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sujet; event #12 (procès de guerre) ► you shall not pass

WIZARD • always the first casuality
Shin Moriyama
Shin Moriyama
‹ inscription : 31/12/2016
‹ messages : 188
‹ crédits : nelliel.
‹ dialogues : chocolate
event #12 (procès de guerre) ► you shall not pass - Page 2 170513051741991635

‹ âge : 26
‹ occupation : au chômage, pour le moment, il ne sait pas tellement quoi faire de ses dix doigts. Shin était Oubliator, et Nazir Chasseur de Trésors, autant dire que ça n'a rien à voir.
‹ maison : Shin était à Serdaigle et Nazir à Gryffondor.
‹ scolarité : 1989 et 1996.
‹ baguette : Nazir & Shin ont tous les deux perdu leur baguette, il a fallu leur en trouver une nouvelle : 29cm, taillée dans du saule, contenant une moustache de Tanuki.
‹ gallions (ʛ) : 2943
‹ réputation : on disait de Shin qu'il était intelligent, calme, discret, le genre de mec pas chiant, pas intéressant non plus. De Nazir, on disait que c'était une tête brûlée, un cancre, un type violent parmi les Insurgés, mais efficace. Aujourd'hui, les deux sont un peu morts, alors on en parle beaucoup, mais sans trop savoir quoi dire.
‹ particularité : c'est un Métamorphomage, mais il ne sait plus du tout contrôler son don et le tatouage qu'il a dans le dos l'empêche de l'utiliser correctement. C'est également un Maître de l'Air, qui a tout à réapprendre.
‹ faits : shin s'est marié jeune et a eu une gamine qui a maintenant six ans, Sun - sa femme et sa gosse, c'était tout pour lui - c'était un mec brillant, capable de parler trois langues (anglais, coréen & japonais) très à cheval sur son éducation stricte et rigoureuse, très branché culture asiatique - mais shin a été capturé par le gouvernement en 2001 et est devenu le cobaye du département des mystères - ils ont trafiqué son corps, joué avec son don de métamorphomage, ont fait de lui l'espion ultime - en 2002, il est devenu Nazir Peterson, Insurgé Belliqueux, meilleur ami d'Angelina Johnson - aujourd'hui, il ne sait plus qui il est, Shin ou Nazir, les deux ?
‹ résidence : il vit au Manoir Moriyama, sa famille ne veut pas le laisser tout seul après ce qu'il a vécu.
‹ patronus : informe désormais, autrefois il prenait la forme d'un porc-épic, il paraît que celui de Shin avait la forme d'une tortue géante
‹ épouvantard : un miroir, le plus souvent reflétant les traits de Shin.
‹ risèd : il se voit sous les traits de Nazir, avec Rocket et Doxy.
http://www.smoking-ruins.com/t6866-shin-reflection
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4 JANVIER 2004 | 8H45. L’homme – son père, c’est son père, sauf que c’est pas vraiment son père, parce que ce n’est pas son visage qu’il voit quand il pense à celui qui l’a élevé, c’est celui d’un autre, d’un autre qui est mort et qui lui manque - termine d’ajuster sa cravate avant de s’écarter d’un pas pour l’observer minutieusement. Puis il hoche la tête et lui fait signe d’approcher du miroir. Le jeune homme serre les dents et détourne le regard. Il entend Moriyama soupirer, mais il n’insiste pas. « Tout va bien se passer, Chin-Hae, » déclare-t-il d’un ton assuré et il veut lui dire que ce n’est pas comme ça qu’il s’appelle, mais ça ne servirait à rien, alors il se tait. Heureusement, la porte de la chambre – sa chambre, apparemment c’est sa chambre, mais il ne s’en souvient pas, il n’a jamais eu une chambre pareille, la sienne était petite et il y avait des posters et des photos partout, celle-ci est vide, terriblement vide - s’ouvre pour laisser apparaître Keiji. C’est bien que ce soit lui, il préfère quand c’est lui, Keiji n’a pas ce visage triste et déçu à chaque fois qu’il avoue ne pas avoir la moindre idée de ce qu’on lui raconte, contrairement à Daiki.
Et puis, regarder Daiki, c’est comme se regarder dans un miroir et ça, il n’y arrive plus, c’est au-dessus de ses forces. « T’es prêt ? » lui demande Keiji et il hausse les épaules. Non, il ne le sera probablement jamais, mais il n’a pas tellement le choix, pas vrai ? « Daiki nous rejoint là-bas, allons-y, » déclare Nobuo et il hoche la tête.

9H00. Il inspire. Expire. « Chin-Hae Moriyama, vous comparaissez aujourd’hui devant la Cour de Justice pour les chefs d’accusation suivants : usurpation d’identité, espionnage pour le compte du gouvernement de Vous-Savez-Qui, mise en danger de civils et de membres de la Renaissance du Phénix, attentat violent ayant entraîné la mort, même involontaire, d’innocents dans le cadre d’une mission non-autorisée par le Conseil de la Renaissance du Phénix, tentative de meurtre sur la personne d’Angelina Johnson. » Déjà, il n’arrive plus à respirer. Usurpateur. Ce n’est pas vrai, c’est lui, c’est vraiment lui, il n’a jamais volé l’identité de qui que ce soit. Espion. Il n’a jamais trahi les Insurgés, jamais. Il n’a pas voulu non plus faire le moindre mal à Angie, il ne sait pas ce qui s’est passé, il ne s’en souvient pas et personne n’a rien voulu lui dire, à part Cormac qui lui a expliqué, pâle et mal à l’aise, qu’il s’était mis à crier, avant de pointer sa baguette sur Rocket pour tenter de la tuer mais c’est ridicule, il n’aurait jamais fait une chose pareille, jamais.
Il est coupable, pour l’attentat. Il est coupable mais il ne s’excusera pas pour ça. Oui, des innocents sont morts et oui, quand il s’arrête pour y penser, quand il arrive à fermer les yeux quelques heures pour dormir, il en a parfois des cauchemars, de silhouettes pâles et sans visage qui l’accusent de les avoir tués alors qu’ils n’avaient rien fait. C’est ce qu’il leur crie au visage d’ailleurs, dans ces moments-là. Vous n’avez rien fait, alors qu’on se battait, alors qu’on crevait de froid et de faim comme des chiens, alors qu’on perdait nos proches pour vous, vous n’avez RIEN FAIT. « --iyama ? » Il relève un regard perdu et croise celui sévère de l’accusation. Millstone, son avocat, se dresse, se racle la gorge et commence à l’excuser, son client souffre de sévère troubles de l’identité à cause de ce que le gouvernement de Vous-Savez-Qui lui a fait subir.

Puis il se lance dans son plaidoyer.


« Vous dites que Mr Moriyama a refusé de servir le gouvernement de Vous-Savez-Qui ? » Le type hoche la tête. Jefferson, il a dit s’appeler, apparemment, il était Oubliator avec Shin. C’est possible, il ne s’en souvient pas. « Ils étaient intéressés par son don de Métamorphomage, ils voulaient qu’il espionne pour eux, mais Shin a refusé en disant qu’il n’était pas fait pour être espion. Mais il n’aurait jamais travaillé pour eux, les Mangemorts ont tué sa sœur lors d’une attaque en juin 1997. » « Joo-Eun Moriyama, décédée le 28 juin 1998 au Chemin de Traverse, c’est bien cela ? » Nouveau hochement de tête. « J’ai entendu deux Rafleurs dire qu’ils se rendaient chez lui, personne n’était dupe quant aux… méthodes que le gouvernement utilisait pour forcer les gens à collaborer, alors je suis allé prévenir Shin que sa famille était en danger, » déclare Jefferson en lui lançant un regard désolé qu’il ne comprend pas tellement. « Quand était-ce ? » « Le 18 octobre 2001, je n’ai plus revu Shin après ça et—j’ai appris pour Emi quelques jours après. » « Emi Moriyama, née Takeuchi, épouse de Chin-Hae Moriyama, tuée ce jour-là par deux Rafleurs au service du gouvernement de Vous-Savez-Qui. Je souhaiterais appeler à la barre Daiki Moriyama, frère de l’accusé et Héro de Guerre, qui possède plus d’informations concernant cette attaque, » déclare son avocat avant de remercier Jefferson, qui se lève et laisse sa place à Daiki.

« Mr Moriyama, vous avez appartenu à l’Armée de Dumbledore, menée par Mr Harry Potter lorsque vous étiez à Poudlard, puis avez choisi de rejoindre l’Ordre du Phénix peu de temps après la mort de votre sœur, Joo-Eun, avant d’intégrer les Insurgés, sous la bannière des Belliqueux, est-ce bien cela ? » « Oui. » « Un groupe que vous avez rapidement quitté, pour rejoindre les Pacifistes et enfin, la Renaissance du Phénix. » « Oui. » « Pouvez-vous m’en dire plus sur les événements qui ont causé la mort de votre belle-sœur ? » Daiki lui lance un regard en coin, inspire et se lance. « Shin est rentré chez lui après l’avertissement de Mr Jefferson et il a trouvé Emi déjà—déjà morte. Deux Rafleurs se trouvaient également là et s’apprêtaient à partir avec Sun. » « Sun Moriyama, la fille de mon client, alors âgée de trois ans ? » « Oui. D’après Shin, les Rafleurs avaient probablement l’intention de les enlever toutes les deux, pour lui faire du chantage, mais Emi s’est défendue et ils l’ont tuée. Shin les a assommés et a récupéré Sun avant de s’enfuir. Nous étions toujours en contact, alors il m’a retrouvé. » « Vous dites que mon client a assommé les meurtriers de son épouse ? » « Mon frère n’a jamais tué personne. » L’avocat esquisse un sourire satisfait.
Nazir les aurait tués, lui. S’il était rentré chez lui pour trouver sa femme morte et sa gosse terrifiée, en train d’hurler à côté, il les aurait tués sans hésiter une seule seconde. Il ne sait pas trop pourquoi, ses poings se serrent et ses entrailles se nouent, alors qu’il la voit, étendue par terre, la petite qui la secoue et— Il siffle et sa main vient frotter sa tempe douloureuse. « Mr Moriyama ? » on l’appelle et il redresse la tête. « Ce n’est rien, » croasse-t-il d’une voix rauque. Daiki lui lance un regard inquiet qu’il ignore, les lèvres pincées. « Pouvez-vous nous dire ce qu’il s’est passé, après vos retrouvailles avec votre frère ? » poursuit son avocat, imperturbable. Daiki semble hésiter, mais il détache enfin son regard de lui et reprend. « Shin ne pouvait pas rentrer chez lui, pas après ce qu’il s’était passé, et il ne pouvait pas non plus rester avec moi, pas avec Sun. Nous avons décidé de leur faire quitter le territoire. Notre famille maternelle vit toujours en Corée, je voulais les envoyer là-bas. Les autres étaient d’accord, personne ne voulait qu’un Métamorphomage tombe entre les mains de Vous-Savez-Qui. » Des hochements de tête approbateurs dans l’assistance. « Mais vous n’avez jamais réussi à quitter l’Angleterre, » affirme Millstone.

Daiki secoue la tête. « Non, des Rafleurs nous ont trouvés avant. Ils nous ont attaqués et Shin m’a confié Sun et m’a dit de la mettre en sécurité. Il est resté en arrière, pour les empêcher de nous suivre et je-- » Sa voix se brise, Millstone prend un air compatissant. « Vous n’avez plus revu votre frère avant de le retrouver dans un cachot de Poudlard, en septembre 2003 ? » « C’est ça, oui. » « Je n’ai plus de questions. » Son avocat s’éloigne et c’est au tour de l’accusation de s’avancer. « Mr Moriyama, vous affirmez donc que le 22 octobre 2001, votre frère a été capturé par le gouvernement de Vous-Savez-Qui ? » demande-t-il et Daiki confirme. « Comment expliquez-vous que ces Rafleurs soient parvenus à vous retrouver ? » Le Moriyama fronce les sourcils et l’accusé fait de même. « Je ne l’explique pas, la zone devait être plus surveillée que nous le pensions, nous avons fait une erreur, » réplique-t-il méfiant, le type hoche la tête. « Est-il possible que les Rafleurs aient été préven-- » « Objection, hors de propos, » déclare sèchement Millstone en se levant de sa chaise. « J’y viens, j’y viens. Mr Moriyama, vous avez quitté les lieux avec votre nièce et n’avez donc pas la moindre idée de ce qu’il s’est passé par la suite, c’est exact ? » Daiki ouvre la bouche, la referme. « Objection, vous insinuez des faits qui ne peuvent être corroborés, » siffle son avocat.
Nazir – non, Shin, Shin - serre les dents. Il tente de leur faire croire quoi, qu’il a permis à ces Rafleurs de les retrouver, qu’il s’est rendu ? C’est ridicule, personne ne peut gober un truc pareil. « Shin m’a confié sa fille et est resté en arrière pour nous protéger, il était seul contre cinq Rafleurs et je n’étais en effet pas présent pour connaître l’issue exacte du combat, mais je suis certain que chacun ici peut l’imaginer, » crache Daiki en se relevant. Des murmures s’élèvent, le calme est réclamé et l’accusation se retire discrètement.

« Mr Millstone, reprenez. » L’avocat s’avance et vient se placer devant le jury. « Toutes les personnes soupçonnées d’avoir été en contact avec mon client à partir du 22 octobre 2001 sont malheureusement toujours en fuite, mais je peux vous apporter la preuve que Shin Moriyama a subi des sévices par des employés du gouvernement de Vous-Savez-Qui. Des sévices qui l’ont mené à être entièrement dépouillé de son identité, pour prendre la place de Mr Nazir Peterson. » D’un coup de baguette, il fait apparaître un large tableau et du dossier soigneusement posé sur son bureau, fait venir des clichés qui s’épinglent tous soigneusement. La première photo montre un dossier dans un piteux état, où les lettres CHIMERA peuvent être lues sur la couverture. L’animation de la photo sorcière montre alors le dossier qui s’ouvre et à l’intérieur, la plupart des pages arrachées, sinon pour quelques annotations et parmi elles, le nom Moriyama. « Ce dossier a été retrouvé au Niveau 9 du Ministère de la Magie, il prouve que mon client a bien été mené au Département des Mystères et y a fait l’objet d’expérimentations. La teneur exacte de ces recherches n’a pu être déterminée, puisque le dossier a été retrouvé incomplet. Il est fort à parier que celui qui a mené ces expériences ne souhaitait pas que son travail tombe entre nos mains. » Un ricanement résonne, suivi d’un « Et voilà qu’on se met à parier, » provenant de l’accusation et le juge est forcé de réclamer le silence. Imperturbable, Millstone poursuit vers les autres clichés.
Ils sont cinq, chacun montrant des parties d’un corps qu’il est en mesure de reconnaître à présent puisque c’est celui de Shin Moriyama, le sien. « Mr Moriyama, reconnaissez-vous ces cicatrices ? » Il doit faire un effort pour se souvenir que c’est à lui que l’on parle. Il s’humecte les lèvres et veut parler, mais sa voix ne semble pas vouloir lui obéir. Il se racle la gorge, tandis que sous le regard insistant de l’audience, la gêne donne une couleur absurde à ses cheveux. « Je—oui, certaines, » répond-il d’une voix faible. « Lesquelles, s’il vous plaît ? » Il fronce les sourcils, se force à se remémorer de ce dont ils ont parlé. « La joue, celle qu’on voit là-- » fait-il en désignant un cliché. « Sur le flanc droit ? » « Oui, et aussi la brûlure, sur la cuisse, et quelques-unes aux genoux et aux mains. » « Ce sont des blessures que vous vous souvenez avoir obtenues lorsque vous étiez un Insurgé, entre le mois d’août 2002 et septembre 2003 ? » « Je crois, enfin—oui, oui, c’est ça. » Millstone lui adresse un sourire encourageant. « Et les autres, d’où proviennent-elles ? » Il se mord la lèvre inférieure. « Je n’en sais rien. » Son avocat hoche la tête, puis fait appel à Nobuo.

« Mr Moriyama, diriez-vous que votre fils était un enfant turbulent ? » demande-t-il. « Non. Très maladroit, mais jamais turbulent. » « Et adolescent, adulte ? » « Toujours très maladroit, mais jamais au point de se faire de telles marques. Beaucoup de bleus, quelques plaies très facilement soignées, la seule cicatrice que je reconnais est celle-ci, » fait-il en désignant le menton de Shin. « Bien, merci. » Le père retourne s’asseoir et Millstone fait face au jury. « Comme vous le savez, un Métamorphomage est parfaitement capable de faire apparaître ou disparaître des cicatrices, mais lorsqu’il est blessé sous l’apparence d’un autre, les traces de cette blessure se reflèteront sur le corps d’origine. C’est pourquoi mon client porte actuellement les cicatrices de plaies obtenues lorsqu’il était Nazir Peterson, entre août 2002 et septembre 2003. » Il marque une pause.
« J’appelle Miss Susan Dillinger à la barre. » La jeune femme se lève et s’avance, s’installe. « Mademoiselle, vous êtes la directrice adjointe de l’hôpital Ste Mangouste, ainsi qu’une experte en pathologie des sortilèges. Lorsque vous avez examiné mon client, vous avez affirmé que la plupart de ces cicatrices étaient dues à des sortilèges chirurgicaux ? » Susan confirme et sans hésiter à montrer certaines cicatrices au niveau de son crâne visibles sur les clichés, explique au jury qu’il s’agit d’ouvertures précises, faites afin d’accéder au cerveau, un procédé qui n’est utilisé que pour les procédures les plus compliquées, puisque la magie permet souvent de soigner sans avoir besoin d’ouvrir. « --J’ai pu trouver ces mêmes cicatrices chez certaines victimes des premiers lavages de cerveaux effectués par le gouvernement de Vous-Savez-Qui. »  Il se frotte le crâne, un réflexe un peu stupide, parce que les clichés sont là et il a vu ces cicatrices mais il ne se souvient de rien, rien et par Merlin, qu’est-ce qu’ils lui ont fait ?
Dillinger retourne s’asseoir, après lui avoir adressé un mince sourire, probablement quelque chose qui veut dire courage ou tiens bon. Les clichés de ses cicatrices disparaissent et c’est Jackson Murray que son avocat appelle à présent. Ça fait quelques semaines que le Psychomage vient lui rendre visite pour évaluer son état et visiblement, il est temps pour lui de rendre son verdict. « Dr Murray, vous avez été chargé de déterminer qui est réellement mon client, que retirez-vous de vos séances avec Mr Moriyama ? » demande Millstone. «  Chin-Hae Moriyama ne sait pas lui-même qui il est. Les différents examens menés par les médicomages de Ste Mangouste appuyés par mes entrevues avec votre client prouvent qu’il n’est pas un espion extrêmement bien renseigné sur Mr Peterson. La quantité de détails qu’il est capable de fournir, ainsi que les souvenirs que les experts Légilimens ont trouvé dans la mémoire de Mr Moriyama montrent qu’il est persuadé d’être Nazir Peterson. J’ignore le procédé exact employé, même s’il est probable qu’il soit le même utilisé sur les différentes victimes de lavages de cerveaux recensées jusqu’à présent, il apparaît évident que Chin-Hae Moriyama a été entièrement dépouillé de ses souvenirs et qu’ils ont été remplacés par ceux de Nazir Peterson, jusqu’à devenir ses souvenirs. A force d’être exposé à l’entourage de Chin-Hae Moriyama, ses souvenirs de cette vie se débloquent peu à peu, mais ils sont ceux d’un autre, à ses yeux. » Sa gorge se noue et sa vue se brouille un peu, parce que Murray est le premier à exprimer à haute voix, clairement, ce qu’il ressent depuis des mois.

Daiki est content, quand il lui parle d’un truc que Shin a fait. Il ne se rend pas compte que ça le tue, parce qu’il voit des fragments de la vie d’un autre et ne comprend pas ce qu’ils viennent foutre là, parce que ce n’est pas sa vie, pas vraiment. « Vous pouvez certifier que toutes les décisions que mon client a prises entre août 2002 et septembre 2003 ont été prises en tant que Nazir Peterson et non Chin-Hae Moriyama ? » « Oui, à ce moment-là, il ne restait plus rien de Mr Moriyama. » « Pensez-vous que mon client sera un jour à nouveau lui-même ? » Murray grimace, visiblement, il n’aime pas l’idée de dévoiler de telles informations face à toute une Cour de Justice. « Si par cela, vous me demandez est-ce qu’il sera à nouveau Chin-Hae Moriyama et rien que Chin-Hae Moriyama, ma réponse est non. Pour cela, il faudrait probablement répéter la même expérience affreuse que le gouvernement de Vous-Savez-Qui lui a fait subir. Je pense que mon patient a besoin de temps, de beaucoup de temps et de séances régulières avec un Psychomage, afin de lui permettre d’être à nouveau quelqu’un, et non deux étrangers dans un seul et même corps. » Ses oreilles sifflent, il ne sait pas si c’est la fatigue, le fait d’être immobile sur cette chaise depuis—depuis combien de temps ? Il a l’impression que ça fait des jours que ce procès a commencé.

