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sujet; (début septembre 2003) ELIJUNE + sorry never made it feel alright |
HERO • we saved the world June Winchester | “ Je te le promets, ” Elle enferme la promesse dans un coin de sa tête. Elijah ne pourra pas se défiler après la guerre, il va devoir se délier de cette promesse au risque d’avoir June sur le dos à lui rabâcher sans cesse qu’il faut qu’il la tienne. C’est important de tenir ses promesses, ça prouve qu’on est une personne de confiance et Elijah est une personne de confiance. Alors elle sait qu’il sera là. Ses lèvres esquissent un léger sourire en réponse au regard qu’il lui donne. C’est difficile de résister à ses yeux bleus. C’est difficile de lui résister tout court. Mais elle ne peut pas aller plus loin dans ses pensées et s’enfoncer encore dans cette spirale. Ce n’est pas bien. Ils risquent de mourir n’importe quand, ils n’ont pas le droit de s’attacher. Puis pourquoi elle s’est attachée hein ?
Il y a un moment de latence où June profite du silence pour reprendre ses esprits. Tout tourne moins autour d’elle. L’alcool est toujours là parce qu’elle n’a toujours pas grogné sur Elijah, mais elle a moins l’impression qu’elle va rendre le contenu inexistant de son estomac sur les cailloux du Lac Noir. Quelle idée stupide. Elle ne tient déjà pas avec le fond d’une bièraubeurre alors que croyait-elle avec du whisky ? “ Il y a beaucoup de choses que tu ignores à propos de moi, ” Sa voix a changé et ça ne plaît pas à June. Elle fronce les sourcils et resserre un peu ses mains autour de ses bras. Ce ton-là est toujours annonciateur de réprimandes. Elle n’aime pas quand il parle comme ça, elle préfère le Elijah de tout à l’heure. Celui qui lui donne moins l’impression d’être une petite fille prise en faute. “ Juste du whisky. Ma mère était passionnée, un truc de famille je crois. Je n'aime pas trop l'alcool sinon, surtout depuis la griffure. ” Du coin de l’œil, elle le voit porter une main à son flanc. Probablement là où repose la marque argentée de Claevis. Elle n’a jamais osé lui demander ce qu’il s’était passé. Ils ne sont pas assez intime pour partager ce genre d’histoires. Mais elle aimerait bien. “ Quand on a eu quinze ans, ma mère a pris l'habitude de nous emmener tous les ans, Cara et moi, au Salon International du Whiskey Sorcier, à Dublin. Un repère de soûlards, comme tu peux t'en douter. Mais j'aimais bien. On a jamais été proches, ma mère et moi, et on partageait quasiment rien si ce n'est ça. C'est l'une des seules choses que je garde d'elle. ” Est-ce qu’Elijah a eu une enfance heureuse ? Une famille aimante ? June tente un mince sourire. “ Tu n'ignores pas que boire est mauvais pour les gens comme nous... particulièrement toi. En consommer une fois peut t'amener à développer une addiction. Si c'est le cas, dis-le-moi, d'accord? On se débrouillera pour régler ça. Ensemble. ” Elle hausse un sourcil. « J’en ai bu il y a un moment, mais pas d’addiction. » Elle n’a pas le temps de développer une addiction à quoi que ce soit. « C’était pour me donner du courage pour… » Machinalement elle passe une main dans sa nuque là où se trouve son ancien tatouage de rebut. Brûlé. Ses doigts frôlent la peau boursouflée. Oui, elle a bu au moment de Beltane avant de s’entailler la main pour donner son sang à Draco afin qu’il retrouve la trace d’Andromeda. Si elle le raconte comme ça, Elijah va la prendre pour une dingue. « Peu importe, ça appartient au passé. » Elle laisse retomber son bras. « Mais là… Là c’était autre chose, c’était plus que la dernière fois. » Elle espère qu’Elijah se trompe et qu’elle ne va pas développer une addiction à l’alcool. Ils n’ont pas besoin de ça. Et voir Fred se détruire comme ça, c’est largement suffisant pour qu’elle en rajoute une couche. « Mais promis, si jamais je remarque des signes, j’irai te voir. » Sa tête se tourne dans la direction d’Elijah. Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle essaie d’éviter d’alimenter son attirance pour lui, mais elle n’y arrive pas. Il y a trop peu de moments où ils arrivent à tenir un dialogue sans se hurler dessus et June a envie d’en profiter. |
