‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5721
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
do i turn you on
Once upon a time I was all alone, How you like me now? Do I turn you on? Now I got you drunk, hot, and vulnerable. Show me what you want, give me what you want, want, have to make you mine, get you on the floor
Décembre 2002 – C'était d'un ennui. Avery éprouvait une satisfaction indécente à l'idée que certains Mangemorts comme Greengrass ou Malfoy subissaient les soupçons du Ministère concernant cette affaire du Musée. Voir l'image de ces éléments notables de la société ne serait-ce qu'un peu piétinée par l'opinion publique le remplissait de joie. Ce qui l'enchantait bien moins en revanche était de se coller quasi quotidiennement la surveillance d'une des filles Greengrass. Éplucher lettres et autres affaires était mortel d'ennui. A ce point même qu'il avait cherché à passer la main à quelqu'un d'autre, sans y parvenir. Il poussa un profond soupir en jetant au loin une lettre d'un intérêt proche de zéro, profondément exaspéré, quand l'alarme anti-intrusion sonna dans toute la maison, tirant Avery de ses pensées. Le Mangemort se redressa vivement sur son fauteuil et porta son regard sur l'extérieur. Depuis le grand bureau du premier étage, il avait une vue imprenable sur l'avant du domaine. Il détestait que l'on se pointe chez lui sans préavis, quand lui-même ne se gênait absolument pas pour le faire. Un juron éclata dans le silence et il se releva, abandonna parchemins et papiers. L'alarme était assourdissante ; il conjura l'enchantement à mi-voix, se promettant de remédier à ce bruit insupportable pour les fois suivantes. Avery l'avait réenclenchée après la visite de Rabastan l'été dernier, et il se souvenait maintenant pourquoi il l'avait désactivée. La silhouette élancée de Bones s'avançait au devant du Manoir lorsqu'il descendit les marches menant à l'entrée, partagé. Le calme apparent qui régnait entre eux ces dernières semaines cachait en réalité l'incertitude profonde qui les liait. En ce qui le concernait, il ne savait même plus comment se comporter avec Adele. La sincérité dont ils avaient fait preuve – sans aménité, certes – avait brisé cette constante basée sur le mensonge et les non-dits qui les avaient bercés toutes ces années. C'était comme de recommencer une nouvelle histoire, une nouvelle relation. C'était parfaitement inconfortable, et il haïssait ce doute qui l'empêchait de se retrouver auprès d'Adele. Leur rendez-vous raté d'Halloween et le fiasco qui avait suivi les avait détournés de leurs objectifs. Il avait cherché à la revoir, il avait cherché à reparler de leur fill – Sybil. Le prénom lui écorchait encore les pensées, remuait des regrets insoupçonnables, douloureux. L'envie d'aborder le sujet lui était passée, il n'avait plus le courage d'essayer d'en savoir plus. Tout ce qu'il souhaitait maintenant... n'était qu'un fatras indicible mêlant désir et retenue. Ses intentions n'étaient plus claires, il nageait dans l'incertitude, l'expectative. Lui qui avait toujours cherché à mener le jeu se retrouvait sur la touche, à attendre que les choses se passent. Il subissait sans broncher, loin de ses habitudes.
Avery ouvrit la porte avant que Bones n'ait eu le temps de frapper – si toutefois elle comptait le faire. Inexpressif, il la regarda passer devant lui, détailla son visage sans parvenir à décrypter avec quelle intention elle revenait ici pour la première fois depuis presque deux ans. Deux longues années au cours desquelles il y avait eu Mason, puis ce silence insupportable dans lequel elle l'avait maintenu, jalouse et pleine de colère. Trop long, trop long. La porte claqua lorsqu'il la repoussa, et il la suivit dans le salon du rez-de-chaussée, le seul qui ne ressemble pas à une pièce fantôme. Les trois quarts des pièces de la maisonnée étaient tendues de draps blancs et plongées dans l'obscurité par de lourds rideaux. Donkey se matérialisa à leurs côtés, le nez proche du tapis persan, les yeux baissés devant son maître, qui ne lui accorda ni un regard ni une parole. Le vieil elfe resta prostré sans qu'Owen ne cherche à le libérer de cette attitude soumise. Son regard était fixé sur elle, dans l'attente d'un mot de sa part.
Selma, bien que fâchée d'avoir été l'objet d'une expérience menée par Moltchaline, avait rapidement repris sa place dans son esprit et avait très vite scruté leur mémoire commune pour rattraper ces quelques jours où elle avait été mise à distance. Elle avait sifflé de rage en apprenant qu'Adele avait été mise dans la confidence la concernant, mais n'avait pas cru un seul instant que l'hybride ait avalé cet aveu si énorme, trop énorme pour qu'il paraisse vrai. « Vas-tu me rendre publique à tous, maintenant ? » avait-elle grincé, moqueuse. Il n'avait pas répondu. Elle scrutait elle aussi le moindre des faits et gestes de la sorcière. Avery sentait que sa sœur était, contre toute attente, excitée à l'idée de trouver une réalité aux yeux de cette femme qui les avait suivi depuis leur plus jeune âge. « Donk', le thé. » L'ordre donné d'une voix sèche expédia l'elfe aux cuisines, où il exécuta avec minutie le breuvage tant apprécié de l'hybride. Owen se tourna vers le buffet où étaient posés une carafe de bourbon et des verres, s'en servit un avant de se tourner de nouveau vers elle. Son regard ne quittait pas ses yeux ; il ne fuyait ni sa présence ni les obscures raisons qui l'avaient poussée à revenir. « Comment vont tes jambes ? » demanda-t-il distraitement, Adele n'ayant pas l'air d'avoir envie d'amorcer la discussion d'elle-même. Elle se mouvait de nouveau avec cette grâce qui était sienne, et il supposa qu'elle s'était effectivement remise de ce mal qui l'avait rongée lorsqu'il l'avait visitée chez elle.
Dernière édition par Owen Avery le Dim 1 Mai 2016 - 2:11, édité 4 fois
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5977
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
do i turn you on
ONCE UPON A TIME I WAS ALL ALONE, HOW YOU LIKE ME NOW? DO I TURN YOU ON? NOW I GOT YOU DRUNK, HOT, AND VULNERABLE. SHOW ME WHAT YOU WANT, GIVE ME WHAT YOU WANT, WANT, HAVE TO MAKE YOU MINE, GET YOU ON THE FLOOR
Elle était fière, Adele Bones. D'une arrogance telle que, tout autour d'elle, son aura exhalait d'une suffisance assez puissante et dérangeante pour que personne n'ose venir se frotter trop longtemps à elle. Elle était de ce genre de femmes qui préféraient mourir plutôt que d'avouer l'inconfort flagrant d'une situation : tout plutôt que d'avouer ses faiblesses au reste du monde. Rendre les armes était un concept indigne d'elle et la capitulation, rien de plus qu'une maladie incurable, une fois contractée.
Et pourtant : que faisait-elle à ce moment précis ? Cette sorcière aux origines suaves et légendaires, élevée à grands coups de discipline et d'ésotérisme inexpiable ? Elle remontait l'allée centrale d'un domaine mille fois arpenté, mille fois désavoué, d'un pas alerte et déterminé, juste pour déposer ses armes en signe de paix. C'est pourquoi, sur la dernière centaine de mètres, Bones cherchait toujours le moyen infaillible qui lui permettrait de contourner cette indigente qu'était la Reddition. Elle s'était donné une dernière chance, cependant, une fois arrivée devant les hautes grilles en fer forgé frappées de l'écusson austère et sombre des Avery. Céder ou ne pas céder, éradiquer le problème ou se laisser submergée ? Vivre enfin loin d'Owen ou mourir à ses côtés ? Pour s'être faite réveiller plus d'une fois par elle, Adele avait soupçonné qu'à l'instant même où elle poserait le pied sur la propriété, l'alarme anti-intrusion signalerait sa présence au Mangemort – faire machine arrière lui serait impossible. Alors vingt minutes durant, perdue dans ses pensées, elle était restée figée dans les prémices d'un froid hivernal, à fixer la forme imposante du manoir qui se profilait au loin. Et ce en dépit du caractère suspicieux qu'un tel comportement pouvait susciter au beau milieu d'un village tel qu'Herpo Creek. Elle ne qualifierait pas l'élan qui l'avait possédée de courageux, jamais. Elle ne pouvait pas non plus nier le fait que cette démarche – décisive – était une traîtrise à son nom, un instant crucial qui n'avait aucun précédent dans la linéarité décousue de son existence. Elle était honteuse, Adele, car pour la première fois de sa vie, elle violait volontairement le plus grand des principes que lui avait inculqué Angus Bones dix-sept années durant : tu ne peux compter que sur toi-même. C'était faux. Ces dernières semaines avaient parachevées une réflexion qu'elle avait pensé confuse pour le restant de ses jours ; Adele Bones ne pouvait pas compter sur elle-même si elle n'acceptait pas, définitivement, que jamais elle ne pourrait vivre sans la présence d'Owen Avery à ses côtés, aussi illusoire cette envie puisse-t-elle être. La sorcière eut au moins la décence de ne pas flancher lorsque la porte d'entrée s'ouvrit brusquement à son approche, ralentissant à peine l'allure pour rabattre les bords de sa cape par-dessus ses épaules, ne s'arrêtant même pas pour remarquer l'expression fermée du propriétaire du manoir endormi. Les années avaient passées et pourtant, son regard ambré s'accrochait toujours aux mêmes moulures et aux mêmes défauts des murs. Ses pieds se souvenaient encore du chemin qu'il fallait emprunter pour rejoindre le grand salon de la demeure du Mangemort. Il existait pourtant une différence entre ce manoir-ci et celui de ses souvenirs. Et il ne s'agissait pas de la même dissemblance qui lui avait déjà tordu les tripes à l'époque, lorsque son cœur manquait d'un battement en pensant seulement aux fastueuses réceptions organisées par Elisheva Avery. Réminiscence amère que de savoir son aîné tout faire pour les oublier. Bones voguait entre les meubles, les sofas et les tables, comme si elle ne les avait jamais quittés. Comme si ces derniers avaient déjà confié à Bones le moindre de leur secret depuis bien longtemps déjà. Si son assurance paraissait infaillible, elle était seulement surjouée pour cacher la gêne qui s'insinuait lentement, férocement, en elle dorénavant.
