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72 BC • Banquet pour Pompée
Le soldat et sa vestale

Elle rit. Et ça lui change du rire de ses compagnons de tente, ‘était le moins qu’on puisse dire. « Oh Quintus… » Oh Quintus… Il se mord la lèvre inférieure en entendant sa voix si claire et innocente prononcer son nom ainsi. Il enfonce ses ongles dans sa paume, comme pour ignorer le crépitement qui lui brûlait la poitrine ou plutôt le ventre ou plutôt… « Rome, effectivement, craignait beaucoup pour son intégrité » Tu m’en diras tant. Quintus réajuste sa toge sur son épaule d’un geste mécanique (il n’était plus habitué à porter ce genre de vêtement, les cuirasses étaient presque moins lourdes que ce tissu enroulé sur lui-même et surtout une fois fixées elles ne se défaisaient pas) et conserve son sourire assuré. Il en connaissait une qu’il aimerait bien priver de son intégrité… Cette pensée lui fit étouffer un léger ricanement, il pouvait presqu’entendre la voix outrée de Manlius (« Une vestale, une vestale ! Et toi tu… tu… ça va te retomber dessus un jour. ») « mais en tant que Vestales nous avions foi en la force et la victoire de nos troupes. » « Que Jupiter, Mars et Vesta vous protègent. » ajoute-t-il, pieusement, comme pour écarter le mauvais œil de lui. Sa main blanche vient se poser contre sa poitrine, Quintus n’arrive pas à en détacher son regard. Encore une fois il vient glisser un doigt dans les plis de sa toge qui tombait autour de son cou pour que son cou soit moins oppressé. « Soyez assuré que nous n’avons jamais manqué de rassurer le peuple et ses inquiétudes infondées » Infondées, infondées… Quintus fait un effort pour ne pas laisser transparaître son doute… Peut être que Cornelia avait effectivement suffisamment de foi pour se penser en sécurité et bénie des dieux, mais le commun des mortels n’étaient pas taillé dans le même bois. Spartacus et ses imbéciles d’esclaves révoltés avaient fait beaucoup de dégâts. Dans l’armée romaine comme chez les civils. Mais il lui semblait indélicat de le lui rappeler. Il n’avait pas vraiment d’expérience avec les femmes de bonne famille (cela faisait trop longtemps qu’il avait quitté Rome) mais lui parler de massacre de citoyens romains ne lui semblait pas être approprié. Alors que parler de massacre d’esclaves ou de traîtres à la patrie, ça c’était parfait. « … et que nous dormions soulagées de vous savoir en route. » « Je suis absolument honoté et ravi de voir que nous avons pu apaiser votre sommeil. » Avait-elle vraiment pensé à lui la nuit ? En se couchant ? Est-ce que les Vestales dormaient dans cette longue robe blanche qui les couvrait du cou aux chevilles ? Ou bien au contraire revêtissaient-elles quelque chose de plus… léger ? Son esprit s’absenta un instant à imaginer Cornelia, ses longs cheveux bloncs détachés et libéré du voile, glissant sur des épaules blanches, à demi nue, couchée sur un lit, à peine recouverte par de fins draps en soie.
On crevait de chaud ici.

« Mais ne parlons pas de cela » Oui, évitons de parler de tes nuits, ma petite Corneliola. Ou quelqu’un va finir par remarquer que mes joues rougissent, même sans avoir bu de vin. « nous n’avons fait que notre devoir. » « Rome a de la chance d’avoir d’aussi ferventes servantes de Vesta. » Tant qu’on y était n’est-ce pas, Quintus avait appris qu’on n’en faisait jamais trop lorsqu’il s’agissait de complimenter les dieux et leurs serviteurs sur terre. Mais le rose allait bien aux jours de Cornelia, et c’était presque un défi pour lui de savoir trouver les mots qui feront monter le sang à sa tête. « Tes histoires, cependant, doivent être bien plus intéressantes ! » Évidemment, il avait fait autre que de simplement alimenter un feu et prier les dieux, lui. Il avait combattu, exploré des endroits inconnus, tué… « Tu me flattes, ô Cornelia. » « Tu m’en racontais beaucoup, à l’époque, non ? » « Tu étais la plus indulgente de tout Rome, à bien vouloir écouter mes petites aventures. » Qui étaient toutes, pour la plupart, montées de toutes pièces. C’était bien pour ça qu’il les avait racontées à Corneliola et à personne d’autre, parce que personne d’autre ne l’aurait cru.  « Et si cela te sied, ô noble Vestale, permet moi de t’en conter quelques unes que, je l’espère, tu trouveras à ton goût. » C’était son professeur de rhétorique (pas celui qui avait été décapité, un autre encore) qui aurait été fier de lui pour cette phrase.

