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sujet; event #12 (procès de guerre) ► you shall not pass

FONDA • tomorrow's a mystery
Oblivion
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Procès de guerreyou shall not pass
A retenir : la participation à cet event est facultative.
» 28 décembre, 10am.
L’attente anxiogène est arrivée à terme. Voilà des jours déjà que les pavés de la Cour de Justice dégueulent, sans discontinuité, leur flot d’accusés débusqués par les Aurors, voués à se terrer derrière des barreaux en l’attente de leur jugement, ou entre les murs d’un garant bien intentionné, avec interdiction d’oser se montrer au grand jour jusqu’à leur convocation. Des jours, également, que la BPM multiplie les interrogatoires de civils et d’anciens Belliqueux, afin que soient rapidement traités les cas de moindre importance – collaborations mineures ou forcées, possession de rebut, entre autres – et que soient blanchis les insurgés que l’acharnement des mangemorts a rendus cruels. Car après tout, n’ont-ils pas fait couler le sang pour la bonne cause ? Certains se sont même vus gratifier d’un Ordre de Merlin, récompense pour leur ténacité à faire s’effondrer, coûte que coûte, la tyrannie, et à vrai dire, on se soucie peu des larmes des familles qu’ils ont brisées (car qu’ont-elles fait, elles, d’autre que plier sous le joug du dictateur, abandonnant leur pays à son sort par égoïsme, faiblesse ou lâcheté ?).

La communauté sorcière anglaise et même plus : internationale, retenait son souffle pour une toute autre raison. Ce ne sont pas les vainqueurs que l’on veut sur le banc, mais les perdants, et voilà que leur heure approche. On les sort enfin de leurs cellules, ces meurtriers entassés par dizaine, par manque de place ; on les aligne comme ils ont fait marcher leurs rebuts vers la mort, durant l’ère révolue de leur gloire sanglante. Et au bout de leur pèlerinage vers le cœur du ministère, les juges du Magenmagot ou de la Cour de Justice, selon les cas, les lorgnent d’un œil sentencieux.

C’est une salle souterraine — un ancien cachot. Il y règne une atmosphère sinistre, menaçante. Aucune autre décoration que des bancs disposés en gradins pour qu'on puisse, de partout, voir le mieux possible le fauteuil aux bras dotés de chaînes. L’assistance entre par la porte de devant et dès leur arrivée, on les fouille ; les baguettes sont confisquées, par prudence, aucune arme quelle qu’elle soit n’est autorisée à l’intérieur. Tous prennent place, dans un grondement de murmures tantôt inquiets, tantôt revanchards ou excités. Sur la tribune qui leur est attribuée, les journalistes portent autour du cou les badges indiquant leur nom et celui du quotidien pour lequel ils travaillent, leurs plumes à papote s’agitant déjà sur leurs parchemins. Les plus modernes d’entre eux brandissent simultanément leur Hibou de Poche, pianotant sur les touches pour commenter sur le Magic Scroll Network, minute après minute, les évènements dont ils sont témoins.

« Faites entrer l’accusé. » Le silence, à présent, est total.

L’homme, flanqué de deux Aurors, est rudement assis sur le fauteuil central. Le soupir de soulagement est général : tous craignaient d’être confronté à la présence de Détraqueurs. Mais les revendications des militants doivent avoir porté leur fruit, aucune de ces créatures maléfiques ne semble avoir été admise au procès. Les chaînes étincellent d’une lueur dorée et, comme doué d’une vie propre, s’enroulent autour des bras d’un Amycus Carrow engoncé dans une robe de sorcier en lambeaux, l’air hagard, les yeux fous. Dans un cliquetis sonore, la cage se ferme autour de lui. « Amucys Carrow, vous comparaissez devant le Conseil du Magenmagot pour répondre à des accusations en rapport avec les activités criminelles des Mangemorts., annonce le Président-Sorcier. Du fond de son siège, Carrow ne semble même pas l’entendre. « « Leto, Leto », marmonne-t-il seulement en une litanie désemparée. Il semble imperméable à tout. Aux chefs d’accusation que formule le Président, à la prise de parole du Sorcier à l’Accusation qui le dépeint tel les horreurs qu’il a commises durant la guerre ; au plaidoyer morne et sans passion d’un Sorcier à la Défense commis d’office. « Mon client consent à plaider coupable », achève l’homme, et Carrow tressaille, mais d’une joie étrange. « Coupable, coupable d’avoir tous voulu les saigner ». « Je demande aux jurés, reprend le Président d'une voix tonitruante, de lever la main s'ils estiment, comme moi, que ces crimes méritent la peine capitale. » Tous les juges lèvent la main, d’un commun accord, sous les applaudissements de la foule. Il y a sur les visages une expression de triomphe empreint de sauvagerie, mais sur les lèvres du condamné, le sourire s’éteint. « Non non non non », il persiffle. « Je ne peux pas rejoindre Leto, pas avant d’avoir tué cette petite garce », s’exclame-t-il, comme brusquement arraché à ses limbes par un élan de conscience. « Je dois lui arracher les entrailles, j’ai promis ! » « Silence ! » « Lui faire gober ses propres phalanges, à cette maudite, la dépecer membre par membre- » « Emmenez-le ! La sentence sera exécutée dès demain à l’aube ! » « Elle a tuée Leto, elle l’a tuée, il faut qu’elle paye ! » Les Aurors l’immobilisent, traînent de force son corps qui se révulse vainement, luttant contre les sorts d'entrave.

» Précisions HRP
• Déroulement : Tout juste interrompus par quelques demi-heures de pauses, les procès se succèdent et n’excèdent pas quelques heures. Ils sont tenus soit par le Magenmagot, soit par la Cour de Justice (selon la gravité des accusations). Parfois jugés par groupes, parfois individuellement, les criminels de guerre bénéficient de défenses minables et écopent de jugements sévères à l’excès. Rares sont ceux qui s’en sortent, sauvés par l’intervention de témoins très convaincants. Attention : le gouvernement n'a pas tenu sa promesse au sujet des brainwashés. Pour plusieurs d'entre eux, aucun psychomage n'a été appelé à la barre. C'est souvent le Président-Sorcier qui déclare à titre d'information que les résultats de l'évaluation psycomagique effectuée ne se sont pas avérés suffisants pour disculper l'accusé.

• Accusés : Les procès en eux-mêmes seront postés en un seul message par les criminels et collabo qui souhaitent décrire leur passage en jugement. Il est obligatoire de les dater (merci de suivre un ordre chronologique en tenant compte du jour choisi par les messages qui précèdent le votre).

• Spectateurs et témoins : Les civils, héros et outcasts peuvent intervenir plusieurs fois pour commenter les procès auxquels ils assistent ou témoignent (maximum une réponse par procès).

Approuvé par le Ministère de la Magie


Dernière édition par Oblivion le Ven 3 Mar 2017 - 21:09, édité 1 fois
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― YOU SHALL NOT PASS  ―



27 DECEMBRE 2003. La tension s'imprime dans tes mains, écrasant presque le papier entre tes doigts. La tasse de thé est encore fumante sur la table basse du modeste salon, un livre s'est suicidé à ses côtés. La scène semble être suspendu dans le temps, gravé d'une étrange tristesse, bercée d'une terrible mélancolie. Tu le savais pourtant. Tu étais parfaitement au courant. Ils n'allaient pas t'oublier au fond de l'Irlande. Ils n'allaient pas vous laisser vivre, ici, éternellement, sereinement. Tu as, après tout, choisi de rester, d'assumer, de te responsabiliser. Tu t'en souviens, hein ? Une fois la guerre achevée, tu as transplané pour te livrer aux nouvelles autorités. Tu leur as confié ta baguette, ta plus vieille amie. Tu  sais que tu as bien plus à perdre en fuyant, en combattant qu'en renonçant. Après tout, elle ne peut pas te suivre jusqu'en enfer. Après tout, elle mérite bien ton sacrifice, l'armistice. Elle mérite bien de vivre, elle. Même si c'est sans toi.

Alors doucement, tu bouges, attrapant la tasse de thé pour le siroter. Tu songes qu'à Azkaban, ils n'en serviront pas d'aussi bon. Un peu simplement, un peu tristement, tu te redresses, décidé à t'en faire une autre tasse. La lettre a chuté, frappé du sceau du Ministère, elle crache de son écriture hideuse et mécanique la date de ta chute, de ta fin.

Spoiler:

Tes pas claquent contre le sol froid, tu poses doucement une tasse de café chaud sur la table de nuit, alors que tu viens te glisser dans le lit, tout contre Nyssandra. Tu glisses le nez dans ses cheveux et tu murmures ; « Je l'ai reçu. ». Les mains s'égarent jusqu'au ventre lourd où tu sens Nate donner un coup. Il t'arrache un sourire, un rire et tu viens plus proche. Cela fait pourtant longtemps que votre monde s'est effondré, écroulé. Cela fait pourtant quelques temps qu'on vous a presque tout retiré : le Précieux Caprice, l'argent, bientôt votre enfant. Ce n'était après tout qu'une question de temps avant que tu doives partir pour ne plus revenir.


29 DECEMBRE 2003, 14H30. Tu t'es persuadé que c'était comme aller au travail, que c'était comme toutes ces fois-là. Tu arpentes les même couloirs, tu te condamnes aux même devoirs. Tu t'es même glissé dans le même costume noir, laissant ta cravate t'étouffer. Tu étais tout ce qui a de plus respectable, enviable. Tout ce que les Purs font de bien. Froideur & élégance s'accrochent encore à tes pas lorsque tu te présentes à tes bourreaux, lorsque tu t'approches des aurors et de leur nouveau chef, Quinn O'Malley. Tu les vois déjà porter leur main à leur ceinture, prêt à dégainer. « Allons, avec quoi pourrais-je vous attaquer, messieurs ? Avec mes mains ? », le cynisme est craché comme une insulte. Il faut être ridicule pour penser que tu peux encore les esquinter, les bousiller sans aucune magie. Tu peux seulement les effrayer, les terrifier du bleu glacial de tes yeux. Tu peux seulement encore leur inspirer du respect, les tenir éloigné. Ils n'ont jamais compris que la pureté, seul, de ton sang te donne des droits infiniment supérieurs, qu'irrémédiablement, tu es d'une élite qu'ils ne peuvent comprendre, effleurer. Tôt ou tard, les Sacrés ne seront plus les Condamnés mais les Vengés. « Vous voulez vraiment prendre le risque de me toucher ? La langue claque et tu observes le jeune Auror hésiter à te passer les menottes. Je pourrai bien prédire votre mort. Tu hausses les épaules, récupérant les menottes, les glissant à tes poignets. Juste une plaisanterie. » Un regard vers l'homme blond et les portes s'ouvrent devant une foule, attendant du pain et des jeux. Ils ont soif de vengeance. Ils ont soif d'(in)justice. Ils se croient tellement meilleur que vous.

Et le nouveau Magenmagot t'observe, l'air dégoûté & ennuyé ; Tu es le combientième à passer dans cette cage ? A ne plus pouvoir bouger, à pouvoir à peine respirer. Pour qui se prennent-ils à pouvoir te juger ? Comment osent-ils formuler un jugement sur tes actes ? Un raclement de siège et le Président-Sorcier se racle la gorge et énonce glaciale ; « Aramis Lestrange, vous comparaissez aujourd'hui pour les chefs d'accusations suivant ; complot, crime contre la Paix, crime contre la Communauté Sorcière, crime de Guerre, association de malfaiteurs, participation au Cercle de Vous-Savez-Qui. Nous laissons la parole au Parquet. Un sorcier aux cheveux grisonnants & à la moustache tremblotante se redresse. Merci, Monsieur le Président. Il désigne l'homme qui se pose en autorité de cet étrange spectacle. Honorable Conseil, honorables sorciers & sorcières présentes, vous connaissez tous cet homme. Un doigt accusateur pointe vers  toi. Tu restes glacé, les mains posées sur tes genoux réunis dans un calme olympien. Aramis Lestrange, le fils d'un mangemort trop connu pour ses actes de cruauté, Rabastan Lestrange. Ainsi que le filleul et le neveu de cette même engeance de Rodolphus et Bellatrix Lestrange. Ne dit-on pas que les dragons ne font pas des licornes ? Rien ne peut s'avérer plus vrai. Comme eux, Monsieur Lestrange a tué, a torturé, a blessé que ce soit dans le massacre de Godric's Hollow ou bien lors des événements tragiques de l'Exécution des Rebuts. Il ne s'est pas arrêté là, crache-t-il, captivant la foule, appâté par les odeurs de chaire blessée. Il a tué d'innombrables insurgés lors des assauts sur les camps. Il s'est fait architecte de leur mort en dévoilant ses visions à Vous-Savez-Qui. Il y a un mouvement de haine, des murmures, des semblants d'insultes qui ne t'atteignent pas. Oui, vous avez bien entendu ! Il a vendu ses visions à ce tyran pour un peu de pouvoir, un peu de gloire. Tu hausses un sourcil, complètement étonné de ses révélations sur ta propre personnalité. Tu n'as aidé que ce régime pour pouvoir mettre ceux qui te sont chers à l'abri de tout. Tu n'as voulu que du pouvoir pour protéger, pour garder les tiens en vie. Tu n'as désiré que de les aimer à travers ce que tu sais faire de mieux : te sacrifier. Et où cela l'a-t-il mené ? A la position la plus haute de l'organisation des Mangemort ; Le Cercle. La garde rapprochée de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom qui savait ce qui se passait, qui prenait les décisions en âme et conscience. Il y a un cri. Messieurs, dames, oui, il savait, oui, il a choisi lequel de vos proches allaient mourir, se faire torturer, blesser. Il savait et il n'a rien fait. Il y a même contribué. Cet homme, messieurs, dames, est coupable. Coupable de votre douleur, coupable des morts que vous pleurez, coupable de tout ce qui s'est passé. » La moustache tressaute une dernière fois ; « Alors, chers jurés, n'ayez aucune pitié envers ce sorcier comme il n'en a eu aucune pour nos frères & sœurs d'armes morts au combat. »

N'as-tu eu vraiment aucune pitié ? Il te semble avoir pourtant été bon avec Blair avec quelques patacitrouilles achetées pour elle sur le chemin de traverse, en essayant de faire sa vie plus douce lorsqu'elle était un rebut. Il te semble pourtant avoir sauvé ta sœur et Weasley femelle. Il te semble avoir fait tout maximum pour sauver Draco, ne rien livrer à ton père pour mener à sa perte. Tu jures, pourtant, d'avoir fait ce qui était nécessaire, ce qui était bon. Mais eux n'en savent rien, n'en connaîtront jamais rien.

