☇ Infos complémentaires ;SHIN MORIYAMA ;
• ravenclaw ; le Choixpeau n'a pas hésité une seule seconde, un petit aperçu de ce qu'il y avait dans la tête de Shin a suffi à immédiatement l'expédier chez les bleu et bronze. Intelligent, peut-être même trop pour son bien, il a toujours compris les choses rapidement, avant les autres bien souvent. Doté d'une excellente mémoire et d'une grande capacité d'analyse, Shin était parfois loin devant les autres et il était particulièrement studieux parce qu'il avait sans cesse besoin d'en apprendre plus, de s'alimenter en connaissances et en problèmes plus compliqués. Le nez dans les bouquins, souvent considérés comme trop avancés pour lui, Shin passait son temps à rechercher le challenge, la difficulté. Ses professeurs ont vite compris qu'il s'en sortait mieux que les autres, mais ils n'ont jamais saisi à quel point c'était le cas, car dans ce désir de ne jamais trop faire de vagues, d'éviter qu'on le remarque, Shin n'a jamais été du genre à montrer à quel point il était intelligent.  
• two faces ; mettez Shin dans une pièce remplie d'inconnus, il sera littéralement invisible. Silencieux, calme, beaucoup à Poudlard et au Ministère prenaient ça pour du snobisme, ça n'a jamais été son intention, il est juste terriblement timide et discret en présence de gens qu'il ne connaît pas. Il est différent avec ses proches. Oh il a toujours été beaucoup plus calme que son frère Daiki, mais il n'a jamais hésité à se montrer terriblement sassy avec les membres de sa famille, un comportement qu'il n'oserait jamais avoir avec des personnes qu'il ne connaît pas depuis au moins quelques années. C'est un peu comme s'il y avait deux Shin différents, celui en société et celui à la maison. Ce n'est pas une question de faire semblant, ce n'est pas comme s'il mentait lorsqu'il est en présence d'inconnus. On appelle ça de la réserve, une chose que peu connaissent dans ce pays, ce qui l'a très souvent fait passer pour un alien mais ce n'est pas comme s'il se préoccupait de ce que pensent les autres.
• metamorphmagus ; ce don, Shin le tient de sa mère, malheureusement, elle est morte en le mettant au monde et n'a ainsi jamais eu l'occasion de lui enseigner quoi que ce soit. C'est son père qui s'est démené pour lui permettre de contrôler son don le plus vite possible. Shin a principalement appris à rester calme, à méditer chaque jour afin de ne pas se laisser surprendre par n'importe quoi et surtout, pour éviter d'afficher toutes ses émotions à tout le monde sans le vouloir. Ces longues séances de méditation ont fait de Shin quelqu'un de beaucoup plus introverti et réfléchi que son frère jumeau.
Lorsqu'il était plus jeune, son jeu favoris était de prendre l'apparence de ses frères et sœur. Bien sûr il a commencé par Daiki, après tout c'était le plus simple, il n'y avait que quelques détails à effacer, d'autres à rajouter, pour être le clone parfait de son jumeau. Ensuite il s'est mis à Keiji, plus compliqué, ce dernier ayant hérité des traits délicat de leur mère. Enfin le plus dur, Joo-Eun, il a mis un moment avant d'être en mesure de ressembler parfaitement à sa sœur aînée.
Les transformations humaines sont de loin ce que Shin a toujours préféré faire, ce qu'il maîtrise le mieux. Les animaux lui semblent trop étrangers et il a toujours aimé la complexité humaine, finalement.
Hélas, ce don est un véritable fardeau aujourd'hui, parce qu'il ne le contrôle absolument plus. D'abord parce qu'il y a quelques mois, il n'était plus Shin Moriyama et avait ainsi oublié ce qu'il était. C'est comme s'il ne s'était jamais entraîné de sa vie, il est parfaitement incapable de maîtriser ce que fait son corps, il ne sait pas garder son calme pour éviter que sa tignasse prenne la couleur correspondant à son humeur et c'est insupportable. Sur le papier, être métamorphomage avait l'air plutôt chouette, en réalité, c'est beaucoup plus compliqué que ce qu'il pensait. Pire encore, c'est même douloureux. Les tatouages qui parcourent son dos, imprégnés de magie noire pour le maintenir sous l'apparence physique de Nazir interfèrent avec son don à chaque fois, rendent ses transformations douloureuses.
• airbender ; une autre particularité héritée de sa mère, Shin est un maître de l'air et il l'a découvert assez tôt, lors d'un pèlerinage avec ses grands-parents maternels. Ce sont eux qui se sont chargés de transmettre à Shin les traditions et rituels du Clan de l'Air. Apprendre à ne faire qu'un avec cet élément et le maîtriser l'a beaucoup aidé pour son don de métamorphomagie, les deux exigeant un calme et une patience exemplaires.
Bien sûr, ça fait encore partie de ces choses qu'il a oubliées en devenant Nazir. Seulement, l'élément ne l'a jamais laissé tomber, car s'il ne s'en rendait pas forcément compte, il est arrivé plus d'une fois que sa véritable nature de maître de l'air refasse surface et le tire de situations dangereuses. Incapable de comprendre comment ça s'était produit, il se contentait alors d'hausser les épaules et de mettre ça sur le compte de la magie et de la chance.
• twins ; les jumeaux Moriyama sont presque identiques physiquement, il est possible de discerner qui est Shin et qui est Daiki en les observant attentivement, le nez et la bouche ne sont pas exactement pareils, la forme des oreilles également. Lorsqu'ils étaient enfants, il arrivait souvent que Shin gomme ces détails, même inconsciemment parfois, pour être la copie exacte de son jumeau, les rendant impossibles à différencier, même pour leur propre famille. Cependant, les ressemblances entre les deux frères s'arrêtent là, en effet, il suffit de les observer un peu pour rapidement se rendre compte qu'ils sont complètement différents.
Shin est calme et discret où Daiki est bruyant et exubérant, il est studieux et réservé alors que son frère s'est toujours pas mal moqué de ses études et n'a jamais hésité à montrer ses émotions et à exprimer le fond de sa pensée. Shin a ravalé sa peine de n'avoir jamais connu sa mère et l'a transformée en humilité et en volonté d'être parfait, alors que Daiki l'a transformée en colère et en désir de se montrer. Shin a toujours tout fait pour être un enfant facile, obéissant, serviable, le petit garçon qu'on ne peut qu'apprécier parce qu'il n'embête personne et fait toujours ce qu'il a à faire. Alors que Daiki était plus turbulent, souvent en conflit avec leur père, toujours prêt à faire des bêtises. Shin était solitaire et même seul, où Daiki a toujours su s'entourer et se faire apprécier. Mais malgré ces différences, les jumeaux Moriyama ont toujours été très proches, étonnamment complémentaires. Leur relation aurait pu être explosive, mais Shin est si calme et déteste tant le conflit qu'il a toujours été en mesure d'apaiser son frère, et qu'il n'a jamais hésité à revenir vers lui pour se faire pardonner, même lorsqu'il n'était pas en tort.
• origins ; Nobuo Moriyama a tenu à ce que ses enfants n'oublient jamais d'où ils viennent et c'est pour ça qu'ils ont toujours baigné dans la culture nippone. A Poudlard, Shin était bizarre, parce que son éducation lui avait conféré une attitude et des réactions très différentes de celles auxquelles les britanniques sont habitués. Très jeunes, tous les enfants ont appris à parler Japonais, les rendant tous parfaitement bilingues. La mère de Shin et Daiki étant morte en les mettant au monde, elle n'a jamais eu la chance de leur enseigner sa propre culture, ni sa langue, mais leurs grands-parents ont été très présents pour eux et c'est ainsi que Shin s'est intéressé au Coréen, allant même jusqu'à apprendre seul, comme un forcené, pour savoir parfaitement parler cette langue. C'était un moyen de se rapprocher de la mère qu'il n'a jamais connue.
• father ; le 23 janvier 1998, Sun Moriyama a vu le jour à Ste Mangouste. Pour la première fois de sa vie, Shin s'est retrouvé face à une situation qu'il ne pouvait pas analyser ni décortiquer pour en trouver la solution. S'occuper d'un enfant n'avait rien à voir avec tout ce qu'il avait fait jusqu'ici et pour une fois, il n'était pas parfait, il a fait face à des échecs, des situations extrêmement frustrantes. S'il a souvent paniqué, s'il a régulièrement appelé Emi avec angoisse lorsque Sun avait une réaction qu'il n'avait pas prévue ou ne comprenait pas, Shin n'a jamais laissé tomber et a tout fait pour être le meilleur père possible.
• oubliator ; on aurait voulu qu'il devienne auror, sa condition de Métamorphomage étant un gros avantage pour un tel métier, mais ça n'a jamais intéressé Shin. On le voyait faire un métier plus prestigieux, mais c'est Oubliator qu'il a décidé de devenir. Protéger le monde magique en empêchant les moldus de découvrir son existence, protéger les moldus eux-mêmes en les poussant à ignorer un monde que beaucoup ne sont pas prêts à découvrir, c'est la mission qu'il s'est donnée. Ce qui l'intéressait avant tout, c'est la minutie dont il faut faire preuve quand on joue avec le cerveau humain. Shin était extrêmement doué en tant qu'Oubliator parce qu'il ne se contentait pas d'effacer quelques minutes - parfois quelques heures - de la vie des moldus dont il était chargé de s'occuper, il faisait en sorte de recréer des souvenirs pour combler le vide créé par le sortilège Obliviate, afin de s'assurer que ses cas ne soient pas confus, ne se demandent pas pourquoi ils avaient brusquement oublié un morceau de leur journée. Shin redoublait d'imagination, s'appliquait, afin de rendre la chose crédible et de permettre à ces moldus de retourner à leur petite vie.
• seal ; pour le maintenir sous l'apparence de Nazir, ils ont tatoué sa peau à l'encre et à la magie noire, imprimant une constellation de runes compliquées sur son dos. Il n'arrive pas à les faire disparaître, jamais complètement, peu importe l'apparence qu'il prend, les tatouages sont là. On n'a pas réussi à lui enlever, principalement parce que le sorcier qui s'est chargé de les mettre là est toujours en fuite et s'est tiré avec ses recherches. Si Angelina a brisé le sceau grâce à son sortilège lorsqu'ils se sont affrontés, il n'empêche que la magie noire est toujours effective et ne cesse d'entrer en conflit avec son don. Parfois ce sont ses muscles qui se tétanisent, d'autres, sa peau qui le brûle. Ses transformations sont devenues pénibles, douloureuses à réaliser, sauf quand il prend les traits de Nazir, une chose qui ne l'aide pas à mettre cette identité de côté.
• broken mind ; « Tu n’es pas Nazir Peterson, tu es Shin Moriyama, tu es né le 28 oct-- » il le sait, il a compris, ça fait des mois qu'on lui répète, mais ça n'empêche pas qu'il ne sait pas qui est Shin, il ne le connaît pas, il n'a que ce reflet étrange quand il se regarde dans la glace, ainsi que ce que Daiki et Keiji lui racontent. Il ne peut que se faire une idée de qui était ce type et ce qu'il en pense jusqu'à présent. Shin Moriyama était sacrément chiant. Ils ont tous l'air de le regretter, ils sont tristes quand il ne se rappelle pas de quelque chose, mais il se demande très franchement si ça vaut le coup, de redevenir ce gars-là. Il y a des matins où il se réveille avec les traits de Nazir Peterson, d'autres où il est un mélange étrange entre l'ancien Belliqueux et Shin et les pires, c'est quand il s'observe dans le miroir et qu'il n'est que Shin, parce qu'il a l'impression de vivre dans le corps d'un étranger, d'en être prisonnier.