Ils s’avancent tous les deux vers une des banquettes de libre et s’y installent. Ils avaient pris soin de ne pas se toucher : Quintus ne voulait pas qu’on se mette à hurler au scandale alors qu’il venait juste de rentrer, il avait son cousin pour ce genre de drôleries. Pourtant, alors qu’il lui racontait la campagne d’Hispanie en prenant soin de rayer certains moments peu glorieux pour en rajouter d’autres plus à son honneur il arrivait que dans la fièvre du conte sa main se déplace pour frôler la sienne. Elle se dérobait toujours. Et à chaque fois il regardait au fond de ses yeux, comme s’il pouvait y lire quelque chose, ce gêne qui transparaissait faiblement sur ses joues roses. Il lui arrive de parler des trois incapables qui lui servent de camarades dans l’armée, et son regard parfois se tournaient vers eux, qui depuis leur coin d’atrium, les regardait avec des rires. Enfin, Sextus et Lucius riaient, Manlius était plus proche de la bouderie. Il avait sans doute peur d’être remplacé. Il le réconforterait là-dessus cette nuit.
Quant à l’expression de Cornelia, elle avait l’air… distante. Alors que Quintus s’efforce de rendre son récit palpitant au possible, Homère à coté de lui n’était qu’un vil trublion. Il avait la sensation, lorsqu’il croisait ses yeux clairs, qu’il la touchait, mais son visage même s’il arborait les émotions appropriées au temps du récit, paraissait distant. Rajoutes-en une couche Quintus, sort tout ce que t’as. T’en es plus à quelques affabulations près de toute manière. Du sang, des larmes, de la peur et un peu de piété, c’était comme ça que les choses fonctionnaient. « Mon cheval : mort. Heureusement, il ne m’était pas tombé dessus, sinon je n’aurais pas survécu. Je me dégage des étriers, je dégaine mon glaive juste à temps avant qu’un ennemi ne tente de m’embrocher.  » Sa main mime le geste. « Je le repousse mais il a le dessus, et la chute m’a étourdi. Il vise la gorge – c’est ce qu’on nous apprend à l’armée. Et alors que je vois la lame briller, j’en appelle à Minerve. » Ça faisait un petit peu plus délicat que Mars. Et il avait déjà cité son dieu fétiche trop de fois. « Je vois alors une de ses sangles mal attachée, je m’en empare et je le fais tomber à terre. D’un coup de rein » clin d’œil peut être gère approprié, mais ça avait été impossible de résister « je me redresse et lui enfonce la pointe de mon épée dans la gorge. Il avait déjà eu le temps de se reprendre et je le tuai quelques instants seulement avant qu’il n’ait pu m’enfoncer son arme dans le ventre. »
Et comme une récompense à ce récit bien mené et tout à fait inventé, elle reprend enfin la parole. Elle avait un peu bu et lui-même s’était régulièrement hydraté la gorge à grand coup de coupe de vin coupé. « Malgré toutes mes certitudes, je suis vraiment soulagée que tu sois de retour… » Elle ne ment pas, ça il en est certain. Il baisse un bref instant les yeux, comme si tant d’intérêt le gênait, ce qui était tout aussi faux que ses histoires. « Je n'ai pas crains pour Rome, j'avais confiance en Vesta, mais je ne pouvais pas m'assurer que mes prières te concernant arrivent à bon port. » « Je ne mérite pas autant d’attention de ta part, ô Cornelia. » Dis moi quel dieu ou quelle déesse tu priais en pensant à moi… Avais-tu ta vierge Vesta en tête ? Ou bien t’en remettais-tu plus à Vénus ? « Je... Je ne sais pas si tu t'en souviens, je t'ai envoyé des lettres ces dernières années et elles ont pu être assez... amères. Je te prie de m'excuser, la jeunesse et l'inexpérience m'a fait sur-réagir. » Quintus s’en souvient très bien, ce ces lettres qu’il lisait, lui aussi rempli d’amertume à la pensée de cette fille que les dieux avaient osé lui retirer. Il ne lui avait jamais écrit en retour, parce qu’il n’avait rien à dire. Ecrire des aventures… était bien moins drôle que de les raconter, et ce qu’il aimait c’était voir les réactions sur le visage de Cornelia. Aucune lettre ne retranscrivait l’étirement de ses lèvres et le battement de ses cils. Pourtant, le temps était peut être venu de faire amende honorable : « Je m’en souviens, et te prie de pardonner mon silence. J’ai sans doute été impressionné par ton nouveau statut je ne voulais pas t’importuner avec des histoires de garnement alors que tu étais devenue une dame aussi importante. » « Je suis vraiment contente de te retrouver, Rome peut parfois être cruellement vide d’amis de confiance. » Il prend un air surpris « Qui donc oserait refuser son amitié à une femme telle que toi, si pleine de noblesse et de vertu ? » Les yeux de nouveau baissé, pour faire bonne mesure « Je suis honoré que tu me traites comme un tel ami. » Puis il redresse la tête et plante ses yeux dans les siens : « Tu peux, évidemment, toujours me faire confiance. Il n’y a rien que je ne ferais pour toi. »
Je serais prêt à faire la pire des conneries pour toi.