Il ne sait pas trop si Millstone est capable de lire dans ses pensées, ou si tout le monde est aussi épuisé que lui, mais ça parle d’une pause et il les laisse l’entraîner dans une petite salle à côté.


Il est de nouveau assis sur cette maudite chaise, les poignets liés et il ne peut s’empêcher de se dire que ce n’est pas sa place. Ce n’est pas lui qui devrait être assis là. Ils n’ont pas des Mangemorts à juger ? S’ils n’en ont pas suffisamment pour occuper leurs journées, peut-être qu’ils devraient l’envoyer sur le terrain, il les ramènera lui, il ira les débusquer et les traînera jusqu’à cette même chaise pour qu’à leur tour, leur vie soit décortiquée devant des inconnus. Il est tiré de ses pensées par une voix familière, redresse la tête et trouve Cormac en train d’être interrogé par son avocat. Alors il fronce les sourcils et s’ébroue pour reprendre le fil de la conversation. « Il se plaignait de certaines douleurs parfois, mais avec la vie qu’on menait—on passait notre temps à se battre, on dormait rarement dans un vrai lit. Enfin on s’est pas posé de questions. » Lui si. Quand la douleur était si forte qu’il n’arrivait pas à dormir, Nazir se demandait ce qui clochait chez lui. Il n’en a pas parlé aux autres parce qu’il était hors de question de devenir un fardeau et surtout, parce qu’il avait peur. Peur de s’être pris un maléfice qui allait finir par le tuer. Ne pas en parler, c’était se dire que ça n’existait pas vraiment. « A aucun moment, Nazir Peterson n’a agi étrangement, fait quelque chose qui ne lui ressemblait pas ? » demande Millstone. « Non, il a toujours été le même. Ça lui arrivait de disparaître plusieurs heures,  parfois un jour entier, mais on le faisait tous pour aller chercher des provisions ou pour se changer les idées. C’était pas toujours facile d’être les uns sur les autres, on avait tous besoin d’aller prendre un peu l’air. » « Et physiquement, vous n’avez rien remarqué, rien d’inhabituel ? » « Je ne suis pas un expert, mais non, Nazir a toujours eu la même tête. On a dû partager une tente plusieurs fois, ou même se réveiller au beau milieu de la nuit et même là, il était toujours Nazir. » Millstone hoche la tête, fait face au jury.
« Ce qui est parfaitement impossible. Aucun Métamorphomage, même en possédant un entraînement exceptionnel et des années d’expérience, n’est en mesure de rester sous l’apparence d’un autre pendant un an, jour et nuit. » Cormac est renvoyé à sa place, nouveau coup de baguette de la part de Millstone et cette fois, les clichés qui sortent de son dossier et s’épinglent au tableau montrent son dos ou plutôt, l’immense tatouage qui le recouvre.

Et il pâlit, parce qu’il sait ce que ça veut dire.

Millstone l’a prévenu. Il lui a dit que ça allait être difficile, mais qu’ils n’avaient pas le choix, s’ils voulaient être certains de lui permettre de quitter ce tribunal en homme libre. Son avocat s’adresse au jury, mais il ne l’entend plus, les yeux rivés sur la porte de la salle d’audience qui s’ouvre et le laisse entrer.

Son corps. Son vrai corps. Pâle, famélique, mené par deux aurors, qui le font avancer, suivis de près par un médicomage. Il ne fixe que lui, mais il entend vaguement des personnes dans l’audience pousser un hoquet horrifié alors que Nazir Peterson est emmené jusqu’au centre de la pièce.

Ou plutôt, ce qu’il reste de lui, soit une coquille vide. « Le registre mentionne que Mr Nazir Peterson a subi le Baiser du Détraqueur le 26 août 2002. Pourtant, sa capture n’a été révélée à personne et aucun procès n’a eu lieu. Mr Peterson a été retrouvé dans une cellule du Ministère lors de sa libération et si la cruauté et le sadisme des Mangemorts présents au Département des Mystères sous le gouvernement de Vous-Savez-Qui n’est plus à prouver, il paraît étrange que Mr Peterson ait été maintenu en vie tout ce temps. Ma conclusion – et c’est également celle de Mr Riggs, expert en magie noire – est que la vie de Mr Peterson avait une utilité. » Riggs s’avance et délicatement, soulève le t-shirt que porte Nazir pour exposer son dos à la vue de tous.
« Comme vous pouvez le constater, le tatouage est identique. » Et il le voit, allongé sur cette table, les dents serrées et les yeux révulsés par la douleur et il peut sentir, il peut sentir oui, les aiguilles qui s’enfoncent, et ça fait mal, ça fait tellement mal. La douleur lui tire un hoquet et il est obligé de s’appuyer sur la rambarde devant lui parce que tout son dos le brûle et il a l’impression qu’on lui détruit le visage à coups de poings et-- « Shin ? Shin, regardez-moi, regardez-moi. » Murray ? Ça y ressemble, péniblement, il redresse la tête et il entend l’audience qui murmure furieusement et quand il balaye la foule du regard il peut voir Daiki qui grimace et Cormac trop pâle et il comprend pourquoi mais il ne peut pas l’arrêter. « Shin, respirez. » Il n’y arrive pas, pas quand ça fait mal comme ça, pas quand-- Daiki. Il reporte son attention sur lui, se verrouille sur ses traits et ses doigts agrippent les bras de Murray alors qu’il essaye, il essaye vraiment de repousser Nazir parce que de toute évidence, il n’est pas Nazir, Nazir il est là, avec son regard vide et sa peau trop pâle et son visage trop maigre et il l’a sa preuve qu’ils ne sont pas tous en train de lui raconter des conneries et que c’est lui qui se trompe et qu’il n’a jamais été réel.

Imposteur.
Espion.
Traître.


Il ne sait pas combien de temps il reste inconscient, mais quand il ouvre les yeux, il y a Daiki qui hurle que c’était une idée stupide et qui traite Millstone de monstre et qui dit qu’ils auraient mieux fait de l’achever. Il ne veut pas entendre ça, il ne veut pas entendre ça, il veut juste que ça se termine, il veut rentrer à la maison.

Mais la pièce qu’il imagine quand il pense à ça, c’est la cuisine du minuscule appartement qu’ils avaient à côté du Chemin de Traverse et c’est son père en train de boire son thé en lisant la rubrique Sport de la Gazette du Sorcier et Angie qui débarque en gueulant qu’ils doivent aller acheter leurs bouquins de cours et que Nazir n’est pas encore prêt et que c’est vraiment qu’une putain de larve et—
Et ce n’est pas ça, la maison. C’est la maison de Nazir et Nazir n’existe pas, il n’existe plus, il n’a jamais été lui et lui il est Shin mais il n’a aucune idée de qui est ce type et la grande maison hantée par le fantôme d’une mère qu’il n’a jamais connue et d’une sœur dont il ne se rappelle plus, ce n’est pas la sienne non plus, mais il veut quand même rentrer, il veut juste ne plus être ici, n’importe où sauf ici.

Il se redresse et se frotte le visage, interrompant les hurlements de Daiki et Millstone qui se précipitent tous deux vers lui, inquiets. « J’veux rentrer, » gémit-il misérablement et son avocat pince les lèvres. « Chin-Hae-- » « J’veux juste rentrer, j’veux—On y retourne, on en finit et—j’m’en fiche, j’veux juste que ça s’arrête, j’m’en fiche de ce qu’ils diront, » qu’il balbutie en se dressant sur ses jambes tremblantes et il chancèle, mais Keiji est derrière lui et le rattrape à temps. « Shin, t’es pas en état de-- » « On y retourne, j’ai dit, » réplique-t-il sèchement.


Il ne le regarde pas. Quoi qu’il arrive, même s’il a désespérément envie de le dévorer du regard, il ne le regarde pas. La coquille vide de Nazir Peterson ne se tient pas debout à quelques mètres de lui, ce n’est pas réel. C’est plus simple comme ça. Riggs se lance dans son explication trop technique, sur les tatouages qui sont parfaitement identiques, à l’exception de l’endroit où le sort d’Angie l’a touché, brisant le sceau et révélant sa véritable identité. Il explique que la présence de magie noire est indéniable et qu’elle entre en conflit avec le don de Métamorphomage de Shin. Il explique qu’il n’y a pas de doute, ce tatouage a servi à le maintenir sous l’apparence physique de Nazir Peterson et que pour cela, ils avaient besoin que le corps originel soit maintenu en vie. Il dit qu’ils n’ont aucun moyen pour l’instant de retirer le tatouage sans causer des dommages irréversibles, probablement même sans entraîner sa mort, puisque celui qui l’a créé s’est enfui avec ses recherches. Riggs ajoute que le sceau a aussi joué sur le maintien des souvenirs de Chin-Hae Moriyama verrouillés, inaccessibles pour l’instant.
Il parle, parle et parle, mais il ne l’écoute pas vraiment, il se contente de fixer un point vide devant lui, tout pour ne pas glisser un regard en coin et risquer de le voir. Son seul réconfort est de se dire que ça fait un moment que l’accusation n’a pas ouvert la bouche, sinon pour poser quelques questions qui n’ont pas grand intérêt, de toute évidence, il a déjà presque abandonné, Millstone a monté son dossier comme un champion. Il tente quand même d’intervenir à nouveau, surtout lorsque son avocat tente d’expliquer que toutes les décisions qu’il a prises entre août 2002 et septembre 2003 étaient celles de Nazir Peterson et que le véritable Stormrage ayant subi le Baiser du Détraqueur en août 2002, Chin-Hae Moriyama ne peut pas être tenu coupable de ses actions.

Le gouvernement de Voldemort est à l’origine de l’usurpation d’identité et de l’espionnage, ainsi que de la tentative d’assassinat sur Angelina Johnson.

Nazir Peterson est à l’origine de l’attentat de Ste Mangouste.

Chin-Hae Moriyama est innocent.

Le verdict est rapidement rendu et c’est avec un sourire triomphant que Millstone regarde les aurors le débarrasser de ses chaînes. On vient l’entourer, le féliciter mais c’est plus fort que lui, il lance un regard en direction du corps qu’ils entraînent hors de la salle. « Ils vont le tuer, » murmure-t-il d’une voix rauque. « Shin, je— c’est pas-- » « C’est pas une vie. Il est déjà mort. C’est pas moi. » Il le sait. Il le sait et pourtant, il a l’impression que c’est lui qu’on emmène se faire exécuter.

Il a l’impression qu’on lui arrache quelque chose.
Une part de lui, la seule qui existe encore vraiment, parce que l’autre, elle a été effacée.
Il a l’impression que c’est lui, qui n’a plus d’âme.
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Well its too late, Tonight, To drag the past out Into the light. We're one but we're not the same. We get to carry each other, Carry each other.
Have you come here for forgivness, Have you come to raise the dead, Have you come here to play jesus To the lepors in your head.
You ask me to enter But then you make me crawl. I cant be holdin on To what you've got, When all you've got is hurt

4 JANVIER 2004 • 8h00 • Cellule de Nazir Peterson • C'était Cormac qui l'avait prévenue: ils avaient retrouvé Nazir. Le vrai Nazir. Baiser du Détraqueur. Mort. Nazir était mort, depuis un an et demi, et elle venait tout juste de l'apprendre. Nazir était mort, alors qu'il avait été là, pendant tout ce temps. Nazir était mort et, pendant tout ce temps-là, elle avait rigolé, partagé, combattu avec un imposteur. Nazir était mort, et elle ne  l'avait jamais su. C'était absurde. Il aurait du s'être passé quelque chose en elle, à la mort de Nazir. Elle le connaissait depuis qu'elle avait, quoi, trois ans ? Voire avant ? L'avait-elle jamais quitté ? Avaient-ils déjà été vraiment séparés ? Certes il était parti à l'étranger, il avait rejoint les insurgés avant elle, ils n'avaient pas passé leur vie ensemble mais... il avait toujours été là. Il y avait toujours eu un lien.
Sauf qu'à un moment il n'avait plus été là, et elle ne l'avait pas remarqué.
Il aurait du s'être passé quelque chose, à la mort de Nazir. Le ciel aurait du se déchirer, le monde aurait du mourir, elle aurait du sentir que quelque chose, quelque part, n'allait plus. Leurs magies auraient du être tellement entrelacées qu'elle n'aurait pas du pouvoir se relever sans lui. Elle aurait du voir les différences, elle aurait du démasquer l'imposteur, et elle n'aurait pas du y survivre. Nazir était mort, et c'était encore une perte dont elle n'aurait jamais du se relever.

D'abord, elle n'avait pas voulu aller le voir. Elle n'avait pas voulu reconnaître le corps. Elle détestait regarder ceux qui s'étaient fait embrasser par un Détraqueur, d'autant plus Nazir. Nazir n'était pas censé être une enveloppe vide, lui moins que quiconque. Nazir était plein, entier, il était chargé de tous leurs souvenirs. Il n'était pas censé pouvoir disparaître, comme ça, fiou. Alors elle n'avait pas voulu le voir. Et puis Cormac l'avait prévenu qu'ils allaient le tuer, encore une fois. Le présenter au procès de Moriyama, l'imposteur, puis l'exécuter. C'était plus juste. C'était ce qu'il fallait faire, tout comme ils l'avaient fait avec McGonagald. Sauf que c'était Nazir, dont on parlait, pas une prof'. C'était Nazir, ils étaient pas censés pouvoir le tuer, comme ça, et avoir raison.
Alors cette fois, elle avait accepté d'y aller. Elle avait demandé à Cormac, puis à Alicia, puis ils avaient déplacé les montagnes habituelles. Rien ne résistait aux belliqueux, quand ils voulaient quelque chose. A huit heures, ce jour-là, elle s'était donc présentée, avant tout le monde, au N2. Il n'y avait presque personne, les horaires de bureau n'avaient pas encore commencé. Bien entendu, Angelina n'avait pas dormi. Elle n'était pas rentrée, non plus. Deuxième nuit qu'elle passait chez Cormac, les yeux grands ouverts, dans ses bras, à fixer le vide sans savoir quoi faire. Elle ne se souvenait pas de ce qu'elle avait fait, la veille. Elle ne se souvenait pas d'avoir fait quoi que ce soit.

Cormac  l'avait guidée jusqu'à la salle où ils avaient emmené Nazir. Il était arrivé plus tôt, juste pour elle. C'était fou ce qu'on pouvait faire lorsqu'on était héro de guerre. Elle avait freiné un nombre incalculable de fois sur le trajet. Elle s'arrêtait juste, parfois, et refusait de bouger, d'avancer, tout en étant incapable de reculer non plus. Dans ces moments-là, Cormac revenait tout simplement en arrière, attendait quelque secondes, lui attrapait la main et la guidait doucement derrière lui, à travers les couloirs du Ministère. Devant la porte, elle n'avait pas réussi à toucher la poignée. Ses bras ne bougeaient pas. Elle était juste inerte, faible, froide. Elle avait lancé un regard à Doxy, un regard paniqué comme il en avait peu vu, et il avait du le faire pour elle : ouvrir la porte qui menait à Nazir.

Angelina aurait du croiser le regard de son ami d'enfance au moment même où elle entrait dans la pièce. Leurs regards auraient du s'accrocher directement. Il aurait du lui sourire comme un con, elle aurait du soupirer, et ils auraient du se vanner. Mais il n'y avait aucun regard à croiser.
Nazir n'était pas Nazir. Nazir n'aurait jamais été capable de se tenir aussi immobile, droit, silencieux. Il y avait toujours eu Angelina, immobile, à bouillonner sans un mouvement, puis Nazir à côté qui gesticulait de partout. Toujours. Mais pas aujourd'hui. Le regard de la belliqueuse glissa sur l'être sans vie qui se trouvait là pour croiser celui du médicomage qui l'accompagnait. Elle sentit aussitôt la violence s'emparer de son corps et elle cracha : « Il sort. » Aucun doute, aucun tremblement dans sa voix. Celle-ci traversa l'air en tranchant le silence, tandis que ses yeux incendiaient celui qui osait exister à côté de Nazir. Il ne devait pas être là. C'était elle et Nazir. Personne d'autre. Elle n'écouta pas vraiment Cormac lui parler, le rassurer. Elle savait qu'elle serait surveillée, durant tout l'échange. Elle s'en foutait.
Il n'avait juste pas le droit d'être là.




La porte se referma sur Cormac et le médicomage. Il ne restait plus qu'eux. Comme une automate, elle s'avança, pris la chaise laissée par  l'homme en blanc, la plaça devant celle de Nazir et s'écroula dessus. Il n'y avait plus qu'eux. « Yo, » lâcha-t-elle, dans le silence. Et le silence, bien entendu, ne lui répondit pas.
Il n'y avait rien à dire.
Elle était là, face au corps vide de l'homme qui l'avait accompagnée tout au cours de sa vie, et il n'y avait rien à dire. Elle se trouvait démunie, comme à chaque fois où il n'y avait rien d'autres à faire que de ressentir. Elle ne ressentait rien. Elle était comme lui, vide, immobile, incapable de prononcer le moindre mot, morte.




Impossible de savoir combien de temps il lui fallu pour ouvrir de nouveau la bouche. Elle avait l'impression que sa langue pesait un tonne. « J'sais pas si tu m'entends. Y en a qui disent que tu peux nous entendre. Si tu m'entends, tu dois sûrement te dire que je suis une grosse bouffonne. » C'était facile à deviner, parce qu'il se disait ça à peu près tout le temps. « La meuf elle arrive, elle débarque, elle fait sortir tout le monde, puis après, elle dit rien. Bah j'te ferais dire que c'est pas facile de te parler, quand tu réponds pas. T'as toujours été le bavard des deux. Tu sais que j'sais pas meubler, moi. Pour ça que je finis toujours par trainer avec des pipelettes. » Elle avait la gorge sèche, si sèche, et pourtant sa langue, comme déliée, se laissait aller à parler, parler, parler, comme elle ne parlait jamais. « Je sais pas ce que je fous là, tu sais. Y a rien à faire, rien à dire, c'est pas comme si je pouvais changer quoi que ce soit. Pas comme si je pouvais te sauver. Cormac me dirait d'aller au procès de Moriyama, au lieu de rester là, avec toi, mais Cormac est con. Et Moriyama est con. Ils sont tous cons, et y a personne qui comprend, y a personne qui sait ce que... » Elle s'arrêta, déglutit, ferma les yeux, inspira. « J'en entends tellement, des conneries, dernièrement. Sur toi. C'est fou tout ce que les gens ont l'air de te connaître, dès que t'es mort. T'as jamais voulu autant de trucs hein, depuis que t'es un légume. Et voilà que Nazir aurait jamais voulu me voir comme ça, Nazir aurait voulu que je protège Moriyama, Nazir aurait compris, Nazir se serait battu, Nazir Nazir Nazir. Putain j'te jure, t'es plus con que jamais, dernièrement. »
Elle avait commencé à pleurer. Elle ne savait pas vraiment quand exactement cela avait commencé, peut-être depuis le début, mais elle pouvait sentir  les larmes dégouliner de son visage alors qu'elle continuait de parler, parler, parler, parler à sa place. Elle n'osait pas le toucher. Elle avait peur de lui faire mal. Elle avait peur qu'il soit froid, elle avait peur de ne rien ressentir, en le touchant. « Tu sais, j'ai oublié tellement de trucs. Y a tellement de trucs qui m'échappent. Poudlard n'est plus qu'un gruyère. J'te parle même pas de notre enfance. Je sais pas c'est quoi, les coups sur la tronche, les traumatismes, le fait que vous avez tous tendance à putain de crever mais... mais j'oublie et... C'est censé être à toi de me rappeler tout ça, tu sais. T'aurais du être là, à mon procès, à dire à tout le monde comment je jouais à l'Auror quand j'avais huit ans. Tu devrais être là, à m'humilier tous les jours avec tes putains de photo de nous travestis. Putain qu'est-ce que tu étais moche en meuf. » Elle ne pleurait jamais, Angelina. Elle en était juste incapable, ce n'était pas dans ses gênes. Surtout pas quand il y avait quelqu'un devant elle. Nazir ne l'avait sûrement jamais vue pleurer, en fait. Ils étaient toujours tellement ridiculement fiers, l'un en face de l'autre. Toujours à jouer au plus fort. « J'arrive pas à comprendre ce que tu fous là, Nazir. T'es pas drôle. » Elle ne sanglotait  pas, ne geignait pas, elle se vidait juste de son eau sans discontinuer, sans arriver à s'arrêter de parler. Deux choses qu'elle ne faisait jamais : pleurer et parler. « J'arrive pas à comprendre comment t'as pu crever, comme ça, comme une merde, tout seul, dans ton coin. J'arrive pas à comprendre comment c'est possible que tu sois plus là. Genre. Je t'ai lâché des yeux, quoi, cinq minutes ? Et voilà que tu te fais attraper par les mangemorts ? On t'a rien appris ou quoi ? Il faut qu'Alicia te refasse des cours ? J'pige pas mec, j'pige pas comment t'as pu... »
Elle sentit ses mains bouger sans qu'elle leur ai rien demandé. Elles s'avancèrent, comme de leur propre volonté, et allèrent trouver celles de Nazir, s'y agrippant, peut-être un peu fort.

C'était chaud.

Comment ça se faisait que ses mains étaient chaudes ?

