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sujet; (ROMES#3) Turn my head off forever, forever ever blind |
| Forest • Near Hoghwarts The hurt's relentless The hurt of emptiness The hurt of wanting The hurt of going on The hurt of missing The hurt is killing me Turn my head Off Forever Turn it off Forever Ever blind Le Lord est mort. Non il est vivant. Non il est mort. Il va revenir. Il revient toujours. Il ne va pas me laisser. Non non, il ne nous laissera pas. Il ne peut pas nous prendre, nous détruire, nous reconstruire, nous reconstruire uniquement sur l'amour que nous avons pour lui et puis mourir. Nous ne pouvons pas vivre sans le Lord. JE NE PEUX PAS VIVRE SANS LUI. Laissez-moi mourir. Si le Lord n'est plus je veux mourir. S'il est encore là, laissez-moi le retrouver. Je serai le nouveau Pettigrew. Laissez-moi être Pettigrew. Laissez-moi être quelque chose.
Nous sommes dans la forêt. Nous sommes perdus. Depuis plusieurs jours nous sommes dans la forêt. James est nu. Il n'a pas pris la peine de s'habiller depuis que le Lord est mort, au cœur de la pleine lune. Il était au plus haut de sa puissance et pourtant il n'a pas pu le SAUVER. Nous sommes inutiles. James est inutile. Je le hais. Il n'aurait pas du laisser le Lord mourir. Et il devrait me laisser mourir. Je veux juste mourir. James ne me laisse pas mourir. Le loup veut vivre. Il est plus fort que moi, même juste après la pleine lune. J'ai essayé, pourtant, de sauter de falaises, de ne pas manger, de foncer droit vers le danger. De nombreuses fois, j'ai entendu des chasseurs, des ennemis, à la recherche de bêtes à tuer. A ma recherche. J'ai voulu foncer vers eux et accepter la mort comme le Lord l'a fait. Le loup m'en a toujours empêché. Le loup essaye de rejoindre Léopoldine. Il veut sa meute. Alors il va vers le sud. Mais dès que je peux, je l'en empêche. Je ne sais pas pourquoi. Je ne veux pas qu'il rejoigne Léopoldine.
Je veux toujours rester dans cette forêt. Si je ne peux pas mourir, alors je veux m'oublier ici. Je suis sûr qu'à force de ne voir personne, je vais de nouveau tout oublier. Léopoldine, Joshua, Bacchus, le Lord, tout le monde. Rohan aussi. Je veux oublier Rohan. Je veux oublier ses yeux, sa voix, les odeurs multiples et étranges qui l'entourent. Je veux oublier qu'il me fait me rappeler quelque chose. Je veux n'être plus rien, n'être plus que loup. Si je ne peux pas mettre fin à ma vie, alors je veux disparaître comme cela. Depuis que le Lord est mort, de toute manière, la semi-transformation n'est jamais partie. Je crois que même quand je dors, je suis toujours à moitié loup. Je me sens peu à peu disparaître.
Je garde juste assez d'énergie, juste assez d'impact, pour qu'il n'aille pas trop au sud. Nous tournons donc en rond, dans cette forêt que nous pensons connaître, sans savoir d'où, sans savoir pourquoi. J'oublie de plus en plus de choses. Je ne sais pas comment j'ai mangé aujourd'hui. Je crois que j'ai chassé. Mais je n'ai pas fait de feu. De toute manière, je n'ai pas de baguette.
J'ai froid. Je suis fatigué. Je veux mourir. J'ai faim.
James a trouvé une cabane, enfin, une sorte de minuscule maison. Quelque chose pour humain. Il grogne, s'énerve un peu sur la poignée, puis réussit à actionner le mécanisme. Nous entrons. Nous aimons bien cet endroit. Je ne sais pas pourquoi. Une odeur familière. Nous sommes sales, puants, couverts de boue, de sang, de feuilles et d'herbes. Peu importe. Nous tirons jusqu'à nous une couverture. Nous nous blottissons dedans. Nous dormons. Nous dormons sans rêve. Il n'y a plus rien à rêver.
C'est l'odeur qui me réveille en sursaut. Il n'a pas fait un bruit. Mais l'odeur a été comme une agression et je fait presque un bon en sachant qu'il est là. Un grognement m'échappe. Rohan. Je voulais dire son nom mais le langage semble avoir disparu de ma mémoire. Son prénom, pourtant, est encore limpide dans mon crâne. Je me redresse, affolé, couinant. Je suis faible, affamé, terrifié et je sens déjà qu'il a plus de force que moi. Il a toujours eu plus de force que moi. Je couine encore, les yeux figés sur lui, immense au dessus de moi. Je recule, accroupi, jusqu'au mur. Je grogne, doucement, d'un grognement qui veux dire va t'en.
Nous n'avons pas la force de faire plus. Le maître est mort. Je me demande s'il va me tuer. Ce serait bien.
Dernière édition par James Rowle le Mer 14 Déc 2016 - 14:33, édité 1 fois |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | james rowle It's all gone wrong Heaven hold us We've lost the sun Heaven told us The world was strong Heaven hold us Where do we go When it's all over Quand il s’est réveillé couvert de sang, de bleus, de plaies, de boue et frigorifié, la première chose qu’on lui a dit c’est On a gagné. Après ça, il a probablement sombré à nouveau dans l’inconscience, parce qu’il ne se souvient pas de grand-chose avant d’ouvrir à nouveau les yeux, dans un lit d’hôpital cette fois. On est venu le féliciter d’avoir combattu aux côtés de la Renaissance du Phénix, lui et les autres personnes étendues dans les autres lits alignés à côté du sien. Et puis Angus est venu lui expliquer la situation, comment tout s’est terminé, qu’Eddie et Amelia étaient toujours dans le coma, que June et Elijah allaient bien, Ron aussi. Rohan a hoché distraitement la tête à tout ça, incapable de se concentrer sur tout ça. Puis d’autres types sont venus, ont commencé à lui dire que dès sa sortie de l’hôpital, il allait devoir répondre à quelques questions, concernant ce qui est arrivé à la fille Weasley ce soir-là, que sa condition de loup-garou nécessitait qu’il prouve qu’il n’était pas dangereux pour la société, ils se sont mis à déblatérer des conneries sur la foutue potion Tue-Loup qu’il allait devoir se procurer et prendre chaque mois et Rohan a cessé de les écouter, jusqu’à ce qu’ils rajoutent qu’ils allaient aussi avoir besoin de ses connaissances sur les Thurisaz pour les retrouver et exterminer la menace. Ça, il l’a très bien entendu et surtout, parfaitement compris. La mâchoire crispée, il a encore hoché la tête et une fois le soir arrivé, il a enfilé les vêtements qu’Angus lui avait ramenés et a quitté l’hôpital. Traverser cette ville bruyante et puante pour retrouver Angus a bien failli le rendre dingue et une fois qu’il a mis la main sur son oncle, Rohan lui a demandé de l’emmener à Storm’s End. L’homme a bien essayé de le retenir, de lui dire de rester avec lui en lui assurant que tout se passerait bien, mais quand il lui a lancé un regard signifiant si tu ne m’emmènes pas, j’irai à pied, il a fini par abdiquer.
Une fois là-bas, Rohan a rassemblé ses affaires, s’est excusé auprès de June et il est parti à la recherche de James.
Parce qu’il est le seul à pouvoir le trouver, il ne peut pas laisser les autres lui mettre la main dessus. Exterminer la menace, Rohan ne les laissera pas faire. Ils peuvent avoir Morgana et les autres, ils peuvent avoir ceux qui n’ont pas hésité à rejoindre l’armée de Voldemort, mais ils n’auront pas James, parce que James n’a jamais voulu de ça, James n’aurait jamais accepté de se battre pour le Magister, James est innocent. Rohan a perdu la notion du temps, à force de chercher une trace, une odeur, n’importe quoi. Ils sont nombreux à avoir fui Pré-au-Lard par la forêt après la bataille et le jeune homme n’a pas tardé à comprendre que de nombreuses personnes étaient déjà venues patrouiller ici, ces derniers jours. Il a tenu bon, refusant de croire qu’ils avaient réussi à attraper James. Rohan l’a abandonné une fois en pensant qu’il était mort, il ne refera pas cette erreur, il ne la fera plus jamais. Alors il a continué à chercher, jusqu’à enfin percevoir une odeur familière, une odeur qu’il connaît par cœur, une odeur qui fait battre son cœur plus vite, plus fort.