« Monsieur Wilson ? » Le sorcier à la défense commis d'office est blême, trop jeune pour défendre ton cas. Il a bien essayé durant ses derniers jours de monter une défense plausible. Il a même multiplié ses visites entre Londres & l'Irlande pour t'en parler. Tu l'as toujours accueilli avec une tasse de thé, un bon livre. Tu lui as toujours dit en fumant une cigarette, au vent, loin des oreilles de Nyssamour, que de toute façon, ils t'ont déjà condamnés, que rien ne pourra te sauver, que tu es déterminé à assumer. Mais, lui s'est attaché, lui est affamé de justice, lui est persuadé qu'il peut t'aider. « P-Pardonnez-moi, j'ai eu un instant de flottement. Il cligne des yeux, semble déboussolé, désabusé. Il faut dire qu'avec ce flot de parole, monsieur Smith m'a légèrement perdu. Un sourire se trace, on ne dirait pas comme ça, mais il sait montrer les dents. Et même si c'est un combat perdu d'avance, il veut lutter. Ce n'est pas en babillant, en hurlant, après tout, qu'on s'intéresse plus à vous. Le Sorcier du Parquet vire cramoisie, touché par l'insulte. Monsieur Wilson, ce n'est pas le propos. Ahahah, navré, je me suis encore perdu. Il y a un raclement de gorge. Monsieur Smith vous l'a déjà dit, vous connaissez déjà Monsieur Lestrange. Il est vrai que c'est un des plus jeune mangemort a avoir intégré le Cercle. Il est vrai qu'il a commis des atrocités, il ne me l'a même pas caché. Il ne m'a rien caché. Il sait pertinemment ce qu'il a fait. Pour ça, il ne demande ni votre pardon, ni votre punition. Il se punit lui-même chaque jour pour ça. Il y a d'autres murmures, d'autres plumes à papote qui gratte le papier. Connaissez-vous la malédiction de ceux qui portent le troisième œil ? Mh, sûrement pas. Il est vrai que vous jalousez leur capacité à connaître passé & futur, d'avoir les clés de tous les possibles. On oublie, cependant, une chose dans le cas d'Aramis Lestrange. Il revit la mort de ceux qu'il a tué. Il revit les douleurs infligés. Il revit ce qu'il a fait. Et pourtant, il le referait, vous savez, tuer, blesser, torturer. Pourquoi ? Parce qu'il a choisi de protéger sa famille. Parce que le pouvoir qu'il a amassé, il ne l'a utilisé que pour ceux qui lui sont chers. Aramis est un être désintéressé, prêt à se sacrifier les yeux fermés. C'est pour cela qu'il s'est rendu aux autorités une fois la guerre finie. C'est pour ça qu'il n'a pas fuit. Pour ça, personne ne peut lui en vouloir. » Tu sens l'étonnement & le mépris de la salle envers ce portrait compatissant & pourtant réaliste. « Et pour son nom. Qui peut blâmer monsieur Lestrange d'être né dans la mauvaise famille ? Qui peut le blâmer d'avoir recherché l'amour des siens & leur sécurité ? Vous ne savez sûrement pas ce que c'est, vous, d'être le fils d'un criminel, d'être détesté pour ce qu'il a fait. Vous ne savez pas ce qu'a été la vie de mon client. Et pourtant, je le dis, je vous le demande, vous devez avoir pitié si vous êtes sorcier. Vous devez essayer de comprendre. C'est pour cela que je le demande ; Ne soyez pas injuste, messieurs, dames, les jurés. »

Il y a une hésitation parmi eux. « Et quel est le statut de votre client sur ce dont il est accusé ? Je laisse Monsieur Lestrange vous le dire lui-même. Tu lâches d'une voix lourde & rocailleuse, ayant aperçu la chevelure de Nyss parmi la foule. Coupable avec circonstances atténuantes. » Il y a un silence et puis la voix du Président-Sorcier résonne : « Je demande aux jurés de lever la main si ils estiment Aramis Lestrange coupable. Unanimement les mains se lèvent. Veuillez lever la main si vous estimez qu'il existe des circonstances atténuantes. Quelques mains se dressent sous des regards noirs. Bien trop peu pour changer la donne du procès de mascarade qui se joue ici. Nous déclarons donc Monsieur Lestrange coupable et pleinement conscient de ses crimes. Nous le condamnons à perpétuité à Azkaban. Monsieur Lestrange, avez-vous quelque chose à décla- Mais que lui arrive-t-il ? » Les tremblements t'enfoncent dans le siège, les yeux vitreux, tu pars en arrière, complètement anéanti par une vision :

« V-Vous paierez pour vous donner le droit de nous juger.
Vous paierez pour votre injustice.
Les 28 Sacrés n'oublient pas, la Magie non plus.
Bientôt, tous verront. 
»

Tu te cognes aux barreaux, griffant ta peau, te brisant, t'éclatant. « Sortez le de là ! Et emmenez-le ! », les Aurors s'abattent sur le corps tremblant, te saisissent de sorts d'entrave avant de te calmer, le corps choqué, exténué. L'assemblée reste muette, interloquée, pesant le pour et le contre de ce à quoi ils viennent d'assister. Le Président-Sorcier lâche sobrement ; « C'est juste encore un tour de mangemort, il a sûrement juste tenté de nous faire peur. Pour la peine, il sera mené à Azkaban dans l'heure. ». Il y a juste un bourdonnement sourd dans ta tête et le vide, tu veux juste dormir, tu veux juste mourir. Tu es traîné hors de la salle, hors du Ministère, droit vers Azkaban.
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30 DECEMBRE 2003, 8H00. Ceux qui ne dormaient pas se taisaient. Ils avaient fini par se fatiguer, à crier et à pleurer. À toujours interpeller ceux qui faisaient les cent pas devant les barreaux. Et ceux qui ne s’étaient pas fatigués assez vite avaient fini l’échine écrasée contre le mur de pierre du fond, des traces bleuâtres au cou et une ou deux dents en moins. Rabastan aimait son confort ; ce n’était certes pas ici qu’il pourrait avoir ses quatre douches, ses costards sur mesure, son siège de bureau et son tapis Axminster… mais alors au moins qu’on daigne lui accorder un minimum de silence. Peu importe qu’il doive se salir les mains pour l’obtenir. Il n’était plus à ça près.
Il n’était plus à ça près.
Il en regarde un, roulé en boule, les bras croisés sur sa poitrine dans une tentative pour se réchauffer ; il a quoi ? Vingt-six ans ? Il a l’air d’être juste un peu plus jeune qu’Hécate. (Pourquoi tu penses à ça ?) Malgré sa stratégie de repli, il tremble. Se concentrer sur ce petit gars lui fait oublier à quel point lui a froid. On doit être encore en décembre — il ne se souvient pas de la date, il sait qu’on lui a dit hier mais les chiffres se perdent et se mélangent. On est en hiver. Le Ministère est une grosse baraque, si son (ancien) bureau était difficile à chauffer, alors les cellules, ouvertes à tous les courants d’airs… On pouvait toujours rêver. Ses gestes sont lents. Décousus. Ses pensées sont lentes. Sans suite. Les passages des gardiens, devant les barreaux, lui paraissent toujours plus rapides. Il se souvient de ce que lui a déjà dit Boris, quelques jours plus tôt : il avait abandonné. Il regarde autour de lui : tout le monde a abandonné — on ne sortait de là que par un seul chemin. Et si certains ici pouvaient éventuellement s’en tirer devant un jury, ce n’était pas le cas de Rabastan.
Il avait plus de chances de parvenir à s’enfuir que d’être acquitté. Ou même que de se prendre une peine autre que la capitale ou la perpétuité. La capitale ou la perp- L’idée ne reste pas accrochée, s’échappe alors que Boris, qui dormait depuis déjà quelques heures semblait-il, appuyé sur le flanc gauche de Rabastan, commence à pencher de l’autre coté. Il entoure les épaules du gamin de son bras gauche pour le ramener contre lui. Il sent sa peau froide à travers leurs vêtements, ses lèvres sont plus violettes que rouges. Il fait froid — on est en hiver. Il ne sait plus quelle date alors que pourtant il est persuadé qu’on lui a dit la veille.
À… à quoi il pensait tout à l’heure ? Peine capitale et…
Il regarde la buée qui s’échappe de ses lèvres. Ça lui rappelle l’hiver.
C’est qu’on est en hiver — la fin du mois non ? Il est convaincu qu’on lui a dit hi-

Il ne remarque presque plus le passage des geôliers devant les portes maintenant, ce qui bouge va trop vite. Il ne sait pas si c’est le froid qui le ralentit ou bien la persp- Le bruit d’une baguette qui vient heurter les barreaux le fait sursauter, lui et une grosse majorité de ses colocataires. La femme qui les regarde depuis l’autre coté, sa baguette dégainée, à presqu’un regard compatissant lorsque Rabastan croise son regard. Presque. Ou bien c’est simplement qu’il a du mal à interpréter son sourire, elle est peut-être juste extrêmement satisfaite par ce qu’elle voit : « On vient te chercher dans quelques minutes Lestrange. » Ah ? Il va répondre mais elle a déjà disparu — trop rapide. Boris bouge encore, à coté, apparemment réveillé comme d’autres par la soudaine intervention. Comme il ouvre les yeux Rabastan lui lâche l’épaule. « Bien dormi princesse ? » chuchote-t-il (il ne fait plus que parler à voix basse, sans tonalité, il ne sait pas pourq-) « Mieux que vous visiblement. » marmonne Bagshot. Ce n’était pas dur de faire mieux que lui dans ce domaine : Rabastan n’arrive plus à se souvenir de la dernière fois qu’il avait do-
Il a du mal à se concentrer.
Et y a le petit gars là qui a froid.
Et Bagshot qui est jeu-
Y a encore du passage devant la porte non ?
On lui a pas dit un truc ?
La date ? On est le combien ?
Allez Rabastan : fais marcher ton cerveau, on est le combien ?
« Je veux juste dormir… » il lâche. « Quoi ? » Il parlait trop bas pour que même son voisin puisse l’entendre.
Il voulait juste dormir… pour mieux se concentrer.

On est le combien ?
Elle a dit qu’on venait non ?
On est le combien ?
Y avait pas trente six moyens de s’en sortir et c’était par la p-
On est le combien ?


30 DECEMBRE 2003, 8H15. « Lestrange, tu te lèves et tu t’approches de la porte. » Il n’a pas trop de mal à se tenir droit sur ses jambes mais « ‘Partez où ? » Rabastan se dit que Bagshot n’a peut être pas envie de se retrouver privé de son premier compagnon de galère. Il prend la main du gamin qui s’était accroché à lui : « Privilège d’aîné, je me barre avant toi. » Il ne le lâche pas tout de suite. « ça va aller gamin. » Après une dernière pression sur les doigts abîmés de Boris il lui rend sa main : « j’espère pour toi qu’on ne se reverra pas. ». Il s’avance jusqu’à la porte. Il y a la femme de tout à l’heure, trois autres hommes. Baguettes tirées. « Garde tes yeux baissés Lestrange, on ouvre la porte, tu sors : un geste de travers et tu te prends un sort. » Comme demandé il ne cherche pas le contact visuel et regarde le sol alors qu’il entend le grincement de la porte. « Deux pas en avant. » Deux pas en avant. Ils referment la porte derrière lui. Un des trois hommes lui tend des vêtements pliés « Change toi. » Il redresse la tête, par réflexe, simplement pour voir le visage de celui qui lui parl-
La gifle ne lui fait pas vraiment mal mais lui remet les idées en place. Elle a de la force cette nana. Elena tapait pas auss- « Tu gardes les yeux baissés. » Elle lui en colle une deuxième, pour faire bonne mesure « Ou sinon je te jure qu’on te fout un sac sur la tête. » « Je ne vais pas m’enf- » Et une troisième pour la route, il reste immobile, la tête penchée là où la claque l’a faite basculée, la mâchoire contractée. « Et tu parles quand on t’a autorisé à parler. » Elle n’est pas si loin de lui et il n’aurait pas grand mal à juste la choper à la gorge. Il serre son poing, expire lentement. Le type lui met les vêtements dans les bras sans attendre plus longtemps : « Change toi. Tu dois êtes là-bas dans un quart d’heure. » Il regarde derrière lui, en biais, vers la cellule qu’il venait de quitter et froisse du bout de ses doigts la manche de la chemise qu’il portait le jour de sa capture. Il se décale un peu plus dans le couloir avant de poser le paquet par terre et de commencer à déboutonner sa chemise : ses doigts ne sont pas suffisamment rapides, il est trop fatigué et a trop froid pour être efficace. « Pour l’amour de Merlin ! » Elle est assez grande, cette femme, presque la même taille que lui. Sans relever la tête il la voit venir jusqu’à lui et ferme les yeux instinctivement. Une quatr- ? Non, elle a les mains chaudes, il sent ses doigts contre son torse alors qu’elle finit de lui déboutonner sa chemise pour la lui retirer. Puis elle se penche pour attraper le T-Shirt gris qu’elle lui déplie avant de lui coller contre la poitrine : « T’arriveras à l’enfiler ? Y a pas de boutons là-dessus. » « C’est une vraie question ? Je dois répondre ? Ou je dois me taire ? » « Fais pas le malin Lestrange, c’est pas le bon jour pour ça. » Au contraire c’était le jour rêvé pour faire son malin, il aurait un public un peu plus impliqué que Boris Bagshot.
Le T-Shirt est trop petit et trop large ; tout un concept. Mais au moins il est propre ? Il déboutonne ensuite son pantalon — sa ceinture avait été confisquée depuis longtemps. Elle ne l’aide pas pour ça, il prend un peu plus de temps avant de finalement être en simili uniforme gris. Elle lui donne une tape sur l’épaule avant de le pousser en avant : « Allez Lestrange, on décolle. Garde tes yeux sur tes pompes et la gueule fermée, ça devrait bien se passer. » Un des autres mecs qui l’escortait, prêt à le stupéfixier vraisemblablement au moindre pas de travers semble d’humeur à faire la conversation : « Ça doit pas être trop stressant, pas comme si tu te doutais pas de ce qui t’attends. » Inspire. « Le cherche pas putain. Ta gueule et marche. » Expire. « J’dis juste que c’est presqu’abusé de lui coller un procès, ça fait perdre du temps à tout le monde. » Inspire. « Ernest, steuplé… » Expire. « Si on s’y était pris plus tôt pour lui il y serait passé. Mais non, à faire traîner les cas il va se taper la perpétuité. » Ins- hein ? « Alors que ce connard mériterait bien de… » « TA GUEULE OK ! » Rabastan s’immobilise au milieu du couloir. Elle le pousse mais il ne bouge pas « Avance Lestrange, les juges n’ont pas que ça à foutre ! » « Ils ne condamnent plus au baiser ? » « T’as dit quoi ? » Il relève un peu la tête et croise les yeux noirs de sa gardienne pendant une brève seconde, il a un très vague sourire « Ils ne condamnent plus au baiser… »
Il allait juste crever de froid ou de désespoir dans une prison qu’il avait plus fréquenté que n’importe quel autre lieu.
C’était la meilleure nouvelle qui soit !

Il se sentait pleinement réveillé.


30 DECEMBRE 2003, 8H30. Les quatres gardiens l’avaient emmené jusqu’à la cour du Magenmagot, à travers des couloirs qu’il connaissait bien. Ils l’avaient laissé entre les mains de deux Aurors. Rabastan avait eu un léger rire. Pas de Détraqueurs. De mieux en mieux. Ça les avait vexé. « T’as perdu la boule Lestrange ? » lui demande un des Aurors « ça y est, enfin rattrapé par les tares familiales ? » « T’es payé pour faire des commentaires ou pour… » Et la quatrième gifle était pour maintenant. « T’as un peu trop la confiance pour un accusé. » « Il est comme ça depuis qu’il a appris qu’on ne condamnait plus au baiser du Détraqueurs. » « Qui est le petit malin qui a cru bon de lui dire ? » « Ouais enfin, dans son cas ils feront peut-être une exception. Pas comme si les gens allaient manifester pour sauver son cul. Et puis c’est pas supprimé, juste suspendu. » Rabastan garde les yeux baissés mais a de nouveau un léger ricanement : « Le temps que vous vous décidiez, je serais déjà mort. Et ce sera trop tard. »
Il était sauf.
Enfin autant qu’on pouvait l’être dans sa situation.

