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sujet; IT'S NOT YOU, IT'S ME - IMOLAIDE (avril 1995)

WIZARD • always the first casuality
Adelaïde Rookwood
Adelaïde Rookwood
‹ inscription : 29/08/2016
‹ messages : 219
‹ crédits : Myself + Paroles sign Lomepal - Enter the Void
‹ dialogues : #cc9999
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‹ liens utiles :
‹ âge : 24
‹ occupation : Anciennement chargée du Remplacement des Elfes de Maison.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1991 et 1998.
‹ baguette : est en chêne rouge, ventricule de dragon, 26 centimètres, légèrement rigide.
‹ gallions (ʛ) : 3181
‹ réputation : je suis une garce de l'élite qui a trop profité de son statut pendant la guerre ; que je suis la nièce et l'unique parente proche de l'un des anciens Mangemorts les plus recherchés, Augustus Rookwood.
‹ faits : j'étais une enfant froide et renfermée, qui s'occupait seule de sa mère mentalement dérangée, avant d'être placée sous la tutelle de mon oncle, à la mort de cette dernière. Après avoir joui de la vie pendant des années, profitant du compte en banque d'Augustus et de ma situation de privilégiée, j'ai aujourd'hui tout perdu suite à la destruction d'Herpo Creek et à la chute du gouvernement.
‹ résidence : dans l'appartement d'Abel Burke, assignée à résidence par le nouveau gouvernement, en attendant de m'interroger sur la fuite de mon oncle.
‹ patronus : un gros chat sauvage
‹ épouvantard : ma folle de mère me couvrant de baisers et de honte devant tous mes amis d'enfance.
‹ risèd : une petite fille dans mes bras.
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Tu as terriblement froid. Tu grelottes littéralement, cherchant à ramener la couverture sur tes épaules, mais ne trouvant pas la force de bouger. Bordel, pourquoi fait-il si froid ? Vous êtes déjà en avril, le beau temps est censé pointer le bout de son nez. Et, à ta connaissance, l’ensemble du château est chauffé magiquement. Tu n’as jamais eu à te plaindre. Mais, aujourd’hui, dans ce petit lit miteux aux ressorts qui te rentrent dans le dos, tu ne ressens plus ton corps, si ce n’est ce terrible froid. Alors, tu l’aperçois, la petite fenêtre ouverte dans l’angle de la pièce. Tu râles et tournes la tête dans tous les sens, seule articulation que tu te sens capable de bouger sans serrer les dents. Il n’y a personne. « MISS POMFRESH ? » Même si elle est dans les parages, elle fera sûrement mine de ne pas t’entendre. Non pas qu’elle soit une mauvaise infirmière, au contraire, mais bien parce que tu es une mauvaise patiente. Elle ne peut plus te voir, la pauvre femme. Si elle a eu, un temps, de la compassion pour toi, elle soupire désormais dès que l’on te porte à l’infirmerie, et désigne un lit où te déposer, sans même t’adresser la parole. Les seules fois où elle te parle, c’est pour t’engueuler, te faire boire ta potion, et t’engueuler encore. Selon toi, tu lui as fait trop de mal, à l’envoyer bouler comme la petite ingrate que tu es. Selon toi, vous auriez pu avoir une bonne relation, mais tu n’en as pas voulu. Parfois, tu regrettes, et souvent, ça t’est complètement égal. Qu’elle aille se faire foutre, cette bonne femme qui s’acharne à te maintenir en vie. Qu’elle se fasse dévorer par un dragon, qu’elle se prenne la colère du saule cogneur, qu’un troll lui arrache la tête. Qu’elle crève, si elle ne ferme pas cette fenêtre.

Tu gémis faiblement en essayant de tirer la couverture, puis abandonnes, tant la douleur t’est insupportable. C’est presque malgré toi qu’une larme roule sur ta joue pâle. Tout ton corps te semble anesthésié et si douloureux à la fois. Jamais tu n’as connu pareille souffrance physique, et tu grimaces lorsque tu tentes de bouger ton pied droit pour le remettre au chaud sous la couette. Ta seule compagnie est le tic-tac de l’horloge, que tu fixes inlassablement, tout bonnement pour avoir quelque chose à faire. 18h30. Dans une heure, Miss Pomfresh viendra te faire boire cette potion infecte que tu dois ingurgiter six fois par jour. Six. Putain. De fois. Tu ne sais pas ce qui te dégoûte le plus entre l’odeur, le goût, la texture ou la couleur. Quand est-ce que les médicomages inventeront des potions à la fraise et aussi liquides que l’eau ? Vivement le XXIème siècle.

