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sujet; Runaway (khloé)
MessageSujet: Runaway (khloé)   Runaway (khloé) EmptyDim 19 Oct 2014 - 21:05

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L’aurore se lève. Lorsque la porte du manoir se ferme. Foyer vide. Tristement serein. Depuis l’absence de Lyubov. Depuis son meurtre. Celui orchestré par mon père. Réalisé par un fils obéissant. Parfaitement docile. Stupidement soumis. Et je ne supporte plus cette maison dépeuplée. Où la présence de ma rebut illuminait les lieux. Ce n’est plus qu’une cabane abandonnée. Délaissée même par le propriétaire. Cet endroit où trop de choses macabres se sont déroulées. Ce manoir trop grand. Trop vide. Où mon écho peut s’y faire entendre. Qui me met mal à l’aise. J’y passe désormais le moins de temps possible. Préférant le bruit de la foule. L’ambiance des rues bondée. L’agitation du ministère. Où la solitude ne devient plus qu’un souvenir vague et funeste. Mais Londres n’est pas l’endroit où je passe le plus de temps. Puisque je me consacre aux traques. Plus que jamais. Comme un moyen de survivre. Je vais où mes cibles me mènent. Souvent dans des endroits isolés. Mais la bulle du don de traçage expulse la solitude. Devient un globe de sureté. Où seules les émotions de mes victimes me rappellent mon existence. Cette bulle me rassure. Et me vole mes remords. Et cette culpabilité qui me ronge. Cet acide qui consume mon cœur. Noirci et fendu par endroit. Dépouille des tempêtes rageuses. Et de sentiments confus. Reste des batailles. Auxquelles j’ai trop voulu jouer. Gamin capricieux et inconscient.

J’apparais au milieu de la noirceur des bois. Encore. Elle change très peu de décor. Elle finit toujours par se réfugier dans ces paysages. Verdâtres et sombres. Où l’opacité des feuillages bloque le soleil. Et l’air pur. Qui manque. Qui saccade les souffles humains. Je renforce la connexion. Et abandonne les détails des lieux. Les ondes s’étendent. Englobent les environs. Le décor devient flou. Une silhouette magique émerge. Un amas de poussières blanches et scintillantes. Qui piétine. L’hésitation envahit les lieux. Se mêle à l’humidité ambiante. Et viennent m’oppresser. A la même intensité. Que lorsqu’elles ont envahit le corps et l’esprit de Khloé. A quelques instants de décalage. Une demi-heure environ. Pas plus. Peut-être moins. La scène passée continue de se dérouler. Et le corps nébuleux s’agite enfin. Mais l’indécision persiste. Mais aucune angoisse ne vient troubler les environs. Ni crainte. Ni peur. Khloé panique moins. Ces derniers temps. Elle se rassure certainement. Ne se doute peut-être pas. Que son bourreau est à ses trousses. Que le missionnaire du patriarche Selwyn vient la chercher. La vision magique de Khloé s’en va. Et je la suis docilement. La traversée de la forêt s’allonge. S’éternise. Il n’y a que ma poursuite qui dérange la tranquillité. Installée à travers les feuillages denses. Une branche craque. Sous mes pas lourds. Ma connexion se brise. Brusquement. Merde. J’ai perdu le lien. Le paysage se reforme. Les détails des bois reviennent. L’air vaporeux s’évanouit. Et l’ombre de Khloé disparait. Instantanément. Je m’imagine déjà tout recommencer. A zéro. Le lendemain. Car il m’est maintenant impossible de reprendre. Cette traque qui ne semble jamais s’achever. Où la proie s’échappe une nouvelle fois. Mais une agitation vient perturber la quiétude environnante. Des pas de courses. Une panique bruyante. Juste devant moi. Une silhouette s’enfuit. Bien réelle cette fois. Je cours après elle. Dans une excitation nouvelle. De celle qui apparait lorsqu’on sait la victoire proche. Mon palpitant tambourine. Furieusement. Contre ma poitrine. Il frappe. Il frappe. Violement. Encore et encore. Il vient saccader mon souffle. Voler mon oxygène. Ma cadence s’accélère. Pas question de la laisser s’échapper. La réussite est trop proche. Elle frôle mes ambitions. Caresse doucement mon égo.