Adele ne s'arrêta qu'une fois l'une des hautes-fenêtres de la pièce atteinte, plongeant le regard au-travers du verre pour mesurer la distance qu'elle venait tout juste de parcourir. Vérifiant une ultime fois si elle n'avait pas raté la solution de son problème quelque part par-là, sur le chemin reliant l'avant du domaine à la bâtisse principale du domaine. Mais non, définitivement non, aucune hypothèse ne s'imposait à son esprit et tout ce qu'elle pouvait observer, c'était les premiers hectares des jardins qu'Avery s'entêtait à oublier et à laisser s'abîmer, le temps les rendant sauvages et abandonnés. Adele ne se retourna pas lorsque l'elfe fit son apparition dans la pièce, bien consciente du regard qu'Avery gardait fixé sur elle. « Donk', le thé. » lança-t-il de sa voix naturellement expéditive, activant la vieille carcasse de son vieux serviteur d'un ordre à peine formulé. Craquement, disparition de l'elfe de maison. Si elle ignorait tout de l'état d'esprit d'Owen à cet instant, elle fut néanmoins réassurée par l'habit de maître de maison qu'il venait de revêtir: il ne lui aurait rien proposé si son humeur était toujours la proie des ires et des ressentiments qu'il lui avait déjà servi, en septembre dernier. D'un mouvement fluide, Bones quitta la fausse sécurité de sa position près de la fenêtre et se retourna vers lui, observant Avery se diriger vers l'imposante commode qui abritait l'une des réserves d'alcool du manoir. C'était étrange, de s'apercevoir combien il était difficile de ne pas céder à la force des habitudes : fut un temps où elle attendait patiemment qu'il lui tourne le dos pour pouvoir s'emparer du verre et goûter le breuvage du bout des lèvres. Oui, on aurait pu croire qu'elle avait retrouvé ses marques, l'hybride, en se mouvant ici comme si elle était chez elle... Mais le simple fait qu'elle ne daigne (n'ose) pas entamer la moindre conversation montrait à quel point elle se sentait gênée de revenir ici, quoiqu'elle puisse faire paraître. Elle se sentait nauséeuse à la seule pensée qu'Owen l'avait tenue à l'écart de sa demeure (de sa vie) deux années durant pour seulement alimenter une nouvelle lubie, faite de désirs scabreux et obscurs. Bones ne détourna pas le regard quand il lui fit de nouveau face, plongeant deux billes complètement sombres dans les siennes. Son port de tête penché légèrement sur le côté, Adele observait de sa patience retrouvée le visage net et assuré qu'Owen revêtait alors. C'était étrange, cette situation mais Bones ne pouvait pas nier qu'elle n'appréciait pas la nouveauté : si elle avait toujours aimé sentir son regard se poser sur elle, elle préférait – et de loin – se sentir être l'unique centre de son attention disloquée. « Comment vont tes jambes ? » Œil pétillant de malice et sourire carnassier au coin des lèvres, Adele obtint finalement ce regain de confiance qu'elle recherchait désespéramment depuis son arrivée. Ce genre de convenances sociales faisait parti de sa zone de confort, l'hybride toujours à l'affût du sens réel qui se cachait derrière les politesses du Mangemort. Elle était dans sa zone de confort lorsqu'il ne faisait pas preuve d'une franchise brute. Lorsqu'elle devait décortiquer la surbrillance de ses propos pour en découvrir les mystères les plus voilés. Elle était dans sa zone de confort lorsqu'il se gardait de lui cracher en plein visage d'atroces vérités, comme celles de septembre dernier. Les talons résonnant en sourdine contre le fastueux parquet, Adele s'approcha lentement des canapés, dégrafant en même temps la lourde cape qui la recouvrait entièrement pour révéler au regard acéré d'Avery ce qu'elle gardait pour elle. L'ocre de la tenue renvoyait des teintes irisées aux yeux qui se posait sur lui, au gré des mouvements de l'hybride, au gré des jeux d'ombres et de lumière qu'elle traversait. Simple mais élégante, lumineuse et courte, Adele avait réveillé le versant monotone de la robe en ajoutant quelques accessoires stylisés pour en parfaire l'allure, ces derniers complimentant la teinte si particulière de son regard. Pièce vestimentaire qui contrastait drastiquement avec l'austérité de ses robes de guérisseuse, longues et ternes.
La cape trouva refuge contre le dossier d'un des sofas avant que Bones n'y prenne place à son tour, croisant sensuellement les jambes pour attirer le regard d'Avery sur l'étendue de peau veloutée s'échappant des nombreux voilages qui formaient les pans. Pas un défaut, pas une seule cicatrice, les traitements de Selwyn avait rendu au galbe de l'hybride sa perfection originelle. « Comme ta main, à priori. » L'elfe réapparut à nouveau dans le grand salon, portant à bout de bras un lourd plateau argenté. Bones se redressa sur son assise, rappelant à l'elfe ses préférences quant à la manière dont elle buvait son thé. Au loin résonnèrent alors six coups, les dix-huit heures venaient de sonner et Adele se fit la promesse de ne pas repartir d'ici tant qu'elle n'aurait pas éclairci certaines choses (inutiles) avec Avery (elle avait juste besoin de le voir). L'elfe se recula une fois qu'il eut terminé de servir Adele, s'affaissant à nouveau sur lui-même pour leur signaler qu'il restait à la disposition du maître et de son invitée. Un instant, Bones se perdit dans la contemplation du breuvage anglais, observant attentivement les remous provoqués du bout de sa cuillère. « Est-elle... ici ? » questionna-elle subitement, définitivement troublée par l'absence criante de perçant dans le regard d'Avery. « Selma, c'est ça ? ». Et si le timbre ne souffrait d'aucune hésitation, toujours teinté par les coutumières bravades suffisantes, le malaise de la sorcière s'entrevoyait dans ses manipulations langagières. Adele Bones n'était pas le genre de personne à poser question sur question, une fois les murs de Ste-Mangouste dépassés.
Dernière édition par Adele Bones le Sam 30 Avr 2016 - 23:12, édité 4 fois
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5721
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
Once upon a time I was all alone, How you like me now? Do I turn you on? Now I got you drunk, hot, and vulnerable. Show me what you want, give me what you want, want, have to make you mine, get you on the floor
Comme il était facile de naviguer entre les deux rives qu'ils conquéraient depuis toujours : symbiose et opposition enragée. Comme il était déroutant de voir changer sous ses yeux le masque tantôt haineux de la menteuse, tantôt ouvert et délicieusement suggestif de la tentatrice. Avery sirota son bourbon, conscient que la chaleur qui lui tapissait les entrailles était d'une toute autre origine que le breuvage ingurgité. Le feu se déclarait sans préavis, alors que Bones se délestait de la large cape qui lui recouvrait les épaules, laissant voir sans pudeur sa tenue demeurée cachée, secrète, réservée à son seul regard. Les expressions se peignirent progressivement sur les traits froids du sorcier. Avery ne prétendait aucune insensibilité. Il se laissait happer tout entier par la possibilité de retrouver pleinement l'hybride, sans aucune tentative de fuite. Une bouffée asphyxiante annihila momentanément ses capacités de réflexion. Les apanages soyeux de la sorcière n'étaient rien en comparaison des centimètres de peau qu'elle laissait entrevoir à dessein sous les voilages. Le regard du Mangemort ne cachait ni son désir, ni la contrition malaisée qu'il éprouvait à son égard. Il couvrait dans sa totalité les désirs tentateurs qu'elle lui offrait ; des lèvres retroussées en un sourire carnassier, si seyant, aux ambres incandescentes qui luisaient sous les longs cils. Il se faisait avoir. Détourne-toi. Il se détourna. Amorça les cents pas au travers de la pièce sous les yeux de la sorcière assise sur l'un des divans, comme une pierre précieuse exposée sur son coussin. L'attraction était toute centrée sur elle, point de convergence des cercles effectués de manière pas si aléatoire autour du grand salon. Le parquet craquait sous ses pas et le chant du bois se mêlait à celui des flammes qui brûlaient paresseusement dans l'âtre rougeoyant. « Comme ta main, à priori. » Une esquisse de rictus taquina ses commissures ; machinalement, il sera le point autrefois blessé, où les marques de la morsure demeuraient, quatre douloureuses piqûres de rappel. « Rétablies, alors. » Crac. Donkey réapparut sous leurs yeux, créant une brisure dans le silence qui suivit les échanges laconiques des deux sorciers. Avery entendit avec amusement les ordres donnés à l'elfe sur la manière de préparer un thé satisfaisant, aux goûts de Bones. Il était sûr cependant, qu'au fil des années l'elfe avait servi suffisamment de thé à cette femme pour ne rien oublier de ces détails, même après une si longue absence. Voilà qui en disait long sur le nombre de passages effectués au sein de cette demeure au cours de cette vie.