Et alors que tu bous intérieurement, tu revois toute la scène au ralenti. Le vent frais du mois d’avril te caressant le visage, ce sourire sur les lèvres, la certitude que tu vas t’envoler pour de bon, ton élan, puis le saut, et enfin la chute. Tu as volé, tu t’en rappelles, et tu te sentais terriblement bien dans cet instant où tu ne touchais plus terre. Et puis, plus rien. Tu avais enfin réussi à t’arracher de cette existence qui te fait tant souffrir. Sauf que non. Pas du tout. Encore. Pour la cinquième fois, tu t’es réveillée dans cette infirmerie gelée, seule avec ta douleur qui te fit tourner de l’œil dès que tu repris conscience. Tu n’as pas voulu savoir le nombre de fractures, tu t’en fous, c’est le résultat qui compte. Tu as échoué une nouvelle fois, et cela te laisse dans l’incompréhension. La défenestration te semblait la méthode adéquate pour t’ôter la vie, puisqu’elle imitait celle de tes grands-parents maternels qui se suicidèrent ainsi. Peut-être aurais-tu simplement dû sauter de la même fenêtre qu’eux, celle du séjour du manoir familial. Mais tu ne veux souffrir et mourir près de ta mère, tu ne peux lui infliger cela, mieux vaut qu’elle l’apprenne par courrier qu’en découvrant ton corps gisant dans une marre de sang. Elle ne s’en remettrait jamais, et tu ne pourrais te le pardonner. Ainsi, tu as aussi supplié Miss Pomfresh de te soigner ici, et de ne pas t’envoyer à Sainte-Mangouste. Laeticia pourrait te rendre visite, si elle trouve la force de sortir du manoir, et c’est absolument hors de question que, tout d’abord, elle observe sa fille les os brisés et la douleur sur le visage. Ensuite, cela rendrait les choses bien plus insupportables pour toi. A la simple pensée de sa voix, de ses intonations contaminées par la folie, de ses discours incohérents, les larmes te montent aux yeux. Non, tu ne peux pas, tu ne peux pas. « Est-ce que quelqu’un peut fermer cette fucking fenêtre, for fuck sake ! »
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Étalée sur la grande table de la bibliothèque, Imogene tourne les pages du livre des « Monstruosités les plus macabres » en pensant distraitement que s'il y a bien une créature non répertoriée dedans, c'est le professeur Flitwick, à cause duquel sa liste de devoirs dépasse le parchemin habituel. Quelle plaie.
Elle soupire en posant sa tête sur le bouquin. Si Adélaïde était là, ce serait plus supportable. Tout est toujours plus supportable quand Adélaïde est là. C'est la seule qui ne fait pas de remarques sur ses monstrueuses manies de tout ranger parfaitement, de faire en sorte que tout soit symétrique, de recommencer un parchemin s'il y a une tâche d'encre de travers.
Imogene ferme les yeux en savourant les bribes de silence qui l'entourent. La bibliothèque a toujours été son refuge, et pas seulement pour les livres. Le silence d'abord, grâce à Madame Pince qui veille au grain. Il y a aussi l'odeur réconfortante des vieux parchemins et des grimoires poussiéreux tirés de leur sommeil par des élèves curieux. Mais surtout, l'ordre. Elle se laisse bercer par les bruits de pas pressés, les pages tournées à la hâte et les chuchotements complices.
En parlant de chuchotements complices, deux élèves s'en donnent à cœur joie. Et quand le nom d'Adélaïde est lâché un peu trop fort, Imogene lève soudain la tête en tendant l'oreille. Quand on ne voit pas Adélaïde, on parle d'elle. Que s'est-il encore passé ?
Elle pose le livre sur la table pour cacher son visage en faisant son possible pour capter des morceaux de phrases.

« … par la fenêtre... »
« … Si, si , je t'assure... »
« … C'est pas la cinquième fois ?... »


Imogene s'immobilise.

« … encore une tentative de suicide... »


Imogene lâche le livre qui s'écrase bruyamment sur la table. Mme Pince s'empresse de lui mimer le silence. Elle reste immobile une seconde, une minute, elle ne saurait le dire, à regarder la table, le cœur battant. Puis elle se rappelle qu'Adélaïde est son amie. Elle se lève d'un bond en poussant le livre par terre. Elle traverse la bibliothèque en courant de toutes ses forces et passe devant une Mme Pince indignée, mais elle n'a pas le temps de s'excuser. C'est trop important.
Pourquoi, Adélaïde ? Pourquoi ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi je n'ai rien fait ? Si seulement elle avait su... Si seulement elle avait su... Est-ce qu'elle aurait pu lui faire changer d'avis ? Est-ce qu'elle aurait pu l'en empêcher ?
Les couloirs lui paraissent plus longs que d'habitude, les élèves plus nombreux. Elle dévale les marches en maudissant ces foutus escaliers qui n'en font qu'à leur tête. A bout de souffle, elle arrive au troisième étage en bousculant ceux sur son passage.
Elle s'en veut terriblement. Elle n'était pas là. Elle aurait dû être là. Elle ravale les larmes qui lui piquent les yeux.

