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sujet; Γνῶθι σεαυτόν - connais-toi toi-même [bagsmith] |
| Terpsos & Philemos part 1le plaisir délicieux et le baiserathènes ; 400 BC + Philemos était à deux doigts de décéder. Il tentait bien de se concentrer sur ce que ce mec disait mais… il était plus intéressé par ses sourcils proéminents que par ses paroles. « J'ai entendu dire que près de Naucratis, en Égypte, il y eut un dieu, l'un des plus anciennement adorés dans le pays, et celui-là même auquel est consacré l'oiseau que l'on nomme ibis. Ce dieu s'appelle Theuth. On dit qu'il a inventé le premier les nombres, le calcul, la géométrie et l'astronomie… » Mais Hermès tout puissant, est-ce que c’était possible ? De tels sourcils ? Ils semblaient doués de vie. Et plus l’énergumène parlait de conneries comme Theuth (c’était quoi ce nom de dieu ? Vierge Athéna, protège nous des étrangers qui viennent nous envahir avec leur dieux à têtes d’animaux — sales barbares) comme la géométrie (qu’est ce qu’il connaissait à la géométrie ? Ses sourcils ne paraissaient pas connaitre ce concept eux en tout cas) (son corps tout entier semblait ignorer le principe de symétrie) (pouah qu’il était laid et cabossé) (pouah pouah) donc plus il parlait, plus ses extensions capillaires donnaient l’impression de vouloir s’enfuir de son visage (on pouvait les comprendre, les pauvres) pour partir loin, très loin. À Sparte, ou encore plus loin, à Syracuse. Bref, Philemos ne bitait rien à ses paroles, mais commençait à ressentir une sorte d’empathie très étrange à l’égard de ces pauvres sourcils qui étaient condamnés à rester accrocher à cet homme. « Philemos, cher ami, entends-tu ce que je dis ? » Il sursaute et tente de se concentrer sur les iris troubles de son interlocuteur « Euh, je… Theuth et l’astronomie ouais ouais, j’ai bien saisi. Les sophistes sont des chiens et il faut travailler son esprit. Γνῶθι σεαυτόν mon cher ami, on ne le répètera jamais assez. » Socrate hausse les sourcils et Philemos écarquille ses yeux. Oh Zeus, ça y est, ils prennent leur envol. Tel Dédale ils s’étaient forgés des ailes et ils allaient… « Jeune homme, tu ne pourras pas progresser dans la connaissance du monde et de toi-même si tu n’es pas plus attentif à nos paroles. Regarde ton jeune ami. Lui est attentif. » Il pointe respectueusement Terpsos du menton et Philemos lève les yeux au ciel. Évidemment qu’il était attentif, Terpsos était… incroyable à maints égards mais surtout dans la manière qu’il avait d’être toujours posé, et disposé à écouter le blablatage d’un vieux simili philosophe. Philemos le soupçonnait de ne rien comprendre à ce qu’il écoutait, mais de simplement rester. Cet imbécile heureux avait toujours eu une sorte de fascination pour les personnes atypiques et Socrate entrait parfaitement dans ces critères.
Moche, laid, affreux comme un énorme pou ; ennuyant à crever selon Philemos, empli d’une sagesse incommensurable selon ses disciples, dangereusement perturbateur selon ses enculés de démocrates. Une certaine tendance à fourrer son engin dans toutes les fesses qui voulaient bien s’ouvrir à lui (selon les rumeurs) (pas comme s’il en avait fait l’expérience) (oula) et c’était sans doute ce qui attirait Terpsos. Avec un sourire faussement poli — Socrate était un habitué des rebuffades, il ne pouvait pas errer dans les rues de la cité et alpaguer les citoyens sans essuyer une fois sur deux des commentaires désobligeant, Philemos répliqua : « Mon compagnon est attentif parce qu’il a beaucoup à apprendre, moi mon ami, je suis déjà très sage. Est-ce que cela ne se voit pas sur mon noble visage ? Hein ? Ne dit-on pas que la beauté de l’âme transparait sur la beauté corporelle ? » Socrate l’ignore, et il avait bien raison. Il ne pouvait pas soutenir la comparaison. Il fait un clin d’œil en direction de Terpsos et contracte négligemment les muscles de ses bras, pour faire ressortir ses biceps, entraînés par des lancers de disques réguliers au gymnase de la cité. Socrate ne pourrait même pas soulever un de ces disques s’il essayait. Enfin, si sans doute. Il se penche en avant, pour que ses lèvres aillent frôler l’oreille de Terpsos, il sourit, pour qu’il sente le soudain mouvement contre son pavillon, avant de murmurer « Tu préfères quoi ? Rester écouter la fin de l’aventure de la géométrie ? Ou bien venir avec moi ? » Il faisait chaud, ça cognait dur sur l’Agora. Il faisait clairement trop chaud pour porter une tunique. Un massage au gymnase lui ferait certainement du bien. Mais avant qu’il puisse avoir la moindre réponse de la part de son ami — une réponse qui aurait été certainement positive, qui pouvait résister à l’attrait d’un passage avec lui au stade ? à l’attrait d’une petite course ? à l’attrait d’une séance de massage où on… qui s’il vous plait ? enfin, avant le moindre oui de Terpsos, un homme s’approcha d’eux. Mal sapé, et presque plus laid que Socrate. Philemos fait la grimace tandis que le type s’avance vers eux. Encore un de ces sales métèques venus voler leur argent. « Z’auriez pas une petite obole. » « Vous voyez écrit temple pour les loqueteux quelque part sur nos gueules ? » Le mendiant le reluque avec un sale air. Par Hadès ! depuis la chute des Trente la plèbe avait pris la sale habitude de mal considérer les citoyens de première classe, ceux qui méritaient leurs possessions et leur argent, les vrais athéniens, les vrais gens. Les personnes comme Philemos en quelques sortes. Les aristoi « Chuis citoyen athénien, compagnon. » Compagnon, compagnon, fallait le dire vite. Philemos ne traînait pas avec des gueux de ce genre. Et il avait la vague impression que l’homme tentait de le rabaisser en affichant sa citoyenneté comme on affiche une belle hétaïre à son bras. Philemos et Terpsos n’étaient pas encore des citoyens à proprement parler, n’ayant pas encore atteints l’éphébie et donc n’étant pas encore inscrit sur les registres. Mais même s’il était encore trop jeune pour faire vraiment partie du fonctionnement de la cité, il valait toujours mieux que ce va-nu-pied. « Ouais, ben si t’es citoyen tu reçois bien l’allocation donné aux pauvres dans ton genre non ? Qu’est-ce que tu viens mendier ? » Mais comme il voulait que le miséreux s’éloigne vite, il lui jette une obole au sol. « Tiens ramasse ça et ta dignité avec. » Philemos détestait les pauvres. Ça puait, ça gênait, ça pensait avoir du pouvoir et ça leur faisait perdre des guerres. Sales pauvres putain.