D'un geste de la main, il renvoya le serviteur, qui disparut avec, lui sembla-t-il, un éclat de soulagement au fond des yeux. Avery avait pris un plaisir pervers à créer la peur et la crainte chez cet elfe. Mais c'était il y a bien longtemps, alors qu'il s'amusait encore à utiliser la baguette de son père pour tuer les rares animaux de compagnie que son frère avait été autorisé à posséder. Il s'était lassé de lui, et cherchait aujourd'hui à recréer ce sentiment de puissance ressenti dans son enfance. Les sorciers étaient plus amusants à posséder, plus complexes. En d'autres temps, il s'était enorgueilli d'avoir réussi à exécuter ce tour de force sur une femme telle qu'Adele. Une sorcière hors pair, au caractère trouble et complexe, aux manières précieuses et élégantes. Elle était définitivement sa plus belle prise. C'était ce qu'il avait ressenti oui, à maintes reprises. Mais aujourd'hui il n'était plus certain de tout ça. Il était aussi possédé qu'elle l'était, aussi dépendant qu'un chiot à son propriétaire et il demeurait si faible, si faible face aux charmes certains de l'hybride. Les raisons de sa présence ici lui parurent futiles ; quelles qu'elles puissent être, il allait les perdre de vue trop vite pour seulement avoir le temps d'en parler. « Est-elle... ici ? » La question le tira violemment de sa contemplation. Le tintement de la cuillère en argent contre la porcelaine créait une mélodie envoûtante, occupa l'espace entre les deux interrogations. « Selma, c'est ça ? » Le ton volontairement affable trahissait aux oreilles d'Owen l'intense réflexion qui avait du suivre la révélation faite à l'arrachée, avant son départ. Il ne l'avait laissée qu'avec des bribes infimes d'information, jetant le prénom de sa sœur comme elle lui avait jeté celui de leur fille. Et dans les deux cas, ces êtres disparus continuaient de le hanter avec constance. Il ne doutait pas qu'Adele avait douté de la fiabilité de l'aveu. Elle était là pour ça, évidemment. À la recherche du dernier mensonge en date d'Owen Avery. « Huh, serait-elle venue pour moi, en fin de compte ? » le ton moqueur de Selma égaya l'expression morne du Mangemort. Il hocha la tête, repensa à deux fois sa réponse. « Toujours. » « Menteur. Pas quand tu cèdes à la faiblesse innée qui t'a été accordée et que tu cours chercher de l'aide, comme Byron courrait dans les jupes de notre mère quand nous étions petits. » L'image tressaute derrière ses yeux : les larmes du cadet, ses cris lamentables et leurs rires joints en le voyant s'effondrer dans les bras d'une mère furieuse et indubitablement effrayée par les agissements de son (jeune) aîné. Il lui enjoignit de se taire. « Elle n'a jamais quitté mon esprit, Adele. » Owen cessa son manège, s'assit à son tour aux côtés de Bones et termina le bourbon d'une traite. Le liquide ambré et savoureux demeura un instant sur ses lèvres, brûlant les muqueuses, embourbant un peu plus l'esprit dans des limbes ambrées. « Fais-lui savoir que malgré toute la considération que je lui voue, elle ne sera jamais rien d'autre qu'un danger à mes yeux. Elle te détourne de tes intérêts, Owen. » fit-elle entendre d'un ton allègre, presque joyeux, enchantée de prendre part à une conversation en tant que personne. « Selma te fait savoir qu'elle t'a à l’œil. » – Tu ne sais rien de mes intérêts réels Selma. Et lui-même ne les connaissait pas avant il y a peu. La voix est basse, désintéressée, et la main une fois libérer de son emprise autour du verre glisse sur la jambe élégamment croisée. Ses intérêts à cet instant précis convergeaient tous vers ce morceau de peau qui attirait son regard comme un aimant. Ses intérêts étaient bien loin des paroles et des discussions sérieuses qu'ils avaient depuis trop longtemps.
Son regard ne mentait pas. Ni les tissus froissés sous ses doigts, ni la seconde main qui vint crocheter avec douceur la nuque de la sorcière. Avery força son regard, imposa cette pression sur ses lèvres qui parlaient plus que tous les mots. Le manque était indicible, indescriptible. La trop longue abstinence imposée par l'achat du rebut, puis par la jalousie de l'hybride, refaisait surface avec avidité au détour du baiser enfiévré ; les barrières sautèrent. Les limites disparurent. Les contours de sa silhouette se dessinaient sous ses mains et il retrouva avec un plaisir non dissimulé les moindres détails de ce corps mille fois parcouru. Ses doigts défirent le chignon qui relevaient les cheveux sombres au dessus de la nuque gracile, glissèrent dans les boucles brunes, descendirent le long de la colonne qui saillait sous le tissus fin. Il se délectait à l'avance de sa disparition, brûlait de ne laisser sur cette peau diaphane que le collier qui luisait à la naissance de la gorge. La fébrilité du Mangemort repoussa sa sœur dans quelque terrain isolé, loin de la faim dévorante qui lui brûlait les entrailles. Ces choses là étaient aussi inatteignables que familières pour un esprit aussi primitif que celui de sa sœur. Là n'était pas vraiment ce qui l'intéressait.
Si Adele avait manifesté une gêne guindée en arrivant ici, reprenant difficilement la maîtrise des lieux, elle ne pouvait décemment ignorer les gestes du Mangemort comme autre chose que ce qu'ils étaient : une vieille habitude, des réflexes acquis après des années de pratique. Et elle pouvait bien avoir oublié la conception futile du Manoir qu'elle avait hanté à maintes reprises, ou sa place en son sein, l'expression et l'aveu tremblant de tout l'amour physique qu'il avait à lui donner n'étaient plus un mystère pour elle. Avery n'avait rien omis de leurs habitudes, redécouvrant à chaque fois la cartographie de ses sensibilités avec un zèle redoutable. Il délaissa ses lèvres et plongea dans son cou, où le parfum unique de la semi-vélane l'enveloppa de toute sa force. Le relief de ses clavicules constituèrent son chemin de croix, sans savoir où se trouvait sa destination finale. Un dernier éclair de lucidité le fit glisser quelques paroles contre sa peau. « As-tu été trouver Lestrange pour vérifier mes paroles ou m'as-tu cru sur parole ? » demanda-t-il alors que la main la plus aventureuse glissait déjà loin sous la robe pâle. Avait-elle décidé de lui offrir un dernier sursaut de confiance ou préféré la fiabilité d'un vieil ami ? Ça comptait.
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5977
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
do i turn you on
ONCE UPON A TIME I WAS ALL ALONE, HOW YOU LIKE ME NOW? DO I TURN YOU ON? NOW I GOT YOU DRUNK, HOT, AND VULNERABLE. SHOW ME WHAT YOU WANT, GIVE ME WHAT YOU WANT, WANT, HAVE TO MAKE YOU MINE, GET YOU ON THE FLOOR
Trop occupée à observer les allées et venues du Mangemort par-dessus le rebord de sa tasse, un brin satisfaite des effets désordonnés qu'elle venait de provoquer, Bones occulta totalement la réaction inquiète, terrifiée, de Donkey, l'elfe de maison. L'hybride savourait distraitement son thé, l'esprit anormalement absorbé et troublé par les multitudes d'hypothèses brassées ces derniers mois : à quel point disait-il vrai ? Selma était-elle seulement réelle ou une fabulation supplémentaire dans l'esprit décalé d'Owen ?
Un détail, un infime détail, avait pourtant poussé Adele à entamer ses propres recherches. Trouver Moltchaline avait d'emblée été une option non-viable : ses proches, ses véritables proches, ignoraient eux-mêmes la relation qu'entretenait l'hybride (cette rachetée au sang impur) avec le Mangemort (ce disciple issu d'une des intemporelles Vingt-Huit sacrées)... alors mettre cet inconnu, cet étranger, dans la confidence ? Hors de question. Bones avait à peine ébauché l'idée qu'elle l'avait relégué aux oubliettes, refusant de s'abaisser à ce genre de pratique, même pour le bien-être précaire de sa tranquillité. Alors elle s'était tournée vers les recherches moldues, patiemment, secrètement ; découvrant des théories abracadabrantes sur la gémellité pour tenter d'ébaucher, vraiment appréhender, les véritables fondations d'Owen Avery. Cet être qu'elle pensait pourtant connaître aussi bien (si ce n'était plus) qu'elle-même. Hypocrisie éhontée, Adele s'était pourtant toujours gardée de révéler à qui que ce soit la meilleure estime qu'elle dédiait aux moldus plutôt qu'à tous les membres disgracieux de son peuple d'origine. « Toujours. » Adele scrutait l'expression d'Avery, observait tous les détails, les différentes aspérités, venant graver ce faciès tant adoré pour en percevoir les infimes changements.