En la suivant, Rohan a vite compris où était James. Alors il s’est mis à courir, la gorge nouée parce que ça ne peut pas être un hasard. C’est là-bas qu’ils ont sauvé Sarah, qu’ils ont créé leur meute, c’est là-bas que Rohan a compris que James lui était essentiel. Il ne s’est pas rendu là-bas par hasard, il en est persuadé. En apercevant enfin la cabane de chasseur au bord du lac, le blond a senti son cœur manquer un battement. L’odeur, plus forte que jamais, lui a confirmé la présence de James et il n’a pas hésité une seule seconde avant de s’y précipiter. C’est une fois devant la porte que Rohan se fige et prend le temps d’inspirer profondément. Il ne sait pas ce qu’il trouvera exactement à l’intérieur. Il ne veut pas se faire de faux espoirs stupides en s’imaginant que James est à nouveau lui-même, tout ça parce qu’il est venu se réfugier ici. Ce n’est peut-être que son instinct qui l’a attiré ici, il ne peut pas commencer à s’imaginer que James est de retour.
Sa décision prise, Rohan ouvre lentement la porte en prenant soin de ne pas faire trop de bruit et s’avance, la referme. Quand enfin il le voit, son cœur se serre. Il est là, roulé en boule à même le sol, son odeur masquée par celle du sang, de la boue et de la crasse. Il est là, minuscule et fragile et—Ses yeux s’ouvrent et Rohan a un mouvement de recul parce que la dernière fois, James a bien failli le tuer. Les cicatrices marquent encore son corps, se mêlant aux autres, l’une d’elles traçant sa joue droite, jusqu’à sa gorge. Mais il ne l’attaque pas cette fois, s’il se redresse, c’est pour mieux se reculer, se recroqueviller sur lui-même et le couinement plaintif et terrifié que James laisse échapper lui brise le cœur.
Le grognement n’a rien d’impressionnant, il ne fait que montrer à quel point James a peur et Rohan s’accroupit à son tour, pour ne pas le dominer de toute sa hauteur. « James, » appelle-t-il doucement, d’une voix rendue rauque par sa gorge nouée. Avec des gestes lents, il détache son sac de ses épaules et le met par terre, sans un bruit. « Je ne te ferai aucun mal, » murmure-t-il avant d’ouvrir sa veste, toujours avec des gestes lents. « Je te le promets, je ne te ferai jamais de mal, tu le sais, hein ? » Il retire sa veste, puis s’approche de James, pour la passer sur ses épaules, l’envelopper dedans. Là, sa main vient se poser sur sa joue, notant son visage pâle sous la boue et le sang qui le recouvrent encore mais surtout, plus amaigri que jamais. Son pouce caresse délicatement sa joue tandis qu’il lève un regard vers James. « Je suis là, je vais m’occuper de toi, d’accord ? » Un sourire se dessine sur ses lèvres, tendre, encourageant. « Je suis ta Meute, tu le sais, pas vrai ? Tu peux le sentir, j’en suis sûr, tu ne l’as jamais oublié. Je suis ta Meute et je vais prendre soin de toi, d’accord ? » Laisse-moi faire, par pitié, laisse-moi faire. |
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| Forest • Near Hoghwarts The hurt's relentless The hurt of emptiness The hurt of wanting The hurt of going on The hurt of missing The hurt is killing me Turn my head Off Forever Turn it off Forever Ever blind Je regarde Rohan s'accroupir. Il n'a pas compris. Ou il refuse de comprendre. Sûrement ça. On ne doit pas lui faire assez peur. Rohan est plus fort que nous. Même avec la semi-transformation il est plus fort. On ne sait pas pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi. On a réussi à presque le tuer, une fois, peu avant la pleine lune. Sans l'autre grand blond, Rohan serait mort. On le veut mort. On ne veut plus le voir. Je ne sais pas comment j'ai pu gagner. Il devait être faible. Je ne sais pas pourquoi Rohan est très fort, et parfois très faible. Je ne le comprends pas. Il me fait peur. Je n'aime pas sa voix. « James. » Je n'aime pas la façon qu'il a de dire mon prénom. Je n'aime pas les gens qui en parlent avec cette étrange douceur. C'est toujours ceux qui me connaissent d'avant, qui me parlent comme ça. J'ai toujours l'impression qu'ils s'adressent à quelqu'un d'autre. Quand Rohan m'appelle James, je sais que ce n'est pas moi qu'il appelle. C'est quelqu'un d'autre. Et je ne sais pas qui. « Je ne te ferai aucun mal. » Je fixe son sac, comme s'il allait exploser, puis lui, encore. Je grogne encore, sans arriver à raffermir ma voix. Je ne le crois pas. Il me ment. Dès que je le vois j'ai mal et je ne sais pas pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi! Il retire sa veste, pourquoi est-ce qu'il retire sa veste. Je reste figé, immobile, effrayé de ce qu'il va, encore, me faire. James est trop fatigué pour répliquer. Il attend, aussi. Il sait que nous ne sommes pas en état de résister. Alors il attend, le bon moment. « Je te le promets, je ne te ferai jamais de mal, tu le sais, hein ? » Il s'approche, Rohan, et je frémis, couine, sans cependant bouger de contre le mur. Comme s'il me clouait là. Je me recroqueville sur moi même lorsque ses grandes mains s'approchent de moi. Le contact du tissu me surprend. Je rouvre les yeux, le regarde avec surprise. La veste est chaude. Je réalise à quel point j'ai froid, j'ai froid depuis des jours, quand il pose cette veste sur moi. Nous ne sommes pas fait pour courir nu dans la forêt en plein mois de décembre. C'est ridicule comme une simple chaleur humaine peut calmer, et rassurer. Un instant, je sens mes tremblements se calmer. Puis il pose sa main sur ma joue. C'est comme une brûlure, une gifle, un coup de poing. Je ne l'ai jamais touché comme ça, ce loup. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça. En fait, personne ne m'a jamais touché comme ça. J'ai peur d'un coup, si peur, que ce genre de geste soit une autre façon de me blesser. Je ne connais que les frappes amicales de Bacchus ou Rick. Pourquoi pose-t-il juste sa main sur moi ? Qu'essaye-t-il de faire ? Je flaire le danger, sans savoir d'où, exactement, il vient. « Je suis là, je vais m’occuper de toi, d’accord ? » Je couine encore, j'ai l'impression qu'il me menace, qu'il me promet des tortures, avec ces mots-là. Cela me rappelle de façon confuse l'homme du ministère, celui qui te sourit tendrement, qui te cajole, puis qui te torture. Il va me faire ça. Je ne veux pas redevenir comme ça. Je ne veux pas revenir au ministère. Je fixe Rohan, je l'implore du regard de me laisser, de m'épargner, de ne pas me faire de mal. Je n'arrive pas à parler. J'espère juste qu'il comprenne les plaintes inarticulées qui échappent de ma gorge. « Je suis ta Meute, tu le sais, pas vrai ? Tu peux le sentir, j’en suis sûr, tu ne l’as jamais oublié. Je suis ta Meute et je vais prendre soin de toi, d’accord ? » Qu'est-ce qu'il raconte ? J'ouvre grand les yeux, j'essaye, maladroitement, d'essayer de me souvenir de qui je suis, de qui j'ai été ces derniers mois. Tout se confond dans la peur, la fièvre, la douleur, la faim, le froid, le deuil. Des gargouillis m'échappent, des sortes de petits bruits paniqués qui ressemblent à des mots mais qui n'arrivent pas à affronter une langue qui a oublié comment parler. Il n'est pas ma meute. Il a pu être ma meute, avant, dans le passé, la meute de l'ancien James. Mais la mienne ? Non. Il va juste me torturer. Il va me torturer, me faire mal, et récupérer l'ancien James sur mon cadavre. Il va me faire ce qu'ils m'ont fait, au ministère, je le sais. Et puis il ne peut pas être ma meute. Ma meute c'est le LORD.
