and this is where I went to school, most of the time had better things to do, criminal record says I broke in twice, i must have done it half a dozen times
7am. Elle a laissé son regard collé au plafond jusqu’à ce que la lune laisse place au soleil, elle saurait pas vraiment dire si elle a fermé les yeux un moment, une seconde, une heure, plusieurs. Cette nuit, les ténèbres qui peuplaient la pièce abritaient des idées noires, des démons qu’elle n’avait plus vus depuis longtemps. Au matin, le silence recouvre le monde, tout semble immobile. On est peut-être déjà réveillé, mais on n’en dit rien, on ne bouge pas, on grappille encore quelques minutes au chaud, en sécurité. Les jours passés et ceux à venir occupent l’esprit de tout le monde et personne n’a vraiment envie d’en parler à voix haute, de le partager. On le fait déjà bien assez. Pour s’obliger à bouger, elle commence à se mouvoir hors de son lit, attrape un élastique et noue ses cheveux en un chignon roux, des mèches de feu s’en échappent ça et là. Le vent frais de l’aurore, qui envahit la chambre lorsqu’elle ouvre la fenêtre, lui rosit les joues et lui remet les idées en place : une nouvelle aube et elle se porte mieux que jamais. Les démons de la nuit se sont évanouis avec elle et le ciel bleu s’étend à des kilomètres. D’ici quelques minutes, le silence aussi commencera à se lever, et elle se rend compte pleinement, à cet instant, de la chance qu’elle a d’avoir survécu un jour de plus. « Graham, breakfast. » Gaby claque la porte derrière elle aussi vite qu’elle l’avait ouverte, Wendy a tout juste le temps de voir sa chevelure blonde disparaître dans l’embrasure avant le clac (qui réveille le dernier endormi, au passage). Dans la grande salle, l’ambiance est déjà plus entraînante, ça lui fout le sourire aux lèvres, elle se rue sur un plat d’œufs brouillés et se remplit une assiette avant de se poser à côté de Kid. « My favourite time of the day. » Et, pendant juste une fraction de seconde, rien n’existe plus autour que ce camp de vacances et les mômes qui l’habitent.
11am. Elle ne se rend pas compte que le sort qui quitte la baguette de Matteo va venir s’écraser sur elle de plein fouet, l’envoyer valser à l’autre bout de la pièce. C’est ce qui se produit, à peine un dixième de seconde plus tard, elle se retrouve (une fois de plus) le nez face au sol, le flan endolori. « Mais put— » « Wen', merde, on a déjà parlé des réflexes. Protego ça fait partie des bases, on l’a vu y a des mois, qu’est-ce qui t’arrive ? » Elle se relève, se rattache les cheveux pour dégager son champ de vision. Elle a le regard dur, les sourcils froncés. Là, tout de suite, tout l’énerve. Matteo et son absence de pédagogie (le pauvre, c’est pas lui qui a demandé à jouer au professeur ; et le reste du temps, tout se passe au mieux), sa baguette, qui continue, parfois, à n’en faire qu’à sa tête (même si ça va bien mieux qu’au début), elle-même, son éternelle frustration, et cette idée gênante, qui vient l’embêter quelques fois, qui lui dit qu’elle n’est peut-être pas à la hauteur de ses ambitions. Regarde la vérité en face, Wendy. « Sur un champ de bataille, tu n’auras pas le temps de— » « Ça va. » elle le coupe, fait un geste de la main pour balayer la suite de sa phrase, qu’elle devine de toute manière et ne veut pas entendre. « Ça va, j’ai compris. » la rouquine baisse la tête, relâche ses muscles beaucoup trop tendus, laisse son bras tomber le long de son corps, sa baguette au bout, qui pointe le sol. « C’est juste qu’en ce moment, ça va pas fort, pour être honnête. » Son regard continue à scruter ses pieds. « J’ai plein de choses dans la tête, alors c’est vrai que je suis pas super concentrée. Tu vois, je commence à avoir un peu peur. Je me dis que, peut-être – je sais pas mais – peut-être on n’en sortira pas indemnes. Peut-être même pas vivants et ça me fait penser à tous ceux qui sont la, avec nous, et puis dehors aussi, qui nous