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HERO • we saved the world Elijah Buckley | Ca lui fait bizarre, de lui parler, de parler tout court. Quand il avait quinze ans... Elijah se fait l'impression d'être un vieux con, à parler comme ça, avec ses jeunes années si lointaines... Pourtant, il y a des choses qui lui reviennent précisément d'une manière incroyable. Il revoit sa soeur et son petit sourire aux canines pointues, sa mère et ses longs cheveux bruns nattés presque artistiquement, l'alcool trop fort et difficile à apprécier au début. Il se souvient aussi d'autres choses, des choses auxquelles il s'empêche de penser la plupart du temps: la fois où Peter était tombé de vélo alors qu'ils étaient partis faire le tour du quartier, tous les trois, et qu'il était sous leur responsabilité, et du coup ils avaient paniqué; la fois où son père s'était déguisé en Père Noël sous le regard tant agacé qu'attendri de sa mère; la fois où, la fois où, la fois où... dans sa mémoire, il n'y a que des souvenirs heureux. Il sait pourtant que la réalité est différente. Il repousse ces pensées. On s'en fiche du passé. Ce qui importe, c'est le présent, et le futur qu'ils vont construire, et la nation qu'ils vont reconstruire. Et puis c'est pas comme si ça intéressait June, ces histoires de famille et d'affection et d'amour et de souvenirs heureux. C'est pas comme si June s'intéressait à lui: il a bien pris garde à que personne ne s'y laisse prendre. Il n'a pas envie d'imaginer... quelque chose, pas dans ces temps troubles, alors qu'ils ont tellement de choses qui arrivent tout le temps en même temps. Surtout qu'à sa froideur, June ne lui a jamais qu'offert que de l'agacement. Elle doit juste le supporter parce qu'il était le plus apte à lui apprendre la magie, et à l'aider à se remettre en forme. Il faut qu'il pense à lui signaler qu'ils devraient faire une séance tantôt, ça fait plusieurs semaines — tout s'est enchaîné si vite — qu'ils ne se sont pas entraînés.
(Ils ne le doivent pas vraiment, mais Elijah aime passer du temps avec June dans ces moments-là. Pas de questions, pas d'insultes, rien. Juste eux, et les grognements d'effort et de douleur, et les rictus victorieux. Il aime son orgueil; c'est l'égal du sien.)
« J’en ai bu il y a un moment, mais pas d’addiction. C’était pour me donner du courage pour… » Il tourne le regard vers elle, curieux, observe le geste instinctif en direction de sa nuque; la légère grimace. Il n'a vu la cicatrice, les peaux déchirées et brûlées, qu'une seule fois. Y repenser lui retourner le ventre. « Peu importe, ça appartient au passé. » Il a envie de lui dire: tu peux me dire. Tu peux tout me dire. Je suis là. J'écoute. Je t'écoute. Ça m'intéresse. Mais à la place il hoche la tête, accepte le détournement de sujet sans protester. Ils ont tous leurs secrets, leurs squelettes dans le placard. Inutile d'insister. Et puis ça ne devrait même pas l'intéresser. « Mais là… Là c’était autre chose, c’était plus que la dernière fois. » Il n'arrive pas à imaginer une chose plus pire, pour elle, que la mort de Ted... mais il ne va pas remettre le sujet sur le tapis. Elle a séché ses larmes, sa voix ne tremble plus. Il se demande si c'est grâce à lui, ou à cause de lui: peut-être aurait-il dû la laisser pleurer jusqu'à s'aveugler...
