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sujet; but, this is your heart +ginny
MessageSujet: but, this is your heart +ginny   but, this is your heart +ginny EmptyLun 12 Déc 2016 - 15:11

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but, this is your heart
Walking out into the dark Cutting out a different path Led by a beating heart, All the people of the town Cast their eyes right to the ground In matters of the heart. The night was all you had, You ran into the night from all you had, Found yourself a path upon the ground You ran into the night, you can't be found But, this is your heart Can you feel it? Can you feel it? Pumps through your veins, Can you feel it? Can you feel it? Summer evening breezes bloom Drawing voices deep from you Led by a beating heart. What a year and what a night, What terryifying final sights Put out your beating heart. The night was all you had; You ran into the night from all you had, Found yourself a path upon the ground You ran into the night, you can't be found. ~ laura palmer, bastille.


15 novembre 2003. • Sortir de l'enceinte de Poudlard était devenu un besoin pressant, insaisissable. Ne plus voir les blessés, s'échapper l'espace de quelques instants – oublier, éventuellement et avec un peu d'chance, s'enfermer dans un déni éphémère qui lui était pourtant essentiel. Oublier. C'était tout ce qu'Albertha Shacklebolt demandait. Elle avait l'impression de manquer d'air, l'impression que les murs se refermaient autour d'elle. Elle avait voulu mourir des mois durant, et maintenant qu'elle était proche de son objectif, la sorcière se sentait à l'agonie, une sensation étrange où peur et amertume se mêlaient en une danse qui l'épousait sous toutes les coutures. Les arbres l'entouraient désormais, et elle peinait à retrouver son chemin dans toute cette broussaille qui limitait clairement son champ de vision. Levant sa baguette à la hauteur de ses yeux, le bout en fut rapidement éclairé d'une lumière jaunâtre puissante qui lui permettait de se déplacer sans autre forme de souci. Elle avait pourtant l'impression de naviguer en eaux troubles. Elle imagina son corps dévoré par les animaux sauvages, les vers, et les autres joyeusetés qui lui inspiraient le plus profond (et égal) effroi.

Une sorte de bruit mat attira son attention. Les sens aux aguets, prête à réagir au quart de tour s'il le fallait (et il le fallait, malheureusement, toujours), Letha accéléra l'allure de ses pas. Ses pieds battant la terre avec une véhémence qui lui ressemblait bien. Elle se glissa au centre d'une clairière qui lui offrit une scène qui la laissa bouche bée ; elle n'eut aucun problème à reconnaître la jeune fille qui semblait aux prises avec deux mangemorts - ou adorateurs, peu lui importait réellement qui ils étaient. Sa longue chevelure rousse était un indice indispensable. Letha se fendit d'un hurlement qui l'étonna elle-même, accourant à sa rescousse, sautant sur un des hommes comme la misère sur le monde. Il y avait des coïncidences heureuses, et d'autres moins ; la sorcière ne savait pas où se plaçait cette situation pour le moins rocambolesque. La baguette brandie vers la tête de l'un des mangemorts, son sort frappa l'arbre qui était derrière son épaule au lieu de son front. « Forcément » souffla Letha en évitant un jet vert qui lui destiné, sentant toutefois la puissance du sort qui ne manqua pas de frôler sa peau. Ils n'étaient pas là pour rire un bon coup.
Ils étaient là pour tuer.
Et Ginny Weasley restait toutefois sa première préoccupation.

Recentrant ses prunelles avisées sur l'ombre qui lui faisait face, Letha sentit sa baguette lui échapper, propulsée par un sort qu'elle n'eut pas le temps de contrer. Merde ! Elle tomba à plat ventre sur le sol, tandis que son assaillant s'excitait volontiers sur les sorts de mort qu'il jetait à foison. Ses doigts glissèrent vers une pierre qu'elle ne manqua cette fois-ci pas de saisir, le cœur battant à tout rompre, la peur au ventre, et se redressa. Suivie par le long hurlement de rage qui fendit sa gorge, elle parcourut les trois mètres qui la séparaient de son adversaire (quitte ou double), lui saisit le col de sa chemise et abattit de son autre main la pierre contre son crâne. Sonné, il papillonna des paupières. Sans sourciller, les mâchoires désormais serrées, Letha abattit sa main une seconde fois. Une troisième. Quatrième. Lorsque ses paumes furent couvertes de sang, elle laissa tomber son arme de fortune à ses pieds, la respiration sifflante. Elle fit volte-face, baissa les yeux et ravala son hoquet de stupeur. L'autre démon avait mis Ginny à terre, et le bout de sa baguette était dirigée vers son corps immobile (morte ou pas, morte OU PAS). Sans demander son reste, Letha se baissa, attrapa la baguette de celui qu'elle venait de neutraliser et mit à terre l'autre adorateur de Satan. L'arme lui glissa de la main. Elle esquissa un pas maladroit avec Ginny, ses jambes tremblantes menaçant de se dérober sous son poids.