Elle se sentit se pencher en avant, comme poussée par une force qui la menait vers lui, poser sa tête sur ces deux paires de mains, posées sur ces deux genoux, qui ne bougeaient, qui ne tremblaient pas alors qu'elle n'était plus qu'un vaste amas de sanglots. Elle se sentit geindre, enfin, et gémir, et crier, un peu, de douleur, de peine, d'arrachement.

« C'est pas normal, j'te jure, c'est pas normal, y a un truc qui cloche, tu peux pas être mort alors que je suis encore là. C'est juste que pourquoi toi ? Pourquoi toi et pourquoi pas moi ? Comment ça se fait que je survive à cette putain de guerre, et que toi t'es mort depuis un an et moi ? Moi j'crève quand ils veulent, tu le sais, je crève depuis des années, j'attends que ça, mais non, ils te prennent toi. J'sers à rien, moi, Nazir. La guerre est finie, et j'sers plus à rien. Alors qu'est-ce que tu fous, qu'est-ce que tu fous mort alors que moi- »

Enfin, elle arriva à s'arrêter de parler.
Les larmes, cependant, d'elles-mêmes, continuaient de couler.




Angelina aurait sûrement du finir par se noyer. Elle n'était pas habituée à pleurer, surtout autant, et elle aurait sûrement du se noyer dans toute cette eau, tout comme elle aurait du mourir des  mois auparavant, avec Nazir. Les larmes, cependant, finirent par s'arrêter. Impossible de savoir depuis quand elle était là. Elle avait l'impression d'avoir pleuré pendant une heure. Elle aurait sûrement pu pleurer plus, beaucoup plus, mais c'était comme si la réserve de ses larmes avait eu un fond et qu'elle n'avait juste eu plus rien à pleurer. Elle ne savait pas comment les larmes fonctionnaient. Elle n'était pas du genre à pleurer.

C'était comme de se réveiller après la pire cuite du monde. Le genre de cuite tellement profonde que tu te réveilles à poil à côté de ton ami d'enfance, et que tu te souviens de rien. Cette fois-ci, elle se réveilla à ses pieds, à genoux devant lui, les mains toujours dans les siennes, la tête toujours contre ses jambes. Elle se sentait, soudain, effroyablement faible et ridicule, à genoux et tremblante aux pieds d'un cadavre. Elle ne bougea pas, cependant. Elle ne voulait plus jamais bouger de là, parce que le corps de Nazir était chaud contre le sien, et parce que sa présence l'avait toujours fait se sentir tellement plus vivante.

« Tu sais, depuis que la guerre est finie, je sais plus quoi faire. Y a plus rien qu'est logique. Plus rien n'a de sens. J'ai toujours été celle qui savait quoi faire, tu te souviens ? J'te voyais, hein, quand t'étais comme un con et que tu me cherchais du regard pour une direction à suivre. J'suis la Rocket, j'suis le muscle, j'suis la force en avant mais, putain, qu'est-ce que je suis censée foutre quand t'es pas là, quand tout fout le camp, quand c'est la paix et que pour autant, rien ne va ? » Elle était fatiguée, maintenant. Elle murmurait, doucement, comme calmée. Elle comprenait un peu, à présent, pourquoi les gens pleuraient. Ça épuisait tellement, c'en était presque libérateur.
« Est-ce qu'ils ont raison ? Est-ce que je devrais aller voir Moriyama ? Tu sais qu'il se fait vraiment passer pour toi ? Il paraît qu'il y croit vraiment ? » Elle leva enfin les yeux vers lui, comme pour chercher un signe, une expression quelconque de son opinion sur le sujet. Bien sûr, il n'y avait rien. Elle le connaissait si bien, cependant, que c'était comme si ça résonnait dans sa tête. « Moi tu sais, quand je le vois qui parle comme toi, qui fait comme s'il me connaissait, j'ai envie de lui enfoncer mes poings dans les côtes et de les lui briser une à une jusqu'à ce qu'il ferme sa gueule. » Avec d'autres, elle aurait peut-être ménagé ses propos. Pas Nazir. Il ricanait, lui, quand Angelina était un peu trop graphique. « Et puis, en même temps, j'ai envie de lui arracher tous les souvenirs qu'il a de toi, et j'ai envie, je sais pas, de les remettre à leur place. Et p'tete que... p'tete que ça te... enfin que tu... » Elle ne finit pas sa phrase, renfonce sa tête dans ses genoux, serre la mâchoire, elle ne sent plus calme d'un coup, elle voudrait le lâcher et frapper quelque chose, mais elle est accrochée à ses mains, et elle n'a pas le droit de les lui écraser, alors elle serre juste la mâchoire jusqu'à ne plus rien ressentir, de nouveau.




Il lui fallu encore un long moment avant d'arriver à se calmer. Des minutes de silence dans la pièce vide. Elle n'avait aucune notion du temps. Elle pourrait rester là une semaine, et se laisser dépérir avec lui, si on la laissait faire. Le calme finit cependant par revenir, ses muscles se détendirent, et elle fit glisser un instant la peau de Nazir sous ses doigts. Ils n'avaient jamais été du genre tactiles. C'était bizarre.
« J'sais pas pourquoi, mais les gens ne souviennent pas que tu étais gentil. Genre t'es belliqueux, donc forcément t'es une grosse brute, je sais pas. Ils étaient aveugles. Ils comprennent jamais, de toute manière, que t'avais plus de générosité que de conneries dans ta tête, et Merlin que t'en avais... T'étais gentil. Genre vraiment. Je sais qu'ils sont raison. Que t'aurais cherché à comprendre le Moriyama, même si c'est le plus naze des jumeaux. Et que tu voudrais que je prenne soin de lui, parce qu'il est perdu, qu'il va pas bien, et qu'il doit avoir peur comme t'aurais tellement peur, si on te disait qu'en fait, bah t'es pas Nazir. Sauf que c'est con, parce que t'es inimitable comme  mec. »
Et pourtant, ils avaient réussi, et pourtant, elle y avait cru.
« Mais putain, p'tete qu'ils sont d'accord, et p'tete que tu voudrais ça, mais toi au moins tu sais comme c'est pas facile. J'sais pas prendre soin des gens. J'sais pas être gentille. C'est les autres qui savent. J'sais pas m'occuper de qui que ce soit. La seule avec qui j'ai essayé, c'est Katie, et tu le sais pas, mais ça c'est mal terminé. » Et c'était peu dire. Mais Nazir avait toujours tout compris, même quand elle en disait peu. « Et t'as jamais eu besoin que je prenne soin de toi. T'as toujours géré comme un grand. T'es pas un bébé putain. Alors maintenant je dois jouer la baby-sitter pour les asiat' niais ? Ils croient quoi ? »
Elle disait tout cela, toujours en murmurant, sans hausser le ton, sans même arriver à s'énerver. C'était inutile de s'énerver sur lui. Après, tout, il était mort.
« C'est juste que... il a pas le droit d'oublier. »
Au fond, c'était ça, peut-être, ce qui importait le plus.
« Il a pas le droit de t'oublier. J'm'en fous que sa tête explose, j'm'en fous qu'il oublie le reste, mais il est tout ce qui reste de toi, et j'veux pas que ça meure aussi. J'veux que tout le monde se souvienne de toi. J'veux que tout le monde sache à quel point on est dans la merde, maintenant, parce que tu seras plus là. J'veux qu'ils sachent ce qu'ils ont raté. »
Et peut-être que pour ça, juste pour ça, ça valait le coup de...

« Mademoiselle, c'est l'heure. »

Angelina sursauta, en entendant la porte derrière elle s'ouvrir et la voix, brusque, de l'Auror s'élever. Elle ne comprit d'abord pas ce qu'il se passait, ce qu'on lui cherchait, et pourquoi on venait l'ennuyer. Puis elle se souvint où elle était, quel jour on était, et elle se souvint que Nazir était mort. Elle aurait voulu s'accrocher à Nazir, mais elle n'avait pas le droit, parce qu'elle allait lui faire mal et qu'elle avait une main en métal, et qu'elle pourrait lui briser les os sans le faire exprès. Elle ne le lâcha pas, pourtant, elle ne pouvait pas le lâcher.
« Non ! »
Le cri était sorti de ses entrailles, et elle aurait aimé que ses entrailles soient faites d'acier, et qu'elles claquent avec sévérité mais ses entrailles étaient en miettes, elles étaient une bouille infâme qui ne firent que produire un gémissement faible. Non, ne me le prenez pas.
« On vous a expliqué ce qu'il se passait ensuite, on va l'emmener au procès maintenant. Lâchez-le, s'il vous plait. »
Elle entendait ses chaussures avancer mais elle s'en fichait. Elle s'accrochait, oubliant tout de son honneur, de son orgueil, et de ce quelque chose qui faisait qu'elle refusait qu'on la voie en état de faiblesse. « Non, » couina-t-elle encore. Si elle se collait assez à lui, si elle se confondait avec ses jambes, si elle disparaissait dans ses mains alors ils ne pourraient jamais les séparer, ils seraient obligés de les emmener ensemble, tout du long, jusqu'au bout. « Lâchez-le. » Elle ne prit pas la peine de répondre, cette fois-ci, parce qu'elle n'était pas là, elle n'existait pas, elle avait les yeux fermés et la bouche bloquée par le contact de ses jambes contre son visage. Elle ne le lâcherait pas, pas cette fois.




Andrew n'était pas un mauvais Auror. Il n'était pas un mec méchant, ni même particulièrement brutal. Il essayait de faire son métier, juste son métier, le plus souvent. Il n'aimait pas travailler aux procès, parce que c'était toujours sale. Et ce jour-là, c'était encore plus sale que d'habitude. Ce n'était pas la première fois qu'il avait du séparer quelqu'un d'une victime du Baiser du Détraqueur. Il aurait voulu pouvoir s'y habituer. Et en même temps, il espérait ne jamais devenir assez insensible pour s'y habituer.
On l'avait prévenu, pour Angelina Johnson. Elle est violente, elle est sanglante, elle est dangereuse. On lui avait raconté son procès. Il avait un peu peur d'elle, pour tout avouer. Il s'était attendu à devoir se battre bec et ongles avec une lionne, un dragon vengeur et violent. Elle avait une main en métal. On l'avait prévenu, qu'elle pourrait s'en servir, et qu'il s'en sortirait pas avec son nez entier. Elle avait un regard incendiaire, qu'on lui avait dit. Elle va jusqu'à t'enfoncer les dents jusqu'au sang, ça aussi il l'a entendu.
Pourtant, lorsqu'il s'approcha de l'amas tremblant aux pieds de Nazir Peterson, il ne trouva aucune guerrière. Il  ne trouva qu'une petite fille qui s'était mise à pleurer, et qui geignait, et qui marmonnait des phrases incompréhensibles, alors qu'il lui demandait encore de lâcher. Il s'accroupit à côté d'elle, soudain gêné de découvrir ce monstre de guerre aussi faible contre ce qu'on lui avait présenté comme étant son ami d'enfance. Une histoire abominable, ce Nazir Peterson.

Il la saisit par les aisselles et la tira en arrière, et c'était comme si elle glissait. Elle ne lui opposa presque aucune résistance.  Elle était lourde, inerte. Il se demanda un instant si elle était morte, alors qu'il la posait quelques mètres plus loin. Cependant au moment même où il la lâchait elle se mit à bouger. A quatre pattes, elle retourna aux pieds du témoin, et s'y accrocha encore.
Une nouvelle fois, ce fut excessivement simple de la déloger. Elle n'avait plus de force, semblait-il. Une forme d'épuisement étrange, comme un abandon. Et pourtant, dès qu'il la lâchait, elle revenait immanquablement vers lui.
Et elle pleurait. C'était terrible comme elle pleurait. Comme une enfant.

Heureusement, Daniel ne tarda pas à arriver, avec Louis, et ils purent récupérer Nazir Peterson pendant qu'Andrew continuait de tenir les restes d'Angelina Johnson. Il pouvait sentir chacun de ses muscles, malgré l'absence totale d'énergie. Elle était forte, la Johnson, et pourtant il avait l'impression de retenir un petit enfant lorsqu'elle se mit à geindre en voyant l'image de son ami d'enfance s'évanouir dans le cadran de la porte. Et enfin, enfin, il arriva à comprendre ce qu'elle chuchotait.

« Ne me le prenez pas, ne me le prenez pas, laissez-le moi, le prenez pas, je veux le garder, pas lui, pas encore un, pas un autre... »

Elle se recroquevilla sur elle-même à ce moment-là, et il n'arriva plus à entendre ce qu'elle dit par la suite. Un enchevêtrement de noms, sûrement. Il reconnu celui de Georges Weasly, un Johnson, et puis Edouard Douglas, et puis un autre nom, qu'elle répétait en boucle, comme un claquement de dents. Kitty ?

Il resta là, avec l'enfant dans les bras un long moment, muet. Le procès n'allait pas tarder à se terminer, se dit-il. Il n'avait pas vraiment envie d'y retourner, c'était horrible là-bas. Alors il resta là, avec l'enfant dans les bras, à attendre qu'on vienne la chercher.

On finit par venir. C'était Léopoldine Turner, la gérante du Chaudron Baveur. Il ne savait pas qu'elle connaissait Angelina Johnson, ni Nazir Peterson. Pourtant, elle avait l'air toute aussi faible que l'enfant, si c'était possible. Elle resta un moment au pas de la porte, à regarder la petite chose repliée sur elle-même, dans les bras de l'Auror.

« C'est fini. Allez, viens, on rentre. »
Le petit être dans ses bras se releva au son de cette voix, posa un regard vide sur l'autre jeune femme, et demanda dans un murmure.
« Il est mort ? »
Léopoldine Turner hocha doucement la tête.

Alors, après un silence de plusieurs secondes, Angelina Johnson se releva, vite suivie par Andrew, qui ne savait plus où se mettre. Il la regarda s'avancer vers celle qui était venue la chercher, lui prendre la main, et il les observa s'en aller doucement, comme ça.
Nazir Peterson était mort.




ETE 1989 • Chaudron baveur • « NAZIR ! ATTRAPE ! ATTRAPE ! » Nazir, du haut de ses onze ans, courrait dans la cour arrière du Chaudron Baveur comme un dératé, pour essayer d'attraper le Souaffle qu'ils avaient réussi à chiper. Cela faisait une demi-heure qu'ils hurlaient dans la cour, à jouer aux joueurs de Quidditch, et à s'engueuler parce que, bien sûr, le vainqueur trichait toujours. Et cette fois-ci, c'était Angelina qui riait comme une folle. « TU L'AS ENVOYÉ TROP LOIN ! » Le rire triomphant d'Angelina s'évanouit alors que, en effet, elle réalisa que le Souaffle allait un peu plus loin que prévu, un peu après le large cerceau qu'ils avaient accroché dans un coin en tant que but. « Oh non. »
SBLAM.
Une des vitres du Chaudron Baveur venait de voler en éclats, traversée par le Souaffle un peu trop vif d'Angelina. Les deux enfants grimacèrent en même temps, la même grimace qu'ils ont depuis des années, parce qu'ils sont depuis longtemps les deux face de la même pièce, et qu'ils ont toujours fait leurs conneries ensemble. Nazir trottina vite près d'Angie, un peu paniqué. « Tu sais si y a... » Elle savait, bien entendu, de qui il parlait. Elle bougea énergiquement la tête de droite à gauche.« Nan, j'crois qu'elle est aux courses, il doit y avoir que Tom. » Ils soupirèrent de soulagement tous les deux. Si ce n'était que Tom, alors...

La porte arrière de l'auberge s'ouvrit brusquement et, malheureusement, Léo était visiblement rentrée plus tôt que prévu. Ils eurent tous les deux un mouvement de recul, trois pas pour être exact, alors qu'un regard à la fois incendiaire et calme se posait sur eux.
« Encore vous ! » Ils déglutirent. Léopoldine Turner n'avait qu'un an de plus qu'Angelina, et à peine deux de plus que Nazir, et le plus souvent ils se foutaient bien de son opinion, et ils aimaient bien jouer avec elle, mais c'est juste qu'elle faisait vraiment peur quand ils faisaient des conneries dans l'auberge. « Mais vous vous croyez où ? » Aussitôt, Nazir voulu ouvrir la bouche, sûrement pour dire une connerie, et fut arrêté immédiatement par la main intransigeante qu'Angelina posa sur sa bouche. Ta gueule, disait son regard. Qu'est-ce qu'elles pouvaient être rabat-joie, ces filles...
« Allez, vous allez me passer une heure dans un coin de la grande salle, et après je vous laisse toute la vaisselle ! » Cette fois, ce fut Angelina qui voulu ouvrir sa grande bouche pour s'indigner, parce qu'elle avait déjà fait la vaisselle la veille, et qu'elle exagérait quand même et que- mais ce fut la main de Nazir qui, cette fois-ci, alla se plaquer contre sa bouche. Et son regard disait Ta gueule, lui aussi.

Léopoldine les regarda un instant, ses deux idiots, à se fusiller du regard et à s'empêcher de parler l'un l'autre de parler. Elle était fatiguée d'avance, de savoir qu'ils ne tiendraient pas dix minutes avant de s'accuser l'un l'autre d'avoir cassé la vitre. Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire d'eux. Elle ne savait pas, surtout, comment ils allaient faire si un jour ils en venaient à devoir vivre l'un sans l'autre.
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Theodore Nott
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‹ âge : vingt-quatre ans. (21/06)
‹ occupation : un ancien langue-de-plomb, désormais un Mangemort en fuite.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1991 et 1998.
‹ baguette : m'a été rendue par Mafalda. Vingt-deux centimètres virgule trois, ventricule de dragon (boutefeu chinois) et bois de chêne rouge.
‹ gallions (ʛ) : 4364
‹ réputation : je suis un déchet, un étudiant qui a un jour été prometteur, et n'est plus que l'ombre de lui-même.
‹ faits : j'étais un Mangemort défectueux, déterminé mais sans passion. J'ai été capturé par Blaise et Draco peu avant la Bataille et ai passé deux mois dans les cachots de Poudlard à additionner les crises de manque et quelques crises cardiaques sympathiques, dues à mon addiction à l'Orviétan (Excess).

J'ai été condamné au Baiser du Détraqueur quelques jours avant l'abolition de la peine de mort. J'ai été condamné à perpétuité à la place. Je me suis évadé d'Azkaban avec Penelope Clearwater, avec l'aide extérieure de Percy Weasley et vit désormais la vie du parfait moldu.
‹ résidence : dans un petit cottage sorcier posé.
‹ patronus : impossible à invoquer
‹ épouvantard : des milliers frelons qui tournent autour de lui et l'achèvent; la résurrection de Voldemort; le cadavre de sa filleule Cat.
‹ risèd : l'indépendance, une vie paisible et sans remous, aux côtés de Nephtys.
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(05 JANVIER 2004.)Ah, you do clean up nicely. C'est vrai que ça te donne l'air d'avoir douze ans, le manque de barbe. Ça m'arrangerait beaucoup que tu aies douze ans.Falsifiez mes papiers. J'ai essayé. Tu te sens prêt? ” Theodore ne se sentait pas prêt. “ Oui.Et ça commence déjà à mentir! Bravo. Allez. Sois courageux, Theo. ” La sincérité étrange de Darren fait cligner des yeux à Theodore, qui l'observe longuement avant d'hocher la tête. Le sourire de travers que lui adresse son sorcier de la défense ne le rassure pas plus que ça, mais il finit par se laisser guider par les deux Aurors qui l'amènent dans la salle d'audience et le forcent à s'asseoir sans douceur sur la chaise au milieu, les chaînes ne tardant pas à s'enrouler autour de ses bras nus, le métal froid désagréable au contact de la peau. Theodore les observe un instant, la Marque bien silencieuse en dessus qui gracie encore sa peau blême de son encre noire. Puis il lève les yeux.
Il passe devant le Magenmagot, dont le Président-Sorcier l'observe avec grand mépris et dégoût, ce qui lui indique déjà que ça va être une longue séance. Il y a peu de monde dans les gradins, si ce n'est les juges, mais il croise le regard de Nephtys et c'est plus fort que lui, il serre les poings et ses bras ont un spasme, comme si il espérait détruire les liens qui le retiennent pour aller la voir. Il tente un sourire, en vain. Finalement, ses yeux retournent sur le Président-Sorcier quand celui-ci annonce la séance ouverte, laissant la parole à l'accusation. “ Theodore Nott, vous comparaissez devant le très honorable Magenmagot pour les chefs d'accusation suivants: collaboration avec un régime totalitaire, association de malfaiteurs, assassinats, possession de ‘Rebut’, pillages de biens publics et privés, tortures et exécutions d'otages, autant d'actes que ne justifient pas les exigences militaires. Vous plaidez coupable avec circonstances atténuantes. Monsieur Nott?Euh... oui. C'est ça. ” Son plaidoyer lui semble plus ridicule que jamais, en cet instant précis, mais c'est bel et bien ce que Darren lui a recommandé; et il préfère mille fois s'en remettre à son sorcier de la défense plutôt qu'à son propre instinct qui lui hurle de se rouler en boule parterre, de plaider coupable de tous les crimes qu'on veut bien lui mettre sur le dos et de se laisser faire, juste se laisser faire. Il s'en fiche, il veut juste que ce soit fini.