Si auparavant les réactions d'Avery étaient uniquement imputables à ses agissements propres, la donne était toute autre au jour d'aujourd'hui. Mille souvenirs, mille moments passés, avaient déjà défilés devant les yeux de l'hybride, toujours en quête de vérité. Les guerres intestines qui les avaient animés toutes ces années ; les dizaines de conversations véritables échangées ; les rares instants où elle avait eu l'impression qu'Avery avait frôlé du bout des phalanges son âme ; les minutes éphémères où elle avait senti Owen n'être rien d'autre que la continuité même de son propre corps... toutes ces situations, tous ces moments intimes... avaient-ils été du seul fait de la sœur maudite ? « Elle n'a jamais quitté mon esprit, Adele. » Owen n'avait jamais été à elle et son cœur manqua, douloureusement, d'un battement. Elle ne sut dire si tel phénomène était du fait de sa confession ou bien de leur proximité nouvelle. L'hybride se battait à nouveau avec la sorcière ; coutumes magiques contre pulsions naturelles, sans qu'elle ne puisse émettre une quelconque réticence, sans parvenir à établir une seule interdiction. La tasse et sa soucoupe trouvèrent rapidement le chemin de la table basse. Malgré toutes les dissidences d'Avery et ses propres élucubrations intimes, Adele ne pouvait pas ignorer la dynamique animant présentement les chairs du sorcier. Dans ses regards et tous ses élans avortés, sa vie qu'il mettait toujours de côté à chaque fois qu'elle venait le hanter, Bones pouvait y deviner l'instant T où le Mangemort était régi par ses instincts premiers ; lorsqu'il ne répondait plus à aucune logique, aussi sensée ou déglinguée cette dernière puisse-t-elle être. Eut-elle à peine reprit sa position initiale que la main du Mangemort vint conquérir sa jambe, s'emparant de l'articulation comme s'il ne manipulait rien de plus qu'un artefact coutumier, un objet si personnel que l'on aurait pu le confondre avec l'acacia même de son arme enchantée. D'un mouvement habile, tranquille, les chaussures à talons se séparèrent des chevilles de l'hybride, Adele maniant habilement ses jambes graciles pour les entrouvrir au moindre passage, à la moindre caresse, des mains d'Avery.
Pas assez pour s'abandonner entièrement. Mais bien trop pour parvenir à lui faire comprendre les (dernières) réticences freinant encore les penchants charnels qu'il réussissait toujours à insuffler (provoquer, enflammer) en elle. Elle voulait brider (asphyxier, annihiler) complètement Selma, pour seulement posséder Avery totalement, une heure durant. Le cœur ratait encore quelques battements tandis qu'elle prenait conscience de cette odieuse vérité ; assimilant de plus en plus le fait que, des décennies durant, elle avait sûrement dû être confrontée plus souvent qu'il n'y paraissait à la jumelle plutôt qu'au frère. Il n'avait jamais été à elle. « Selma te fait savoir qu'elle t'a à l’œil. ». Reniflement dédaigneux et regard haineux, Adele repoussa alors les barrières de sa robe par-dessus la ligne voluptueuse de ses cuisses pour le détourner de ce sang ingrat qu'il abritait en son sein, imaginant déjà mille et une potions pour seulement faire taire cette plaie qu'était réellement Selma. Si tant était qu'elle réussisse un jour, définitivement, à se faire reconnaître par l'hybride. « Dis-lui que ça nous fait au moins un point commun... ». Son souffle se coupa face à la franchise gestuelle d'Avery. Les paupières s'abaissèrent pour contenir un peu plus longtemps ses nerfs sensibilisés par les passages fugaces et aventureux de la paume d'Owen. « … je serais ravie de lui faire comprendre, une bonne fois pour toute, que tu ne lui appartiens pas. »
Toute barrière, toutes les frontières prédéfinies, s'envolèrent alors ; Avery partant à l'assaut de ses jambes pour les amener à lui ; maniant aisément ce corps en manque de lui ; la séquestrant dans une poigne de fer et un baiser assez fiévreux pour abrutir ses derniers pans de logique.
Adele se laissa aller dans l'étreinte, oublieuse déterminée du spectre profane possédant le Mangemort, inconsciente éternelle des véritables obstacles qui la sépareraient de lui. Le cou et les reins s'arquèrent en sentant la poigne vindicative l'écheveler et libérer complètement la chevelure de ses dernières retenues sophistiquées. Il n'en avait jamais eu véritablement conscience, Owen, mais il venait toujours provoquer l'inclination charnelle, primitive, de l'hybride en libérant les boucles soyeuses de leurs jougs faits de soie et d'acier ; de ces épingles trop rigides, des sortilèges trop souples, juste pour effacer cette part d'elle qui la maintenait trop éloignée de lui. Elle était perdue, Adele, en sentant les mains d'Owen lui parcourir le derme ; venir embrasser le moindre contour fuselé de sa cage thoracique avec ses paumes si particulières, harmonieusement tendres et cruelles. L'une de ses mains rejoignit à son tour la hanche d'Owen, juste assez en altérer l'indécence criante ; juste pour lui rappeler la nature (considérée abjecte) de ce corps qu'il parcourait religieusement à l'aide du moindre de ses sens. Elle avait beau être assise, Adele, laissant l’hybride enserrer de ses jambes la silhouette âprement lascive d'Avery, elle n'oubliait pas qu'il avait seulement osé la qualifier comme une quelconque tare physique, qu'il l'avait insultée telle une simple sexualité ternie par l'étendard souffreteux de la maladie. Alors qu'il l'adorait, définitivement, à cet instant. Elle ne pouvait empêcher les soubresauts fiers et vexés qui l'animaient régulièrement lorsqu'il s'agissait de ses jugements.
Bones avait besoin d'Avery pourtant et malgré les caresses, malgré les administrations féroces qu'il imprimait minutieusement contre sa peau, Adele voulut le repousser (l'éloigner) loin de ce point vital qu'il savait si bien assiéger, qu'importaient les complaintes de la sorcière, qu'importaient les réticences de l'hybride ; elle voulut elle-même éradiquer les dernières récriminations de sa fierté, immédiatement.
Plus que les papilles, se furent les lèvres d'Avery qui l'enivrèrent ardemment, avec bien plus d'ardeur que l'une des bouteilles bas de gamme de cet ingrat de Rosier. Ses bras entourèrent un peu plus la carrure d'Avery, pour l'obliger à couvrir de plus en plus de terrain sur ce corps fébrile, à profaner toujours plus de chairs de ce corps en carence de lui. C'était trop long, deux ans et quelques mois. L'échantillon voluptueux qu'il lui avait offert sans se douter de l'odieux retour de flammes prémédité à Ste-Mangouste n'était rien comparé à ce qu'elle attendait de lui ce soir, en cette fin d'automne perfide. Adele voulait être réchauffée, se sentir étouffée, par ces bras et ce corps qu'elle avait voluptueusement conquis avec le temps. Plus qu'une simple bouche attentionnée, Bones voulait sentir l'âme d'Avery se perdre contre sa peau et dans ses veines ; en elle. Sous son touché, elle voulait sentir s'envoler les années volées par la Rebut ; voir déguerpir l'aura malsaine de Selma ; retrouver entre ses hanches impatientes l'assurance tendre et violente que lui réservait toujours exclusivement Avery.
La main droite se perdit contre la mâchoire du Mangemort pour en épouser le contour, accentuant l'attention de quelques baisers désireux, quand : « As-tu été trouver Lestrange pour vérifier mes paroles ou m'as-tu cru sur parole ? ». Les muscles se figèrent et immobilisèrent les hanches d'Avery dans une situation délicate. L'hybride se mouva encore et placarda l'être désabusé sous elle pour mieux planter ses iris ambrées dans les siennes. Les pouces tiraient sans doute un peu trop les tempes du Mangemort mais au moins, Adele savait qu'une telle domination concupiscente, manuelle et spirituelle, ne serait totalement ignorée d'Avery. Le front s'accola un peu plus contre celui d'Owen tandis que, du bout des doigts, elle dégrafait l'arrière de sa robe d'un habile et rapide tour de passe-passe. « Tu as dit quelque chose en septembre dernier. » Et elle omit de lui rappeler Selma en cet instant, bien trop obnubilée par l'attraction luxurieuse qui maintenait fermement ses hanches contre celles du Mangemort. Adele défit complètement les carcans de sa robe, jusqu’alors inaccessibles, toujours pris d'assaut par les empreintes incandescentes qu'il s'entêtait à semer contre sa peau, contre ses os ; à l'orée même de ce temple auquel il n'avait accès que lorsqu'elle avait besoin de ses offrandes. Les mains défirent fiévreusement tous les boutons de la chemise sombre qui séparait encore douloureusement le torse du Mangemort de l'échancrure nouvelle de sa robe. Elle le tenait ainsi à bonne distance, Adele, nymphe voluptueuse armée d'une centaine de promesses charnelles, lorsqu'elle était incapable de raisonner correctement pour obtenir quelque chose d'Avery : et pour la première fois depuis longtemps, elle le voulait juste lui. Maintenant la lèvre pulpeuse entre ses dent, mimique suave et intolérable pour ce regard exalté qu'elle ne cessait de fixer, Adele alla libérer le torrent vital du Mangemort de ses dernières barrières physiques pour s'en emparer et lui rendre grâce après toutes ces années ; constellant allègrement ses lèvres, ses mâchoires, ses épaules, de mille caresses désœuvrées.