Il change la position de ses jambes, et ce faisait son genou perturbe l’assemblage de plis de la robe de Cornelia, relevant très légèrement le tissu qui laisse entr’apercevoir un éclair de sa cheville. « Oh, mea culpa. » fait-il en se baissant pour recouvrir de nouveau la belle cheville du chaste vêtement. Ses yeux courent un instant sur la ligne de ses jambes qu’il parvient à deviner sous le tissu. Il se mord de nouveau la lèvre, se contenant pour ne pas poser sa main sur ses cuisses. Question de vie ou de mort. Évidemment, il fallait que ce soit une Vestale : ne pouvait-il pas simplement désirer une pute hispanique ? C’était tout de même bien moins compliqué. Il se redresse, passe une main dans ses cheveux pour se donner une contenance, et cherche quelque chose à dire pour faire taire le monstre qui rugissait dans le creux de son bas-ventre. « Et je suis évidemment ravi d’avoir moi-même une amie telle que toi. De confiance. Je compte me lancer dans la politique, pour faire plaisir à Pater et il est toujours bon d’avoir des personnes sur qui l’on peut compter dans ce genre de carrière. » Il a un sourire « … Enfin, quand je dis pour faire plaisir à Pater, c’est aussi pour ne plus jamais avoir à m’éloigner autant de Rome. » À m’éloigner autant de toi.


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MessageSujet: Re: I'll wait for you + cabast continu   I'll wait for you  + cabast continu - Page 2 EmptyVen 16 Déc 2016 - 20:29

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72 BC • Banquet pour Pompée
Le soldat et sa vestale

Cornelia n'a jamais connu le regard des hommes sans son statut de Vestale. Avant cela elle était une enfant, et bien trop jeune pour être considérée comme une femme à part entière. Ainsi, elle s'est habituée à certains comportements chez les hommes, qu'elle n'aurait pas connu autrement. Elle s'est habituée à les voir rougir d'avoir pu penser l'offenser, ou la distraire, ou pu faire croire qu'ils étaient intéressés. Elle est habituée aux compliments voilés, de peur qu'on puisse oser croire qu'on la charmait. Elle n'y réfléchit jamais trop. Elle ne se préoccupe pas exactement des hommes, parce qu'elle est habituée à les voir s'incliner devant elle. Elle ne se rend pas compte que c'est sa beauté qui, beaucoup, intimide, et croit toujours que c'est par peur de la colère divine qu'ils évitent son regard. Elle est habituée à cela. Et puis elle est habituée aux autres. Aux porcs. Elle les appelle ainsi avec quelque chose comme de l'horreur dans la voix et le regard. Ce sont ceux qui lui parlent et sous-entendent des choses avec des regards appuyés, sous-entendant leur désir de faire des choses sexuelles avec elle. Cela l'horrifie, qu'ils puissent oser penser des choses pareilles, et croit souvent qu'ils le font uniquement à cause de son statut. Elle ignore véritablement, Cornelia, l'effet qu'elle fait aux hommes. Elle ignore, d'ailleurs, que les hommes inclinant les yeux devant elle en rougissant la désirent autant que ceux qui lui sourient en observant sa poitrine d'un air avide.
Elle ignore aussi, complètement, qu'elle peut faire ce genre d'effet à Quintus.

Elle n'arrive donc pas à croire qu'il puisse faire toutes ces insinuations de façon consciente. A ses yeux, lorsqu'elle entend autrement lorsqu'il parle d'apaiser son sommeil ou de sa ferveur à la tâche, c'est une faute de sa part à elle, pas du jeune homme. Elle se hait, de se distraire ainsi. De se laisser aller au vice, tout en condamnant celui des autres. Elle se complait, pourtant, dans la persuasion que cela fait partie de sa tache de Vestale, de résister à la tentation. Plus elle l'affrontera, plus elle la surmontera, plus elle sera pure. Elle en est persuadée. « Qui donc oserait refuser son amitié à une femme telle que toi, si pleine de noblesse et de vertu ?  » Et les paroles de Quintus ne font qu'alimenter cette certitude. Elle est puissante et digne d'estime que si elle reste noble et vertueuse. Plus elle parle à Quintus, plus elle ré-affirme cet état. Il faut donc qu'elle arrête de se sentir aussi coupable de passer du temps avec lui, et uniquement se blâmer d'apprécier autant le son de sa voix. « Je suis honoré que tu me traites comme un tel ami.  » La douleur que provoque ces mots est un délice pour la Vestale. Elle lui sourit, enchantée dans la profondeur de la plainte de son cœur qui hurle, supplie, pour ne plus être son amie, d'être plus, et de se réfugier dans ses larges bras de guerrier. Elle exulte de résister.
« Tu peux, évidemment, toujours me faire confiance. Il n’y a rien que je ne ferais pour toi.  » Sa gorge s'assèche aussitôt. Elle sent ses yeux bleus s'écarquiller, son rythme cardiaque devenir le galop d'un troupeau d'éléphant. Son cœur est au bord de ses lèvres, l'émotion au seuil de ses yeux et, un instant, elle ne désire rien de plus que d'être avec lui pour toujours, et que chaque jour il fasse tout pour elle. Elle n'en peut déjà plus d'attendre. Elle a besoin du quotidien de sa voix, dépendre de ses bras, obéir à ses besoins et le servir lui, et nul autre. Elle hésite à lui murmurer, du bout des lèvres, comme un secret, qu'elle aussi fera tout pour lui. Mais la phrase reste bloquée dans sa gorge, parce qu'elle ne la prononcera jamais, pas avant encore vingt ans. Malgré toute l'importance qu'elle porte à cet enfant des dieux, à cet homme qu'elle aurait du oublier et que, aujourd'hui, elle ne souhaite jamais quitter, il y a quelque chose de bien plus grand et de plus important que cela.