soutiennent, qui se battent chaque jour et puis j’me dis, tu sais, la vie tient vraiment qu’à un fil et j’ai tellement de choses à faire encore, donc je t’avoue queEXPELLIAR— » « Protego » « —mus… dammit. » il la toise, un sourcil en l’air, et elle lit dans son rictus qu’il avait compris dès début, dès la seconde, aux alentours du quatrième mot, où elle a cessé de faire sens, ou elle a cessé d’être elle-même. Alors, quand il explose de rire, elle a envie de faire pareil. Elle l’accompagne, leurs rires s’entremêlent, le sien est un peu forcé, un peu jaune mais tant pis, elle pense naïvement qu’ils ont encore un peu de temps, qu’elle fera mieux demain, et puis le jour d’après. « On arrête là, hein ? » « Ouais. » Quand elle rejoint la grande salle, rien n’a beaucoup bougé. Certains s’entraînent dans un coin, d’autres jouent, lisent, discutent, vaquent à leurs occupations, à leurs habitudes même, aussi étrange que cela lui semble quand elle y pense, ils se sont un peu habitués, mine de rien, à être ici. Dans la foule, le visage un peu fermé de Kid se détache des autres, ses lèvres s’étirent en un sourire, quelque part ça lui fait un peu plaisir, de le rejoindre. « Grimaldi peut dire ce qu’il veut, y a une différence entre un champ de bataille et un entraînement dans la salle sur demande. J’veux dire, bien sûr que je serai(s) plus concentrée, sur un champ de bataille. » Elle lève les yeux au ciel, soupire, le regarde avant de hocher les épaules. « Bien sûr… » Elle répète, avant de d’étendre son dos sur la lourde table en bois. C’est marrant, comme elle parle de la guerre, Graham : comme si c’était un jeu.
3pm. « Wednesday. » Elle rechigne, l’envoie paitre et se protège de la lumière avec son avant-bras. « Hep, Graham. Wake up. » Ce n’est pas demandé gentiment. Ce n’est pas demandé méchamment, mais ce n’est pas demandé gentiment. C’est autoritaire, comme si on lui donnait un ordre. On la secoue un peu, et elle se décide alors à ouvrir les yeux, sourcils froncés pour accueillir son interlocuteur. « Il est où, le troisième ? » Wendy se redresse, s’appuie vers l’arrière sur ses deux bras et secoue la tête en guise de réponse. De quoi on parle, là ? « Zabini, where’s Zabini ? » Elle regarde autour d’elle, comme s’il allait subitement lui apparaître alors qu’il n’était, apparemment, nulle part. « Quoi ? J’en sais rien, parti se promener ? » Mais vu le regard que lui lance le destinataire, c’est une mauvaise réponse. Son visage se renfrogne et Wendy se relève, assise sur le rebord de la table, lui faisant face. « Tu sais ce qu’il y a, dehors, Graham ? » Elle sait, bien sûr qu’elle sait. On lui répète sans cesse. Elle sait pourquoi elle est là, pourquoi elle veut sortir les affronter, justement, ceux qui sont dehors. Ce qu’il y a dehors. Elle ne répond pas. « J’espère sincèrement pour lui qu’il n’est pas parti se promener. Pas sans prévenir. Pas sans raison valable. » Il poursuit, sur un ton particulièrement sévère. Elle a l’impression de se faire engueuler comme une enfant, ça l’embête. Pendant un instant court, le temps est suspendu et elle attend presque la détonation de la remontrance qu’il a l’air de vouloir lui accorder. Mais rien. D’un coup, il se détend, se fend d’un sourire narquois (comme si tout ça n’était qu’une blague), et ajoute : « Et j’espère pour vous aussi, parce que c’est vous deux qui allez le chercher. Allez, see you. » Il tourne les talons et s’éloigne. Si Wendy n’a clairement pas l’air de prendre le danger suffisamment au sérieux, il faut dire qu’on ne l’y aide pas non plus. L’ambiance qui règne entre les murs de pierre est globalement chaleureuse, et conviviale, même si personne n’oublie la véritable raison de la (re)formation de l’Ordre, et que la peur, la rage, l’angoisse, la haine, et la soif de vengeance ne sont jamais bien loin. « Come on. » elle attrape Kid par le bras et saute de la table pour regagner le sol. « Let’s find Zabini. » fucking Zabini.
