonner le brin d'espoir suffisant pour la faire aller de l'avant. Malgré tout, si Barjow était un bon ami, Ysolde n'avait jamais évoqué la mort de sa mère avec lui. Ce n'était pas un sujet tabou mais la blonde évitait au maximum d'évoquer sa défunte mère, ne souhaitant pas revivre de douloureux souvenirs.

Lorsqu'elle posa l'assiette de pâtes devant son ami, Ysolde se sentit honteuse de ne lui proposer que ce simple plat. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à recevoir une visite en ce réveillon de Noël mais tout de même. Tandis que Clyde attaquait doucement son assiette, Ysolde se mit à réfléchir rapidement à un plan de secours, un dessert moins modeste que des cookies. Mais en voyant la chasseur de reliques avaler ses spaghettis avec appétit, elle se rendit compte qu'il n'y avait absolument pas besoin d'un menu grandiose : Clyde avait faim et il mangerait tout les aliments comestibles qui se trouveraient sur son passage. Néanmoins, une question brûlait les lèvres d'Ysolde : pourquoi avait-il décidé de venir chez elle ? Elle n'était pas mécontente de sa présence ici mais elle ne comprenait pas. Il était aimé chez lui et la famille Barjow au complet devait être réunie autour d'un bon plat bien chaud, sûrement la célèbre dinde de Noël. Ysolde imaginait un véritable festin à la tablée des Barjow et pourtant, c'était chez elle, elle qui avait cuisiné des pâtes, que Clyde était venu s'échouer.

Entre deux bouchées, Clyde tenta de s'expliquer quant à son manque d'implication vis-à-vis de Maedge et de son enfant. Lorsqu'il évoqua son travail, la blonde ne put s'empêcher de pouffer. Certes. Clyde avait choisi de parcourir le monde, de partir à la recherche de reliques pour le magasin de son père, de jouer les aventuriers et ce genre de boulot ne s'associait pas à une vie de famille. Qu'en était-il pour Maedge ? Si Ysolde ne la connaissait pas énormément, elle savait que la charmante Fawley aimait également voyager et la venue de cet enfant allait complètement chambouler ses plans. « M'oui, le boulot avant tout. Pourtant, il me semblait que chez les Barjow, vous étiez assez famille quand même. » fit-elle avec une petite moue moqueuse. Elle ajouta rapidement : « Tu sais que je ne suis pas là pour te juger Clyde mais je me mets facilement à la place de Maedge, ça n'a pas dû être facile pour elle non plus et peut-être qu'une nouvelle conversation s'impose entre vous. » elle enfourna sa fourchette sur laquelle étaient enroulées plusieurs pâtes et resta attentive aux réactions de Clyde. Celui-ci alternait les coups d’œil vers son verre de whisky et vers le visage presque poupin de sa cadette.