NAZIR PETERSON ;
• gryffindor ; le courage, ce n'est pas ce qui manque à Nazir et c'est probablement cette qualité qui a poussé le Choixpeau à le répartir chez les rouge et or. Il n'a jamais été du genre à laisser ses peurs prendre le dessus, plutôt même à tout faire pour lutter contre elles. Doté d'un incroyable esprit de contradiction et en plus de ça, terriblement têtu, autant dire que Nazir a toujours été du genre à foncer tête baissée. Il n'a aucune patience, ne semble absolument pas posséder le moindre filtre. Nazir dit ce qu'il pense, quand il le pense et il se fiche pas mal des conséquences. Alors forcément, il a tendance à s'attirer des ennuis. Bien évidemment, il dira que ce sont les emmerdes qui le trouvent, qu'il n'a rien demandé, blablabla. C'est quelqu'un de loyal et de toute manière, beaucoup trop franc pour faire dans la trahison. En revanche, c'est le roi du baratin, que ce soit pour se tirer d'une mauvaise situation ou pour obtenir ce qu'il veut de quelqu'un.
• diagon alley ; mère moldue, père sorcier, Nazir a vu le jour dans un hôpital de Londres et a grandi à quelques mètres du Chemin de Traverse, dans un appartement du côté moldu. C'était pratique pour son père d'habiter là, puisqu'il travaillait dans la célèbre artère sorcière. Leur appartement n'était pas bien grand et étrangement, a semblé se faire plus petit encore, étouffant, lorsque la mère de Nazir est décédée quand il avait cinq ans. Un cancer, repéré trop tard, à l'avancée trop rapide. Ils n'ont rien vu venir et n'ont pas eu le temps de se faire à l'idée que déjà, elle était partie. Ça l'a mis en colère, Nazir, très en colère. Ça a rendu sa relation avec son père très tendue, parce que n'était-il pas un sorcier ? A quoi bon avoir des pouvoirs magiques, s'ils ne peuvent pas sauver les gens ? C'est probablement sa voisine, Angie, qui l'a maintenu sur le bon chemin, l'a empêché de devenir un gamin détestable, le laissant être juste assez turbulent. Cet appartement, il est vide à présent, parce qu'il ne reste pas un Peterson pour l'habiter.
• bellicose ; Nazir a fait partie de ceux qui ont rejoint l'Armée de Dumbledore lorsque le Ministère a commencé à se mêler de l'éducation des élèves à Poudlard. Pas qu'il était particulièrement branché cours, mais il ne pouvait vraiment pas encadrer ce crapaud d'Ombrage qui lui a valu plus d'une retenue douloureuse. Et puis, quand Angie allait quelque part, Nazir ne tardait généralement pas à suivre. Si au début, il se rendait aux réunions plus par plaisir de désobéir à Ombrage, il a fini par s'investir et prendre goût à ces leçons à ses yeux bien plus utiles que tout ce qu'ils avaient pu apprendre auparavant.
C'est sans hésiter qu'en 1998, Nazir se bat aux côtés de ses anciens camarades de l'AD et de l'Ordre du Phénix à Poudlard. Il se retrouve gravement blessé durant la bataille et transféré à Ste Mangouste, où il doit sa survie à Susan Dillinger, qui en plus de l'avoir soigné, lui a permis de s'enfuir avant l'arrivée des autorités à l'hôpital. Depuis ce jour, il a rejoint de nombreux autres sur le banc des indésirables et c'est ainsi qu'il est officiellement devenu un Insurgé. Depuis, Nazir n'a plus jamais cessé de se battre, devenant plus amer au fil des mois, et lorsque l'Ordre du Phénix a éclaté, c'est sans hésiter qu'il a rejoint les Belliqueux. Nazir a tout donné pour cette cause. Il a même sacrifié son âme, il a fait des choses qu'il ne pensait même pas envisageables avant et s'il regrette ? Non. Peut-être.
• treasure hunter ; après Poudlard, Nazir ne savait vraiment pas quoi faire de ses dix doigts. Il a obtenu ses ASPICS de justesse, parce qu'il n'a vraiment pas bossé pour les avoir et il a passé les premiers mois après l'obtention de son diplôme à enchaîner des petits boulots à la con pour aider son père. Hors de question de reprendre des études, ce n'était clairement pas fait pour lui. Et puis un jour, Nazir est tombé sur cette annonce d'une agence du nom de LIBERTALIA disant qu'ils recherchaient des gardes du corps pour des Briseurs de Sorts. Ca parlait de recherches dans des pays étrangers, de danger, de très bon niveau en DCFM requis, de connaissances en histoire, en géographie, bref, tout un tas de trucs qui ne correspondaient pas du tout à Nazir (à part peut-être pour la DCFM grâce à l'AD). Mais il a vu voyages et pour lui qui n'avait jamais quitté Londres sinon pour aller à Poudlard, ça sonnait comme un rêve. Alors il s'est présenté, il a baratiné comme un champion, allant jusqu'à profiter de ses origines pour prétendre qu'il avait beaucoup voyagé au Moyen-Orient et en Inde et connaissait un rayon sur ces coins de la planète. Dur de dire s'il a eu de la chance, ou si la boîte était prête à engager n'importe qui pour pas avoir à débourser trop de gallions, mais il a été pris et c'est comme ça qu'il est devenu Chasseur de Trésors. Bien évidemment, il n'a pas tardé à se faire griller par sa première partenaire, qui a vite compris qu'il n'y connaissait rien du tout mais après quelques supplications - et parce qu'il lui a sauvé le cul dans cette foutue grotte en Amazonie - elle n'a rien dit et ils ont continué à bosser ensemble. Etrangement, ils étaient efficace. Mieux encore, Nazir s'est découvert une véritable passion pour tout ça et s'est mis à dévorer des bouquins énormes pour ne plus être complètement largué. Nazir adorait bivouaquer, découvrir des trésors d'anciennes civilisations aujourd'hui disparues, regarder O. se creuser les méninges face à des pièges mortels alors qu'il suggérait de tout simplement y aller et attendre de voir ce qu'il se passait. Ils ont failli y rester plus d'une fois, mais qu'est-ce qu'ils ont pu se marrer. Enfin, surtout lui.