Elle croit qu'elle le comprend parce que son regard se détache du sien, et il change de position. Elle réalise qu'ils sont proches, bien trop proches parce qu'il perturbe sa robe. Elle se sent immédiatement ramenée à la réalité, celle qui la fait s'horrifier du moindre contact physique avec un homme. « Oh, mea culpa. » Oui, ta faute et sa seule faute, Quintus. Elle a les lèvres pincées en le voyant se pencher pour réparer son tort. C'est alors qu'elle le voit la regarder. Elle surprend, et elle a l'impression d'assister là à quelque chose d'effroyablement intime, comment il embrasse presque sa jambe du regard. Elle perçoit ses yeux qui remontent, qui cherchent à deviner ce qui se cache au delà du rempart du tissu. Elle voit sa pomme d'adam remonter et descendre, monter sa nervosité et lorsqu'il se redresse elle peut jurer avoir vu au fond de son regard du désir.
Alors c'est à ça que tu ressembles lorsque tu veux quelqu'un, mon Quintillus ?
Elle reste inerte, blanche et froide alors qu'il se recoiffe d'un mouvement. Elle réalise soudain qu'elle n'est peut-être pas la seule fautive des deux. Elle n'est pas la seule à attendre et à souffrir de cette attente (oh non, ne devait-elle pas s'en réjouir plutôt ?). Et c'est cruel à quel point elle se sent violée d'être désirée Quintus. Elle n'a jamais oser Quintus comme il l'a fait. A peine a-t-elle jamais osé imaginer à quoi pouvaient ressembler ses lèvres d'adulte. Qu'il puisse convoiter ne serait-ce que ses jambes la révolte. Ne sait-il pas qu'elle est une Vestale ? Ne peut-il pas réprimer quelque chose d'aussi bas et écoeurant que le sexe ? Joue-t-il d'elle ? Elle ne comprend, Cornelia, qu'on ne contrôle pas ce que l'on désire. Elle sait qu'elle aimera son époux, lorsqu'elle en aura un, et qu'elle lui fera des enfants. Elle ne laisse pourtant pas aller à vouloir ce genre de choses hors de son cadre. Le sexe n'est pour elle que le sport et la salissure nécessaire à l'enfantement. Il est, surtout, l'immonde et l'atroce faute qui la séparera des dieux. Quelque chose en elle, venu de l'enfant, lui crie depuis dix ans que le désir sexuel est animal, et ce qui sépare l'humain du divin. Et ce, malgré tous les mythes sexuels des dieux. Oh, c'est qu'elle pourrait juger les dieux, Cornelia, plutôt que de s'avouer qu'elle a renoncé à quelque chose d'essentiel.

Elle a envie de vomir, lorsqu'il lui reparle. Elle se sent mal. Elle voudrait le haïr, comme tous les autres porcs qui l'ont désirée avant lui. Pourtant, rien ne vient. Juste l'impression, profonde, d'avoir de nouveau été trahie. « Et je suis évidemment ravi d’avoir moi-même une amie telle que toi. De confiance. Je compte me lancer dans la politique, pour faire plaisir à Pater et il est toujours bon d’avoir des personnes sur qui l’on peut compter dans ce genre de carrière  » Elle a un sourire pour accompagner le sien, du bout des lèvres, alors que sa poitrine monte et redescend a un rythme légèrement anormal. Elle veut partir, retourner dans sa chambre et pleurer toutes les larmes de son corps au nom de son idiotie, de sa faiblesse. Elle aime cet homme, réalise-t-elle, tout en le méprisant, tout en le rejetant de toutes ses forces. Elle le hait, de ne pas être l'enfant qu'il devait toujours être. Elle le craint, de réveiller en elle quelque chose qui ne devait pas exister, et contre lequel elle n'est pas censée avoir à se battre. « … Enfin, quand je dis pour faire plaisir à Pater, c’est aussi pour ne plus jamais avoir à m’éloigner autant de Rome.  » Elle hocha la tête, n'arrivant pas exactement à entendre ce qu'il lui dit. Elle a l'impression que tout le monde les regarde, et que tout le monde sait ce qu'il pense d'elle, ce qu'elle le laisse penser d'elle.
« C'est une excellente idée, et sois assuré de mon soutien. » Elle pose son verre, déterminée à ne plus rien toucher d'alcoolisé jusqu'à pouvoir rentrer chez elle. Elle pose ses mains sur genoux, prête à se redresser. Elle lui sourit de son sourire de vestale, évanescent mais tendre. « Cela a été un plaisir de te revoir en tout cas Quintus, j'ai hâte de te revoir, je suppose que nous ne devrions pas tarder à nous croiser. » Elle se lève enfin, ses jambes tremblent d'avoir été regardées, ou de l'émotion, elle ne sait, mais heureusement sa robe les dissimule des terribles yeux du porc soldat. « Je vous souhaite maintenant une excellente soirée, je crains que cela ne soit pas très approprié, de monopoliser ainsi une Vestale. » Et elle a un rire, si poli que seuls ceux n'ayant jamais entendu la cascade de joie qu'elle peut produire pourraient croire qu'elle ne se force pas. Elle ne lui laisse, cependant, pas le temps de l'arrêter, de la juger, ou même de la regarder dans les yeux, commençant déjà à se diriger loin, aussi loin que possible... quelques mètres, peut-être.
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72 BC • Banquet pour Pompée
Le soldat et sa vestale