Ce mot, finalement, semble me réveiller. Je suis pris d'un brusque spasme, et le contact de sa peau me brûle. Il n'a pas le DROIT de me toucher il est un ENNEMI. Je m'écarte, brusquement, et j'enfouis brutalement mes crocs dans la main tendue. Les crocs de James s'enfoncent, encore, encore, dans la chair. S'il n'avait pas déjà été loup, il le serait à présent. Le sang coule à flot dans ma bouche, réveille James, le fait gronder, reprendre un instant des forces, puis brusquement, il lâche tout. On est pas censé manger les autres loups. C'est immonde, tabou, horrible, et nous allons nous faire punir. La panique prend le contrôle du corps de James, lui fait pousser un grognement bien plus grave que les autres, et nous écartons de Rohan. Nous secouons la tête, essayons de chasser le sang que nous avons osé goûté. Nous crachons, grognons, et nous réfugions contre un autre pan de mur, juste à côté d'un meuble, pas si loin de la porte. « Pas bien, pas bien, non, non. » Le langage revient doucement jusqu'à mon cerveau, passe mes lèvres, expulse des gémissements hargneux. Encore trop faible pour qu'on puisse dire que je grogne. « J'aime le lord j'aime le lord j'aime le lord. » Il sent que j'hésite, il sent que je faiblis, il sent que je l'oublie. Je ne veux pas l'oublier. Je ne dois pas l'oublier. Je veux oublier Rohan et me souvenir du Lord. Un lord que je n'ai jamais vu, au fond. Je ne l'ai même pas vu mourir. Je n'étais même pas là quand il est mort. Il n'y avait que James. Je n'étais pas là. J'ai mal, mal, mal. « Tue-moi, tue-moi, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait. Tue tue tue tue. » Je bredouille je tremble, je le regarde avec de la peur partout, je dois puer de la peur, la faiblesse et la douleur. Achève-moi. « Tue tue tue tue. » C'est comme si ma bouche, encore maladroite, se bloque sur le seul mot qui compte. Je le répète, tout en m'éloignant de lui, encore, quand il s'approche, et frappant ma tête sur ce tout ce qui passe. Je ne sais plus trop où je suis. Je ne sais pas ce qu'il se passe. Je sais juste qu'il y a Rohan, maintenant, et qu'il me fait toujours mal, et que tout se mélange quand il est là. Les larmes, enfin, dévalent mes joues et je me sens secoué de sanglots et me rouler, encore, en boule en geignant, essayant de ne plus le regarder mais serrant tout de même la veste, toujours chaude, contre moi. |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | james rowle It's all gone wrong Heaven hold us We've lost the sun Heaven told us The world was strong Heaven hold us Where do we go When it's all over Ses paroles rassurantes ne semblent pas fonctionner et Rohan ne sait pas quoi faire d’autre. Le forcer à l’écouter, à obéir, comme il l’a fait à Pré-au-Lard ? Il ne sait pas pourquoi, mais ça a semblé marcher, même pour un court instant. Il ne veut pas faire ça, il ne veut pas forcer James à quoi que ce soit, il veut que chacune de ses décisions soit la sienne, parce que de toute évidence, c’est un droit dont on l’a privé trop longtemps. Mais s’il ne le laisse pas faire, s’il ne le laisse pas s’occuper de lui, alors que peut-il faire ? Rohan ne veut rien d’autre, il n’a besoin de rien d’autre que de s’occuper de James. Ils ont fini de se battre, c’est terminé, tout est terminé et Rohan ne veut rien d’autre que tout faire pour récupérer James. S’il ne le laisse pas faire, alors il ne voit pas ce qu’il pourrait faire d’autre de sa vie. Malgré son état, l’autre loup arrive quand même à être rapide et Rohan ne le voit pas venir, ne peut que lâcher un grondement sourd lorsque les dents de James viennent se plonger dans sa main. Il jure et se retient de le forcer à le lâcher en le frappant, heureusement, la dernière pleine lune a laissé son propre loup épuisé et Rohan parvient à le maîtriser, serrant les dents. Il le lâche aussi vite qu’il s’est jeté sur sa main pour la mordre et le blond grogne à nouveau, mais il ne prête pas attention à ses chairs qui saignent, garde ses yeux rivés sur James, alors qu’il part se réfugier contre un mur, l’air complètement paniqué. Le regard de Rohan passe de lui à la porte, et il se redresse, lentement, se place de manière à l’empêcher de foncer sur la sortie. Il doute qu’il soit en état d’aller bien loin, mais il préfère éviter d’avoir à lui courir après. « Pas bien, pas bien, non, non. » Le voir réduit à s’exprimer ainsi noue la gorge de Rohan, qui fait de son mieux pour rester debout, droit, pour ne pas montrer à quel point ça le désespère. « J'aime le lord j'aime le lord j'aime le lord. » Il est MORT, a-t-il envie de hurler, mais quelque chose lui dit que ce n’est pas la bonne chose à dire. Que ce n’est pas le moment. Et pourtant, ce qu’il peut avoir envie de lui faire comprendre, de lui faire prendre conscience que c’est terminé mais que c’est une bonne chose, que ça veut dire qu’il est libre. Il veut qu’il se souvienne qu’il n’a jamais aimé Voldemort, qu’il n’a jamais voulu le servir.
Mais il ne peut pas se permettre d’être impatient. « Tue-moi, tue-moi, s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait. Tue tue tue tue. » Rohan est venu en pensant que James ne pourrait jamais rien faire de pire que ne pas le reconnaître et défendre celui qui a tué Sarah, mais il y parvient. Avec ces quelques mots qu’il crache en tremblant, désespéré, il y arrive. « Tue tue tue tue. » Et il veut bien être fort pour deux, Rohan, il veut bien encaisser mille coups si ça peut lui permettre de récupérer James un jour, mais il n’est pas certain de pouvoir retenir les larmes qui lui brûlent les yeux plus longtemps, en voyant le brun dans cet état. Figé, les entrailles comme prises dans un étau glacé, Rohan regarde James se rouler en boule et geindre, alors que des larmes dévalent la pente de ses joues. Il ne peut pas regarder ça plus longtemps, il ne peut pas le laisser dans cet état. Mais si tenter de le rassurer ne fonctionne pas, que lui reste-t-il ?
Il ne veut rien de plus que le serrer contre lui et lui promettre que tout ira bien, que c’est terminé, que plus personne ne lui fera jamais le moindre mal, qu’il est libre à présent. Rohan veut essuyer les larmes, les chasser pour toujours, il veut soigner ses plaies et s’assurer que plus jamais, jamais, James ne sera blessé. Il veut faire toutes ces choses, mais elles s’adressent à l’homme et il ne reste plus que le Loup. C’est au Loup qu’il doit parler, pour l’instant. « Non, » dit-il alors, d’une voix forte et claire. C’est définitif, sans appel. Non, il ne le tuera pas et il peut pleurer et supplier, jamais il ne le fera. Rohan sort sa baguette et allume un feu dans l’âtre, sans avoir à s’y reprendre à dix fois et il peut remercier son entraînement à la RDP, pour ça. Se tenant prêt à réagir si James fait le moindre mouvement, il s’éloigne de la porte, pour mettre à chauffer de l’eau au-dessus du feu, avant de retourner auprès de l’autre loup. Cette fois, il reste debout. « Je ne te tuerai pas, et tu vas me laisser m’occuper de toi, » déclare-t-il calmement. « Tu vas me laisser faire, parce que tu l’as peut-être oublié, mais t’es trop têtu pour laisser tomber. » Il va fouiller dans son sac, en sort une serviette qu’il a emportée, puis retourne vers l’âtre. « Tu vas me laisser faire, parce que si tu voyais ta tête maintenant, tu serais probablement horrifié. » Ce que James a pu lui casser les pieds, quand ils passaient plusieurs jours loin de toute source d’eau, dans l’incapacité de réellement se laver. Il a peut-être oublié tout ça, mais Rohan veut croire qu’ils n’ont pas tout effacé de James. il a besoin d’y croire.
Une fois que l’eau est suffisamment chaude, il retourne auprès de James et il hésite un peu, se mord la lèvre inférieure. Il ne peut pas compter sur sa coopération et s’il veut se faire un minimum entendre, il faut qu’il montre au Loup qu’il n’a pas le choix. Alors il l’attrape James et le force à s’asseoir, avant de lui tenir le cou d’une poigne ferme afin qu’il reste tranquille. Il trempe un coin de serviette dans l’eau tiède, puis commence à passer le linge sur son visage, ignorant sa maigreur, la semi-transformation qui lui donne toujours un air terrifiant qui ne va pas à James. « Tu vas me laisser faire, parce que je suis ta Meute, » continue-t-il en s’appliquant, frottant le sang séché pour le faire disparaître, la boue pour l’enlever de son visage. « Et surtout, tu vas me laisser faire parce que la guerre est finie et il y a des gens qui ont besoin que tu te souviennes d’eux. » Et Rohan ne pense pas qu’à lui, cette fois. Son regard cherche celui de James, s’y accroche. « Tu ne t’en souviens sûrement pas, mais t’as un gamin et je t’ai dit qu’un jour, tu pourrais plus t’planquer en forêt pour l’éviter. » Il a compris pourquoi James restait à l’écart, parce qu’un loup-garou ne souhaitant pas se mettre au service du Lord ne ferait que mettre ses proches en danger en restant auprès d’eux. Mais Rohan a aussi très rapidement compris que c’était une excuse. Que James avait peur. Peur d’un enfant ? Le blond n’a jamais compris pourquoi.