J'appelle à la barre Luna Lovegood. Vous ne manquerez pas de reconnaître une héroïne de cette guerre, qui s'est battue contre l'injustice et l'oppression en compagnie de la Renaissance du Phénix et qui doit sa vie à un Mangemort, un proche de l'accusé, Draco Malfoy. De la part de l'accusé, pourtant, mademoiselle Lovegood n'a jamais pu espérer de compassion. Il a tué, de sang-froid, son père lors d'un rite inhumain destiné à lui faire prendre, deux mois plus tard, la Marque des Ténèbres. ” Theodore a l'impression que tous les regards de l'assistance se tournent vers son avant-bras qui le brûle plus que jamais, une impression fantôme sans aucun doute. “ Mademoiselle Lovegood, merci de vous être déplacée, nous ne vous retiendrons pas longtemps, j'ai cru comprendre que vous aviez un enfant en bas-âge. ” Theodore ne peut s'empêcher de cringe à la mention de l'enfant en question, et il voit Darren rouler des yeux lui aussi. “ Lesath. C'est son nom, ” dit simplement Loony, ses yeux fixés sur Campbell avec la même froideur à laquelle Theodore avait été confronté, toutes ces années auparavant... une éternité auparavant. Lesath. C'est un nom... particulier. Un nom d'étoile. Theodore se demande bien qui est le père, certainement pas un Black... “ Connaissiez-vous l'accusé à l'époque de Poudlard? Comment était-il? Oui mais il n'était ni de ma maison, ni de ma promotion. Il était calme, plutôt silencieux. Très studieux. Il était tout ça mais pas bizarre. La seule fois où il a été bizarre, c'est cette fois avec Hermione: mais il était infesté par les Joncheruines, j'imagine que ça ne compte pas. Il était gentil aussi: c'était assez rare qu'on m'écoute et qu'on me fasse la conversation, à cette époque. ” Gentil. Gentil. Theodore fait les gros yeux. Il n'est pas gentil. Il ne sait pas pourquoi mais il a l'impression que c'est une insulte, de la part d'une personne comme Luna. “ L'avez-vous revu par la suite? Non. Parfois au manoir Malfoy ; d'autres durant la guerre... Mais jamais comme à Poudlard.  ”
Theodore ne veut même pas penser à Poudlard. “ Vous savez désormais à quel prix l'accusé a pris la Marque. Et vous savez qu'un de ses proches, Malfoy, vous a sauvée, aidée, a rejoint le camp de la RDP à un moment critique... à la lumière de ces informations, comment expliquez-vous que l'accusé ne l'ait pas fait? Oui. Je connais ce prix... mais je ne comprends pas le rapport avec Draco Malfoy, maître. Sa famille a-t-elle possédé des rebuts? ” Les sourcils de Campbelle se hissent sur son front. “ La famille de l'accusé? Oui. Son père a fait l'acquisition d'un Rebut, monsieur Marverick Rowle, le cinq mars 2001, et en a transféré la propriété à son fils. Rowle est mort lors de l'exécution en masse des Rebuts. Comme vous le savez, les familles propriétaires de Rebuts étaient tenues de mal entretenir leurs... propriétés, si j'ose dire. Le dossier Nott montre que l'accusé se mettait à coeur joie de malmener monsieur Rowle. Comment expliquez-vous cette différence de comportement avec le garçon... gentil que vous connaissiez à Poudlard? ” Silence pendant un instant. “ Oh... ” Les yeux céruléens se fixent sur lui avec une froideur et une brutalité inattendue. Theodore essaie de gigoter sur sa chaise — en vain. “ Je... Il s'est laissé mourir finalement. Il s'est juste laissé mourir.

Pourquoi est-ce qu'elle ne le lâche pas du regard?

Uh. J'en ai fini avec le témoin. ” Theodore ne sait pas d'où vient la honte qui s'installe sur son visage, l'embarras terrible et ignoble qui infeste ses joues d'un rouge traître. Il aimerait lui hurler de se taire, ou de reprendre ses mots; mais déjà Campbell laisse place à Darren qui, avec un sourire incertain, s'approche du témoin avec sa confiance indolente. L'accusé baisse les yeux, parce qu'il a peur, parce qu'il déteste aussi la sensation du regard de Loufoca sur lui. Il aimerait demander à ce qu'elle parte. “ Une simple question de ma part, mademoiselle Lovegood. D'après vous, mon client a-t-il eu le choix de tuer votre père? ” Pendant un instant interminable, elle ne dit rien, et Theodore pince des lèvres, sentant une rougeur traîtresse lui monter au visage, son coeur battre trop fort et trop vite dans son cou. Il a levé les yeux à la formulation de la question, et le regrette désormais: Loufoca a les yeux rivés sur lui, puis le bleu céruléen passe à son sorcier de la défense, puis à lui à nouveau, et Theodore a envie de lui murmurer de répondre, de cesser de le hanter telle la Dame Grise. Enfin, ses yeux s'accrochent autre part.
Enfin, ils retournent sur lui. “ Mademoiselle Lovegood? Nous faisons tous des choix, le sien a été de prendre la Marque. Mais... mon père ou quelqu'un d'autre, je suppose qu'il aurait toujours été accompagné par les Mangemorts Lestrange et Rookwood alors je ne sais pas. ” Theodore revoit la chambre d'hôtel, le regard hagard de Lovegood, son corps mort ensuite. La dureté de Lestrange, la politesse amiable de Rookwood. Il s'en souvient. Il se souvient aussi avoir tremblé, au dernier moment, et s'être empêché de vomir.
Il se souvient de la douleur de la Marque, du sourire de Penelope, fière, fière d'arborer la Marque du Seigneur, comme un chien porte celle de son maître. Il se souvient de la douleur, de la Magie Noire, de la sensation de puissance. On ne lui a pas demandé s'il regrettait, et il ignore sa réponse parce qu'après tout, il a survécu, il est en vie. Ça ne semblait pas être un prix si cher à payer à l'époque. Ses yeux balayent l'assistance et s'accrochent à ceux de Nephtys, un instant, avant de se reposer sur Darren qui sourit gentiment à Lovegood. “ En toute honnêteté, avez-vous en vous le coeur de lui pardonner? ” Ses yeux sont si bleus et si brillants. “ Je suis désolée Theo mais non. Je ne pourrais jamais te pardonner ça. Je ne suis pas celui qui demande ton--L'accusé restera silencieux. Premier avertissement. ” Theodore se tait. Il détourne les yeux. “ Vous aimiez votre père, mademoiselle Lovegood. Mon client aimait le sien. Mais malheureusement, nous ne pouvons pas choisir dans quelle famille on naît, ni quel exemple prendre dans ce monde. Objection, il témoigne! Je retire ce que j'ai dit. J'en ai fini avec le témoin.

J'appelle Nelson Khan à la barre. ” La silhouette recroquevillée et pathétique de Nelson Khan est bien la dernière chose que Theodore a envie de voir en cet instant précis; il ignorait même qu'il allait être appelé à la barre, et la surprise est autant amère que méprisante. “ Parlez-nous de votre relation avec l'accusé. J'étais employé au Département des Mystères avec lui. Nous n'étions pas à Poudlard ensemble, j'étais dans la promotion au-dessus de lui. Malgré cette année de différence, vous avez fini votre apprentissage ensemble, pourtant, et êtes devenus tous les deux Langue-de-Plombs au même moment. Oui. Avec Draco Malfoy notamment. Et vous n'avez jamais pris la Marque. Non. Pourquoi? Je sais déjà tout de l'oppression. Êtes-vous de sang pur?Est-ce que je peux savoir quel est l'intérêt de cette série de questions? J'essaie d'établir les différences entre l'accusé et le témoin. Monsieur Khan? Non, ma mère est une moldue. ” Theodore ne peut pas s'empêcher de renifler, plus par habitude qu'autre chose. Les yeux de Khan sont rivés sur le sorcier de l'accusation mais il le voit tiquer; ils ont été plus ennemis, et rivaux, qu'amis mais tout de même, vendre son collègue comme ça... Theodore sait, pourtant, qu'il ferait la même chose contre lui. Et il comprend le ressentiment qu'il peut éprouver à son égard.
L'accusé a été installé dans un bureau un mois avant vous, il a rapidement été promu... estimeriez-vous qu'il était une meilleure Langue-de-Plomb que vous? Non. Comment expliquez-vous cela alors? Il était... proche du Directeur du Département. Monsieur Rookwood.Le même Augustus Rookwood qui a été mentionné plus tôt dans le témoignage de mademoiselle Lovegood?Oui. Il était proche aussi d'une autre Langue-de-Plomb... Bones, Angus Bones. C'était son mentor parmi les Mangemorts. Pensez-vous que le fait que l'accusé porte la Marque et ait été Adhérent ait pu favoriser sa promotion? J'imagine. Il hausse les épaules. Je sais qu'il est allé à Serpentard. C'est un ambitieux. ” Theodore sent, un peu malgré lui, le bout de ses oreilles devenir brûlant et rouge. “ Vous n'avez pas pris la Marque, en sachant que ça aurait pu aider votre carrière. Pourquoi?Je n'allais devenir le chien de compagnie de personne. Et je n'avais pas besoin de ça. Vous pensez que c'est la seule raison pour laquelle l'accusé aurait pris la Marque? Non. J'ai travaillé avec lui. C'est un lâche. C'est pour ça qu'il a pris la Marque.

L'embarras laisse place à la colère, et Theodore n'entend pas la fin du témoignage.
Il n'a jamais aimé Khan. Il est odieux, arrogant, trop intelligent à son goût et il a des manières empruntées qui réveillent chez lui un dégoût enfoui profondément depuis longtemps. Ses mains se crispent sur les accoudoirs et il se force à réciter quelque série de nombres pour ne pas parler, ou ne pas s'évanouir, ou ne pas simplement perdre face; il est tiré de ses pensées quand Khan quitte la barre, après le rapide contre-interrogatoire de Darren. Le juge annonce quinze minutes de pause, et imperceptiblement, les liens autour de ses avant-bras se desserrent, en écho à ses muscles qui arrêtent de se tendre. Il observe Loufoca quitter la pièce, et ne pas revenir.

Quinze minutes plus tard, les quelques rares qui ont quitté les bancs de l'audience reviennent, le jury au complet puis le juge. Nephtys est restée, et Theodore l'a regardée, et ils n'ont rien dit. Darren, en revanche, a essayé de le faire parler; en vain. Il n'arrive pas à se débarrasser de l'horrible honte, du sentiment terrible de culpabilité embarrassante qui le ronge depuis le témoignage de Loufoca. Il n'est pas habitué à tous ces regards fixés sur lui. Il veut juste qu'on le laisse partir. Le juge annonce la séance réouverte et son avocat de la Défense se lève pour commencer à appeler ses témoins. “ J'appelle mademoiselle Mafalda Weasley à la barre. ” Elle n'a plus l'air si grande, désormais, songe Theodore. Elle a toujours sa tignasse couleur paille et ses yeux céruléens et son air affable qui cache quelque chose; Theodore sait qu'elle est hypothétiquement de son côté, mais il a quand même intensément peur. C'est pas comme si il avait essayé de la tuer à plusieurs reprises... mais un peu quand même. On lui demande de décrire leur relation, elle raconte qu'ils se connaissaient superficiellement à Poudlard et qu'ils se sont revus deux fois durant la Guerre, puis à Poudlard. “ Comment décrieriez-vous les changements que vous avez pu observer pendant vos rencontres? Comparé à l'étudiant qu'il était avant? ” Theodore pince des lèvres. Elle le déteste. Elle doit le détester. Il a essayé de la tuer à de nombreuses reprises... et il lui doit aussi trois fois sa vie, ce qui est insupportable. “ Euh… Je dirais qu’il était un peu comme… un peu comme ce à quoi on s’attendrait d’un Mangemort. Enfin ce à quoi je m’attendais quoi… plus froid… Euh c’était devenu un bon petit soldat, vous voyez ? Prêt à accomplir sa tâche quoiqu’il arrive. C'était difficile de déterminer la différence avec le Theo étudiant, parce que, bah, je l'ai pas vu suffisamment longtemps en fait. J'avais l'impression d'être face à une personne totalement nouvelle…jusqu'à Poudlard…j'crois que j'ai revu un peu de ce Theo là dans son cachot. On oublie vite l'âge des gens pendant la guerre… j'ai deux ans de moins que lui et même moi parfois j'oublie… mais justement quand on sort du contexte de batailles, de duels… on revoit le fait que nous tous on a été jeté dans la guerre à peine sortis de Poudlard…Est-ce qu'on peut vraiment être entièrement tenus responsables de nos actes ? ” Darren lui a dit de ne rien dire, quoiqu'il arrive, à moins d'y être invité. Là, il a juste envie d'applaudir. Il ne sait pas trop comment le sorcier de la défense a convaincu Mafie de pas être complètement haineuse... ou alors elle dit vraiment ce qu'elle pense, il ne sait pas trop. C'est un peu louche. “ Est-ce que cela vous a surpris qu'il prenne la Marque et devienne un Mangemort. Oui. Peut-être que ça aurait pas du mais oui. C’était pas quelqu’un de très impliqué, ni de très sociable à Poudlard. Je sais pas j’le voyais pas forcément rejoindre un groupe comme ça, être soumis à Vous-savez-qui. Et puis surtout…enfin… j’étais pas très objective à Poudlard je suppose, mais j’le voyais pas foncièrement mauvais alors forcément ça m’a beaucoup surpris de le voir prendre la Marque. Ça m'a déçue aussi. ” Il s'en fiche qu'elle soit déçue. Il s'en fiche complètement, d'elle, de son opinion, de tout. Il s'en fiche, mais quand même. Ça le dérange au fond, qu'elle dise ça. Il gigote sur son siège.
 Vous lui avez sauvé la vie dans les cachots de Poudlard. Pourquoi? Qu'est-ce qui a motivé votre geste? Quand vous appelez à l’aide pour sauver quelqu’un qui est en pleine crise cardiaque, vous réfléchissez pas trop à pourquoi vous le faites, vous savez. C’est un réflexe un peu, il est loin d’être parfait, mais ça veut pas dire qu’on doit le laisser mourir comme ça. Et puis j’imagine que j’pensais qu’il méritait pas de mourir tout court. —   Pensez-vous qu'il mérite de la clémence?J’pense pas que ça soit le pire d’entre eux. J’ai des raisons d’avoir mes propres griefs contre lui et pourtant j’ai pas envie de le voir condamné trop sévèrement. On peut pas condamner tout le monde de la même manière, mettre tout le monde dans le même panier, enfin je crois pas, c’est pas comme ça que je vois la justice en tous cas. Il était Mangemort, forcément il a fait des trucs de Mangemorts, mais il faut prendre en compte toutes ses circonstances personnelles. Aujourd’hui encore je crois pas qu’il soit foncièrement mauvais.

Darren se retire, le sorcier de l'accusation prend sa place, l'air un peu... pas perdu, mais consterné, comme si il ne savait pas exactement par quelle bout prendre la situation. “ Décrivez à la cour votre deuxième rencontre.Après Poudlard? J’étais toute seule dans la forêt de Daeva et hm j’ai failli me prendre un sort en pleine face, il était masqué du coup je savais pas que c’était lui, on s’est un peu battu et puis il m’a révélé son identité et j’ai flanché un instant alors il m’a eut. Il allait m’achever, mais parce que la dernière fois qu’on s’était vu, je l’avais épargné, il a pas pu. Il a donc essayé de vous tuer, de sang-froid? Je suis pas dans sa tête, je peux pas savoir s’il avait pas de remords, de doutes. Mais il allait me tuer, oui.Pourquoi, d'après vous? Y avait un Détraqueur derrière lui - qui est d’ailleurs venu nous attaquer juste après - peut-être qu’il voulait juste m’éviter ce sort-là. Peut-être qu’il me déteste. Peut-être parce qu’il était loyal à qui il avait donné son allégeance. À ce moment-là, j’étais une rebelle et lui un fidèle du gouvernement, il a pas agi différemment de n’importe quel autre Mangemort. Et puis quelqu'un d'autre à ma place, un Phénix pourquoi pas, l'aurait parfaitement tué de sang-froid aussi juste pour la marque sur son bras. C'était la guerre.
C'était la Guerre. C'était juste la Guerre; ils n'avaient pas le choix, ni l'un, ni l'autre, n'est-ce pas? Mafalda est congédiée.

Si il y a bien quelqu'un que Theodore n'attendait pas à son procès, c'est bel et bien Gregory Goyle, of all people. Il a l'impression de ne pas l'avoir vu depuis la fin de Poudlard, depuis la mort de Vincent; ce n'est pas vrai, évidemment, ils se sont croisés à de nouveaux reprises après ça, Theodore a assisté à presque tous ses matches et ses légendaires prises de tête avec Draco ont parfois incité Theodore, quand lui et Malfoy vivaient encore ensemble, à prendre un côté ou l'autre. C'est un étranger, pourtant, qui se lève et se traîne jusqu'à la barre; un étrange qui balaie d'un regard hagard l'assistance, ses yeux bleus injectés de sang ressortant plus que jamais sur sa face blême. “ Est-ce que vous diriez que vous connaissez bien l'accusé, monsieur Goyle? ” lui demande Darren après que Gregory ait expliqué à la cour leur relation, parfois tumultueuse, de ces dernières années. “ Je ne sais pas. Vous le connaissez depuis votre première année à Poudlard, n'est-ce pas?Oui. Vos pères ont travaillé ensemble, vous le connaissiez d'avant, je me trompe? Non. Oui. Enfin- non, vous vous trompez pas. Ouais.Vous l'avez vu grandir. ” Theodore voit du coin de l'oeil Campbell brusquement sauter sur ses pieds. “ Si monsieur Herondale voudrait bien cesser de gaspiller le temps de la cour, l'accusation en serait reconnaissance. Il a raison, Herondale, venez-en aux faits. Oui, votre Honneur. Monsieur Goyle, comment décrireriez-vous la relation entre l'accusé et son père? Quel rapport avec le procès en cours? Quel rapport? C'est un rapport crucial, et un témoignage plus important encore dont l'idée a déjà été abordée dans le témoignage de votre témoin, Luna Lovegood. Off the record, vous avez retiré-- Messieurs, s'il vous plaît. Herondale, venez-en au fait. Oui, monsieur.
La tension de la silhouette de son sorcier de la défense ne rassure pas Theodore; Darren lui tourne le dos mais il voit, de là où il est, la crispation de ses épaules et le muscle maxillaire qui joue sous la surface de sa peau. “ Monsieur Goyle, pensez-vous que le père de l'accusé aurait pu l'inciter à prendre la Marque?Oui. C'est- c'est un honneur, de prendre la Marque. ” Theodore se demande quand Goyle a perdu tant de poids et depuis quand il ressemble à une petite proie recroquevillée sur sa chaise, sur la défensive, ses yeux trop clairs passant d'un visage à l'autre sans s'arrêter. “ Vous avez dit que vous étiez... similaires, enfants. Vous venez du même milieu, vos deux mères sont mortes quand vous étiez jeunes, vous avez été élevés par vos pères, presque en autarcie. Son père avait la Marque, pas le vôtre. Pensez-vous que l'exposition à la Magie Noire aurait pu corrompre l'accusé? Objection, le témoin n'a pas l'expertise pour répondre à cette question. Je sais pas. Je sais pas. Theo est bizarre, il est différent, il a toujours été bizarre, il a toujours été différent, je sais pas- Monsieur Goyle-- -sa mère est morte à sa naissance, c'était comme une ombre, et son père c'était l'autre ombre, je sais pas- Votre Honneur! Objection refusée. -je sais pas si c'était la magie noire ou le fantôme de sa mère, mais y'avait déjà quelque chose qui tournait pas rond chez lui.

Le fantôme de sa mère.
Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas, Goyle ne sait pas. Theodore se force à respirer calmement, mais il sent le regard surpris du sorcier de l'accusation sur lui puis du juge; il baisse les yeux, il est trop agité, il doit se calmer. “ Herondale, contrôlez votre client. Theo? Ça va. Ça va. ” Darren lui adresse un long regard, fronçant les sourcils à son égard, et Theodore le sent sur chaque pore de sa peau, mais il garde les yeux baissés jusqu'à ce qu'on se détourne de lui.
Monsieur Goyle, vous disiez que prendre la Marque est un grand honneur. Est-ce que vous appelleriez ça une tradition? Oui. Oui. Je sais pas. Le vieux Nott savait qu'il allait mourir. Theo savait qu'il allait mourir. Tout le monde savait. Et il pouvait pas échapper. Non, il pouvait pas, alors fallait- fallait-- Monsieur Goyle? Fallait qu'il prenne la Marque. Il n'avait donc pas le choix? Je sais pas. On a toujours le choix. Il a pas- pendant un instant, ses yeux se perdent sur le plafond -eu... les mêmes... problèmes que moi. Il avait le choix. Il a pas fait le bon. Je sais pas. Theophlius Nott est mort le sept janvier 2003. L'accusé a pris la Marque le 21 juin 2002. Pourquoi n'a-t-il pas fui après la mort de son père? Il avait peur. Il voulait survivre. Il voulait- il voulait une vie. Sûre. Il pensait que c'était le bon choix. Il avait une famille.Avec son père mort? Avec sa fiancée. J'en ai fini avec le témoin.