Dernière édition par Zacharias Smith le Dim 20 Nov 2016 - 12:33, édité 1 fois |
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| Terpsos & Philemos baise donc ma délicieuse et blanche fesseathènes ; 400 BC + Sagement assis sur les marches du temple planté sur l’agora, une marche en-dessous de Philemos, tu sembles écouter attentivement le discours révolutionnaire de Socrate. En réalité, tu attendais patiemment qu’il regarde dans ta direction pour décroiser les jambes et les recroiser dans l’autre sens, offrant ainsi à sa vue le spectacle d’une fesse blanche. Tu savais qu’il avait un faible pour les garçons dans ton genre. Et, maintenant qu’Alcibiade était hors course, tu comptais bien faire en sorte qu’il te mette la main dessus.
Socrate était incroyablement laid, incroyablement intelligent et surtout, incroyablement en vogue dans la cité. Ainsi, il constituait ton dernier caprice dans l’idée d’en faire voir de toutes les couleurs à ton aristôn de père. Bien que lui et Socrate entretiennent des relations houleuses avec les démocrates, il ne considérait pas moins ce dernier comme un agitateur qui aimait autant culbuter les esprits que les jeunes garçons. Et si son fils ne brillait pas par ses capacités physiques, les dieux semblaient avoir jugé bon de le gâter par son visage, rejeton miraculé d’Apollon et d’Aphrodite –si l’idée leur était venue de s’amouracher.
Tu vires au rubicond quand Socrate te pointe du menton, comme pris la main dans le sac de lui faire du gringe. Mais non, c’est bien pour ton attentive écoute qu’il te félicite, en comparaison à ton petit camarade qui, une marche au-dessus de toi, n’arrêtait pas de souffler depuis tout à l’heure. Depuis le temps, tu avais appris à faire fi de ses jérémiades à chaque fois qu’il se croyait obligé de te suivre. Bon, il est vrai que tu insistais quand même un peu pour qu’il t’accompagne. Malgré ton joli minois, tu restais fort discret et n’élevais jamais la voix, tandis que tout l’Olympe était au courant, dès que Philemos débarquait quelque part. Parce qu’il était fort grand, fort athlétique, fort grande gueule et fort drôle. Pas étonnant qu’il se soit attiré les faveurs de Keraunos, le stratège le plus en vogue de la cité, comme un grand pin attirait la foudre.
Le rouge de tes joues s’évanouit jusqu’à devenir livides. Ouvrant des yeux de korè effarouchée, tu gesticules comme si ça allait certifier à Socrate qu’il n’avait pas à écouter les bêtises de ton compagnon et surtout que, pour ta part, tu n’en pensais pas un mot. Certes, Philemos était utile pour attirer l’attention ; mais bien souvent, c’était à vos dépens. En effet, le jeune homme n’avait pas la langue dans sa poche (d’un autre côté, vos tuniques courtes n’en étaient pas pourvues), de fait, où que vous alliez en attisant les concupiscences, vous repartiez aussitôt en cavalant pour fuir les malédictions jetées sur vous et vos familles. Tu es d’ailleurs en train de maudire celle de Philemos sur plusieurs générations lorsqu’il tend un bras ferme sous ton nez et te proposes de vous défiler fissa.
Tu vas pour lui répondre en grande pompe et plus outré que jamais que pour rien au monde tu ne t’interromprais dans le sermon de ce cher Socrate, surtout pour rester là, à faire le pied de grue au gymnase, pendant que môsieur Philemos roulerait des mécaniques, les fesses à l’air et le dos huileux, parmi ses petits camarades du même acabit… Une odeur fauve de pauvre t’extirpe de tes tièdes pensées. Tu te figes, dans l’espoir un peu imbécile de te faire oublier, tandis que Philemos envoie le plébéien paître comme il avait pu le faire avec ton philosophe adoré. « Tu n’as vraiment peur de rien, Philemos » murmures-tu tandis que le métèque s’éloigne, en maugréant quelques infamies sur les sales gosses pourris gâtés que vous étiez.
Parallèlement, tu te demandes si ce n’est pas l’air détaché et sans gêne que semblait jeter ton comparse sur son entourage qui avait participé de son succès auprès des grands. Dans l’art de séduire, se faire désirer était sans doute un stratagème plus fin qu’il n’y paraissait. De fait, son idée de petite escapade ne te semble plus aussi incongrue qu’avant. « Soit, je veux bien venir avec toi » ton regard croit accrocher celui de Socrate qui, imperturbable, continue son discours. « mais c’est bien parce que tu as fait l’effort d’ouvrir un peu ton esprit en m’accompagnant ici. » Comme s’il était dupe de la véritable raison de ta fervente fréquentation de la place publique quand Socrate y déambulait.