Un instant pourtant, elle reprogramma les attentions de ses mains le long de la peau, le long de son ventre, s'attardant pernicieusement contre son diaphragme, pour finalement terminer sa course et effleurer du bout des ongles son cou, pour lui confier la véritable raison qui l'avait poussée à revenir à ses côtés (dans sa demeure) pour de bon. À lui de lui accorder un dernier soupçon de d'innocence, de confiance, malgré les travers pervers qu'il (et elle) usait pour seul étendard relationnel depuis toujours. Elle n'était pas gênée, Adele, ainsi à moitié nue devant Avery, l'obligeant à baisser la garde de quelques caresses voluptueuses puisque lui seul pouvait témoigner du développement long et fragile de ses formes et de ses courbes. Elle n'était pas timide, Adele, entre ces murs oubliés, qu'elle avait arpenté dans sa tenue la plus simple plus d'une fois par le passé. « Tu as dit Rabastan, Owen. », lâcha-t-elle sans la moindre précaution, malgré les iris voilées du Mangemort. Les paumes attrapèrent la coupe du visage tant aimé pour tenter de le faire revenir à la réalité, malgré le mirage voluptueux et brumeux dans lequel elle venait (et continuait) de le plonger. « Tu dis Lestrange, aujourd'hui. Mais tu m'as soufflé le prénom de Rabastan en partant, la dernière fois... », et le prénom seul lui avait suffi pour commencer à accepter. Ses lèvres pleines allèrent cueillirent la ligne fine formée par celles du Mangemort. Elle les goûtait avec tant d'avidité qu'Owen pouvait considérer le baiser comme une acceptation, un désir inaliénable, de le laisser finalement toucher les merveilles qu'il espérait seulement d'elle. Et pourtant, elle n'était rien, Bones. Juste cette petite-fille de Vélane qui n'attendait qu'un signe de sa part pour finalement renaître. Elle n'était rien, ne serait jamais rien, sans Owen. Un baiser et les mains jointes des deux amants allèrent repousser au même instant les dernières dentelles qui l'empêchaient de ne faire plus qu'un avec lui, ici et maintenant. Ni chambre, ni sol, ni chandelle, ni heure appropriée puisqu'elle, Adele, avait attendu trop longtemps pour ne pas soupirer au creux de l'oreille attentive d'Owen lorsque ses murs les plus sacrés allèrent finalement l'encercler dans un premier sursaut intense. Les bras de l'hybride encerclèrent à nouveau Owen, l'enfermant définitivement sur le divan, tandis que leurs poitrines relayaient scrupuleusement les battements désordonnés de leurs cœurs. Dysharmonie éternelle. Bones le maintenait dans cette position immobile, appuyant à dessein et de toutes ses forces contre son bas ventre pour le maintenir entravé de toute liberté. Elle l'aimait mouvant, Bones. Elle le préférait pourtant à l'écoute, Adele. « Je veux revenir chez moi, Avery. Je t'en prie, laisse-moi revenir... », les syllabes s'envolèrent, l'ambre alla se perdre un peu plus dans les billes sombres d'Owen. Elle avait conscience, malgré les méandre voluptueuses dans lesquelles elle s'était elle-même plongée, à quel point ses paroles pouvaient paraître futiles, candides, inutiles à ce moment précis... Peu lui importait. Et elle se fichait bien de ses doléances. Elle se fichait de rendre les armes...
Adele voulait juste retrouver cette place qui était la sienne aux côtés d'Owen Avery.
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5721
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
Once upon a time I was all alone, How you like me now? Do I turn you on? Now I got you drunk, hot, and vulnerable. Show me what you want, give me what you want, want, have to make you mine, get you on the floor
« Dis-lui que ça nous fait au moins un point commun... » La réaction de Selma se perdit dans les méandres d'émotions fébriles qui guidaient le Mangemort en cet instant précis. Il se brûlait le cœur à son contact, il plongeait les mains dans un bouillon de cendres incandescentes, ses pensées se délitaient et prenaient des voies ombrageuses où seul l'instinct primitif avait voix au chapitre. Et dans son ventre, un désir sourd grondait sous la surface, occultait toute envie de discussion. « Elle t'entend, » murmura-t-il néanmoins, distrait par les courbes voluptueuses qu'il mettait à jour du bout des doigts. « … je serais ravie de lui faire comprendre, une bonne fois pour toute, que tu ne lui appartiens pas. » Un sifflement, une moquerie d'une légèreté qui contraste bien trop avec la torture de l'attente. Il se languissait de la vision de son corps dévasté par des baisers incessants, par l'avidité dont il savait faire preuve avec elle, qu'elle savait éveiller avec si peu. Si peu. L'expectative et l'imagination qui supplantait les faits étaient douloureux. Il ne possédait d'elle, de son corps, de ses soupirs, plus que des souvenirs qui remontaient à si loin. Tous ces mois sans elle, sans absorber au travers de sa peau l'amour charnel élevé au rang de supplice infernal. Les autres n'étaient rien, des passades, des passe-temps, des distractions tout juste assez regardables pour lui faire oublier le charme ensorceleur d'Adele. « Encore une qui pense que se dénuder et jouer de son corps suffit à posséder l'esprit d'un homme. » Dans l'ombre de ses pensées, Owen ne put s'empêcher de sourire et de se moquer ouvertement de la jalousie de Selma. Tout dans ses paroles criait une vérité qu'elle refusait : oui, il avait suffi de ça, rien que de ça ou presque, pour que Bones le possède corps et âme. Cela ne faisait-il pas trente ans bientôt qu'il ne parvenait pas à oublier l'hybride ? Les bassesses verbales et les oublis, la négligence et l'ignorance, rien n'avait entamé cette fascination maladive qu'il avait pour elle. Rien n'avait entravé Bones au point de l'empêcher de revenir, comme à chaque fois. Et cela, Selma le savait bien. Bones marquait un point et ce n'était pas pour lui plaire. Lui-même se fichait pas mal en cet instant d'être l'objet, le pantin de la semi-vélane. Depuis son délire aux couleurs chaudes, aux odeurs âpres, il n'entrevoyait aucune autre issue que celle qui lui tendait les bras, qui le happait vers sa peau, contre sa gorge, entre ses cuisses. Et il n'était pas loin de céder à l'appel du corps, de reléguer les pensées au second plan. Bones s'imposa au dessus de lui, emprisonna son bassin sous le sien, brisa les dernières défenses d'Avery. Leurs mains se rejoignirent dans le dos de l'hybride, qui défit d'un geste les derniers remparts qui le séparaient de sa peau. « Tu as dit quelque chose en septembre dernier. » souffla-t-elle à son oreille et lui n'entendit rien si ce n'est un soupir. Il n'entendit rien puisqu'il n'était plus en mesure d'écouter quoi que ce soit qui demande trop d'attention. Il n'était plus capable de se préoccuper d'autre chose que des doigts qui défaisaient un à un les boutons de sa chemise, de la vision envoûtante de cette robe qui glissait et dévoilait la féminité de l'hybride ; elle le maintenait à distance, le forçait dans une position inconfortable. Adele se pencha sur lui, opprima les muqueuses avides entre ses dents sans effleurer les siennes, succube aux instincts sûrs et possessifs ; il se souvint de leur dernier entretient avorté dans son bureau de Sainte-Mangouste, de cet élan stoppé en pleine course, de la raison de sa reddition, de sa rage. De cette morsure gratuite alors infligée et qu'il s'empressa de lui rendre. Le fer s'infiltra sur sa langue lorsqu'il infligea à l'hybride le même traitement reçu dans son bureau. Il se recula, contempla la plaie rougeoyante sur la chair pulpeuse de sa lèvre inférieure, appuya du bout du pouce la courbe majestueuse de sa bouche, avide, cajoleur. Furieusement impatient. « Je dis beaucoup de choses. » fit-il remarquer, distrait par la folie qui s'insinuait lentement en lui à mesure que ses mains redécouvraient son corps tout entier. « Tu as dit Rabastan, Owen. »
Owen poussa un soupir, accentua ses caresses, attirant à lui les formes voluptueuses de la sorcière pour les embrasser. Deux mains reculèrent son visage, le forcèrent à le regarder. « Et alors ? » Il s'agaçait, le Mangemort. Il s'agaçait de cette attente interminable, de ces paroles qui l'intéressaient si peu. Était-elle obligée d'évoquer Rabastan Lestrange maintenant ? Cela ne pouvait-il pas attendre par Salazar ? « Tu dis Lestrange, aujourd'hui. Mais tu m'as soufflé le prénom de Rabastan en partant, la dernière fois... » « Et alors ? Qu'as-tu à faire avec Rabastan là tout de suite ? » La question claqua sèchement dans l'air, accentuée par le regard offensé d'Avery. Quelque part au fond de lui – et il détestait avoir à y penser en cet instant précis – Owen eut le culot de se demander si Bones n'avait pas poussé le vice jusqu'à intégrer les draps de son ancien camarade. Une jalousie impétueuse et colérique s'insinua en lui et le poussa à faire un peu plus sien cette hybride aux instincts pervers. Il espérait pour elle qu'elle n'avait pas été jusque là. Qu'elle n'avait pas franchi cette ligne invisible. L'amitié de Rabastan était un lointain souvenir, un fossile conservé précieusement dans un recoin de son être, qu'il s'évertuait à oublier mais ne pouvait se permettre de rejeter pour de bon. La rage et la rancœur qu'il éprouvait à son égard aujourd'hui justifiaient d'autant plus la possessivité ressentie à l'idée... Adele et Rabastan... La seule chose qui contredisaient un peu l'hypothèse était qu'Avery connaissait l'absence douteuse de penchants de ce genre chez le Mangemort – mais là encore il n'avait aucune preuve que les charmes hybrides n'avaient pas eu un effet sur lui au point de le détourner de ses habitudes de saint. Bones fit taire les soupçons, agressant ses lèvres d'un baiser fiévreux qu'il accompagna avec ferveur. L'impression d'avoir été trahi au delà du raisonnable ne le quittait pas, et il oscillait entre elle et le désir ravageur qui guidait ses gestes. Bones n'ajouta rien de plus et ses mains rejoignirent les siennes pour évincer les derniers inutiles bouts de tissus qui faisaient encore rempart à son plaisir. Pas un instant il ne songea à interrompre ce balais sensuel pour les mener jusqu'à la chambre du haut. Pas une seule misérable seconde. Et Adele de lui arracher un premier soupir libérateur. Avery se perdit en elle. Il avait oublié à quel point ils retrouvaient une unité si singulière, si pure, si vrai dans ces moments là. Ces brefs instants de symbiose avaient suffi à les faire tenir ces années durant – du moins était-ce ce qu'il aimait croire. Avery était, plus que tout autre, enclin au déni et à la mauvaise foi. Admettre qu'autre chose les avait guidés était tout simplement trop difficile. Trop inacceptable. Même là, même maintenant, il ne pouvait se résoudre à voir autre chose que son amativité fébrile et affamée. Les cheveux sombres retombèrent sur les épaules graciles, qu'il respirait, embrassait à s'en rendre ivre. Les hanches immobilisées sous l'assaut inquisiteur de la vélane ne demandaient plus qu'à se mouvoir. « Je veux revenir chez moi, Avery. Je t'en prie, laisse-moi revenir... » Les joyaux d'ambre étaient si troublés, si indécis.