D'une traite, Clyde Barjow avala le reste de son verre et aussitôt, il reprit du whisky pur feu. Un silence qui n'était ni gênant ni lourd s'installa et Ysolde put facilement suivre le regard de son invité qui scrutait les lieux. Les murs pâles, peu de meubles, une décoration inexistante rien de bien agréable en soi, malgré tout, Ysolde se refusait à mettre des photos partout. Et la question tomba, naturellement, comme sortie de la bouche d'un enfant innocent cherchant à savoir. La blondinette hocha la tête avant de saisir son verre rempli d'alcool. « Au début, ma mère était locataire. Mais elle aimait tellement cet endroit qu'elle a économisé pendant... elle fit une pause pour chercher l'information exacte dans sa mémoire, les sourcils froncés. je dirais une quinzaine d'années, pour pouvoir l'acheter. Et pour pouvoir me le léguer ensuite. » Lorsque Clyde mentionna son père, ce si charmant personnage, Ysolde avala une goulée de whisky et ne put s'empêcher de grimacer devant l'amertume du liquide. Liquide qui glissa lentement le long de la gorge de la jeune femme, lui réchauffant l'intérieur du ventre. « On ne se parle pas. Je ne suis pas vraiment ce dont il est le plus fier. Et puis, comme c'est lui qui l'a... tuée, j'ai pas envie de le voir pour l'instant. » Ysolde garda le silence, les yeux fixés sur le bord de la table, les pensées assaillies par des souvenirs qu'elle aurait préféré voir disparaître. Mais au lieu de rester figée, le regard vide, un sourira étira ses lèvres et elle finit par poser les yeux sur Clyde. « Bonne tentative de détournement de conversation. Mais raté ! Tu sais que tu ne pourras pas ignorer Maedge éternellement ? Et puis, tu n'as pas envie de le voir, ce petit bout ? »
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La confiance et des paroles sages – voilà ce que Clyde trouvait en compagnie d'Ysolde. Elle avait ce pouvoir sur lui, une force qui parvenait à le tirer des pires situations seulement en lui adressant la parole. Elle ne le conseillait que très rarement, le poussant à prendre ses décisions seul. Ses paroles étaient faites de sucre et de miel, et tout était toujours très sous-entendu. Elle s'intéressait à lui, à sa vie, à cette existence qui semblait lui filer entre les doigts. Elle l'épaulait, lui offrait le couvert et une boisson réconfortante. Il n'était pas déçu d'être en sa compagnie et ce, même si une dinde farcie aux marrons située sur la table des Barjow l'appelait. Peu importait le temps qu'il prendrait en compagnie de Yaxley, ou devant la porte fermée de Maedge, il savait que tous les membres de sa famille – les Burke inclus dans le lot – allaient veiller pour l'attendre. Mais penser à cela lui pinçait le cœur face à la triste évidence face à laquelle Ysolde le forçait à se concentrer : son amie n'avait pas la chance de connaître cette osmose où les rires et les engueulades jalonnaient cette vie de famille. Sa mère était morte, et son père était un odieux personnage. Elle avançait seule, et personne ne pourrait la soutenir si elle tombait. C'était dur, triste. Il aurait volontiers pris la place de son géniteur mais, l'âge faisant office de barrière, il ne pouvait qu'être une présence éphémère à ses côtés. Ephémère car voyageuse ; Clyde avait toujours eu la bougeotte et cela n'allait certainement pas en s'arrangeant. Maedge était la preuve vivante qu'il pouvait facilement laisser tomber les choses qui lui importaient le plus pour assouvir ses désirs de grandes découvertes. Ysolde en était sûrement consciente et, si elle lui disait souvent qu'elle ne se permettait pas de le juger, Clyde savait que ses pensées dénotaient en revanche une forte envie d'en savoir davantage. Et qui était-il pour lui refuser des informations supplémentaires ?

Son regard clair retomba sur son plat de pâtes. Au fur et à mesure des minutes, ses gestes se faisaient moins hâtifs. Malgré sa faim, un poids dérangeant lui comblait l'estomac et lui serrait la gorge. L'horreur de la situation lui sautait aux yeux. Soudain, il se demanda si Ysolde serait d'accord pour avaler une dose de polynectar et se rendre elle-même à l'hôpital pour cajoler le nouveau-né. Entrouvrant ses lèvres, il se ravisa au dernier moment. Pourtant, sa sœur aînée Alice – même si elle ne pourrait pas s'empêcher de glapir face aux idées de son cadet – était susceptible de lui fournir bon nombre de fioles de polynectar s'il plaidait sa cause avec panache. Mais non, Ysolde était trop juste pour se permettre une telle folie – de plus, il ne l'imaginait pas adopter ses gestes et ses mimiques suffisamment bien pour corrompre le regard acide de Maedge. Gardant cette idée malsaine dans un coin de sa tête, Clyde avala une bouchée d'ambroisie pour moldus et garda un silence pieux, jouant la carte de la gêne pour attendrir le cœur d'Ysolde. Il jouait de ses charmes avec brio et, tant qu'il n'ouvrait pas la bouche, il se savait dans ses bonnes grâces. Encore fallait-il pouvoir le garder, ce silence, car à la suite des paroles de la jeune femme, il se trouvait en mauvaise position. Un besoin crevant de se justifier le prit alors au ventre mais, comme pour étouffer cette envie, il se replongea automatiquement dans la contemplation de ce plat encore fumant dans lequel il tournait et retournait les dents de sa fourchette.