Monsieur Goyle, vous avec été transféré le douze décembre 2003 dans l'aile de psychomagie de l'hôpital Saint-Mangouste, est-ce correct?Objection, un psychomage a évalué que le témoin était parfaitement capable de témoigner à la barre, ce sujet de questions est-- Je ne fais que vérifier des faits. Objection refusée. Campbell, continuez. ” Theodore se souvient avec quelle ferveur Gregory parlait du Lord, un peu comme Margaret, un peu comme Flora, un peu comme tous ces gens qui, il le sait, ont pris la Marque non pas par la force des choses, de ni leurs plein gré, mais parce qu'on leur a fait subir ce qu'il a vu trop de fois arriver dans les couloirs du Niveau 9. Il a trop travaillé sur son dossier, l'année dernière, concernant la mémoire, ses blocages et les dangers de la modifier pour ne pas savoir les effets dévastateurs de la chose. “ Monsieur Goyle?Oui, c-c'est vrai. Pourquoi? J'ai été- on m'a- j'ai été victime d'un lavage de cerveau. Euh. Oui. Quand? Je--Répondez. Juillet. En juillet. De cette année? Non... avant. Avant quand? Je sais pas. L'année dernière. Oui.Et pourtant vous n'avez jamais pris la Marque. Objection, il témoigne, votre Honneur. Pardon, je reformule. Pourquoi n'avez-vous jamais pris la Marque? — Pouvais pas. — Pourquoi? Harry P-Potter m'a empêché. Et alors? vous pensez vraiment qu'un jury va croire ça? Je ne--Objection, il harcèle le témoin.Monsieur Campbell, s'il vous plaît.Mes excuses. Vous avez dit qu'on avait toujours le choix. Vous avez fait le votre, et l'accusé le sien. Objection, monsieur Campbell tém--Laissez-moi finir. Monsieur Goyle, je crois que c'est évident que vous ne savez pas ce que vous dites. Vous aviez toutes les raisons de prendre la Marque et vous ne l'avez pas fait. Malgré tout, envers tout, contre tout, alors que l'accusé- il pointe un doigt accusateur en direction de Theodore qui tressaille -est jugé aujourd'hui pour ne pas s'être battu contre le système. Ce n'est pas-- À quand remonte la dernière fois où vous avez vu l'accusé? Je-je sai-- À quand remonte la dernière fois où vous avez vu l'accusé? Qu-- À quand remonte-- L'accusation harcèle le témoin!À quand remonte la dernière fois où vous avez vu l'accusé?Je sais pas! Les souvenirs, la déposition et les témoignages du témoin sont irrecevables pour ce procès. Merci, monsieur Goyle. Un expert en psychomagie a testifié que monsieur Goyle-- Maîtres, venez à ma barre. ” Ils vont à la barre, un sortilège assourdissant est jeté et, après une minute de délibération, ils sortent de la bulle. “ Effacez du dossier le témoignage de monsieur Goyle, ” dit simplement le juge. Theodore sent son coeur tomber dans sa poitrine. Gregory est sorti de la salle du procès, au côté d'un psychomage, plus blême que jamais.

J'appelle Nephtys Shafiq à la barre. ” Il savait que ça allait arriver et pourtant, ça fait plus mal que prévu: il a l'impression qu'on l'a frappé jusqu'à lui retirer tous l'air de ses poumons. Ses veines sont en feu quand il voit Nephtys s'approcher de la barre derrière laquelle se tiennent les témoins, et s'y asseoir. Il a l'impression qu'elle n'a jamais été si loin, si inaccessible. Si fragile, aussi. De nouveau, ses poings se serrent et ses avant-bras ont un spasme qui font tinter les chaînes, alors même que ses yeux la contemplent avidement, parce que même si il l'a vue une fois lors de sa captivité, il a l'impression qu'elle a tant changé, qu'elle est trop différente de celle qu'il a quitté des mois plus tôt.
Darren raconte rapidement l'histoire de Nephtys et Theodore: fiancés par leurs parents, l'une Collaboratrice, désormais innocentée, du Gouvernement et l'autre Adhérent devenu Mangemort deux mois après leurs fiançailles, le fait qu'ils se sont rarement montrés ensemble en public et que ça fait plus d'un an et demi qu'ils sont officiellement fiancés, sans suite. Darren sourit quand il s'approche de Nephtys pour l'interroger. Il est confiant. Trop, estime Theodore. Mais il fait confiance à cet homme, avec sa vie, et Darren lui a dit qu'ils se sont entraînés avec Nephtys. Et qu'elle est forte — plus forte qu'il ne l'imagine sans doute. “ Est-ce que l'accusé vous a déjà frappé comme étant le modèle Mangemort? Non. Jamais. Dans ce cas, pourquoi pensez-vous qu'il aurait pris la Marque? ” Elle reste silencieuse un instant, mais ne le regarde pas. Il cherche son regard, son attention et n'importe quoi, n'importe quoi venant d'elle — mais rien. “ Il voulait rendre son père fier. ” Et le fait qu'elle le dise, si simplement, avec cette résolution, fait peur à Theodore. Depuis quand le connait-elle si bien? “ Il voulait faire les choses telles qu'elles doivent être faites, rendre son père fier, protéger son nom et son héritage, et il pensait que c'était le seul moyen. ” Leurs yeux se rencontrent pendant un instant, puis elle les détourne; Theodore se dit que Darren lui a demandé de ne pas le regarder, de ne pas craquer. “ Il n'aimait pas son père, mais il pensait qu'il lui devait au moins ça.
J'en a fini avec le témoin. Elle est à vous, Campbell.
Darren lui adresse un sourire rassurant quand il retourne s'asseoir de son côté du tribunal, mais Theodore note surtout celui qui traîne sur les lèvres de Campbell quand celui-ci quitte sa barre pour marcher jusqu'à celle de Nephtys. “ Mademoiselle Nephtys, vous avez collaboré avec le Gouvernement lors des concerts de Rotten-- Objection, nous ne sommes pas en train de faire le procès du témoin, Votre Honneur. Acceptée. Campbell, venez-en aux faits. Bien entendu, Votre Honneur. Mademoiselle Shafiq, vous avez collaboré de force avec le Gouvernement, comme le montre votre dossier. Vous avez notamment été torturée de manière déraisonnée par Rabastan Lestrange qui, plutôt que d'utiliser son fils, vous soutirait des visions. Vous possédez le don de voyance, je le rappelle à la cour. Est-ce correct d'après vous? Non. Non, sinon il aurait utilisé son fils, Aramis. Aramis Lestrange. N'ayez crainte, j'établis juste des faits. Mais l'accusé... Theodore, était différent. N'est-ce pas? Theo n'a jamais essayé de me soutirer la moindre information, il n'était pas au courant des ordres de Rabastan Lestrange et Owen Avery. Vous avez oublié Avery, dans vos faits.Parlons plutôt de votre fiancé. Vous êtes tombée amoureuse de lui. Objection, l'accusation se perd en conjonc-- Pourquoi? En quoi est-il différent du Mangemort qui vous torturait ou de celui qui a lancé votre mère dans les escaliers?

Theodore aimerait dire à Nephtys de se taire, ici et maintenant.  Il se tend sur son siège, s'immobilise, se fige et se met à trembler malgré lui, ses yeux allant de Darren à Nephtys, de Nephtys à Darren — non. Même à son propre sorcier de la défense il n'a pas dit la vérité, de peur qu'il aborde le sujet devant Nephtys, de peur qu'il le mentionne, en parle, lui rappelle ce qu'il a fait à la mère de sa fiancée. Il ne pensait pas que l'accusation y parviendrai mais apparemment- “ Theodore protégeait l'honneur de sa famille, en tant qu'héritier puis dernier Nott il s'est vu imposer une allégeance au Lord et il n'a pas pu choisir, de la même façon que je n'ai pas pu choisir de collaborer ou non, c'était mon devoir, c'était ça ou subir les conséquences, imposer les conséquences à nos proches. C'est mon insubordination qui a valu à ma mère sa chute, tout ce que Theodore a fait c'était pour protéger les siens, parce que personne n'était à l'abri, pas même les sang-purs, pas même l'Élite. ” -apparemment, il a bien fait son boulot, vu le sourire triomphal qui s'étire sur ses lèvres. Theodore ferme les yeux un instant, baisse le visage, et il sent l'attention de Darren se tourner vers lui, son regard plein de questions chercher le sien. “ Merci, mademoiselle Shafiq. J'aimerais désormais porter à l'attention de la cour la déposition écrite de monsieur Aaron Lawson, un Adhérent qui a participé à une mission au manoir Shafiq en compagnie de l'accusé. Monsieur Lawson testifie que l'accusé et lui avaient reçu l'ordre de retourner le manoir et de torturer le père ou la mère de mademoiselle Shafiq, selon qui était présent. Il a vu de ses propres yeux l'accusé jeter la mère de sa fiancée dans les escaliers et la torturer à trois reprises avec le sortilège de l'Endoloris.

Theodore rouvre les yeux pour regarder Nephtys. Il a envie de lui dire que ce n'était pas lui, que c'est faux, que c'était un mensonge, promis, il n'aurait jamais fait ça.
Mais elle le regarde en retour et détourne rapidement le regard, parce qu'elle doit bien voir sur son visage toute la culpabilité qui y est écrite.
Différent, hein? fait Campbell en direction de Nephtys. — Objection! Est-ce que je peux savoir d'où sort cette confession et pourquoi elle n'était pas dans le dossier préliminaire?Oh, mais elle était, monsieur Herondale. Je l'ai ajoutée ce matin, vous n'avez pas reçu ma note? À moins que votre quantité impressionnante de clients vous empêche de bien les défendre. Les yeux plus grands que le ventre, Darren.Maîtres, s'il vous plaît, du silence, S'IL VOUS PLAÎT! rugit le juge. Campbell, continuez votre contre-interrogatoire ou laissez le témoin partir. Oui, Votre Honneur. Mademoiselle Shafiq, que pensez-vous de ces actes? Toutes mes condoléances, par ailleurs, je n'ignore pas que ses blessures ont malheureusement empêché à votre mère de s'en sortir vivante de l'attentat d'Herpo Creek, mais vous savez désormais qui blâmer. ” Elle reste silencieuse pendant un temps interminable et pendant un instant, Theodore a peur qu'elle ne réponde pas, qu'elle se referme comme une huître. Elle tremble, de là où il est, il le voit, et elle ne le regarde pas. Elle ne le regarde pas.
Il se souvient de sa colère et de ses larmes, quelques jours après que sa mère ait été internée à Saint-Mangouste.
Et du baiser- des baisers qu'elle lui avait donnés, qu'il avait acceptés, comme si il n'avait pas failli tuer sa belle-mère quelques jours plus tôt. “ Theodore n'a pas donné l'ordre contre ma mère et les seuls responsables sont les terroristes qui ont attaqué Herpo Creek, autant que le tyran qui a créé une situation propice pour ses terroristes en asservissant des jeunes gens, en exploitant les citoyens, en jouant sur la peur et la violence pour tenir tout ça en place. ” Elle tremble mais sa voix ne tremble pas. C'est étrange, de l'entendre dire ça, parce que Theodore sait qu'il ne mérite pas qu'elle dise ça. Il le sait au plus profond de lui et il ignore complètement d'où lui vient cette force de formuler ces mots.
Elle ne le regarde toujours pas.

Elle est congédiée et, merci Merlin, reste dans la salle d'audience. Theodore ne regarde qu'elle, alors que le Juge remet de l'ordre dans la salle, mais elle ne le regarde pas, ne le regarde plus, et il doit bien tourner son regard vers Darren quand celui-ci lui fait un petit signe, avant de regarder Campbell s'avancer en direction du jury. Machinalement, il se redresse sur son siège, regrettant presque de ne pas porter une cravate en cet instant précis. “ Je ne nie pas une seule second que l'accusé est jeune, a été manipulé pour prendre la Marque et était largement inexpérimenté au moment des faits. Je ne nie pas non plus que l'environnement toxique dans lequel il a évolué, et vécu, l'a incité à faire les choix qu'il a fait. ” Un instant, les yeux de Theodore passent de la silhouette confiante de Campbell à celle de Darren et il voit bien que celui-ci est gêné. Mortifié, même. Il reporte son attention sur l'homme qui veut le voir aller en prison jusqu'à la fin de sa vie. “ Mais il n'empêche que l'accusé est un meurtrier en toutes possessions de ses moyens, même si les rapports montrent qu'il était, et est encore aujourd'hui, dépendant de... l'Orviétan, rajoute-t-il d'un ton affable, le mot semblant étrange dans sa bouche pincée. Il n'empêche aussi que l'accusé était parfaitement conscient qu'il faisait partie d'un Gouvernement pourri jusqu'à la moelle, comme le montrent ses dépositions, et qu'il savait que les actes qu'il commettait étaient répréhensibles à tous les niveaux. Et pourtant, il accomplissait ses missions, se rendait tous les jours au travail, ici, et traquait activement nos héros insurgés, allant même jusqu'à torturer et indirectement tuer sa propre belle-mère, sous prétexte que telle était la mission. D'après moi, Nott n'est pas moins coupable qu'un Rabastan Lestrange — j'irais même jusqu'à dire qu'il est plus coupable. On peut arguer comme on veut que Lestrange est malade, qu'il a passé des années au contact de Détraqueur, qu'il est cinglé. Mais l'accusé? L'accusé le faisait par choix, en se cachant derrière l'excuse qu'il n'en avait pas alors même que des Mangemorts de son âge, comme monsieur Draco Malfoy, se sont échappés à cette situation toxique et ces prétendues pressions familiales. Je pense que les individus comme Nott devraient être punis à la même hauteur que les plus fervents Mangemorts, si ce n'est plus, et que l'accusé devrait être l'exemple montrant que notre Gouvernement n'acceptera pas les révolutions silencieuses et inactives, et les menteurs trop bien gardés, les conspirateurs ambitieux et les fonctionnaires corrompus. Il a manié sa baguette et fait son lit, et rien ne pourra jamais changer le fait qu'il a aidé un pays pourri à prospérer et une organisation terroriste à vaincre. Je demande pour Theodore Nott la peine maximale.

Il n'entend pas très bien la suite, il a la tête qui tourne et son coeur bat trop vite dans sa poitrine et c'est assourdissant, ça, c'est très désagréable aussi, il n'entend pas ce que Darren dit quand il parle et finit son plaidoyer et il ne comprend pas trop ce qui se passe, son sang bat la cadence dans ses tympans et il aimerait que Nephtys le regarde mais tout est un peu flou, confus, pourquoi ses bras ne lui répondent pas, pourquoi il a si chaud, pourquoi il tremble, pourquoi-

Il va mourir.
Alors? ” Penny ne va pas mourir. Elle est enceinte. Theodore ne sait pas trop pourquoi mais d'une certaine manière, cette pensée le rassure. Ils ne sont pas tout à fait amis... mais un peu quand même, par la force des choses. Ils ont pris la Marque ensemble, se sont embourbés, pour des raisons bien différentes, dans cette situation ensemble. Ensemble. Mais elle va s'en sortir. Ses enfants aussi.
Il va mourir. “ Well, we were talking about how I was not getting any action, right? ” Penny lève les yeux au ciel, tandis que le troisième prisonnier qui partage leur petite cellule tourne vers eux des yeux hagards. Theodore traîne des pieds jusqu'au mur contre lequel Penny est assise et se laisse tomber à côté d'elle. “ Guess who's getting kissed next week.

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HUNTED • running man
Percy I. Weasley
Percy I. Weasley
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‹ âge : 27 ans (22/08)
‹ occupation : En fuite avec Penelope, Theodore et Catelyn. A la recherche d'une solution pour récupérer son fils Benjen.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : De septembre 1987 à juin 1994
‹ baguette : En bois de cerisier, son cœur est abrité par un ventricule de dragon, 32 centimètres et sculptée dans tout son long. Elle est souple et facilement maniable.
‹ gallions (ʛ) : 3270
‹ réputation : Il est trop sérieux, trop à cheval sur les règles, trop froid, trop trop de tout. Et pourtant on sait qu'une partie de lui-même - meurtrie - traverse difficilement le chemin de la rédemption. C'est un sorcier profondément attaché à sa famille et qui a du mal à se pardonner les tragédies qui se sont produites. Sa fuite et donc la rupture des liens familiaux avec le clan Weasley a été le plus difficile. Aujourd'hui on dit que c'est un criminel, un lâche, un traître.
‹ faits : Jusqu'à la bataille de Poudlard en 1998, il était entièrement dévoué au Ministère, travaillant d'arrache-pied pour monter les échelons. Mais il a finit par ouvrir les yeux et depuis il regrette chaque jour son absence auprès des siens. La plupart lui ont pardonné ses manquements le jour même de son retour mais il ne se sent pas encore prêt à tirer un trait sur ce qu'il leur a fait subir. Depuis il a perdu son frère George, son père et avec ses frères et sa sœur ils ont été obligé d'interner leur mère. Même si pendant longtemps il s'est efforcé d'être là pour ceux qui reste, il a pris la décision difficile de les quitter pour protéger sa fille Catelyn et la femme qu'il aime..
‹ résidence : Dans un cottage, loin de tout, au beau milieu de la campagne anglaise.
‹ patronus : Une autruche dont il a particulièrement honte et qui lui a valu bien des railleries.
‹ épouvantard : Un détraqueur qui s'apprête à l'embrasser.
‹ risèd : Lui, au sommet - lorsque tout lui paraissait simple et que la vie lui souriait. Tout du moins dans un monde où il n'a plus à craindre pour la vie de quiconque.
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Réaction au procès de Penelope Clearwater

YOU SHALL NOT PAST

Only now do I see the big picture
But I swear that these scars are fine
Only you could've hurt me in this perfect way tonight


02 JANVIER 2004 Un hibou grand-duc fit irruption dans la cuisine de son appartement londonien - déposant une enveloppe du Ministère parmi les restes de nourritures et de boissons de la Saint-Sylvestre. Voir sa famille ainsi réunie avait été un véritable soulagement. Passer la nouvelle année sachant Penny emprisonnée et dans l'attente de son procès un peu moins. Percy était de ceux qui suivaient avec attention chaque procès - ou plutôt étudiait les sentences associées aux noms des accusés. Et pour ainsi dire, la situation n'était pas des plus réjouissantes. Peine capitale, baiser du détraqueur, prison à vie, ces mots faisaient la couverture du The Daily Prophet et un vent de révolte s’immisçait peu à peu au sein de la population. Le Weasley ne se sentait plus capable de prendre part à une quelconque résistance ou rébellion, un seul camp l'importait à présent : sa famille. Il surveillait cependant l'avancée des procès et attendait avec appréhension le jour fatidique où viendrait le tour de la Clearwater. Percy offrit une caresse au messager à plumes et récupéra l'enveloppe dont il reconnut immédiatement le sceau. C'est qu'il l'avait côtoyer des années durant avant que Voldemort ne s'empare officiellement du Ministère de la Magie. Dépliant le parchemin, il lui suffit de lire les premières lignes écrites à l'encre verte pour réaliser que le grand jour était arrivé. Heureusement il pouvait compter sur son statut de héro de guerre, d'ancien membre du Conseil et de son patronyme pour avoir demandé à être informé du procès de la sorcière. Un petit privilège qui ne lui permettait malheureusement aucune autre faveur. Il fallait rendre la justice disaient-ils. Percy imaginait déjà Penelope rire si elle les entendait. L'audience se tiendrait en fin d'après-midi, il avait le temps de prendre ses dispositions. Ou tout du moins de se préparer et veiller à ne pas arriver en retard, ce n'est pas comme s'il était très occupé ces derniers temps.

Le rouquin fut parmi les premiers à prendre place dans la salle d'audience. Elle lui parut presque familière - se remémorant être venu rejoindre la sorcière en fin de journée après le travail. Il s'agissait d'une seconde maison pour la Clearwater. Quelle ironie de la savoir dans la cage cette fois-ci. Des sorciers de tout horizons et classes sociales s'installèrent bruyamment, les journalistes toujours postés tels des rapaces n'attendant qu'une chose : un coup d'éclat, une injustice, une sentence originale, du spectacle. Et c'est entouré de personnes ne prêtant que peu d'attention à la situation que Percy, raidi par l’inquiétude attendait de la voir arriver. Finalement le simple fait de pouvoir poser ses yeux sur son corps en vie lui suffirait à dédramatiser la chose. Sa chevelure blonde émergea, entourée de plusieurs gardes du corps puis elle fut jetée dans la cage - la fameuse - où des dizaines de chaines la rendirent définitivement prisonnière. Encore et toujours, combien de temps une personne saine d'esprit pouvait-elle vivre enfermée et en captivité, à recevoir sans concession la haine déversée par un peuple ignorant? Car Percy savait une chose, Penny n'était pas faite pour l'emprisonnement.