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi marion/moony. J'ai 24, oui vous pouvez jubiler ptn, je viens de nancy et j'ai connu le forum via le démon. Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 7 jours sur 7. Pour les scénarii uniquement : j'ai l'aval du créateur concernant ma fiche [] oui / [] non. Un dernier mot ? me shamez pas ptn.

1985, home & tianzi mountain
Shin dévale les escaliers exactement comme Daiki le ferait, en courant, sautant des marches. Il le connaît assez pour copier chaque geste presque instinctivement et c’est pourquoi lorsque Keiji apparaît brusquement dans son champ de vision, il pousse une exclamation de surprise et un juron, exactement comme Daiki le ferait. « J’ferais pas ça si j’étais toi, Chin-Hae, » lance Keiji de sa voix traînante et le garçon fronce les sourcils. C’est impossible qu’il sache que c’est lui. Il a copié Daiki à la perfection, de sa coupe de cheveux à la forme de ses oreilles légèrement différente. Et Keiji ne se trompe pas entre les jumeaux, dans cette maison, personne ne le fait, à part quand Shin fait en sorte qu’ils ne puissent plus les différencier. « C’est Daiki, » marmonne-t-il avec cet air vexé que son frère serait parfaitement capable de prendre dans une telle situation. Keiji le fixe, de son regard sans expression qui a tendance à effrayer les autres, mais Shin a l’habitude, son grand frère est comme ça, il n’est pas méchant pour autant, bien au contraire. « Non, » lâche-t-il simplement. « Et t’as pas envie d’être Daiki là tout de suite, il a fait tomber un vase de maman en jouant avec Joo-Eun. » Le garçon grimace, parce que même si leur père le réparera d’un sort, ça n’empêche pas que son jumeau a encore fait une bêtise et qu’il sera très probablement réprimandé pour ça. La magie répare les objets, mais pas les actes, Shin peut déjà entendre leur père prononcer cette phrase.
Mais son inquiétude est bien vite chassée – après tout, Daiki sait qu’il ne faut pas jouer dans le salon, parce que c’est rempli de vases et d’autres décorations choisies par leur mère et que c’est trop risqué d’être un peu trop turbulent à proximité – par la frustration, parce que Keiji l’a reconnu et Keiji n’était pas censé le reconnaître. Alors le garçon fait la moue et croise les bras sur son torse. « Comment tu sais que c’est moi ? » Le regard que son frère pose sur lui donnerait à n’importe qui d’autre l’impression d’être pris pour un abruti profond, mais Shin sait que c’est juste comme ça que Kei regarde tout le monde. Il hausse les épaules. « J’le sais, c’est tout, » répond-il en commençant à monter les escaliers, comme si son explication était suffisante.
Shin recule d’un pas, lui barre le chemin. « Non mais vraiment, comment tu sais ? J’ai tout copié, je suis exactement comme lui et-- » Il s’arrête, parce que son frère secoue la tête. « Vous êtes très différents, et c’est très bien comme ça, » répond Keiji avant de lui tapoter gentiment le crâne. Le garçon gonfle ses joues, agacé. « Mais physiquement, c’est ça, hein ? » demande-t-il en le suivant alors qu’il grimpe les marches. « Oui, oui, on aurait dit Daiki, » lâche-t-il avec une certaine lassitude et Shin esquisse un large sourire satisfait. « Trop cool ! T’es le prochain, nii-chan ! » déclare-t-il avec détermination. Se transformer en Keiji et surtout, l’imiter, sera beaucoup plus compliqué que son frère jumeau mais Shin est du genre à aimer les challenges.

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Il aurait dû faire plus attention, ne pas courir, ce n’est pas comme ça qu’il est censé se comporter de toute manière et si Otôsan était là, Shin se serait fait sérieusement réprimander. Il aurait dû être plus sage, ça lui aurait évité de trébucher et de s’écrouler comme un benêt. Le garçon siffle, ses paumes écorchées pour avoir tentée d’amortir sa chute sur le sol dur et se redresse avec une grimace pour constater qu’il est tombé sur quelque chose. « Ma lanterne ! » s’exclame une voix à côté de lui et Shin tourne la tête, pour se retrouver face à une fille qui semble avoir le même âge que lui et qui regarde les débris de sa lanterne avec horreur. Le garçon pâlit et ouvre la bouche pour s’excuser, mais c’est lui qu’elle regarde à présent et elle a l’air furieuse. Ses cheveux noirs prennent aussitôt une couleur rose fuchsia sous l’embarras et ça a au moins le mérite de surprendre un peu la fille. « Je—désolé, je-- » qu’il bafouille bêtement et il a tellement honte qu’il est à deux doigts de pleurer. Il reporte son attention sur la lanterne à présent brisée et réfléchit, vite. Ils n’ont pas le droit d’utiliser la magie pour les fabriquer, tout l’intérêt serait alors perdu. Mais c’est différent s’ils ne font que la réparer, pas vrai ? Shin se mord la lèvre inférieure, ce n’est pas pareil. Tout comme lui, elle a probablement passé des heures à créer sa propre lanterne et il vient de la détruire en s’écroulant dessus comme le pire des idiots.
Son cœur manque un battement alors qu’il se retourne vers la fille et lâche sans hésiter : « Je te donne la mienne. » La fureur quitte ses traits pour laisser place à la surprise, puis la résignation. « Non, c’est bon, c’est pas-- » « Si, je te donne la mienne ! » s’exclame-t-il avant de se lever d’un bond, d’attraper la fille par la main pour l’entraîner à sa suite. Elle proteste, mais il tient bon et ils passent entre les différents groupes, jusqu’à ce qu’il reconnaisse enfin le sien, composé de la famille Park et des quelques enfants d’autres familles dont les parents ne sont pas de la Tribu de l’Air. « Ah, te voilà enfin Chin-Hae, où étais-tu passé ? » fait la voix pleine de reproches de son grand-père et le garçon se précipite vers lui, sans lâcher la main de la fille. « Haraboji, je peux avoir ma lanterne ? » demande-t-il en se mâchouillant la lèvre inférieure, ses cheveux toujours aussi roses. L’homme arque un sourcil intrigué, son petit-fils maîtrise plutôt bien ses émotions et son don généralement et le voir ainsi est troublant.