Mais aucun loup ne laisse son petit derrière, pas vrai ? |
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| Forest • Near Hoghwarts The hurt's relentless The hurt of emptiness The hurt of wanting The hurt of going on The hurt of missing The hurt is killing me Turn my head Off Forever Turn it off Forever Ever blind Tue tue tue tue tue tue. « Non. » Je relève brusquement la tête, regarde de nouveau Rohan. Non non, n'utilise pas cette voix, pas avec moi. Je suis faible, et tu me fais peur, tu me fais vraiment peur, le genre de peur qui noue très fort l'estomac et qui me fait trembler et qui me donne envie de fuir beaucoup plus loin que je n'ai jamais fui auparavant. Et, surtout, les loup a peur aussi. Il tremble avec moi et c'est comme deux personnes terrifiées pour un même corps. « Je ne te tuerai pas, et tu vas me laisser m'occuper de toi. » Tremblant, dégoulinant de larmes, je secoue la tête de droite à gauche. Je secoue la tête, mais je ne bouge pas. Je le regarde allumer le feu (Lord que c'est chaud, que cela fait du bien, d'avoir chaud). Je regarde chacun de ses gestes, m'attendant à tout moment à ce qu'il sorte une arme. (Il va me tuer, je le sais, à un moment donné, parce qu'il veut notre mort. Il ne veut pas de nous. Il ne nous veut pas nous il veut l'autre et nous, nous on veut rester là.) « Tu vas me laisser faire, parce que tu l’as peut-être oublié, mais t’es trop têtu pour laisser tomber. » Je secoue encore la tête, ce n'est pas de moi qui parle, il parle de l'autre, et je n'aime pas ça. « Tu vas me laisser faire, parce que si tu voyais ta tête maintenant, tu serais probablement horrifié. » Je secoue encore, encore, encore la tête. Ca arrête mes larmes, mais pas mes tremblements. Non, non, je ne veux pas voir ma tête, je suis déjà horrifié, c'est toi qui me fait peur. Beaucoup trop peur.
Mais pour l'instant il est loin. Je préfère ça. Qu'il reste loin. Pourtant je m'accroche encore à sa veste. Parce qu'elle est chaude. Je veux avoir chaud de nouveau, et avoir mangé, et avoir dormi mais en même temps, à chaque fois que je pense à ça, il y a quelque chose dans mon crâne qui hurle hurle hurle que je dois me soumettre au lord et que le lord est mort alors moi aussi je dois être mort. Mais je suis vivant. C'est ça le plus bizarre, je crois. J'ai survécu au Lord. C'est absurde. Je ne suis pas censé exister sans lui. Je ne comprends pas. Rohan reviens ! Je jappe, je couine, je me tortille sans bouger parce que j'ai trop peur pour vraiment me débattre. J'ai un gargouillis terrifié lorsqu'il me touche. (NE LE LAISSE PAS TE TOUCHER.) Je m'assois, sous l'ordre de sa poigne, et couine encore quand il m'attrape le cou. Cela me rappelle des souvenirs. C'est bizarre, d'avoir des souvenirs de quelque chose, que cela fasse écho à autre chose, c'est neuf, comme sensation, c'est étrange. Je le regarde avec affolement, le suppliant de me laisser partir mais il est là, immobile, autoritaire, à me laver (IL VA ME NOYER) et il me fait trop peur pour que je puisse vraiment me battre. Je ne veux pas mourir. Non. Si. Peut-être. Non. Je veux mourir mais le loup ne me laisse pas mourir. C'est ça. Je crois. Non. Si. Peut-être. Hein ? « Tu vas me laisser faire, parce que je suis ta Meute. » Encore, je secoue la tête. Non, il n'est pas ma meute. Ma Meute c'est le L- ma meute c'est J- ma meute c'est.... hey Rohan, si on est une meute on devrait pas avoir un nom ? Un truc genre La Team des Vainceurs ? Ou la Meute de l'Extrême ? Ou Sarah et les Garçons ? C'est qui Sarah ? Ma meute, c'est pas lui. « Et surtout, tu vas me laisser faire parce que la guerre est finie et il y a des gens qui ont besoin que tu te souviennes d’eux. » Non, non, non, encore, il veut encore me tuer. Il est comme Léo, il ne veut pas de moi, il me déteste, tout le monde le déteste il n'y a que Bacchus qui m'aime. Et Rick. Et le Lord. MAIS LE LORD EST MORT. Non il y a Joshua. Joshua m'aime. Il ne peut pas ne pas m'aimer. Il m'a appelé Papa. Je sais qu'il m'aime. C'est lui ma meute, c'est lui, c'est lui. « Tu ne t’en souviens sûrement pas, mais t’as un gamin et je t’ai dit qu’un jour, tu pourrais plus t’planquer en forêt pour l’éviter. » Mon premier instinct, paniqué, c'est de me demander si je lui ai dit, et si oui quand. Si Léo apprend que je l'ai dit alors elle va me tuer et je ne reverrai jamais Joshua et NON je dois revoir Joshua. Et non, ce n'est pas moi, je ne sais pas comment il sait. L'autre James a du lui dire. L'autre James est nul, et lâche, et faible il dit les secrets à n'importe qui. On ne peut pas lui faire confiance. Gardez-moi, gardez-moi. Moi je serai sage. « Jo-Shua. » J'articule le mot et c'est comme si mon esprit se réveillait, bizarrement, d'un coup. Tout est clair. Les mots aussi. Et le loup aussi. « Nous voulons Joshua. » Je l'expire d'abord comme un constat, quelque chose que l'on se dirait à soit-même, avant de regarder Rohan. Et soudain, Rohan fait moins peur parce que... parce que... « Tu connais Joshua ? Tu peux ramener Joshua ? Et Léopoldine ? Léo ? » Je commence à gesticuler, à m'énerver et bientôt je sens ma voix se dégager vraiment et le cri sortir : « JE VEUX LEO ! JE VEUX LEO ! » je hurle, la gorge serrée, les sanglots revenus et je hurle parce qu'est bestial, c'est enfoui, c'est nécessaire, soudain, que Léo soit là. Elle va me donner des ordres, elle va rendre tout plus simple. Pour Joshua je peux tout faire. Joshua, Joshua est important pour le loup et pour moi alors on se bat pour lui. Plus que pour l'autre, celui qui est mort, le l- NON LE MAL DE TÊTE. JE NE LE PENSERAI PLUS JE NE LE PENSERAI PLUS. Mais j'affronte la main contre mon cou, je m'approche autant que je peux de Rohan et je le supplie, oh Lord je le supplie : « Laisse-moi voir Léo. C'est elle ma Meute. C'est elle dont j'ai besoin. Elle va tout savoir, elle va tout faire, elle va ramener le Lord, et Joshua, et tout ira bien, je veux leo je-je-je-je-je... » Et je sens ma voix qui déraille de nouveau et qui n'arrive plus à articuler, et mes larmes qui noient tout sur leur passage et la réalisation, brutale, ignoble, que finalement j'ai quelque chose d'effroyable à perdre. Et que je ne veux pas mourir. |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | james rowle It's all gone wrong Heaven hold us We've lost the sun Heaven told us The world was strong Heaven hold us Where do we go When it's all over Ça lui fait mal de sentir James aussi terrifié à chaque fois qu’il le touche et une part de lui a envie d’abandonner, juste pour ne plus lire la peur sur son visage, l’entendre gémir comme si Rohan allait lui faire du mal, mais il tient bon. Il tient bon parce qu’il a besoin que James comprenne qu’il ne lui fera aucun mal, qu’il est là pour lui, qu’il va s’occuper de lui. Et puisqu’il ne semble pas vouloir le laisser l’approcher, il n’a pas d’autre choix que de s’imposer. Mais ça fait mal. James n’a jamais évité son contact, au contraire, il était le premier à le rechercher et c’était lui, l’idiot qui le fuyait parce qu’il avait peur de ce que toucher James lui faisait. A présent, Rohan n’a plus peur de ça, parce qu’il sait qu’il ne peut rien lui arriver de pire que perdre l’autre loup. Parler de Joshua, c’est un pari risqué, parce qu’il se doute bien qu’il n’a aucun souvenir de tout ça mais il espère attiser sa curiosité, avoir son attention suffisamment longtemps pour qu’il se tienne tranquille et accepte de le laisser faire. Le risque, c’est que James se mette à le traiter de menteur, à lui dire qu’il invente et s’énerve encore plus. Mais en voyant ses yeux terrifiés qui s’arrondissent, Rohan se dit qu’il a réussi, du moins en partie, à avoir son attention, cette fois. Il profite qu’il ne se débat plus pour imbiber à nouveau la serviette dans l’eau tiède et retourner passer le tissu sur son visage pour le nettoyer. « Jo-Shua. » Le blond se fige, alors que son cœur manque un battement. Son regard cherche celui de James alors qu’il se demande s’il a bien entendu. « Nous voulons Joshua. » Alors… il se souvient de lui ? C’est plus que ça encore, la mention de son fils semble l’avoir complètement sorti de son état précédent, son regard s’éclaire et pendant un instant, il a presque l’impression d’entrevoir quelqu’un et pas seulement l’animal.