Placer le père Yaxley au sein de leur conversation n'avait sûrement pas été la plus brillante de ses idées. Toutefois Ysolde, qui semblait accepter gentiment la maladresse de son comparse, pointa simplement du doigt son détournement de conversation. Toutefois, un détail attira son attention – et s'il n'était pas mieux que le père d'Ysolde ? Après tout, en ne reconnaissant pas sa progéniture, il faisait d'Arthur un bâtard et mettait Maedge dans une position inconfortable. Mais valait-il mieux être un Barjow qu'un enfant illégitime ? Cette question aurait sûrement trouvé une réponse franche (et désagréable, forcément) chez Alice qui ne voyait dans sa famille qu'un large ramassis de fous dont la seule préoccupation était de gratter la terre. Un scandale pour cette femme qui fréquentait assidûment les lieux les plus fréquentés où l'Elite sorcière posait brièvement ses bagages. Mystérieusement, Ysolde lui rappelait Alice – en plus supportable pour ses nerfs – avec ses grands yeux, sa bouche en cœur et ses boucles blondes. La différenciation se faisait au niveau du caractère car là où Alice était l'acidité même, Ysolde n'était que tendresse. Esquissant finalement un fin sourire à l'adresse de sa compagne, Clyde reprit une bouchée de pâtes et, la bouche pleine, cela ne l'empêcha pas de répondre.

« Assez famille ? Sweetheart, je te signale qu'on est à la veille de Noël et que je suis en train de manger des pâtes avec toi, tandis que les Barjow et les Burke sont en train de s'empiffrer de dinde et que ces égoïstes ne m'en laisseront sûrement que les os. » Il avala sa bouchée en reconsidérant les faits qui l'avaient amené jusqu'ici, mais cela ne faisait aucun doute ; là où Maddox passait, les aliments trépassaient. Il reprit toutefois la parole, afin de ne laisser aucun malentendu ponctuer sa réponse qui aurait été sûrement perçue comme étant plutôt sèche pour des oreilles extérieures. Prenant des airs de martyr, il battit des cils « mais je ne regrette rien » Ses talents d'acteur étaient plutôt limités mais il gagnait quelques précieuses secondes de réflexion quant aux bonnes choses à faire avec Maedge. Ne pas agir était plutôt reposant, et cela lui permettait de s'éloigner d'un ouragan de reproches qui ne tarderait pas à le rafler au passage. Reposant sa fourchette sur la nappe, il pencha légèrement sa tête sur le côté, puisant son inspiration dans les traits fins du visage de son interlocutrice. « J'aurais plus vite fait de converser avec le mur. Maedge n'est pas spécialement apte à m'écouter en ce moment et je suppose que c'est compréhensible. » Ce n'était qu'un pieux mensonge, il ne méritait sûrement pas cette déferlante de réflexions méprisantes dont il était la victime. Il avait été franc, honnête. Il ne voulait pas être père. « Je pense que je vais avoir le temps d'y réfléchir et...peut-être que je devrais aller la voir. Demain. Ou dans la semaine. » J'ai le temps, se répétait-il inlassablement. Le temps. Pourtant c'était bien ce qui lui manquait. Le temps.