« Bon, ça commence dans un quart d’heure mais avant ça il devrait voir son av- » La petite porte du fond de la pièce s’ouvre brusquement pour laisser apparaître un homme entre deux âges, bien habillé, une pochette sous le bras et une expression qui oscillait entre le sérieux et l’agacement. « Bonjour, excusez mon retard… J’ai eu du mal à retrouver certains papiers. » Rabastan hausse les sourcils alors que le bonhomme s’avance, ignore magistralement les deux Aurors et les quatres geoliers pour se planter devant lui, la main tendu : « Anthony Ziegler, enchanté monsieur Lestrange. » Rabastan tend la main pour attraper celle du nouvel arrivant alors que son geste rend de suite nerveux ses surveillants « Pas de blagues Lestrange. » C’est Ziegler qui répond en lâchant la main de Rabastan « J’ai été capitaine de Quidditch à Poudlard, ce n’est pas une poignée de main qui me fait peur, monsieur. Je ne pense pas en outre que monsieur Lestrange ait un quelconque intérêt à me briser les phalanges ou à me tordre le poignet. » Rabastan sent que l’homme le regarde mais il reste à fixer ses pieds, comme on le lui a gentiment demandé. « Vous pouvez me regarder monsieur Lestrange, je ne vais pas vous manger. » « Nous devons éviter tout contact visuel avec le prisonnier c’est un le- » « Oh, je suis occlumens. Je ne risque rien. Ce n’est pas un sorcier sans baguette et affaibli qui va pouvoir me retourner la tête, sauf votre respect monsieur Lestrange. » Rabastan relève les yeux et croise son regard. Il n’est même pas tenté d’essayer la moindre incursion, il n’y aurait absolument aucun intérêt. « Et sauf votre respect, vous êtes ? » il finit par demander. « Mais… le sorcier de la défense bien sûr ! Je peux vous dire que ça ne s’est pas bousculé aux portillons lorsque votre cas a été soulevé. Tant mieux pour moi, je n’ai jamais été très à l’aise pour me disputer des cas. Même si sentir la rage des confrères que j’ai spolié me remplit d’énergie, vous devez comprendre ça monsieur non ? » Rabastan secoue la tête : « … non… j’ai euh… un avocat ? » « Bien évidemment. Afin d’assurer un procès équitable, dans le respect de la justice etc. je ne vais pas vous ressortir toutes les belles choses qu’on apprend quand on fait du droit. Je me réserve pour tout à l’heure. » « Mais euh… » Il ne sait pas quoi en penser « vous ne… pouvez rien faire pour moi. Vous ne servez à rien. » « Ne le dites pas trop fort, je tiens à mon salaire ! » Ziegler a un petit rire sautillant qui tranche avec l’atmosphère de la pièce. Puis il regarde sa montre « Cicéron soit loué, nous n’avons qu’un quart d’heure avant que l’audience ne commence. Madame, messieurs, vous voulez bien nous laisser un peu de place, pour que je parle à mon client. » « Nous ne pouvons pas vous laissez seul. » « Contentez-vous de reculer, pour un peu plus de confidentialité. Voilà, comme ça merci vous êtes bien aimable. Bien bien monsieur Lestrange. »

Rabastan ne peut s’empêcher de froncer les sourcils alors que sous ses yeux le bonhomme sort des feuilles de sa pochette. Sa vue est légèrement brouillée, mais il arrive à reconnaitre son patronyme sur certaines lignes. « Rabastan Aldebaran Lestrange, né le 1er novembre 1958, mmh ? » « En quoi c’est important pour ma défense ? » « Pas du tout important, j’aime juste beaucoup montrer que j’ai bûché le sujet. » Ziegler lui lance un sourire auquel Rabastan n’a pas vraiment la force de répondre. « Vous savez ce qui va se passer lorsque vous passerez cette porte, n’est-ce pas ? » « Je serais condamné à perpétuité, non ? » L’avocat roule des yeux, comme si la naïveté de Rabastan le saoulait déjà. « Vous n’êtes pas encore condamné, ne mettons pas la charrue avant les hippogriffes je vous prie. Non je voulais juste dire, vous savez de quoi on vous accusera là derrière ? » Il hausse les épaules : « De… meurtres je suppose ? » « Comme vous dites, alors attendez… » Il sort un nouveau parchemin « J’ai tout écrit ici… En réalité je ne vais pas vous les énumérez, ça nous ferait perdre beaucoup trop de temps : retenez juste qu’on vous a collé sur le dos absolument tout ce qui était possible du moment qu’il y avait le mot crime dedans. Je ne vous conseille évidemment pas de plaider non coupable, il y a beaucoup trop de preuves. » « Non coup- quoi ? » Ziegler lui tapote l’épaule d’un geste distant tout en continuant de tirer des feuillets de sa pochette, comme si elle n’avait pas de fond. « Et dire que vous étiez directeur de la Justice Magique… Vous n’avez pas l’air au fait des choses. » « C’était plutôt expéditif quand je m’en occupais. » « Je vous déconseille de vous en vanter. Ça n’attirerai pas beaucoup de sympathie. Bien, comme je disais, on va éviter de nier vos actions, ce serait vraiment trop gros. En revanche ce qu’on peut très bien fai- » « Vous allez vraiment me défendre là dedans ? » Anthony lui sourit, de nouveau, en le regardant sans ciller « Monsieur Lestrange, je veux bien croire que ça vous paraisse étrange mais je suis payé pour ça. Tant que je suis dans l’exercice de mes fonctions je suis Mt Anthony Ziegler, votre nouveau meilleur ami et pas Tony, le petit frère de Marc Ziegler que vous avez tué lors de l’exécution des rebuts. » Il gardait son sourire et Rabastan se surprit à penser qu’il devait être un excellent occlumens. Le silence s’installe quelques secondes avant que finalement l’avocat ne le brise : « Même pas un mot d’excuse… bien on ne va pas jouer sur la ligne du regret je suppose alors. » Il sort une plume (où était-elle rangée ?) et raye quelques lignes sur une feuille. « La ligne du… regret ? » « Oui monsieur Lestrange, comme j’ai été dans l’incapacité de vous voir avant votre procès, j’ai du imaginer plusieurs scénarii en attendant de voir lequel correspondrait le mieux. Le regret était une assez bonne solution : ça aurait pu permettre de gagner un peu de sympathie. Mais vous ne semblez pas en mesure de faire cet effort. Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave… » Il arrête d’agiter ses parchemins un moment et prend un air grave : « Vous êtes jugé pour des crimes inhumains, pour meutres de masse, génocide, torture. Je suis la seule personne en ce moment à bien vouloir vous écouter. Alors, qu’est-ce que vous avez à déclarer ? » Rabastan le regarde. Reste un instant silencieux. Ziegler regarde sa montre « Nous commençons dans cinq minutes. » « Je… dois dire quoi ? » « La première chose qui vous passe par la tête lorsque vous pensez à ce que vous avez fait. » Rabastan déglutit. « Je n’ai rien à dire. » Ziegler soupire : « Monsieur Lestrange, on ne m’a pas choisi pour faire ce travail, je me suis porté volontaire. Sans moi, vous auriez écopé d’un petit novice balbutiant qui aurait rendu ce procès bien plus douloureux que nécessaire pour vous. Je suis brillant, mais je ne peux pas faire de miracle. Alors aidez-vous un peu ! Fermez les yeux et dites moi ce que vous pensez quand je vous dis ceci : Chuaín, Longbottom, Collins, Leach, Cummings… » Il énumère des noms que Rabastan connait, parce qu’il se souvient des noms de ceux qu’il tue, c’est la moindre des choses.

Il obéit et ferme les yeux.
Il n’a pas envie de les entendre, mais il y en a tellement.
Et la liste continue.
Continue.
Rabastan sait qu’il en oublie, il les rajoute mentalement, lui-même.
« Alors monsieur Lestrange, verdict ? » Le Mangemort rouvre les yeux.
« J-je suis d… »




30 DECEMBRE 2003, 8H45. « Ça ne va pas être une expérience agréable. » Un Auror lui tient son bras droit, l’autre son bras gauche. Rabastan sent son ventre se retourner et pourtant il réussit encore à repondre, le cœur au bord des lèvres « Je sais, je l’ai déjà vécu. » « Tentez d’ignorer ceux qui crient. » « Ignorer c’est ma stratégie préférée. » « Et je vous en prie, ne faites pas de sarcasme pendant l’audience. » L’Auror de droite lui donne un coup de coude dans les côtes « T’écoute ton avocat hein. Fais pas le malin. » Il ouvre la porte.
Rabastan cligne des yeux : la salle il la reconnait. Il a bossé dedans ces dernières années.
Et c’est exactement la même salle qui l’a accueilli le 28 décembre 1981.
Les gradins. Et le siège. Il s’arrête, à peine le pas de la porte passé, et les deux Aurors tirent sur ses bras sans effet. « Bouge Lestrange. »
On lui demandait d’ignorer les bruits des gradins, et il n’avait aucun mal à le faire. Ses oreilles étaient bouchées, sa vue trouble. Il ne sentait plus rien, juste une envie, un besoin impérieux de faire demi-tour. Il voit des flash qui le forcent à fermer les yeux. Il y a les Aurors qui forcent sur ses bras mais il résiste et au final c’est la voix de Ziegler qui le tire de sa torpeur anxieuse « Vous ne commencez pas très bien l’audience monsieur Lestrange. Je pensais que vous auriez au moins essayé de faire bonne figure. Vous voulez vraiment avoir l’air d’un lapin pris au piège dans les journaux à paraître ? » Il a l’impression que sa respiration reprend subitement : les sons lui parviennent plus nettement. Il y a des gens, là sur les sièges. Il entend des cris. Il tente de se retourner comme pour mieux voir d’où tout cela venait mais la main de son avocat sur son épaule l’en empêche : « Ne vous vantez pas de l’avoir déjà fait si c’est pour freiner des quatre fers comme un canasson qu’on tire dans une usine de colle. Redressez la tête et avancez jusqu’à ce foutu siège. Vous y finirez dans tous les cas, mais mieux vaut pour votre image que ce soit volontaire et pas traîné par deux Aurors. » Rabastan hoche la tête. Il fait un pas puis deux. Tente de garder ses yeux rivés sur un point droit devant lui, dans le vide mais quand on l’asseoit dans l’assise et que les chaînes se resserent autour de ses bras il essaye de croiser le regard de son avocat qui lui lance un sourire étrangement bienveillant.
Puis il redresse complètement la tête.
Il y avait moins de gens que ça en 1981.
Il ne sait pas si le silence est réel ou bien si c’est simplement son ouïe qui recommence à déconner. Il entend simplement sa respiration. Et le grincement de la cage qui se referme.
Il ne doit pas vomir. Il doit rester droit. Plein de gens sont venus pour te voir. Oui. Ton père avait tort.Regarde Rabastan, tout ça rien que pour toi.
« J’aurais préféré… » il commence à murmurer mais ne va pas jusqu’au bout de ses paroles. Il va vomir. S’il n’était pas retenu au siège il glisserait certainement.
Un, deux, trois Inspiration. Quatre, cinq, six. Expiration. « Rabastan Lestrange, vous comparaissez… » Les manches courtes du T-Shirt qu’on lui a gracieusement accordé laissent ses bras nus. Les chaînes s’étaient enroulées autour de ses avant-bras. Il sentait la pression du métal contre l’endroit de sa peau où se trouvait la Marque. Il la regarde.
Expire. Expire. Expire.
Il ne reviendra pas. Et maintenant on est seul.

Dans cette foule, personne ne t’aime, personne ne t’admire, personne ne te respecte, personne n’aura de pitié pour toi. Personne ne te connait.
Et ton meilleur espoir, c’est le petit frère d’un homme que tu as tué.
… T’es pas fier papa ? On me déteste plus que tu n’as jamais été haï. J’ai tué plus que toi. J’ai fait de plus grandes choses que toi. Le Président Sorcier a même oublié de mentionné mon deuxième prénom. Alors, tu dois être fier.
Pourquoi on pense à lui ?
Parce que Rabastan pense tout le temps à lui. C’est ça le truc. Constamment. A chaque décision. Oui, il doit être fier le père, de voir que près de vingt-quatre ans après sa mort il est la première personne à qui pense son rejeton en entrant dans un tribunal.

« La parole est à l’accusation. » Rabastan secoue la tête et plisse des yeux pour tenter d’apercevoir le visage de celui qui allait synthétiser des années de vie. Son visage lui est familier — ce n’était pas impossible que son dossier soit un jour passé dans son bureau et ce qu’il débite n’est pas moins habituel. C’est certain que disserter sur un génocide ça rendait tout de suite mieux lorsqu’on mettait des rythmes ternaires et autres conneries pour bien enjoliver le tout. Rabastan pu apprendre plein de nouveaux termes, souvent des synonymes de inhumain et de atrocités. Rabastan ne se concentrait pas vraiment : il regardait la foule, tentait de voir des visages connus, mais finissait toujours par revenir à son avocat, le seul à lui lancer des regards qui n’étaient pas agressifs.
Il voit flou. Il veut s’essuyer les yeux mais les chaînes qui fixent ses mains aux accoudoirs l’en empêchent. Ce ne sont pas des larmes. Il aurait du plus manger…
La dernière fois il y avait son frère à coté de lui.
Pourquoi on pense à ça ?...
Concentre toi !
Il aurait fallu dormir, il aurait fallu manger… La voix de l’accusateur l’embrouille, il n’arrive pas à se concentrer.
Il est où Rodolphus ? Et il est où Barty ? Et…
Merde maman elle est où ?
Merde ! Merde !
« Nous appelons à la barre… » Il voit une personne qui se lève, une jeune femme — Hécate ? Non attends… Attends… « Sylvienne Hamond » Qui ? Il la connaissait ? Elle ne ressemblait pas du tout à Hécate, quel imbécile. Pourquoi il pensait à Hécate ? Et elle ressemblait à quoi d’ailleurs Hécate ?
Et maman ?
Et mes enfants ? …
Sylvienne l’accuse d’avoir tué une famille moldue. C’était leur voisine. Les Rochesters. Elle l’accuse d’en avoir parlé en riant au Ministère, le lendemain, presque sous son nez (il n’en avait aucun souvenir — était-ce son genre de se vanter de massacre de moldu ? peut-être que oui en fait…) Elle l’accuse lui, et Rookwood et Avery. « Deux autres Mangemorts connus du Cercle qui se sont hélas enfuits suite à la mort de leur Maître mais dont nous ne pouvons ignorer les actes barbares. » précise le procureur à la foule, au cas ou cette dernière ignorerait l’identité d’Augustus Rookwood et d’Owen Avery.
Vous êtes où les mecs ?
J’espère que c’est loin de ce merdier.
La femme repart, un homme prend sa place.
Il a tué des sorciers.
Bien, au suivant.
Un autre homme.
Il a torturé son cousin, sa femme et ses enfants.
Bien, au suivant.
Une femme, au suivant.
Un homme, au suivant.
Un… suivant.
Suivant.
Suiv-

Finalement il y en a un qui craque : « Il l’a… COMMENT TU OSES ME REGARDER SALE BÂTARD ! COMMENT TU OSES ME REGARDER ! » Rabastan se contacte sur sa chaise alors que l’homme vomit une pelletée d’insultes avant de finalement s’écrouler en sanglots, un des Aurors qui avait emmené Rabastan se voit obligé de l’escorter à l’extérieur. Rabastan tourne la tête vers Ziegler qui a un léger sourire. Il n’effectuait jamais de contre interrogatoire des témoins, il savait bien que c’était inutile. Ces personnes ne pourraient jamais rien dire qui puisse servir Rabastan. Un moment de flottement s’empare de la salle avant que le Président ne réobtienne un simili-silence. Depuis le début de l’audience il n’y avait pas de vrai silence, toujours des murmures plombés couraient contre les murs, des remarques, des inspirations choquées… Et Rabastan ne cessait d’entendre le battement de son propre cœur qui lui répétait on est encore vivant, on est encore vivant

« L’accusation appelle Madame Luna Lovegood. » C’est une jeune blonde qui se lève et qui s’avance. Rabastan fronce les sourcils : il connaissait Lovegood, évidemment. Mais il ne se souvenait pas de lui avoir fait quelque chose de particulier hormis tuer son père… certes. En effet. Sur son siège, Ziegler a un plissement de la paupière, comme s’il sentait que le témoignage d’une femme comme Lovegood était très mauvais pour la suite. « Miss Lovegood, vous avez déjà eu affaire à l’accusé dans le passé ? »  Elle acquiesce, et Rabastan peut voir de là où il se trouve son air ahuri. « Hum… pouvez vous nous dire quelles étaient les circonstances de votre… rencontre ? » « Comme de rencontrer un Nargole. Vous savez? On essaie de les évité mais un jour ou l'autre, on tombe fatalement sur l'un de leur nid. C'était à Londres, en pleine rue. Je pense qu'il devait avoir des Spectrespecs améliorées? Il m'a prise en chasse immédiatement. » Pardon ? Il ne se souvenait pas avoir déjà pourchassé Luna Lovegood ailleurs qu’au département des Mystères… « Il vous a pris en chasse... et vous avez réussi à vous échapper ? » C’était complètement tiré par les cheveux… « C’est complètement fa- » C’était la première fois qu’il tentait d’intervenir et la réaction dut presqu’immédiate. La salle se mit à hurler des choses qu’il ne comprit pas, le Président réclama le silence mais… « Je n’ai jamais f- » Il n’y a que Ziegler pour le faire taire « Taisez vous Rabastan, vous parlerez quand ce sera votre tour. » La voix ferme de son avocat le calme, il baisse légèrement la tête alors que Ziegler reprend calmement sa place et fait d’un geste signe au procurateur de continuer. La voix de Lovegood retentit de nouveau « hm... pas vraiment. Je ne pourrais pas vraiment vous l'expliquez mais  il est venu un moment où nous avons fait... comment dire? Un échange de baguette magique? Il avait la mienne, moi la sienne. Je ne sais pas s'il connaît la politesse, d'ailleurs, il m'appelait toujours par des surnoms étr... oh, right. Et puis un homme est intervenu. Un moldu. Sans lui j'aurais certainement fini ici. » L’accusateur fronce ses sourcils et se passe un doigt sur l’arcade sourcillière, comme s’il regrettait d’avoir appeler cette énergumène pour témoigner. Ziegler avait retrouvé son sourire. « Je voulais récupérer ma baguette, lui la sienne. J'ai pensé que c'était préférable de ne pas rester au beau milieu de la rue... Nous nous sommes retrouvé à Hyde Park, pour l'échange. Il n'était pas seul. Il y avait Bastien avec lui. » Bast- quoi ? Rabastan ferme un bref moment les yeux. Il s’en souvenait. Juste que ce n’était pas Luna qu’il avait eu en face de lui mais une autre jeune femme… « Qui est Bastien ? » Donc Lovegood sous déguisement ? Polynectar vraisemblablement… Bastien ?... c’était pas bon pour lui ça. Vraiment pas bon. « Un petit garçon, un tout petit garçon. Il… » Elle lève un doigt dans sa direction. Et soudain, tout le monde se tait. Tout le monde se tait. « … l’a tué d’un Avada sans hésiter un instant. Avec ma baguette magique. » Les murmures qui s’élèvent vont en crescendo et le Président est encore une fois obligé d’intervenir pour réclamer le silence. Il entend plus distinctement les insultes cette fois. Il se souvient de Bastien. Pourquoi il l’avait tué ?
Juste pour montrer qu’il pouvait.
Il a la vue trouble.
Il aurait du manger. Il aurait du dormir.
Mais s’il avait dormi il n’aurait pas pu garder un œil sur Bast- Boris.
Et alors que le silence retombe la voix de Lovegood retentit encore. Elle ne pleure pas ; mais elle pourrait tout aussi bien. Rabastan sait sentir la tristesse dans la voix des autres. « Et Daddy… il a… » il entend le nom de Nott, il entend de nouveau une réaction écoeurée du public puis finalement la témoin va se rasseoir.
Il a la vue trouble.
Il aurait du manger.
Vraiment.