Il a oublié Rohan et Sarah, il a oublié qui il est, mais il se souvient de Joshua. Le blond ne devrait pas se sentir blessé par ça, c’est stupide et surtout, c’est égoïste. Joshua est son fils, c’est normal que s’il doit se souvenir de quelqu’un, ce soit du garçon. « Tu connais Joshua ? Tu peux ramener Joshua ? » Rohan ouvre la bouche pour essayer de le calmer, pour lui dire qu’il peut essayer, oui, mais James le coupe aussitôt. « Et Léopoldine ? Léo ? » Le blond pâlit et manque de le lâcher, lorsqu’il se met à gesticuler. « JE VEUX LEO ! JE VEUX LEO ! » Le cri lui fait l’effet d’une gifle, parce qu’il est si sincère, si vrai, comme s’il avait désespérément besoin d’elle, comme s’il allait mourir sans elle et Rohan ne peut s’empêcher de se demander pourquoi. Pourquoi il l’a oublié lui, mais se souvient de Léopoldine ? Pourquoi il est terrifié quand il le voit, pourquoi il flanche quand Rohan le touche, mais la veut elle, absolument ? Pourquoi a-t-il oublié ceux qui étaient avec lui, chaque jour, pendant des années, pour se souvenir de ceux qu’il a choisi de fuir ? Non, il n’a pas le droit de penser comme ça, il n’a pas le droit, il ne peut pas se laisser submerger par… quoi ? De la jalousie ? Merlin, comme si c’était le moment d’éprouver un truc aussi stupide, puéril. Rohan inspire, se force à laisser entrer de l’air dans ses poumons comprimés par une force invisible qui semble essayer de l’écraser.
Léopoldine est la mère de son fils, sa plus proche amie, il la connaît depuis des années, depuis Poudlard, c’est normal qu’il se souvienne d’elle, c’est… Il n’a pas le droit de lui en vouloir pour ça. Bordel il n’est pas là pour lui, il est là pour James et peu importe ce dont il a besoin, même si… Même si ce n’est pas de Rohan, ce n’est pas grave, ce n’est pas grave. « Laisse-moi voir Léo. C'est elle ma Meute. C'est elle dont j'ai besoin. Elle va tout savoir, elle va tout faire, elle va ramener le Lord, et Joshua, et tout ira bien, je veux Leo je-je-je-je-je... » Lorsqu’il arrive à passer outre la douleur, lorsqu’il se force à ne pas se concentrer sur les mots de James qui font mal et qu’il cherche un peu plus loin, Rohan comprend. L’autre loup lui a suffisamment parlé de Léopoldine Turner pour que le blond puisse se faire une idée du genre de personne qu’elle est. Il se souvient avoir dit un jour que la jeune femme aurait fait un bon Alpha, si elle avait été un loup, un compliment dans la bouche de Rohan que James n’avait pas trop compris à l’époque. Elle va tout savoir, elle va tout faire, ces mots suffisent à permettre au jeune homme de comprendre. James a besoin qu’on le dirige et il ne sait pas si c’est parce que Léopoldine est la mère de son fils, ou si les maigres souvenirs que le brun a d’elle en sont à l’origine, mais il l’associe à cette idée, à cette autorité dont il semble avoir besoin aujourd’hui pour fonctionner.
Il n’y avait pas de hiérarchie entre eux. Sarah, James et Rohan étaient égaux, apportaient chacun quelque chose à leur minuscule meute. Et si les années auraient probablement permis à Sarah de devenir une Alpha formidable, on ne lui en a pas laissé le temps. Rohan se retient d’essuyer les larmes de James, de caresser sa joue, de lui murmurer des paroles réconfortantes. Au lieu de cela, il raffermit sa prise sur la nuque du brun et le force à le regarder. « Parce que tu crois que Léopoldine aura envie de te voir dans cet état ? » Il n’y a plus aucune douceur dans son ton, sa voix est rauque, les mots sont prononcés avec dureté. « Tu crois qu’elle te laissera voir Joshua, avec cette tête ? » Rohan ne l’a jamais rencontrée, mais il est certain que la réponse est non. Même si elle est formidable, elle reste humaine et les humains ont peur des loups. Et puis, Joshua est un enfant, un enfant humain et même Rohan ne laisserait pas James l’approcher, dans son état. Alors il n’a aucun mal à imaginer la réaction qu’aurait la jeune femme, si elle venait à le trouver comme ça. Peut-être même que James perdrait à jamais son droit de voir Joshua un jour. Mais ça, il ne s’en rend pas compte, pas vrai ? « Regarde-moi. » L’ordre claque, sans appel, alors que Rohan repousse tout ce qui n’est pas ce dont James a besoin en cet instant. « J’irai chercher Léopoldine, » promet-il et il le fera. Il le fera parce qu’il ne peut pas faire ça tout seul, parce que Léopoldine est une clé, il en a conscience et il ne laissera pas son cœur qui se serre à l’idée que James ait plus besoin d’elle que de lui se mettre en travers de ce qu’il faut à James pour qu’il aille mieux. « Quand tu auras repris une apparence humaine, quand tu m’auras laissé te soigner, quand tu m’auras prouvé que tu peux te tenir. » Il déteste lui parler ainsi, par Merlin il déteste ça. « Quand j’estimerai que tu ne représentes pas un danger pour elle, j’irai chercher Léopoldine. » Du chantage, il en est réduit à lui faire du chantage et Rohan a envie de vomir. « Je te le promets. » Même s’il ne sait pas encore comment s’y prendre, il la ramènera, Rohan n’est pas du genre à ne pas tenir ses promesses. |
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| Forest • Near Hoghwarts The hurt's relentless The hurt of emptiness The hurt of wanting The hurt of going on The hurt of missing The hurt is killing me Turn my head Off Forever Turn it off Forever Ever blind Rohan est méchant, il me fait peur. Il s'en fiche de mes larmes, et il me bouscule, et il veut que je fasse des choses que je n'ai pas envie de faire. Je le déteste. Léo, elle, elle sèche mes larmes (parfois) (je m'en souviens) (elle l'a déjà fait) (j'en suis sûr elle l'a déjà fait!). Alors que je veux juste m'oublier dans ma douleur et la cruauté de l'absence de Léo, lui il raffermit sa prise sur ma nuque, pour que je le regarde. Je ne comprends pas pourquoi il veut autant que je le regarde. Je n'aime pas le regarder. Je veux qu'il me laisse tranquille. « Parce que tu crois que Léopoldine aura envie de te voir dans cet état ? » Dans un hoquet, mes larmes s'interrompent brusquement, alors que je le regarde avec des yeux ronds. Il connait Léopoldine. Il doit la connaître parce qu'il sait des choses sur elle. Parce qu'il a raison. Je le déteste mais il a raison, Léo a toujours voulu me voir au meilleur de moi-même, même si j'ai toujours sur qu'elle cherchait l'Autre James quand elle faisait ça. (Je ne comprends pas pourquoi elle veut l'autre James alors qu'il l'a abandonnée, alors que moi je suis là et je reste et elle ne m'aime pas.) Je sens la peur remonter, une peur encore plus grande que celle que m'inspire Rohan : celle de ne jamais la revoir parce qu'elle ne voudra pas de moi. « Tu crois qu'elle te laissera voir Joshua, avec cette tête? » Je gémis doucement, parce que je sais la réponse, et il la sait aussi. Elle ne me laissera jamais voir Joshua tant que je n'arrive pas au moins à lui faire croire que je suis humain. Elle est cruelle, parfois, Léo.
J'ai de nouveau envie de pleurer. « Regarde-moi. » L'ordre claque, et il n'a pas besoin de me forcer de la main, cette fois, pour que je relève les yeux. Je commence à comprendre les attentes de Rohan, c'est bizarre, comme je m'habitue si vite à obéir aux autres. Je me demande si l'autre James était comme ça aussi. Parce que moi, moi je sais qu'il y a quelque chose dans ma tête qui adore juste obéir. « J'irai chercher Léopoldine. » J'ai brusquement envie de me jeter à son cou pour l'embrasser. Je ne sais pas d'où vient ce désir, mais je sens un sourire naître sur mon visage, et je le regarde avec tout l'espoir du monde parce que, voir Léopoldine, c'est à peu près tout ce que j'arrive à désir de façon claire sur le moment. « Quand tu auras repris une apparence humaine, quand tu m’auras laissé te soigner, quand tu m’auras prouvé que tu peux te tenir. » Cela me met mal à l'aise qu'il me parle comme ça. Je baisse de nouveau les yeux, de nouveau tremblant, mais chérissant sa promesse (Rohan ne ment jamais) (comment je sais ça moi?). « Quand j’estimerai que tu ne représentes pas un danger pour elle, j’irai chercher Léopoldine. » Un danger ? Mais je ne suis pas un danger ! Je relève les yeux brusquement vers lui, presque effrayé de ce qu'il dit, et entends à peine sa promesse. Il pense que je suis un danger pour Léo, mais, mais...