Du haut des marches, tu te lèves révérencieusement, lissant avec soin ta tunique. « Ne va pas croire par là que j’y prends goût » te sens-tu obligé de préciser. « C’est simplement qu’il fait terriblement chaud et que… l’odeur de l’huile d’olive me rafraichit… » composes-tu comme si de rien était. C’est qu’elle te rafraichissait certes, mais cela restait somme toute dérisoire face aux corps sur lesquels on la déversait et qui eux, avaient plutôt tendance à t’échauffer. |
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| Terpsos & Philemos part 1le plaisir délicieux et le baiserathènes ; 400 BC + Il passe la paume de sa main sur son cou moite : mais pourquoi Hélios était-il si décidé à les faire se déssécher de la sorte ? N’avait-il donc aucune pitié ? Certes Philemos rendait plutôt bien visuellement quand il avait les pectoraux recouvert d’une fine couche de sueur, mais de là à le faire se détremper comme s’il sortait des eaux du Styx. Merci bien mais on repassera. Il regardait s’éloigner le mendiant en roulant des yeux : il ne savait même pas comment ils pouvait oser ne serait-ce que le regarder dans les yeux. Même si à cause de ce régime démocratique vaseux les plébéens avaient l’impression qu’ils étaient les égaux des aristocrates ils devaient bien le sentir non ? Dans leurs tripes, dans leurs veines, dans leur poitrine ? qu’ils étaient fondamentalement inférieur. Ce pauvre mec ne valait même pas la tunique rapiécé qu’il portait, et si les dieux en avaient jugé autrement, il l’aurait fait naître dans une famille plus riches. Les dieux étaient justes et bons. Philemos était né dans une famille de l’élite parce qu’il le valait bien. Difficile d’en douter en le voyant. Il était irrésistible. « Tu n’as vraiment peur de rien, Philemos. » entend-il à coté de lui, il se retourne vers Terpsos avec un large sourire. « Peur ? Moi ? Bien sûr que non je n’ai peur de rien, qu’est-ce qui pourrait m’effrayer ? Surtout chez un plébéen mal dégrossi ? » Encore une fois il contracte ses muscles, comme pour montrer que, si quelqu’un tentait de lui faire le moindre mal, il aurait à dire bonjour à son poing. Philemos était un habitué du pugilat (rien de plus viril que deux hommes nus qui combattent au sol, l’un contre l’autre) et il savait passablement bien se défendre. De fait, il semblait avoir toujours eu les dieux de son coté, comme si une chance outrancière lui collait au cul. Il avait participé à plusieurs courses depuis sa jeunesse et était presque toujours sorti vainqueur. Les personnes devant lui finissaient toujours par se tordre une cheville, par trébucher sur leur propre pied pour s’écraser sur la piste… Philemos avait amassé les couronnes de feuille d’olivier et de lauriers comme les marchands amassent leurs drachmes. Il les gardait, même fânées, au pied de sa petite statue d’Athéna, qu’il prenait soin de prier avant chaque évènement. Comme il l’avait un jour dit à Terpsos, il se sentait comme Ulysse. « Constamment en retard ? » avait rétorqué le drôle en replaçant une de ses boucles sur son front. Philemos avait donné une tape sur ses fesses, contrarié « Secondé par les dieux, imbécile ! » « ça ne lui a pas tant que ça réussi. Il a trouvé en rentrant chez lui sa maison assaillie, ses biens dilapidés et sa femme subornée. » C’était tendance, chez les jeunes Athéniens, de juger qu’Homère avait un peu trop présumer de la fidélité de Pénélope et beaucoup s’accordait à dire que la Reine d’Ithaque avait très certainement dû loué ses faveurs à quelques prétendants, toute aussi vertueuse qu’elle fut. « Fais pas genre tu t’y connais en quelque chose. » avait finalement répliqué, boudeur, Philemos, faute de trouver une meilleure répartie. Il aurait dû trouver un autre exemple d’homme secondé par les dieux et dont la vie n’était pas partie complètement en vrille. Mais c’était assez compliqué..
Autour d’eux, les quelques autres paysans qui étaient venus s’amasser pour écouter Monsieur Sourcils continuaient de boire ses paroles. Oh, Poséidon je t’en prie, fais donc trembler la terre que l’on puisse s’échapper et je sacrifierai un agneau blanc. Ou une colombe. Ce que je trouverais. Allez, s’il te plait s’il te plait s’il te plait… « Soit, je veux bien venir avec toi » il tourne encore une fois la tête vers son camarade, de nouveau souriant mais Terpsos ne croise pas ses yeux et semble au contraire chercher un contact visuel avec Socrate. Mais comment pouvait-il trouver quelque chose d’intéressant à… ugh. « mais c’est bien parce que tu as fait l’effort d’ouvrir un peu ton esprit en m’accompagnant ici. » « C’est clairement autre chose que tu as envie d’ouvrir toi ici, mon ami. » lui lâche-t-il avec un sourire. Il est déjà levé, alors que Terpsos prend, comme toujours, grand soin de bien remettre sa tunique en place. Pas qu’il craignait qu’un mauvais pli révèle ses petites fesses, mais il voulait qu’aucune poussière sur son vêtement ne trouble l’attention du passant dans un tel cas. « Ne vas pas croire par là que j’y prends goût c’est simplement qu’il fait terriblement chaud et que… » Ah ben clairement, tu ne prends aucun plaisir à m’accompagner au stade… le sourire de Philemos s’agrandit « l’odeur de l’huile d’olive me rafraichit… » « Bien tiens, tu devrais débattre de ça avec notre ami Socrate un de ces jours, Terpsos. Les vertus rafraichissantes de l’huile d’olive. Pourtant me semble que tu as les joues bien rouges quand on sort, n’est-ce pas ? » il a un éclat de rire tonitruant et une bonne partie de l’auditoire se retourne vers lui en lui faisant les gros yeux, mais il s’en contre-carre. Socrate, lui-même, daigne lui accorder de nouveau un coup d’œil guère bienveillant. Il a les yeux sombres. Et d’un seul coup, un mal de tête lancinant traverse la cervelle de Philemos. Il porte un instant sa main à son crâne « Par Zeus, saloperie de soleil… j’vais choper une insolation ou un truc du genre. » Il masse sa tempe mais la douleur disparait presqu’aussitôt, une fois que Socrate a détourné son regard. Vieux dingue va. De nouveau d’aplomb Philemos donne une légère claque dans le dos de son compagnon « Je ne te propose pas de faire la course jusqu’au stade mon ami. Mais plus vite nous y serons, plus vite tu pourras te… rafraîchir. » Il avait hâte de le traîner loin de Socrate en vérité. Il n’aimait pas vraiment l’aura qui parfois émanait du soit disant philosophe. (Et sans doute qu’inconsciemment il associait ces fulgurants maux qui lui vrillaient de temps à autres le crâne à cet homme — pourquoi toujours lorsqu’il le regardait droit dans les yeux ? était-il comme Méduse ? finirait-il par le transformer en pierre ?)