L’obscurité de la forêt s’envole. Et la lumière soudaine m’aveugle un instant. Mes pieds ne foulent plus le terrain boueux. Mais s’enfoncent rapidement dans le sable. Le calme des bois est loin. Le bruit des vagues brise le silence récent. La silhouette de Khloé continue de filer. Elle traverse la plage. Mais son corps frêle de poupée n’est pas rapide. Pas suffisamment. Je la rattrape presque. Elle n’est plus qu’à quelques mètres. Je ne lance pas de sort de stupefixion. Non. Bien trop désireux de revoir sa peur déformer ses traits. Et lire la terreur dans ses prunelles. Des étincelles surgissent. S’échappent de ma baguette tendue. Ses pieds s’arrachent du sol. Le corps de l’ancien pantin se soulève. Et je la laisse flotter un instant. Prisonnière de l’éther vif et frais. Le temps de m’approcher doucement. Savourant un moment le sifflement de la réussite. Le sort s’éteint. Et sa silhouette s’écrase dans le sable humide. Je récupère sa baguette. Echouée près de la marionnette alanguie. J’ignore comment elle a pu en retrouver une. Idiote sauf lorsqu’il s’agit de voler. Je me redresse. Et m’éloigne de quelques pas de l’ex fiancée. « Bonjour Khloé. » Un sourire mesquin flanqué sur mon visage de gamin. Un sourire victorieux. Hautain. Méprisant. Les seuls qu’elle a toujours su m’arracher. « Selwyn va être ravi de te revoir. » Si ça ne tenait qu’à moi, je l’aurai laissé en fuite. Pour se perdre dans les noirceurs des bois. S’égarer dans sa folie ridicule. Car elle ne mérite que ça. Sang-mêlé cinglée. Tellement haïssable. Qui n’a voulu que le statut et la notoriété de ma famille. Egoïste petite poupée. Que je n’ai pas assez détruite.
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MessageSujet: Re: Runaway (khloé)   Runaway (khloé) EmptyVen 24 Oct 2014 - 21:50

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Les bois. Les bois partout. Le vert sombre. Le vent qui se glisse dans ses cheveux blonds. Le vent dans la bouche. Le vent dans les poumons. L'adrénaline. La poupée qui vole, qui vole, qui se découvre des ailes blanches, trop blanches pour l'être de l'ombre qu'elle est devenue. Les ténèbres. Elle a l'impression qu'ils l'étouffent.  Trop longtemps qu'elle est suivie. Elle ne sait pas par qui. Elle est toujours coincée quelque part, à attendre. Des pas et la course poursuite. Il la perd, elle désespère. Elle marche un peu encore, les poumons en feu. Puis elle n'en peut plus et elle se pose contre un tronc d'arbre. Pour retrouver un semblant de respiration. Les mains sur les cuisses, pliée en deux, elle respire trop fort. Hachée, découpée, sa respiration, la poupée. Seule. Elle est seule. Alors elle observe les lieux en se demandant où aller. Et pas paniquée pour un sou, elle ne sait quand même pas. Elle ne panique plus, Khloé, tant qu’elle a sa dose. Elle se dit qu’elle est oubliée. Oubliée, la gamine Warwick, pliée, l’affaire aux milles rumeurs. Elle ne panique pas et marche tranquillement, la marionnette, persaudée de ne courir aucun danger. Le monde tourne, elle pense qu’il tourne sans elle. Invincible. Elle se sent pourchassée mais elle n’est pas paniquée. Elle observe les branches et le ciel caché. Elle imagine des étoiles, elle imagine la nuit. Elle peut presque sentir la lumière surnaturelle glisser sur ses lèvres entrouvertes, couler dans ses yeux écarquillés, l’illuminer de l’intérieur. Elle observe les alentours, perdue. Incertaine. Ou aller quand on n’a nulle part ou se rendre ? Ses parents ne l'attendent plus depuis longtemps. Ses parents ne l’ont jamais attendu. Même morte, ils se ficheraient bien comme d'une guigne de sa position. Ses parents ne l’ont jamais vraiment aimé. Elle ne leur en veut pas, Khloé. Elle non plus, elle ne se serait pas aimé. On n’aime pas une gamine imparfaite. On n’aime pas une gamine incapable de faire comme les autres. Et puis il y a Naïs, Naïs qui  la déteste plus encore qu'elle ne se hait. On en revient toujours au même schéma. Traîtresse. Lâche. Pathétique. Elle se sent faible. Et Naïs, Naïs qui n’a été qu’un pion dans l’échiquier de sa mère. Sa propre mère. Khloé la déteste aussi. Peut-être autant qu’elle ne l’aime. Parce qu’une enfant ne se détache jamais vraiment de sa maman. Aussi ambitieuse, folle, insensible soit-elle. Et Khloé, elle la hait, beaucoup. Parce que Naïs a été achetée comme du bétail. Naïs n’est plus la même. Un an a suffi, un an ou elle a vécu l’enfer, ou Naïs est devenue moins que rien. Ça n’a pas été assez. Elle a changé comme un métamorphomage se transforme. Elle a trouvé le plus bénéfique pour elle, l’a modelé. La voilà. Trop différente. Khloé ne connaît pas, ne la connaît