La suivante, il la reconnait immédiatement : Balckfish évidemment. Et en civil, visiblement c’était Albane Oswell. « Avez-vous déjà rencontré cet homme ? » demande l’accusateur en le pointant du doigt — comme s’il parlait de quelqu’un d’autre. Si l’affaire Bastien ne l’aidait pas, l’histoire Balckfish n’était pas non plus à son avantage. « Oui. » Elle restait simple. Après Luna Lovegood, il passait à l’autre extrême. Le sorcier avait l’air très las. « Pouvez-vous nous dire quand et dans quelles circonstance ? » « Au mois de juillet dernier, dans un café moldu dans le centre ville de Londres. » « Vous avez rencontré Rabastan Lestrange dans un café moldu ? Et que s'est-il passé dans ce café ? » « J'ai été abordé par une bande un peu trop entreprenante. Il a voulu me débarasser d'eux. Puis nous avons échangé quelques propos polis. Jusqu'à ce que je croise son regard et qu'il découvre mon identité par la légilimencie. J'ai tenté de m'échapper et il m'a attaqué ouvertement devant les moldus. » Il revoyait la scène se jouer devant ses yeux, il avait vraiment trouvé les témoins qu’il fallait pour marquer les esprits. « Rabastan Lestrange vous a... aidé ? » Un murmure de surprise parcourt l’assistance avant de rapidement se fâner. « Je crois qu'il était lui-même incommodé par ces personnes. Il n'a pas hésiter à exercer la legilimencie sur l'un d'eux. » « Je vois. Et vous dites qu'il vous a attaqué, devant les moldus, avec sa baguette je suppose ?» « Oui. ainsi que les moldus eux-mêmes. » « Il a attaqué des moldus. De quelle manière ? » « Il a utilisé un sortilège sur le serveur du café. Thomas Leighton. Il a aussi jeté une femme contre une voiture. Elle a succombé à ses blessure peu de temps après. Il a stupéfixé un passant. Et il a utilisé le sortilège de l'imprium sur un officier de police pour qu'il... me tue. » Rabastan ferme une nouvelle fois les yeux : est ce qu’il avait besoin de réentendre tout ça ? Et dans cette histoire lui aussi avait souffert, il s’était pris une camionette en pleine gueule, mais ça on en parlait pas. Evidemment. « Pourquoi a-t-il fait ça à ces gens selon vous ? » « Pour... m'atteindre. » « Ces personnes qu'il a tué ne signifiaient donc rien pour lui ? » « Probablement pas. Il ne les connaissait pas. » « Arrêtez moi si je me trompe, il voulait vous avoir vous et dans la manœuvre il a tué des moldus innocents, comme d'autres brisent des vases c'est bien ça ? » « Dommages collatéraux. Cet homme a passé quinze ans avec des détraqueurs, ça ne m'étonne pas qu'il ne sache pas faire la différence entre un vase et une personne.» Elle était froide, factuelle. Rabastan croise un bref moment son regard. Il aurait du la tuer. Puis il croise celui de son avocat. Il semble jubiler. « Merci beaucoup Madame Oswell. Vous pouvez retourner à votre place. » Le calvaire est fini pour Blackfish, mais s’étale pour Rabastan.
Le défilé continue. Il a l’impression d’avoir offensé toute l’Angleterre, et que toute l’Angleterre avait décidé de venir ici pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Même Anna Grimaldi passa à la barre pour insister sur les mois de tortures psychologiques, de chantage émotionnel qu’elle avait pu subir au Ministère dès qu’elle croisait la route de Rabastan. Il la regardait à travers les barreaux et essayait de se concentrer sur ses paroles alors qu’elle enfonçait le clou. Et qu’elle versait un peu de sel sur tout ce charmant bordel.
Il aurait fallu un miracle pour le sortir de là.
Et Anthony Ziegler, tout charismatique qu’il était, n’avait pas encore la stature d’un miracle aux yeux de Rabastan.

Pourtant quand le procureur s’assoit enfin, Ziegler se lève. Passe sa main sur le devant de sa veste. « Je tenterais de rester bref. Rassurez-vous, le défilé des témoins s’arrête là. Je n’en ai aucun à présenter, ce qui écourtera grandement les choses. » Il sourit. Mais la salle est bien trop tendue pour rire avec lui. Qu’à cela ne tienne, il garde le menton levé et lorsqu’il parle sa gestuelle accompagne ses mots parfaitement, comme s’il s’agissait d’une chorégraphie millimétrée. « Je dois avouer que c’est un exercice ardu que de devoir défendre un homme comme mon client. Personne ici ne songerait à démentir la liste des chefs d’inculpations présentée par le Président. Je n’ai procédé à aucun contre-interrogatoire, comme vous avez pu le remarquer, parce que je ne me permettrais jamais de remettre en doute la parole de toutes ces personnes. » Il fait un geste dans la direction de la foule, et imperceptiblement son autre main vient se poser contre son cœur. « Et tous ces témoins ont été choisis parmis je n’en doute pas, une foule d’autres candidats qui auraient pu expliquer comment monsieur Lestrange a ruiné leur vie. » Rabastan déglutit, il ne voit pas vraiment en quoi ce genre de plaidoyer pouvait l’aider… « Je note que ce qui sort principalement de ces témoignages est le caractère sans remord de mon client : tueur de sang froid, tueur de moldus, tueur d’enfant… » Il a un soupir « Je ne vais pas tenter de nier. Et je pense que pour mettre les choses bien au clair il serait de bon ton de demander à mon client si oui ou non il reconnait les faits : monsieur Lestrange ? » Rabastan sursaute lorsque l’avocat se tourne vers lui, puis il acquiesce lentement : « Je… oui. » « Soyez explicite Rabastan » lui dit-il d’un ton bienveillant « Nous sommes dans un tribunal. » Il déglutit, et ses yeux vont rechercher les témoins qui ont défilé à la barre « J’ai bien fait… ce qu’ils ont dit. » Un nouveau mouvement monte de la foule mais Ziegler lève son bras et le silence revient « Nous sommes donc d’accord. Mon client plaide coupable. Mais je me pose une question, si vous me le permettez… Rabastan Lestrange a-t-il toujours été ce monstre qu’on nous dépeint si consciencieusement ? » Il se rapproche d’une table où il avait posé sa pochette pour en sortir divers parchemins « Bien entendu que non, on ne nait pas vicieux. » Quelques personnes semblent être en désaccord dans la foule. Il sourit et enfile ses lunettes « Je sens comme un vent de doute dans la salle… Évidemment on entend dire beaucoup de choses sur les enfants Sang Pur, sur la consanguinité, sur leur folie… Je ne pense pas que Rabastan Lestrange soit fou. Et je ne pense pas qu’il soit venu au monde dénué de toute conscience. J’ai ici… » il brandit une liasse de parchemin « Des rapports écrits tirés des archives de Poudlard, à propos du jeune Rabastan, scolarisé de 1970 à 1977. Est-ce qu’un des greffiers voudraient bien se lever pour attester de leur authenticité et les lire à haute voix pour la Cour je vous prie. » Un homme se lève, contourne son bureau auquel il était attablé depuis le début de l’audience pour prendre les papiers tendus par Ziegler. Il commence par affirmer qu’ils sont vrais puis entreprend leur lecture.

Rabastan ne savait pas que les professeurs gardaient des traces écrites du passage de leurs élèves. Mais il savait en revanche que tous les professeurs avaient pensé du bien de lui — sauf son professeur de rune, mais aucun rapport de sa main ne se trouvait dans la liasse présentée par son avocat. Il y avait là les mots du professeur Mc Gonagall qui notifiait le caractère volontaire et travailleur de Rabastan ainsi que sa propension à prendre les autres élèves sous son aile. Le professeur Slughorn qui louait ses efforts. Le professeur Flitwick également. Rabastan avait l’impression de réentendre leur voix. Le silence était complet lorsque le greffier arriva au rapport que Dumbledore avait rempli pour justifier sa nomination au post de préfet. Les mots responsables, patient, protecteur et bienveillant revinrent assez souvent pour rendre le public mal à l’aise. Puis le greffier se tut. Et Ziegler récupéra les papiers pour les apporter au Président. « Voyez vous-même votre Honneur. » Puis il se tourne vers le public. « Nous avons donc eu le portrait d’un jeune homme charmant. Des figures éminentes que vous connaissez tous, dont Albus Dumbledore lui-même ont un un jour témoigné de la bonté de ce jeune homme. » Il a un sourire. « Je vous ai menti, mesdames et messieurs. J’ai en réalité quelques témoins que je voudrais vous présentez. J’appelle à la barre monsieur Corban Yaxley. »

Rabastan tourne la tête quand il voit un homme se lever et aller là où se sont enchaîner tout à l’heure ses accusateurs. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu Yaxley et il se demandait s’il l’aurait reconnu — peut-être pensait-il cela parce que sa vue était trouble. Il était pas mal sapé. Il était encore en train de détailler son ancien camarade du regard quand Ziegler commença à poser ses questions « Vous étiez à l’école avec monsieur Lestrange, n’est ce pas ? Dans la même promotion, dans la même maison ? » « Même promotion, même maison. De 1970 à 1977. » Entendre la voix de Corban à travers la brume qui lui serre le crâne lui donne envie de se boucher les oreilles. Mais il ne peut pas, il ne peut que fermer les yeux. Et il entend la voix de son avocat qui continue « Bien… Est-ce que vous étiez proche de monsieur Lestrange ? » « C’était… un ami proche. » « Un ami proche. Est-ce que vous pourriez décrire son comportement à l’école je vous prie ? » Rabastan rouvre les yeux, il essaye d’accrocher le regard de Corban mais ce dernier s’applique à ne pas regarder dans sa direction. Il réfléchis un instant avant de finalement répondre, comme si ça remontait à une autre vie « C'était le grand frère de tout le monde. Toujours là pour les petits, et toujours là aussi pour les grands qui la ramenaient trop. Si on avait un problème, c'était lui qu'on devait aller voir. Les choses se réglaient toujours dans la justice. Et sans larmes, ni cris. Il était... responsable. Timide avec ses proches mais... surtout responsable. » Ziegler devait jubiler en son fort intérieur, mais extérieurement il ne laissait paraître qu’un visage professionnellement détaché : « Vous êtes certain que ce n'était pas une pure tromperie ? Pour mieux manipuler son entourage ? » La réplique de Yaxley rappelle à Rabastan les trop nombreuses fois où cet imbécile s’était mis dans la merde pour insolence… « C'est ça ouais. Un manipulateur professionnel de onze ans et demie. Une vraie graine de délinquant. Aujourd'hui Poudlard, et demain le monde. Une pure tromperie pourquoi ? hein ? Poudlard était une seconde maison, vous y êtes pas allé ? vous savez pas ce que ça fait quand on y retourne et qu'on retrouve sa famille de cœur? » Face au sang chaud de Corban, Ziegler restait imperturbable, avec simplement un léger sourire de compassion : « Ma propre vision de l'école n'est pas importante ici monsieur Yaxley. En revanche celle que vous ainsi que monsieur Lestrange avez de Poudlard m'intéresse bien plus. Une seconde maison vous dites, c'est ce qu'on entend souvent. Certains disent même qu'ils trouvent dans l'école leur seule vraie maison. Etait-ce par exemple votre cas ? » De là où il se trouve, Rabastan peut voir le demi sourire de son ancien camarade. « On parle de moi ou de lui ici ? » « Pardonnez moi, je reformule, était-ce par exemple son cas ? » Rabastan cligne des yeux : il ne sait pas où Ziegler veut en venir, même s’il a une petite idée, mais il doute que ce soit un bon chemin. Il n’avait absolument pas envie que ses problèmes familiaux qui étaient très gentiment rester dans le placard toutes ces années ne fassent surf- « ... Bon. Ben désolé Rabastan j'ai tenu plus de trente ans avec tes histoires de famille, mais là ça va sortir. » Les doigts de Rabastan s’agrippe aux accoudoirs alors qu’il tente de se redresser, comme pour se faire entendre alors qu’un vague murmure s’échapper de ses lèvres, passant complètement inaperçu « non non non non… » « Poudlard était sa seule maison. Vous êtes tous là posés dans la salle, à croire que les gens comme lui se vautrent dans le luxe dès la naissance, eh ben au risque de vous faire chier, je préfère vous dire que chez les Lestrange, la seule chose sur laquelle tu te vautre, c'est le  parquet quand le paternel t'en retourne une. Allez faites pas les ignorants. Qui connaît Aldebaran Lestrange ici ? Personne ? la mémoire est courte. C'est con. » Pourquoi tu penses encore à lui ? On m’y fait penser, est-ce que c’est de ma faute ? Non, non, il avait gardé ça enfermé dans le placard. Il avait réussi à ce que personne ne sache rien. Et même ceux qui savaient ne savaient en réalité rien. Il avait réussi à garder secret absolument tout ce que son père… Fort heureusement Ziegler décide de ne pas trop s’étendre sur la question : « Bien, merci monsieur Yaxley. Je pense que nous allons nous arrêtez là pour ce sujet. Je souhaite cependant revenir sur un point. » Il fait les cents pas un instant, comme pour laisser les informations pénétrer l’esprits du public avant de revenir à son témoin : « si vous me le permettez... quand est ce que vos relations avec monsieur Lestrange ont-elle changé ? » « ... Quand il a rencontré Vous-Savez-qui. » Ziegler acquiesce distraitement. « Vous avez cessé de vous voir à ce moment là ? » « On a pas cessé de se voir. Mais il s'est éloigné. Y'a un truc qui s'est déclenché. Un...étau. Une emprise. Ça devenait dur de parler. Ça devenait dur de discuter. Vous voyiez les mômes qu'on cogne contre un mur et qui vous disent qu'on les a poussé dans l'escalier? ca vous met mal à l'aise. c'était le même genre de conversation. J'ai essayé. Jusqu'à ce que je ne puisse plus. Ni lui, ni le mage noir, ni rien de toute cette merde. J'ai tout coupé. Et quand il est sorti de prison... la première fois... » Corban s’interrompt. Rabastan a baissé la tête, le dos voûté il entend sa respiration et sent son pouls battre dans son cou, le sang à sa tempe. C’était bon maintenant on n’avait pas besoin de… « Oui... continuez je vous prie. » « Zie- » il tente mais l’avocat lève la main dans sa direction, sans même le regarder pour lui intimer de se taire. Rabastan obéit. Et Yaxley reprend : « Vous voulez que je continue ? pour vous dire quoi putain ? pardonnez moi hein, de jurer comme ça. Mais vous avez un putain de culot, tous autant que vous êtes. Et il allait bien après ses quinze années en enfer ? vous l'avez trouvé changé ? un peu à plat ? faiblard ?. Après la prison c'était une épave. Et je l'ai pas beaucoup vu, parce qu'au cas ou vous en douteriez encore non, je ne fricotais plus avec toute cette bande. Mais quand on devient loup garou en fuite parfois, on finit par croiser les mangemorts. Et lui je l'ai croisé. Une épave, paranoïaque, la tête vidée, incapable de se souvenir de nos souvenirs en commun, incapable de manger, de dormir, de sourire, de compatir. Et après ? putain mais il était mort. Il était mort . Votre Azkaban chéri qui vous mets tellement à l'aise, ça flingue les gens. » Rabastan sent ses mains qui tremblent ses jambes qui tremblent.
Pourquoi je vois trouble ?
Pourquoi j’ai pas mangé ?
Pourquoi je suis là ?
Faites moi sortir, je veux sortir. Tuez moi s’il le faut mais faites moi sortir !
Pourquoi a-t-il eu le culot de lui dire qu’un autre avocat miséreux aurait rendu ce procès plus pénible pour lui ? Il avait juste envie qu’on le réduise en cendre, tout de suite.
Il détestait qu’on parle de sa famille.
Qu’on parle d’Azkaban.
Il détestait qu’on le juge.
Il était servi.
« Merci beaucoup monsieur Yaxley, je vous prierai de bien vouloir retourner à votre place. Je m'excuse par ailleurs à la Cour de cette intervention musclée. » Et Yaxley va se rassoir alors que la gorge de Rabastan se serre. Il a du mal à respirer. « Sor-tez moi… de là. » Un des Aurors se penche vers lui, puis agite sa main : « Maître il… » « Il va très bien. » Il ne regarde même pas son client « Respirez monsieur Lestrange, nous arrivons bientôt à la fin. Redressez vous pour la Cour je vous prie, et pour mon second témoin. Qui sera donc le dernier. Elle n’est pas dans la salle, mais je demanderai à un des Aurors d’aller chercher dans le couloir Madame Lestrange. »