Ils descendirent les marches du temple pour ensuite traverser l’agora et se diriger sur le flanc de l’Acropole, là où se trouvait le gymnase. Sur la route, Philemos essaye de divertir son ami grâce à quelques imitations et caricatures (il était particulièrement doué lorsqu’il s’agissait d’imiter les voix) « Attends, attends et ça ? hum hum… » il prend une voix pompeuse au possible et gesticule un bras tout en gardant l’autre contre sa poitrine « Citoyens ! Une attentat contre ma vie a été perpétré, voyez ce bras que les traîtres ont poignardé ? Un peu plus haut citoyen et ç’aurait été mon coeeeeeeur ! Alors ? » Devant le manque d’enthousiasme de son camarade, il se renfrogne « Allez, Pisistrate, franchement, je l’ai bien réussi. T’exagère. C’est parce que je t’ai arraché à Socrate que tu boudes ? Mais tu pourras te faire sauter quand tu veux par ce laideron ! T’as qu’à aller chez lui, toquer, virer ta tunique et il ne se fera pas prier, laisse moi te dire. » Il lui claque les fesses avec un rire. « Socrate… » il a une grimace « C’est tellement bas de gamme. Pourquoi ne te mets tu pas avec un homme qui en vaille vraiment la peine. Comme Keraunos. Lui, c’est un homme. Un vrai. » Lorsqu’il était lancé sur le sujet, plus rien ne pouvait arrêter Philemos qui était une vraie mine à blablatage. Keraunos par ci, Keraunos par là, et Keraunos a dit que… puis a dit aussi que… et alors Keraunos lui au moins il fait comme ça et pas comme ci. Après quelques instants de fortes louanges et autres joyeusetés il conclut « Et lui, au moins, a le physique qu’il faut. Si tu vois ce que je veux dire. » Il ne pouvait hélas plus trop s’étendre sur le sujet, ils venaient d’arriver au gymnase. Les maîtres les laissèrent passer — tous les jeunes gens d’Athènes venaient passer des matinées ou des après midi entiers ici et Philemos s’installa sur un des bancs de pierre qui bordait la piste de course (au centre de laquelle se trouvait les différents endroits pour lancer le disque et autres) et retira ses sandales. Il tire sur le tissu de sa tunique : « Tu m’aides ? Oh dis, tu viens un peu courir cette fois ? Ou tu préfères encore mater le spectacle ? » Il lui touche ses bras pas très musclés « ça te ferait pas de mal hein, un peu de lancer. » Ou bien une petite lutte, toi, moi, rien entre nous deux, juste de l’huile, du sable… sympa comme programme ? |
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| Terpsos & Philemos baise donc ma délicieuse et blanche fesseathènes ; 400 BC + En vérité, au gymnase, tu te rinçais l’œil plus que tu ne te rafraichissais. Et ça, personne n’était dupe ; ni Philemos, ni les autres habitués d’ailleurs. Il fallait croire que, bien qu’ils n’en aient pas après ton derrière, c’était toujours un spectateur de plus pour admirer leur plastique de rêve. Et puis, de loin, tu avais les yeux tellement grands qu’on aurait pu te confondre avec une pucelle.
Quand il évoque avec une élégance inégalée que tu pourrais te faire sauter par Socrate aussi facilement que lui soulève des disques, tu t’offusques, lui donnant un coup de coude dans ses superbes obliques révélées par sa tunique échancrée. « Je ne te permets pas ! Je cherche en Socrate un maître à penser avant tout ! » Mais déjà, il ne t’écoute plus, à soliloquer sur les innombrables vertus de Keraunos. Tu lèves les yeux au ciel, ponctuant chacune de ses phrases d’un soupir lourd comme Atlas. Tu n’en pouvais plus d’entendre parler de Keraunos. Toi, jaloux ? Jamais de la vie ! C’est juste que tu n’avais croisé son chemin qu’en de rares occasions, et pourtant, tu savais tout de lui, jusqu’au moindre détail de sa vie privée, ou du moins, sa vie réservée à Philemos et ses cours particuliers de stratégie militaire ; faites l’amour et la guerre, n’est-ce pas ?
Toujours est-il que l’éminent stratège avait jeté son dévolu sur ton comparse plutôt que sur toi. Mais qu’à cela ne plaise, en ce moment, ce qui était tendance, c’était les vieux philosophes. Ainsi, tu te contentais de lui répliquer des excuses du genre « Je te le laisse, sinon tu n’aurais aucune chance~ » alors qu’en fait, c’était tout le contraire ; Philemos n’est peut-être pas aussi beau que toi, mais en revanche, il était bien plus charmant. Parce que toi, à part faire du gringe aux statues du temple d’Athéna, tu n’attirais pas grand monde, hormis justement par Philemos interposé.
C’est donc pour cette seule et unique raison que tu restais en la compagnie turbulente de Philemos. Pour cette raison et rien d’autre. Pas comme si tu baillais aux aruspices chaque fois que tu le délestais de sa tunique pour le laisser aller rouler des mécaniques sur le stade. Tu refermes ton clapet avant qu’il ne te surprenne à étudier avec intensité folle son fessier. Tu ramasses la coupe d’huile d’olive pour l’en oindre les épaules et le dos. « C’est fort aimable à toi de t’inquiéter de mon état de santé, mais je suis très bien où je suis à … mater, comme tu dis. » Cela dit, peut-être que ce qui rendait Philemos si populaire et si éclatant, c’était bien sa vigueur et ses muscles noueux. Peut-être même que si tu t’y essayais, tu t’avèrerais être un marathonien né ?
Tu hausses les épaules. « Soit alors ; mais seulement un tour de piste ! » marchandes-tu en te mettant à ton tour en non-tenue. Une fois aussi glissant qu’une sardine à l’huile –Philemos était un badigeonneur zélé quand il s’agissait de te maculer le postérieur-, vous vous mettez à trotter sur la piste de course. Tu te sens tout bonnement ridicule, à peser moins de la moitié des autres jeunes. « Tu n’es pas obligé de m’attendre, tu sais ? » souffles-tu à ton comparse, conscient qu’il devait peut-être avoir un peu honte de toi.
Et, pour couronner le tout, le Keraunos en question apparaît au bout de la piste, marchant sur le côté dans le sens opposé à votre course. Il semble surveiller Philemos du coin de l’œil, tout en entretenant une conversation on ne peut plus sérieuse, à en juger par la ride entre ses sourcils –c’est vrai qu’il est plutôt bien conservé- avec un sinistre individu. Sinistre de par son regard très noir. Tu crois savoir de qui il s’agit – une énième personnalité publique complotant contre la démocratie-, mais tu te demandes surtout ce qu’ils faisaient là tous les deux, et pourquoi avais-tu la mauvaise impression qu’ils parlaient de ton Philemos qui gambadait à présent vers son maître comme un jeune chien. « Attends-moi ! Tu vois bien que tu vas les déranger ! » siffles-tu en brassant l’air, ta main n’agrippant aucune tunique pour essayer de le ralentir. Tu n’es pas du genre à marcher à l’instinct, mais cet homme ne t’inspire vraiment rien qui vaille. |