« La cérémonie ne commence pas avant plusieurs minutes, » lui rappelle-t-il et Shin baisse la tête. « J’ai cassé sa lanterne, » marmonne-t-il et les traits du vieil homme s’éclairent alors qu’il comprend la situation. « Et comment ? » S’ils le pouvaient, ses cheveux se mettraient probablement à briller. « Je suis tombé dessus, » avoue-t-il du bout des lèvres. Son grand-père se retient de rire, un peu amusé par son petit-fils qu’il sait terriblement maladroit. Il s’accroupit alors devant les deux enfants et s’attarde sur la jeune fille qui affiche une moue. « Et tu es ? » demande-t-il doucement. « Takeuchi Emi. » « De la Tribu de l’Eau, pas vrai ? » Elle hoche la tête. « Mais j’ai hérité de l’affinité de mon arrière-grand-mère pour l’Air. Je suis venue avec les Watanabe, » explique-t-elle sans se défaire de sa moue.
« Je peux réparer ta lanterne, si tu le souhaites. » « C’est pas pareil, » réplique-t-elle aussitôt, sèchement, avant de s’empourprer un peu de gêne en réalisant ce qu’elle vient de faire. « Enfin, je veux dire-- » Le rire du vieil homme l’interrompt et elle rentre la tête dans ses épaules, lorsqu’il vient lui tapoter le sommet du crâne. « Tu as raison petite, exprime toujours clairement ce que tu veux. Bien ! » Sans sortir de baguette, il fait venir la lanterne que Chin-Hae a fabriquée avec son aide spécialement pour la cérémonie et la laisse léviter devant eux. « Je suis content que tu prennes tes responsabilités, Chin-Hae, » déclare-t-il simplement avant de se redresser et de faire volte-face.

Le garçon attrape la lanterne et la tend à Emi avec une mine gênée. « Elle n’est sûrement pas aussi bien que la tienne mais-- » « Je ne peux pas accepter, » dit-elle aussitôt et c’est à son tour d’avoir l’air gêné. « Je l’ai faite toute seule et—la mienne était moche, tu lui as probablement rendu service en l’écrabouillant, » marmonne la jeune fille avec une grimace. « La tienne est vraiment jolie. Garde-la, ce n’est pas grave. » Shin secoue la tête et l’empêche de faire demi-tour en l’attrapant par le bras. « On la fait voler tous les deux ? » propose-t-il brusquement. « Et la prochaine fois, tu n’auras qu’à venir avec nous ! Haraboji fait les plus belles lanternes, il t’apprendra ! » Elle semble hésiter, mais finit par hocher la tête et Shin lâche une exclamation joyeuse. Enfin, elle sourit et il se dit que c’est un très joli sourire.

1994, Hogsmeade
Shin lance un regard en coin à Emi dont le visage est presque entièrement masqué par l’écharpe et le bonnet qu’elle porte. Ok, il peut le faire. C’est un bon endroit pour lui demander, la ruelle est déserte et si jamais elle refuse, personne ne l’entendra et il pourra prétendre que ce n’est pas bien grave. Qu’il lui a demandé parce qu’il se fiche pas mal de ce bal, mais que quitte à y aller, autant que ce soit avec elle. Une connerie du genre. Le jeune homme s’arrête et ouvre la bouche, prêt à enfin prononcer les mots qui lui brûlent la langue depuis des semaines. Mais elle s’arrête aussi en voyant qu’il ne bouge plus, lui fait face avec les sourcils un peu froncés et dès qu’il croise son regard, Shin sent son maigre courage s’évaporer. « Il fait froid, tu veux aller boire quelque chose de chaud au Trois Balais ? »  Ce n’est pas du tout ce qu’il était censé lui demander. Il est stupide, par Rowena ce qu’il peut être stupide. Il n’a aucune envie d’aller au pub qui doit être bondé à cette heure-ci et où il ne pourra définitivement pas lui demander d’aller avec lui au bal. Bien évidemment, Emi accepte et il n’a plus qu’à s’insulter mentalement sur tout le trajet pour ça. Ils ne tardent pas à entrer dans le pub et à se trouver une place au fond de l’établissement après avoir bataillé pour se faufiler entre les tables.
Une fois installés et leur chocolat chaud servi, Emi se met à lui parler du devoir d’Astronomie qu’ils sont censés rendre lundi et d’habitude, c’est un sujet qu’il maîtrise et l’intéresse – tout ce qu’elle dit l’intéresse, de toute manière – mais il n’arrive pas à vraiment l’écouter, parce que ses doigts tapotent nerveusement sa tasse chaude et son cœur bat un peu trop vite. Par-dessus l’épaule de la jeune femme, il y a un miroir fixé au mur et Shin se demande brusquement qui a eu l’idée stupide d’accrocher un miroir à un endroit pareil. Il a le nez et les joues rouges à cause du froid, ses lunettes sont encore embuées à cause de la différence de température et il se trouve vraiment une tête de con.

Il n’y a aucun moyen qu’Emi accepte d’aller au bal de Noël avec un type qui a une tronche pareille. En plus, il danse comme un gland et risque probablement de la tuer avec sa maladresse, elle est beaucoup trop intelligente pour se laisser embarquer dans une aventure aussi périlleuse. Et puis, quelqu’un lui a sûrement déjà demandé. Emi est belle, drôle, intelligente, elle est appréciée par tout le monde dans leur maison et il sait qu’il n’est pas le seul à qui elle plaît beaucoup. Elle a déjà un cavalier, c’est obligé, alors à quoi bon lui demander, si c’est pour être certain de se prendre un refus ?
« --in-Hae ! »  Il sursaute, renverse un peu de son chocolat chaud qui se répand sur la table et la racine de ses cheveux commence à rosir d’embarras, lui donnant un air encore plus ridicule. Mais Emi rit et c’est un son merveilleux, alors qu’elle attrape une serviette pour nettoyer son bazar. Terriblement gêné, Shin relève un regard penaud vers la jeune femme. « Je suppose que le fait que la tasse ne soit pas brisée et que tu ne te sois pas brûlé est la preuve que tu t’améliores, » déclare-t-elle et le jeune homme doit faire un effort pour que la couleur absurde de ses racines ne se propage pas à toute sa tignasse. « Désolé, je suis-- »  « Maladroit, mmh, j’avais remarqué. »  Oui après tout, il a trébuché et s’est étalé de tout son long sur sa magnifique lanterne la première fois qu’ils se sont rencontrés, il lui a déjà renversé tout un encrier sur son uniforme, et lui a bousillé plus d’un livre en renversant son thé dessus. A vrai dire, il a fait encore plus que ça, mais comptabiliser toutes ses maladresses s’avèrerait probablement impossible.

Il ouvre la bouche pour s’excuser, mais s’en empêche à temps en croisant le regard sombre d’Emi qui lui a déjà répété cent fois de ne pas s’excuser lorsqu’il ne blessait personne et ne détruisait rien. « Qu’est-ce que tu disais ? »  demande-t-il alors en espérant changer de sujet et la jeune femme lui lance un regard désapprobateur, mais elle a un petit sourire au coin des lèvres. « Je disais, est-ce que tu comptes me demander d’être ta cavalière au bal ou est-ce que je vais devoir le faire ? »  Shin ouvre la bouche. La referme. Comprend la question et n’arrive définitivement pas à empêcher la couleur de ses cheveux de passer du noir à un rose vif aveuglant alors qu’Emi a cette lueur taquine dans le regard qui lui donne à la fois terriblement envie de l’embrasser et que le sol s’ouvre sous ses pieds pour l’engloutir. « Je, euh—tu—enfin, si tu veux, moi je-- »  Il se tait, parce qu’il a parfaitement conscience qu’il s’enfonce plus qu’autre chose. « Ma robe sera rouge, je compte sur toi pour être accordé, »  déclare-t-elle simplement, avant de porter sa tasse à ses lèvres et Shin hoche bêtement la tête.