C’était beau, une romaine troublée. Il était habitué, maintenant, aux mégères gauloises, hispaniques ou même italiennes qu’il croisait dans les rues ou dans les trous sordides qui l’avaient accueilli lui et ses compagnons pendant leur campagne militaire — et ces mégères là, quand on matait leur cheville, elles ne frémissaient pas, n’avait pas dans leur yeux cette lueur (é)perdue, non elle claquait l’imprudent avec leur grosse main, ou bien riait grassement en invitant le coquin à partager son lit pour la nuit. Quintus en soupirerait d’aise devant son ancienne voisine : la subtilité romaine lui avait, en effet, bien manqué. Et mieux encore qu’une matrone troublée, une vestale troublée, le meilleur des crus ; elle lui donnait l’impression que son regard l’avait brûlé, et Quintus aimait cette sensation de pouvoir que ça lui accordait. Pourtant Cornelia ne perd pas la face, et sourit à son discours, mais alors qu’il essaye de se concentrer sur son regard bleu, ses yeux sont attirés par le mouvement de sa poitrine qui se gonfle et se rabaisse un peu plus vite que la normale. « C’est une excellente idée, et sois assuré de mon soutien. » Ses gestes sont calculés, témoin d’une gêne, mais Quintus ne connait pas la gêne alors il continue de la regarder, toujours souriant. « Cela a été un plaisir de te revoir en tout cas Quintus, j'ai hâte de te revoir, je suppose que nous ne devrions pas tarder à nous croiser. » « Il me tarde. » réplique-t-il en se relevant en même temps qu’elle, par politesse. Il fait un très petit pas en avant, juste pour être assez proche d’elle pour sentir son odeur « Je vous souhaite maintenant une excellente soirée, je crains que cela ne soit pas très approprié, de monopoliser ainsi une Vestale. » il penche légèrement la tête alors qu’elle rit, dans une sorte de salut respectueux. « Je ne voudrais pas qu’on m’attente un procès pour avoir osé privé la compagnie de ta charmante présence. Cornelia. » Et il la regarde s’éloigner. Un peu plus loin, il voit Sextus lever le pouce dans sa direction — en effet, un peu à la manière d’un gladiateur il était sorti vainqueur de l’arène. Elle avait frissonné, il l’avait troublé.