« On ne fera jamais de mal à Léo. » La voix n'est pas la mienne. Elle a la fureur et la force du loup. Le loup, c'est lui le danger. « Mais tu va faire du mal à Joshua ! » Cette voix-là, c'est la mienne, celle qui a peur, et qui réalise brusquement que tout n'est pas si simple. « Je ne vais pas lui faire du mal. Mais le louveteau mérite une meute, et l'Alpha mérite une meute. Il faut juste que Léo le comprenne. » Je secoue frénétiquement la tête alors que je sens monter le refus. « Tu n'as pas le droit de leur faire de mal, et puis Léo ne voudra jamais ! » Il ricane, de son rire cruel qui me fait bien plus peur que les yeux froids de Rohan. « Ne t'inquiète pas que quand j'aurai retrouvé ma place auprès d'elle, elle sera plus perceptive. » J'ai envie de vomir, de pleurer, de mourir à la fois alors que je comprends ce qu'il insinue. J'aime Léo, et je ne veux pas sentir le ton salace qu'il a pris pour dire cela. Sans savoir pourquoi, je lève un regard inquiet vers Rohan, et je me murmure, précipité : « Ne dis pas ça, pas devant- » Il ricane encore, sans même avoir à dire quoi que ce soit, et je ne sais pas pourquoi je me sens honteux, et faible... et dangereux.
Je me souviens alors pourquoi je n'ai pas juste transplané hors de la cabine à la vue de Rohan. Parce que le loup m'aurait fait surgir au milieu du Chaudron Baveur et aurait réclamé Joshua à grands cris. Je ne veux pas qu'il fasse ça, il y a quelque chose d'enfoui, d'immense, qui me hurle de ne pas le laisser faire ça, malgré le besoin que j'ai d'elle. Je sais que j'ai besoin d'elle, qu'elle est le remède pour la chose qui m'habite, mais j'ai trop peur de ce que je lui ferai. Au moins, Rohan, je le déteste assez pour ne pas avoir peur de lui faire mal. En un sens, c'est rassurant. Je tangue un peu sur ma chaise, alors que mon regard dérive dans des réflexions qui tournent en rond, clignant des yeux lorsque le loup essaye de me déranger, secouant la tête à certains moments, comme pour lui répondre. Je suis fatigué, vraiment fatigué, et j'en ai marre de prendre les décisions.
« D'accord, » finis-je par murmurer, épuisé. Qu'il fasse ce qu'il veut. Je veux juste dormir. |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | james rowle It's all gone wrong Heaven hold us We've lost the sun Heaven told us The world was strong Heaven hold us Where do we go When it's all over Il n’a pas le droit d’être jaloux. Si James a besoin de Leopoldine et Joshua, s’il a plus besoin d’eux que de lui, ainsi soit-il, il lui donnera ce qu’il lui faut pour aller mieux. Il mérite qu’on lui donne tout, absolument tout si ça peut le sauver et Rohan n’a pas peur de le faire. Tant pis si ça fait mal, James a plus souffert encore et seul, alors il est temps qu’il le déleste de son fardeau, qu’il le porte pour lui. C’est ce qu’on fait dans une Meute, quand un des membres est blessé, les autres se relaient pour prendre soin de lui et lui permettre de se remettre. Ce sera plus difficile, parce qu’ils n’ont jamais été nombreux dans leur Meute et maintenant, ils ne sont plus que deux, mais Rohan peut y arriver tout seul. « On ne fera jamais de mal à Léo. » Cette voix, il la reconnaît sans mal, ce n’est pas la première fois qu’il l’entend, même si James a toujours fait de son mieux pour la repousser le plus loin possible. Un frisson parcourt l’échine du blond, tandis qu’il se tient prêt à se défendre, mais aussi à empêcher le brun de se faire du mal, si nécessaire. Quand l’autre fait ainsi surface, Rohan ne sait jamais lequel d’entre eux en souffrira le plus. « Mais tu vas faire du mal à Joshua ! » Ses sourcils se froncent un moment, parce que ce n’est pas logique, l’animal n’a aucune raison de blesser l’enfant, Rohan sait qu’il ne ferait rien à sa propre progéniture, c’est impo-- « Je ne vais pas lui faire du mal. Mais le louveteau mérite une meute, et l'Alpha mérite une meute. Il faut juste que Léo le comprenne. » Et il grimace, parce que oui, bien sûr, Joshua est le fils de James mais il n’est pas celui du Loup. « Tu n'as pas le droit de leur faire de mal, et puis Léo ne voudra jamais ! » Et encore une fois, sans la connaître vraiment, Rohan est certain qu’il a raison. Quel être humain voudrait de ça, de toute manière ? De ce qu’il a entendu sur Leopoldine Turner, il est presque sûr qu’elle serait prête à tuer James avant de le laisser toucher à son fils mais ça, le Loup ne s’en rend pas compte. Le rire cruel de l’animal lui retourne l’estomac, parce qu’il sort de la bouche de James alors qu’il n’a rien à y faire. Ce n’est pas lui de rire ainsi.
« Ne t'inquiète pas que quand j'aurai retrouvé ma place auprès d'elle, elle sera plus perceptive. » Rohan pâlit, ses dents se serrent, laissant apparaître les muscles tendus de sa mâchoire alors qu’il détourne le regard quelques secondes, incapable de regarder James lorsqu’il dit des choses pareilles. « Ne dis pas ça, pas devant-- » Il ferme les yeux, chasse l’envie de vomir qui lui noue la gorge et inspire profondément. Il peut ignorer ça, il sait que ce n’est pas vraiment James qui prononce ces paroles, seulement la partie la plus sombre et la plus blessée de lui, seulement le Loup qui s’est retrouvé seul et qu’on a transformé en monstre. « D’accord. » Le murmure le pousse à reporter son regard sur James et il paraît si abattu, complètement vaincu et ça lui serre douloureusement le cœur, mais Rohan se force à hocher la tête. « Bien, » lâche-t-il simplement, avant de récupérer la serviette et l’eau toujours chaude. Avec des gestes un peu fébriles au début, il s’applique à finir de nettoyer le visage de James, jusqu’à ce que la boue et le sang disparaissent entièrement. Il ne dit rien, parce qu’il a peur de ce qui pourrait l’énerver, parce qu’il n’a rien à dire à ce James qui ne le connaît pas, aussi. Le linge chaud descend dans le cou de James et ses gestes se font de plus en plus assurés. Il y a quelque chose de reposant, à ce qu’il fait. Il prend soin de lui, de la manière la plus basique qui soit et c’est quelque chose que Rohan sait bien faire. Alors il s’applique et bien vite, l’eau est si sale qu’il doit la changer. Il remet de l’eau à chauffer, puis s’emploie à nettoyer chaque parcelle du corps de James en faisant attention à ne pas trop appuyer sur ses hématomes, à ne pas trop s’attarder sur ses plaies qu’il préfère rincer à l’eau chaude, plutôt que de frotter.
Les seuls mots qu’il prononce sont quelques excuses, parce qu’il sait que James doit être frigorifié et lorsqu’il voit qu’il serre un peu les dents parce que ses plaies lui font mal. Il ne dit rien d’autre et se contente de débarrasser James de tout le sang, de tous les morts, de la seule manière qu’il connaisse. Lorsqu’il ne reste plus que sa tignasse trop longue, emmêlée et boueuse, Rohan se lève et passe derrière lui, avant de lui faire pencher la tête en arrière. Il doit s’y reprendre à plusieurs fois, faire couler de l’eau qui ressort brunâtre et éclabousse le sol de la cabane en tombant dans le vieux seau qu’il a placé en-dessous. Ses doigts n’arrivent pas à passer correctement dans les cheveux pour les nettoyer, alors il finit par émettre un claquement de langue agacé et retourner auprès de son sac. Il fouille, finit par tomber sur la paire de ciseaux que James avait volée un jour et lui montre calmement. « Je vais te couper ça, d’accord ? » Ce n’est pas tellement une demande, il veut simplement qu’il comprenne qu’il n’a pas l’intention de lui faire du mal avec ça. Il repasse derrière lui et doit se mordre l’intérieur de la joue, pour se retenir de s’excuser parce qu’il est moins doué que Sarah pour ça. A quoi bon, il ne sait même pas qui est Sarah. Les premières mèches noires et sales tombent dans le seau, bien vite suivies par les autres, Rohan s’applique pour que la longueur soit sensiblement la même partout et si ce n’est pas parfait, il se dit que Sarah serait probablement contente de lui. Les ciseaux sont glissés dans sa poche, puis il s’applique à enfin nettoyer correctement les cheveux et le crâne de James. Il frotte délicatement, surtout après avoir remarqué une plaie à l’arrière de son crâne, probablement un mauvais coup qu’il a pris là. Lorsqu’enfin, il est plus propre qu’il ne l’a jamais été ces derniers mois, Rohan va chercher l’essence de dictame que June lui a confiée et s’applique à en verser quelques gouttes sur chaque plaie de James. Il n’en oublie aucune, même les plus petites coupures et au fur et à mesure que ses chairs se referment, l’aide à s’habiller jusqu’à ce qu’il porte des vêtements suffisamment chauds. Rohan range l’essence de dictame dans son sac, en sort une serviette sèche et de la nourriture, que June lui a également donnée avant de partir. Il confie le pain et la viande de chevreuil séchée – un reste des réserves faites pendant la guerre à Storm’s End – à James. « Mange et tu pourras aller dormir, » lâche-t-il avant de passer dans son dos à nouveau, pour frotter doucement ses cheveux avec la serviette.