Mais même cette simple pensée lui est insupportable. « Mais promis, si jamais je remarque des signes, j’irai te voir. » Elle le regarde de nouveau, Elijah lui adresse un sourire mi-figue mi-raisin, parce qu'il a l'impression d'entendre comme de la moquerie dans sa voix; mais il se reprend vite, c'est surement seulement dans sa tête. Alors à la place, il la regarde d'un air sérieux. Il a les yeux de l'Elijah qui assiste aux réunions du Conseil. “ Tu peux me faire confiance, June, ” dit-il, au cas où elle l'ignorait, après des années à se connaître. “ Et je veux que tu saches... ” Là c'est plus compliqué. Elijah est un homme de lettres, pas de mots. Il préfère mille fois coucher ses pensées sur le papier que prononcer la moindre phrase traîtresse; si bien qu'il s'éclaire la gorge, toussote, déglutit, détourne les yeux avant que le reste douloureux de sa phrase ne sorte: “ que tu m'es très chère. ” Et à cause de son manège, et l'air particulièrement déterminé qu'il porte sur le visage, il n'y a aucun doute qu'il y a, sous cette phrase, un sens plus profond et terrifiant. “ Tous les membres de la Meute me sont chers. Je suis content... que tu me fasses confiance, malgré tout. Je suis désolé si j'ai pu te paraître distant auparavant, mais je voulais juste que tu saches que tiens beaucoup à toi, et que tu as raison de me faire confiance. Je ne te laisserai pas tomber, June. ” Jamais; mais le mot, lui, reste coincé, alors qu'il serre les dents et que tout son corps se tend en l'attente du retour de flamme. |
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HERO • we saved the world June Winchester | C’est particulier de voir Elijah sourire. Ça lui retourne le ventre. Ça fait s’envoler des dizaines de papillons à l’intérieur. Et elle a l’impression d’être rouge écarlate. Comme quand elle était en première année et qu’elle était tombée amoureuse pour la première fois d’un élève de sa promotion. En même temps, à cette époque-là, Poudlard c’était la première fois où elle avait rencontré des enfants de son âge. A cause de sa maladie, ses parents ne l’ont jamais laissée sortir ou aller à l’école moldue. Alors oui, son premier amoureux secret date de sa première année à Poudlard. Et elle a l’impression de revivre ces instants depuis qu’elle côtoie Elijah. Et ça l’embête parce que lui, ça ne sera jamais le cas. Il est Elijah. Il éloigne les autres et elle le comprend un peu quelque part. Elle voudrait être comme lui, mais elle n’y arrive pas. Elle s’attache trop. Elle aime trop. Elle souffre trop. Pourtant, elle a bien réussi au début à le tenir éloigné. Et finalement, contre toute attente et malgré les distances qu’elle essaie de mettre entre lui et elle, elle est tombée dans le piège. Elle a fini par l’apprécier. Malgré tout. “ Tu peux me faire confiance, June. Et je veux que tu saches... ” Elle penche la tête sur le côté. Il semble chercher ses mots et ça aussi, ça l’attendrit. “ que tu m'es très chère. ” June écarquille les yeux. Elle ne peut pas s’en empêcher. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il dise ça. Tu m’es très chère. Son cœur s’affole contre sa poitrine et elle sent que ses mains sont devenues moites. “ Tous les membres de la Meute me sont chers. Je suis content... que tu me fasses confiance, malgré tout. Je suis désolé si j'ai pu te paraître distant auparavant, mais je voulais juste que tu saches que tiens beaucoup à toi, et que tu as raison de me faire confiance. Je ne te laisserai pas tomber, June. ” Elle sent son cœur se serrer, chuter et battre si fort. Et si elle l’embrassait maintenant ? June essaie de se calmer. Tous ses mots résonnent dans sa tête. Tu m’es très chère. Lui aussi il lui est très cher. Elle ne veut pas qu’il meurt et elle ne veut pas qu’il souffre et elle veut le préserver de toutes les souffrances de la guerre. Mais c’est impossible. « Je-- tiens à toi aussiMerci. » Fait-elle en souriant. Elle aimerait être capable de lui dire, mais à quoi bon ? S’il faut la grosse bataille sera annoncée demain et ils pourraient mourir à n’importe quel moment. Alors ça sert à rien de nourrir des sentiments maintenant, n’est-ce pas ? Ça les ferait plus souffrir qu’autre chose. Surtout si l’un vient à survivre et pas l’autre. Puis il a dit qu’elle lui est chère au même titre que ceux de la Meute. Alors ça compte pas, non ?
Ses lèvres se pincent. « Tu penses que ça va durer encore longtemps ? » Dis, est-ce qu’on va continuer à souffrir encore longtemps ? Elle est fatiguée, si fatiguée que cette guerre continue encore et encore et encore. Il faut que ça s’arrête, que ça se stoppe. Il faut que Voldemort morde la poussière une bonne fois pour toute. Mais sans Harry, c’est impossible. Elle sent encore une fois les larmes lui monter aux yeux. Harry est mort. Elle refusait cette nouvelle, mais oui, Harry est mort et avec lui l’espoir d’une victoire, n’est-ce pas ? « J’aimerai que ça ne tarde pas à finir. Je veux que tu honores ta promesse. » Fait-elle la voix tremblante, en fixant l’horizon. Sa vue s’est brouillée. Et les larmes roulent sur ses joues. Elle les essuie avec le revers de sa manche. Elle sent le regard d’Elijah sur elle. « Je suis fatiguée. » Par l’alcool, par la guerre, par les morts, par tout. Ses nerfs lâchent une fois encore. Pour Harry cette fois. Parce qu’elle s’est fourvoyée en pensant qu’il était toujours en vie quelque part alors qu’il n’est plus là. « C’est normal ce genre de réaction quand on boit de l’alcool ? » Elle parle des émotions qui changent toutes les deux secondes. Elle parle de ce trou béant dans sa poitrine qui n’arrive pas à se reboucher malgré les mots d’Elijah et malgré l’alcool. On oublie rien avec l’alcool, c’est même pire elle a l’impression. |