Ça voulait dire oui, pas vrai ?

june 1997, london
« Et si je marche sur sa robe ? » « Elle n’est pas assez longue pour ça. » « Son pied, alors ? » « Elle vient de t’épouser, elle a conscience des risques auxquels elle s’expose. » « Et si je trébuche, et que-- » « Oh for Merlin’s sake, Chin-Hae, va inviter ta femme à danser. » Le jeune homme fait la moue et lance un regard noir à ses frères et sa sœur qui ne sont qu’une bande de sales traîtres. « Promis, je demande au groupe de jouer quelque chose de facile. » Shin marmonne quelque chose d’inintelligible, mais se dirige tout de même vers Emi qui est en train de rire à ce qu’une de ses demoiselles d’honneur vient de murmurer à son oreille. Il s’arrête à côté d’elle et s’éclaircit la gorge. Quand elle se tourne vers lui, il a le souffle un peu coupé, parce qu’elle est magnifique et il l’a épousée. « Est-ce que-- » « Oui, » le coupe-t-elle aussitôt avant de l’attraper par la main, pour  l’entraîner au centre de la piste de danse. Aussitôt, les conversations s’interrompent, alors que le groupe se met à jouer un rythme lent. Il se rappelle alors brusquement qu’il est censé mener la danse, alors il pose une main fébrile sur la taille d’Emi et fait de son mieux pour ne pas montrer à tout le monde à quel point il est gêné d’être le centre d’attention.
Au final, c’est elle qui mène subtilement, le guidant à travers chaque pas, jusqu’à ce que le rythme soit suffisamment inscrit dans son esprit pour qu’il puisse se débrouiller seul et Emi vient appuyer sa joue contre son épaule. « Tu vois, personne n’est mort, » murmure-t-elle et il laisse échapper un petit rire rauque. « C’est parce qu’il n’y a que nous sur la piste, » réplique-t-il en plissant le nez. « Mmmh, non, je suis certaine que tu t’améliores, » susurre-t-elle à son oreille. « Il te reste encore huit mois pour ne plus être une véritable catastrophe ambulante. » Shin fronce les sourcils et redresse la tête alors qu’Emi lui lance un sourire en coin. « Qu’est-ce que-- » « Un bébé c’est plutôt fragile. » Il se fige, les yeux écarquillés, alors que la musique lente laisse place à une reprise endiablée des Bizarr’Sisters et que la plupart des convives envahissent la piste de danse. Bêtement, il regarde Daiki attraper Emi par la main pour la faire danser furieusement alors que lui reste planté là.

Un bébé ?
Un bébé.
Oh.
OH.

Il sent qu’on lui attrape le bras mais ne réagit pas. « Shin ? » fait sa sœur, les sourcils froncés. « Tout va bien ? » Et il secoue la tête. « J’vais l’casser, » couine-t-il d’une voix blanche. « Joo-Eun, j’vais l’casser ! » Sa sœur aînée rit. « Oh, alors elle t’a annoncé la nouvelle. » Elle vient se planter devant lui et une part de Shin se sent outrée d’apprendre que sa sœur savait. « Félicitations, Otôsan, » lâche-t-elle avec un gloussement et le jeune homme gémit de désespoir.

june 1998, home
Shin se réveille en sursaut et met un moment à comprendre ce qui l’a tiré de son sommeil. Les cris perçants de Sun provenant de la pièce d’à côté. Subitement parfaitement éveillé, le jeune homme se redresse. « Emi ? » appelle-t-il doucement, mais il n’obtient qu’un grognement sourd en réponse et dans la pénombre, il peut la voir qui enfonce la tête dans son oreiller. « Emi ? » répète-t-il et aucune réponse, sinon la respiration lente et régulière de la jeune femme. Shin se mord la lèvre inférieure alors qu’il se sent brusquement très coupable. Bien évidemment qu’elle est épuisée, Sun a beaucoup de mal de faire ses nuits et à chaque fois, c’est Emi qui s’y colle parce qu’il n’est qu’un abruti qui a peur de sa propre fille. Enfin non, il n’a pas peur d’elle, il a peur de mal faire. C’est Emi qui arrive à l’apaiser, la rendormir, à la faire sourire et rire, alors que lui... Lui il arrive très bien à faire redoubler ses pleurs, à la surprendre ou à lui faire peur en faisant tomber quelque chose, ou en la portant comme si elle était une bombe à deux doigts d’exploser.
Il a peur d’être nul et Emi est patiente, elle attend, mais ce soir, elle est épuisée et c’est de sa faute. La gorge nouée, Shin sort du lit et se dirige vers la chambre de Sun à pas de loups. C’est stupide, elle est de toute évidence déjà plus que bien réveillée, alors il se secoue et se dépêche d’entrer dans la pièce. Dans son berceau, la petite est toute rouge et c’est encore plus coupable que Shin se demande depuis combien de temps elle hurle comme ça et quel père n’est pas réveillé immédiatement par les pleurs de désespoir de sa propre fille et oh, ça y est, elle l’a vu.

Ses pleurs ne s’arrêtent pas et il va devoir la sortir de son berceau, c’est probablement ce qu’elle veut, ça ne ressemble pas aux cris qu’elle pousse quand elle a faim, elle a plutôt l’air d’avoir peur, alors un cauchemar peut-être ? Shin déglutit avec difficultés puis inspire profondément. Il n’a qu’à faire très attention, il n’y a aucune raison qu’il la laisse tomber, il sait comment la porter, Emi lui a montré plein de fois. Il passe une main dans son dos, l’autre sous sa tête et la soulève. Une fois qu’elle est bien calée au creux de son bras, il envisage de faire des allers-retours dans la pièce en la berçant, comme il a déjà vu Emi le faire pour la calmer, mais il a trop peur de trébucher sur du vide et de s’écrouler avec elle dans ses bras.
Il avise donc le fauteuil dans le coin de la pièce et c’est avec précaution qu’il s’en approche pour s’y installer. « Ok, ok, hé regarde, on n’est pas tombés, » murmure-t-il d’une voix un peu tremblante, parce que Sun pleure toujours mais elle a l’air épuisée et ça ne peut pas être bon de pleurer autant. « Elle fait quoi maman, hein ? » demande-t-il comme si la petite pouvait lui donner la réponse. Il tente de la bercer, mais le mouvement ne l’apaise pas, ou il s’y prend vraiment mal et elle se met à pleurer plus fort. « Désolé, désolé, je sais, c’est pas pareil, d’accord, j’arrête, ne pleure pas, je suis désolé, » bafouille-t-il avant de la ramener contre son torse, il cale sa tête dans le creux de son épaule, une main posée derrière son crâne. « Maman est très fatiguée alors il n’y a que moi, je suis désolé Sun, » gémit-il, désemparé. « Tu veux que je chante ? Non, mauvaise idée. Une histoire alors ? T’es trop petite pour les histoires, non ? Qu’est-ce qui intéresse les bébés ? » Les pleurs se transforment en hoquets et il ne sait pas trop si c’est parce qu’elle est trop fatiguée pour continuer, ou si l’entendre parler la calme alors dans le doute, il continue.

Ça n’a probablement aucun intérêt pour un bébé, mais il se lance dans la première histoire qui lui vient en tête, soit un vieux conte qu’il a tant lu lorsqu’il était enfant qu’il le connaît par cœur. Il va jusqu’à la fin, même s’il est évident qu’au premier tiers de l’histoire, Sun s’est déjà rendormie et lorsqu’il se tait enfin, Shin ne sait pas quoi faire. S’il bouge, il prend le risque de la réveiller et il se sent parfaitement incapable de se lever, d’aller jusqu’au berceau et de la recoucher sans la déranger. Ce n’est pas grave, le fauteuil est plutôt confortable. Il s’installe un peu mieux, Sun toujours allongée sur son torse et ferme les yeux.

Le lendemain, il se réveille avec une nuque douloureuse et à moitié bloquée, mais le poids de Sun confortablement lovée contre lui et le regard fier d’Emi en valent la peine.