Puis, brusquement inquisiteur, il leva la main légèrement la main comme pour arrêter Ysolde dans ses réflexions. « Attends, attends... pas si vite. Maedge est un cas, ton père en est un autre. Alors dis-moi, franchement, n'as-tu pas envie de le tuer ? » L'envie de vengeance était un sentiment que Clyde n'avait jamais spécialement appréhendé et il n'en était pas mécontent. Qu'aurait-il fait si son père avait assassiné sa mère sous ses yeux ? Si, doté d'un don de guérison, il avait voulu la sauver ? « Ou de le foutre dans ta cave et lui donner à manger des os de gobelin pour le restant de ses jours ? J'en sais rien moi, tout ce qui pourrait te faire plaisir. » Doucement, ses doigts effleurèrent le verre encore bien rempli. Il n'avait plus soif, et il n'avait pas envie d'être soûl pour échapper à la réalité qui se faisait trop pesante. Il aurait d'autres occasions, à des moments où les circonstances n'en seraient que plus appropriées. Pas maintenant, pas ici. Pas avec elle. Son bras retomba lourdement sur la table, abandonnant momentanément son envie de se rafraîchir.
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Clyde était fidèle à lui-même. Charmeur, un brin comédien, jouant avec différentes expressions pour faire passer un message. Ce n'était pas vraiment le côté dragueur qui avait marqué Ysolde mais bien le côté cool, sans prise de tête, qui n'était pas vraiment dans le caractère de la jeune femme. Et même le soir du réveillon, il tentait de passer pour décontracté alors qu'il était loin de tous ses proches. Loin de sa famille, loin de celle qu'il avait aimé, loin de son fils, nouveau-né. En le regardant, Ysolde se demanda à nouveau pourquoi était-il là, à cet instant. Il avait tant de monde autour de lui, prêt à l'épauler au besoin et pourtant, c'était chez elle qu'il était venu frapper. Peut-être parce qu'elle s'était effacée pour le laisser entrer sans en demander plus. Ou bien parce qu'elle avait vu, malgré le masque de décontraction que Clyde s'évertuait à garder, qu'il n'était pas vraiment bien. Elle savait également qu'il ne fallait pas le brusquer, la nature douce d'Ysolde semblait rassurer le chercheur de reliques. Elle n'allait pas le harceler, ni lui passer de savon pour avoir des réponses. Elle n'allait pas l'envoyer à coup de pied aux fesses à Sainte-Mangouste pour qu'il visite Maedge. C'était sans aucun doute la raison pour laquelle Barjow était venu chez elle, pour la tranquillité.

Le plat avait pris une saveur sableuse depuis que Clyde avait évoqué la famille d'Ysolde. Elle gardait un petit sourire discret, bienveillant dont elle avait le secret pour ne pas laisser paraître la nostalgie et les regrets qui l'avaient envahie. Clyde avait assez de problème et Ysolde n'avait sûrement pas envie de parler de ses propres démons. La mort d'Iphigénie était pourtant passée inaperçue dans le monde sorcier, surtout en ces temps de plus en plus noirs et pourtant, sa fille unique ne s'en remettait pas, capable de donner le change mais incapable d'avancer. Comme bloquée, dans cette allée sinistre depuis presque un an, face au corps inerte de sa mère. Clyde ne souhaitait surement pas remuer le couteau dans la plaie et pourtant, lorsqu'il évoqua sa grande famille qui devait être actuellement à table, Ysolde eut l'impression de se prendre une gifle en plein visage. Les Barjow, qui devaient avoir comme toutes les familles leur lot de problèmes, restaient néanmoins soudés et bienveillants les uns envers les autres. Même lorsque Clyde, le cadet, y fit allusion comme une bande d'égoïstes n'écoutant que leurs estomacs, il y avait une pointe de tendresse dans ses propos. Ils formaient une vraie famille et Ysolde ressenti une pointe de jalousie en imaginant cette famille réunie pour les fêtes de fin d'année.

Clyde continuait de manger son plat, sans remarquer qu'Ysolde, elle, était incapable d'avaler la moindre bouchée supplémentaire. Le voyant faire valser sa fourchette entre les spaghettis puis la porter à sa bouche, la jeune femme ne put s'empêcher de le prévenir. « Il y a des gâteaux en dessert. » Elle porta son verre de whisky à ses lèvres et l'amer liquide réchauffa son œsophage à chaque nouvelle gorgée. Aller voir Maedge, ça semblait être une bonne idée et Ysolde eut la sensation que voir son enfant pourrait avoir une bonne influence sur Clyde. Elle le fixa et vit aisément qu'il restait hésitant, plein de doutes. « Si tu veux, je peux t'y accompagner. Je pourrais t'attendre pendant que tu rencontres Maedge. » Elle but une nouvelle goulée d'alcool avant de le regarder en levant les sourcils, se donnant ainsi un air malicieux. « Et je ne fais pas ça parce que je t'aime bien, Barjow, mais bien parce que j'ai besoin d'aller à Sainte-Mangouste pour affaires ! » Elle aimait prendre un air faussement détaché et elle savait que la plupart du temps, elle ne dupait personne. L'idée tournoyait dans la tête de la jeune Yaxley depuis un moment et intégrer l'hôpital londonien se transformait peu à peu en une véritable ambition. Filius Flitwick, professeur à la tête de la maison serdaigle, lui avait conseillé de prendre contact avec des représentants de l'hôpital afin d'avoir une idée plus précise et de pouvoir montrer sa motivation à rejoindre les rangs des médicomages. Avant que Clyde ne pose la question, elle lui expliqua. « Je vais peut-être postuler là bas, après Poudlard. »