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HERO • we saved the world Elijah Buckley | « Je-- Merci. » Il ne sait pas trop à quoi il s'attendait. Mais ça lui suffit. Vraiment, ça lui suffit. Il n'a rien à attendre d'elle, surtout quand il a rien à lui offrir si ce n'est qu'un orgueil ébréché et qu'une peur panique de l'attachement, une phobie de l'engagement personnel, une terreur à l'idée de s'ouvrir à quiconque, surtout en ces temps-là. Alors Elijah hoche la tête, simplement, pour accepter le remerciement. Il détourne le visage et elle aussi; le moment est rompu et heureusement, parce qu'il ne supporte plus de la regarder, il ne peut plus la regarder sans avoir envie de lui rentrer dedans pour effacer du pouce ses larmes, la tenir contre lui en lui disant que promis, June, ça ira, tout ira. Il reste immobile. Le Lac n'a jamais été aussi fascinant à regarder, et on n'a rarement fait un spectateur plus intense et déterminé à ne rien regarder d'autre qu'Elijah. Pourtant, même sans avoir les yeux posés sur elle, il sent la présence de June, il sait qu'elle est là, si proche et si loin à la fois, et qu'elle est encore toute chamboulée dedans et dehors. Il n'a plus envie qu'elle souffre, plus jamais. Il veut que toute la souffrance soit bannie du monde. « Tu penses que ça va durer encore longtemps ? » Il entend un nouveau sanglot s'étrangler dans sa gorge et pendant un instant, il ferme les yeux en cherchant quoi faire et surtout, quoi dire.
Ça durera encore longtemps, oui. Il leur faut... de l'espoir. De l'espoir et du courage et de la détermination. Plus de larme et s'il vous plaît, s'il vous plaît, plus de souffrance. « J’aimerai que ça ne tarde pas à finir. Je veux que tu honores ta promesse. » Il tourne les yeux vers elle mais elle ne le regarde pas. “ J'honore toujours mes promesses. ” Il n'est même pas agacé d'être remis en question. Il veut juste qu'elle sache, et qu'elle comprenne, ce qu'il ne parvient pas à dire à haute voix. Il honorera sa promesse, ses promesses, toutes les serments qu'elle voudra. « Je suis fatiguée. » Lui aussi. Tellement, tellement, tragiquement, indéniablement, fatigué. « C’est normal ce genre de réaction quand on boit de l’alcool ? — Parfois. ” Il ne peut s'empêcher de sourire légèrement, amusé et peut-être attendri à la petite voix fragile de June. Il s'approche d'elle, hésite à lever un bras pour le passer autour de ses épaules pour la guider, et se résigne à défaire ses deux bras croisés pour enfoncer ses poings fermés dans les poches de son pantalon. “ On devrait rentrer au château. Je vais te faire du thé, ça ira mieux. Il faut que t'éponges tout ça avec un peu de nourriture aussi. Et que tu te reposes. ” Beaucoup de choses à faire, et si peu de temps. Il lui adresse un rictus qu'il espère encourageant. “ Je tiens toujours mes promesses, June. Et je te laisse pas tomber, d'accord? On va y arriver. On va vaincre. Tu seras la meilleure Alpha de ce côté de la Manche. On boire du whisky à la mémoire de tous ceux qu'on a perdus. Je te promets, d'accord? Je te promets. ” Il la regarde intensément pendant un moment, avec des feux rageurs dans ses yeux, le genre d'émotions qu'Elijah n'a pas normalement; mais ce n'est pas un Elijah normal, c'est un Elijah qui sent le semi-loup essayer de sortir de sa peau pour aller voir la louve de June, c'est l'attraction horrible et inébranlable qui les lie, malgré tout, en tant que loups du même Créateur et en tant que... en tant que... “ Tu peux filer droit? ” |
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HERO • we saved the world June Winchester | Harry et Ted sont morts et June a peur que ça arrive aussi à Elijah. Toutes les personnes autour d’elle finissent par disparaître à un moment ou un autre et elle ne sait pas si elle va arriver à supporter toutes ces disparitions. Et finalement celle d’Elijah serait probablement la pire pour elle. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’un lien si fort naisse entre eux. Alors effrayée, elle l’a repoussé très loin au fond d’elle ce sentiment naissant. Elle n’a rien voulu dire et n’a rien dit. June s’est montrée désagréable avec lui. Tout comme lui au final. Elle s’est calquée sur le comportement qu’il pouvait avoir avec elle pendant les entraînements et quelque part ça a plus ou moins réussi avant qu’elle finisse par se rendre compte qu’elle était attachée à lui. Probablement plus qu’elle ne devrait. “ J'honore toujours mes promesses. ” Et ça lui fait du bien qu’il y ait ce maigre espoir d’après-guerre. Cette promesse qu’elle va garder enfermée dans son cœur. Ils iront boire du whisky après la guerre. Du bon whisky. Et ils seront tous les deux. Juste tous les deux.