Devant l'infirmerie, elle s'accroupit quelques instants à cause d'un point de côté. Maintenant qu'elle est là, elle a un peu peur d'entrer. Et si Adélaïde ne voulait pas la voir ? C'est vrai qu'elle s'est donnée le droit de venir alors que peut-être elle attendait quelqu'un d'autre... Imogene reste plantée devant la porte en essayant de rassembler des morceaux de courage.
C'est en entendant les pas pressés de cette vieille bique de Pomfresh qu'elle se décide enfin à passer la porte. Son cœur bat à tout allure. Elle marche le plus silencieusement possible, comme si elle était une intruse, comme si elle n'avait rien à faire là. Elle passe devant les lits vides, s'attendant à chaque fois à y voir une Adélaïde prostrée comme un légume.
Quelqu'un gémit. C'est elle. Imogene soupire de soulagement. Elle est là et c'est toujours Adélaïde. Une Adélaïde mal en point, qui grelotte et gémit de douleur, mais toujours vivante. Et qui a vite retrouvé ses esprits on dirait.

« Est-ce que quelqu’un peut fermer cette fucking fenêtre, for fuck sake ! »

Imogene s'exécute. Elle ferme la fenêtre d'un coup de baguette et s'approche en tremblant pour lui remettre la couverture sur ses épaules. Elle s'assoit sur le tabouret près du lit et lui prend délicatement la main, comme à une poupée qu'on a peur de casser. Elle profite de ce rare contact pour se rassurer. Elle est vivante, elle est vivante, elle est vivante.
C'est tout ce qui compte.
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Adelaïde Rookwood
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‹ scolarité : 1991 et 1998.
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‹ réputation : je suis une garce de l'élite qui a trop profité de son statut pendant la guerre ; que je suis la nièce et l'unique parente proche de l'un des anciens Mangemorts les plus recherchés, Augustus Rookwood.
‹ faits : j'étais une enfant froide et renfermée, qui s'occupait seule de sa mère mentalement dérangée, avant d'être placée sous la tutelle de mon oncle, à la mort de cette dernière. Après avoir joui de la vie pendant des années, profitant du compte en banque d'Augustus et de ma situation de privilégiée, j'ai aujourd'hui tout perdu suite à la destruction d'Herpo Creek et à la chute du gouvernement.
‹ résidence : dans l'appartement d'Abel Burke, assignée à résidence par le nouveau gouvernement, en attendant de m'interroger sur la fuite de mon oncle.
‹ patronus : un gros chat sauvage
‹ épouvantard : ma folle de mère me couvrant de baisers et de honte devant tous mes amis d'enfance.
‹ risèd : une petite fille dans mes bras.
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Tu n’en as toujours eu que faire de ce que l’on pouvait bien penser de toi. Tu as d’autres préoccupations que l’avis des autres, c’est un fait. Depuis ton entré à Poudlard, tu n’as jamais cherché le contact de tes camarades, bien au contraire. Tu t’es vite enfermée dans tes études, trop désireuse d’absorber tout ce savoir pour oublier ta pauvre mère te suppliant de rester à ses côtés, t’accusant d’abandon, de trahison, pour finir par t’insulter de tous les noms, avant de fondre en larmes et en excuses. Les expériences vécues pendant ton enfance ont fait de toi une pierre lisse et froide, posée dans un coin de la pièce. On se demande ce qu’elle fout là, puis on l’oublie. Rien ne peut t’atteindre, et ce que tu as toujours considéré comme une force, tu le vis aujourd’hui comme un trou béant dans ta poitrine. Tu dois te rendre à l’évidence : tu es vide. Tu n’es pas grand chose, si ce n’est rien, tu n’es personne. Tu es l’un de ces fantômes qui se trainent du dortoir aux salles de cours, des salles de cours au dortoir, en passant occasionnellement par la salle de bain et la salle à manger.
Ainsi, quand rien commence à vouloir se donner la mort, cela fait jaser. Pas que tes camarades en aient quelque chose à foutre du rien, juste que cela sorte de l’ordinaire, car ils réalisent que rien existe. Les réactions sont nombreuses et sont toutes, à tes yeux, extrêmement désagréables. Il y a ceux qui sont en cours avec toi, et qui cherchent la moindre miette que tu as pu laisser sur ton passage pour la livrer aux autres – « elle avait l’air mal en ce moment, elle ne participait jamais », « elle m’a regardé mal une fois, ça s’voit que c’est pas une fille sympa –, alors qu’ils n’avaient jusque là jamais remarque ton existence. Il y a les Serdaigles avec qui tu partages ton dortoir, qui se font passer pour tes amies afin de récolter un peu de gloire sur ta situation morbide – « bah oui on parle souvent, je ne comprends pas pourquoi –, alors qu’elles ne prennent jamais le temps de te dire ne serait-ce que bonjour. Il y a ceux qui ne connaissent que ton nom, et qui spéculent complètement sur ta personne. Puis il y a ceux qui font partie de cette dernière catégorie, et qui se permettent de lâcher des horreurs à qui veut l’entendre – « elle veut juste attirer l’attention, c’est tout, et c’est ridicule ». Pas un pour aller au bout de l’attention qu’ils te portent et te rendre visite.