Jouant avec sa fourchette, l'étudiante fut perdue un instant dans ses pensées. Sainte-Mangouste, qu'en aurait pensé sa mère ? Elle n'était plus là pour donner son avis mais Ysolde avait le sentiment de bien faire, d'aller dans la bonne direction. Après tout, elle souhaitait aider, soigner les autres, ça semblait être une voie honorable. Elle espérait simplement être capable d'intégrer l'hôpital sorcier. Elle fut sortie de ses réflexions par la main autoritaire de Clyde qui se leva face à elle. Maedge n'avait strictement rien à voir avec le père Yaxley, la comparaison n'était pas envisageable une seule seconde. Est-ce qu'elle avait envie de le tuer ? Elle se gratta la joue un instant, réfléchissant à ce qu'elle pouvait bien ressentir par rapport à son paternel. Elle fit une moue boudeuse avant de répondre. « Je n'y ai jamais pensé. J'ai toujours préféré penser que c'était trop compliqué pour moi, que je ne pouvais pas comprendre pourquoi il avait fait ça. C'était plus simple. Mais je lui en veux tellement. » Elle marqua une pause et avala le reste de son whisky d'une traite. « Mais la personne à qui j'en veux le plus, c'est moi-même. J'aurais tellement dû réagir ou la sauver à temps au lieu de pleurer sur son corps ! » Elle se tut un instant, consciente qu'elle venait d'en dire plus qu'il ne fallait et consciente également qu'elle perdait son sang-froid. Elle ferma les yeux et les rouvrit quelques secondes après. « Enfin, ça ne sert à rien de remuer tout ça. Elle est partie maintenant. Mais je dois t'avouer que de savoir qu'il vit ne m'atteint pas. Pour moi, il n'existe tout simplement plus depuis longtemps. » Elle leva les yeux vers Clyde. « Tu penses que je devrais vouloir sa mort ? »
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The clouds hold a storm over this road, You're dreaming or at least you've got your eyes closed. And this dormant love you've built inside your stubborn ways Well its begging now, for air of the silent breath of change. As these waves crash against the highway cliffs, I'm so scared they'll flood me where i sit. Well the roads, they change to waterways They never carry home. You pull back and You angle towards the window, Now the rain is crashing down And oh my god, you're beautiful I'm so unsighted, still I pray you'll hold back your escape. ~ eyes closed.


Bien faire les choses, telle était l'obsession qui taraudait Clyde. Jamais il n'avait accordé d'importance aux dires de ceux qui l'entouraient et dont il n'avait finalement cure – contrairement à Maedge qui ne tarderait pas à devoir justifier la naissance de leur fils, et l'absence du père allait être un poids qu'elle aurait peut-être du mal à digérer. Il se sentait presque indifférent au sort de ce fils qu'il n'avait pas désiré et ce manque flagrant de sentiment l’écœura – n'était-il bon qu'à être seul et à se détourner de ceux qui comptaient sur lui ? Mais ce bébé, cet enfant en devenir, ne s'appuierait jamais sur lui en cas de besoin. A ses yeux, et cette certitude était née dès l'annonce de la grossesse, il ne serait rien de plus qu'un oncle attentif mais absent. Il jouerait avec lui, lui donnerait des saletés à manger dans le dos de sa mère et lui apprendrait d'éloquentes insultes ; les mêmes qu'il braillait avec Maddox lorsqu'il n'était encore qu'un gosse. Ne pas reconnaître Arthur était l'évidence même, se détournant de cette paternité qui l'effrayait plus que ne le captivait. En un sens, il comprenait le père d'Ysolde ; il comprenait tous ces lâches qui préféraient leur liberté à une vie bien rangée. Il était jeune, il avait d'autres choses à vivre que de simples entretiens avec un gosse en âge de babiller. Maedge, malgré la rancoeur qu'elle lui portait, serait une bonne mère. Lui,... lui n'était finalement bon qu'à chercher et à trouver des artefacts, les dénichant aux quatre coins de la planète. Car dans l'équation de sa vie, jamais Fawley n'avait eu une place prépondérante. Il n'y avait jamais eu que les Barjow et Burke. L'amour qu'il portait encore à Maedge était palpable mais la perspective de faire face à la réalité l'était davantage. La boutique, les reliques – tout était réel. Maedge et Arthur appartenaient encore à cette autre dimension qui tardait à apparaître.