“ Parfois. ” Finit-il par lui répondre. Elle hoche la tête, ça la rassure un peu. L’alcool peut donc influencer ses émotions. Ce n’est pas juste parce qu’elle a ressenti cette profonde tristesse que toutes les émotions sont venues s’entrechoquer par la suite. L’alcool a joué un grand rôle là-dedans. Bon elle ne boira plus alors elle ne veut plus ressentir tout ça et passer des rires aux larmes en un claquement de doigts. C’est épuisant. Elle ne boira qu’un bon whisky avec Elijah et c’est tout. Elle se rassure un peu et essaie de se calmer. “ On devrait rentrer au château. Je vais te faire du thé, ça ira mieux. Il faut que t'éponges tout ça avec un peu de nourriture aussi. Et que tu te reposes. ” Le château. Il faut déjà rentrer. Et elle doit se reposer, mais elle sait qu’elle ne va pas y arriver. Il n’y a pas de repos pour les survivants. Elle doit faire des tours de garde. Elle doit veiller à ce que les mangemorts se tiennent de l’autre côté des sorts de défense. Elle doit. Elle doit. Elle le doit. Elle est toujours en vie, elle ne peut pas se reposer. Elle se reposera après la guerre. Mais Elijah ne peut pas comprendre ça. Il va l’obliger à dormir voire veiller à ce qu’elle dorme. Est-ce qu’elle peut l’obliger à rester avec elle ? “ Je tiens toujours mes promesses, June. Et je te laisse pas tomber, d'accord? On va y arriver. On va vaincre. Tu seras la meilleure Alpha de ce côté de la Manche. On boire du whisky à la mémoire de tous ceux qu'on a perdus. Je te promets, d'accord? Je te promets. ” Elijah se tourne vers elle et la regarde droit dans les yeux. Son regard brille. Encore une fois une vague d’émotion la traverse. Elle sent son estomac se contracter une fois de plus et son cœur battre encore plus fort. Elle n’avait jamais vu ce genre de regard chez Elijah. “ Tu peux filer droit? ” June se reprend, se secoue et tente de mettre un pied devant l’autre. Ça tangue un peu, mais elle arrive à faire quelques pas sans se vautrer en beauté sur la rive du lac. Elle se tourne vers Elijah. « Je--je pense que je peux, oui. »
Le chemin du retour se fait en silence parce que June ne sait pas quoi dire. Elle n’a plus rien à dire, Elijah en a dit suffisamment. Elle ne sait pas vraiment comment répondre à ça. Et elle voudrait pouvoir trouver les bons mots, elle pourrait laisser l’Alpha lui dire ce qu’il a besoin d’entendre, mais ce n’est pas sans risque. Elle ne doit pas laisser ses émotions guider ses paroles. L’animal la torture souvent au sujet d’Elijah. Parce que l’animal sait déjà comment ça va se terminer, mais June se le refuse parce qu’il y a la guerre, il y a les morts et il n’y a pas vraiment d’espoir. « Merci Elijah. » Fait-elle lorsqu’ils arrivent aux portes de l’école. « Merci d’être là alors que je suis pas en état. J’avais pas la force d’aller jusqu’à Storm’s End pour que Rohan, Eddie et les autres me voient comme ça. » Elle lui sourit en remettant une mèche de cheveux derrière ses oreilles. « Tu… tu veux bien rester avec moi encore un peu ? » Elle paraît légèrement gênée. « Le temps du thé et de manger un peu. Enfin comme tu veux. Je veux pas t’imposer ma présence et Rhaenys a peut-être besoin de toi. » Il en a peut-être assez d’être à ses côtés et il a peut-être envie de partir. June est partagée, elle aimerait qu’il reste autant qu’il parte. Elle a un peu peur de se retrouver toute seule. |
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HERO • we saved the world Elijah Buckley | Il la regarde en coin, quand ils remontent silencieusement vers le château, se raidit quand elle trébuche et semble, à plusieurs reprises, sur le point de caler son épaule sous la sienne pour la soutenir; mais il ne le fait pas. À la place, la main traître qui a envie de s'emparer de la sienne, s'agite dans le vide, ses jointures jouant sous la peau alors qu'il serre et desserre nerfs et muscles, anxieux ou alors juste perturbé par sa présence, à la fois trop proche et trop éloigné à son goût. Il essaie de penser à autre chose, au cycle de la lune, tiens, quelque chose qui le passionne depuis sa griffure: il lève les yeux, et il y a la lune, à peine remplie, qui lui rend son regard, sur le ciel clair de la fin de