MORTE OU PAS


Letha ferma les yeux et couvrit maladroitement sa bouche de ses mains tremblantes, essayant de vaincre ce besoin immédiat qu'elle avait de dégueuler. Elle ne pouvait pas rouvrir les paupières et constater la mort de Ginny. Elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas. Elle était terrifiée. Sa gorge était serrée de manière telle qu'elle ne parvenait plus à déglutir et son estomac était bardé d'un poids qu'elle ne connaissait que trop bien – jamais elle n'avait imaginé sombrer de nouveau si brutalement, si violemment. Jamais elle n'avait imaginé ressentir la même peine qui l'avait enveloppée lors de la découverte du corps d'Alice. Et s'il en était de même pour Ginny ? Et si, malgré tout, Shacklebolt était devenue celle qui arrivait toujours trop tard ? Et si – et si tout était perdu d'avance ? Armée du peu de bravoure qui lui restait, les phalanges toujours agrippées à ses lèvres entrouvertes, ses pupilles rencontrèrent le corps qui trônait à ses pieds. Mal en point, certes, mais dont les mouvements légers prouvaient la présence de vie. Aussitôt, Letha se jeta sur le sol, les mains posées sur les joues de sa cadette. « Gin', Ginny, tu m'entends ? » un hoquet la fit sursauter – et elle s'aperçut rapidement que ses joues étaient noyées sous les larmes. Conduis-toi en adulte, bordel, bouge-toi le cul. « Gin', Gin', il f-faut que je te conduise à l'infirmerie, je-je sais pas si tu m'entends m-mais s'il te plaît..s'il te plaît.. » les paupières de Weasley semblaient frémir, ce qui incita Letha à continuer son petit monologue, la voix brisée et les rêves assombris « il faut que tu tiennes le coup, d'accord ?.. Est-ce que tu m'entends ? » ses plaintes lui donnaient la nausée. Où avait-elle appris à être aussi sentimentale ? Quand avait-elle décliné sa fierté au profit de larmes dans lesquelles elle s'empêtrait volontiers ? Shacklebolt s'accorda un dernier sanglot et redevint celle qu'elle était supposée être, hissant la cadette des Weasley dans le creux de ses bras, la soupesant avec attention.


•••


Elle attendait. Elle n'avait pas bougé d'un pouce depuis son arrivée, n'hésitant pas à beugler des insultes au nez de ceux qui voulaient la déloger de cette chaise sur laquelle elle avait élu domicile. Ginny était plus importante que tout le reste, plus importante que tout ce qui se déroulait à l'extérieur de ces murs, plus essentielle encore que son idéalisme qui avait pris du plomb dans l'aile. Il y avait des choses qui n'étaient plus à sa portée, et elle était incapable d'agir en la faveur du réveil de Ginny. De la survie de l'enfant qu'elle attendait. Sur tout ça, Letha ne pouvait rien faire et elle ressentait son impuissance jusqu'au fin fond de son âme, où toutes ses angoisses se chevauchaient et l'enivraient. Les secondes prenaient des allures d'années, et plus rien ne semblait avoir le moindre foutu sens. Elle avait peur, mais elle n'était plus terrifiée à l'idée d'ouvrir les yeux. Il fallait qu'elle regarde, et qu'elle n'oublie jamais. Il fallait qu'elle se souvienne.
Et elle était désolée, tellement désolée.