Elena ? Quoi ? Je l’ai pas assez bien tué ?
Gwen ? Mais… on lui avait dit… qu’elle était présumée…
Pense pas à Gwen. A coté de lui l’Auror se penche dans sa direction, comme pour vérifier qu’il ne s’étouffait pas : « Redresse toi Lestrange, et respire correctement nom de Merlin. » Il tente de se remettre droit sur le siège, mais de sa vie il n’avait jamais eu la gorge aussi serrée. Sa respiration était trop saccadée.
Bellatrix ? Bellatrix Lestrange ? Mais ça ne pouvait pas être sa belle sœur, bien sûr que non.
Hécate ? Hécate Lestr- mais quoi ?
« J’appelle à la barre Eleanor Lestrange. »

« Non ! » Cette fois tout le monde l’entend. Et dans le public, ça parle. Ils ne savent pas tous de qui il s’agit. Mais Rabastan bien évidemment que si.
Il n’a pas vu sa mère depuis vingt deux ans.
A sa sortie de prison l’elfe de maison, Becky, avait refusé de le laisser la voir. Il valait mieux que sa mère ne le voit pas. Parce que sa mère, elle pensait que ses fils étaient morts.
C’était mieux de penser qu’ils étaient morts durant leur premier jours d’incarcération plutôt que de penser qu’ils vivaient un enfer, là-bas, sur le Rocher, qu’elle lui avait dit Becky. Non non jeune maître, vous ne pouvez pas, le choc la tuerait. Le choc la tuerait.
Sa mère ne sortait plus, vivait en recluse.
Becky s’occupait de tout.
Rabastan n’avait plus de mère. Et sa mère n’avait plus de fils.

Pourquoi la traîner ici ? « Ziegler je vous en prie ! » « Rabastan, pour la dernière fois taisez-vous ! » « Pas ma mère, je vous en prie, ne l’impliquez pas là-ded- » Il pointe un index dans sa direction, et son froncement de sourcil lui fait perdre son aspect bienveillant. « Je me charge de tout, contentez-vous de vous taire, vous parlerez quand je vous y inviterais. » La porte de la salle s’ouvre et Rabastan se démonte presque la tête pour pouvoir la voir.
Elle a dans les soixante-dix ans. Elle est élégante. Elle est belle.
Il a envie de tendre la main, il a envie de hurler, mais sa gorge est…
Elle passe devant lui, sans même le regarder. Son avocat lui tend la main pour qu’elle s’installe là où tous les autres s’étaient tenus. « Madame Lestrange, merci de vous êtes déplacée. Je vous présente à la Cour parce que tout le monde ne sait pas qui vous êtes. Vous êtes la mère de Rabastan Lestrange, c’est bien cela ? » « Et de Rodolphus Lestrange. » Ziegler acquiesce. Il pointe du doigt Rabastan : « Reconnaissez vous cet homme ? » Eleanor croise le regard de son fils. Puis regarde Ziegler et secoue la tête « Non désolée. » Un haut le cœur secoue Rabastan alors qu’il se penche en avant et que de la bile coule de sa bouche entre ses jambes. « Putain Lestrange un peu de dign- » « Madame Lestrange ! » La voix de Ziegler résonne dans la salle « Pouvez-vous me dire où sont vos enfants ? » Rabastan connait la réponse, mais ça n’atténue en rien la douleur qu’elle provoque : « Ils sont… morts. » Le Président doit appeler de nouveau au silence, Eleanor a l’air un peu perdue « Ils ont été envoyés à Azkaban. Ils sont morts là bas. » « On vous a dit qu’ils étaient morts madame Lestrange ? » Elle secoue la tête « Mes petits garçons… sont morts. Personne ne survit là-bas. Je ne veux pas… qu’il ait survécu. Ils sont morts. » Ziegler se tourne vers Rabastan, le Mangemort secoue la tête : « Non, ne lui dites pas, je vous en prie ! » Eleanor croise encore une fois son regard, mais aucune lueur de reconnaissance ne s’y allume. L’avocat parait hésiter un instant avant de finalement hocher la tête : « Veuillez m’excuser madame Lestrange de vous avoir dérangé pour si peu. On va vous raccompagnez jusque chez vous si vous le voulez bien. »
Le silence traîne alors qu’elle quitte la salle. Ziegler lisse sa veste et attend que la salle soit de nouveau concentrée sur lui avant de commencer la fin de son plaidoyer. « Ais-je vraiment besoin de commenter ces deux témoignages ? De commenter ces rapports qui nous viennent des professeurs de Rabastan Lestrange ? » Sa voix monte. Résonne. « On ne nait pas vicié mais on le devient. Rabastan Lestrange ici présent a été condamné à 23 ans à la perpétuité à Azkaban. Il n’aurait peut être pas du en sortir, mais il y est parvenu. Et regardez ce que ce lieu a fait de lui. A un garçon prévenant, attentionné, bienveillant… Le Rabastan Lestrange de ces dernières années, qui nous a tous volé quelqu’un, c’est cette prison qui l’a construit. C’est notre système carcéral qui l’a créé. Sa propre mère a préféré se persuader que son enfant était mort plutôt que de l’imaginer dans cet enfer ! Sa mère, une femme qui s’est tellement convaincu que ses fils étaient morts qu’elle n’a pas pu reconnaitre son cadet alors qu’il se tenait à cinq mètres d’elle ! » Il inspire et pointe dans la foule Oswell du doigt : « Cette jeune et brave femme l’a elle-même dit : elle s’est faite attaqué par cet homme. Cet homme a tué des innocents sous ses yeux et elle vous le dis : c’est de la faute aux détraqueurs. » Rabastan ne comprenait déjà plus. Il voulait juste mourir. Il voulait juste voir sa mère. Ziegler arrivait à la fin, ça se sentait dans sa posture : « Rabastan Lestrange a fait les pires actes imaginables. Et cet homme c’est nous qui l’avons construit. Je vous en conjure, ne reproduisons pas la même erreur avec les nouvelles générations. » Il lance un regard à Rabastan. Qui peut-être comprend. Qui se force à articuler : « Attendez une min- » « Je ne demande pas la clémence pour Rabastan Lestrange. Mais je vous demande de le regarder. En le condamnant, vous vous jugez vous-même. C’est un monstre. Et c’est votre monstre. Notre monstre. Merci, ce sera tout. » Et il part se rassoir. Rabastan le regarde faire, comprend de plus en plus : « Attendez un peu ! » « L’accusé ne parlera que lorsqu’on l’y invitera ! » Ziegler croise son regard et esquisse un rictus. « Bien, je vais demander aux jurés de lever la main s’ils estiment Rabastan Lestrange coupable. » Tous les jurys lèvent la main. Rabastan tire sur les chaînes « Je vous en pr- » « DU SILENCE ! » le Président est rouge, visiblement agacé par l’éclat de l’avocat. « Du silence monsieur Lestrange ! Vous êtes reconnu coupable de tous les chefs d’accusation ! Sans circonstances atténuantes. Vous étiez en pleine possession de vos moyens et vous avez décidé de tuer, torturer et détruire. Vous êtes donc condamné. »
Rabastan venait de se faire mener en bateau par son avocat.
Venait de subir les pires humiliations de sa vie juste pour servir d’exemple, de monstre de cirque qu’on exhibait pour prouver un fait et qu’on allait jeter ensuite.

Rien ne pouvait être pire non ?
« au Baiser du Détraqueur. Vous resterez enfermé jusqu’à ce que la sentence puisse être exécuté. » Il se tourne vers l’avocat « Si nous l’avons créé autant le détruire le plus radicalement possible. » Ziegler hausse les épaules. Rabastan reste silencieux une seconde.
Deux secondes.
Trois secondes. Avant que « Non… non, vous ne pouvez pas faire ça. Pas après ce qu’il a dit. Je vous en prie. JE VOUS EN PRIE VOUS POUVEZ PAS ME FAIRE ÇA ! » « Vous avez quelque chose à dire monsieur Lestrange ? C’est en effet le moment où jamais. » « Je… Je vous en prie. Vous l’avez entendu je… tuez moi. Mais… ne me… je vous en prie. » Un nouveau haut le cœur lui retourne le ventre et le Président laisse échapper un long grognement avant de décréter : « La séance est levé ! Ramenez le en cellule. » La cage s’ouvre, les deux Aurors retirent les chaînes qui serrent les bras de Rabastan et tentent de le soulever. Il se laisse faire, comme si la force dans ses jambes l’avait quitté.
S’il vous plait.
S’il vous plait.
Ziegler s’approche de lui, toujours souriant : « Concluant n’est ce pas ? » « Je suis… con- » « Vous n’étiez pas le problème Rabastan. Désolé de vous avoir utilisé mais la couverture médiatique de votre procès était une occasion trop belle. Je ne pouvais pas rater ça. Dites vous que je travaille pour votre fils. Vous, vous étiez une cause perdue de toute manière. » Avec un dernier sourire aimable il tend sa main pour venir donner une petite tape sur la joue du condamné. « Je suis, après tout, de votre coté sur Azkaban. Cet endroit ne devrais pas exister. Vous avez l’air d’être à l’aise dans le rôle du martyr, dîtes vous que vous aller servir une très noble cause avec votre mort. Si on peut appeler ça comme ça. » Puis il tourne les talons et s’éloigne.
Avec un dernier haut le cœur qui le vide de ses dernières onces de bile, Rabastan s’écroule dans les bras de ses gardiens.


Spoiler:


Dernière édition par Rabastan Lestrange le Mar 3 Jan 2017 - 18:03, édité 1 fois
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HUNTED • running man
Hell H. Murdock
Hell H. Murdock
‹ inscription : 08/10/2016
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‹ crédits : moi + Signature Gg + Paroles de Dr. Dre - What's the difference
‹ dialogues : #760000 (Hell) et #6699cc (Kenny)
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‹ liens utiles :
‹ âge : 29 ans.
‹ occupation : ex-mangemort fanatique, qui travaillait principalement comme infiltrée et espionne pour le magister ; actuellement en cavale.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1985 à 1992.
‹ baguette : Ma baguette m'a été prise par le gouvernement lors de mon incarcération. (25,5 cm, bois d'Acajou, cheveu de Vélane, très rigide) J'utilise actuellement une baguette volée, apparemment taillée en bois de Houx, contenant sûrement un crin de Licorne, moyennement grande, semi-rigide.
‹ gallions (ʛ) : 3048
‹ réputation : On dit que je porte bien le surnom qui m'a été accordé pendant les deux mois de guerre "the butcher" ; qu'il est terrifiant de me savoir en liberté. On dit au contraire de Kenny qu'il est très charmant et serviable, tout d'un gendre idéal, si ce n'est qu'il récure les toilettes du Ministère.
‹ particularité : Je suis métamorphomage. Je suis tout le monde et personne à la fois. Je vis actuellement sous l'identité de Kenny, un sang-mêlé rencontré dans une vie lointaine, dont j'emprunte habituellement l'apparence qu'en de rares occasions. Aujourd'hui, je revêts son visage quotidiennement, tentant de l'introduire à la communauté sorcière, tentant de me venger par son biais.
‹ faits : Le Seigneur était tout ce que j'avais dans ma vie, que je donnais mon temps, ma passion et ma santé pour le servir. Je me suis échappée lors de mon transfert vers Azkaban aux côtés de Rabastan Lestrange, où je devais recevoir le baiser du Détraqueur. Je bouillonne, je prépare ma vengeance. Je n'ai aucun scrupule à donner la mort, et je le fais même avec plaisir.
‹ résidence : Je vis dans l'appartement d'un sang-de-bourbe à Manchester, en compagnie de Rabastan Lestrange.
‹ patronus : Inexistant
‹ épouvantard : La chute du Seigneur, la fin de l'empire pour lequel j'ai oeuvré pendant des années. Je vis mon pire cauchemar.
‹ risèd : Habituellement mon crush de jeunesse. En ce moment, peut-être me montrerait-il l'espoir d'une vengeance sur ceux qui ont permis la chute de mon Maître.
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Procès de Hell MurdockLes laisse pas t'enterrer, t'as qu'une vie.


30 DECEMBRE 2003, 13H53.Tu ne tournes plus en rond comme le lion en cage que tu es. Tu ne te lèves même plus lorsque l’un des geôliers passe devant ta cellule – tu ne te lèves plus tout court. Tes bras tatoués tombent négligemment sur le sol gelé de la prison. Tu ne les ramènes plus sur ta poitrine, comme les premiers jours – les premières semaines ? – pour trouver un peu de chaleur, pour t’empêcher d’être paralysée par le froid. Tu laisses plutôt le vent glacial engourdir tes membres amaigris. Si tu ressens quelque chose, c’est qu’au moins tu es vivante. Tu tentes de bouger tes doigts violacés par le froid et les coups de chaussure des geôliers, qui n’ont pas eu pitié de tes protestations lorsque tu prenais encore la peine de t’accrocher aux barreaux pour hurler ta colère et ta peine. Le froid, c’est tout ce qu’il te reste désormais.
Tu as compris qu’il se tramait quelque chose, lorsque, un à un, tes camarades de cellule te sont arrachés, et lorsqu’on t’apporte un plat légèrement plus consistant que ceux habituels. Comme un animal, tu t’es jetée dessus, abandonnant la cuillère pour planter tes doigts gelés dans la chaude purée aux teintes grisâtres, avant de la glisser dans ta bouche, les yeux fermés, la tête en arrière. Et désormais tu attends, léchant tes longues extrémités pour récupérer la moindre trace de nourriture, observant par moment les lettres y dansant, te rappelant ta doctrine. Just Hate. Tu ris doucement en observant les bouches magiquement encrées dans ta peau, dont les faibles hurlements te parviennent aux oreilles. Cela fait longtemps que tu ne les as pas entendues te crier leur détresse. Oui, cela fait bien des années qu’elles restent silencieuses, tes bouches tatouées. Mais aujourd’hui, elles paniquent, elles t’intiment de te cacher, de t’enfuir, de tout casser. Et c’est pourquoi tu leur ris au nez. « Qu’est-c’que vous voulez qu’je fasse, hein ? ». Rien, tu n’as rien d’autre à faire qu’attendre. Tu fermes les yeux, laissant les douleurs familières s’attaquer à tes jambes, tes bras, ton visage. La malédiction des métamorphomages imprudents.