-73 à -64 • Quintus avait choisi la bonne période pour se lancer dans la politique — c’était ironique. Il n’était pas véritablement de base un homme avec des prédispositions pour le blabla. Certes il était doué quand il s’agissait de parler aux femmes, mais il y avait une différence entre les jolies nymphettes qu’il courtisait et les vieux séniles qui peuplaient le Sénat. Fut un temps où il aurait pu se faire élire questeur sans avoir besoin de trop prodiguer d’effort mais les temps avaient changé. Maintenant il fallait réfléchir à des vraies campagnes, des vraies idées, préparer des vrais discours et surtout il fallait donner du vrai argent aux plébéens pour acheter leur voix. Quintus préférait le temps où il était à la guerre, là au moins les choses étaient plus directes.
Pour être tout à fait honnête, il n’était pas non plus à travailler d’arrache-pied pour se faire élire : il avait vingt-huit ans maintenant et selon Pater, il aurait du réussir à devenir questeur deux ans plus tôt. Mais on ne pouvait pas gagner les élections et s’amuser avec Sextus, Lucius et Manlius. Lui n’était pas prêt à renoncer aux plaisirs de la vie pour le simple bonheur de poser son cul sur des gradins froids à écouter des optimates papoter sur des réformes agraires qui ne passeront jamais. Il avait donc son Pater qui l’ennuyait à ce propos, et d’un autre coté sa mère qui lui tannait sans cesse le cuir à propos de cet impôt sur le célibat qu’il payait. « Mais mon Quintillus, tu devrais te trouver une belle petite femme, tu vas commencer à te faire vieux… » Il n’avait même pas encore trente ans ! Il était encore un gosse, en tout cas il se sentait comme un gosse. Se marier ? Très peu pour lui, merci bien. Elle ne s’était pas lassé de lui proposer plusieurs jeunes filles de familles très bien qui auraient été honorées d’épouser un Sergii (il n’en doutait pas) (quoique la réputation de la famille allait vraiment en se dégradant) (la faute au cousin qui avait encore raté les élections consulaires) (pauvre cousin) (Quintus l’aimait quand même, c’était vraiment un type sympa) (et beau) (si c’était pas son cousin d’ailleurs…) enfin, sa mère le harcelait pour qu’il prenne femme, et lui freinait des quatres fers. Elle ne comprenait pas qu’il ne voulait se marier qu’à une seule personne. Il ne pouvait pas se vanter de garder sa virginité pour Cornelia (manquerait plus que ça) mais il pouvait au moins garder sa candeur maritale. La seule personne avec qui il partagerait ses vœux, ce serait sa petite voisine, sa belle vestale. Mais ce n’était pas à dire à haute voix. Déjà que Manlius avait développé à son contact une surdité sélective qui l’empêchait systématiquement d’entendre dès que Quintus parlait de Cornelia (ce qui arrivait souvent) alors sa mère… elle aurait carrément sorti le fouet.
Quoiqu’il en soit, il raquait. Il raquait auprès des plébéens pour acheter des voix, il raquait auprès de l’État pour se faire pardonner de ne pas procréer dans les liens d’une famille de beaux petits romains. Il raquait aussi auprès des marchands de colombe puisqu’il avait pris l’habitude d’aller acheter à chaque fois qu’il revenait d’une journée où il avait croisé sa Vestale un de ces oiseaux de Vénus qu’il faisait sacrifier par les prêtres de la déesse pour qu’elle continue à le protéger dans son amour interdit. Il allait bientôt finir ruiner, comme son cousin. Cousin avec qui il passait de plus en plus de temps d’ailleurs — au grand dam de sa mère. Faut dire que Catilina n’était pas vraiment la meilleure des fréquentations, sa tendance à vouloir devenir consul par n’importe quel moyen était légèrement effrayante. En ce mois de décembre 689 (-64) il était encore blanc de rage à propos de sa nouvelle défaite aux élections de juillet. Il pouvait le rabacher pendant des heures si on le laissait faire, et Quintus ne se lassait pas non plus d’insulter le consul que les romains venaient d’élire (sur les deux magistrats l’un d’eux était un vieil ami de son cousin — l’espoir pour tous les imbéciles ivrognes qui voulaient faire de la politique, si lui avaient réussi, pourquoi pas nous ? et le deuxième qui provoquait la régulière colère familiale était un paysan venu du fin fond d’un trou perdu en Italie dont on savait à peine comment ils avaient fait pour obtenir la citoyenneté romaine et qui faute de savoir se battre savait parler. Bref, beaucoup de hargne.) Entre deux épisodes de râleries toutefois, le cousin l’écoutait parler de ses problèmes à lui. Et ses ennuis étaient autrement plus attirant esthétiquement parlant que le parvenu qui leur servait de consul désigné. Catilina visualisait bien Cornelia — il avait certaines affinités avec les Vestales, se plaisait-il à raconter, à croire que c’était de famille, et il avait donné à Quintus quelques conseils.

Évidemment il fallait que de tous ceux que son cousin lui sortit, il se décida de tenter le plus risqué.




nuit du 3 au 4 décembre -64 • La Bona Dea était une déesse très particulière. Une déesse honorée par les femmes romaines mariées, seules elles et leurs assistantes pendant le culte connaissaient le vraie nom de la déesse ainsi que son visage, puisqu’aucun homme ne devait jamais entendre son nom, sous peine de devenir sourd (ben tiens) ou voir une de ses représentations sous peine de devenir aveugle (mais évidemment). Chaque année, les matrones se réunissaient dans la maison d’un magistrat choisi pour pratiquer le culte. En plus des romaines mariées, il y avait des esclaves femmes pour servir, danser et chanter ainsi que — les Vestales.
En réalité, c’était parce qu’il était curieux de voir ce qui se passait lorsque les femmes de Rome étaient réunies sans aucun homme pour les tenir autant que pour voir Cornelia dans un autre cadre que Quintus se décida à risquer le tout pour le tout. Se déguiser en femme n’était pas quelque chose de bien compliqué, il suffisait de se maquiller correctement, de mettre une perruque et de dissimuler ses muscles derrière le tissu coloré des stolae féminines. C’est donc avec en tête le nom de Sabina (même s’il devrait éviter de parler, n’ayant as un timbre particulièrement féminin), une robe bleue et pourpre qui multipliaient les plis autour de son corps et une perruque brune avec des mèches rougies (prêtée par son cousin qui avait décidément beaucoup de choses chez lui) qu’il était allé chez la femme du magistrat chez qui se passait la fête ce soir. A peine dans l’atrium il commençait à regretter, il lui semblait entendre la voix de Manlius qui le vouait à toutes sortes de châtiments divins (pour changer) et surtout, en lançant un regard en direction des Vestales qui se trouvaient déjà là, il ne lui semblait pas apercevoir sa Corneliola. Ou bien n’était-elle pas encore arrivée.
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64 BC • Bona Dea
Now I'll be bold As well as strong And use my head alongside my heart. So tame my flesh And fix my eyes, A tethered mind freed from the lies.