Elle ne s'attendit pas à voir Ginny rouvrir les yeux aussi rapidement. Letha sursauta en rencontrant ses prunelles, et ne tarda pas à réagir en sautant sur ses pieds, accourant vers l'infirmière qui s'en était occupée depuis leur arrivée, quelques heures plus tôt, lui agrippant le bras « Weasley vient de se réveiller » « Donnez-moi une petite seconde, j'arrive. » « Mais elle est- » « Une seconde. » rétorqua l'infirmière en se dégageant de cette étreinte qui n'aurait pas tardé à se renforcer. Letha aurait voulu la secouer comme un prunier mais elle n'en fit rien, tournant alors les talons et se précipitant au chevet de sa comparse. Aussitôt, ses lèvres s'étirèrent en un sourire faiblard, ses mains retrouvant celles de Ginny et son postérieur la chaise qui avait certainement fini par l'adopter comme l'un des leurs.
Plutôt crever que d'entrer dans le vif du sujet. Plutôt calancher plutôt que de parler de ce qui s'est passé. « Tu m'as fait peur, putain » souffla Shacklebolt, la voix faussement accusatrice. Elle avait eu l'habitude d'employer ce genre d'intonation avec Alice qui avait toujours été capable de déceler où l'ironie se mêlait, malgré son jeune âge. Qu'elle lui manquait, sa gosse. « On dirait que tu t'es battue avec une équipe de Quidditch entière » elle sourit de nouveau, soulignant sa plaisanterie. Mais ce n'était pas drôle, et son sourire mourut rapidement. Ce n'était pas drôle, vraiment, et rien n'était suffisamment satisfaisant à ses yeux. Que dire ? Que faire ? Elle avait mille mots qui se bousculaient à la barrière de ses lèvres dorénavant closes, mais elle ne parvenait pas à mettre de l'ordre dans ses idées. Quelle attitude adopter, quelle parole réconfortante, quel geste ? Letha avait perdu la main depuis le temps. « Tu veux peut-être que j'aille voir si l'un de tes frères est dans le coin ? Ou tu veux..à manger ? A boire ? T'as chaud ? Froid ? Tu veux une couverture ? » une pluie de questions déferla sur la pauvre tête de Ginny qui peinait à rouvrir les yeux et à considérer son acolyte avec attention. Pardon.


Dernière édition par Letha Shacklebolt le Mer 21 Déc 2016 - 19:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: but, this is your heart +ginny   but, this is your heart +ginny EmptySam 17 Déc 2016 - 19:59

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Ginevra Weasley
Ginevra Weasley
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‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; alicia spinnet w/ zoe kravitz ; calixe Davis w/ jennie kim ; ardal ollivander w/ matthew daddario ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook.
‹ âge : 22 ans (onze août).
‹ occupation : mère à temps plein.
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : 1992 et 1999.
‹ baguette : uc.
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Ginny & Letha
Its rather simple my man. We come from cocoons, we are nothing but fragile butterflies flying around the rented earth. Some of us will die soon, sooner than later, drive by shootings. Live for the now, tomorrow might not come around.

15 novembre. On ne tente même plus de lui faire croire qu'elle ne devrait pas être là. On ne tente plus de la convaincre de partir. Ginny ne sait pas vraiment si elle devrait en rire ou en pleurer. Non qu'elle veuille entendre remettre en question sa place sur le champ de bataille — loin de là. C'est juste étrangement triste de songer que la situation est suffisamment grave, la détresse assez intense pour étrangler toutes protestations. La guerre broie, la guerre dévore, la guerre détruit et décime. On ne peut plus se permettre de rejeter la moindre baguette dressée contre l'ennemi, pas alors que les rangs des monstres se gonflent de dévoreurs d'âmes, que les géants appelés en renforts piétinent comme un rien les silhouettes insurgées qui titubent à travers les caniveaux gorgés de sang. C'est le chaos terrible, insoutenable, ce sont les cris d'agonie et les partenaires de combat terrassés, implorant pour qu'on les achève. Au départ Ginny ne voulait pas. Au départ, elle ne pouvait pas. Mais s'il lui restait avant cette ultime bataille (peut-on la qualifier ainsi alors qu'elle semble sans fin ?) une once d'innocence, la petite fille qu'elle a un jour été est définitivement morte quelque part au cours de ces semaines d'horreurs, entre les chutes de corps et les hurlements de sa louve enfin éveillée par la pleine lune de novembre. Alors elle l'a fait. Lorsqu'une énième main décharnée s'est accrochée à sa robe, qu'elle a lu dans ses globes injectés de sang les heures de souffrance accumulées et autant d'autres à venir, que la nausée s'est empilée au creux de sa gorge et que Malfoy l'a violemment secouée par l'épaule en lui évitant de succomber à un sort fusant droit vers sa nuque découverte, Ginny a renoncé à ses derniers scrupules. Pauvre conne, hurlait Malfoy, c'est une guerre, tu n'as pas d'autre choix que de tuer ! Oh, c'était facile pour lui n'est-ce pas ? Aisé pour le cruel mangemort prétendument repenti d'arracher des vies à la chaîne ; mais pour elle qui avait toujours refusé de franchir cette étape, c'était le monde qui s'écroulait sous ses pieds. Pourtant elle l'a fait. Certainement pas par besoin de prouver à Malfoy que son âme était aussi entachée que la sienne ; mais par pitié pour l'âme torturée qui aspirait au repos. Elle l'a fait — a placé sa baguette entre les yeux de la victime pour l'endormir, avant de l'étouffer dans ce sommeil factice dont elle ne se réveillerait pas.