Elle n’a pas tellement rechigné. Elle n’a même pas du tout rechigné. A quoi bon. Dans un coin de sa tête, un tout petit coin, peut-être que ça l’inquiétait un peu de le savoir tout seul, là où plus rien n’était sûr et plus personne n’était à l’abri. Wendy ne pense pas au pire avant de s’y retrouver confrontée. Elle ne pense pas au pire, et c’est parfois une de ses plus grandes qualités. Sur les chemins de pierres, sur les feuilles mortes, sur l’herbe mouillée, elle sautille presque. L’air et pur et il fait plutôt bon, à la place de Blaise, elle aussi serait sûrement sortie se promener. Derrière elle, Kid traîne un peu la patte. Ou est-ce elle qui va trop vite ? Elle a envie de ralentir, tout à coup, pour se retrouver à ses côtés ; comme si elle prenait pleinement conscience, pour la première fois, qu’elle n’est pas seule au monde. Kid est– utile. En mission, elle ne peut pas le nier (mais elle le niera quand même si on le lui demande), l’avoir dans son camp est une assez bonne chose. Ce n’est pas un mauvais sorcier, au contraire ; et à côté d’elle, c’est un véritable virtuose. Et si, au début, elle avait secrètement émis quelques doutes sur la personne (devrait-on simplement dire qu’elle avait suivi le mouvement ?), elle devait avouer qu'aujourd’hui la plupart s’étaient envolés. Elle avait eu le temps de le côtoyer, d’abord chez les belliqueux, puis après Sainte-Mangouste (elle n’aimait pas y repenser—), et d’autant plus depuis qu’ils étaient indéfectiblement liés par les missions obligatoires qu’on leur faisait faire et pour lesquelles ils n’avaient pas leur mot à dire. Pourtant, dire qu’elle avait profité de ces instants pour apprendre à le connaître davantage aurait été un mensonge. Bien sûr, elle avait l’impression de le connaître. Parce qu’elle en connaissait la surface, l’écorce, l’emballage. Elle savait qu’il y avait des jours (peu, mais notables) où elle riait plus avec lui qu’avec Blaise. Elle savait que, malgré ce qu’on avait pu dire de lui, il était finalement digne de confiance ; en tout cas : de la sienne. A ce jour, Blaise et lui l’avaient tirée plusieurs fois d’affaires. Elle savait que l’air renfrogné qui lui collait au visage l’amusait beaucoup, parce que ça lui donnait toujours une furieuse envie de l’embêter. Et même si l’expression lui allait à merveille (il ne serait pas lui, sinon), elle le trouvait un poil mieux avec un sourire. Elle savait ça aussi. Qu’il était mieux avec un sourire. Ce qu’elle ne savait pas de lui était bien plus conséquent. Tout un monde, tout son monde. Son passé, son ressenti, son opinion, les anecdotes qu’on raconte pour que l’autre nous découvre davantage, les petits secrets, les hontes, les déceptions ; elle ne le connaissait pas, aussi et surtout parce qu’elle n’avait jamais demandé. Probablement parce qu’elle ne s’y intéressait simplement pas. Alors, quand elle tourne la tête et qu’il est encore un peu à la ramasse (oui, c’est décidément elle qui va trop vite), elle l’attend sans le presser (peut-être qu’il notera l’effort) et quand il arrive à son niveau, elle lui demande : « Tu préfères avaler un paquet entier de dragées surprises au sang de gobelins, ou subir un rictusempra pendant une demi heure sans interruption ? » Et c’est certainement la première question qu’elle lui pose depuis le début de la journée ; en tout cas, la première fois qu’elle lui adresse la parole pour lui parler d’autre chose que d’elle.
Ils reprennent la route, et elle se colle à son rythme. Bien sûr qu’elle pense à Blaise, mais elle a énormément de mal de le croire en danger, sans doute parce que ça lui ressemble un peu de partir sans prévenir, et puis de revenir sans s’annoncer, sans expliquer, sans rendre de comptes à personne. Ils vont le retrouver, sain et sauf, au retour d’une cueillette fructueuse, si ça s’trouve. Ou alors, ils vont rentrer bredouille au château, et il sera là, jus de citrouille à la main, à se foutre de leurs tronches. Et elle n’envisage pas vraiment d’autre scénario.