pendant dix ans •Par la suite, il fallut bien sûr que Cornelia recroise Quintus. Souvent, beaucoup trop souvent, elle sentait l’odeur caractéristique de son aura et se retrouvait comme happée par ces senteurs florales et débouchait, toujours, finalement, sur son insupportable sourire et ses yeux abyssaux. Toujours, il la charmait, systématiquement, il l’envoûtait, et elle devait retenir le rose de monter et ses yeux de briller. Elle l’aurait préféré à la guerre, se disait-elle parfois. Elle ne vivait que pour le croiser, se répétait-elle ensuite. Comme d’habitude, elle oscillait entre la honte et la pâmoison, éternelle indécise quant à l’attitude à adopter face à l’homme qu’elle aimait.

Les mois, les années passèrent, toutes semblables. La vie d’une Vestale n’était pas exactement connue pour être trépidante, et les seules véritables événements de sa vie tournaient autour des prodiges entourant sa noble personne. Elle avait appris à s’y habituer. Elle ne tombait jamais malade, le feu de Vesta brillait toujours plus fort devant elle, les blessés étaient soulagés, les aveugles voyaient, et tout le monde l’aimait sans qu’elle ai jamais à fournir d’effort. Elle qui, pourtant, était jugée comme la plus hautaine, la plus méprisante de toutes les Vestales, voyait tout le monde se jeter à ses pieds pour la satisfaire. Certains invoquait sa beauté, mais on parlait, aussi, d’une force extérieure puissante qui semblait refuser toute colère, toute pensée négative en face de l’insupportable élue des dieux.
Elle taisait cet autre don des dieux, celui qui lui permettait de ressentir ce que d’autres avaient ressenti, et de pouvoir suivre la trace de ceux avant elle. Dans le temple, parmi ses sœurs, elle savait très souvent, presque inconsciemment, où elles se trouvaient toutes. Elle pouvait sentir toutes leurs intentions et leurs failles, et arrivait souvent de nulle part pour venir sermonner, ou rassurer, une sœur fragilisée.
Au fil du temps, donc, celle qu’on appelait de plus en plus souvent Cornelia Felix, la Chanceuse, gagnait en importance. Parmi son ordre, elle était respectée, voire adorée, et elle grimaçait parfois de sentir des désirs inadéquats à son égard frémir parmi les auras de ses comparses. En politique, on demandait de plus en plus sa bénédiction, et il était dit que chacun de ses sourires rapportaient des voix. Elle était de toutes les cérémonies, de toutes les fêtes, et malgré ses réticences, elle s’y retrouvait toujours, espérant toujours pouvoir y croiser de certaines boucles brunes.

Dans cet océan de chance et de félicité, Quintus était son unique salissure. Pire que tout, il était sa faute originelle. Chaque fois qu’elle le croisait, le poids terrible de la culpabilité la clouait sur place, l’étouffait, faisait battre son coeur plus vite et, fatalement, elle se retrouvait à lui sourire comme elle ne souriait à personne d’autre. Elle si distante, si éthérée devant tout autre homme, fondait comme neige au soleil devant les imbécillités de son ami d’enfance. Chaque soir, elle s’insultait de lui avoir parlé et, surtout, elle pleurait de rêver de lui, de ne penser qu’à lui et de s’imaginer à ses côtés malgré tout ce qui les séparait. Deux Cornelia semblaient chaque jour cohabiter en elle : d’un côté la Vestale digne et irréprochable qui fronçait les sourcils au moindre regard intéressé d’une de ses sœurs ; de l’autre la Corneliola folle amoureuse qui était presque prête à tout abandonner pour pouvoir avoir pour elle, et pour elle seule, l’homme de ses pensées. Elle arrivait à vivre avec cette malédiction, persuadée qu’elle était la source de tous ses prodiges. Elle avait l’impression que, plus elle résistait à sa passion, plus les forces mystiques autour d’elle la récompensaient par toujours plus de force et de chance. Elle se complaisait ainsi dans sa flagellation, jouissant de sa souffrance, se réjouissant de pouvoir se justifier à elle-même son attirance, tout en se récompensant toujours de résister.  Gloire à elle ! Gloire à sa force ! Gloire à sa retenue !
Au milieu de cet égocentrisme narcissique affligeant, Quintus prenait mille visages au fur et à mesure des années. Tantôt sacré, tantôt fangeux, elle le méprisait puis l’adorait, le trouvait sage puis abject. Surtout, elle n’arrivait pas à déterminer ses sentiments pour elle. Il semblait la plupart du temps la considérer comme une amie d’enfance, avant de lui faire des compliments si tendres qu’elle ne pouvait qu’imaginer ses sentiments réciproques, jusqu’à ce qu’elle se sente souillée de son regard qui prenait parfois des teintes lubriques. Ces dernières occurrences étaient le plus souvent niées, tant, malgré tout, elle restait persuadée qu’il n’oserait jamais désacraliser une Vestale. Elle avait foi en lui, une foi presque religieuse, peut-être trop habituée à ce genre de rapport social. Rien, à ses yeux, ne pouvait le faire descendre de son piédestal.