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| Terpsos & Philemos part 1le plaisir délicieux et le baiserathènes ; 400 BC + Y avait bien des esclaves au gymnase dont le travail était d’aider les athlètes à se préparer, massage et toutes ces genres de choses mais même s’ils étaient particulièrement bien formés, il n’y en avait pas un pour battre Terpsos. Il avait des petites mains, qui s’activaient rapidement, et Philemos ferme les yeux un bref instant lorsqu’il sentait ses pouces chauds tourner contre ses omoplates. « Tu fais mieux que les esclaves, » qu’il dit pour le taquiner et même sans le regarder il peut sentir l’exaspération de son compagnon, et peut être une pression légèrement redoublée au niveau de ses lombères. Lorsqu’il reprend la parole, c’est pour revenir sur la proposition de Philemos : « C’est fort aimable à toi de t’inquiéter de mon état de santé, mais je suis très bien où je suis à … mater, comme tu dis. » Son état de santé… c’était bien vrai qu’il n’était pas particulièrement taillé comme un Heraclès, l’Adonis, plutôt comme un Apollon. Un Apollon qui se serait trop concentré sur sa lyre et moins sur le tir à l’arc, de fait Terpsos avait cette adorable minois et ses beaux cheveux soyeux posé sur un corps de petit étudiant. Ça aurait pu en devenir grotesque — et peut-être l’était-ce pour certains, mais aux yeux de Philemos ce contraste entre sa quasi-perfection faciale et sa silhouette pour ainsi dire filiforme selon les modèles de l’époque ne faisait que renforcer cette aura de vague douceur et de noblesse qui l’entourait. Comme s’il était vraiment trop au dessus de ces choses pour aller courir dans la poussière. Plus Apollon qu’Heraclès, définitivement. Pour Philemos, il avait un petit aspect Ajax : prêt à se réveiller en pleine nuit, frappé par la folie divine, pour aller massacrer tout un troupeau de moutons. Tout à fait son genre. L’athlète tourne un peu la tête, tentant vraiment de convaincre son ami, pour lui dire : « Alcibiade, lui, faisait beaucoup de tour de piste. » Allez savoir pourquoi (on savait tous très bien pourquoi) Alcibiade était un élément très utile lorsqu’on argumentait avec Terpsos. Il hausse les épaules : « Soit alors ; mais seulement un tour de piste ! » Philemos a une petite exclamation joyeuse alors qu’il se relève du banc pour faire quelques pas qui devaient s’apparenter à une quelconque dans de de la victoire dans le sol. « Je me sens comme Leonidas aux Thermopyles. » Il réfléchit un instant, il n’avait jamais été très excellent quand on en venait à ce genre de chose et il citait des références souvent sans même en connaître la portée « Ouais, non, mauvaise comparaison. Mais tu saisis l’idée : victoire ! »
Il le regarde retirer sa tunique, et l’aide à son tour à se recouvrir d’huile en blablatant, comme à son habitude, alors qu’il fait passer ses larges mains sur le haut de ses cuisses, des différentes onctions et sable tendance « Y en avait un, y a quelques jours, qui par-dessus son huil se mettait une fiche couche de sable. Du sable presque doré. Ah ben j’peux te dire que ça rendait bien. J’aimerai bien en avoir aussi. Mais bon pas ça qui le faisait courir plus vite hein. Mais au moins son échec était charmant à regarder. Un peu comme le dieu Soleil tu vois, mais plus minable. » Philemos alternait entre une piété presque dérangeante et des propos sacrilèges à faire pâlir un sophiste. Il faisait simplement attention à ne pas dire ce genre de choses lorsqu’il était trop proche de personnalité qui pourraient lui causer des problèmes. Et encore, seulement lorsqu’il songeait à faire un peu attention. Finalement ils sont tous les deux prêts et s’avancent sur la piste « Tu n’es pas obligé de m’attendre, tu sais ? » La remarque le fait rire, il regarde avec un œil affectueux son compagnon, d’une tête plus petit que lui qui s’évertuait consciencieusement à mettre un pied devant l’autre. « Non, je marche toujours pour le premier tour. » fait-il pour le taquiner en faisant des foulées souple, ses pieds soulevant des petits volutes de sables derrière lui. Il accélère légèrement, pour ralentir et laisser Terpsos le rattraper « Et je pourrais toujours te porter, tu sais que je suis bon en lancer de d- oh ! »
Il venait de remarquer son Maître. Le sien à lui. Le mieux que Socrate. Le mieux que tout le monde, de toute manière, parce que clairement tout Athènes ne pouvait pas faire le poids — sauf peut être T… quoique si on parle de poids, peut être pas non, pense-t-il en lançant un dernier regard souriant à son ami et à sa charmante silhouette. Il ne remarque même pas la deuxième personne, trop concentré sur la présence de son mentor pour calculer une autre présence. Il allonge ses foulées presqu’automatiquement pour le rejoindre et il entend Terpsos, derrière lui, qui apparemment tente de marmonner quelque chose mais qui reste incompréhensible aux oreilles de Philemos. Hormis peut être déranger, mais Philemos ne dérangeait jamais voyons. Quelle idée ! D’ailleurs il ne peut pas ignorer que son maître le regarde s’avancer vers lui, s’il risquait de le déranger, il ne maintiendrait pas de contact visuel : ah ! Comme quoi écouter Socrate pouvait peut être le rendre plus sage. C’est à quelques pas à peine de Keraunos qu’il remarqua vraiment la deuxième personne. Il avait l’impression de l’avoir déjà vu, mais ne remettait pas vraiment son visage, bien que ce n’était pas le genre de face qu’on oubliait facilement, avec ses yeux étrangement clairs — à moitié orangé, il pouvait noter maintenant qu’il était proche d’eux, plantés sous des sourcils qui paraissaient ne jamais vouloir se défroncer. Si Philemos l’avait croisé seul, sans nul doute qu’il aurait ressenti ce petit choc dans le creux de la poitrine, ce mauvais pressentiment, cette mauvaise impression qui faisait prudemment reculer. Mais Philemos n’était pas seul et faisait plus attention à son Keraunos qu’à autre chose. « Salut à toi Maître ! » lâche-t-il, sans la moindre trace d’essoufflement, en s’arrêtant devant eux. « Je suis heureux de te voir, je viens justement d’arriver et si j’étais venu plus tard nous aurions très cert- » Tout ceux qui avaient quelque peu cotoyé Philemos savaient qu’il ne fallait pas hésiter à l’interrompre. Parfois il coopérait, parfois non mais Keraunos était un des rares à pouvoir obtenir de lui le silence complet. Le stratège lève la main et aussitôt la voix de Philemos s’interrompt. « Salut à toi, tu es… comme toujours, très en forme. » Il a un sourire en disant ça, le truc avec Keraunos c’est qu’il sourit tout le temps, même lorsqu’il a envie de vous étrangler. C’est pour ça que tout le monde l’aime. Ça compensait grandement avec son interlocuteur qui lui devait ne jamais lâcher un sourire. « … Tu es seul ? » Philemos secoue la tête et se tourne pour montrer son ami qui les rejoignait, visiblement pas encore prêt pour les Jeux Pythiques : « Non, Terpsos est avec moi ! » Les deux hommes jugent un bref instant du regard le jeune grec rendu légèrement rouge par l’effort avant que finalement Keraunos reprenne : « Évidemment… Toujours un plaisir de te revoir, » fait-il poliment à Terpsos « Vous connaissez peut être Phobomisthos, l’instructeur de nos éphèbes ? » Philemos ouvre une énorme bouche : « Haaaan, mais bien entendu ! » Il avise la baguette d’olivier des instructeurs passé à la ceinture de sa tunique « Un plaisir ! » rajoute Philemos en imitant le ton de son mentor avec une légère inclinaison de la tête. Il ne se donne pas la peine de trop le regarder, préférant s’intéresser à son Maître. Phobomisthos répondit vaguement à sa salutation et se tourna vers Terpsos. C’était une voix rauque qui se fit entendre lorsqu’il parla pour la première fois : « Plaisir partagé, soyez-en convaincus. » Il tend la main en avant pour aller toucher le menton de Terpsos et ses yeux croisèrent les siens, un assez long instant. Assez long pour que même Philemos oh par Athéna Maître adoptez-moi lui-même détourna ses yeux pour observer son ami et l’instructeur.