Et puis il y a Imogène.
Imogène est la seule personne dont la compagnie t’est agréable. Non, tu n’es pas honnête, Adélaïde. Imogène est ta seule amie. Elle est l’unique perle rare, parmi toutes les têtes blondes de Poudlard, pour qui tu ressens quelque chose. Tu as une forme d’affection pour elle qui s’est développée au fil des années, à coup de silences confortables et de discussions plus intéressantes que tu n’en as jamais eu. D’un an ton aînée, elle représente pour toi un havre où tu te sens bien, apaisée, l’unique personne que tu pourrais potentiellement vouloir voir dans tes moments de détresse. Et ce parce qu’Imogène et toi partagez une relation que tu juges parfaites. Contrairement aux filles de votre âge, vous ne ressentez pas le besoin d’être collée constamment. Vous avez chacune une certaine pudeur sociale que l’autre respecte entièrement, et qui est prise en compte naturellement dans chacun de vos échanges. Vous n’avez jamais à vous forcer à rester en la compagnie de l’autre, tout d’abord parce qu’elle ne vous est jamais désagréable, et ensuite parce que, si vous êtes lassées, vous pouvez disposer sans craindre de froisser l’autre. Car vous êtes de ces amies qui n’ont pas besoin de se voir tous les jours, qui n’ont pas besoin de se confier en permanence, et qui préfèrent discuter du contenu de leurs livres plutôt que de leurs états d’âme. On pourrait dire que vous êtes, en quelque sorte, des adolescentes un peu cassées, qui sont passés d’enfants à vieillardes sans transition. Et c’est magnifique, et c’est pour cela que tu aimes Imogène plus que n’importe qui à Poudlard.
Cependant, Imogène a une sensibilité que tu n’as pas. Elle n’est pas émotive, non, mais elle ressent, ce que tu es incapable de faire depuis quelques mois – depuis toujours ? Elle porte dans ses yeux la vie, alors que tu portes le vide, et là repose toute la différence entre vous, l’élément fondamental qui fait qu’Imogène ne pourra jamais comprendre pourquoi tu es au fond de ce putain de lit pour la cinquième fois.
Ton cœur s’accélère lorsque tu la vois franchir les portes de l’infirmerie, et tu détournes le regard lorsqu’elle pose le sien sur toi. Bénie soit-elle, elle ferme la fenêtre d’un coup de baguette, et tu soupires de soulagement – encore plus lorsqu’elle remonte la couverture sur tes épaules, et que tu sens la chaleur te gagner. Tu ne le sens pas, tout bonnement parce que l’intégralité de ton corps est anesthésié, mais tu la vois saisir ta main avec douceur et force à la fois. Alors tu oses enfin croiser son regard. Tu lis dans ses yeux autant d’inquiétude que de soulagement, et cela te serra la poitrine – car tu ne devrais pas être là, tu devrais être morte, tu devrais arrêter d’inquiéter ton amie pour de bon.