Son regard dévia sur l'ambre qu'elle fixait sur lui. Derrière les paravents enfumés de désir et d'envie dont ils s'étaient entourés, une vague nouvelle motiva ses ardeurs. Un élan autrement plus terrifiant que les instincts charnels qu'il avait à la fois sous contrôle et irréprimables – celui-là même auquel il avait si peur de se confronter. Et il n'avait aucun mot à poser sur cette sensation curieuse qui se mêlait au délice de sa peau contre la sienne. Avery ne chercha plus à bouger. Ses mains se levèrent à hauteur du visage de la sorcière. Retraça la courbe de son menton, suivit la ligne de sa gorge, de sa nuque. Il ne sut pas, quid du ton ou du regard, le fit baisser les armes. Dans ce regard ombrageux, Avery était chez lui. Et il savait que le contraire était tout aussi vrai. Silencieux, il reprit ses lèvres d'assaut mais resta dans la retenue. Les récriminations de son esprit se manifestaient avec assiduité et malgré lui, il réfléchissait au sens de ces paroles soufflées du bout des lèvres quand en parallèle, ses doigts décomptaient une à une les vertèbres qui saillaient sous le velouté de son dos. Avery était hors de sa zone de confort. Quelque chose dans ces mots trouvaient un écho en lui, rappelaient à sa mémoire le même besoin terrifiant – paralysant – de trouver une ancre, une stabilité réelle, tangible. Mais fort peu habitué à s'aventurer sur ce terrain là, il ne trouvait aucune issue. Aucune. A la fois emprisonné sous les hanches inquisitrices de Bones et maintenu dans une hésitation qui ne lui ressemblait pas, il demeura là, immobile, son front accolé aux siens, l'ambre emplissant son champ de vision.
Adele était chez elle ici, dans ce manoir, contre lui. Elle y était depuis toujours, et cette pause n'avait été qu'une pause.
« Reprends ce qui t'appartient... je n'ai pas besoin de te le dire. » L'élégance racée d'Adele Bones menaçait son intégrité mentale, il sentait sa décadence proche et incapable de se retenir plus longtemps, il la bascula sur le canapé. Il glissa, s'engouffra dans cet abime délectable dans lequel il voulait couler, s'anéantir ; projeté contre son corps svelte et infiniment désirable, il devint cette vibration aiguë qui lui sciait les jambes. La fusion des corps et des esprits les jeta dans cette course effrénée, ce péril toxique qu'était la recherche affamée de la jouissance (« Tu es chez toi. » lui sembla-t-il souffler à un certain point).
Dernière édition par Owen Avery le Dim 13 Jan 2019 - 12:31, édité 1 fois
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5977
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
Le doute lui tordait les tripes et lui nouait douloureusement la gorge. La peau et les lèvres sensibilisées par ses baisers agressifs et l'esprit révolté par ses oublis, Adele se rendait bien compte qu'elle venait de mettre bien plus que son orgueil démesuré sur le tapis. Jouait avec des cartes jamais usitées, qu'elle s'était toujours bien gardée de sortir de sa manche. Soies et mirages s'étaient toujours confondus face à Owen. Mais maintenant, sous ce regard intense, perdue sous ses mains et dans ses étreintes, elle voulait tous les faire disparaître et ne jamais plus les arborer en sa présence. Je veux rentrer chez moi. Chez elle, ce n'était pas le manoir des Avery. Chez elle, c'était lui.
Les paupières s'abaissèrent tandis que son souffle se perdit contre ses lèvres. Mimétisme tendre, les mains d'Adele s'emparèrent de la nuque d'Avery pour l'attirer un peu plus à elle avant d'aller épouser la coupe de son visage, laissant le bout de ses doigts caresser délicatement le moindre morceau de chair brûlante qu'ils réussissaient à trouver. Les battements cardiaques redoublèrent en intensité et en elle, Bones sentit les origines vélanes s'éveiller comme jamais auparavant. Jamais il ne l'avait embrassée ainsi, comme si elle était la chose la plus délicate qu'il n'ait jamais possédé, comme s'il n'y avait plus de lendemain à espérer. Comme si… il n'avait plus rien à perdre, rien sauf elle. Pour la première fois de sa vie, Adele Bones se sentait entière. J'attends un signe, avait-elle proclamé face à Rosier quelques semaines plus tôt. Avery abandonna ses lèvres avant d'accoler son front au sien, englobant d'un seul regard les traits froissés par le désir de l'hybride et l'ambre ardente qui dansait sombrement dans son regard. Il jouait des notes inaudibles le long de son dos pour tromper le silence, l'esprit sans aucun doute aussi désorienté que le sien. Adele sentait son corps tout entier trembler, mis à mal par l'impatience sensuelle qui gagnait de plus en plus la bataille, maintenant qu'elle entrevoyait ses espoirs être à portée de main, à quelques pas de la réalité. Elle avait demandé un signe, Adele, « Reprends ce qui t'appartient... je n'ai pas besoin de te le dire. » et c'est exactement ce qu'Avery lui offrit en lui susurrant ces mots d'un ton bas, profond… vrai. Pour la première fois de sa vie, Adele Bones sentit le poids qui lui opprimait la poitrine s'envoler : elle se sentait en paix. L'hybride se projeta de nouveau en avant, enfonçant Owen un peu plus contre le dossier du sofa pour aller prendre d'assaut ses lèvres dans un nouveau baiser fiévreux et possessif. Elle s'élevait lascivement, Adele, libérait lentement le Mangemort de l'emprise de ses hanches lorsqu'il la bascula hâtivement en arrière, échangeant si habilement leurs places qu'elle eut à peine le temps de se rendre compte du froid qui l'avait envahie, avant qu'il ne revienne en elle. Elle ne réfléchissait plus et se laissait simplement commander comme lui devait sans doute l'être, par ses instincts les plus primaires. Elle synchronisait instinctivement tous ses mouvements à ceux d'Owen. Tout ce qu'elle pouvait atteindre, elle le prenait : ses mains caressaient et empoignaient le moindre pan de chair du sorcier, se perdaient allègrement dans sa chevelure. Ses lèvres meurtries n'hésitaient jamais à s'emparer de celles d'Avery, à se perdre dans le creux de son cou juste pour aller s'abreuver de son énergie. Sa respiration était désordonnée, ne suivait plus aucun rythme précis. Deux années avaient passées mais elle ne put s'empêcher de penser que, malgré les habitudes du passé et les marques de l'un et l'autre qu'ils récupéraient de façon automatique, le retrouver avait comme un goût de nouveauté et d'inconnu. Elle ne s'abreuvait plus que de leurs fragrances entremêlées, laissait le plaisir se construire violemment dans le creux de son ventre. Elle ne réfléchissait plus, Adele, laissait cette part étrangère d'elle-même officier à sa place pour qu'Avery aille se perdre un peu plus intensément contre elle, en elle. Sa vue se brouillait et son ouïe s'était exclusivement focalisée sur lui. Tous les nerfs de l'hybride étaient assiégés, harcelés, par la multitude de sensations que lui seul parvenait toujours à provoquer sur elle. Personne d'autre qu'Owen Avery n'avait réussi à faire ainsi vibrer Adele Bones, personne. Sa joue trouva alors refuge contre la sienne et si les lèvres d'Adele s'entrouvrirent pour lui murmurer une pensée totalement abstraite au creux de l'oreille, ce qu'il lui confia « Tu es chez toi. » lui coupa net la respiration, l'emporta bien plus loin dans l'euphorie délirante qu'elle avait pu connaître jusqu'ici. Adele Bones était enfin complète.
Elle était enfin elle-même.