C'était il y a des jours et elle se serait attendue à ce que la terre l'engloutisse pour ce crime, à ce que le ciel la foudroie, mais non. Le temps a poursuivi sa course et la guerre ses ravages, la laissant seule avec sa conscience, ses tourments à digérer. La louve l'a relevée. Pourquoi pleurer le gibier, grondait-elle sourdement. Mais avec un zeste d’écœurement : la viande empeste, quel gâchis. Aura de magie noire autour des plaies ouvertes, là où les maléfices avaient lentement rongé le défunt. La rouquine peut encore presque sentir se retrousser de dégoût le museau de l'animal à ce souvenir. Les hommes sont étranges. Pourquoi tuer ce qu'on ne mange pas ? Un battement de cœur, comme pour y penser, et puis — pour le jeu ? La chasse est bien. Puis à nouveau un son de gorge insatisfait. Cette chasse-là est mauvaise. Oreille aplaties par l'inconfort et prunelles à l'affût des menaces environnantes.

La louve ne goûte pas plus ce carnage que sa maîtresse.

Les deux sont, aujourd'hui, particulièrement épuisées.
Elle a tiré sur la corde, Ginny, incapable de rentrer au château depuis deux nuits déjà. Il y a trop à faire à Pré-au-Lard, céder une once de terrain peut s'avérer fatal. Mais sans repos tout pèse plus que jamais. Elle a perdu Amelia et Angus il y a des jours, n'a pas la moindre d'idée d'où peut se trouver Neville — ou quiconque à vrai dire. A ce stade, seuls rugissent à ses oreilles les sons des explosions, le sifflement des éclairs lumineux jaillissant des baguettes, les gémissements inhumains et le tumulte des ruines qui s'effondrent. Elle s'extirpe en toussant d'un nuage de poussière, protège d'un bouclier de dernière minute les arrières d'une résistante tentant d'arracher son camarade aux décombres, pivote sur ses talons pour reprendre à bras le corps le combat.

Le vertige la prend par surprise — encore un. Engagée sans crier gare dans un duel, Ginny ne s'accorde pas un temps de pause ou de réflexion avant d'éructer une flopée de sorts offensifs. Elle ne s'arrête pas pour se protéger de ceux qui lui sont retournés, un bras en travers de son ventre en guise de seule armure. L'adrénaline engloutit les élans douloureux qui la transpercent lorsque les sorts l'atteignent ou que les étourdissements rendent son pas incertain, mais elle ne s'interrompt pas une seconde. S'immobiliser, c'est mourir. La cadence morbide ne freine que lorsque vacille son adversaire et lorsqu'il se retrouve à sa merci, elle est soulagée de ne pas ressentir la haine destructrice de ces derniers mois, la soif de sang qui l'a si longuement talonnée. Non, il n'y a qu'une vague satisfaction et beaucoup de tristesse, comme si la vie qu'elle porte lui rappelle à quel point le moindre souffle est précieux. Gâchis, grogne encore sa louve, et Ginny acquiesce. Gâchis, gâchis, gâchis que de voir respirer un meurtrier, un criminel sans scrupules alors que tant de gens bien se sont écroulés. Mais ce n'est pas à elle de le juger, alors elle le ligote et claque sur son front le portoloin ensorcelé pour le mener droit dans une cellule au château. En attente de l'hypothétique fin de la guerre et d'un procès peut-être, bien qu'il ne mérite pas grand-chose de plus que d'être égorgé vif.

Le moindre effort lui pèse de plus en plus. Durant les minutes qui suivent, elle n'est engagée dans aucun combat réel et se contente de se frayer un chemin parmi les décombres, tantôt évitant ou stoppant des maléfices, tantôt plongeant au secours d'un Phénix en position précaire. Avec l'épuisement viennent les maladresses, ses talons dérapent sur le sol boueux, ses genoux tremblent sous son poids lorsque de puissants sorts percutent son bouclier et manquent de l'éjecter en arrière. Elle tient bon. Avec l'épuisement revient aussi sa sensibilité, la conscience de ses membres engourdis, endoloris. Du sang sur sa robe. Quelque chose lui transperce le côté comme une lance invisible et elle entraperçoit un sourire plein de haine et de dents avant de répliquer. Mais la sensation persiste, se propage, lui monte à la tête et ses yeux tournent dans leurs orbites, sa mâchoire claquant désagréablement tandis qu'elle lutte contre l'inconscience. Elle n'a plus. De. Force. Drainée, crevée, elle resserre un peu plus la prise de son bras abimé sur son ventre et presse ses phalanges frémissantes là où le sort l'a frappée, tentant d'endiguer la brûlure cuisante sans succès. Une exclamation étranglée lui échappe lorsqu'une main se saisit de son bras et la fait brusquement pivoter sur elle-même pour la mettre à l'abri d'une attaque qu'elle n'avait pas vue venir. Tourbillon de cheveux blonds, presque blancs, et de robes sombres et de ciel noir privé d'étoile et de sol noyé de carmin ; son estomac se révulse, Ginny se courbe en deux mais rien ne parvient à quitter ses lèvres. L'acidité de la bile lui enflamme la trachée mais elle n'a rien à rendre, rien avalé depuis deux jours.