Ainsi les années passaient, elle s’imposait en tant que Vestale, essayait de ne pas trop se projeter dans l’avenir, tout en craignant chaque jour que Quintus ne ne marie. Ce qu’il ne faisait pas, jamais, et elle ne le voyait jamais aussi proche d’une autre femme. Et cela, plus que toute autre chose, la faisait se gonfler d’orgueil à l’idée qu’il reste chaste, pour elle.




dix ans à attendre • Les Mystères de la Bona Dea sont la seule cérémonie où Cornelia peut être sûre de ne pas être poursuivie par l’ombre de Quintus. Interdite aux hommes, elle fait partie des offices les plus sacrées et les plus importantes de l’année… et bien sûr, Cornelia est en retard. Son licteur, toujours lassé, attend tranquillement à la porte pendant qu’elle se prépare. Si, dix ans auparavant, il riait de son retard, l’actuel n’est pas assez fasciné par elle pour la taquiner. Surtout, on ne taquine plus Cornelia Felix. Elle n’est plus la petite Vestale à la formation tout juste terminée, elle ne rougit plus à la moindre incartade. Aucun licteur n’oserait la regarder d’un œil suspicieux. C’est lui, au contraire, qui craint son regard et son jugement, et on raconte que tous ceux ayant oser développer des sentiments pour elle l’ont payé chèrement. Elle est connue comme le Juge des Vestales, et elles sont plusieurs à avoir été punies suite à la délation de l’éminente élue des Dieux.
Ainsi, lorsqu’elle pose son regard glacé sur lui, il ne frémit pas, ne sourit pas, reste droit. « Sommes-nous bien en retard ? » demande-t-elle, bien que connaissant pertinemment la réponse. « Nullement, Cornelia Felix, une légère demi-heure qui sera bien vite pardonnée. » Un mince sourire traverse le visage crispé de cette femme toujours terriblement coincée, il vient craqueler sa peau d’ivoire, sans chaleur. C’est à se demander comment on peut encore aimer cette armure dédaigneuse. « Ils ne pourront commencer sans moi, effectivement. » Et, forte de cette certitude, elle se met en marche, sans se presser. Sur le chemin, elle prendra même le temps de saluer d’éminents nobles et politiciens, allant jusqu’à échanger quelques mots avec un des prêteurs les plus conservateur du Sénat, pour lui assurer son soutien.

La Bona Dea est la seule cérémonie où Quintus ne peut pas se trouver, et donc la seule où Cornelia peut être absolument elle-même, distante et dédaigneuse, et donc parfaitement insupportable. Les femmes, moins soumises à son charme, vont parfois jusqu’à lever les yeux au ciel alors qu’elle fait son irruption, après  tout le monde, au milieu de la masse informe qu’elle surplombe en tout point. Aucun petit voisin pour la distraire et la faire rire et, sans qu’on arrive à comprendre en l’origine, chacun sait que la Bona Dea n’est pas le moment idéal pour espérer la clémence de la Vestale.
Ainsi elle arrive, elle débarque, elle traverse la foule pour prendre la place principale de la cérémonie, sans l’ombre de nulle modestie. Un parfum de fleur vient certes titiller ses narines, la senteur habituelle de la présence de Quintus mais, persuadée de son absence, elle suppose juste qu’ils ont mis des fleurs réelles dans le bassin de l’atrium. Si un relatif émoi l’agrippe un instant, elle le chasse bien vite pour se concentrer sur son devoir.

La cérémonie, sous sa direction sévère et précise, se déroule parfaitement bien, même si légèrement en retard. Les objets sacrés sont dévoilés, les prières implorées, et elle peut presque sentir la Déesse poser ses doigts sur son front dans un signe de reconnaissance divine. Presque toujours, lorsque Cornelia se laisse aller à contacter les dieux, elle trouve une réponse, même diffuse, d’une présence surnaturelle. L’appelant Déesse, la remerciant chaque jour qu’Elle lui donne, elle n’est jamais plus heureuse que lorsqu’elle peut sentir sa force lui insuffler toujours plus de courage.
Ainsi, c’est d’abord avec une exaspération frôlant l’indignation qu’elle accueille les murmures qui commencent à agiter la salle. Descendant de son piédestal divin pour revenir se préoccuper des soucis des mortels, elle pose son regard glacé sur la foule, cherchant qui ose perturber son office. Ses sourcils se froncent en voyant la panique, dans certains regards, l’inquiétude, puis soudain, un cri, effroyable :

« Un homme ! »

Et le reste n’est que chaos.
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