25 décembre. Un air lancinant lui tournait dans la tête, s'échappait parfois de ses lèvres étirées en un sourire ravi. Les joues rosies par les vapeurs du bain et les yeux étincelants des quelques coupes de champagne qu'elle avait ingurgité durant la soirée, Bones traçait des arabesques fantasques sur les différentes mousses flottantes à la surface de l'eau, se laissait bercer par les bienfaits que l'élément liquide avait toujours eu sur elle. Si elle avait quitté le manoir avec empressement en début de soirée, enragée, il était tout aussi vrai qu'elle s'était littéralement volatilisée de la soirée d'Alastar Doherty pour en retrouver le plus rapidement possible les murs austères et silencieux. L’Élite avait été égale à elle-même, bruyante et clinquante, forçant peut-être un peu trop sur les sourires hypocrites, multipliant les faux-semblants et les illusions pour palier au sentiment étrange qui asphyxiait de plus en plus les plus hautes sphères de la société magique. Elle s'y était amusée, conversant avec d'anciennes connaissances et des relations plus actuelles, sans jamais s'arrêter, juste pour ignorer le fait qu'elle le cherchait toujours du regard dans la foule. Elle crût même avoir furtivement entraperçu les mines renfrognées de leur hôte et de Maksim, avant qu'un tout autre visage sombre n'apparaisse dans son champ de vision. « J'ai croisé Angus, ce soir. », lâcha-t-elle soudainement en posant la main contre le genou relevé d'Avery. Elle s'attela même à former un cône de mousse violacé par-dessus ce dernier en se rappelant que c'était celui-ci qu'elle lui avait brisé l'été dernier. « Il n'avait pas l'air ravi de me voir. », il s'était enfui plus rapidement encore que si elle lui avait annoncé l'apocalypse. Ce qui avait été étrange, c'était de l'avoir vu balayer frénétiquement la foule du regard avant de disparaître sans demander son reste. Jamais il n'avait fui devant elle auparavant, après tout. Mais Avery devait s'en ficher comme de son centième Doloris jeté. La seconde main de l'hybride remonta aveuglément le long de son bras avant d'épouser la courbe de sa joue, laissant la pulpe de ses doigts masser consciencieusement la tempe battante du Mangemort. Il lui avait manqué, ce soir. « Ta sombre et lugubre aura n'aurait pas fait tâche dans le paysage : tu aurais pu faire l'effort de venir, Avery. ». Le reproche, pas si innocent que ça, avait vrillé dans les airs dans l'unique but de le faire culpabiliser. Certes, faire ressentir ce genre d'émotion à Avery était du domaine du miracle mais Adele n'avait pas réussi à taire sa frustration. Elle avait tenté, trois jours durant, de le convaincre pour qu'il aille à cette soirée 'avec' elle. Comme si de rien était, s'évitant comme avant, comme toutes les fois où ils s'étaient retrouvés coincés aux mêmes soirées mondaines, sans se croiser véritablement : juste pour préserver sa réputation à lui et sa fierté à elle. Adele aurait adoré pouvoir l'observer du coin de l’œil et échanger avec lui des regards qu'eux seuls pouvaient déchiffrer. Mais à la place, il avait préféré s'enfermer dans ce foutu manoir qui ne respirait pas.
Dés demain, elle commencerait à le dépoussiérer, pièce par pièce.
Dernière édition par Adele Bones le Ven 20 Jan 2017 - 9:20, édité 1 fois
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5721
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
Un air qui ressemblait fort à une cantique agaçait les oreilles d'Avery. Il ouvrit les yeux, jeta un regard circonspect à l'auteure de ces douces notes. La vapeur s'élevait de l'eau brûlante et créait un écran opaque. Volutes blanches, moiteur suffocante. À la limite de la nausée, le Mangemort se rappelait à quel point baigner dans la soupe comme il s'était astreint à le faire à la demande d'Adele le répugnait. Il n'aimait ni l'eau, ni la chaleur. Le minimum de temps passé à supporter l'un et l'autre lui convenait parfaitement. Ce bain alliait les deux, et ça ne faisait pas dix minutes qu'il y était entré qu'il sentait déjà sa patience s'étioler.
Avery avait passé la soirée seul dans son manoir, malmenant Donkey pour diverses tâches dans le seul but de se distraire. Il aurait pu le faire d'une autre manière, céder face à l'insistance de Bones pour qu'il vienne « avec elle » à cette foutue réception de réveillon chez ce Doherty qu'il ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Encore un sorcier qui ne l'intéressait guère, le genre à verser dans les pampilles et les galas de charité. Il n'aurait su dire quid du bain brûlant ou de la soirée mondaine le répugnait le plus. Il avait échappé à l'un pour plonger dans le second, dans l'unique but de ne pas contrarier davantage l'hybride hargneuse qui logeait sous son toit depuis un bon mois bientôt. En somme, Avery n'avait jamais apprécié les fêtes de fin d'année, toujours synonyme d'ennui mortel et de faux-semblants forcés. Pourquoi les gens se croyaient-ils obligés d'être heureux pendant cette période de l'année ? En quoi différait-elle du reste ? Elisheva débordait toujours d'énergie, fiévreuse et désireuse de faire ressembler leur noyau familial à quelque chose de vrai, de sincère. Cela avait grandement contribué à l'antipathie qu'il ressentait pour cette mascarade qu'ils appelaient Yule.
« J'ai croisé Angus, ce soir. » Avery sortit de sa torpeur douloureuse – Merlin cette insupportable chaleur – et haussa un sourcil, suivant du regard les gestes de la sorcière qui s'évertuait à couvrir sa jambe de mousse parfumée. « Mh ? – Il n'avait pas l'air ravi de me voir. » Le regard d'Avery signifiait bien le fond de sa pensée : les relations père-fille de la famille Bones avaient-elles un jour été enviables ? « Sans doute que la réception l'ennuyait profondément – ce que je peux aisément comprendre. » jeta-t-il, sa main cherchant le contact de celle de Bones. Les doigts délicats glissèrent sur sa peau, aidés par la mousse ; redessinèrent le contour de ses épaules avant de venir lui masser agréablement les tempes. Il se souvenait maintenant pourquoi ce bain lui avait paru être une moins mauvaise idée qu'elle n'y paraissait. Électrisé par le contact de ses mains, Avery se laissa aller, détaillant son visage, avide de s'imprégner de ses traits bien qu'il les connaisse déjà par cœur. « Ta sombre et lugubre aura n'aurait pas fait tâche dans le paysage : tu aurais pu faire l'effort de venir, Avery. – un rire cisailla l'atmosphère – Sombre et lugubre, voilà quelqu'un qu'on a envie de voir arriver pour des festivités. » grinça-t-il. Il se redressa, plongea vers ce visage offert à lui comme une promesse alléchante, en embrassa les lèvres, à la recherche de l'abandon de la Muse. D'abandon aucun ; tout juste si elle daignait lui rendre la politesse. Il leva les yeux, et fut passablement agacé de voir dans l'ambre de l'hybride qu'elle continuait de lui en vouloir. Une bêtise pareille ! « Je n'aime pas ces soirées où tout le gratin Londonien est de sortie, bon sang. Pourquoi y serais-je allé, dis-moi ? Pour l'honneur de te voir te pavaner au bras de types comme Dolohov ? » lança-t-il, conscient de sa goujaterie et de l'irritation dans sa voix. D'affreux soupçons avaient pesés sur le Mangemort russe. Dans le fond il ne savait trop rien de Maksim Dolohov. Simplement qu'il était assez proche d'Adele pour en devenir quelqu'un de dangereux et de parfaitement déplaisant. Avery continuait de voir leur relation d'un mauvais œil, qu'elle soit justifiée par le besoin de leurs affaires ou non. Il poussa un léger soupir et sortit du bain. « Je ne reviendrai pas sur le sujet encore une fois. On en a déjà bien trop parlé, Bones. »
Trois jours qu'elle le taraudait sans cesse pour qu'il cède à l'invitation. Avery n'avait osé lui avouer que feindre l'impassibilité en sa présence paraissait de plus en plus difficile à ses yeux. Le retour de Bones dans l'existence décharnée d'Avery avait rendu ce dernier bien trop sentimental – ça lui inspirait toute l'horreur du monde. Quoi qu'il en soit et, en toute honnêteté, il préférait ne pas avoir à tester ses propres limites si cela n'était pas absolument nécessaire. Pire encore, l'idée de la voir ne serait-ce que converser avec des hommes qui n'avaient aucun scrupule à l'approcher le rebutait de plus en plus. Bones lui appartenait, et il n'avait toujours pas le droit de le hurler à la face du monde.
La serviette serrée autour de sa taille, il se pencha au dessus de la baignoire, forçant Bones à lever les yeux vers lui. Un baiser, puis deux, les paumes encadrant la perfection de son visage. « Pourquoi faut-il toujours que tu en demandes plus. Pourquoi tu ne te satisfais pas de ce que tu as déjà. » souffla-t-il. Tout ça, lui, le manoir, les efforts inconsidérés qu'il faisait pour ressembler à un homme digne de la posséder elle. N'était-ce pas bien assez ? Bien plus que ce qu'il ne lui avait jamais donné ? Avery était déjà las de se battre contre sa nature pour coller aux attentes d'Adele. Il était las d'essayer d'être un homme respectable.