« Je… » Ce n'était qu'un murmure à peine audible et le rouquin ne cessait de l'encourager dans sa tête. Vas-y Penny! Vas-y! Tu peux le faire. Pourtant aucun autre son ne sortit de sa bouche. Qu'est-ce que t'attends?! Par Merlin! Penny, dis-le! Pourquoi ne plaidait-elle pas, elle savait ce qu'elle avait à faire, elle savait ce qu'elle avait à dire. Sa bouche entrouverte, son regard perdu, pourquoi ne disait-elle rien? Les membres du tribunal finirent par s'impatienter et Percy savait qu'il n'y avait rien de bon de se mettre à dos ceux qui détenaient son destin entre leurs mains. « Je p-plaide… » Il y avait un problème, il en était certain. La Clearwater commença à se débattre, faisant cliqueter ses chaines entre elles. Non! Ne fais pas ça, s'il-te-plaît ne fais pas ça! Il se serait jeté à genoux, il aurait crié pour quelle cesse, pour qu'elle reprenne son calme et que son procès en finisse au plus vite. Mais elle ne faisait que commencer. Certains s'indignèrent parmi la foule, d'autres l'accusèrent de simulation. Des murmure s'approprièrent les bancs des spectateurs et les protestations s'élevèrent peu à peu. Or luis avait que ce n'était pas normal. La voir agir de la sorte lui était insupportable. Penelope ne ferait jamais ça, pas devant le Conseil du Magenmagot, elle ne ferait que se desservir. JAMAIS. Elle ne ferait jamais ça. Et son instinct lui dictant ses gestes, le Weasley se leva et s'élança en direction de la cage ou semblait à présent suffoquer la sorcière. Il n'eut le temps que de faire quelques pas que deux gardes s'emparèrent de ses épaules et le tirèrent en arrière. Toujours connecté à la détresse que renvoyait Penny, son corps agissant pour lui, le rouquin tenta de forcer le passage, jouant de sa carrure et de sa force. Finalement non pas deux mais plus de trois baguettes - de gardes venus en renfort - s'écrasèrent contre son cou, sa jugulaire et sa nuque. La menace lui rendit la raison et il s'immobilisa, plus inquiet que jamais. Percy n'aurait jamais pensé que voir la Clearwater dans cet état l'affecterait de la sorte, mais depuis l'épisode des cachots il avait eu comme la sensation de renouer les liens. Peut-être n'avaient-ils jamais été vraiment rompus? « Penny! » S'écria-t'il cherchant une solution pour la ramener elle aussi à la raison et au calme. Pour toute réponse sa tête s'écrasa lourdement contre son épaule et le Weasley crut un instant que tout était finit. Mais ils ouvrirent la cage, ils s'avancèrent apeurés vers elle et certains se permirent même de lui donner de violentes claques pensant la réveiller ainsi. Des sorciers en train de la baffer, littéralement, devant tout le monde, le spectacle lui était insoutenable. Ils n'avaient pas le droit de la toucher, pas le droit de violenter une personne de la sorte, de brutaliser une personne inconsciente. Percy s'écria de nouveau, hurla avec hargne de la laisser tranquille, demanda au sorcier de la défense de faire quelque chose.

On le sortit par la force de la salle d'audience.

Le sorcier il est énervé. Il est impatient. Il est inquiet. Il s'est senti infantilisé lorsque des membres du Conseil sont venus à se rencontre lui faire des remontrances sur son comportement. Il s'est senti menacé par le sorcier de l'accusation avec ses promesses de procès à son encontre. On lui a dit de vive voix qu'il ne serait plus le bienvenu en salle d'audience le lendemain. Autrement dit qu'il lui était interdit d'assister à la fin du procès et à tous les autres procès qui auront lieu par la suite. Son coup d'éclat avait été perçu d'un très mauvais œil. Un ancien membre de la Renaissance du Phénix qui sème le trouble pour une traître mangemort, les journalistes avaient eu de quoi se rassasier. Et malgré tout, sa situation délicate l'importait peu. Tout ce qu'il voulait c'état avoir des nouvelles de Penelope. Ce qu'il espérait au fond de lui c'est qu'elle ne soit plus en état d'être jugée. Ce qu'il désirait c'était de la voir, d'aller à son chevet et de s'emparer une fois de plus de ses joues dont il savait épouser parfaitement la forme avec ses paumes. Tout cela n'était qu'utopie jusqu'à ce qu'on le mène dans un long couloir et qu'on le fasse patienter sur une chaise peu confortable. Il reconnut non loin le sorcier de la défense de la Clearwater mais n'y prêta pas attention. Percy attendit de longues minutes avant qu'une porte ne s'ouvre enfin et qu'un médicomage vienne à sa rencontre.

Enceinte.
Comment?
De jumeaux.
Sérieusement?

Comment avait-elle pu lui cacher sa grossesse lors de sa visite dans les cachots? Était-il seulement le père? Après tout, ils ne s'étaient pas vus depuis plusieurs mois. L'avait-elle trahi? Une fois de plus? Ces questions parasitaient son esprit et il devint encore plus confus lorsqu'on lui parla de déni de grossesse. Qu'on lui annonça qu'elle était enceinte de six mois.

Non.
C'est impossible.

« Je veux la voir. » Il s'efforça d'employer un ton posé mais son comportement révélait son incompréhension. Non. « Je veux la voir, je suis le père. » Dit-il froidement, s'avançant dans ses propos, nullement convaincu de l'être véritablement mais préférant envisager cette hypothèse plutôt qu'une autre. « Monsieur Weasley, je ne pense pas que... » Cet homme n'avait pas à penser quelque chose. Percy se fichait éperdument de ce qu'il pouvait penser. Il voulait la voir, son monde s'effondrait un peu plus à chaque seconde, il avait besoin de se raccrocher à la dernière branche il devait le voir. Et alors que le médicomage allait une fois de plus lui refuser l'accès, le rouquin entendit une personne se rapprocher de lui et une voix entonner. « Ma cliente à la droit à la visite d'un proche, d'autant plus que cet homme est le père des enfants qu'elle porte. D'après le décret numéro 1475... » Depuis quand écoutait-il la conversation celui-là? Il n'était pas le bienvenu à ses côtés, après son échec monumental avant même que le procès n'eût commencé. Il ne pouvait cependant nier  la manière dont il avait fait usage de son influence et de sa connaissance de la loi pour permettre au rouquin de rejoindre la sorcière à son chevet. Une fois la porte franchie, il aperçut Penelope légèrement redressée sur un lit, l'air paniqué et fatigué. Il s'élança dans sa direction sans attendre d'y être invité.

Le Weasley sortit chamboulé de la pièce où était examinée la sorcière. Finalement il n'était pas resté si longtemps que ça auprès d'elle et il se sentit encore plus désemparé qu'avant de l'avoir vue. Il n'avait qu'une seule envie, celle de rentrer chez lui, de prendre une douche chaude pour se vider l'esprit et aller se coucher. Oui il avait besoin de dormir, il désirait un sommeil sans rêve - pour ne pas avoir trop de désillusions à son réveil. Alors qu'il traversait en sens inverse le couloir, la tête baissée, les yeux explosés par la fatigue et la peur, une paire de chaussures cirées à la perfection s'invita dans son champ de vision. Le sorcier releva la tête et aperçut cet imbécile de commis d'office dont avait hérité Penny. Voilà qu'il allait lui être à présent redevable de son intervention quelques minutes plus tôt. C'est l'air exaspéré qu'il écouta la requête du sorcier. « Monsieur Weasley, je comprends tout à fait votre refus de témoigner mais une situation unique vient de se présenter pour Miss Clearwater, une véritable chance de changer le cours de son procès et... » « Non. » « Monsieur... » « NON! » S'exclama-t'il, attirant au passage l'attention de personnes présentes dans le couloir. Les têtes se tournèrent dans leur direction et les fixèrent l'air furieux. Percy détestait ça, il ne pouvait supporter d'être observé et accusé du regard. Il tira alors à part l'homme et la plaqua contre un mur le plus discrètement possible. Ce dernier gémit feignant avoir mal. « Laissez moi tranquille. Faites votre boulot pour sauver Penelope, c'est tout ce qu'on vous demande. » « Mais... » « Non je ne témoignerai pas monsieur... »« Donoghue » « Monsieur Donoghue. Je le lui ai dit il y a encore moins de cinq minutes. Elle ne veut pas que je témoigne et je n'irai pas à l'encontre de sa volonté. Est-ce bien clair? » Le rouquin lui jeta un regard noir, tourna les talons puis s'éloigna plus déterminé que jamais à tirer un trait sur cette journée cauchemardesque. « Monsieur Weasley! » L'intéressé se retourna plus agacé que jamais. Il allait lui donner un coup. Il allait le... Se retenir. Respire Percy. Respire. « Ecoutez, c'est pour justement mener à bien mon travail que vous devez témoigner. Je serai un incompétent si je passais à côté de cette information capitale. Ils doivent savoir que vous êtes le père, et ils le sauront. Mais ils doivent l'entendre de votre voix. Ils doivent voir le héro de guerre, le membre de la Renaissance du Phénix l'annoncer en personne. Vous portez un nom respecté. Je vous en prie... Vous devez témoigner. Pour elle. De plus j'ai cru comprendre que vous n'étiez plus autorisé à accéder à la salle d'audience. Votre témoignage est votre unique ticket d'entrée Monsieur Weasley. »

03 JANVIER 2004 C'était un nouveau jour, celui qui se révélerait peut-être encore plus terrible que le précédent mais Percy devait l'affronter, il n'avait pas le choix.

Le voici donc de retour à la case départ. Il va être père. Case départ. Père. Départ. Le brouhaha s'estompa finalement et il la vit rejoindre de nouveau sa cage. La sorcière cachait son ventre, sur demande de Donoghue. Une mascarade des plus puériles à ses yeux. Il s'était insurgé, il s'y était opposé mais comme lui avait si bien rétorqué le sorcier de la défense, il ne s'agissait que d'offrir des rebondissements au procès pour conserver les spectateurs alertes et les faire réagir. Le plus difficile était à ses yeux qu'il devrait lui-même y prendre part, à ce spectacle et ce fait le répugnait.

Elle va détester cette idée.
Elle va le détester tout court.

WEASLEY Et voilà que l'effet de surprise disparaît déjà. Voilà qu'à présent le monde sorcier est au courant que des enfants d'un héro de guerre et d'une traître verront le jour. Enfin, si le Magenmagot leur laisse cette chance. Il lui est étrange d'entendre son nom résonner tout autour de lui, d'apercevoir des visages le fixer. Ce n'est plus un rouquin de la fratrie Weasley que l'on montre du doigts mais Perceval Ignatius, troisième fils d'Arthur et Molly. Et lorsque le silence finit par revenir le procès peut enfin commencer.

C'est à Neville que revient l'honneur de témoigner en premier. Sérieusement. Neville Longbottom. Voilà une personne avec du poids, voilà un sorcier qui pourrait faire pencher dangereusement la balance. Percy fut dans un premier temps surpris par les paroles de l'ancien gryffondor. C'était à croire qu'il plaidait en faveur de la sorcière et non pour l'accusation. Il décrivait un portrait des plus positifs de la Clearwater à ses yeux. Or évidemment un tel discours n'était voué qu'à provoquer un coup d'éclat, une fois de plus, à mettre en valeur toute l'horreur qu'il avait à révéler. Finalement le vainqueur serait celui qui offrirait la plus grosse des surprises à son audience et à moins que Donoghue en ait sous le coude, le Weasley commençait sérieusement à douter de l'issue de ce procès. Quelle version de l'histoire allait-il décrire? Quelle erreur de Penny serait mise en avant pour justifier une peine de mort? Lâchement. Lâche. « Quand je l’ai capturée, elle voulait que je la tue. » Il n'avait jamais été au courant, il n'avait jamais vraiment su que Penny avait demandé de vive voix qu'on l'achève. Et une part de lui se brisa, ne voulant en entendre plus à propos de comment cette femme, la mère de ses enfants, n'était qu'une lâche, qu'elle était une égoïste, qu'elle ne méritait pas de vivre. Percy resta de marbre, comme si de rien n'était, comme si on venait de lui annoncer le bulletin météo du jour. Il ne devait rien laisser transparaître. Il ne devait pas se décrédibiliser avant d'avoir témoigné. « Ouais. Et alors ? J’espère que les coups que je lui ai donné vont bien la foutre dans la merde. » Le rouquin se leva d'un coup, son cerveau ayant intégré ces paroles avant même son esprit. Personne n'était au courant qu'elle était enceinte. Neville ne savait donc pas lorsqu'il lui avait porté des coups. A la limite, Percy savait qu'il y avait des dizaines de manières de justifier un tel geste. Mais n'exprimer aucun regret, après coup, lui souhaiter le pire, à elle et ses enfants. C'était quelque chose d'insupportable et d'inenvisageable pour lui. Ce gars s'en amusait, énonçait avec fierté son acte, en tant que père de ces deux enfants il ne pouvait cautionner ce genre d'attitude. Il devait protéger ses enfants même si à l'heure actuelle il ne savait toujours pas comment prendre la nouvelle - s'enthousiasmer sur leur naissance ou tirer de suite un trait sur une potentielle existence. Son instinct lui hurlait de s'insurger, de crier au scandale, de relever ce point qui n'était ps un détail à ses yeux, un point que Donoghue aurait dû relevé. Ce fut d'ailleurs lui qui après avoir terminé son interrogatoire vint vers lui et lui intima l'ordre de s'asseoir d'un geste de la main. Ne pas décrédibiliser. Ne pas décrédibiliser. Il se rassit donc sans un mot, bouillonnant de l'intérieur.

Ce fut au tour de Luna de témoigner et Percy tenta de se persuader que c'était un choix stratégique du sorcier de la défense. Qu'il faisait son boulot, qu'il savait ce qu'il faisait. Au fil de son discours, le rouquin compris que les plus belles paroles du monde ne permettraient pas à Donoghue à défendre correctement Penny. Et c'est désemparé qu'il s'avança comme invité surprise pour s'asseoir sur le siège des témoins. Il était le cheveu sur la soupe, il le sentit dans le regard de la blonde - fuyant, fixant un point invisible au sol. Il ne lui en veut pas, n'essaie pas d'attirer son attention ou de rentrer en contact immatériel avec elle. Car il veut parler, il veut discrédité Neville et il sait qu'elle condamne ce qu'il s'apprête à faire. Elle ne voulait pas qu'il témoigne et il s'est efforcé de respecter son choix le plus longtemps possible mais cela avait été sa seule solution pour la voir de nouveau. Aussi égoïste était-il, Donoghue l'avait convaincu la veille qu'il ne ferait que rendre service à Penny en témoignant. Il était à présent trop tard pour faire machine arrière. « Monsieur Weasley, dites-moi, vous connaissez bien miss Clearwater... » Cet échange était réglé comme du papier à musique. Chaque réplique, chaque pointe de soupçon, d'accusation. Tout avait été élaboré durant la nuit et il lui suffisait de réciter son texte avec le ton le plus convaincant possible. « Tout à fait. » « Quand vous êtes-vous rencontrés? » « A Poudlard, nous étions de la même année et nous avons tous les deux été préfets puis préfets-en-chef. » « Il me semble par ailleurs que votre parcours est plutôt semblable non? » « Effectivement, après l'obtention de nos ASPIC nous avons travaillé au Ministère puis nous sommes entrés dans la résistance. » Présentations faites. « Pourtant miss Clearwater ne vous a pas suivi lorsque vous avez rejoint la Renaissance du Phénix. Comment expliquez-vous cela? » « Elle a fait ce qu'elle avait à faire pour rester en vie. » « C'est de cette manière que vous l'avez pris lorsqu'elle est allée se réfugier auprès de Vous-Savez-Qui? » « Bien sûr que non, j'étais aveuglé par la colère et déçu par son choix. » « Son choix? Celui de trahir la Renaissance du Phénix? » Il arrivait le point crucial, l'argument qu'avait Percy, héro de guerre pour atténuer le terme de trahison.« Comment peut-on trahir un groupe que l'on n'a pas rejoint? Penelope ne s'est jamais engagée dans la Renaissance du Phénix, elle n'a donc à mes yeux trahi personne si ce n'est d'anciens groupes d'Insurgés qui ont été dissous depuis. Et encore, elle a toujours assuré avec rigueur chacune des missions qui lui ont été confiées. Non par son choix je voulais parler de celui de la facilité. Le choix qui lui permettrait de continuer une vie décente comme elle se l'était imaginée avant que la guerre n'éclate. Mais je ne peux lui en vouloir aujourd'hui car j'ai fait exactement les mêmes erreurs par le passé. » C'est le temps, la réflexion et le questionnement qui lui avaient permis de visualiser ce scénario, cette vision de la chose. Il avait été aussi sincère que lorsqu'il avait exprimé son point de vue la veille à Donoghue et il avait dû être convaincant car le sorcier de la défense le rassura du regard. Si il y avait une autre personne dont le regard posé sur lui l'importait, c'était Penny. Et son petit discours, tout droit élaboré à partir de leur discussion dans les cachots semblait avoir fait son effet. Il avait réussi à la capter et il voulut la rassurer. Or il ne pouvait rien lui promettre.

« Merci pour vos éclaircissements Monsieur Weasley. J'ai un dernier point à aborder, êtes-vous le père? » Débutait à présent la partie délicate. Percy avait exprimé le désir de ne pas s'étendre sur le sujet, ne se sentant pas prêt à en parler librement et ne souhaitant mettre Penny plus mal à l'aise encore. Il avait donc accepté de seulement dire le strict nécessaire pour que son témoignage soit validé, pris au sérieux et en compte lors du verdict. « Oui. » « Et qu'en pensez-vous? » « De quoi? Vous voulez peut-être parler des coups portés à l'encontre de Penelope alors qu'elle était sans défense et affaiblie dans un cachot? » C'était purement gratuit et imprévu mais c'est ainsi qu'il réussit enfin à lâcher ses nerfs le plus civilement possible - à enfin desserrer la mâchoire. « Non Monsieur Weasley, je voulais parler du fait que l'accusée ici présente attend des enfants de vous. » Rebondit immédiatement le commis d'office.  Percy prit une grande inspiration et en termina avec son témoignage bien plus éprouvant qu'il ne l'aurait pensé. « Je suis fier d'être leur père et je ne pouvais rêver meilleure mère pour avoir des enfants. »

« Je demande aux jurés, de lever la main s'ils estiment, comme moi, que ces crimes méritent la peine capitale, mais que, compte tenu de la grossesse de l'accusée, qu'il convient de lui permettre de mener à terme, la peine peut être gracieusement réduite à un emprisonnement à perpétuité à Azkaban. » Le Weasley avala de travers et ouvrit grand les yeux.  Était-il vraiment le dindon de la farce? Comment Donoghue pouvait demander une telle peine? Depuis quand Penny méritait-elle une sentence appliquée aux pires mangemorts? Tout ça pour ça! C'était un cauchemar. Voilà qu'il venait d'aller à l'encontre des volontés de la Clearwater. Voilà qu'il venait de bafouer sa promesse. Et tout ces sacrifices pour quoi? Lui offrir une détention à perpétuité. Percy se demanda ironiquement si ce bon à rien de sorcier de la défense n'aurait pas requit la peine capitale s'il n'avait pas témoigné. Après tout on disait que la pire des sentences n'était pas la mort mais de se faire embrasser. Mais alors que Penny se faisait défaire de ses chaines il réussit à croiser son regard et y resta plongé le plus longtemps possible. Elle ne semblait nullement étonnée, juste un peu désolée. Encore une fois elle savait et lui non. Encore une fois il n'avait voulu la croire. Comment allait-il faire? Quel serait son avenir? Comment allait-il pouvoir assumer seul deux enfants? Il ne se voyait les élever en leur contant l'emprisonnement de leur mère. Ils lui demanderaient un jour pourquoi et il n'aurait d'autres réponses que cette sentence était injustifiée. Que la justice a failli ce jour là et qu'elle ne méritait pas de finir enfermée jusqu'à la fin de ses jours.
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event #12 (procès de guerre) ► you shall not pass - Page 2 Empty
30 DECEMBRE 2003. On était venu chercher Lestrange. On te l’avait soutiré pendant ton sommeil. Encore assommé par la fatigue et le froid, tu n’avais pas tout de suite bité ce qui se passait. Tu as seulement eu le réflexe de le retenir. Parce que jusqu’à présent, tu n’avais peut-être pas tenu, mais il avait été là pour te retenir. « Privilège d’aîné, je me barre avant toi. »
Hé les gars, c’est pas très gentil ce que vous faites ; je fais comment pour dormir, moi, maintenant ? Hé, s’il-vous-plaît, vous ne pourriez pas repousser un peu l’échéance ? J’ai l’impression d’avoir attendu si longtemps, et pourtant, tout ça va trop vite, beaucoup trop vite. J’aurais voulu rester toute ma vie à dormir contre son épaule.
S’il-vous-plaît, pap- me laisse pas « ça va aller gamin. » Vous mentez ! Ça ne va pas aller du tout, c’est vous-même qui l’avez dit, ça ne va plus, ça ne peut pas aller, comment vous pouvez dire ça en sachant ce qui va vous arriver ? Pourquoi c’est maintenant que vous essayez de rester positif ? Pourquoi vous me rassurez parce que vous arrivez pas à vous rassurer, vous ?
J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose pour t- « j’espère pour toi qu’on ne se reverra pas. » Il te lâche la main. Ça finissait toujours comme ça. Quoi qu’on puisse faire pour les autres, quoi qu’on ait envie de faire pour les autres, on finissait toujours seul. Une baguette contre ta poitrine, tandis qu’on sort Rabastan Lestrange de sa cellule, tu restes prostré, à le regarder partir sans rien pouvoir faire pour lui, et pire encore, sans qu’il ne puisse plus rien pour toi. Sous le regard pensif d’un Auror, tu ravales tes sanglots, tu ne leur feras pas le plaisir de pleurer encore une fois ; c’est pas ton père. Tu te ramasses sur toi-même, retournant dans le fond de la cellule avant qu’on ne t’y chasse -tu avais pris le coup de main, à force. Tes doigts sont encore moites de la panique qui avait dû s’emparer de Lestrange sans qu’il n’ose rien laisser paraître.
C’est pas ton père, mais ça fait aussi mal que si ça l’avait été.