Tandis que son plat de pâtes disparaissait peu à peu sous les coups de sa fourchette, Clyde ne remarqua pas qu'Ysolde semblait désormais incapable d'avaler la moindre bouchée supplémentaire. Sans y faire attention, et préférant éviter une conversation qui promettait d'être gênante – pour lui, le jeune homme continua à picorer les pâtes qui ornaient son assiette, se contentant de hocher la tête avec satisfaction lorsqu'Ysolde fit écho à des gâteaux qui leur serviraient de dessert. Il avait recouvert l'appétit, ancré dans l'idée que Maedge et Arthur se situaient quelque part – ailleurs qu'à l'hôpital, ailleurs que dans cette ville qu'il venait d'investir de nouveau. Dégustant ce qu'il mâchait, et remarquant enfin le malaise latent de sa comparse, il préféra ne pas reparler de cette dinde fumante qui l'attendait et dont il ne resterait donc plus que les os. Il oubliait souvent qu'Ysolde n'était pas aussi bien lotie que lui, vivant de cette solitude – mais n'avait-elle donc aucun oncle ? Pas le moindre cousin ? Ou des amis qu'elle pouvait considérer comme partie intégrante de sa famille disloquée ? Se plongeant volontiers dans un silence salvateur, le nez dans son assiette, Clyde releva la tête lorsque la proposition d'Ysolde le percuta. Il n'avait jamais douté de l'amitié de sa vis-à-vis et, alors qu'il tendait à se jeter à son cou afin de lui exprimer toute sa gratitude, elle le coupa dans son élan afin de lui faire remarquer qu'elle avait besoin d'aller à Sainte-Mangouste pour affaires.

Avec peine, il avala sa bouchée et, après avoir rapidement terminé les quelques spaghettis qui restaient dans le fond de son assiette, il jeta un coup d’œil envieux à la casserole. Au lieu de se resservir, il se tassa davantage sur sa chaise, saisissant son verre entre ses doigts agiles et porta le récipient transparent à sa bouche. En avalant une courte gorgée, il savoura cette chaleur qui lui incendiait les organes. Cette soirée était simple, mais délicieuse. D'un mouvement du menton, il désigna l'assiette d'Ysolde « T'as à peine touché à tes pâtes – t'as plus faim ? » l’inquiétude transperçait cette question innocente. Finalement, il haussa les épaules, essayant de ne pas trop en faire alors que son cœur tambourinait contre sa poitrine – il n'était pas seul. Il ne l'avait jamais été. « Alors si tu dois absolument aller à Sainte-Mangouste pour 'affaires', je suppose que tu pourras m'attendre pendant...mon entretien avec Maedge. » Il roula des yeux ronds. « J'ai hâte. » L'ironie gonflait ses mots, mais il était incapable de faire autrement. La simple idée de se retrouver en tête-à-tête avec Maedge, et de voir son fils non loin d'eux, lui donnait un haut-le-cœur. Rien n'était acquis et tout restait encore à découvrir. Bientôt, il ferait face à une réalité qui le dépassait et à laquelle il ne souhaitait pas forcément adhérer. « Alors comme ça, tu veux postuler à Sainte-Mangouste ? Remarque, avec ton don, ça ne m'étonne pas. » Ses lèvres s'étirèrent en un demi-sourire entendu, tandis que ses prunelles continuaient à fixer le liquide ambré qu'il tardait à avaler.

