Un traitre c’est une personne à qui je peux casser la gueule sans avoir à rendre de compte à personne, pas même à ma conscience vacillante depuis cette foutue putain de pleine lune. Le loup demandait sa dose de sang, de souffrance, de violence et je la lui offrais comme jamais je ne l’avais fait depuis que ces cicatrices lézardaient mon visage. Mes phalanges étaient à vifs tant elles avaient frappés des troncs d’arbre à défaut de chaire fraiche, mes yeux rougis par le manque évident de sommeil je n’avais rien du Bill “habituel” que beaucoup connaissaient et cela m’importait peu. Je ne regrettais qu’une chose, l’inquiétude que je pouvais lire que le visage de ma femme et dont je savais être l’unique responsable. Fleur savait, elle partageait depuis toujours mes joies et mes peines, plus encore aujourd’hui qu’hier malheureusement. Là, en dehors de Poudlard, déposé par Twiddle j’attendais de pied ferme celui ou celle qui partagerait cette mission. Mes doigts craquaient rapidement suivi par ma nuque, je laissais moins de 10 secondes à mon allié pour arriver, sans quoi je partirais seul. Un bruissement à peine audible mais une odeur que je connaissais par coeur. Je ne me retournais même pas, inutile. Ravi que ce sois toi. Vince... Vince ne l’arrêterait pas, Vince comprendrait. Il se terre, quelque part dans un coin. J’ai envie de chasser. Je savais pertinemment que j’allais attisé sa curiosité, mon amie aimait la chasse et ce soir j’avais l’envie, non le besoin, d’être un féroce prédateur. Aucun renseignement n’a filtré sur le nombre de personne avec lui. Et aussi atroce que cela puisse paraître j’espérais qu’il n’était pas seul, que ma soif de violence serait étanché ce soir, si c’était possible. L’image de Ginny me revenait sans cesse, ce petit être que ma mère m’avait déposé dans les bras en me murmurant qu’elle serait la dernière, mon unique petite soeur, j’étais le premier elle était la dernière mais aujourd’hui quelque chose c’était rompu, brisé net tant dans mon coeur que dans mon esprit. Je refoulais ces émotions alors que ma baguette roulait entre mes doigts. Prête?  

Bill & Vincianne

...

(music) ●●● Les ordres étaient clairs. Il devait mourir, il n'y avait que ce destin pour ceux qui trahissaient la Couronne - et peu importait si l'espion croyait s'abriter derrière une naturalisation anglaise. On n'abandonnait pas la France si aisément. Alors, il allait mourir. La seule véritable question était comment. Comment le tuer, comment faire en sorte que Bill l'accepte. Les plans s'échaffaudaient déjà dans sa tête, visant à garder l'amitié de Bill, à la fois utile et chérie, tout en remplissant son devoir. « Ravi que ce soit toi. » Annonça-t-il lorsqu'elle arriva, craquant l'espace à côté de lui. Un hochement de la tête lui répondit, moitié de vérité et demi-mensonge. Elle était contente que ce soit Bill, à la faveur de leur amitié et de son efficacité coutumière - avant l'Angleterre, elle n'avait que peu travaillé en duo et n'avait pas vraiment pu apprécier le confort d'avoir un partenaire de confiance. Bill et Davius lui avaient appris que la chose était agréable. Pourtant, elle aurait sans douté préféré traîner quelqu'un d'autre dans son sillage, une personne plus manipulable, plus influençable - elle n'était que trop familière de ces principes défendus par Bill, même pendant cette guerre. « Il se terre, quelque part dans un coin. J’ai envie de chasser. » Oh ? Les iris bleus scrutèrent le visage de Bill, s'accrochèrent à son regard, scrutant le carmin de la fatigue ... et d'une envie de sang ? L'idée étira un sourire satisfait sur ses lèvres ;  les instincts s'éveillèrent, féroces, dans son ventre. « Aucun renseignement n’a filtré sur le nombre de personne avec lui. » Vincianne haussa les épaules, indifférente à l'affaire. Elle les connaissait bien, ces infiltrations à mille inconnues dans l'équation. Elle avait les résolvait toujours. « Prête ? » Le sourire se fit carnassier, le blond se cendra, la silhouette s'allongea alors que les traits s'effaçaient et apparaissaient pour former un nouveau portrait entre Vincianne et une inconnue. « Puis-je compter sur toi pour être prudent ? commença-t-elle en s'enfonçant la première dans Daeva, baguette déjà au bout des doigts, avide de jouer sa partition - puis, soudainement, elle s'arrêta jeter un regard par-dessus son épaule à Bill et préciser ce que le mot prudence cachait chez elle : Il faudra tuer tous ceux qu'on croise pour s'assurer qu'ils ne réveillent pas tout le camp. » Et son regard semblait attendre le moindre tressaillement de doute ou de remords sur le visage de Bill. « Tu as un souci avec ça ? » Elle avait besoin d'être certaine.