30 DECEMBRE 2003, 14H00. « Bouge ton cul, Murdock, c’est ton tour » grince l’un des geôliers qui te tire de ta méditation. Un sourire satisfait déforme son visage au regard pressé. Tu le connais ce sourire, tu ne l’as que trop eu sur les lèvres. La certitude de mener un ennemi vers la défaite – si ce n’est la mort – procure souvent ce rictus malfaisant mais ô combien satisfaisant. Tu ne peux lui en vouloir, et pourtant tu as envie de lui en coller une pour le remettre à sa place. Mais tu n’es plus dans cette position Hell, et tu n’as même plus la force de bouger le petit doigt, de toute façon. Oui mais voilà, tu n’as pas envie de te lever pour ce petit connard prétentieux. Alors tu ne bouges pas, attendant qu’il te soulève violemment par les aisselles. « ME TOUCHE PAS SAC À MERDE. » Ouais mais ça il fallait y penser avant de rester au sol comme une larve. Tu te dégages violemment, et c’est lui qui t’en met une pour te remettre à ta place. Tu serres les dents et les poings, parce que si tu ne le fais pas, tu l’étrangles jusqu’à ce que ses yeux sortent de ses orbites. « Un jour je vais t’étriper, tu sais. » Mais tu ne fais plus peur à personne, pas dans cet état, pas dans cette position ; alors l’effronté te rit au nez en te jetant hors de ta cellule, te remettant aux mains de deux de ses collègues, qui te tendent un petit tas de vêtements. « À poil, et que ça saute » te lance une blonde à la mine colérique. « Je savais que t’étais une petite coquine. » Ils ne disent rien, attendant que tu t’exécutes, trop habitués à tes remarques aussi déplacées que puériles. Comprenant que tu n’as pas le choix, tu enfiles la tenue grise en tremblant de tous tes membres. Saloperie de froid, saloperie de douleurs.

Entre nous, lecteurs, vous l’aurez bien compris, que Hell, elle, n’a pas trop compris. Elle n’a pas vraiment compris que c’est son tour. Elle n’a pas trop cherché à comprendre où ils emmenaient ses camarades de cellule, où ils l’emmenaient. Elle ne s’attend pas complètement à ce qu’elle soit jugée, à ce qu’il y ait un procès, à ce qu’on la traine devant un tribunal pour répondre de ses actes inhumains. Non, elle ne pense pas qu’on l’emmène faire une ballade de santé, mais elle n’y réfléchit tout simplement pas. Elle marche dans la prison, c’est tout. Alors lecteur, si vous avez compris cela, tentez de comprendre sa réaction.

Le premier geôlier te tient fermement le bras, un sourire satisfait toujours planté sur ses lèvres. T’as envie de lui faire bouffer, son sourire. « J’vais te le faire bouffer, ton sourire. J’en ai dépecé des plus costauds que toi. » Il ricane entre ses dents jaunes et resserre son étreinte, ce qui te fait faiblement grimacer. « Gardes-en des belles comme ça pour tout à l’heure, on a tous envie de te voir t’enfoncer, Butcher ». T’enfoncer ? Comme si tu n’étais pas déjà au fond du trou, comme si ce n’était pas déjà de leur faute. Comment veulent-ils s’y prendre, pour t’enfoncer encore plus dans ta misérable situation ? Tu grognes comme un animal, incapable de lui répondre, car incapable de comprendre de quoi il parle. Et tu commences à comprendre qu’il y a quelque chose que tu ne comprends pas. « Eh, où on va là ? » Mais il t’a trop laissé parler à son goût, et il te flanque une tape sur l’arrière du crâne, ce qui te force à baisser la tête comme un valet, comme un elfe, comme un impur. Cela ne t’empêche pas de t’agiter. Tu t’arrêtes. Attendez. Attendez. Attendez une petite minute. On va pas te- ? C’est maintenant ? C’est tout de suite, le moment où on va te tuer ? Te tuer pour avoir tué ? Genre, maintenant ? Tu paniques légèrement, ton visage se déformant pour laisser placer à l’effroi. Non, non, non, non. Qu’ils arrêtent de te faire avancer, qu’ils te lâchent, qu’ils te laissent, qu’ils ramènent le Seigneur, qu’ils vous laissent vivre son rêve, tu seras gentille, tu as toujours été gentille pour le Seigneur. Tu gémis comme une enfant que l’on traine au coin pour la punir, et cela amuse tes bourreaux qui te soulèvent presque maintenant, puisque tu laisses traîner tes pieds.

« Bonjour, euh, Mademoiselle Murdock. Je serai, euh, votre avocat. Et euh, je vais représenter votre défense, quoi. » Et MAINTENANT tu comprends. Cela te revient à l’esprit. Oui, les autres en parlaient quand tu n’écoutais qu’à moitié. Les procès, les procès des Mangemorts, tu vas être jugée. Alors on ne te tue pas tout de suite. Ça veut dire que tu as une chance, peut-être ? Tu lui demandes, faible, énervée, fatiguée. « Je, euh, pour être parfaitement honnête, Mademoiselle Murdock, euh, les accusations retenues contre vous sont, euh, comment dire, euh, d’une gravité extrême. Je serai là pour euh, mener des contre-interrogatoires, et euh, prouver qu’il y avait peut-être des circonstances atténuantes, et euh, peut-être obtenir la perpétuité. Mais vous savez, euh, Mademoiselle Murdock, sauf votre respect, votre nom est dans les journaux, euh, vos actes sont connus de tous, et euh, nombreux sont ceux qui souhaitent votre mort. » C’est bon, t’en as assez entendu, tu lui craches au beau milieu du visage pour lui intimer de fermer sa gueule avec ses les gens veulent vous buter. Il pousse un petit cri de surprise et de dégoût, cherchant un mouchoir dans son costume trop grand pour s’essuyer. Ni une ni deux, tu prends un méchant coup du geôlier, mais tu l’as cherché, alors tu te contentes de grogner bruyamment en fusillant du regard ton pingouin d’avocat, qui, tu l’as bien compris, ne va t’être d’aucune utilité. « Cracher sur ton avocat lors de vos dix seules minutes de concertation, c’est pas malin, Murd- » « Pas b’soin de concertation ou j’sais pas quoi, on y va. » Que ce soit rapide et qu’on te ramène dans ta cellule.

30 DECEMBRE 2003, 14H15. En cinq ans de loyaux services pour le gouvernement, tu n’as jamais assisté à un seul procès. Tu ne t’es jamais donné la peine de te rendre au tribunal, ce n’était pas ton boulot. Tu te dis désormais que, peut-être, tu aurais dû. Cela t’aurait évité la crise de panique monumentale qui te prend lorsqu’on ouvre les portes massives devant tes yeux. On ne t’avait pas dit pour les lumières, pour les cris, pour le bruit, pour la chaleur étouffante, pour ton surnom hurlé dans les gradins avec une haine sans précédent. En fait, on ne t’a jamais rien dit sur ce qui t’attendait lorsqu’on t’a jeté en prison. Mais tu étais loin de t’imaginer qu’on réunirait tant de monde pour discuter de tes actes. C’est que tu n’as pas pleinement conscience des atrocités que tu as perpétrées durant ces dernières années, les plus belles de ta vie. Et pourtant, Hell, regarde les choses en face, tu es un monstre, un diable, comme ton patronyme l’indique. Tu as massacré des innocents, des moins-innocents, des moldus, des enfants, parfois même des familles entières, au nom des idées de ton Seigneur. Et aujourd’hui, il n’est plus là pour te protéger. Tu n’as plus aucune légitimité à avoir tué comme tu respirais.
Alors voilà, tu paniques devant tant de monde réuni pour toi, et tu tentes de faire demi tour, mais on ne te lâche pas d’un pouce, et tu hurles de douleur et de peur, et des flashs te crachent au visage, t’immortalisent dans ton pire état. Tu ne reconnais aucun trait dans l’assistance, juste des tâches floues, des sorciers énervés. Tu captes quelques phrases sur ta maigreur, sur ton jeune âge par rapport aux crimes qui te sont reprochés, sur le ridicule de ton comportement, sur ta future et certaine condamnation à mort. « Mais j’veux pas crev- » « Ta gueule, Murdock, tiens toi tranquille. » Mais comment veut-il que tu te tiennes tranquille ? Ah, apparemment en t’enfermant dans une cage où des chaînes viennent paralyser tes membres déjà endoloris. Impossible de te débattre, tu es fermement maintenue par le sort, et tu grimaces comme une enfant. Ton avocat, visiblement aussi paniqué que toi, se penche vers la cage pour te glisser « Donc, euh, on a pas pu en parler, mais euh, il va falloir que vous plaidiez coupable. Voilà, bonne chance. » Mais ferme ta gueule fils de chien, tu vas voir moi c’que j’fais te faire, tu vas voir qu’on déconne pas avec Hell Murdock.

« Un peu de SILENCE je vous prie ! » La voix du président te ramène à la réalité. Tout cela est donc bien réel. Il y a bien, facilement, une petite centaine de sorciers qui te dévisagent et te crient leur mépris. Mais tu les connais pas toi, tous ces gens qui te veulent tant de mal. Alors ils peuvent aller se faire foutre. « Hellebora Murdock, vous comparaissez aujourd’hui devant ce tribunal pour répondre aux chefs d’accusation suivants : complot, crime contre la paix, massacre de sorciers, de moldus, crime contre… » C’est une très longue phrase, et elle te fait sourire, surtout au passage du massacre de moldus. Comme si on les prenait en compte, les moldus, faudrait non plus pas trop se foutre de ta gueule. Si tu es condamnée à mort pour les dizaines de moldus que tu as éliminé pour le plaisir ces dernières années, oui, ça serait vraiment du foutage de gueule. Donc c’est une blague, donc tu rigoles, ce qui provoque une vive réaction indignée de la part du public. Il est pas dans la merde, ton avocat. « La parole est à l’accusation. » Tu ne sais pas exactement ce que cela signifie, mais apparemment, que l’on va appeler à la barre une bande de grosses balances qui vont cafter toutes les bêtises que tu as visiblement faîtes au nom de ton Seigneur bien aimé, histoire de bien t’enfoncer devant cette bande de focus qui ne vaut franchement pas mieux que toi.
Il est où Baba ? Pourquoi il n’est pas à côté de toi ? Certes, tu préfères le savoir en liberté, mais tu aimerais que ton lourdaud de cousin se tienne près de toi. Qu’il te sourie, qu’il hausse les épaules comme à son habitude, pour te signifier que tout va bien. T’es où Bacchus ? Allez viens Bacchus fais pas ton salaud, viens steuplé.

Pourtant tu es seule face à ce défilé de visages qui te sont inconnus, mais qui semblent bien connaître le tien. C’est un tout petit monsieur qui se tient en ce moment face à l’audience. Il tremble de tous ses membres et ça t’amuse de le voir se pisser à moitié dessus lorsque tu plonges ton regard dans le sien. Il bafouille, il a du mal à parler. « Sois pas intimidé par moi, chéri. » que tu gueules pour couvrir les murmures incessants du public, pour qu’il t’entende. « Mademoiselle Murdock, merci de laisser Monsieur Langish témoigner. Monsieur Langish, vous pouvez reprendre. » L’homme d’un âge assez avancé passe une main moite sur son front dégoulinant. Il se racle la gorge, et on peut lire sur son visage marqué autant de détresse que de tristesse. « Nous tenions un salon de thé dans le centre de Londres, avec ma femme. Mon fils venait régulièrement nous aider en fin de journée, car nous n’étions plus tout jeunes. Après la fermeture, nous restions souvent, avec ses amis, à parler de tout et de rien, avec quelques clients habitués aussi. Enfin, de tout et de rien. Nous parlions souvent de la situation politique, de la guerre, de la révolution… » Maintenant qu’il en parle, de son salon de thé minable, ça te dit quelque chose. La devanture était bleue, l’intérieur tamisé et frais… « Un soir, The Butch-, Mademoiselle Murdock est entrée dans notre salon après la fermeture. Elle a dit que nous complotions, contre elle, contre son Seigneur, contre son parti. Ma femme a voulu calmer le jeu, en lui proposant une tasse de thé et- » Le bonhomme s’arrête, secoué par un sanglot qui plonge l’assistance dans une empathie qui te dégoûte. Qu’il la finisse, son histoire, ça t’intéresse de savoir la suite, tu n’es pas sûre de t’en rappeler. « Elle l’a tuée sans hésitation, d’un Avada. Puis elle a tué mon fils, puis deux de ses amis. Elle a dit de retenir la leçon en rigolant. En fait, elle riait tout du long. » Le public s’indigne, passe du témoin à ta carcasse pourrissant dans la cage, te crie au visage quelques insultes, alors que le président tente de faire régner le silence à coups de marteau. Tu exploses de rire, alors que les quelques gouttes de sueur qui perlent sur ton front à cause de la chaleur viennent brouiller ton regard. « Vous allez pas pleurer pour SI PEU » « MADEMOISELLE MURDOCK un peu de silence JE VOUS PRIE. Mt. Esternen, merci de CALMER votre cliente ! » Sauf que ton avocat n’ose même pas s’approcher de ta cage, et lorsqu’il fait un pas dans ta direction, tu mords dans l’air comme un chien enragé. T’approche pas, sac à merde.

Tu fatigues au fur et à mesure, passant de l’hilarité à la panique, de la panique à l’hilarité. Honnêtement, tu as l’impression d’être droguée tant tout ce spectacle te semble irréel. La sueur te coule toujours dans les yeux, et tu préfères finalement les fermer, écoutant d’une oreille très distraite les témoignages de tes crimes. On passe une baguette à travers les barreaux pour te secouer et vérifier que tu ne t’es pas endormie. Ils veulent tous que tu écoutes ce que tu as fait à la population. Ils veulent que tu souffres de la souffrance que tu as infligée. Manque de bol, tu n’as plus de conscience depuis l’enfance – depuis toujours. Tu veux juste que tout s’arrête. Tu es prête à courir dans ta cellule et à t’y enferme toute seule pour qu’on te laisse tranquille un instant. Tu as la certitude que cela fait des heures qu’on fait défiler ces inconnus à la langue bien pendue que tu exécuterais sur le champ, si le Segneur était encore là. C’est long, c’est chiant, c’est long et chiant, et tu connais la sentence. Tant de bruit pour rien. On se fatigue à parler de tous ces meurtres, de tous tes meurtres. Elle a buté mes parents, elle a buté ma femme, elle a buté mes collègues, elle a buté mon mec, elle a buté tous mes potes à Pré-au-Lard, elle a le Avada facile, elle casse des gueules sans raison, je l'ai vu décimer une boutique mordue, comme ça, parce qu'elle en avait envie, et elle rigolait. C'est bon, tu es fatiguée, si fatiguée.