C'est Mafalda. Elle la reconnait du coin de l’œil tandis que le combat fait rage — sa cousine. Son cœur fait une embardée mais sa cadette parvient à se débarrasser de l'ennemi, revenant aussitôt vers elle pour la transporter loin de cette boucherie.

Encore, les vertiges, encore la nausée. Cette fois, Ginny dégueule tout ce que son corps contient d'acide, achevée par le transplanage. Il y a la main de Mafalda sur son front, tenant ses mèches rousses en arrière, et toujours cette sensation terrible au bas-ventre et peut-être est-ce de voir valser autour d'elle les ombres de arbres plutôt que celles des hommes, peut-être est-ce le silence assourdissant seulement ponctué des éclats lointains de la bataille, peut-être est-ce le changement de décor qui lui fait violemment prendre conscience du fait que son enfant est plus que probablement en danger. Ginevra baisse les yeux vers sa main, hagarde, fixant sa paume courbée par son ventre enflé. L'idée tente de se frayer un chemin à travers le brouillard de ses pensées mais peine à percer l'étrange léthargie de ses émotions. Quelque part au-dessus d'elle, Mafalda demande si elle va bien et la rouquine hoche la tête. Tu peux y retourner, je vais bien, croasse-t-elle difficilement, chaque son râpant sa gorge désagréablement. Mafalda proteste et quelque chose claque en elle. Sa patience. Sa sanité d'esprit. JE VAIS BIEN ! elle crie, avant de fermer fort les yeux, dans un vain espoir de reprendre le contrôle.

Elle pense à Ron, à Bill, à Charlie, à Percy, à Fred quelque part entre ici et Poudlard et elle se hait de ne pas être plus forte.
Elle pense à Edouard, à Rohan, à Amelia, à June, à Neville, à Emily et elle voudrait refermer ses plaies de ses griffes et se hisser sur ses jambes sans force pour courir jusqu'à eux.
Elle pense à Mafalda qui affronte la mort et qui n'a pas le droit, pas le droit d'y succomber.
Elle pense à son bébé, ou à cette chose en devenir, qu'elle a probablement tué.
Elle pense à Harry qui ne saura jamais qu'elle a laissé périr leur enfant.

Elle pense à son père, à sa mère, à Fleur, à ses neuveux et nièces, et elle est tellement fatiguée. Les pensées se mêlent et se confondent et des larmes étouffées se mêlent au dégueulis qu'elle ravale en grimaçant.

Elle pense au sourire de Luna, au petit-être auquel son amie donnera vie. Elle pense à Hermione avec qui elle n'aura peut-être pas le temps de faire la paix et ça la tue. A Susan qui pourrait peut-être sauver le sien, d'enfant, et enfin l'urgence de la situation s'effondre sur elle comme un torrent et elle s'oblige à s'arracher au sol. Tant de peut-être, si peu de certitudes.

Tu peux y aller, Poudlard est proche, je saurai rentrer. Il y a un pli amer sur les lèvres de Mafalda, qui hoche sèchement la tête, mais avant que sa cousine n'ait le temps de se détourner Ginny l'agrippe par le poignet, à son tour, cette fois pour l'attirer à elle et la serrer avec l'énergie du désespoir. On n'est pas quitte, pas encore, on ne le sera que si tu survis à ce foutoir, ok ? C'est presque une supplique, c'est un peu un ordre, c'est beaucoup de déni, c'est la peur de la perdre. T'as pas le droit de mourir, pas ici, tu mérites tellement mieux que ça. Et sur ces mots elles se quittent, les doigts de Ginny s'attardant juste un peu plus entre ceux de Mafalda qui s'éloigne, avant que celle-ci ne transplane sans la lâcher des yeux.