Il met plus de temps qu’il ne le devrait, parce que sa tignasse est plus courte à présent, alors il n’y a pas besoin de frotter autant pour la sécher, mais c’est plus fort que lui, il est incapable d’enlever ses mains de James. Ses doigts s’attardent un peu dans ses cheveux, sa nuque, frôlent sa peau juste pour en sentir la chaleur. Il est là. Il est vivant. Et il n’est pas tout à fait James et ça lui brise le cœur mais ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave parce que peu importe quel James il est, Rohan ne le laissera jamais tomber. Peu importe qu’il préfère Leopoldine ou qu’il ne se souvienne pas de lui, ni de Sarah, ils ont le temps. Ils ont le temps et si James ne se rappelle jamais, ce n’est pas important, Rohan lui apprendra. |
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| Forest • Near Hoghwarts The hurt's relentless The hurt of emptiness The hurt of wanting The hurt of going on The hurt of missing The hurt is killing me Turn my head Off Forever Turn it off Forever Ever blind Rohan s'occupe de moi. C'est bizarre. Personne ne s'occupe de moi d'habitude, sauf Bacchus, un peu, parfois, je crois. Je suis jeune moi, j'ai à peine quelques mois de souvenirs, alors les premières fois, j'en ai plein. Elles me font toujours bizarre, parce que mon corps se souvient de choses que j'ai oublié. Même James se souvient de choses dont je ne me souviens pas. Je ne sais pas pourquoi. Il a quelque chose, un instinct, une sensibilité qui me dépasse. Moi je ne comprends rien à ce qu'il se passe. Alors, que Rohan s'occupe de moi, c'est bizarre. Il est très silencieux, quand il le fait, et il me lave avec une douceur qui m'est absolument étrangère. Personne n'est doux avec moi. James ne laisse personne être doux avec lui. Sauf que là il est trop fatigué, ou alors il a juste envie de le laisser faire, je ne sais pas. Je ne comprends pas James, quand il est avec Rohan, y a des fois où il le hait absolument et profondément, et d'autres où je peux sentir une sorte de respect. Moi, en tout cas, je suis rassuré pour son assurance et son autorité. Il sait ce qu'il fait. J'aime les gens qui savent ce qu'ils font, comme Madame, ma Madame à laquelle je refuse de penser. Elle doit être avec le Lord, elle est toujours avec le Lord, et donc elle est forcément m-
Je ferme les yeux, et j'ai un spasme violent en rejetant en bloc la pensée qui, je le sais, attire toujours les maux de crâne. Je n'aime pas les migraines que j'ai, souvent, quand je pense des choses auxquelles je n'ai pas le droit de penser. C'est compliqué de les éviter, ces migraines. J'essaye, le plus souvent, tout simplement, de ne pas réfléchir. Je réagis, j'obéis, et ça calme ce quelque chose qui, dans ma tête, perturbe tout. J'essaye de ne pas bouger. J'essaye de ne rien dire, de ne rien exprimer alors que je suis relaxé par son contact et irrité par les blessures qu'il touche parfois. Ne pas lui montrer qu'on a peur. Ne pas non plus montrer qu'on est rassuré. On pourrait s'endormir là, en fait, sur place, sur cette chaise, pendant qu'il lave peu à peu chaque contour de notre corps. C'est étrange, de se sentir aussi bien. Je crois vraiment que je suis quelqu'un de tactile. Je n'arrive cependant jamais à être assez doux pour pouvoir toucher qui que ce soit autrement que par la violence. « Je vais te couper ça, d'accord ? » Je regarde brusquement les ciseaux qui, sans que j'y fasse attention, se sont matérialisés sous mon nez. J'ai un couinement, que James arrive à réprimer à moitié. Je ne comprends pas de quoi il parle. Ma tête ? Mon nez ? Mon sexe ? Quoi, quoi, il veut couper quoi ? Je n'ose pas bouger, parce que James lui a donné autorité sur nous, et que déjà que je n'ose pas désobéir à James alors à l'autorité au dessus... Nous frémissons cependant en le sentant passer derrière nous. Puis il y a sa main dans nos cheveux. Nous nous souvenons. Enfin, ce n'est pas vraiment un souvenir, juste une sensation. Rohan passe la main dans mes cheveux. C'est juste vrai, cette phrase, c'est juste quelque chose d'évident. Rohan est celui qui me touche les cheveux. C'est étrange, comme chacun semble avoir sa partie du corps, Rick le dos, Bacchus le cou... J'ai l'impression d'être plein de petits morceaux, qui appartiennent tous à des autorités différentes. Je me demande si, un jour, ils vont tous mes découper et me séparer, et chacun repartir avec ce qui lui appartient. Je me demande si j'en serais heureux.
Les cheveux s'en vont. C'est la première fois (encore une) que je me coupe les cheveux. C'est vrai qu'ils sont longs. Étaient longs. Parfois il y a des mèches qui me tombent dans les mains et avec James on les tripote pour séparer tous les cheveux. C'est dur, parce que souvent y a du sang, de la boue, et d'autres choses que nous n'arrivons pas à définir. On se tient tranquille. On est un peu dans un état second. C'est rigolo comme on peut s'habituer à ce qu'on s'occupe de soit. Même Rohan. Je crois que je suis quelqu'un qui peut s'habituer à un peu tout et n'importe quoi, tant que ça consiste à obéir et à ne pas trahir. Après les cheveux il y a les blessures. Ça pique un peu, mais je suis tellement habitué à avoir mal que c'est pas grave maintenant. J'ai tellement mal à la tête, tout le temps, que ça, ça va. Il me lance souvent des petits regards pour vérifier que tout va bien. Il doit me confondre avec l'autre James, le faible, je suis sûr qu'il pleure à la moindre égratignure. Je me demande quand les gens vont arrêter de le préférer à moi. Tout à coup, ma Dame, Bacchus et Rick me manquent. Eux, au moins, ils m'acceptent comme je suis. Mais en même temps, jamais ils ne m'auraient lavé. Jamais ils ne m'auraient tripoté les cheveux comme ça. Pourquoi on aime toujours plus l'ancien James ? Je me laisse faire quand il m'habille. Ils sont trop grands, les vêtements, ça doit être les siens. Ça sent le lui. L'odeur de Rohan est très reconnaissable. C'est ça, plus que ses mots, qui me confirme qu'il a été ma Meute. Le fait que je connaisse son odeur par cœur, plus que toute autre. C'est ça qui m'effraie aussi. Et c'est ça qui me pousse à le suivre.
Je vois, soudain, de la nourriture dans ses mains. Je suis soudain bien plus en alerte, les yeux qui fixent le bout de viande et la gorge qui se contracte avec anticipation. Est-ce que... « Mange et tu pourras aller dormir. » Je me jette sur ce qu'il me tends, dès que j'en ai l'autorisation. En quelques bouchées à peine, j'ingurgite tout ce qu'il a pu m'offrir. J'ai faim, j'ai tellement faim. Même le pain, qui ennuie James, est englouti à toute vitesse. Pendant ce temps, Rohan touche encore mes cheveux. Je ne sais pas pourquoi il le fait autant. Je crois qu'il aime ça autant que moi. C'est bizarre. Il a vite fini de manger, mais Rohan continue de s'occuper de ses cheveux. Il est vraiment très tactile. Y a quelque chose en James qui n'aime pas ça d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi. La Meute est tactile, je m'en souviens. (Juste pas avec moi. Personne ne m'aimait chez les Thurisaz.) (Je me souviens du regard d'Alix, méchant, méprisant, sale, méchant, méchant, méchant traître, tuer, tuer tu-) Je me laisse faire, je me sens commencer à somnoler.