Parler à Ysolde de son père n'était pas chose facile. Mais il l'écoutait, préférant ne pas intervenir tandis qu'elle lui clamait clairement ce qu'elle avait sur le cœur. Ne touchant plus à son assiette vide, ses prunelles se baissèrent de nouveau vers son verre, faisant tourner et retourner l'alcool contre les parois de son verre, se perdant dans la contemplation de ce qu'il provoquait. Sans plus de cérémonie, il en avala une nouvelle gorgée et la savoura brièvement. Ysolde se rejetait la faute, courbant l'échine sous le poids de sa propre culpabilité. Cela le fit instantanément réagir « Ne dis pas n'importe quoi » les sourcils froncés, il marqua une pause et préféra réfléchir avant d'émettre la moindre remarque qui aurait pu être prise de travers. Gardant un silence pieux, il reprit la parole après quelques secondes de latence « Désirer sa mort... peut-être. Mais non, ce n'est pas ton genre de vouloir le malheur des autres et ce, même s'il s'agit de ton père. » Même s'il s'agit de celui qui a tué ta mère, voulut-il rajouter. « Bien franchement, je n'en sais rien. Je comprends que tu lui en veuilles mais que tu n'aies pas envie de le tuer, mais je n'aurais pas été étonné si tu m'avais dit vouloir sa mort. C'est une question de caractère, j'suppose : je ne saurais pas de quelle manière réagir à ta place, alors que d'autres seraient sûrement animés par le désir de se venger. Ce n'est juste pas ton cas. » Et peut-être que tu le regretteras. Clyde le pensait ; mais farouche, il n'en dit rien.
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« T'as à peine touché à tes pâtes, t'as plus faim ? » cette remarque ramena Ysolde sur terre. Elle n'avait pas beaucoup d'appétit, la nostalgie de passer les fêtes de Noël seule avait formé une boule dans son estomac et son plat semblait n'avoir aucun goût. Les spaghettis avaient du mal à passer tant la gorge de la jeune femme était serrée. Elle se contenta de secouer la tête. Cette fête de Noël s'avérait bien plus pénible qu'elle ne l'avait imaginé, remplie de souvenirs à la fois joyeux mais en même temps porteurs de tant de peine. « Désolée, je suis un peu ailleurs. Tu en veux ? » elle accompagna sa question d'un geste en direction du plat encore bien rempli. Heureusement pour elle, Clyde avait changé de sujet, abordant la question de Sainte-Mangouste. La remarque de Barjow mit un peu de baume au cœur de l'étudiante qui décida de se focaliser uniquement sur les bonnes choses de la vie, les bons côtés et rien que cela. Sainte-Mangouste représentait une opportunité unique pour Ysolde, une chance qu'elle se refusait de laisser échapper. Elle avait déjà commencé à mettre les chances de son côté, n'hésitant pas à contacter le prestigieux hôpital alors qu'elle était encore étudiante à Poudlard. Ambitieux et pourtant, ce comportement avait porté ses fruits puisqu'elle avait obtenu une entrevue avec l'un des responsable de Sainte-Mangouste et plus particulièrement du troisième étage, dédié aux empoisonnements. Ysolde en était excitée, passionnée par les potions depuis son entrée à l'école de sorcellerie, elle savait que cet étage lui conviendrait. Ces derniers temps, elle s'était appliquée en cours de botanique, sachant que les plantes médicinales pouvaient être d'une grande utilité pour le soin des empoisonnés.