2001, london
 On le tire brusquement par l’avant-bras et Shin voudrait pousser une exclamation indignée, mais aussitôt, il se retrouve plaqué contre un mur et ne peut que siffler de douleur. « Deux rafleurs viennent de partir pour aller chez toi, » murmure son collègue et le jeune homme fronce les sourcils. « Ils n’ont aucune raison de-- » On le secoue. « Ils en ont pas après la pureté du sang de ta famille, abruti. » Shin ouvre la bouche. « Tu leur as dit non, pas vrai ? » La referme aussitôt. Il pâlit, mais secoue tout de même la tête. « Ils ne peuvent pas-- » Il lui en colle une à l’arrière du crâne. « Bien sûr qu’ils peuvent, ouvre les yeux, Moriyama ! » Son cœur manque un battement, alors que la panique s’empare de lui. « Je dois-- » « Dépêche, tirez-vous d’ici, et vite. » Il hoche la tête et se précipite aussitôt vers les cheminées pour quitter le Ministère. Shin s’engouffre dans un âtre et réapparaît aussitôt dans son salon. Ce qu’il a alors sous les yeux le fige. Emi est étendue sur le sol, pâle, ses yeux grands ouverts. A côté d’elle, Sun hurle en la secouant et les deux rafleurs qui s’apprêtaient à s’emparer d’elle se figent en le voyant.
Il ne réfléchit pas, les deux types partent brusquement en arrière, comme frappés par un violent souffle d’air et retombent lourdement en grognant de douleur. Déjà, sa baguette est tirée de la poche de sa robe de sorcier et les deux rafleurs sont désarmés et pétrifiés. Pâle et tremblant, Shin se précipite vers Sun qu’il soulève, serre contre lui alors que la petite hoquète, secouée par ses sanglots. « Mama, » gémit-elle et son regard se pose sur Emi et—

Non.
Non.
Sa vue se brouille, ses genoux se dérobent sous son poids et il chancèle, tombe avec Sun toujours serrée contre lui.

Emi est—
Emi est—
C’est de sa faute.
Merlin, c’est de sa faute.

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Il aurait dû accepter de mettre son don de Métamorphomage au service du gouvernement. Il aurait dû accepter sans faire d’histoires, plutôt que de refuser poliment, en pensant que s’il restait dans son coin sagement, personne ne viendrait le mêler à tout ça. S’il avait accepté, ils ne s’en seraient pas pris à sa famille. S’il avait accepté, Emi serait toujours— « Elle s’est endormie. » Ce n’est qu’un murmure, mais Shin sursaute et lève la tête vers son frère. Daiki vient s’asseoir à côté de lui, près du feu qu’il réveille d’un geste de la main. « Chin-Hae, je-- » Il secoue la tête et son frère comprend, se tait aussitôt. Ils restent silencieux durant de longues minutes, immobiles. Enfin, Daiki se rapproche et son épaule vient frôler celle de Shin dont les traits s’affaissent. « C’est ma faute, » croasse-t-il d’une voix rauque. « Shin-- » « Non, c’est ma faute, » répète-t-il et il ne parvient plus à retenir ses larmes, qui dévalent la pente de ses joues. « Si j’avais—Emi serait—et S-Sun, » hoquète-t-il avant que les bras de Daiki ne se referment brusquement autour de lui.
Il ne tient plus. Les sanglots arrachés de sa gorge sont rauques et font trembler tout son corps alors qu’il va cacher son visage dans le creux de l’épaule de son frère. Ses mains agrippent la veste de Daiki dans son dos et serrent, serrent à s’en faire mal. Il ne sait pas combien de temps il reste comme ça, à pleurer jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus de larmes, alors que son frère se tait et le laisse faire. Il n’arrive pas à s’écarter même lorsqu’il n’a plus l’énergie de pleurer. Il ne veut plus bouger de là, il veut juste rester contre Daiki et oublier ce qui vient d’arriver. « Ecoute, on peut vous faire quitter l’Angleterre, c’est risqué mais—vivre comme ça, c’est pas possible avec une enfant. Vous pourriez aller chez Haraboji et Halmeoni, vous y seriez en sécurité. » « Et Otôsan ? » « Le vieux est malin, il arrivera à s’en tirer en leur disant à quel point ses fils sont de la mauvaise graine et la honte qu’on lui inflige, mais Sun et toi, vous devez partir, d’accord ? » Il doit mettre Sun en sécurité. Ils ne peuvent pas rester ici, avec les Insurgés, c’est beaucoup trop risqué. « D’accord. »

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Il les entend arriver avant de les voir et Shin a le temps de dresser un bouclier entre eux et les Rafleurs qui viennent d’apparaître. Les sortilèges rebondissent dessus et Sun pousse un cri terrifié avant de cacher son visage contre son épaule. « Dai ! » s’exclame-t-il alors que les Rafleurs s’acharnent sur son bouclier. « Tu l’attrapes et vous partez, » siffle-t-il entre ses dents. « Shin ! » « Tu l’attrapes. Et vous partez, » ordonne-t-il. Sun s’accroche à son cou en criant, mais Daiki bataille et finit par réussir à l’attraper. « Shin, viens-- » « Ils vont nous suivre, tu pars avec elle et je les retiens. » « C’est stupide, c’est moi devrais— » « DAIKI ! » s’écrie-t-il entre deux contre-sorts. Il ne laissera pas son frère en arrière pendant qu’il fuit avec Sun. Il reste, c’est lui qui reste. « Je vous retrouverai. » Un sort siffle juste à côté de l’oreille de Daiki, qui rapproche Sun de son torse et lance un regard sombre à Shin. « T’as intérêt, » ordonne-t-il avant de disparaître.
Aussitôt, deux Rafleurs veulent partir à sa suite, mais il les en empêche d’un sort bien placé. Ils sont cinq, définitivement plus nombreux que lui, mais Shin a bien l’intention de les retenir jusqu’à ce que la trace de Daiki et Sun ne puisse plus être suivie. Il ne s’est jamais vraiment battu, contrairement à son frère, mais ça ne veut pas dire qu’il en est incapable, seulement qu’il n’en a jamais éprouvé l’envie ni le besoin.

Aujourd’hui, les deux le tiraillent douloureusement. Les deux moins bons duellistes finissent rapidement assommés, rééquilibrant un peu les chances de Shin. C’est lui qui les accule, refusant de leur laisser la moindre occasion de transplaner. C’est seulement lorsqu’un sort l’atteint entre les omoplates qu’il comprend pourquoi Daiki ne laisse plus aucun survivant depuis qu’il a rejoint les Insurgés.

2002, ministry of magic
Je m’appelle Chin-Hae Moriyama.
J’ai vingt-quatre ans.
J’ai un frère aîné, qui s’appelle Keiji.
J’avais une sœur, Joo-Eun, mais vous l’avez tuée.
J’ai un autre frère, Daiki, mon jumeau.
J’ai une fille, Sun.
J’avais une femme, Emi, mais vous l’avez tuée elle aussi.
Et j’ai jamais eu envie de faire du mal à quelqu’un, vous savez ?
Mais vous.
Vous, je vous tuerai.

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Je m’appelle Shin.
Shin Moriyama.
J’ai jamais connu ma mère.
J’avais une sœur.
J’avais une femme, aussi.
Mais j’ai une fille, et deux frères, et vous les aurez jamais.

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Je m’appelle—
Shin.
Bien sûr que c’est Shin.
Je sais que c’est Shin.
Je suis Shin.
Shin Moriyama.

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Chin-Hae.
Shin. C’est plus simple.

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Shin Moriyama.

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Shin, euh—
Shin.

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Shin.

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Je—
Merde.