Oh, tu lui en veux tellement ; tu lui en veux de ne plus être là désormais, mais tu lui en veux aussi d’avoir été là, même pour ne rien dire, même pour te faire taire, même pour avoir la décence de délirer seulement quand tu dormais.
Et tu imagines, tout ce qui pouvait être en train de se produire. Son arrivée au tribunal sous la huée des foules, le procès, à l’issue unique -mais laquelle ? la peste ou le choléra ? C’est absurde, c’est du lynchage. Tu n’avais pas le quart des meurtres de Lestrange à ton actif et pourtant, en cet instant, tu te sentais le seul à pouvoir partager la terreur qui devait l’écraser dans son siège.
Un sentiment bien égoïste de ta part, mais aussi le seul témoignage de compassion dont tu pouvais faire preuve. Parce qu’il avait été là. Alors tu fais comme si tu y étais toi aussi.
Parce que quand tu le veux, tu peux partir loin dans la paranoïa. A te projeter en permanence dans les yeux des autres, tu finissais par devenir le témoin, le procureur, l’avocat et le coupable en même temps.
Coupable.
Le baiser, c’était à partir de combien de meurtres ?
Aidez-moi.

27 JANVIER 2004. Depuis qu’il y en avait un qui avait cafté à Lestrange qu’on ne distribuait plus le baiser aussi expéditivement qu’à son époque, vos gardiens avaient pris un malin plaisir à vous faire miroiter ce triste sort qui vous attendait indubitablement. Si certains l’espéraient réellement, la plupart se contentait de vous observer blêmir encore plus que vous ne l’étiez déjà. Quant aux rumeurs comme quoi Lestrange avait réussi à s’échapper, tu ne savais qu’en penser, et tu n’arrivais même pas à espérer que ce soit vrai, de peur de mourir de jalousie. Il aurait pu venir me chercher.
Dans le genre, tu étais le plus terrorisé de tous. Et pour le coup, la terreur aurait bientôt raison de ce qui te restait de bon sens. Roulé en boule au fond de ta cage, les genoux vissés contre ta poitrine, tu considérais avec des yeux de biche apeurée chaque prisonnier qu’on appelait à la barre.
Plus le temps passait, plus les cellules se vidaient, moins les gardiens étaient sur leurs gardes. On en arrivait à un point où on recommençait à remplir les cellules avec d’autres scélérats que les sous-fifres du Magister tombé.

Peu à peu, l’effroi avait laissé place à une sorte d’impatience, et même jusqu’à l’indignation quand un matin -ou du moins, ce que tu considérais comme un matin puisque tu venais de te réveiller après quelques minutes de sommeil-, tu vas pour demander quand est-ce que c’était ton tour. « Oh, du calme, poupée ; on a plus important à juger que les p’tits rigolos comme toi qui sont là pour tapinage. » « Je vous demande pardon ? » « Me fais pas croire que t’es là pour meurtre en série, mon joli. » « Au risque de vous décevoir … si, justement … » Tu aurais pu faire preuve d’encore plus d’insolence, si tu n’étais pas endolori de partout, crevé et tremblant. Le gardien a un coup d’oeil vague pour ton avant-bras. « Par Merlin, y’en a enc- » « Bagshot, à la casserole, tu te lèves et tu t’approches de la porte. » Pris de court, tu mets un temps à réagir avant de te hisser difficilement avec l’aide des barreaux. Tu n’as plus à craindre qu’on te tape sur les doigts, tes ongles étaient tous noirs de coups. « J’ai dit Bagshot. Petit, reste où tu es. » « Mais c’est m- » Apparemment, il vient de te briser encore une phalange. « Tu causeras quand on t’en donnera l’autorisation ! » « He, Ferguson » « Quoi encore ? » « Apparemment, il est coffré pour crimes de guerre, le p’tiot … » « Par Merlin, cessez de m’appeler comme ç- » « On t’a pas sonné, pédale ! - Attends, répète-moi ça ? C’est qu’un gamin ! » L’Auror hausse les épaules, se résignant à te croire. « Ça m’étonne pas de ce régime corrompu, par Merlin. Allez, sors de là, Bagshot. » On ne te met même pas en garde qu’au moindre faux pas, on te stupéfixe. On n’a pas peur de toi, on n’arrive même pas à se faire à l’idée que tu as été mangemort.

C’est dans cet état de peur et de colère qu’on ne te reconnaisse pas pour ce que tu avais fait que tu découvres ton avocate.
Viviane Rookwood était sans aucun doute surqualifiée pour ton cas, mais payée par toute la famille pour être sûr de te sortir de là. Elle-même semble circonspecte qu’on fasse appel à ses services si tardivement. Et elle avait dû continuer de déchanter en voyant de quel mangemort de petite envergure on lui avait confié la charge. D’un autre côté, c’était l’occasion de leur prouver qu’on pouvait gracier les mangemorts tout en se permettant d’espérer une reconversion. Certes, elle ferait moins le buzz que son collègue Ziegler, mais c’était toujours ça de gagné en popularité auprès du nouveau régime, au vu du nom tristement célèbre qui la collait comme une ombre.

Quand elle te découvre dans ton pyjama gris, elle a comme un haut-le-coeur ; tu leur avais bien dit que c’était on ne peut plus de mauvais goût -ils sont où tes beaux vêtements que papa et maman t’ont acheté ? Ils sont passés où d’ailleurs, papa et maman ? -c’est encore plus de mauvais goût de t’avoir fait te changer devant tous tes petits camarades de cellule.
Tu ne te doutes pas une seconde que sa réaction vient en réalité du fait que tu as l’air d’avoir moins de vingt ans, dans cet accoutrement.
« Bien, ça ira dans le sens de ma ligne de défense. » rationalise-t-elle en t’intimant à la suivre.

« Il ne nous reste plus beaucoup de temps, Monsieur Bagshot. Cela dit, je vais être claire : vous possédez un capital sympathie exploitable. Sans risquer de trop m’avancer, je pense que d’office, vous ne risquez pas la condamnation à mort. Il ne me reste plus qu’à vous épargner la perpétuité. Estimez vous heureux de passer si tardivement. Ça fait bientôt un mois que les procès ont commencé, les gens sont las de toutes ces condamnations, ils aimeraient tourner la page. » Tu as gardé les yeux baissés sur ses mains un peu ridées, comme un mauvais élève pris sur le fait. C’était un peu ce qu’on avait fait depuis ton baptême mangemort, exploiter ton joli minois.
« Regardez-moi un peu pour voir, monsieur Bagshot … » Tu détaches tes yeux de ses doigts manucurés qu’elle porte à ton visage, ignorant les Aurors qui maugréent. « Hm, c’est bien ça. » Elle te lâche le menton ; ses doigts griffent comme ceux de ta mère. « Je vous prierai de préserver cet air apeuré, ça devrait jouer en notre faveur. Je vous enjoins juste à ne pas faire d’effusion de larmes, ça risquerait d’être too much. » ponctue-t-elle en mimant dans le vide les guillemets de ses ongles vernis.

Tu ouvres des yeux grands comme ton désarroi en arrivant dans la salle d’audience. Tu reconnais beaucoup de journalistes de quotidiens à potins, plumes à papotes sur le qui-vive ; sur la fin, il ne pouvait rester que les charognards. Il y a peu de monde, en rien comparable au procès des grands pontes. Tu n’en restes pas moins tellement impressionné que tu en oublies d’avancer, pris de malaise. On te fait trébucher sur ton siège où des chaînes magiques s’enroulent autour de tes poignets tremblants. Tu aimerais bien ne pas frissonner autant, faire genre tu as encore une dignité, mais c’est sans compter les regards pleins de jugement qui pèsent sur tes épaules et les font s’affaisser. Dur de rester droit dans ses bottes quand on n’en a plus.

« Boris Bagshot, vous comparaissez devant l’honorable conseil du Magenmagot pour les chefs d’accusation suivants : infiltration pour le compte de Vous-Savez-Qui au sein du groupe insurgé des Belliqueux, et de fait, collaboration avec le régime Mangemort dont vous avez pris la marque, tortures et assassinats de sorciers… » Dis comme ça, tout de suite, c’est difficile de croire que tu vas t’en sortir. Tu as cru comprendre qu’ils n’étaient pas tendres avec les traîtres. Tu restes immobile, feignant d’écouter le discours d’ouverture, mais tes pupilles papillonnent d’un journaliste à un autre. Les regards sont tordus par la moquerie et pire encore, parfois, par la pitié. Parce que les deux dames du troisième rang ont vraisemblablement un fils ou une fille de ton âge -ou de ce que l’on croit être ton âge. Parce que le type en haut à droite, il y a quelques mois, te faisait de la lèche en soirée.

Tu n’es pas aussi prompt à reconnaître les témoins à qui l’accusation fait appel. « En août 2002, vous prenez la marque, et faites régulièrement équipe avec Margaret Mulciber, décédée pendant la bataille de Pré-au-Lard. » Tu te redresses comme sur des ressorts dans ton siège. Comment Mulciber avait-elle osé mourir ? Tout le monde pensait qu’elle était increvable, à voir l’ardeur avec laquelle elle te poussait toujours en mission. Elle était aussi farouche que tu étais peureux. Tu n’aurais jamais dû lui survivre ; mais qui sait, peut-être que le chagrin t’emportera. « Si la raison pour laquelle vous avez obtenu si rapidement la marque reste douteuse auprès de certains membres de l’élite, vous vous illustrez par votre zèle à partir en mission » ah bah oui, c’était plus facile de tout te mettre sur le dos, maintenant que Maggie n’était plus là pour l’ouvrir. « et surtout à soumettre des détenus à la question, en témoigne le cauchemar vécu par mon premier témoin… » Et que je fais défiler des civils et d’anciens rebelles, abonnés au procès, qui avaient toujours un mauvais souvenir à remettre sur le tapis, une visite rendue musclée par la présence permanente de rafleurs à tes basques. Il semble que tu es moins accusé d’avoir tué des gens que d’avoir regardé les comptes se régler sans lever le petit doigt. « Encadré par ses gorilles, il figurait comme le bon flic, mais nous n’étions pas dupes, nous savions que c’était lui qui tirait les ficelles des poings qui nous frappaient. » Tu fais la grimace. Des poings… Tu roules des yeux ; tu savais bien que la manière archaïque de se battre de tes collègues rafleurs finirait un jour par vous causer du tort. Une pensée froide pour Flint qui pourrit dans un coin de cellule.
Néanmoins, même si l’accusation avait voulu si bien faire son travail qu’elle en avait omis certains détails figurant dans tes rapports de mission - comme quoi, précisément, à chaque fois, ce n’était pas toi qui portait le coup fatal, mais des rafleurs portés disparus ou d’ores et déjà condamnés, ton avocate prenait un malin plaisir à le soulever dans ses contre-interrogatoires. Si bien qu’au final, on ne pouvait réellement t’accuser que d’être le visage sympathique des mangemorts, de donner à boire à ce rebelle tenace tandis qu’un Murdock se rinçait les pattes pleines de sang, de figurer sur les affiches de propagande pour inciter la jeunesse à faire son stage chez les rafleurs.

Plus douloureux sont les témoignages des belliqueux chez qui tu t’étais infiltré, qui avaient cru en toi avant que tu ne les trahisses. D’où la précaution que tu avais prise, inconsciemment, de ne pas trop te mêler à eux, t’impliquant juste ce qu’il fallait pour ne pas être suspecté, rien de plus, afin de ne pas t’attacher à eux. Si bien qu’en manque de repère, tu avais jeté ton dévolu sur leur otage.
« Monsieur McLaggen, vous avez côtoyé monsieur Bagshot en tant que Casper, chez les Belliqueux. Comment se comportait-il ? Etait-il bien intégré au groupe ? » C’est un peu étrange de le voir si propre et si bien habillé ; tu l’avais surtout fantasmé tout boueux au sortir d’un match de Quidditch mouvementé ou, plus récemment, tout sale et fatigué à essayer tant bien que mal de fédérer les groupuscules rebelles. A l’époque, tu t’étais autant méfié de lui que tu l’avais admiré. « On ne donne pas des pseudonymes pour rien ; c’est bien entendu un moyen de préserver une certaine part d’anonymat. Cependant, ils ne sont pas attribués au hasard. De fait, si nous l’avons surnommé Casper, c’était précisément pour sa nature discrète voire docile. Casper était du genre à s’occuper des autres sans en avoir l’air. Son manque d’empathie était compréhensible, cela dit ; on vivait quelque chose de dangereux, et c’est toujours un risque de s’attacher à quelqu’un qui ne sera peut-être plus là au petit matin. » Il ne te regarde pas, et ne parle que de ce Casper qui paraît si loin de toi, comme s’il s’agissait d’un fantôme.
« Lorsque miss Greengrass s’est retrouvé entre vos mains, le rapprochement entre monsieur Bagshot et cette dernière s’est-il effectué aussitôt ? » Il semble mettre un temps à  savoir de qui on parlait ; pas comme s’ils avaient manqué d’otages. « Je ne saurais dire ; généralement, on évite de les faire surveiller par des gens de leur connaissance. Après, ils ont sensiblement le même âge, miss Greengrass aurait donc très bien pu jouer de ses charmes pour s’attirer les faveurs de Casper… » Tu bouillonnes dans ton siège ; tu as envie de cracher sur ses jolies chaussures vernies en lui sifflant que tu aurais été plus sensible à ses charmes à lui qu’à ceux de Tori ; elle n’était pas comme ça. « Cependant, je pense de plus en plus qu’avec le recul, s’il fourrait son nez partout, c’était pour récolter des informations et qui sait, nous faire exploser de l’intérieur. Qui sait s’il n’a pas manigancé pour se retrouver à la garde de l’otage Astoria Greengrass, dans l’optique de la libérer. Je n’ai jamais vu quelqu’un fomenter un plan avec un tel sang-froid, mémoire manipulée ou pas, il ne s’agirait pas qu’il passe pour la victime dans cette histoire. » Too bad, McLaggen, c’est précisément ce que ton avocate avait prévu. « Ne vous laissez pas berner par son visage d’ange et son air naïf ; Casper savait pertinemment dans quoi il s’engageait. »

Malgré tout, Viviane Rookwood semble rassurée, de tous, c’était le témoignage de McLaggen qu’elle redoutait le plus. « Ce qui est naïf, c’est de penser que la cour se laisserait berner par de pareils artifices. Cependant, mesdames messieurs les jurés, si je vous demande d’observer attentivement ce garçon, ce n’est pas tant pour apprécier sa bouche en coeur que pour juger son très jeune âge. On lui donnerait Merlin sans confession. Et c’est bien le souci principal de mon client ; comment voulez-vous prendre cette « gueule d’ange » au sérieux ? Il ne peut être convaincant qu’en simple outil médiatique. » Tu te tiens bien, ravalant ton orgueil. « Croyez-moi, monsieur McLaggen, aujourd’hui, les jurés ici présents sont davantage obnubilés par la cicatrice sur la gorge de mon client que par ses yeux de biche. » Quelques sorciers se penchent dans leur siège pour coller leurs yeux pernicieux sur ta précieuse cicatrice. C’est un cauchemar, et tu ne peux même pas la dérober à leurs regards. « En effet, le 4 janvier 2002, Boris Bagshot frôle la mort. » Quelques respirations se retiennent, se laissant prendre au jeu des révélations. Elle savait y faire et allait même jusqu’à calculer à quel moment elle devait t’appeler « Monsieur Bagshot » ou « Boris ». « Je ne voudrais pas gâcher le suspens et vais de fait, laisser la parole à mon premier témoin, Astoria Greengrass. »

Tu la suis intensément du regard tandis qu’elle traverse la foule, salvatrice comme une madone. « Mademoiselle Greengrass, vous êtes la fiancée de monsieur Bagshot, ou du moins, les fiançailles se seraient profilées s’il n’y avait pas eu le conflit de Pré-au-Lard ? » Oh, Tori, j’aurais voulu t’épargner ça. Tu n’avais pas à venir, tu sais, tu es trop bonne avec moi, Tori. J’ai tellement envie de sortir d’ici et qu’on reste que tous les deux. « Oui. Il ne manquait plus que Boris fasse sa demande et Père- mon père aurait certainement accepté. » Oh, Astoria, pourquoi j’ai l’impression que tu hésites, que ton regard est assombri par le doute, comme si tu n’étais pas sûre de dire oui. Tori, qu’est-ce qu’ils ont fait de nous ?
« Mais avant d'en arriver là, vous étiez loin de vous douter de l'avenir commun qu'on vous réservait. En effet, vous avez été l'otage des Belliqueux de juin 2000 à avril 2002. Monsieur Bagshot était alors chargé de vous surveiller ; à quel moment son comportement envers vous a-t-il changé, au point de mener à votre libération ? » « Il a... Boris a failli mourir. » Encouragée d’un regard de madame Rookwood, elle comprend que ça ne suffira pas et reprend. « Je suis soigneuse. » Elle lève ses mains pour illustrer son propos. « Il a failli mourir, sous mes yeux et sans réfléchir, je sais pas, je l'ai soigné. Je l'ai ramené, alors qu'il aurait dû mourir, on a failli y passer... je pense que j'ai ramené un peu de lui après ça. Qui il était vraiment. » Tu l’entends de nouveau crier ton nom -non, elle t’appelait Casper, à cette époque. Le crier vainement pour que tu reviennes, pour te maintenir éveillé, tandis qu’elle aplatissait ses mains contre ta gorge. Elle avait eu les mains si rouges ; même quand on les lui avait soigneusement nettoyées, c’était comme si elles avaient naturellement adhéré à une teinte plus rougeâtre, pour faire écho à ton cou de rouge-gorge. Et les autres ne voyaient pas ça ; ils ne voyaient en elle que la sorcière de salon. Toi, tu sais ce dont elle est capable, de la bonté désintéressée dont elle pouvait faire preuve. Quand tu n’existais plus que sous l’identité de Casper, elle était venue te tirer des limbes. Tu aimerais pouvoir te targuer de l’avoir retrouvé un peu aussi, qui elle était vraiment. Que vont-ils faire de toi, Tori ?

« Après votre libération, comment avez-vous vécu votre place de choix sous le feu des projecteurs, aux côtés de monsieur Bagshot ? » « J'étais contente d'être rentrée à la maison. » Elle hausse les épaules. « De revoir mon fils... ma soeur, ma famille. » Et comme elle sait pertinemment bien comment fonctionne le camp des jurés, elle ajoute « Je ne me rendais pas tout à fait compte de l'horreur dont était capable mon père... je ne voyais que ma famille, la richesse et la célébrité. Et Boris, comme un phare dans la nuit. » Oh, Tori, ils ne comprennent que ça. Ils ne nous voient que comme de fébriles sorciers de salon. Et nous savons parler leur langage. Oh, Tori, s’ils savaient, de quoi tu avais voulu être capable ; la marque, tu as voulu la prendre, juste pour leur prouver que tu en étais capable. Je n’ai jamais été aussi soulagé de te refuser quelque chose.
« Je vous remercie, miss Greengrass. » Rookwood la couve avec un regard maternelle, comme pour entrer dans son petit jeu destiné à attendrir les jurés, le fil rouge de cette séance. « Le phare dans la nuit est une expression justifiée et doucement ironique, quand on sait à quel point les deux jeunes gens ont été harassés par les médias. Miss Greengrass plus encore que son compagnon, au vu de ses affaires avec monsieur Malfoy. Plus que cela, à en juger par les couvertures dont ils faisaient la une, ils figuraient comme le couple parfait. Là encore, ce n’est pas tant les tristes circonstances dans lesquelles ils se sont rencontrés qui intéressaient l’opinion publique que le dénouement heureux et presque féérique de leur histoire. Ce ne sont que les apparences qui importaient, si bien que cela tendait à faire de l’ombre à la véritable raison de leur rapprochement soudain. » Il semblerait qu’elle ait en main des brochures découpés dans les magazines ; tu avais tendance à apprendre par coeur les immondices qu’on disait sur vous, rien que pour faire froncer Astoria du nez. « Miss Greengrass a en effet, par le biais de son don de soigneur, guéri la plaie mortelle que mon client arbore sur la gorge. Plus que cela, la magie qu’elle a partagé avec lui à ce moment-là a également ramené à lui certains de ses souvenirs, et entre autres, la véritable raison de sa présence parmi les insurgés. » Elle marque une pause, comme le temps de se faire à l’idée que la petite gourde qui avait témoigné était capable d’une chose pareille. Ils ne savent rien. « Nous assistons ici à un procédé un cran au-dessus des méfaits de l’Imperium. Beaucoup d’encre avait coulé avec les premières arrestations des Mangemorts des années 80. Cette fois-ci, le régime de Vous-Savez-Qui a fait en sorte d’embrigader ses disciples d’une autre manière, plus insidieuse, puisque dans le cas du trafic de souvenirs, le sujet se croit maître de ce qu’il fait. Pour celles et ceux qui suivent chaque affaire, vous avez assisté comme moi à la comparution d’Eugenia Bagshot, Oubliator de profession et partisane du régime de Vous-Savez-Qui. Elle a avoué avoir usé à plusieurs reprises de sortilèges d’Entrave de la mémoire développés dans son département. Si la plupart du temps, elle agissait à des fins professionnelles sur des victimes du régime ou sur des agents zélés, son fils n’était ni au courant, ni même au service du Ministère quand Madame Bagshot a jugé bon de lui modifier sa mémoire, je le rappelle, pour lui insuffler la mission de s’infiltrer dans un groupuscule rebelle. » Tiens, c’est vrai ça, elle a dû y passer aussi, maman. Elle s’en est sorti, maman ? Maggie s’en est pas sortie, Lestrange non plus. Et elle ? Tu as envie qu’elle s’en sorte ? Bah, on ne pouvait pas souhaiter l’inverse à sa mère, pas vrai ? Ça ne se faisait pas.