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| Terpsos & Philemos part 1le plaisir délicieux et le baiserathènes ; 400 BC + Les foulées passent plus vite quand on est davantage occupé à écouter les bêtises de Philemos plutôt que de sentir ses pieds nus râper contre le sable brûlant. Ta respiration se saccade de temps en temps de petits rires étouffés face à ses récits. Il est vrai qu’il vous arrivait souvent d’être ce que vous croyiez être sous la coupe des dieux. Ces fois où, simplement pour l’avoir intimement, voire inconsciemment voulu, quelque chose se produisait. Oh, ça n’était jamais rien de grandiose et fort heureusement de suffisamment discret -à votre avis- pour ne pas attirer l’attention sur vous, autrement que par les mécaniques de ton comparse.
Tu avais été séduit par l’idée que, malgré sa fougue, il prenne le temps de t’attendre pour ce premier tour de stade. En effet, tu n’étais pas un grand sportif -d’ailleurs, tu redoutais sans doute plus que quiconque le jour où vous deviendriez des éphèbes et partirez en garnison. D’un autre côté, tu pouvais compter sur les influentes connaissances de ton père, mais surtout de Philemos pour que vous vous retrouviez au moins à camper au même endroit. Tu ne saurais dire à quand remontait la première fois que vous vous êtes rencontrés ; un peu comme si tu l’avais toujours connu. Et il aurait fallu au moins ça pour que tu restes toujours pas trop loin de lui, malgré vos deux caractères opposés. Ils étaient nombreux à considérer votre paire d’un oeil méfiant, ne sachant qui de vous deux était le plus à plaindre. A être si différent, on aurait pu croire que vous vous tiriez en arrière. Cependant, jusqu’à présent, ni vos parents, ni Socrate n’était parvenu à vous éloigner l’un de l’autre. Tu redoutais seulement le jour où Keraunos se positionnerait sur la question.
C’est donc naturellement rongé par la jalousie que tu le laisses tracer pour aller faire la fête à son maître. On ne savait pas lequel des deux tu enviais, mais toujours est-il que pour ne pas perdre la face, tu maintiens ton allure à vitesse constante, histoire de ne pas débouler sur les rotules face à vos deux éminents visiteurs. Tu arrives juste à temps pour saisir les présentations de Keraunos. L’instructeur des éphèbes, ben tiens ! Ton charmant minois s’assombrit, comme pris dans l’ombre du regard de Phobomisthos. Tu n’avais rien à craindre, pourtant, il devait sans doute être là pour les autres. Il n’y avait aucune raison qu’il le soit pour vous… Et pourtant, tu n’arrives pas à t’ôter de l’esprit de les avoir vus converser si sérieusement, tout en nourrissant l’intime conviction qu’ils parlaient de Philemos.
Tu rapportes ta sage attention sur les deux autres dont le charisme assemblé faisait comme de la lumière. Tu vas pour écouter sans aucune gêne leurs échanges, comme une épouse éplorée en face de la favorite de son mari. Mais l’ombre rampe et ses doigts se referment sur ton visage. Tu ravales un hoquet de surprise et ton regard croise enfin celui de l’instructeur, remontant au préalable le long de son ceinturon dans lequel il avait glissé sa baguette.
Tu n’as pas le temps de formuler une pensée sur ses lèvres particulières que vos yeux se rencontrent. Et c’est comme si les siens étaient trop clairvoyants. Et c’est comme si en cet instant, tes réflexions n’étaient plus à l’abri. Il lit ton affolement et ton incompréhension. Il lit les barrières que tu dresses en catastrophe, autour de ton esprit que tu recroquevilles comme ton petit corps. Mais tu es de faible constitution, alors ces barrières, il les écrase comme des brindilles. Il suit le regard que tu lances à Philemos, comme un appel à l’aide ; il lit la place qu’occupe Philemos dans tes pensées, et celle que tu voudrais qu’il occupe. Il voit absolument tout ce que tu ne veux pas laisser transparaître. D’un clignement fébrile des paupières, tu brises le contact, plus éreinté encore qu’après la course. D’instinct, tu te replies dans les jupes (absentes) de Philemos. Il y a quelque chose de puissant de tapi sous ses yeux énigmatiques. Quelque chose qui ne fait encore que gazouiller chez vous.
« Vous me semblez être des jeunes pleins de ressources » persiffle aimablement Phobomisthos. « Je me réjouis de vous accueillir bientôt chez les éphèbes. » Et autant dire qu’il n’avait pas l’air d’être un homme qui se réjouissait souvent. « Nous allons avoir beaucoup de choses à nous dire. » Tu croises le regard éberlué de Philemos ; tu ne sais jamais comment il va réagir face aux avances d’autres que Keraunos. « En attendant, il semblerait que ce soit ce Socrate qui ait beaucoup de choses à dire » fait remarquer Keraunos comme pour détourner l’attention. Le sourcil haussé de son collègue lui indique qu’il ne sait même pas de qui il parle. Cependant, pour vous deux, l’occasion de vendre ou de desservir le vieillard est trop belle. Tu décides de prendre les devants, et, prétextant expliquer à l’instructeur de qui il s’agit, tu en profites pour signifier à Philemos ô combien Socrate est grand et sage. Keraunos devait commencer à connaître vos enfantillages pour avoir prévu un tel plan, sachant que Philemos allait inévitablement intervenir pour laver son honneur, et tout ça, à poil sur un terrain de sport.