plus. Khloé ne connait plus grand monde. Pas même elle-même. Les mains de Flint l’ont modelé, cabossé la poupée. Elle n’est que l’ombre de l’esquisse qu’elle a été et des fois, elle se demande comment elle fait pour marcher : elle n’est même pas terminée. Elle est le chef d’œuvre d’un autre. Flint. Parlons-en, de celui-là. De ce nom qu’elle susurre dans les pires moments, prête à combattre, tuer, se sauver. Prête à fuir encore, ailleurs. Il est son moteur, son essence, son tout. Sa haine envers-lui lui rend ses pas moins douloureux. Un jour, elle le tuera. Flint et ses mains qui n’ont fait que la briser. Qu’est-ce qu’elle aurait donné, Khloé, pour une caresse, un baiser ! Mais elle n’a eu que le pire. Elle n’a été bonne qu’à être le souffre-douleur. Amoureuse et en colère, elle n’a jamais démêlé les sentiments qui l’animaient. Trop forts, peut-être. Nocifs, sans aucun doute. Flint. Le démon. Elle le voit dans ses nuits les plus noires. Elle se souvient. Pauvre créature fragile, elle n’a jamais compris. Il n’a jamais aimé la soumission. Cela flattait son ego mais elle n’est jamais montée dans son estime. Peut-être aurait-elle plus de chance maintenant, pense-t-elle amèrement en se regardant dans le petit miroir qu’elle trimballe avec elle. Le menton haut et les traits tirés, une vraie guerrière, elle s’entend penser. Elle aurait préféré rester une enfant. Une gamine battue, au pire, une fiancée presque morte, au mieux. Mais il l’a jeté. Et depuis, elle doit survivre contre vent et marée, contre ses pas qui se rapprochent et qui l’obligent à décamper. Elle se met à courir, ses cheveux blonds volent dans son dos et son prête à se teinter quand elle sent le sable sous ses pieds. Courir, courir pour sa vie. Mais il se rapproche et elle n’a pas d’autre choix que d’accélérer. Trop rapide. La forêt a disparu. Le sel sur les lèvres et les vagues dans le cœur, elle aurait aimé sourire. Ne serait-ce parce que le panorama est magnifique. Mais elle ne peut pas. Elle est fatiguée, éreintée, ses jambes refusent presque de l’aider à s’envoler. L’hirondelle. Quelque chose d’autre l’aide à planer. Elle survole. N’avance plus. Marionnette heureuse, marionnette joyeuse, elle peut enfin apercevoir les fils qui se glissent sur sa peau et la maintiennent en l’air. Petit sourire dément sur les lèvres, signe distinct de sa folie, elle regarde devant elle. Son sourire, on pourrait presque lui donner le nom d’acte courageux. Mais il n’en est rien. Ce n’est qu’un étirement de lippes fou. Puis elle retombe mais Sourire ne disparaît pas. Parce qu’il est là. Elle le sait. Flint. Elle cherche sa baguette mais ne la trouve pas. Jure presque mais ne dit rien. Qu’importe. Il semble les aimer, ses baguettes. Il les garde toutes. Les lui vole. « Bonjour Khloé. » Son sourire lui donne envie de vomir. Le fameux sourire de son épouvantard. Mais elle ne bouge pas pour autant. Ne se débat pas. Parce qu’il hait ça et dans sa propre colère, elle sait qu’il la rattrapera. Autant l’énerver. Qu’il la haïsse autant qu’elle a pu l’aimer. Qu’il la détruise autant qu’elle le hait. Un léger sourire, cinglé, trop petit pour être innocent, elle attend. Elle essaie de canaliser la peur qui lui retourne l’estomac. Elle aura peur demain. Parce que demain est un bon jour. « Marcus, c’est toujours un plaisir. », murmura-t-elle, tremblante. Elle ne lui doit plus rien. Elle a tout perdu. Il est hors de question qu’elle le supplie une seconde fois. Elle est peut-être lâche, fragile et naïve, elle est assez fière pour savoir qu’on ne courbe pas l’échine devant lui. Jamais. « Selwyn va être ravi de te revoir. » Et son sourire tremble un instant, manque de se faner comme le bonheur a pu se noyer dans son malheur. Puis il revient. Il reste. Parce qu’elle sait que ce sourire, ce putain de sourire est la dernière barrière avant la folie pure. Colère, Khloé. Jalousie, Khloé. Destruction, Flint. Ambition, maman. Changement, Naïs. Et elle associe les prénoms aux émotions pour ne pas se perdre. Dans son cœur, c’est le naufrage. Les vagues sont loin. Le sel meurt sur sa poitrine et laisse un goût amer sur ses lèvres, ce goût de nostalgie. Trois coups et c’est fini. Echec et mat, Warwick. « Il t'a envoyé comme larbin. Cela témoigne de toute son attachement à moi, hein? » Allez Khloé. Tu peux. Tu peux lui dire tout ce que tu n’as jamais su dire. Tu n’as plus besoin de lui. Que de toi. Courage, courage. Et si ses mots tremblent, si ses mots meurent dans sa gorge, il résonne suffisamment pour que Marcus les entende. Les assimile. Et trouve une raison de s’en débarrasser.
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