Mes yeux se ferment quelques secondes, mon nez se fronce en humant cet air encore pétri de l’odeur âcre des fumées sanglantes de la destruction des camps d’insurgés, de tous ces morts. Je n’ai aucun besoin d’autre prétexte pour tuer ce soir, pourtant je m’en donne pour cette conscience qui m’a déjà bien trop couté. Juste une bonne raison, une toute petite pour expliquer que j’ai l’envie de serrer entre mes mains le cou d’un homme et de voir la vie disparaitre de son regard. Je laisse les sens du loup prendre le contrôle, je laisse ma vie au creux de ses pattes. Je ne retiendrais pas les coups, je ne retiendrais plus le loup. Mon regard croise celui de mon alliée et amie, son sourire, ses dents blanches, elle ferait une louve parfaite, je me rends compte de l’absurdité de la situation quand mon regard se pose trop intensément sur sa jugulaire qui palpite régulièrement. Je n’ai jamais autant laissé mes instincts agir sans filtre. Je lâche un rire et secoue légèrement la tête de droite à gauche. Non, ce soir la prudence n’est pas de mise, du moins pas comme je l’entends d’habitude. C’est même dérangeant de laisser un sourire ourler mes lèvres avant de lui répondre. Aucun soucis avec ça. Elle peut être rassuré sur ce point-là, le traitre ne verra pas d’autre soleil levant. Nous nous enfonçons dans la forêt, le chemin est presque balisé. Il suffit d’écouter l’appel du sang. Les feuilles craquent sous mes pas, mes sens sont en éveil et je n’esquisse pas le moindre mouvement de surprise lorsque l’effluve particulière d’un centaure me parvient. Un centaure… Déjà les bruits de sabots nous parviennent, son allure est rapide, il semble pressé, ça n’est jamais bon signe. Ma main gauche se pose en barrière devant Vincianne pour qu’elle se s’arrête et une flèche nous passe juste sous le nez. Une première fléche pour nous prévenir de sa présence, une première flèche pour nous prévenir que la seconde ne manquera pas sa cible. Baguette en main mon regard se tourne vers la créature. Nous ne sommes pas là pour détruire votre habitat ou tuer l’un des vôtres. Mais l’arc est tendu, la flèche prête à partir si l’un de nous esquisse le moindre mouvement.

Bill & Vincianne

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(your heart is as black as night) ●●● Si elle avait lu, si elle avait su, elle aurait sans doute ri aussi des drôles d'idées de Bill - parce qu'au final, elle n'était qu'une chienne en fourrure de louve. Vincianne, la bonne, la vraie, était une sauvagerie en cage, un chaos sous contrôle. Et elle aimait son collier, sa laisse trop longue, les rails pour diriger tout cet instinct de prédation dans la bonne direction. Elle s'aimait mieux limier du Roi que louve solitaire, en galère. « Aucun soucis avec ça. » Parfait, et elle n'ajouta rien de plus, ne demanda pas plus en s'enfonçant dans les bois et les ombres de la nuit. Pas besoin, elle voyait la sincère colère, le véritable besoin de violence au creux des yeux - et elle savait, elle les connaissait bien ces vieilles amies prédatrices, elle les reconnaissait même dans le noir.

« Un centaure… » Un soupir, lourd d'un agacement profond, s'échappa alors qu'elle se stoppait net au geste de Bill. Vincianne n'avait jamais trop aimé les centaures, créatures trop hautaines aux mots volontairement obscurs et dédaigneux. Vincianne n'avait jamais aimé ce qui la prenait de haut, de toute façon, et les iris brillèrent d'un défi évident quand la flèche lui passa sous le nez, les muscles se tendirent près à bondir. Oeil pour oeil, dent pour dent - n'attaque que si tu es prête à mourir. Elle avait l'enseignement de son père gravé dans les os, codé dans ses nerfs et ses réflexes. « Nous ne sommes pas là pour détruire votre habitat ou tuer l’un des vôtres. » Annonça pourtant Bill en faisant face au centaure qui s'approcha et qu'elle darda d'un regard mauvais. « Vous empiétez sur nos terres. » Vincianne laissa échapper un reniflement moqueur, s'attirant le regard méprisant du quadripède. « Nous avons manqué le panneau. » La langue claqua, impérieuse, quand elle annonça plus sérieuse : « La forêt appartient à la Magie ; nous sommes sorciers, nous avons autant le droit que vous d'aller et venir. » Une menace s'entrelaçait à ses mots. Vincianne n'aimait ni qu'on la prenne de haut, ni qu'on la menace ; c'était fait avéré.