‹ occupation : chasseur de prime, ancien rafleur du gouvernement devenu insurgé contre son gré et aujourd'hui occupé à traquer des criminels de guerre.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1989 et 1996.
‹ baguette : est en aubépine et contient un cheveu de vélane.
‹ gallions (ʛ) : 5966
‹ réputation : j'étais un chien fou dont il fallait se méfier mais que j'ai trouvé ma place, trouvé des gens avec qui travailler, avec qui être utile.
‹ particularité : particulièrement doué pour m'attirer des ennuis.
‹ faits : je suis sarcastique et insolent, que je démarre au quart de tour, que j'ai tendance à utiliser mes poings plutôt que ma baguette... mais il faut aussi savoir que je suis extrêmement loyal et qu'en dépit de ma tête brûlée, je ne laisse personne derrière.
‹ résidence : Après l'asile des aliénés, la planque des terroristes belliqueux et Poudlard, je suis de retour dans un appartement pas très reluisant du chemin de Traverse que j'occupe avec ma petit soeur Darcy, Blaise & Wendy.
‹ patronus : un rottweiler
‹ épouvantard : un fantôme.
‹ risèd : quelqu'un qui râle d'avoir été réveillée, perdue dans les draps défaits d'un lit baigné de soleil, un dimanche matin. Quelqu'un qui râle parce que "merde, pourquoi tu dois bosser le dimanche ? Putain ils se pensent tout permis ces aurors".
So gather all the rebels now, we'll rabble-rouse and sing aloud, we don't care what they say, no way, and we will leave the empty chairs to those who say we can't sit there, we're fine all by ourselves
THEN – L’eau froide sur son visage a un goût de gifle. On pourrait croire que dans un lieu pareil, où la magie est maîtresse, quelqu’un aurait pensé à réparer la plomberie pour éviter qu’un robinet sur deux ne tente de vous agresser de bon matin, mais non, c’est trop demander. Faut dire qu’ils ont autre chose à foutre, en ce moment, même si les journées s’enchaînent en ne laissant qu’une impression d’éternité. They’re waiting like sitting ducks, du moins c’est le sentiment qu’il a. Techniquement parlant, ses années à Poudlard n’ont pas été mauvaises, mais elles n’ont pas été excellentes non plus et puis, elles viennent avec des souvenirs, des souvenirs qu’il n’est pas certains de vouloir explorer, il ne peut pas penser à ces couloirs sans y voir son cousin et sa sœur et l’incertitude qui vient avec le fait de songer à eux, ces deux idiots qui sont sans doute en vie et en sécurité, mais pas forcément, pas obligatoirement… Il inspire profondément, serre les doigts pour recueillir un peu plus d’eau et asperge une fois de plus son faciès un peu tiré. Il est moins fatigué qu’avant, il ne tire pas moins la tronche pourtant, c’est un peu le paramétrage automatique, il oscille entre traits fermés et sourire mauvais. Ca va mieux pourtant. Et l’idée à de quoi rendre fou n’importe qui réfléchissant deux secondes. Ca va mieux parce qu’ils ont Poudlard, parce qu’ils sont enfermés ici, parce que les choses ont tellement dégénéré dans le monde magique qu’il semble normal qu’une école devienne QG de guerre. Il soupire, attrape le t-shirt qu’il a quitté en se levant, presse son visage dans le tissu pour chasser l’eau et marmonne entre ses dents, « Fecking idiots » en s’incluant dans le lot.