l'après-midi. Il pense à la lune, il pense aux étoiles, il pense à ce qu'il doit penser pour ne pas penser à June. C'est stupide. « Merci Elijah, » l'arrête-t-elle quand ils arrivent devant les portes de l'école. Il se tourne presqu'aussitôt vers elle, mais conserve un visage neutre, acceptant les remerciements d'un vaguement mouvement de la tête. Il devrait peut-être lui dire que c'est son plaisir. Qu'il referait, tout ce qu'il a fait pour elle, des milliers de fois. Il devrait lui parler. Faire quelque chose — n'importe quoi. Mais il reste immobile et silencieux. Il n'a jamais été bon pour parler. Les mots se glissent dans son oreille, pourtant, mais ils rendraient mieux sur du papier, oui, voilà. C'est tout. C'est pour ça qu'il ne se laisse pas parler. Ce qu'il pense, ce n'est pas quelque chose qui peut être dit à haute voix. C'est trop... dangereux et stupide, par les temps qui courent. Elle lui rirait a nez.
« Merci d’être là alors que je suis pas en état. J’avais pas la force d’aller jusqu’à Storm’s End pour que Rohan, Eddie et les autres me voient comme ça. » Et elle sourit. Elijah aurait pu déclarer trois mille guerres pour ce vrai sourire, aimable et sincère. « Tu… tu veux bien rester avec moi encore un peu ? — Bien enten-- — Le temps du thé et de manger un peu. Enfin comme tu veux. Je veux pas t’imposer ma présence et Rhaenys a peut-être besoin de toi. » Il sourit à son tour. Presque timidement, comme un étudiant pris de court par la demande de sa camarade de classe qui vient de lui proposer d'aller quelque part ensemble. “ Bien entendu, reprend-t-il, avec un peu plus de calme que l'empressement de la première fois. Rhaenys peut survivre quelques heures de plus, et elle me trouvera si elle a un problème. Et puis je te connais, tu vas pas vouloir te poser et tu vas retourner patrouiller dès que j'aurais le dos tourné. J'enverrai quelqu'un à ta place. Je ne sais pas si tu sais, mais je suis plutôt gradé dans le coin, ” lâche-t-il, sur le ton de la confidence, avec une prétention qui n'est qu'humoristique. Il pousse les portes avec force, jetant par-dessus son épaule un petit clin d'oeil à l'adresse de la rousse, son sourire timide et maladroit collé aux lèvres. Un groupe est revenu de mission récemment, apparemment, et bouchonne la Grande Salle; alors Elijah, sur un coup de tête, s'empare de la main de June pour l'aider à se faufiler à sa suite dans le labyrinthe de corps, faisant tête basse pour ne pas être reconnu et interpellé.
Ils se précipitent en catimini dans les couloirs de Poudlard, s'enfonçant dans les entrailles du château pour trouver les cuisines de l'école, qui sont désormais tout le temps ouvertes pour permettre aux Insurgés d'aller et venir manger selon leurs rythmes de sommeil généralement aléatoires et pas très sains. Les couloirs sont silencieux, et vides. Il n'y a personne pour les voir, et personne pour les empêcher de se déplacer. Il n'a pas lâché sa main, pourtant. Dans les cuisines, il y a quelques elfes qui s'activent, toujours, avec leurs maigres ressources, leurs jettent des regards curieux, sur le point de leur demander ce qu'ils désirent ce soir? Mais Elijah se contente de se tourner vers June, le coeur en travers de la gorge, lâchant ses doigts pour poser ses deux mains sur ses épaules et la forcer à s'asseoir sur deux caisses empilées de nourriture. “ Je vais nous faire du thé, ” dit-il simplement, la laissant là pour aller trouver et remplir une théière d'un sortilège, qui ne tarde pas à siffler. Quand il ramène les deux tasses et en fourre une dans les mains de June, il voit que les elfes ont déjà ramené quelques pâtisseries pour qu'elle mange. “ Je t'emmènerai aussi dans ce salon de thé que je connais à Dublin, déclare-t-il en s'asseyant à côté d'elle. Après la guerre. ” Et encore une fois, ça a des allures de promesse. Et surtout, de futur. |