« Et pour finir, nous appelons à la barre Maximus Murdock, frère cadet d’Hellebora Murdock ici présente. » Tu te réveilles, te redresses si cela est possible. Qui a parlé de Maximus ? Pourquoi on parle de lui, ce morveux ingrat qui mériterait un bon sort impardonnable ou deux ? Qu’est-ce que Max vient faire dans toute cette histoire ?
Et il est là.
C’est vraiment lui. Avec cinq ans de plus, un peu de barbe, des tatouages et un visage bien plus dur qu’avant.
C’est lui, qui passe devant ta cage en te dévisageant, te défiant du regard.
Ils ont appelé Maximus.
Les bâtards.
Maximus Murdock n’est pas un nom inconnu de l’audience. Il n’était peut-être pas la figure la plus connue de la résistance, mais il a certainement été accueilli en héro à la fin de la guerre, pour avoir lutté contre ton Seigneur pendant des années – contre ton Seigneur, ou contre toi ? Il se tient droit, fier, et lorsqu’il monte à la barre, on l’applaudit. Et ce clown lève la main en remerciement, comme une super star débile. Super star de quoi Max ? Super star des ENCULÉS ? « Je vais te- » « Merci d’être venu témoigner Monsieur Murdock. Reconnaissez-vous cette femme ? » « Oui, il s’agit de ma sœur aînée, Hellebora Murdock, avec qui j’ai grandi en Irlande chez nos parents. » Tu t’agites sur ta chaise en grognant, mais les chaînes se referment de plus belle sur tes mains abîmées. Et qu’est-ce qu’il compte dire contre toi, hein ? C’est toi qui l’a créé ce petit con. « Pouvez-vous nous parler de votre sœur ? Son caractère lorsqu’elle était jeune, peut-être. » « Tout à fait, Votre Honneur. Hellebora a toujours été quelqu’un d’extrêmement violent. Petite, ses jeux principaux consistaient à massacrer les rats qui grouillaient dans notre maison, à nous faire peur en déformant son visage grâce à son don pour la métamorphomagie, à terroriser notre frère Malcolm, qui aujourd’hui doit suivre un traitement pour l’anxiété. » « Dîtes-vous que votre frère a été… traumatisé par les comportements de l’accusée ? Au point d’être marqué psychologiquement, encore aujourd’hui, à vint-cinq ans ? » « Parfaitement. » « BULLSHIT ! » que tu hurles, parce que c’est du bullshit, parce que Malcolm a toujours été un gamin incroyablement stressé, et parce que tu les aimais profondément lorsque vous étiez mômes. Mais on te somme rapidement de te taire, et Maximus continue son récit. Entendre sa voix si dure, si emprunte d’autorité et de souffrance, ça fend quelque chose en toi. « Hellebora est une psychopathe comme on en voit peu. Elle n’a aucune conscience, elle fait souffrir pour le plaisir, elle aime la violence gratuite, psychologique comme physique. La laisser en liberté serait une grave erreur. Et ne croyez pas qu’elle soit capable d’aimer. J’ai toujours cru que, en tant que grande sœur, elle me voulait un minimum de bien, ou qu’au moins elle m’ignorerait si nous étions dans des camps opposés. Mais non, non. Elle m’a fait payer mon engagement en m’imposant le sortilège d’Endoloris lors de la bataille de Poudlard de 98, que vous connaissez bien. » Inspiration indignée dans le public, compassion pour la pôoooovre Maximus. Et toi tu bous sur ta chaise, tu grognes, tes yeux devenus rouges crachent des éclairs à ce petit frère que tu as tant aimé, et que tu hais tant désormais. Tu voudrais qu’il crève instantanément, ce serait un beau cadeau de dernière volonté. Tu donnerais ta vie pour le voir mourir, ouais. « Laisser en vie une malade mentale capable d’infliger la pire torture à son petit frère, le petit garçon avec qui elle a grandi, tout en souriant ? Ne faîtes pas cette erreur. Merci beaucoup. » Il n’a pas dit grand chose finalement, mais ça a eu son effet. Sur le jury, sur le public, sur toi. Les flashs sont tournés vers toi, tant tu sembles possédée par une rage incontrôlable. Tu gesticules, malgré ta position, malgré les chaînes qui se resserrent un peu plus, et qui laisseront de douloureuses marques sur tes membres. Tu donnes tout ce que tu as. Tu hurles, la tête en arrière, un filet de bave coulant le long de tes lèvres, les yeux si colériques qu’ils sortiraient presque de tes orbites. Tu es un pauvre animal qui attend qu’on lui administre la piqûre fatale. « J’AURAIS DÛ TE TUER CETTE NUIT-LÀ, TE TUER. » Effectivement, tu te l’es répété à de nombreuses reprises ces cinq dernières années, mais aujourd’hui tu as la confirmation que c’est bien un Avada que tu aurais dû lancer, pas un Endoloris.

« La parole est à la défense ». Sauf que quand ton avocat tente de plaidoyer, tu couvres sa voix de tes hurlements indignés, de ta colère déprimée, de ta panique essoufflée. Un stupéfix te remet à ta place, et tu grinces des dents, les yeux tournés vers le plafond. Ils te paieront cette humiliation. Tous, mais vraiment tous. Qu’ils retiennent bien ce moment où ils ont tourné en ridicule The Butcher. Tu n’écoutes pas ton avocat, tu ne sais pas ce qu’il raconte, ça ne t’intéresse pas, et de toute façon, un bourdonnement incessant empêche tout son extérieur de parvenir à tes oreilles. Tu ne te rends même pas compte que de chaudes larmes roulent sur tes joues, que tu pleures à la vue de tous, sous les flashs des journalistes qui se régalent de ce procès animé. Si on tente de te donner la parole, tu ne la prends pas, assommée par le stupéfix, et de toute façon complètement ailleurs. Tu parviens simplement à entendre « baiser du Détraqueur » et « Azkaban », ce qui ne te fait pas plus réagir. Tu es dans la même colère que celle dans laquelle tu es née, que celle qui t’a poussé à massacrer le fiancé d’Anna – pourquoi tu penses à elle maintenant ? D’ailleurs, a-t-elle témoigné contre toi pour ce meurtre de sang froid ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus. Tu sais juste que quoi qu’ait pu dire ton avocat, il n’a pas pu te sauver de la condamnation à mort. Sauf que tu ne vas pas mourir, parce que tu vas te venger un jour, tu le sais, tu le sens dans tes tripes. Et lorsqu’on te sort de la cage, te portant jusqu’à la sortie – car tu es incapable de bouger le moindre muscle –, un sourire hystérique déforme ton visage fou. Et te murmures, pour toi, pour les autres. « Voilà de toute façon ils vont tous crever, Hell va s’en occuper personnellement, Seigneur. » Good luck with that, miss.


Dernière édition par Hell H. Murdock le Mer 4 Jan 2017 - 2:52, édité 1 fois
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30 DEC 2003 • 11h • Tribunal • Albane était folle. C'était ce qu'Angelina ne pouvait pas s'empêcher de se dire en réalisant que la jeune femme avait visiblement ces derniers jours et semaines à assister à tous les procès et tous les trucs juridiques possibles et imaginables. Angelina avait à peine assisté à ceux des Belliqueux, et déjà cela l'avait saoulée au delà de toute mesure. Pour les autres procès, elle ne comptait pas vraiment y aller. Juste Edouard, parce que c'était Edouard quand même. Le sort des autres, elle préférait les suivre depuis sa radio, sans aller se faire chier sur les bancs du tribunal.

Sauf pour Rabastan Lestrange.
Franchement, si ça n'avait tenu qu'à elle, elle n'y serait pas allée. Sauf que Cormac avait insisté. Angelina ne savait pas dire non, dès que Cormac avait insisté. Elle avait été invitée à témoigner, devant l'autre brute qui ressemblait plus à une loque qu'à autre chose. Elle avait été utilisée pour raconter tous les détails de sa capture. Cormac aurait du le faire, à son avis, mais il voulait que ce soit elle. Plus d'impact, qu'il paraît. Une façon de la montrer en justicière. Bref. Lestrange l'avait à peine regardée quand elle était montée à la barre, et elle avait fait de même. En quelques questions rapides, tout avait été baclé. Elle n'était pas du genre à s’appesantir sur les détails. Oui. Non. Oui. Non. Brutal. Vulgaire. Fanatique. Faible.

Il aurait fallu repartir juste après, à son avis. Il paraît que, tant qu'ils étaient là, ils n'avait qu'à rester. Quelle horreur. Elle s'installa donc avec Cormac dans le fond, non loin d'Albane, Neville dans un coin, les jambes croisées, avachie sur sa chaise, à juste vouloir se casser. On la regardait de travers, mais ça, elle s'en foutait. Elle aimait juste pas les trucs comme ça. Les jugements. La salle était bien plus grande que celle qu'ils avaient utilisé pour son procès à elle, et il y avait beaucoup plus de monde. Cormac avait eu raison. Et ne t'inquiète pas en arrivant dans la salle, il y aura du monde, mais dis-toi que ce ne sera rien à côté de la foule qui va accueillir le Baiser du Détraqueur de Rabastan Lestrange.
Et voilà que ça hurlait, que ça pleurait, que ça insultait de tous les côtés. Elle ne comprenait pas pourquoi les gens s'imposaient ce genre de supplice. Elle fut juste tentée de fermer les yeux, à la vue de la mère Lestrange. Etait-il vraiment nécessaire de l'humilier ? Pas qu'elle ai la moindre compassion ou empathie pour lui, juste que c'était gênant de le voir implorer de ne pas parler de sa mère. Ils auraient du le tuer,  à Pré-au-Lard, ça aurait été plus vite que ce défilé de larmes.

A côté d'elle, Cormac commentait absolument tout. La façon détachée qu'il avait de le faire était tout ce qui permettait à la jeune femme d'être un minimum détendue. Il avait l'air complètement fasciné par l'avocat du Lestrange, alors qu'Angelina le trouvait insipide. Elle n'avait jamais aimé les intellos. Athanase, lui, au moins, il ne se la pétait pas. Bref. Condamné au Baiser du Détraqueur.
Dès que l'annonce fut faite, Cormac leva la main vers Angelina, pour qu'elle la fasse claquer, avant de faire se percuter leur poing et de claquer des doigts. Le check de la victoire, comme ils l'avaient bien stupidement appelé. Qu'est-ce qu'il fallait pas faire pour dédramatiser du meurtre en masse.

« Bon, on va bouffer ? » lâcha bien rapidement Cormac en voyant Angelina se lever presque aussitôt pour aller donner des coups de coude dans la foule. Elle était pressée de sortir. « Ouais. On va au Chaudron fêter ça autour d'une bière ? Alicia doit encore être dans le coin, faudrait arriver à l'attraper. » Elle vit du coin de l'oeil Neville s'enfuir sans un mot. Le pauvre devait être dans un bel état... Mais Angelina n'était pas vraiment du genre à consoler les gens. Elle n'allait même plus vers eux, tant elle connaissait son incompétence dans le domaine. « Sinon on mange sur place et on revient pour Murdock femelle ? Elle a failli te buter, quoi, cinq fois à Pré-au-Lard ? » La seule réaction à sa question fut d'abord une abominable grimace de la part de son ami. Cela fit rire Cormac, avant qu'elle arrive à lâcher d'un air écœuré : « Si tu veux revenir, va draguer Albane mon pote. Je retourne pas ici, ça shlingue la mort. » Et franchement, c'était pas comme si Murdock allait pouvoir échapper à un Baiser.

C'était ironique, au fond, comment ils étaient tous condamnés pour des choses qu'Angelina avait elle-même fait. Peut-être en moins grand nombre, puisqu'elle n'avait pas eu autant de temps qu'eux, mais clairement avec la même motivation.

Qu'est-ce que ça pouvait être sale, de perdre.
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PRISONERS • bloodstains on the carpet
Édouard Douglas
Édouard Douglas
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‹ âge : vingt-huit
‹ occupation : à Azkaban.
‹ maison : poufsouffle
‹ scolarité : 1986 et 1993.
‹ baguette : mesure trente centimètres virgule cinq, est composée de bois de chêne et contient un crin de licorne. Elle est inflexible et rigide comme son propriétaire.
‹ gallions (ʛ) : 3680
‹ réputation : j'ai été injustement envoyé à Azkaban. Mon crime? Avoir été mordu et être devenu loup-garou.
‹ particularité : un loup-garou depuis avril 1998. Je suis en triumvirat avec Amelia Cartwright, un lien émotionnel qui nous unit et nous permet parfois de partager nos pensées.
‹ faits : je suis un loup-garou, un ancien Auror bouffé par la culpabilité d'avoir vu ma famille et mes anciens amis décimés autour de moi. J'ai été défiguré à vie par mon Créateur et je me soumettais tous les jours à un sortilège d'Illusion pour cacher les dégâts. J'ai perdu un oeil dans l'affaire. J'ai fatT partie du groupe qui a attaqué Saint-Mangouste et me suis rendu compte de l'horreur de la situation trop tard. Je suis le loup-garou qui a mordu Ginny Weasley. Je suis actuellement à Azkaban à cause de ça et de l'attentat de Saint-Mangouste, même si la rumeur est que le juge m'a plus puni pour ma nature que pour mes crimes.
‹ résidence : dans une cellule d'Azkaban, que je partage avec Aramis Lestrange.
‹ patronus : un ours
‹ épouvantard : les corps massacrés de mes proches, détruits par la Bête qui m'habite.
‹ risèd : moi tel que je l'étais avant, libre de l'influence du loup en moi.
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02 JANVIER 2004 † T'en fais pas tout va bien se passer c'est juste une formalité c'est vraiment rien Édouard tu vas t'en sortir c'est juste un mauvais moment à passer c'est juste pour que justice soit faite d'accord regarde Angelina elle s'en est très bien sortie tout va bien se passer t'inquiète pas, t'inquiète pas, t'inquiète pas.
À quoi je ressemble?À rien. ” Amelia réajuste le noeud de sa cravate avec des doigts nerveux, lisse la veste sur ses épaules de ses paumes. “ Ça change pas trop de d'habitude. Tu te sens comment?Très bien. ” C'est un mensonge et elle le sait. Leur lien est plus fort que jamais. Elle aussi est inquiète, elle aussi a peur. Mais elle n'en dit rien, et lui non plus, et seuls leurs regards parlent réellement. “ Monsieur Douglas? Vous êtes prêt? ” Édouard hoche la tête à l'adresse de son sorcier de la défense, qui éteint son POW et le glisse dans sa poche avec un sourire rassurant. Le procès ne devrait ni être long, ni être dur, n'est-ce pas? Le dossier est solide, les chefs d'accusation ont déjà été soulevés à l'égard d'autres Belliqueux: tout devrait bien se dérouler. “ On sera sorti dans deux heures, ” rajoute Howard, toujours aussi confiant. Finalement, Édouard dit au revoir avec Amelia — là encore, pas besoin de mots — et lui et June emboîtent le pas au sorcier de la défense. Elle signe la décharge qui indique qu'il est bien resté sous sa garde, assigné à résidence, pendant deux semaines; le papier s'ajoute au dossier. “ Ça va? ” qu'elle lui demande, avec ses yeux scrutateurs et ses sourcils un peu froncés, avant de partir.
Édouard détourne les yeux. “ Très bien.

Hector Howard est tellement confiant qu'il l'est suffisamment pour deux: malgré tout ce qu'on lui a dit sur le déroulement du procès, Édouard se sent nerveux, mal à l'aise, pas à sa place, sa cravate est trop serrée et il a trop chaud sous sa veste. Il a l'impression qu'il ne va plus jamais sortir du Ministère de la Magie, qu'il ne va plus jamais retourner chez lui; c'est une peur irrationnelle, et il le sait... mais et si? On l'a débarrassé de sa baguette et du sortilège d'Illusion de son visage, révélant les chairs argentées toujours à vif et les profondes cicatrices; même Howard a semblé surpris, au début, et le pli de sa bouche a bien indiqué à son client le manifeste dédain ressenti à l'encontre des loup-garous. Mais il a accepté l'affaire, et il n'a rien dit de plus si ce n'est de porter ses cicatrices en évidence, il est un héros de guerre, après tout, n'est-ce pas?
En attendant l'audience, Édouard se connecte sur la fréquence Amelia plutôt que sur ses propres émotions. Son inquiétude et son amusement (il se plait à penser que June essaie de la faire sourire), son impatience et sa peur, sa peur, sa peur, sa pe-- “ Douglas? ” Howard arque un sourcil dans sa direction. “ Il est l'heure. ” Il se lève et le suit dans la salle d'audience.