« Tu parles de qui, là ? » Il a à peine le temps de relever la tête que déjà, quelqu’un s’approche un peu trop, file un coup dans son épaule pour le pousser. « T’as un problème, Spud* ? » demande l’autre, feignant un accent irlandais – mauvais – qui est presque plus offensant que le semblant d’injure. Kid serre les dents, pourtant, pas spécialement amusé par les deux imbéciles, même s’il ronge son frein. Ils s’emmerdent, tous, ils tournent en rond et la moindre excuse est bonne pour prendre la mouche et laisser les choses dégénérer. Sans le réaliser, ou bien en le faisant inconsciemment exprès, il a donné du grain à moudre à deux garçons désœuvrés. Des anciens audacieux, sans doute, les visages sont familiers mais pas assez pour qu’il sache les replacer, ça fait trop longtemps qu’il a abandonné l’idée de connaître tout le monde, ça voudrait dire qu’il en a quelque chose à faire et ce n’est pas le cas… du moins il s’accroche à cette illusion de détachement, tout en restant cloîtré dans le château, maintenant dans l’Ordre, maintenant vraiment des leurs. Il soupire, il aurait dû laisser Malfoy crever, récupérer Darcy et rentrer en Irlande quand il en avait l’occasion, il est trop tôt pour une rixe. « Si tu t’sens visé c’est pas mon… Oh, wow, chill ! » commence-t-il mais un poing vole dans sa direction. L’oisiveté est mauvaise pour ces jeunes en manque d’héroïsme, il a envie de les maudire mais il est pareil. Il évite le coup, replace l’imbécile qui vient d’essayer de le frapper, affiche un rictus tordu. Hier soir, ça a déjà manqué de partir dans tous les sens, les caractères clashent il faut dire et les lieux appellent une certaine puérilité, malgré les enjeux, malgré ce qu’il se passe dehors. Alors il fonce, parce qu’il ne vaut pas mieux, il profite d’être baissé pour plonger en avant et enfoncer son épaule dans l’adversaire, son pote sortant déjà sa baguette. Il est trop tôt pour tout ça mais tant pis.
NOW – Le simple fait qu’elle traine soudain le pas aurait dû l’alerter mais lorsqu’il passe à côté d’elle, il est quand même surpris par l’intervention. C’est un talent, vraiment, elle le confirme en demandant : « Tu préfères avaler un paquet entier de dragées surprises au sang de gobelins, ou subir un rictusempra pendant une demi heure sans interruption ? » Il lève les yeux au ciel et remonte un peu sa veste sur son épaule, tentant d’ignorer la douleur qui le lancine depuis ce matin, suite à la rixe dans les toilettes. Il demande si ça vaut la peine d’accélérer le rythme pour la semer, se souvient qu’elle était devant jusqu’à présent et qu’elle est foutue de courir – gambader, même – à ses côtés pour rester à son niveau, alors à quoi bon ? Il a trop mal au crâne de toute façon, il a pris un coup ou deux avant qu’on ne les sépare et si les deux autres sont dans un état pire, ça ne veut pas dire qu’il est capable de trottiner. « Est-ce qu’une de ces options est létale ? Parce que je prends n’importe quoi pour m’échapper de ton jeu, » siffle-t-il en guise de réponse, forçant un ton sec, un air sérieux. Il faut bien que quelqu’un joue les rabat-joie, Zabini n’est pas là. C’est même la raison pour laquelle ils se retrouvent à arpenter ce foutu sentier, Zabini n’est pas là. C’est bien sa veine, même s’il doit avouer qu’il ne crache pas sur une excuse pour sortir du château, pour prendre un peu l’air.
De toute façon, ils n’ont pas vraiment le choix, alpagués dans la Grande Salle quelques temps plus tôt et envoyés à la recherche du jeune homme… Du moins, pas exactement. Techniquement, ils se sont juste retrouvés incapable de répondre quant à l’endroit où Blaise pouvait bien se trouver et sans demander son reste, Wendy en a fait une aventure, l’entrainant par la manche – littéralement. Pour le moment ils n’ont trouvé que des ampoules et lui se découvre petit à petit une hargne flamboyante à l’encontre du jeune homme, quand bien même il sait que ça pourrait être pire. A proprement parler, la compagnie n’est pas horrible. Elle folâtre un peu trop et semble s’amuser, c’est pour ça qu’il tire la tronche, pour compenser, mais ça pourrait définitivement être pire. Quand Zabini n’est pas là, Kid n’est pas la cible de leurs blagues à la con, le break est reposant même si une partie de lui sait qu’il finira par s’ennuyer si jamais ils découvrent que l’ancien Serpentard a disparu pour de bon. C’est relativement impossible, ceci dit. Il doit être