Et toi ? Tu ne sais que ressentir face à l’arrivée de ta seule amie. Tu as envie qu’elle reste près de toi, qu’elle te tienne la main pendant des heures, qu’elle te lise des livres d’Histoire, même qu’elle te lise les cours que tu as manqué. Tu as envie de la remercier d’être là, car si la solitude a été ton amie première, tu n’es pas sûre d’en avoir envie aujourd’hui. Mais quelque part en toi, se mêle à cette gratitude une forme de rejet, venant de la douleur physique et mentale que tu ressens. Tu es sale, tu es moche, tu es dans un état pitoyable, et tu ne veux pas qu’elle reste auprès d’une Adélaïde ressemblant de près ou de loin à cela. Tu as envie de l’envoyer se faire foutre, avec ses yeux pleins de pitié et d’amour pour toi. Tu ressens la même rancœur qu’envers Miss Pomfresh, qui veut te maintenir en vie. Tu es conne, tu as seize ans, et c’est un tourbillon indéfinissable qui souffle dans ta poitrine. « T’es venue au freak show ? Y’a pas grand chose à voir. Tu peux prendre une photo pour montrer aux autres et partir. » que tu lâches d’une voix faible et froide. Tu ne sais pas pourquoi tu dis cela, non, vraiment aucune idée, mais c’est tout ce qui te vient. Pas un merci, pas un désolé, pas un sourire pour la seule âme qui se soucie de ton sort. Je ne le pense pas Imogène, je t’en supplie, ne pars pas.
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Les gens sont étranges. Effrayants, parfois. Ils vous adorent puis vous délaissent en l'espace d'un instant. Tellement imprévisibles. Agaçants. Inutiles. Oui, décidément, les humains sont étranges. Imogene n'a jamais pu s'y faire. Elle s'était pourtant laissée faire.
Elle les avait laissé entrer et tout saccager à l'intérieur, encore et encore. Puis elle avait fermé la porte en maudissant les miracles. Parce qu'elle n'y avait jamais eu droit. Elle ne s'était pas rendu compte. Elle ne s'était pas rendue compte qu'Adélaïde était son miracle.

Elles s'étaient trouvées. Au milieu d'une foule d'autres qui ne la comprenait pas.

« C'est quoi cette manie de tout ranger tout le temps ? C'est bizarre. »

« C'est elle la fille bizarre de Serpentard ? »

« Elle est vraiment perturbée comme fille. »

« L'autre soir elle a commencé à hurler dans le dortoir... C'était tellement flippant, je m'en approche plus jamais. »

« Lui parle pas, elle a un sérieux problème. »


« Bonjour, je m'appelle Adélaïde. »

Elle s'était méfiée. Elle ne savait que trop bien ce qui se passait toujours à la fin. Sauf que cette fois tout a changé. Il n'y avait plus de faux semblants. Elle pouvait être elle-même. Elle pouvait s'en aller. Elle pouvait revenir. Elle n'était pas prise au piège. Et Adélaïde n'était pas un piège.
Elle s'est habituée à elle. A sa compagnie. Elle le sent au fond d'elle-même, si Adélaïde n'est plus là, elle mettra bien plus de temps à s'en remettre. Peut-être jamais.
Ça fait tellement peur de se laisser apprivoiser. On risque de souffrir un peu en cours de route. Mais jamais Imogene n'aurait cru qu'Adélaïde la ferait souffrir en se faisant du mal. Elle n'avait jamais été préparée à ce genre d'éventualité.

Elles ont parlé de tout. Sauf de ce qui importait le plus. Imogene était à mille lieux d'imaginer qu'elle recommencerait. Elle souriait, pourtant. Elle souriait. Alors pourquoi elle n'a rien vu ?
Elle lui avait promis. Elle avait promis qu'elle ne recommencerait plus. Oh, mais Adélaïde, c'est une promesse que tu devais te faire à toi-même, et pas aux autres. Et Imogene vient seulement de le comprendre. Pourquoi elle n'avait rien dit ?
Et maintenant elle se retrouve là, dans ce lit qui paraît beaucoup trop grand pour elle, les yeux agrandis par la peur. La peur ? Pourtant c'est moi qui ait eu peur, idiote.
Elle regarde sa main dans celle de son amie. Son amie. Son amie. Son amie qui est toujours vivante. Merci Merlin. Elles ont encore tant de choses à se dire. Elles ont un millier de choses à faire. Ce n'est pas encore fini.

« T’es venue au freak show ? Y’a pas grand chose à voir. Tu peux prendre une photo pour montrer aux autres et partir. »

Imogene tique. Ce n'est pas exactement ce qu'elle avait espéré entendre. En fait, elle espérait ne rien entendre du tout. Elle n'espérait surtout pas se retrouver là aujourd'hui.
Elle ne sait pas quoi répondre, alors elle ne répond pas tout de suite. Elle l'entoure de ses bras tout doucement, un bref instant. Un rare contact qui, elle l'espère, dépasse le poids des mots.

« Arrête, Adélaïde. Je suis là. Je ne vais pas partir. »

Adélaïde l'avait sauvée de la manière la plus douce qui soit. Et il était temps de lui rendre la pareille.
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