C'était une erreur de stratégie. La réalité percute Ginny lorsqu'un bruissement suivi d'un ricanement mauvais s'élève quelque part à sa droit, lui glaçant l'échine.

La suite est- la suite est un échange de sorts perdus d'avance, une cascade de formule et les cris d'une voix familière, les boucles brunes d'un visage plissé d'inquiétude, les bras d'une amie. Elle s'évanouit.

Chaque réveil est une nouvelle surprise. Chaque chance de survie un petit miracle.

Mais Ginny n'y songe pas. Elle ne remercie pas Merlin, pas encore, peut-être jamais — sa main cherche désespérément quelque chose, tâte son abdomen, elle étouffe une exclamation lorsque la douleur aigüe se manifeste. Différente de tout à l'heure. Un peu plus ténue, aussi. Son souffle se coupe et elle force ses paupières à s'entrouvrir, malgré la lumière qui l'agresse, le plafond qui danse, les rideaux qui flottent sans raison, la terre qui tangue sous elle tel un navire ivre. Des bruits de pas se précipitent jusqu'à elle et l'espace d'une seconde elle se croit de retour là-bas, à Pré-au-Lard, ou sur le chemin de Poudlard, coursée par des mangemorts, et un cri muet meurt sur ses lèvres. Etouffé par l'épaule de Letha qui l'agrippe dans une étreinte de mère ours. Tétanisée un instant, Ginny assimile la présence de son amie et enroule à son tour ses bras autour de la nuque courbée au-dessus d'elle, y puisant chaleur et réconfort. Tu m'as fait peur, putain... Elle aussi elle a eu peur. Non, elle a peur, ça lui coupe le souffle, ça lui scie les lèvres, elle a l'impression que-

Mais ce n'est pas possible n'est-ce pas ?

On dirait que tu t'es battue avec une équipe de Quidditch entière. La rouquine s'oblige à sourire, lasse, mais le rictus n'atteint pas ses yeux tandis qu'elle retombe sur l'oreiller, sans force. Je m'entraîne pour- plus tard, elle murmure d'une voix rauque.

Elle a vraiment l'impression terrifiante d'être toute seule dans son corps, comme si pour la première fois depuis l'annonce de sa grossesse elle ne ressentait vraiment aucunement cette espèce de... présence que sa louve l'aide habituellement à percevoir.

Letha- Le mot s'élève à peine, passe inaperçu. Tu veux peut-être que j'aille voir si l'un de tes frères est dans le coin ? Ou tu veux..à manger ? A boire ? T'as chaud ? Froid ? Tu veux une couverture ? Elle secoue la tête, même si l'effort lui semble incommensurable. Non, non reste, je ne veux pas- (les inquiéter ? Être seule ? Ne pas savoir ?) L'infirmière, elle- elle a dit quelque chose ? Voix qui se brise cette fois, regard qui cherche une présence supplémentaire, désespérant à l'idée qu'on la fasse attendre le pronostic. Je ne veux rien, je ne peux rien- (avaler, vouloir) Letha- Les phrases sans queue ni tête s'enchaînent et la tourmente et l'épuisement lui font perdre la tête et de frustration envers elle-même Ginny serre les dents, inspire, expire. J'ai peur, j'ai vraiment peur, je dois savoir- mon bébé... Elle a tellement honte, tellement honte de n'être rien d'autre qu'une mère indigne, de n'avoir pas songé en deux jours qu'elle ne faisait pas de mal qu'à elle-même, elle a besoin que quelqu'un la blâme. C'est de ma faute, je n'ai pas utilisé de bouclier, pourquoi je n'ai p-pas utilisé de bouclier ? L'exclamation regorge tellement de frustration, elle en pleurerait de rage envers elle-même, elle voudrait s'arracher les yeux pour ne plus jamais voir son visage de mère indigne. Bon sang. Bon sang. Qu'est-ce que Harry penserait d'elle ? Est-ce qu'il lui faudra se présenter sur sa tombe, avec la nouvelle, racler la terre de ses ongles en le suppliant de la pardonner d'avoir été si- si minable, si mauvaise, d'avoir sombré dans l'autodestruction ? D'avoir survécu après avoir laissé mourir leur bébé. Tout ce qu'il lui restait de Harry. Tout ce qu'il lui a laissé en partant. Le sanglot la prend par surprise, rompant toutes ses barrières pour filtrer entre ses lèvres déchirées, et elle l'étouffe sous une paume plaquée fort sur son visage. Je l'ai tué, je l'ai tué ! elle songe, au désespoir, sans trop savoir tout à coup si elle aura la force d'entendre l'infirmière confirmer ses craintes, formuler à voix haute l'odieuse réalité.
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MessageSujet: Re: but, this is your heart +ginny   but, this is your heart +ginny EmptyLun 9 Jan 2017 - 22:03