Je crois que je me suis endormi. Je sens Rohan qui me soulève de la chaise et qui me traine jusqu'à un coin de la pièce. Je sens qu'il m'attache, aussi, mais le nœud est léger, je pourrais m'en défaire facilement. Il est bête. Il me met une couverture dessus, ça me fait ronronner. Je me sens bien. J'ai chaud, j'ai mangé, mon cerveau est trop embrumé par la fatigue pour fonctionner correctement et c'est reposant. Tellement reposant de ne plus entendre toutes ces voix dans ma tête qui crient qui crient et se contredisent tout le temps. Je sens qu'il se redresse. Instinctivement, mes mains s'accrochent à ses vêtements et je le sens, aussitôt, se rapprocher. Comme si c'était normal. Je sens tout mon corps réagir naturellement, comme une évidence et m'accrocher à lui en finissant de m'endormir. Je sais que dès que je m'endors à côté de quelque je finis comme ça, lové contre sa chaleur. Rick me frappait quand je le faisais avec lui. Mais Rohan ne me frappe pas.
Quand je me réveille, le lendemain, je sens que la semi-transformation s'est résorbée. Je suis humain. |
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HERO • we saved the world Rohan Helvar | james rowle It's all gone wrong Heaven hold us We've lost the sun Heaven told us The world was strong Heaven hold us Where do we go When it's all over Ça va aller. Une chose à la fois. Il a retrouvé James et ça c’est une bonne chose. Il n’est pas vraiment James et ça fait mal, mais ça, ce n’est pas pour tout de suite. D’abord soigner ses plaies, le débarrasser de la boue et du sang, couper ses cheveux. Puis lui donner à manger et à boire. D’abord il s’occupe de ce qu’il sait faire, soit le maintenir en vie. Rohan a l’habitude maintenant, c’est plutôt simple. La prochaine étape c’est le faire dormir et il n’a aucun mal à soulever James et à l’entraîner jusqu’au petit lit dans le coin de la cabane, où il l’allonge. Il hésite, mais il finit par se résoudre à relier un des poignets du brun au montant du lit, parce qu’il ne se sent pas capable de veiller toute la nuit et la dernière chose qu’il souhaite, c’est de se réveiller pour constater que James est parti. Puis il rabat une couverture chaude et propre sur le corps frêle. Déjà, Rohan s’apprête à se redresser pour s’éloigner, mais les mains de l’autre loup agrippent ses vêtements et il n’a pas à réfléchir plus longtemps. C’est presque instinctif, quand il s’allonge à côté de James, referme ses bras autour de lui, l’emprisonne là. Ça aussi c’est simple, ça aussi il sait bien le faire, serrer James contre lui. Et alors qu’il sent sa respiration se faire plus régulière, signe qu’il s’est endormi, Rohan peut presque imaginer que rien n’a changé. Que Sarah n’a jamais été tuée, que James et lui n’ont jamais été séparés. Que c’est un soir comme un autre, lorsqu’ils vont s’allonger l’un contre l’autre pour la chaleur mais surtout pour la présence. Ses lèvres viennent trouver le front de James, alors que son nez se perd dans les cheveux encore un peu humides. C’est comme s’il n’était jamais mort, comme s’il n’avait jamais cessé d’être James et il peut presque le voir sourire et ronronner de contentement alors qu’il se presse un peu plus contre lui. C’est ce qu’il ferait. Et puis une fois le jour levé, Rohan se réveillerait avant lui mais n’oserait pas bouger de peur de déranger James. Ou peut-être que ce serait un de ces matins où c’est le brun qui se réveille en premier et en profite tirer Rohan du sommeil à sa façon.
Il ferme les yeux et il arrive presque à se souvenir du frisson qui parcourt son échine lorsque James presse ses lèvres contre les siennes. Mais quand il les rouvre, les traits de James sont toujours plus loup qu’humain et sous ses doigts qui tracent des arabesques sur le haut de la main du brun, il peut sentir les cicatrices qui n’étaient pas là avant. Le corps pressé contre le sien est plus maigre, trop maigre et Rohan est brusquement ramené sur terre. Sa gorge se noue et il lutte de toutes ses forces, mais peut-être qu’il n’en a plus assez ou que c’était une bataille perdue d’avance. Les larmes coulent et vont se perdre dans les cheveux noirs de James, alors qu’il se meurtrit l’intérieur des joues pour ne laisser échapper aucun sanglot, que ses muscles se crispent pour ne pas trembler. Il ne veut pas le réveiller, mais il est incapable de le lâcher alors c’est silencieusement qu’il pleure parce que la rage s’est envolée à présent, ne laissant plus que la peine. Les larmes coulent encore quand il finit par s’endormir, complètement épuisé. Lorsque le jour se lève, Rohan est le premier à ouvrir les yeux et il est accueilli par un mal de tête qui lui tire une grimace mais il ne s’y attarde pas, parce qu’en se redressant, il aperçoit les traits de James, encore endormi. Il est revenu humain, entièrement humain et ça ne veut peut-être rien dire du tout, mais Rohan ne peut s’empêcher de prendre ça comme un signe. Ca va aller.
14 décembre 2003. Il sait que comme lui, James a probablement plus envie de manger de la viande rouge que le poisson qu’il rapporte du lac, mais Rohan ne peut pas se résoudre à partir trop loin de la cabane de chasseur. Il craint toujours qu’à son retour, James soit parti mais pour l’instant, il ne semble pas avoir tenté d’aller où que ce soit. Il ne sait pas si c’est parce qu’il est encore trop fatigué, entre la pleine lune, ses blessures qui guérissent encore et le mauvais état général dans lequel Rohan l’a retrouvé. Il ne sait pas ce que c’est exactement, mais il va devoir trouver un autre moyen de le faire rester, parce que James finira bien par être guéri et par reprendre des forces. Il ne veut pas l’attacher comme on le fait avec un animal, la simple idée le révulse à chaque fois et pourtant, le blond est à court d’idées. Ce n’est définitivement pas pour lui, que James est encore là. Il y a deux jours, il a tellement neigé que Rohan a failli ne pas réussir à ouvrir la porte de la cabane pour en sortir. C’est peut-être pour ça aussi, qu’il reste. Il fait beaucoup trop froid pour aller s’aventurer en forêt. Les nuits sont si froides qu’il est souvent réveillé par James qui tremble contre lui et il doit raviver les flammes qui ont fini par mourir dans l’âtre de la cabane. Mais étrangement, c’est la nuit que Rohan préfère James. Lorsqu’il vient se blottir contre lui, lorsqu’il peut imaginer que rien n’a changé, même si c’est encore plus douloureux au réveil. La journée, c’est le silence qui règne. Et ce n’est pas normal, parce que James n’est jamais silencieux. Rohan est celui qui se retrouve à faire la conversation alors que le brun le fixe toujours avec méfiance et il ne sait jamais quoi dire. Parler du passé ne semble que fermer encore plus James. Quant au présent, il n’a rien de bien intéressant.
Il est déjà en train de préparer à manger lorsque James ouvre un œil et se redresse avec cet air un peu perdu qu’il a à chaque fois qu’il se réveille. Rohan ne sait pas si c’est l’endroit plus assez familier pour lui qui le perturbe, ou si c’est le fait de se réveiller seul qui le contrarie. D’habitude, il le saluerait avec un sourire et une remarque sur le magnifique épi qui se dresse sur son crâne, mais il ne dit rien, parce qu’il ne sait pas comment ce James là réagit à tout ça. Du coin de l’œil, il le voit qui fronce le nez en captant l’odeur de leur repas et Rohan se lève, va lui détacher le poignet. « Je sais, mais c’est tout ce qu’on a pour l’instant, » s’excuse-t-il avant de lui faire signe de le rejoindre. Ils mangent en silence, comme toujours et il voit bien que James peine à avaler son repas, mais il se force quand même, probablement motivé par ce que Rohan lui a promis. Léopoldine. Le blond ignore son cœur qui se serre à cette pensée et termine de manger, puis il se lève et avise James. Il se déplace un peu plus aisément à présent, ses plaies ne lui faisant plus aussi mal et il a retrouvé un peu d’énergie. « Il fait beau, aujourd’hui, » lance-t-il alors de sa voix un peu trop rauque. Lorsqu’il est sorti, profitant que James dormait encore, il s’est retrouvé aveuglé par le grand soleil et le ciel bleu, la lumière qui se reflète sur la neige. Le paysage est magnifique et ça lui rappelle le dernier hiver qu’ils ont passé ici, avec Sarah. « Tu veux sortir prendre l’air ? » demande-t-il en se dirigeant déjà vers le sac pour en sortir un épais manteau d’hiver. Puis il se dirige vers la porte, qu’il ouvre pour laisser à James le choix de rester à l’intérieur ou d’aller profiter du soleil. Le manteau à la main, il tente un mince sourire encourageant.
De toute façon, il court plus vite que lui. Et si James voulait partir, il l’aurait déjà fait. Pas vrai ? |
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| | | | | (ROMES#3) Turn my head off forever, forever ever blind | |
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