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Ça fait mal, ça fait si mal, l’aiguille s’enfonce sous la peau de son dos, injecte son encre noire et il a l’impression qu’elles sont des milliers, chauffées à blanc. Il ne peut bouger que la tête et quand il la redresse, c’est pour croiser le regard du type qu’ils ont sanglé comme lui et qui est en train de subir le même sort. Il a les dents serrées et fixe droit devant lui, l’air bien déterminé à ne pas crier et son visage est familier. Il ne sait pas d’où, mais il connaît ce type. C’est important. Il ne sait pas pourquoi, mais c’est important qu’il soit là, dans cette même cellule, c’est important parce qu’il ne devrait pas être ici, parce que c’est dangereux qu’il soit là.

Dangereux pour qui ?

2002 & 2003, here & there
Le coup de poing l’atteint en pleine mâchoire, pris par surprise, Nazir s’effondre et se retrouve aussitôt avec deux baguettes pointées sur lui. « T’étais passé où ?! » s’écrie Angelina et le jeune homme lui lance un regard noir. « C’était obligé, la mandale ? » grogne-t-il avec hargne en se frottant la mâchoire. « Ta gueule, et réponds ! » Il veut se relever, mais les deux baguettes pointées sur lui l’en empêchent, lui faisant clairement comprendre qu’il n’a pas intérêt à bouger. Nazir déglutit avec difficultés, il n’a pas envie d’en parler, pas maintenant, peut-être même jamais. « Dépêche ou je-- » « Et merde Angie, ta gueule ! » s’écrie-t-il brusquement et elle s’apprête probablement à lui rappeler que c’est Rocket et pas Angie, mais il la coupe aussitôt : « Mon père est mort, » lâche-t-il d’une voix rauque. « Ils ont tué mon père et j’avais besoin de rester seul quelques jours, t’es contente ? » Cette fois il se relève, profitant que Cormac a écarté sa baguette et qu’Angelina a l’air d’avoir été frappée par la foudre. « T’aurais pu prévenir. » « Rocket-- » « On s’est inquiétés ! Il aurait dû prévenir ! T’es parti chercher à bouffer et t’es jamais revenu, on a cru qu’ils t’avaient chopé ! » « Rocket, c’est pas-- » « Pour ce que j’en sais, tu pourrais très bien ne pas être Stormrage ! » Cette fois, Nazir plisse les yeux, tandis que Cormac soupire, visiblement abattu. Il s’approche d’Angelina qui raffermit sa prise sur sa baguette.
« Va te faire foutre, Rocket, » siffle-t-il entre ses dents. Il a mal partout, parce qu’en errant tout seul il a fini par croiser deux Rafleurs et il s’en tire avec des bleus et quelques plaies, mais il a bien failli y rester. Son père est mort et il ne peut pas s’empêcher de se dire que c’est de sa faute, parce qu’il a choisi un camp et ça ne plaît pas à tout le monde. Il a envie de se rouler en boule dans un coin pour pleurer mais il l’a déjà trop fait ces derniers jours et il se sent déjà suffisamment pathétique comme ça. La dernière chose dont il a besoin, c’est qu’Angie ose insinuer qu’il puisse être quelqu’un d’autre, qu’il puisse être un traître, alors que depuis le début, il donne tout ce qu’il a pour la cause, tout.

Il ignore la menace que représente sa baguette et la bouscule d’un coup d’épaule alors qu’il s’éloigne à grands pas, pour aller s’asseoir à côté du feu de camp, la mâchoire crispée. Il entend Cormac et Angie qui murmurent furieusement, mais ne fait pas attention à ce qu’ils disent. Il a la rage, Merlin, il a tellement la rage. Du coin de l’œil, il voit Angelina qui finit par s’en aller à grands pas, Cormac qui soupire en secouant la tête. Le jeune homme semble hésiter, mais il s’approche et vient s’asseoir à côté de lui. « Désolé, elle est-- » « J’m’en branle. » Le blond se tait, pince les lèvres. Nazir sait très bien comment est Angelina, il n’a pas besoin que Cormac lui fasse un cours. « Désolé, pour ton père, » lâche enfin Doxy et le jeune homme se crispe. « On n’en parle pas, » ordonne-t-il sèchement et Cormac hoche la tête.

Il reste juste là, à côté de lui, silencieux.
C’est très bien comme ça.

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Nazir se redresse en grimaçant. Il ne sait pas pourquoi, mais depuis quelques jours, tout son corps lui fait mal. Ce n’est pas comme après un combat, il sait à quoi ça ressemble, c’est une douleur musculaire tout à fait normale. Là, il a l’impression d’avoir mal jusque dans ses os. Alors il se traîne pour se rapprocher du camp et s’arrête à côté de la tente où se trouvent Alicia et Angelina. Il sort sa baguette et lance un Lumos, parce que la dernière fois qu’il a réveillé Claws dans la pénombre, il a failli y perdre un œil. Il a à peine fini d’ouvrir qu’il trouve Alicia assise, les yeux grands ouverts. « T’excite pas meuf, c’est qu’moi, » qu’il grogne à voix basse. « C’est ton tour. » Déjà, elle s’extirpe de son sac de couchage et sort de la tente sans un mot, pour aller monter la garde. Il ne sait pas si elle est très réactive au réveil, ou si elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. Quelque chose lui dit que c’est plutôt la seconde option.
Nazir soupire, se glisse sous la tente après s’être débarrassé de ses chaussures et se faufile à côté d’Angelina qui grogne dans son sommeil. « C’mon tour ? » Il va se serrer contre elle, parce qu’il fait un froid de chien, parce qu’il a mal partout et ça l’empêche de dormir alors qu’il est épuisé. « Nan, dors, » réplique-t-il en passant un bras autour d’elle. « Même pas en rêve, » marmonne-t-elle. « Ta gueule, j’ai juste froid, » qu’il réplique. Elle ne le force pas à bouger, même si elle n’aime pas qu’on la touche, elle est probablement trop crevée pour agir et déjà, il peut entendre son souffle régulier, preuve qu’elle s’est rendormie.

2003, hogsmeade & hogwarts
Ils ont à peine mis un pied à Pré-au-Lard que tout son dos le brûle. Ça remonte le long de sa nuque, puis c’est tout son crâne qui lui fait affreusement mal et Nazir lâche une exclamation de douleur. Les autres se tournent immédiatement vers lui et il entend Angelina qui l’appelle, il sent une main se poser sur son épaule – Cormac – mais c’est horrible, horrible et il faut que ça s’arrête et—
Traîtres.
Rebelles.
Il doit—
Il doit exécuter—
Exécuter.
Nazir n’est plus là. Il n’y a plus qu’une coquille vide qui doit tuer, qui pointe sa baguette sur Angelina et manque de lui arracher la tête d’un sort. Et puis la lutte, terrible, brutale, mortelle pour cet Insurgé qui se prend une de ses attaques de plein fouet. Il y a Angie qui hurle, Cormac qui est pâle et qui ne comprend pas.

Quand il revient à lui, il est à quatre pattes dans la boue et il hurle, il hurle parce que tout son corps lui fait affreusement mal, parce qu’il a l’impression qu’on lui brise les os pour les reconstruire, qu’on lui arrache la peau, qu’on tire chacun de ses muscles. Il s’effondre et se tord de douleur et il ouvre la bouche, pour demander à Angie d’arrêter ça, s’il te plaît, arrête ça, fais quelque chose, tu sais toujours quoi faire, tu—
Ça s’estompe, rien qu’un peu, assez pour qu’il relève la tête, lance un regard perdu à Angie et Cormac qui ont leur baguette pointée sur lui et le fixent avec horreur. « Qu’est-ce que-- » « Daiki ? » fait Cormac, les sourcils froncés. Quoi, Daiki ? Qu’est-ce que Moriyama vient foutre là-dedans. « C’est pas Daiki, » murmure Angelina d’une voix blanche. « Tu veux dire que-- » Elle hoche la tête et Nazir ne comprend pas, il ne comprend rien, pourquoi ils le regardent comme ça ? Et pourquoi il a si mal ? « Putain Angie, qu’est-ce que-- » Elle s’approche et au lieu de lui répondre, abat son poing sur sa tempe.

Et il sombre.