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but, this is your heart
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La panique de Ginny allait bien au-delà de ce que Letha pouvait concevoir – éberluée, elle entendait sa cadette quémander des informations à propos de son bébé. La sorcière se passa le revers de sa main droite sur ses lippes entrouvertes, tandis que sa paume gauche reposait dans le creux de sa hanche, les yeux exorbités à la limite du risible. On aurait pu lire tout ce qui se passait derrière ses prunelles fixes, on aurait pu deviner tout ce à quoi elle pensait, tout ce qui cavalait dans son esprit. Elle raffermit ses phalanges autour de sa bouche, ses ongles s'enfonçant dans sa peau, incapable de prononcer le moindre son intelligible. Le bébé – elle n'y avait pas pensé. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé ? Focalisée comme elle était sur le bien-être de Ginny, ce manque de considération dont elle avait fait preuve la rendait malade. Elle se laissa tomber sur la chaise qu'elle avait traînée jusqu'au chevet de la rousse, alors qu'elle priait pour son rétablissement immédiat. Pas celui de son enfant en devenir, non, le sien. Elle avait oublié son bébé au profit de cet être fait de chair, d'os et de sang – cet être palpable, tangible, avec qui elle pouvait échanger dès qu'elle le souhaitait. Elle l'avait oublié, ce bébé, et elle n'avait aucune excuse à offrir à la mère. Rien, pas un son, pas une explication. Letha pouvait mentir, elle pouvait lui raconter ce que sa cadette voulait entendre, afin de se racheter d'une faute qu'elle seule était susceptible de considérer avec indignation. C'était mal, pourtant, c'était mal et ça n'avait rien de bon d'effacer le danger qui contournait l'existence, encore toute relative, de l'enfant à naître. Le désespoir semblait pincer les traits juvéniles de Ginny tandis que, poussée par une inflexion morale qui la faisait se tendre vers sa vis-à-vis, Letha se pencha et lui prit la main. Elle l'entendait se blâmer, exulter. On aurait dit qu'elle souhaitait que son aînée en fasse de même, qu'elle prenne un bâton et qu'elle la batte pour des erreurs qui n'avaient pas été commises de plein gré – comment aurait-elle pu savoir qu'elle se trouverait dans une telle situation ? Comment aurait-elle pu envisager une telle chute ?

Ce comportement lui faisait mal au cœur, cette réaction qui tendait vers le blâme et cette demande inaudible qui essayait de la pousser à en faire de même. Letha n'était pas la seule à être indignée par son propre comportement – Ginny se rachetait une conscience en se flagellant sous son regard sombre ; toujours exorbité, toujours surpris, toujours un peu gêné.

« L'infirmière n'a rien dit à propos de ton bébé, elle n'a rien dit du tout. » murmura Letha d'une voix douce, en proie à un doute soudain qui n'appartenait qu'à elle et à son anxiété ; avait-elle réellement écouté ce que la professionnelle avait à lui dire ? Ou bien avait-elle été tellement concentrée sur le petit corps frêle de la Weasley pour s'en préoccuper véritablement ? Avait-elle entendu quelque chose à ce propos, oui ou non ? Avait-elle – ses paupières se fermèrent l'espace d'une demi-seconde, l'aidant à ravaler ce flot de questions. Des ignominies qui lui revenaient en pleine face de temps en temps, lui rappelant à chaque fois que son caractère avait besoin d'être limé lorsque les contours paraissaient obtus. « Qu'est-ce que c'est que cette histoire de bouclier, Gin ? Tu pouvais pas savoir, allons, tu pouvais vraiment- » pas savoir – mais elle se ravisa au dernier moment, consciente que sa comparse n'assimilerait rien de ce qu'elle pourrait lui dire. Elle serait focalisée sur la faute qui semblait être sienne, cette faute qu'elle porterait sur son dos jusqu'à la naissance de son enfant, et même après si la malchance la poursuivait. Qui plus est, la panique de Ginny, mêlée à cette once de chagrin qui commençait à étourdir sa voix, la rendait nerveuse. Ses jambes gigotaient, tandis que ses mains trouvaient toujours celle de sa cadette en une étreinte fébrile – ses doigts ne bougeaient pas mais elles démangeaient terriblement. Letha ne savait pas pourquoi le commun des mortels octroyait des contacts physiques dès que son prochain semblait en détresse – mais c'était une convention sociale pure et dure et, bien franchement, ça n'avait rien de dérangeant. C'était même plutôt réconfortant d'un côté comme de l'autre. « Ecoute Gin, je ne sais pas ce que tu penses avoir fait ou non, mais sors-toi cette idée de la tête et ne commence pas à te sentir coupable. T'as été attaquée, et rien n'est de ta faute. Retiens bien ça, alright girl ? » elle commença alors à chercher l'infirmière du regard, pestant contre son retard qui agrémentait cette tension d'une absence de réponse à en faire tomber plus d'un dans les vapes. « Quant à l'autre là, franchement, je ne sais pas ce qu'elle f-.. elle arrive. » shit.