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HERO • we saved the world June Winchester | “ Bien entendu. Rhaenys peut survivre quelques heures de plus, et elle me trouvera si elle a un problème. Et puis je te connais, tu vas pas vouloir te poser et tu vas retourner patrouiller dès que j'aurais le dos tourné. J'enverrai quelqu'un à ta place. Je ne sais pas si tu sais, mais je suis plutôt gradé dans le coin, ” June fait un peu la moue. Évidemment qu’il la connaît trop et qu’il peut prévoir ses réactions. Évidement qu’il sait que la première chose qu’elle fera une fois qu’il ne sera plus dans les parages sera de s’épuiser en faisant des rondes. Elle lève les yeux au ciel en souriant en réponse à la fin de sa remarque. « Oui, monsieur le membre du Conseil. » Minaude-t-elle presque. Elle essaie de s’empêcher de rougir comme une imbécile en le voyant sourire à nouveau suivi d’un petit clin d’œil. Elle a senti son cœur faire des soubresauts en voyant son air sur son visage. Elle l’aime bien quand il est comme ça. Ils entrent finalement dans l’enceinte de l’école. Là un groupe est présent. Elle sent les doigts d’Elijah glisser sur sa paume pour venir serrer sa main doucement et l’entraîner à sa suite. La chaleur de sa peau contre la sienne est un contact tout nouveau pour June. Elle a l’impression qu’elle va prendre feu dans la minute s’il ne la lâche pas. Et en maintenant elle ne veut pas qu’il la lâche. Jamais. Elle le suit en se faufilant à travers les membres de la RDP présents. Elle ne quitte pas son dos des yeux et sent toujours sa peau contre la sienne. Son cœur bat beaucoup trop vite pour elle. June s’excuse à demi-mot quand elle bouscule plusieurs personnes. Elle s’accroche à Elijah de peur de le perdre dans la foule. Elle ne veut pas lâcher sa main et la chaleur rassurante qu’il dégage. June n’a pas remarqué qu’ils étaient, à présent, presque seuls dans les couloirs et qu’il n’y avait donc aucune raison pour qu’Elijah continue de la tenir par la main. Elle n’a pourtant pas envie de lui faire la remarque alors elle se tait. Les cuisines sont là plus rapidement que June aurait voulu. Ça signifie qu’il va bientôt la lâcher et alors adieu la chaleur rassurante et la présence de sa main dans la sienne.
Les elfes sont là à s’activer. Comme d’habitude elle admire leur serviabilité. Les doigts d’Elijah finissent par quitter sa main. Il vient poser les siennes sur ses épaules, la forçant à s’installer. Pas difficile, ses jambes sont encore flageolantes de ce contact si rassurant et si appréciable. “ Je vais nous faire du thé, ” Il s’affaire lui-même. La théière vole, l’eau bout et le thé s’infuse. Lorsque June redresse la tête, il lui tend une tasse fumante qu’elle prend dans ses mains. Au passage, elle frôle un peu ses doigts. Elle se sent stupide que ce simple geste anodin la marque autant. Mais elle a envie de sentir sa main contre la sienne. Toujours. Les petites créatures viennent alors l’interrompre en lui tendant de la nourriture qu’elle vient prendre. « Merci. » Fait-elle en souriant. “ Je t'emmènerai aussi dans ce salon de thé que je connais à Dublin, Elle tourne sa tête dans sa direction et il s’installe à ses côtés. Leurs épaules sont proches. Après la guerre. ” Elle sourit encore et mange un morceau de biscuit. « Tu es Irlandais ? » Elle connaît si peu de choses sur lui. « Je suis Irlandaise, mais je connais presque rien en matière de bons coins là-bas. À part la maison de mes parents. » Parce qu’elle n’avait pas le droit de sortir à l’époque, ça causait de terribles angoisses à sa mère en rapport avec sa maladie alors elle ne connaît rien de son pays natal. Elle boit un peu du thé et grimace légèrement. Il lui rappelle celui infâme qu’il y a à Storm’s End. Ça a un peu le goût de la maison quelque part, mais il la fera toujours grimacer. « Ça ressemble à quoi ce salon de thé ? » Finit-elle par demander au bout d’un moment. Elle a envie qu’il continue à parler encore et encore et encore. De choses futiles et de choses utiles. Juste qu’ils soient tous les deux pour qu’elle puisse oublier les peines et les pertes. |