---

Il a arrêté de crier quand il a fini par comprendre que personne ne l’entendait. Recroquevillé dans un coin de sa cellule, Nazir a le souffle court, parce que rien qu’inspirer est affreusement douloureux. Il fait si sombre qu’il n’arrive pas à savoir où il est exactement. Ça ressemble à Poudlard, mais pourquoi on l’aurait enfermé à Poudlard ? Du bruit. Il dresse l’oreille, retient sa respiration et oui, des bruits de pas, ils se rapprochent. Enfin il voit de la lumière et il doit cligner des yeux plusieurs fois pour s’y habituer, il fait juste si sombre ici. La porte du cachot s’ouvre, grince et quelqu’un entre alors par réflexe, Nazir se plaque contre le mur derrière lui et se tient prêt à se défendre. « Shin ? » fait une voix et le jeune homme fronce les sourcils, lève la tête, pour reconnaître Daiki, qui a l’air d’avoir vu un fantôme. « C’est toi, c’est vraiment toi ! » s’exclame-t-il avant de s’agenouiller devant lui et de le prendre dans ses bras.
Nazir siffle de douleur. « Lâche-moi, lâche-moi putain ! » gronde-t-il en plaquant ses mains sur le torse de Moriyama pour qu’il s’éloigne. « C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce que j’fous là-dedans ? » s’exclame-t-il et Daiki fronce les sourcils. « J’en sais rien, on m’a juste dit que t’étais là et je suis directement venu, comment t’as fait ? Oh on s’en fiche, je savais que t’étais vivant Shin, j’le savais ! Et Sun— » « Wow, wow, arrête, stop, tais-toi. T’as pris un coup sur la tête mon vieux ? Ecoute j’me doute que ton frangin te manque et c’est cool de voir que t’as toujours espoir, mais c’est un peu creepy ce que tu fais. » Daiki ouvre la bouche. La referme. Il semble confus pendant un moment et Nazir en profite pour s’éloigner. « Shin, qu’est-ce que tu-- » « Mais arrête putain ! Gros, c’est flippant ! C’est Nazir, tu t’souviens de moi, non ? » demande-t-il, subitement inquiet pour la santé mentale de l’autre, surtout lorsqu’il se met à pâlir et à le regarder bizarrement. « Nazir ? Mais qu’est-ce que—Nazir qui ? » « Duh, Peterson ! Mec sérieux, qu’est-ce qui t’arrive ? » Et la douleur le reprend, lui tire un grognement alors qu’il se met à frotter son avant-bras parce que ça le démange et—c’est quoi cette connerie ?

C’est pas sa main, ça. Il fait sombre, mais la longueur des doigts n’est pas la bonne et surtout, la couleur de sa peau. Quelque chose cloche. Quelque chose cloche vraiment. « Shin-- » « Mais ARRÊTE, PUTAIN ! » vocifère-t-il avant de se relever sur ses jambes tremblantes, douloureuses. « Faut qu’je sorte, faut qu’je-- » Il avance vers la sortie, mais déjà, Daiki se plante devant lui et lui barre la route. « Pousse-toi, » gronde-t-il mais l’autre refuse, pointe sa baguette sur lui. « Dégage ! » s’écrie Nazir avant de jeter en avant, mais le Moriyama recule et referme brusquement la porte sur laquelle il s’écrase. « Daiki ! Ouvre-moi ! » Il frappe la porte, hoquète de douleur. « OUVRE PUTAIN ! » Mais l’autre recule et secoue la tête. « Non, tu—ça va pas, je vais—je vais chercher de l’aide, ok ? » Il s’éloigne aussitôt et Nazir tambourine contre la porte, hurle, jusqu’à ce que la douleur soit trop forte, l’empêche de rester debout.

Ça va pas.
Ça ne va pas, du tout.

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Il ouvre les yeux, réveillé par la certitude qu’il n’est pas seul. Il fait toujours aussi sombre dans ce maudit cachot, mais il discerne une silhouette derrière les barreaux, qui se crispe lorsqu’il se redresse. « Angie ? » appelle-t-il d’une voix rauque. Elle recule, alors il se redresse d’un bond et s’avance vers la porte. « Angie, attends ! » Il agrippe les barreaux et elle se fige. Angelina le fixe, les lèvres pincées, examine son visage avec minutie. « Angie, faut que tu me fasses sortir de là, d’accord ? Cormac a dit que j’vous avais attaqués ? J’m’en souviens pas, j’te jure que j’m’en souviens pas, je sais même pas—Moriyama et les autres, tout ce qu’ils disent, c’est—Angie, j’y comprends rien, je te jure que j’y comprends rien, je sais même pas comment je peux être comme ça ! Fais-moi sortir de là, j’t’en prie, j’deviens taré là-dedans. » Elle ne réagit pas, il ne voit que les muscles de sa mâchoire qui se contractent sous la pression qu’elle lui fait subir. « Angie, c’est moi, ok ? C’est Nazir, je sais pas ce qui se passe mais on va trouver une solution, on trouve toujours une solution, pas vrai ? Je suis toujours moi, hé, tu te souviens quand-- » Elle s’éloigne. « Non, Angie, attends. » Elle lui tourne le dos, se met à marcher. « Angie ! Putain Angie arrête, tu peux pas-- » Elle sort de son champ de vision restreint et il se jette contre les barreaux. « ANGIE ! ANGIE, ME LAISSE PAS LA ! ME LAISSE PAS LA PUTAIN ! » hurle-t-il mais les bruits de pas précipités d’Angelina qui fuit les cachots sont sa seule réponse.

2003, hogwarts
Il sait qui est Shin Moriyama.
C’est le jumeau de Daiki, le binoclard qui était à Serdaigle et qui causait jamais, à part pour s’excuser quand il renversait ou cassait un truc, bousculait quelqu’un, parce que ce type était tellement maladroit qu’il en était devenu un véritable danger public. C’est le gars qui s’est marié vachement jeune et qu’a fait une gosse dans la foulée, parce qu’apparemment, la vie idéale pour lui, c’était une existence hyper chiante. Il sait qui est Shin Moriyama et ce n’est pas lui.
Lui, c’est Nazir Peterson, il a vingt-six ans, il connaît Angie depuis qu’il est gosse, il sait des trucs sur elle qu’il peut pas avoir imaginé, c’est pas possible. Il est allé à Gryffondor, il a fait une scolarité pitoyable et il a quand même réussi à s’en tirer avec un super boulot. Il a rejoint l’AD à l’époque, il est revenu en Angleterre pour se battre avec l’Ordre du Phénix, il a fini Insurgé, avec les Belliqueux, il n’a jamais travaillé pour qui que ce soit d’autre que la rébellion, il a tout donné pour la cause, même la vie de son père.

Il est Nazir Peterson, l’a toujours été, ils ne peuvent pas lui faire croire le contraire.
Ils mentent.

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Il n’est peut-être pas vraiment Nazir Peterson.
L’idée le révulse, lui donne envie de vomir, mais alors qu’il a les yeux rivés sur son reflet, il doit se rendre à l’évidence. Depuis quelques jours, il fait des rêves. Des rêves que Nazir n’a aucune raison de faire. Des rêves qui ont l’air d’être ceux d’un autre. Ceux de Moriyama.

Il serre les dents, regarde les muscles de sa mâchoire bouger. Il n’aime pas ce reflet.
Non, il le déteste.
Dans son dos, l’encre noire le brûle, alors que ses traits se modifient. Dans le miroir, le visage de Shin s’efface peu à peu, pour laisser apparaître celui de Nazir et il est obligé d’appuyer ses deux mains sur la pierre froide, pour rester debout malgré la souffrance. Sa respiration se fait laborieuse, il grogne, souffle. De toutes ses forces, il tente de maintenir ce reflet, mais il finit par ne plus tenir et bien vite, c’est à nouveau Moriyama qui lui fait face.

Son poing s’écrase sur le miroir qui se brise, il l’arrache du mur, le jette par terre et entreprend de réduire chaque petit éclat en poussière.

Il n’est peut-être pas vraiment Nazir Peterson.
Mais il n’a aucune idée de qui il est.