Dernière édition par Boris Bagshot le Dim 19 Fév 2017 - 23:15, édité 1 fois |
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| Terpsos & Philemos part 1le plaisir délicieux et le baiserathènes ; 400 BC + Philemos n’avait pas pour habitude de conserver un contact visuel prolongé avec une personne — sauf lorsque cette personne était Terpsos, parce qu’avec lui c’était un peu différent. Ce n’était pas parce qu’il était gêné ou quelques autres sentiments de ce genre, Philemos était un de ces garçons que les dieux avaient décidé de ne pas frapper de cette chose particulière qu’est l’embarras. Mais il était si agité comme le disait parfois son père, qu’il ne cessait de ciller, son regard ne cessant de s’accrocher à tout ce qui se mouvait dans son entourage. Dans son entourage on lui en avait déjà fait plusieurs fois le reproche et Keraunos avait même pris l’habitude de claquer des doigts pour le forcer à reconcentrer son attention. Alors, quand il voyait l’instructeur dévisager son compagnon il eut une grimace. Sans savoir s’il était jaloux ou impressionné. Parce qu’autant l’obsession de son camarade sur Socrate ne l’exaspérait qu’à moitié, puisqu’il savait qu’il était bien plus attirant que ce vieux croûton, à défaut d’être aussi intelligent autant cet homme là lui semblait être une raison plus tangible de s’inquiéter. Certains parlaient de charisme, Philemos ne savait pas ce qu’il en était mais pour faire simple on pouvait se contenter de dire que l’on ne pouvait certainement louper ce bonhomme dans une foule. Et ce n’était que parce qu’il y avait son bien-aimé Maître à ses cotés que l’attention de Philemos était constamment détourné de l’instructeur. Est-ce qu’il allait devoir sincèrement se battre contre Socrate je suis vieux mais je cause bien et contre Phobomistos je fais peur mais t’aimes ça ? Se battre pour quoi d’ailleurs ?
Terpsos finit par ciller et s’arracher à l’étrange lien qui l’avait un instant uni à l’instructeur pour faire un pas vers lui. Il sent sa hanche se coller à la sienne et tend instinctivement la main pour la poser dans le bas du dos de son ami. se battre pour quoi d’ailleurs ? Il croise brièvement le regard de Terpsos et reporte son attention sur Keraunos avant de finalement en revenir au troisième homme. hein ? il était jaloux de Socrate certes mais… Dans le dos de Terpsos ses doigts se glissent lentement le long de sa colonne, sans qu’il n’y pense vraiment. Ça faisait longtemps qu’ils se connaissaient, tous les deux. Ils avaient le même âge, une saison d’écart à peine, leur père se connaissaient et ils auraient pu être frères qu’ils n’auraient pas été plus proche. Justement… s’ils avaient été frères ils ne pourraient certainement pas être aussi proche. Philemos ne pouvait pas savoir ce que Terpsos recherchait, mais lui était assez conscient de ce qu’il désirait. Une relation qu’on ne pouvait pas de fait avoir avec un frère de sang, sous peine de rejouer une version un peu plus soft d’Œdipe Roi. Il n’aimait pas trop quand son ami passait sa main dans ses cheveux ou lissait sa tunique pour attirer l’œil de Socrate. Il n’aimait pas il le surprenait à dévorer l’ignoble croûton des yeux. Alors lui-même s’appliquait à faire de même avec Keraunos. Sans arriver à savoir si la jalousie qu’il ressentait était celle de Terpsos ou la sienne propre. pas la peine de rajouter un autre type dans l’équation… Tout pourrait être plus simple et tout sera certainement plus simple lorsqu’ils seront des hommes mûrs mais en attendant, il n’était pas respectable pour des jeunes citoyens grecs de tenter de batifoler entre eux. Ils y avait les hommes faits pour ça.
« Vous me semblez être des jeunes pleins de ressources » Sa voix était étrangement grave et calme et en temps normal Philemos aurait certainement répliqué mais quelque chose chez cet homme lui faisait ravaler ses paroles. « Je me réjouis de vous accueillir bientôt chez les éphèbes. » Philemos déglutit et regarde Terpsos plutôt que d’avoir à soutenir les yeux clairs de l’instructeur. Il venait de trouver son maître, n’ayant pas la moindre idée de ce qu’il pouvait bien répondre. Même Keraunos ne le mettait jamais dans une telle situation, alors que pourtant son ascendance sur le garçon n’était plus à prouver. Sa main dans le dos de son ami se crispe légèrement. « En attendant, il semblerait que ce soit ce Socrate qui ait beaucoup de choses à dire. » Philemos pousse un long soupir comme s’il reprenait tout juste sa respiration après une longue période d’apnée. Voilà un sujet sur lequel il pouvait causer ! Mais il se fait damer le pion par Terpsos qui se lance dans un éloge du philo-sophiste à grand renforts de belles tournures rhétorique qui pousse Philemos à lever les yeux au ciel toutes les deux secondes. Il a lâché son ami et garde ses bras croisés sur sa poitrine : « Sympa l’éloge : vu le sujet on peut estimer que tu ne te débrouilles pas trop mal. T’es prêt pour les tribunaux. » Il a sur le visage une sorte de moue mi-amusée, mi-méprisante « Socrate c’est juste un sophiste un peu plus insolent que ses pairs et y aura bien un jour où ça va lui retomber dessus. » « J’ai entendu dire qu’il n’était pas particulièrement p- » « Il n’est particulièrement rien du to- » Keraunos claque des doigts et ses yeux se plissent un instant, Philemos s’immobilise et déglutit « Ne me coupe pas la parole. » Le stratège expire un instant dans le silence avant de reprendre, ayant retrouvé son sourire « J’ai entendu dire qu’il n’était pas particulièrement respectueux des divinités. Les démocrates risquent de jouer là-dessus pour l’écarter de leur chemin. » Philemos n’osait plus répliquer et sa main cherchait celle de son compagnon qu’il attrapa pour la serrer un bref instant. « Socrate est un problème pour les démocrates ? » demande la voix grave de l’instructeur « Disons que ses propos ne sont pas spécialement en faveur d’une démocratie… telle que celle dans laquelle nous vivons. » Keraunos regarde les deux jeunes gens : « Vous feriez mieux de faire attention à vos fréquentations, vous ne voulez pas être sur la route de ces gens lorsqu’ils voudront effectuer une petite purge des sophistes et de leurs disciples. » Sous son regard appuyé Philemos hoche la tête et son pouce, dans le creux de la paume de Terpsos appuie fort, il sent la peau tendue sous son ongle.
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| Terpsos & Philemos part 1le plaisir délicieux et le baiserathènes ; 400 BC + Tu n’avais pas vraiment réfléchi à ton argumentaire visant à faire l’éloge de Socrate. Tu avais juste ressenti le besoin soudain et urgent de t’éparpiller en babillages futiles, voire incohérents, sachant que de vous deux, c’était toi qui comprenais le moins la philosophie de Socrate. Peu importe si tu te ridiculises face à vos deux maîtres, tu ne voulais plus rester silencieux, tétanisé derrière Philemos, à cause de ce triste sire. Tu ne sais pas ce qui s’était passé, et tu refusais de te dire que cette soudaine douleur dans ton crâne était la même que Philemos sentait à chaque fois qu’il croisait le regard de Socrate. Il n’y avait pas de raison que d’autres que vous subissent d’étranges phénomènes dans leur quotidien. Tu vois, même Socrate avait saisi que l’intérieur du crâne de Philemos en valait plus la peine que le tien.