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HERO • we saved the world Elijah Buckley | Elijah a l'impression d'être encore un petit garçon, qui conserve son béguin secret contre son coeur et fait mine d'ignorer le fait qu'il est tout entier électrisé par un simple contact, par le fait qu'il lui ait tenu la main pendant plus de deux minutes. Surtout que June a dû remarquer qu'il a continué après qu'il n'y ait plus personne, et elle doit voir sur son visage sa gêne, ses joues rouges, ses yeux fuyants...! (À la vérité, égal à lui-même, il reste de marbre, poli mais ni ouvert ni bavard; peut-être ses joues sont-elles un peu rouges mais la cuisine a une atmosphère étouffante et chaude, n'est-ce pas?) Stupide, stupide, stupide Elijah. Il aimerait sourire, lui expliquer, tout lui dire. Il aimerait lui montrer le monde tel qu'il le voit, et il aimerait qu'elle lui montre le sien, aussi. Il y a plein de choses qu'Elijah voudrait, quand il pense à June. Mais il est tout couard, ou alors il est trop arrêté sur ses positions (pas d'attachement, c'est la guerre, pas d'attachement, c'est la guerre, pas d'attachement, c'est la guerre) pour se laisser aller à une certaine vulnérabilité. Elle le mériterait pourtant, June. Il l'observe manger un morceau de biscuit, genre je vérifie que tu manges bien, alors qu'en fait, il ne fait que l'observer. Quand elle tourne la tête vers lui, il détourne la sienne et boit un peu de son thé brûlant. « Tu es Irlandais ? Je suis Irlandaise, mais je connais presque rien en matière de bons coins là-bas. À part la maison de mes parents. » Il arque un sourcil, attend qu'elle continue. Quand elle reste silencieuse, il répond: “ j'ai grandi à Dublin, mais ma mère vient du nord de l'Irlande. ” Normalement, il s'en tiendrait là. Il n'est pas très bavard Elijah, surtout quand on parle de lui. Mais c'est June. Et leurs épaules se touchent un peu quand il se penche sur la droite. « Ça ressemble à quoi ce salon de thé ? » Il se penche très légèrement sur la droite. “ Mon père travaille dans ce pub un peu miteux pas loin de chez nous. Comme on avait pas le droit d'y rentrer, quand ma mère n'était pas là, il nous déposait, Cara, Peter et moi dans le salon de thé en face. Il était tenu par trois bonnes femmes qui nous faisaient tout le temps des chocolats chauds et nous étouffaient de leurs cookies dégoûtants. Mais c'était sympa. ” Une pause. “ Un peu comme la maison. ” Il fronce les sourcils, comme si le souvenir lui évoquait quelque chose de nouveau aujourd'hui.
Il repousse ces pensées brusquement, adresse à June un petit sourire hésitant, maladroit et timide, soudainement gêné de lui en avoir tant dit — peut-être qu'elle s'en fiche, qu'elle voulait simplement être polie. Mais elle lui rend ce regard, le genre de regard qui noue un peu la gorge d'Elijah. Et pendant un instant, ils sont seuls au monde, et les yeux d'Elijah tombent sur la bouche de June, et si...? Puis un elfe les bouscule et il tourne la tête pour maîtriser la tasse encore chaude qu'il tient entre les mains en s'assurant que l'elfe n'est pas trop sonné (il lui a rebondi sur le bras avec violence, même si Elijah a à peine ressenti le choc) (ah, les amoureux) quand il se relève, la bouche pleines d'excuses pour le maître, et la voix morne d'Elijahl ui répond: “ c'est bon, ça va, c'est pas grave, tout va bien, ” se sentant brusquement un peu stupide. Ses joues sont effectivement très rouges quand il se tourne à nouveau vers June, lui montre le biscuit à moitié entamé qu'elle tient toujours entre les mains. “ Mange. Faut que t'éponges un peu, ” dit-il d'un ton faussement décontracté, avant de retourner à siroter son thé en observant les cuisines. “ Je vais pas te lâcher, ” ajoute-t-il sur le ton de la conversation, même si sa gorge se noue de nouveau à ses mots. Ils discutent encore un peu. Elle a beaucoup pleuré, un peu bu, June est un peu fatiguée, et il la menace de la laisser là, non, je vais pas te porter jusqu'à ta chambre, June, t'abuses. Mais à la fin, il passe son épaule sous la sienne pour l'aider à se rendre jusqu'à son lit, et lui tapote le front entre les sourcils en lieu et place d'un baiser. “ Tu vas te réveiller avec un sacré mal de tête, qu'il lui dit. Ça t'apprendra. ” Mais il sourit, un peu, dans la pénombre du dortoir. Un peu beaucoup. “ Bonne nuit, June. ” Il faut vraiment qu'il arrête de sourire, il a l'air d'un idiot dans les couloirs. |
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| | | | | (début septembre 2003) ELIJUNE + sorry never made it feel alright | |
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