Sans le savoir – ou peut-être en avait-elle bien l'idée, Shacklebolt ne le savait guère et ne tenait pas franchement à s'en créer un fardeau – l'infirmière transportait avec elle une horde de savoir, de connaissances, qui faisait frémir Letha. Elle avait le pouvoir de mettre Ginny plus bas que terre, ou de la relever par la seule force de ses mots. Cette perception de la vie était étrange ; une annonce pouvait chambouler un monde entier. Sans le sentir, ses doigts s'accrochèrent à ceux de Ginny qu'elle était résolue à ne pas lâcher. Pas maintenant, surtout pas dans ces conditions. Il lui aurait été facile de se lever, et de s'enfuir en courant face à ce qui pouvait potentiellement se passer dans cette pièce – elle aurait pu prétendre être mourante, tiens, afin de se débarrasser de l'infirmière qui n'avait visiblement pas que ça à foutre et qui semblait repérer rapidement les bobards. Mourante. Ses prunelles se portèrent sur le ventre encore plat de la rouquine ; elle eut l'impression d'être aspergée par de l'eau glacée, les poils de ses bras tendus s'hérissant à cette seule vue. Pour la première fois depuis longtemps, Letha avait peur. « Miss, commença la vieille gargouille, je pense pouvoir affirmer sans trop de crainte que vous êtes hors de danger. Cependant, se mettre en pareil danger est inacceptable lorsqu- » Shacklebolt se déconnecta un moment de la conversation qui n'avait qu'un seul sens – voir la gueuse s'acharner sur son amie en lui répétant que dans son état, les duels n'étaient pas recommandés (vraiment ?), qu'elle devait absolument faire attention et d'autres joyeusetés qui sentaient le roussi lui donnait mal au ventre. Alors elle s'épargnait cette vision diabolique en se concentrant sur autre chose. De plus, elle n'était pas sûre d'être concernée par cet échange. « ..en ce qui concerne la santé de votre enfant, je ne peux malheureusement rien affirmer pour le moment. » Letha releva la tête brutalement, alors qu'elle s'était perdue dans la contemplation des chaussures de la bonne femme. C'est pas vrai, c'est pas vrai – tais-toi, tais-toi, FERME-LA « Je vais être en mesure de vous en dire plus demain, dans deux jours tout au plus. J'ai besoin d'examens poussés pour vous en apprendre davantage et nous sommes à Poudlard, pas à Sainte-Mangouste. » la raillerie passa inaperçu aux yeux de Letha qui, la mâchoire inférieure pendante, essaya de se redresser et de considérer la situation avec application. Avec positivité.

Ce maître mot était pourtant fardé d'idioties. Comment prétendre que tout allait bien alors que la situation de Ginny risquait de se compliquer ? En un instant, Letha se souvint – quelques mois plus tôt, face au corps inanimé d'Alice. A la secouer. A quémander un mot de sa part, n'importe lequel. Même si l'enfant de Weasley n'était pas encore né, la souffrance engendrée en cas de problème majeur serait la même. Trait pour trait. Shacklebolt en frémissait d'avance. « Gin, Gin je- » suis désolée – elle était navrée alors que le verdict n'avait pas encore sonné. Mais Letha oubliait tout, jusqu'à la présence néfaste de cette infirmière qui sondait les individus de haut en bas, et qui prétendait que la nouvelle n'avait aucun impact. « Je suis sûre que tout va bien se passer, c'est – c'est un battant le bébé, c'est ton enfant et il est en vie et il va très bien, parce que le contraire n'est pas envisageable. Tu m'entends, Ginny ?.. Gin ? Ginny, reste avec moi, d'accord ? » l'appelait doucement Albertha, essayant de vaincre les larmes (les vraies cette fois, pas celles qui résultaient d'une contrariété) qui commençaient à lui brûler les paupières. Elle les ravala rapidement toutefois, consciente qu'elle devait garder la tête froide for Merlin's sake.
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