C’est que tu serais presque satisfait de ta petite intervention en plus, à manifester un semblant d’opinion sur ce qui se passait dans la vie politique actuelle de la cité. Tu te croyais malin à défendre le trouble-paix du moment, comme on se rebellerait contre ses parents. Comme si tu voulais montrer à cet affreux Phobomisthos que tu n’étais pas aussi sans défense qu’il le croyait. C’est tout à ton honneur, mais sans compter l’aversion de ton petit camarade pour votre ami commun. De fait, Philemos prend la relève, avant même que son maître puisse intervenir, ce qui lui valut une réprimande. Tu ne le trouvais jamais plus adorable que quand Keraunos essayait de canaliser son attention en claquant des doigts. Il se reconcentrait toujours sur lui-même avec cet air de louveteau égaré.
Keraunos vous met en garde et, malgré son sourire toujours de circonstance, tu redoutes qu’il ne soit on ne peut plus sérieux, plus que tu n’avais cru l’être en prenant le parti de Socrate. Tu fais la moue à l’idée qu’on te croit trop puéril pour être conscient de la dangerosité de ce dans quoi tu t’engageais -pour la simple et bonne raison que tu étais effectivement trop puéril. « Qu’ils purgent, si cela peut les occuper. » Phobomisthos balaye l’air brûlant d’un léger mouvement de main. Ce genre de personnalité n’avait même plus besoin de faire dans l’éloquente gestuelle, le timbre de sa voix faisait largement l’affaire. « Qu’ils purgent encore et qu’ils mécontentent la population. Leur sens exacerbé de la justice causera leur perte. » siffle-t-il ; et son discours, bien qu’alambiqué, sonne étrangement comme une prédiction de la Pythie de Delphes. Tu déglutis, un frisson remonte le long de ton échine -à moins que ça ne soit la main de Philemos. Il ne s’agirait pas que ton petit caprice du moment ne te coûte trop cher. L’idée étant de frimer auprès de tes petits camarades, de rendre Philemos jaloux, et d’exaspérer ton père, pas de passer devant l’Héliée ; tu étais trop jeune pour t’afficher ainsi devant la cité ! D’un autre côté, le prestige aurait été grand d’être celui qui parviendrait à défendre Socrate ; pour ne pas dire que le vieillard te mangerait dans la main si tu te décidais à lui venir en aide.
athènes ; 399 BC + Bien entendu, tu ne lui étais pas venu en aide. Plutôt mourir que de risquer ta peau face aux démocrates. A la place, tu es sagement assis entre Philemos et Phobomisthos, à lisser consciencieusement ta tunique -bien que cette fois-ci, tu gardes sagement les jambes serrées, plus question de promettre monts et merveilles au vieux philosophe. Keraunos vous avait autorisé à prendre place près de lui, aux premières loges, histoire que tous les autres jeunes garçons vous remarquent, enfin surtout Philemos qui avait l’air de briller de mille feux tellement il était fier.
Dans le camp adverse de Socrate, Mélétos, Lycon mais surtout Anytos, un très puissant démocrate, se succèdent et n’en démordent pas avec les chefs d’accusation. Non seulement, Socrate ne reconnaissait pas vos dieux, mais en plus de ça, le fourbe tentait de vous familiariser avec d’autres divinités -tu avais mené ta petite enquête et non, ces « nouvelles divinités » n’étaient pas un nom de code pour parler de ce qui croupissait sous sa toge. Cela n’empêche qu’on l’inculpe dans la corruption de la jeunesse : toi, tu es surtout concerné par ça, même si tu baisses régulièrement la tête quand le sujet est abordé. Dans un sens, heureusement pour toi que Socrate n’avait pas jeté son dévolu sur toi ; ainsi, tu n’étais pas considéré comme corrompu, même si corruptible -pour ne pas dire entaché dans ta petite fierté de Narcisse.
Ça se présente très mal pour Socrate qui raconte sa life, on le trouve arrogant. Bien entendu, tu n’as absolument rien fait pour le défendre et dès que ça a commencé à sentir un peu trop mauvais, tu as pris tes distances -de toute façon, tu n’étais arrivé à rien avec lui et tu le soupçonnais même d’être davantage intéressé par le fougueux Philemos que par toi, en même temps, tu le comprends. Qu’à cela ne tienne, tu en dénicherais un autre dont la fréquentation n’était pas synonyme de blâme public.
Keraunos et Phobomisthos ont l’air davantage satisfaits du peu de pitié dont font preuve les membres de cette « assemblée démocratique » que de la disparition imminente de Socrate. Quant à toi, tu joues la carte de l’indifférence, faisant semblant de mal dissimuler ton désarroi, comme une veuve éplorée qui se doit d’être courageuse. En vérité, tout au fond de toi, ça ne te fait ni chaud, ni froid, tu songes déjà à ta prochaine lubie. Sauf que ce vide te terrifie un peu, de fait, tu te forces à ressentir du chagrin, sous prétexte que c’est ce qu’Alcibiade aurait fait.
Le verdict finit par tomber : peine capitale sous la forme d’un empoisonnement par la ciguë. Philemos se serait fait une joie de le faire passer sur le fil de son glaive. « Voilà une bonne chose de faite. » se félicite Phobomisthos alors que l’assemblée se dissout dans un grand brouhaha. Il doit sans doute remarquer ta mine sombre malgré tous les efforts que tu fournis pour ne rien laisser paraître - à croire qu’avec lui, ça ne servait à rien, il voyait au-delà. « Ça ne sert à rien de se morfondre » « Je ne me morfonds pas. » « de toutes manières, vous allez avoir d’autres quadriges à fouetter. » sifflote-t-il -c’est toi ou il vient de faire une tentative d’humour ? Ça te glace les sangs, tu te calles contre l’épaule de Philemos, agrippant un pan de sa tunique. C’est seulement une fois assuré que tu es en sécurité à côté de lui que tu oses rétorquer, craignant qu’il ne parle de vos petites interférences spirituelles avec le destin. « De quoi voulez-vous parler ? » « Si je ne m’abuse, vous êtes en âge de devenir éphèbes » tu ne te rappelles pas lui avoir communiqué vos âges. « j’aurais donc le plaisir de vous retrouver dans ma prochaine garnison. » De base, la nouvelle ne t’enchantait guère ; mais l’idée d’être sous son commandement t’arrache de lourds frissons. Et ils te paralysent tant qu’ils en deviendraient grisants, du fait que tu as l’impression qu’il s’adresse directement à toi… Et ben, Socrate n’était même pas encore dans la tombe que tu tombais déjà dans les bras d’un autre... |
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