« J’ai ici des ordonnances retrouvées dans ce qui restait des effets personnels de monsieur Bagshot. Elles préconisent l’acquisition de larmes de cyclopes qui ont pour effet, je cite, d’atténuer les douleurs cérébrales chroniques dont mon client souffrait. Ajouté à cela les rapports de visites régulières à Sainte-Mangouste où mon client suivait des séances thérapeutiques pendant les heures du déjeuner, afin de lutter contre des migraines insoutenables. » « Objection, ses migraines pouvaient tout aussi bien trouver leur origine ailleurs ! L’élite sorcière s’adonnait à bon nombre de soirées mondaines où circulaient librement alcools et stupéfiants, malgré la présence de Rafleurs. » « Objection acceptée, Maître Rookwood ? » « Mon client a dépensé des fortunes pour combattre des symptômes que nous retrouvons dans les rapports des Oubliators, datant de l’époque où Cornelius Fudge était encore ministre de la Magie. Ils figurent dans les pièces que nous avons tous consultés avant la séance, si je ne m’abuse. Par ailleurs, au vu de l’état d’instabilité actuel de mon client depuis le début de la séance, je ne risquerai rien à supposer qu’il n’a pas eu droit à ces traitements durant tout le mois et demi de son enfermement. » C’est vrai ça, on est quel jour ? Ça ne fait qu’un mois et demi que je croupis ? Et pourtant, j’ai l’impression d’y avoir vécu toute ma vie. « Objection, l’avocat n’a pas l’expertise pour avancer ces propos. » « Qui a besoin d’expertise pour voir l’état déplorable dans lequel on me l’a confié ? Souhaitez-vous réellement le comparer aux photos d’avant son incarcération ? J’en possède à pléthore puisque mon client figurait régulièrement sur la couverture de tabloïds présents même dans cette salle. » Rookwood fait magistralement un tour sur elle-même, défiant du regard les journalistes qui baissent le nez, tout en s’assurant que tous les journaux à scandales ont répondu à son invitation.

« Je vous prie de continuer, Maître Rookwood. » « Il est aujourd’hui difficile de nier que monsieur Bagshot a vu sa mémoire modifier pour répondre aux attentes du régime, même s’il serait tentant de le réfuter, afin de le responsabiliser. Néanmoins, j’ai une dernière preuve que mon client est, quoiqu’on en dise, une victime : monsieur Bagshot est différent des autres Mangemorts ; plus que quiconque, il a subi sa condition, il a subi l’image du mangemort parfait que l’on a érigée de son joli minois. » C’est toi ou depuis le début, ta dignité prenait cher ? A quoi bon te faire sortir si c’est pour miner ta réputation au passage ? Tu l’ignorais, mais le pire restait à venir ; voilà qu’il arrivait, en jean pas très clean et en chemise un peu froissé.

« J’appelle monsieur Zacharias Smith à la barre. » Tu le suis des yeux, éberlué. Quel est le rapport avec tout le reste ? Vous ne vous étiez officiellement retrouvés que depuis peu de temps, tu ne voyais pas ce qu’il pouvait faire pour toi, à part- On est dans quelle partie du procès, là ? Il est censé te défendre ou t’accuser ? Ça n’avait pas fait partie des chefs d’accusation et pourtant, il aurait pu porter plainte pour tout le mal que tu lui avais fait et pour le coup, tu n’aurais pas échappé à la remise de peine.
« Monsieur Smith, vous étiez un camarade de classe de monsieur Bagshot, c’est bien ça ? » « Oui... on était dans la même année et dans la même maison. À Poufsouffle. » « Nous pourrions même dire que vous étiez amis, je me trompe ? » Tu te racles discrètement la gorge, un peu gêné, espérant naïvement que ça n’irait pas trop loin, cette histoire. Bah, il n’y a aucune raison que ça aille trop loin. « Ben en première année on était juste des connaissances mais en fait, à force de voir tout le temps la même personne... on finit par se lier, vous voyez. On avait les mêmes cours, on s'entraidait. Vous partagez pas un dortoir pendant plusieurs années en restant indifférent, enfin j'veux dire fatalement à un moment vous allez détester votre voisin ou l'apprécier. Nous c'était plutôt ça. » Tu te rends compte que tu avais retenu ton souffle. Parce que tu ne savais pas qu’on pouvait vous considérer comme des amis. Plus encore, tu ne savais pas comment lui vous considérait tous les deux - après tout, tu avais dû attendre un moment avant de biter que tu l’... Il n’y a pas de raison que ça aille trop loin. Smith n’avait rien à y gagner.

« Après avoir quitté Poudlard, vous vous êtes perdus de vue et retrouvés seulement en septembre 2003. A ce moment-là, saviez-vous qu’il avait subi un sortilège d’entrave à la mémoire ? » Tu te revois à ne pas comprendre sa familiarité, tu revois ses plissements de sourcils d’incompréhension. « Je... non je ne savais pas. J'étais pas forcément très au courant, j'essayais de rester ignorant de ce qui se passait pour ne pas... empirer les choses. Enfin, je ne savais pas au début mais quand on s'est revu c'était... bizarre. Enfin il me parlait comme si on avait simplement échangé quelques mots en sept ans alors que... eh bien, on avait été amis... c'est là qu'un des employés du Ministère m'a prévenu. En me disant que la mémoire de Boris » Tu tiques et espères très fort que c’est Madame Rookwood qui lui a conseillé de t’appeler par ton prénom au beau milieu d’un témoignage. Tu espères que tout ça avait été appris et répété et qu’il ne perdrait pas le contrôle « avait été manipulé pour qu'il puisse accepter de faire ce qu'il a fait. Et que cette manipulation avait été assez... forte pour voiler d'autres choses. » D’autres choses ? De quelles autres choses vous voulez parler, monsieur Smith ? Oh mais de rien du tout, monsieur le juge, je vous jure, il n’y a rien d’autre, rien d’autre en tout cas qui ait de raison d’être dit dans ce procès, par Merlin ! Tu essayes de happer le regard de Viviane pour qu’elle fasse taire ces inepties, mais Rookwood a l’air on ne peut plus satisfaite, à hocher pensivement la tête, comme si tout se déroulait selon ses plans. Tu préférais pourrir à Azkaban plutôt que d’assister à ce que tu craignais être la suite desdits plans.

Elle détourne quelques instants son attention de Smith pour s’adresser à l’assemblée. « Eugenia Bagshot a avoué lui avoir insufflé un désir de servir Vous-Savez-Qui en infiltrant les Belliqueux, et j’en veux pour preuve que les souvenirs liés à monsieur Smith sont des dommages collatéraux.
A moins que leur disparition n’ait été intentionnelle… Monsieur Smith, qu’en pensez-vous ? Y avait-il une bonne raison pour que Madame Bagshot lui fasse oublier votre relation ? »
Tu le vois hésiter un peu et croiser ton regard avant de répondre à la dernière question. Tes yeux dans les siens sont terribles, il ne doit rien dire. Il n’a pas le droit de te regarder en face s’il s’apprête à « La mère de Boris est une femme plutôt... traditionnelle ? Elle a manipulé la tête de son fils pour qu'il serve un monstre, alors ça devrait pas trop vous choquer d'apprendre qu'elle était pas très ouverte d'esprit sur la sexualité de son fiston. Parce que... ouais, Boris c'était un ami, ami. Il me disait souvent que sa mère voulait des petits enfants alors si c'était vraiment son objectif, mieux valait qu'elle fasse oublier à son garçon qu'il était plus intéressé par les b- » Il s'applique à rester poli, mais c’en est déjà trop pour toi. « hommes que par les femmes. Après ça n'a pas suffi. Mais elle a réussi quand même à tout lui faire oublier, pour un temps. Et moi j'ai rien oublié du tout, j'peux vous dire que c'était beaucoup, beaucoup de souvenirs. »

Même si tu es censé ne pas te rappeler, même si ça t’était revenu, le soir où vous aviez- il avait pas le droit de dire ça, de leur révéler ça, c’était un secret, c’était votre secret, c’était beau parce que c’était secret et maintenant, maintenant les tabloïds vont mettre la main dessus et le tourner en scandale et même si tu sors d’ici, tout le monde va continuer de vous juger, parce que tout ce temps tu l’as caché, et pourquoi tu l’as caché, Bagshot ? Tu as bien fait de le cacher, Bagshot ? Tu avais honte de ta différence, Bagshot ? Tu devrais avoir honte, Bagshot !
Ta famille, tu ne pourras plus jamais la regarder en face, ils voudront que tu partes comme ils avaient fait disparaître Morrigan -oh Morrigan, viens me chercher, s’il-te-plaît ; toi, tu comprendrais -pourquoi la seule personne qui te comprendrait le mieux au monde est aussi celle qui ne t’a pas vu traverser tout ça ?
Et Astoria, qu’est-ce qu’elle va en penser ? Oh, Tori, n’écoute pas ce qu’il raconte ! Tes yeux balayent la salle pour trouver les siens. Et ce que tu y lis à ce moment-là est indescriptible. Il n’y a pas de haine, dans les yeux de Tori. Elle réalise. C’est plutôt comme si Zacharias ne venait que de soulever le voile sur ce qui pesait sur elle et toi. Tout ce temps, tu voulais la protéger ; elle avait eu besoin de toi, et de croire que tu l’aimais plus que tout. Et tu l’aimais, oui, tu l’aimais ! Mais pas comme ça ; pas comme avec lui-
« C’était rien ! Une erreur de jeunesse ! » Pourquoi tu racontes tout ça, Smith ? Qu’est-ce que tu y gagnes ?? Qu’est-ce qu’elle va en penser, Bell ?? « Taisez-vous, Bagshot ; vous ne m’aidez pas et vous ne vous aidez pas non plus. » « Mais je suis pas .... ça, je suis pas comme ça- » « Oh que si, Bagshot ; et c’est précisément parce que vous êtes comme ça que vous allez sortir, alors plus un mot. »

Tu les entends, les multiples plumes à papottes qui grattent à toute allure le prochain article des pires journaux à scandales. C’est à te rendre fou, bien que Viviane Rookwood ne se laisse pas démonter sa défense par ton lâchage de nerfs ; au point où elle en est, elle serait même capable de le retourner en votre faveur.
« Mesdames et messieurs les jurés, regardez ce visage plus si angélique que ça ; ce garçon est plus effrayé à l’idée que ses parents apprennent qu’il est homosexuel que de savoir s’il est condamné à mort ou non. Qui sommes-nous en train de juger aujourd’hui ? Boris Bagshot, jeune homosexuel » C’EST QUOI LA REELLE ISSUE DE CE PROCES ??? TON HOMOSEXUALITE NE FAISAIT PAS PARTIE DES CHEFS D’ACCUSATION A CE QUE TU SACHES??? ELLE N’A PAS LE DROIT DE REVELER ÇA ? Ta famille est là, ta famille écoute la radio, lit les journaux, ils vont savoir, tout le monde va savoir Astoria, ASTORIA VA SAVOIR que tout ce temps, tu lui as menti, alors que tu voulais la protéger, vous protéger et elle va penser que tu es un menteur et un lâche que tu t’es servi d’elle, quand c’est en voulant la servir que tu as fait tout ça « issu et forgé par une famille qui se voulait rachetée auprès du régime de terreur de Vous-Savez-Qui ? Le jeune garçon qui s’est cru maître de ses décisions, qui se croyait converti à cette terrible cause ? Sommes-nous là pour juger le modèle que le système a fait de lui ? Ou le garçon qui revient difficilement à cette mémoire trouée ? » Les chaînes se resserrent autour de ta poitrine pour t’empêcher de te recroqueviller, et tu aurais été incapable de dire s’il s’agissait là de vraies chaînes ou simplement de celles imaginées dans ta tête. Pourquoi il a fallu qu’on mette ça sur le tapis ? Tu en voulais tellement à Rookwood, tu en voulais tellement à Smith et à toi-même d’être comme ça, peureux et différent.  

« Mesdames et messieurs les jurés, vous n’avez peut-être pas laissé sa chance à Theodore Nott qui, aussi âgé que mon client, a eu droit à la peine maximale » Tu as failli ne pas entendre ça, à vouloir te refermer en toi-même. Tu te tétanises dans ton siège. Il ne manquait plus que ça. Il ne manquait plus que de savoir que, même si tu sortais, il n’y aurait plus personne qui en valait la peine pour t’attendre au dehors. A tes yeux, tu ne différais en rien de Theodore, si ce n’est qu’il était plus doué en occlumencie que toi. S’ils n’avaient pas eu la décence de l’épargner, il n’y avait aucune raison pour qu’ils se montrent cléments avec toi… Rookwood avait sans doute surestimé leur pitié… Tu sens un vide immense grandir en toi alors que tu fais le compte de tous ceux qui ne reviendront jamais ; ça sert à rien de sortir, tout le monde sait et il n’y aura plus personne pour t’aider, là dehors. « vous n’avez rien à craindre de ce garçon. La seule chose que vous pourriez redouter serait d’en faire un nouveau Rabastan Lestrange. Et je vous assure que vous ne voulez pas recréer un monstre. Vous ne voulez plus de Rabastan Lestrange. » Elle ménage un silence, le temps que l’assemblée s’ébroue et se calme de nouveau. « Je vous remercie. »

*

Tu es tellement effaré que tu n’arrives pas à te réjouir de la remise de peine qui est prononcée. Sans compter les visites régulières que tu devais passer à la BPM en guise de contrôle, tu es libre, comme elle l’avait prévu. Libre mais prisonnier de tous ces aveux.
Tu restes prostré dans ton siège alors que les chaînes se délient. On te soulève sous chaque aisselle, avec un peu plus de précaution cette fois, même si l’un de tes gardiens n’a vraiment pas l’air content que tu t’en sortes. Tu aimerais bien l’y voir.  
Tout est fini, à présent, et pourtant, tu ne t’es jamais senti autant vulnérable.

« Il n’y a pas de quoi, Bagshot ; vous et votre ami me remercierez plus tard. »
La remercier de quoi ? Tu étais peut-être libre, mais ta famille ne voudrait plus de toi, et heureusement pour toi que Rookwood avait été payée d’avance, sinon, ils auraient refusé de verser le moindre galion pour ce qu’ils avaient appris sur toi. Tu avais payé trop cher, tu avais payé de toute ta personne. Tu ne voulais plus voir qui que ce soit. Tu ne savais pas où aller.
Tout ce que tu savais, c’est qu’à présent, le reste du monde sorcier savait, lui aussi.
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WIZARD • always the first casuality
Azela Firefly
Azela Firefly
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‹ baguette : est composée de bois de saule cogneur, de plume d’hippogriffe et mesure 22 cm.
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‹ réputation : je suis robuste, stable, égarée et trop fidèle.
‹ particularité : difficilement sous le joug de quelqu'un mais une fois que ça arrive, impossible de m'en détacher malgré la nuisance possible.
‹ faits : je suis runiste. Abusée et honteusement utilisée contre mon gré lors de la dernière bataille, j'ai été retenue et enchaînée à St Mangouste pour graver les runes sur les corps méconnaissables de sorciers brisés du Magister qui me faisait chanter en me dérobant mes parents. Je suis, depuis la libération, sous liberté surveillée, attendant mon procès, abîmée par mon pouvoir, cherchant une quelconque rédemption.
‹ résidence : un studio dans une rue étroite de londres.
‹ patronus : une loutre
‹ épouvantard : trois portes qui partent vers l'inconnu.
‹ risèd : mon envie d'être reconnue pour ce que je suis.
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Décision n° 14 du 2 avril 2004
Magenmagot

Sur le jugement d’accusation suite au conflit ayant opposé deux parties. Mme Azela Firefly, par décret du Tribunal de la Magie, rendu le 23 décembre 2003, a été assignée en justice pour utilisation néfaste de runes gravées sur des corps lambdas, alors que la base de l’apprentissage de cette capacité interdit cet usage. Ainsi que pour avoir collaboré, à l’hôpital Sainte Mangouste, avec un ennemi public communément recherché par les tenants de ce procès. Que, de ces accusations, résulte une condamnation pour crimes contre l’humanité. La cour a prononcé ;

Par une décision du 2 avril 2004, la chambre criminelle du Magenmagot a déclaré, par des circonstances uniquement basées sur des faits, que Mme Azela Firefly est coupable mais non responsable de ces crimes.

Attendu que, pour motiver sa décision, le Tribunal de la Magie s’est fondé en l’espèce sur la situation de la sorcière au moment où les faits ont été accomplis. Que résultant du témoignage de Mr et Mme Firefly, délivrés à la fin de la Bataille, ayant déclaré qu’ils avaient été enlevés par les forces du Mal, et qu’en échange de leur liberté, ont déclaré que leur fille unique devait se soumettre aux ordres et aux volontés des Mangemorts. Que par conséquent, suite aux dommages corporels et psychiques, à la pression et au traumatisme subis par l’accusée, Mme Azela Firefly n’avait pas eu d’autres choix que de se cantonner à écouter ses ravisseurs dans le but de sauver sa famille.

Attendu que, Mme Azela Firefly a été retenue dans le lieu-dit de l’hôpital Sainte-Mangouste où elle a commis ses crimes et a été emprisonnée dans des conditions de détention dégradantes constatées lors de la Libération par des témoins ayant décrit le lieu d’isolement. Ainsi qu’en accomplissant ses actes, l’accusée s’est elle-même fortement blessée. Que par constatation des informations apportées aux juges sur les pouvoirs des runes, les jurés ont appris que la gravure de ces pièces ont comme conséquence le drainage d’un taux important de l’énergie vitale, et qu’ainsi Mme Azela Firefly a mis sa vie en danger au risque de périr, dans des buts non lucratifs.

Accusée d’avoir, en contradiction avec la vertu naturelle de ses pouvoirs, condamné un membre protégé de la confrérie des loups garous dans un supplice certain et d’avoir gravé en lui une rune qui aurait permis son emprisonnement sous le Ministère Mangemort. Mme Azela Firefly est inculpée d’avoir commis un acte de violence et de traitrise selon certains témoins qui considéraient en l’espèce, qu’elle aurait pu avoir le choix. La Défense, s’étant prononcée souverainement, estime qu’elle y a été contrainte, précisant qu’elle est venue rendre plusieurs fois visites à la victime pour essayer de réparer son erreur sans assurance de succès ou d’échec. L’ordre qui protège le concerné ne peut donc porter davantage ces accusations et le moyen ne peut être recueilli par les juges.

Attendu que, par témoignage relaté par Mr O'Faoláin qui affirmait que l’accusée participait « hargneusement » à la traque des personnes recherchées et des Mangemorts après la Bataille malgré sa position « inconfortable » et qu’elle était déjà parvenue à repérer la position de certains de par ses capacités de runiste, les juges considèrent que Mme Azela Firefly a su prouver sa fidélité au gouvernement en place ainsi qu’aux héros de guerre. En l’espèce, la peine retenue par la partie demanderesse sera atténuée.

Le Tribunal Magenmagot casse la décision de l’accusation, pour ce qui est de la rétention de la concernée et condamne Mme Azela Firefly à verser des dommages et intérêts au Gouvernement dans le but de compenser le choix qu’elle a fait bien qu’imposé, de servir les Mangemorts. Elle devra désormais, se montrer dévouée envers les Libérateurs et restera surveillée les deux semaines qui suivront l’enregistrement de la décision des juges, insusceptible de recours.
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