en train de trainer quelque part, merlin sait où, il a juste oublié de le dire, parce qu’il se fout de Kid et parce que Wendy était occupée à se faire botter les fesses par Grimaldi, que l’irlandais à tendance à regarder de travers parce qu’il se dit que c’est sûrement à lui… à eux, Blaise aussi, se corrige-t-il mentalement, de la mettre à niveau. Après tout, c’est avec eux qu’elle se retrouve envoyée dehors, non ? Autant qu’ils sachent comment elle réagit, comment elle se défend… Il se renfrogne un peu, serre la baguette qu’il tient à la main, tape dans un caillou et la légère contrariété passe, parce qu’elle n’a pas lieu d’être de toute façon, right ? Ce n’est pas comme s’il comptait dire quoi que ce soit à ce sujet, il n’a pas à le faire, pas à essayer de contrôler ce qu’elle peut faire pendant son temps libre. Si elle veut que l’autre précieux lui serve de tuteur, c’est son problème à elle et tant pis si une fois confronté à la réalité, elle réalise qu’elle ne connait pas assez ses deux partenaires pour pouvoir les aider. Si elle se plante, elle se démerdera et puis c’est tout… Mensonge, il sait qu’il ne pourra pas s’empêcher d’assurer ses arrières, mais il s’accroche quand même quelques certitudes défensives, se voulant égoïste, s’en-foutiste, indépendant. A force de faire semblant, ça finira bien par arriver, il cherche à s’en convaincre, à se dire qu’un jour ça ne sera plus son problème…
Il est un peu vache avec elle, même si elle le lui rend bien. Non, en vérité, c’est elle qui a commencé. Lui n’a fait que la ramené ici, en même temps que Malfoy, il lui a rendu service en l’embarquant loin des extrémistes. Il ne devrait pas avoir à la babysitter en plus, si ? Parfois il se demande quand même ce qu’elle foutait avec eux. Trop jeune, trop idéaliste, malgré sa fougue et son énergie, elle n’avait rien à foutre avec les terroristes qui n’ont aucun mal à heurter des civils. Et en même temps, il a rarement croisé quelqu’un à côté de qui il semble aussi réfléchis et raisonnable, posé. Il soupire, râle d’une façon inintelligible et se décide finalement à lui répondre sans l’envoyer bouler. « Sang de gobelins, tho, ça peut pas être pire que l'espèce de ragout que les elfes ont balancé hier soir. » et il se fend même d’un sourire avant de prendre un peu d’avance, quelques pas à peine, assez pour attraper une branche qui dépasse d’un des arbres bordant le chemin qu’ils arpentent. Il tire dessus, attend qu’elle soit assez près et lâche pour que le bois vienne la heurter. « Regarde où tu vas, c’est pas possible ça… » siffle-t-il, à la fois moqueur et amusé, regardant par-dessus son épaule pour guetter la réaction, anticiper les coups de la petite harpie qu’elle peut devenir, incontrôlable et têtue. Trop jeune pour tout ça, se répète-t-il. Elle est loin d’être incapable, bien au contraire. Elle a plus de détermination que la plupart des rebelles qu’il a pu côtoyer, elle ne lâchera jamais le morceau, mais ça reste triste, le monde aurait dû être différents pour les gamins qui se sont retrouvés jetés dans la guerre. Au fond, c’est peut-être une raison de plus pour continuer et ne rien lâcher, faire en sorte qu’un jour les gens comme elle puisse rattraper l’innocence perdue et l’insouciance ratée, tous les instants dénués de conséquences néfastes qu’ont connus les jeunes sorciers nés avant la génération de Potter. « Ton tour, » lance-t-il, se prêtant un peu plus au jeu, parce que ça ne peut pas faire de mal, pas vrai ? Ils sont supposés être concentrés, mais à quoi bon, Zabini est sûrement planqué pour les éviter et ils perdent leur temps. « Tu préfères devoir enfiler un tutu à un scroutt à pétard ou faire une balle aux prisonniers avec des cognards ? » demande-t-il, essayant de rester attentif à ce qu’il se passe autour mais voulant aussi pouvoir esquiver une potentielle vengeance de la part de la jeune fille, qui voudra sans doute rendre Blaise fier et ne pas laisser à Kid la moindre occasion de ne pas être sur ses gardes. S’il s’écoutait, il pourrait même admettre qu’il est presque jaloux de cette complicité, ou alors c’est juste que ça lui tombe trop souvent dessus et qu’il en a sa claque, who knows ?
*spud : argot pour pomme de terre, référence à la grande famine irlandaise quand il n'y avait pas grand chose d'autre à bouffer là-bas
(DÉBUT SEPTEMBRE 2003) playground — KIDDY #1
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