Ysolde fit un aller-retour vers la cuisine, les mains chargés de vaisselle sale et donc inutilisable. « Je dois t'avouer que je suis assez fière. » déclara-t-elle en revenant vers son invité, cette fois-ci les mains pleines des plats de gâteaux. « Je n'avais jamais imaginé pouvoir entrer à Sainte-Mangouste, du moins certainement pas avant d'avoir quitté Poudlard et là... » Elle posa ses yeux verts sur Clyde, le regard allumé par une légère étincelle d'espoir, celui de pouvoir finalement trouver une place dans ce monde. De pouvoir continuer à vivre et à se rendre utile pour les autres. « J'ai la sensation que je pourrais être à ma place, là-bas. » d'un geste machinal elle passa une mèche de cheveux blond comme les blés derrière son oreille. Puis elle proposa le plat de gâteaux à son camarade d'infortune. « Sers-toi surtout. » La simplicité avait très vite été de rigueur entre Ysolde et Clyde, la jeune étudiante se sentait en confiance et parvenait à se livrer facilement. Elle osait espérer que la réciproque était vraie, elle était également capable d'écouter. Elle remplit son verre de whisky avant d'en proposer au sorcier assis en face d'elle. Si la conversation avait toujours été facile avec Clyde, Ysolde n'était toutefois jamais très à l'aise lorsque les sujets devenaient trop personnels. C'était bien la première fois qu'elle s'épanchait ainsi sur ses parents, auprès de quiconque. Le sujet du paternel Yaxley était une corde sensible et pourtant, Ysolde s'était laissée entrainer sur ce terrain, jusqu'à en parler presque librement.

Elle n'avait jamais souhaité la mort de personne. Pourtant, Merlin savait qu'elle avait été confrontée à des personnes mal intentionnées, quasiment mauvaises même. C'était le cas de Draco Malfoy par exemple ou de Pansy Parkinson. Et jamais Ysolde n'avait haït au point de vouloir voir ces personnes mortes. C'était différent avec Octavius Yaxley, celui qui lui avait légué son nom. Si Ysolde savait parfaitement qu'elle n'était pas désirée, elle savait aussi qu'à plusieurs reprises, son père aurait pu la faire disparaitre discrètement et personne n'aurait jamais cherché à retrouver la bâtarde du clan Yaxley. Mais il ne l'avait pas fait et Ysolde s'évertuait à penser que peut-être son mangemort de père éprouvait une certaine affection pour elle. Sa fille unique, la seule qu'il avait malgré tout accepté de reconnaître. Les rares fois où elle l'avait croisé, la jeune femme avait cru percevoir une once d'amour paternel chez le partisan de Voldemort et le simple espoir de recevoir un jour l'amour de son père suffisait à Ysolde pour ne pas haïr cet homme.

Une question de caractère, c'était ça l'explication de Clyde. Et il n'avait pas tord, d'une certaine manière, Ysolde était foncièrement tournée vers le bien, vers la vie. C'était l'essence de son être, n'était-elle pas faite pour sauver ? C'est du moins ce qu'elle pensait, elle en était convaincue jusqu'au plus profond de son âme. « Tu as raison, je ne suis pas comme ça. » le ton employé par Clyde s'était voulu égal et pourtant, Ysolde n'avait pas pu s'empêcher d'y trouver une pointe de désapprobation. Malgré tout, elle ne pouvait pas aller contre son caractère, elle était faite de bonté et ce qui n'était pas toujours dans son intérêt. Elle se savait incapable de faire du mal, même au pire des êtres sur terre. « J'imagine qu'un jour, ça me perdra. » un sourire mi-amusé, mi-triste se dessina sur son visage tandis qu'elle saisissait distraitement un biscuit.

Ysolde prit une gorgée de whisky entre temps puis commença à s'avachir lentement sur son siège, l'esprit légèrement embrumé par les effluves de l'alcool. « Ne le prend surtout pas mal, d'accord ? Je suis très heureuse de t'avoir avec moi ce soir mais je ne peux pas m'empêcher de me demander : pourquoi es-tu là ? Enfin, pourquoi chez moi ? Tu as une grande famille et de nombreux amis, alors je me demande. » elle ne souhaitait absolument pas vexer Clyde mais elle ne s'était pas attendu à le voir devant sa porte en ce soir festif et il l'avait dit lui-même : une tablée entière de proches dinait à présent chez lui. Un seul membre était aux abonnés absents et Ysolde se sentit un instant coupable d'avoir privé son ami d'une soirée en famille. Elle réalisa que c'était tout à fait stupide puisque c'était Clyde lui-même qui s'était présenté chez elle. « Quoiqu'il en soit, je suis contente que tu en ais décidé ainsi, tu as éveillé mon réveillon ! » et pourtant, elle ne put s'empêcher de penser à Maedge en ce soir de Noël, seule avec son fils et la boule de culpabilité fit à nouveau son apparition au creux du ventre de la blonde.
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