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5977
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
« Sombre et lugubre, voilà quelqu'un qu'on a envie de voir arriver pour des festivités. » L'hybride ne lui donna pas le change, décida que la scène déjà mille fois jouée ne méritait plus aucune réaction de sa part. Lever les yeux au ciel, soupirer, s'énerver, riposter: en voilà bien des actes et des lignes inutiles qu'Adele lui avait assez donné ces jours derniers, pour seulement le convaincre de faire acte de présence à cette soirée. Ça avait été peine perdue. Alors aussi brusquement que l'envie de parler ne lui était venue, Adele décréta qu'elle n'était vraiment pas d'humeur à lui offrir quoique ce soit ce soir: ni colère ni attention, rien ; elle ne voulait pas se défaire du sentiment de légèreté conféré par le champagne de Doherty et par les diverses conversations satisfaisantes qu'elle avait engagé avec les convives de ce dernier. Provoquer une nouvelle dispute avec Avery maintenant ne servirait aucun dessein, si ce n'était celui de lui ôter le peu de satisfaction qu'elle avait réussi à emmagasiner lors de cette soirée de Yule. Bones ignora donc caresses et baiser, se contenta juste de s'étirer impérieusement dans la baignoire une fois que le Mangemort lui eut rageusement cédé la place. Le comble, ce fut certainement de ne ressentir rien d'autre que de l'amertume en l'écoutant déblatérer sur son dégoût pour ce genre de festivités, cracher sur les bonheurs simples qu'elle elle pouvait bien éprouver lors de ces mondanités, en percevant dans son timbre la montée habituelle et puissante de la jalousie sombre et destructrice qu'il alimentait contre le monde dès lors qu'il s'agissait d'elle. Il revint à la charge, embrassant ses lèvres, la fixant droit dans les yeux. « Pourquoi faut-il toujours que tu en demandes plus. Pourquoi tu ne te satisfais pas de ce que tu as déjà. » Mais n'obtint rien d'autre de sa part qu'un sourcil arqué et un regard morne. Finalement, elle n'avait pas eu besoin de s'énerver pour ne plus ressentir les effets bénéfiques de sa soirée s'étioler à vitesse grand V. « Peut-être parce que j'ai déjà passé des années à agir ainsi, à faire selon tes désirs et que j'en ai assez. » Adele vit le regard du Mangemort se teinter d'obscurité, tant par la blessure que par la colère et quelque chose qu'elle ne parvint pas à décrypter. Qu'elle n'avait pas envie de décrypter. Il relâcha sa prise autour de son visage, se redressa et entrouvrit de nouveau les lèvres pour répliquer mais l'hybride ne lui en laissa pas le temps. « Je m'en contenterai, un jour, sois rassuré ; n'est-ce pas toujours ce à quoi je m'astreins lorsqu'il s'agit de toi, Avery? » Sans qu'elle ne puisse rien contrôler, l'ironie se retrouva teintée par un sentiment qu'elle n'avait pas voulu lui montrer. Elle était blessée qu'il ne la comprenne pas, alors ; blessée de toujours faire comme si tout allait bien et que rien ne l'atteignait. Certes, elle voyait ses efforts, elle les adorait même. Mais quelque chose manquait. Alors plutôt que de continuer à affronter le regard d'Owen, l'hybride fit l'une des rares choses qu'elle s'interdisait toujours de faire avec lui: elle prit la fuite, en s'immergeant toute entière sous l'eau. Ce qui manquait, c'était cette pièce, minuscule, risible, qui paraissait tellement ridicule à ses yeux: il manquait de la réciprocité, une sorte de réciprocité, entre eux deux. L'eau. C'était le seul moyen efficace qu'elle avait pour retrouver la sérénité de son esprit après ce genre d'altercation en demie teinte avec Avery. Même si les effets n'étaient qu'éphémères à chaque fois.
april 2003 Bones trouva étrange de repenser au désastre de la Saint-Valentin, aujourd'hui. Dans sa main, celle d'Artur ne trahissait aucunement l'appréhension qu'elle avait réussi à lire dans ses yeux quelques instants plus tôt. « Prêt? — Qu'est-ce qu'il risque de se passer si je lâche ta main, tante Adele? — Crois-moi Artur, rien que tu aies envie d'expérimenter: contente-toi juste de ne pas la lâcher. » La petite main se mit alors à trembler: Bones se contenta de raffermir avec assurance, un brin tendre, sa prise autour de la poigne du garçonnet avant de transplaner. L'énorme bâtisse se dresse toujours, fière, immuable, au bout de la longue allée de graviers. Artur s'écroule légèrement sous son propre poids, assurément désorienté par le mode de transport. Les lèvres pincées, Adele s'accroupit à son niveau pour l'aider à se redresser, ne lâchant pas un seul instant la main du bonhomme au regard perçant. Elle préfère ne pas imaginer ce qu'il pourrait se passer si elle venait à le lâcher. « Tout va bien? — J'ai... j'ai envie de vomir. J'ai lâché ta main? C'est pour ça que je ne me sens pas bien? — Non. C'est juste l'effet du transplanage. Grand-Père ne t'avait jamais fait transplaner avant? — N-non. On prenait toujours la cheminée pour aller quelque part. » Si Adele se retrouve rongée par le remord, là, devant la mine déconfite et livide d'Artur, elle ne laisse rien paraître d'autre sur son visage que l'habituel masque indifférent qu'elle revêt en toute circonstance. Lentement, l'hybride se relève et pour la première fois depuis qu'elle connait Artur, elle l'attrape par-dessous les bras pour le soulever, cherchant à le caler tant bien que mal dans ses bras. C'est étrange. C'est étrange parce que c'est la première fois qu'elle tient un enfant dans ses bras. Son inexpérience doit se faire ressentir car dans les yeux perçant d'Artur, Adele entraperçoit un éclat de surprise ; il l'efface bien vite et se dépêche de passer ses petits bras autour du cou et ses petites jambes autour de la taille de l'hybride pour s'assurer équilibre et stabilité dans l'étreinte maladroite de sa tante. Ce qui choque Adele, c'est le naturel déconcertant dont il a fait preuve pour apprivoiser la prise incertaine qu'elle avait enroulé autour de lui. Adele sent la gêne lui picoter la peau et entraver l'intérieur de la gorge ; elle déglutit difficilement avant de proférer une menace manquant cruellement de conviction à l'attention du gamin. « Ne me vomis pas dessus, c'est un conseil. » Artur acquiesce doucement avant d'enfouir son visage dans sa chevelure et dans le creux de son cou, lui signifiant ainsi qu'il était prêt pour leur remontée commune de l'allée. Lorsque Adele se met en marche, elle évite de penser à la semaine qu'ils viennent de passer, à la séparation qu'elle avait imposé à Avery pour s'occuper du pupille imposé, aux journées interminables durant lesquelles ils avaient tous les deux commencé à s'apprivoiser. Elle s'empêche de considérer un seul instant le contentement étrange qu'elle éprouve, là, en tenant Artur tant bien que mal dans ses bras. Prenant garde à ne pas se tordre une cheville et à ne pas les faire basculer tous les deux en avant, elle ne trouve pas que c'est indécent et impropre de voir ce gamin faisant quasiment la moitié de sa taille être ainsi perché entre ses bras. Adele expérimente avec maladresse le naturel de son étreinte, découvre avec une curiosité qu'elle a bien du mal à contenir que cet instant d'intimité qu'ils partagent ne la tétanise pas autant qu'elle ne l'avait imaginé, parfois. Pour la première fois depuis qu'elle est au fait de son existence, l'hybride se dit que oui, peut-être, sans doute, ce gosse a finalement quelque chose à voir avec elle. Il n'est pas de sa famille, pas exactement, non... mais au moins, il n'est plus seulement qu'un banal inconnu, une épine dérangeante et inconfortable que Bones snr lui avait mis dans le pied.
Sur le perron, avant de passer le seuil de la porte d'entrée, Adele murmure: « Ne me fais pas honte... mais en sentant la silhouette d'Artur se tendre des pieds à la tête, Bones ajoute: mais n'oublie pas d'être toi-même. Je serais toujours près de toi, d'accord? » Elle tapote trois fois son dos avant de pénétrer le manoir Avery et de reposer son fardeau à terre, s'assurant qu'il ait retrouvé toute sa stabilité avant de lui récupérer la main et de lever le menton en direction des escaliers. « Donkey? lance-t-elle, la voix forte et sûre, avant que l'elfe de maison d'Avery n'apparaisse devant eux, le front dirigé bien bas vers le sol, Peux-tu avertir ton maître que nous venons d'arriver? — Oui, miss Bones. » Dans un bruit caractéristique, l'elfe disparaît aussi vite qu'il n'était apparu. Un petit rire l'oblige à reporter son attention sur Artur. « Qu'est-ce qu'il y a de si drôle? — Il a l'air encore plus vieux que Fizzy, son elfe. — Tu veux mon avis? Il doit l'être. Il rodait déjà depuis longtemps autour d'Avery, bien avant que je le connaisse. — Yeurk. — Language, Artur. Peux-tu m'expliquer ton hilarité, ceci dit? — Ton Avery, il doit vraiment être très, très vieux, alors... » Après la surprise distillée en elle par la franchise candide et malicieuse du gamin, c'est un amusement sincère qui vient animer l'hybride: son rire résonne avec force dans les quatre coins du hall, ne perd de son intensité qu'au moment où elle perçoit le son de pas sûrs précéder leur propriétaire. Owen apparaît devant eux au bout de quelques secondes. Non, elle ne sait vraiment pas pourquoi elle s'était remise à penser au fiasco du mois de février. Toujours était-il que c'était cet événement détestable qui avait réussi à apaiser l'hybride, à lui faire prendre un certain recul. À lui rappeler que ni lui ni elle ne réussirait jamais à transformer l'autre en ce qu'ils imaginaient être le partenaire idéal escompté. Le regard pétillant, un sourire ambivalent venant dessiner la pulpe de ses lèvres, Adele soulève allègrement la main d'Artur dans les airs avant de questionner le Mangemort. « Il ne risque pas d'être désintégré et de finir en cendres si je lui lâche la main, Avery? » Et si la main d'Artur tremblote légèrement contre sa paume, Adele le félicite en silence de la réaction dont il fait preuve face à ses propos: il reste quasiment inerte, l'hésitation et la peur visiblement bannies de tout son être si l'hybride ne sentait pas le derme d'Artur devenir moite contre le sien.
Ce n'était pas à tous les coins de rues que Owen Avery pouvait croiser un gamin qui ne fondait pas en larmes sous le seul poids de son regard ; et rien que pour cela, Adele ne peut s'empêcher de réprimer l'élan de fierté qui renouvelle l'éclat ambré de ses iris à cet instant précis.
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