Deux Aurors l'encadrent et sans le toucher, le mènent jusqu'à la chaise au milieu de la pièce; il y prend place, ses bras sont entourés des chaînes argentées règlementaires mais pas trop serré, ça va, tranquille, il manque juste du thé et un biscuit et il serait à l'aise. Il y a quelques personnes dans les tribunes, la quasi-totalité de la meute et des amis, ainsi que des inconnus. Le Juge de la Cour de Justice qui s'occupe de son dossier s'appelle Kayden Fordson. Le jury est composé de personnes dont il ignore tout, qui le regardent étrangement comme une bête de foire, murmurent d'un air méprisant à la vue des cicatrices. Édouard a l'impression qu'on a déposé le poids de trois montagnes sur sa poitrine. Il a du mal à respirer. Howard prend place à gauche du Juge, le sorcier à l'accusation à droite, on échange quelques civilités et puis on s'adresse à lui. “ Édouard Douglas, vous comparaissez aujourd'hui devant la Cour de Justice pour les chefs d'accusation suivants: attentat violent ayant entraîné la mort, même involontaire, d'innocents dans le cadre d'une mission non-autorisée par le Conseil après la constitution de la Renaissance du Phénix, parmi un groupe de Belliqueux violents, et morsure lycanthropique de la sorcière Ginevra Weasley ayant entraîné sa transformation en... loup-garou, ” formule le sorcier à l'accusation, Frost. Édouard voit son dégoût et son horreur, imitée sur le visage de certains membres du jury, à l'évocation de sa condition. La colère d'Amelia lui brûle les entrailles et il cherche son regard, puis celui de Ginny. Aucun des deux ne le rassure, mais il leur adresse un tout petit sourire.
On fait vite un sort à l'hôpital. Oui, il a participé à l'attentat. Non, il ne savait pas que tout allait exploser. Angelina Johnson témoigne en roulant des yeux en disant que franchement, faut être con de penser qu'avec le sort explosif qu'il leur a appris, les Belliqueux n'allaient que faire exploser le toit au-dessus de l'estrade. Oui, il s'en veut. Oui, il plaide coupable. Oui, c'est un crime de guerre mais heureusement, il fait partie des vainqueurs, donc ça va. En plus, c'est lui qui a ramené Draco à Poudlard entier, il a rejoint la RDP, est mort à Pré-au-Lard et- “ comment exactement avez-vous survécu, monsieur Douglas?

Le fait qu'on s'adresse à lui, alors que jusque là on ne faisait que se lancer la balle devant ses yeux, le choque tellement qu'il en oublie de répondre et pendant un instant, contemple Frost avec un regard vide. Le sorcier à l'accusation fronce les sourcils. “ Monsieur Douglas? Hm. Oui. Pardon. J'ai survécu... grâce à... il regarde Howard à la recherche d'une réponse, genre c'est pas vous qui êtes sensé parler pour moi mais son sorcier de la défense se contente d'hausser les épaules, lui fait signe d'expliquer, ...mon ancienne collègue et amie Amelia Cartwright. Avec l'aide de soigneurs-- Qui? Euh... Elijah Buckley et Viktor Heidelberg. Avec leur aide, nous nous sommes unis grâce à un lien métaphysique qui s'appelle le Triumvirat. Le Triumvirat est un lien propre aux loup-garous qui unit un loup et un autre ou un loup et un humain et entraîne un échange de pensées, d'émotions et d'énergie. Oui, hm, c'est ça. Je sais pas en quoi-- Vous avez donc drainé l'énergie de mademoiselle Cartwright jusqu'à vous réveiller au terme de plusieurs jours de coma. N'est-ce pas? Oui, mais-- Ne vous inquiétez pas, monsieur Douglas, j'éclaircis simplement des faits. J'appelle Amelia Cartwright à la barre.

C'était prévu mais Édouard a peur. Amelia a peur aussi, il le sent. Il essaie de lui communiquer — leur lien, encore jeune, ne leur permet pas des pensées trop complexes pour l'instant — de se rassurer, de ne pas s'inquiéter... en vain. Elle s'assied à la barre, jure de dire la vérité. Commence l'interrogatoire.
Frost lui fait détailler le pourquoi du comment du triumvirat. De la puissance du lien. De son omniprésence. Du fait que parfois, il est envahissant, gênant, horrible. Que c'en est dérangeant. Inhumain. “ À quand remonte la dernière pleine lune? Huit décembre. Et la prochaine? Sept janvier. La Tue-Loup doit commencer à se prendre une semaine avant ladite lune. Monsieur Douglas est donc sous traitement? Objection. Le témoin n'a pas l'expertise pour-- Rejetée. Mademoiselle Cartwright? ” Édouard voit quelque chose dans l'oeil de Fordson, le Juge. Il ne parvient pas à mettre le doigt dessus. Mais il n'aime pas ça. “ Oui. Il est plus... nerveux et colérique. Il prend de la potion Tue-Loup chaque jour en attendant la pleine lune, pour garder conscience lors de celle-ci. Et sentez-vous des changements d'humeur chez lui malgré ça? Des humeurs violentes, destructrices, meurtrières? Objection, je ne vois pas ce que les humeurs de mon client ont à voir avec l'affaire en cours, et encore moins quel rapport ça a avec le chef d'accusation étudié maintenant: la morsure de mademoiselle Weasley! Objection acceptée. Monsieur Frost? My bad. ” Les yeux du juge sont pernicieux et sombres et Édouard les déteste. “ Que la dernière question de monsieur Frost soit effacée du dossier et que le jury n'en prenne pas considération.
Mais le sourire du sorcier de l'accusation est triomphal, et le jury murmure, et Howard est rouge, et Édouard a l'impression qu'il va se noyer.

Howard interroge à son tour Amelia, puisqu'il le faut, mettant en valeur le fait qu'elle a toujours vu qu'il rejetait sa condition, s'en était voulu à mort après la morsure de Ginny, que c'était un accident, qu'il prenait toujours ses potions, que c'était une erreur, une erreur (Frost renifle à chaque fois que le mot est répété) qu'il ne se pardonne pas. Mais rien n'y fait. Les yeux de Fordson sont toujours curieux, sombres et pernicieux; c'est seulement quand Frost appelle Ginny à la barre qu'Édouard comprend, en voyant le dégoût qui traverse son visage un bref instant.
Il joue contre lui. Contre eux deux. Contre les loup-garous. Ça n'a jamais été un procès de pardon, mais de stigmatisation.

Mademoiselle Weasley, vous avez été mordue lors de la nuit du dix septembre à l'orée de la Forêt Interdite, en compagnie d'Emily Callaghan, Luna Lovegood et Neville Longbottom, lors d'une mission improvisée pour aller sauver Rubeus Hagrid de sa capture par des Acromentules. Est-ce correct? Oui. Ce que vous ignoriez à ce moment-là, c'est que vous étiez enceinte. ... N'est-ce pas?Oui. Enceinte du Survivant Harry Potter. ” Ce n'est une nouvelle pour personne; pourtant la rumeur enfle, et Fordson doit frapper avec sa baguette sur son bureau pour rappeler le jury à l'ordre. “ Et à ce jour, on ne sait pas encore dans quel état l'enfant va naître? Objection, le témoin n'a clairement pas, là encore, l'expertise médicomagique pour se perdre en conjonctures sur l'état de santé de l'enfant à naître! Permettez-moi de reformuler. On vous a dit, mademoiselle Weasley, qu'il est impossible de dire si l'enfant naîtra loup ou humain, n'est-ce pas? Oui et--J'en ai fini avec le témoin.
Édouard a l'impression qu'on lui raconte une très mauvaise blague. Howard fait de son mieux mais c'est inutile: qu'a Ginny à ajouter si ce n'est que oui, il a fait d'elle un loup-garou et que oui, lui et Rohan Helvar les ont empêchés, elle et ses amis et Hagrid, de se faire réduire en pièces par des membres de la meute Thurisaz mais non, elle ne le connaissait pas avant, et non elle ne sait rien de lui et non elle n'a rien à ajouter, de bien ou de mal, en sa défense, selon la recommandation antérieure d'Howard.
Frost se permet une déclaration. Il dépeint Édouard comme celui-ci imagine la bête: un monstre de violence et d'horreur, un être aux pulsions désincarnées et sans conscience, l'homme qui a laissé tant de gens mourir et qui en a tué tant d'autres, celui qui n'a pu sauver ni son frère ni sa soeur ni personne, qui a transformé une gamine enceinte innocente et qui a manqué de voler la vie à tellement, tellement d'autres personnes et- “ ce n'est pas la première personne dont la vie a été gâchée par le loup-garou Édouard Douglas. J'appelle à la barre Marverick Cromwell.

Marverick Cromwell.
C'est lui. C'est vraiment lui.
Le gars qui a grandi avec lui à Poudlard.
Le gars qui est mort dans la forêt de Daeva par sa faute.

C'est lui, trop petit et maigre dans ses fringues, ses yeux qui regardent l'assistance avec méfiance et peur, qui s'assied à la barre, marmonne qu'il dira la vérité sur son honneur, refuse de le regarder.
C'est lui.

Il est mort par sa faute. Il ne peut pas être là.

Marverick Cromwell, vous étiez à Poudlard avec Édouard Douglas, et vous êtes devenu apprenti Auror en même temps que lui à la fin de vos études, correct?Correct. Avec Faust. Notre amie. Ma fiancée. Faustina Warwick. Le treize avril mille neuf cent quatre-vingt-dix huit vous avez été tous les quatre, avec un autre Auror de votre département, envoyés dans la forêt de Daeva dans le cadre d'une mission. Vous y êtes resté pendant plus d'une semaine et le douze avril, c'était la pleine lune. Vous avez été attaqués par des membres de la meute Thurisaz. Je ne vois pas en quoi-- Une seconde, monsieur Howard. Toutes ces informations sont-elles correctes, monsieur Cromwell? ” C'est Marverick alors pourquoi ne le regarde-t-il pas? “ Elles sont correctes. Officiellement, l'accusé a été le seul à s'en sortir. Vous avez été laissé pour mort pendant des mois, ne survivant que grâce à la chance et à la magie de la Forêt de Daeva, et vous avez été transformés, vous aussi, par sa faute. Mordu et abandonné et après récupéré par un Ministère décadent et pourri jusqu'à la moelle, transformé en une machine à tuer. Objection! Je ne vois vraiment pas en quoi ce témoin est pertinent pour l'affaire en cours! Votre Honneur! Monsieur Howard, taisez-vous. Correct? Correct. Narrez-nous les circonstances de l'attaque, monsieur Cromwell. ” Édouard ne s'en souvient pas, a préféré oublier, et a refusé de se prêter à la Légilimencie proposée par Howard. En cet instant précis, il regrette beaucoup, beaucoup ce choix et ne trouve ni la force, ni l'énergie de parler. “ J'étais allé ramasser du bois. Loin du campement. J'ai entendu les loups. J'ai couru pour les prévenir. Ils étaient déjà partis. Sauf Édouard. Il m'a dit qu'Alexis et Faust allaient s'en sortir. Qu'il fallait juste courir. Il m'a regardé. Puis il m'a lancé un sortilège aux jambes, je pouvais plus bouger. Ou crier. Ou rien. Il m'a dit qu'il s'occuperait de Faust. ” Édouard a du mal à respirer. “ Il m'a abandonné là. Voilà où j'en viens, monsieur Howard.
Édouard voit le plaisir malsain sur le visage du juge, sa curiosité morbide, sa haine véritable pour les loup-garous, son dégoût pour les mi-humain mi-loup de la pièce. Il sent la frustration d'Amelia, sa colère et sa surprise et son incompréhension, leurs pensées désordonnées qui se mélangent, c'est injuste et ce n'est pas ce qui s'est passé et Marverick est en vie et qu'est-ce qu'il fait là?

Voilà ce qu'il faut voir: non pas le prétendu héros de guerre qui, et je cite, ‘ignorait les dégâts qu'allaient commettre ses alliés de quelques années sur l'hôpital Saint-Mangouste,’ non pas ‘le préfet sérieux et travailleur qui a été un exemple pour le reste de sa maison,’ non pas ‘l'Auror talentueux et prometteur qui aurait pu tout avoir,’ mais l'homme, si on peut appeler ça comme ça qui a détruit des vies, et je ne parle pas des pauvres piégés sous les pierres de Saint-Mangouste! Mais de celui qui a perverti pour toujours l'âme et les pensées d'une autre Auror talentueuse et prometteuse en lui imposant les siennes à travers un lien inhumain d'une magie trop puissante pour être contrôlée. Le loup-garou qui a désobéi aux ordres explicites du Conseil et a refusé de prendre sa potion Tue-Loup, ce qui a résulté par la morsure et la transformation définitive de la mère de l'enfant d'Harry Potter, morsure qui a été entraînée, par confession écrite de l'accusé, par l'instinct et le désir de la bête de condamner ainsi une femme enceinte. Je répète: il l'a mordue parce qu'elle était enceinte! Et n'oublions pas le lâche, l'Auror talentueux et prometteur, qui a abandonné son ami et collègue aux griffes des loups, l'a sacrifié pour mieux survivre! C'est cet homme-là qui comparaît devant nous aujourd'hui. Et si nous le pardonnions malgré tout, parce qu'il s'est battu dans notre guerre et nous a aidés à l'emporter, quelle sorte de Justice serions-nous en train d'exercer? Une Justice aveugle et inconséquente, qui idéalise ses héros et refuse de voir leurs pêchés. Une Justice injuste.

Édouard devrait dire ça, dans l'ordre: le Triumvirat n'était pas son idée, ne pas prendre la Tue-Loup n'était pas son idée, il est à peu près persuadé à 99% qu'il n'a jamais fait ça à Marverick et que ça lui semble plutôt injuste, et pas équitable, vu que le sorcier de l'accusation a évidemment des préjugés à l'encontre des loup-garous, et le Juge qui préside la session aussi.

Mais il est incapable de parler alors il regarde juste Fordson comme si il le regardait pour la première fois, la bouche entr'ouverte malgré lui, se reconnaissant et refusant de se reconnaitre dans sa violente diatribe.

Ce sera tout. ” Et juste comme ça, c'est fini.
Howard essaie de garder contenance mais c'est fini, le jury est ajouté, ne l'écoute que d'une oreille quand il met en avant le prétendu courage du soldat, l'ancien talent de l'Auror, les blessures et les soucis psychologiques de l'homme, en vain, tout est en vain, et Édouard le sait et le sent et il y a aussi les émotions d'Amelia qui l'envahissent, la panique la colère et la peur et il ne va jamais, jamais sortir de ce Ministère, il le sait et il le sent.
Nous ne sommes pas là pour juger de vos actes antérieurs à la guerre, monsieur Douglas, même si les pertinentes prises de paroles de monsieur Frost nous permettent un meilleur aperçu de qui vous êtes. Toutefois la question demeure: que plaidez-vous? Mon client plaide--Coupable. Je plaide coupable. ” Fordson hoche la tête.

Vous êtes aujourd'hui jugé pour avoir participé à l'attentat de Saint-Mangouste et pour avoir refusé d'utiliser la potion qui aurait pu vous empêcher de mordre Ginny Weasley, alors enceinte d'Harry Potter, lui sauvant la vie mais la transformant en loup-garou elle aussi. Et malgré le plaidoyer original, coupable avec circonstances atténuantes, vous plaidez simplement coupable, et en toute connaissance de cause. N'est-ce pas?Oui. Qui en faveur d'une sentence de vingt ans d'emprisonnement à Azkaban avec éventuelle remise de peine?Vingt ans. Vingt ans. Vingt ans. Même Howard semble surpris, heurté, frappé par la foudre. Édouard parvient tout juste à bouger pour tourner la tête en direction du jury, là où les mains se lèvent: plus de la moitié. La malsaine satisfaction du regard de Fordson le rend malade. Ses yeux se vrillent aussitôt vers ceux d'Amelia. D'une pensée, il pourrait tout lui dire. Tout. Mais il ne sait même pas quoi dire en cet instant précis, ce qu'il devrait dire ou ce qu'elle veut entendre.
Le baguette s'écrase sur le bureau. “ Justice a été rendue.

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2 JANVIER 2004 x Procès d'Edouard x Justice a été rendue. « VOUS VOUS FOUTEZ DE NOTRE GUEULE ? » Angelina s'était immédiatement dressée, terrible, debout sur son banc sans essayer de réprimer ou de calmer sa colère. « VINGT ANS A AZKABAN ? MAIS VOUS VOUS PRENEZ POUR QUI ? » Elle avait fait partie des premières à réagir, juste après le verdict, sans même prendre la peine de digérer ou même de comprendre ce qu'il se passait. Elle n'avait pas le temps pour réfléchir. Autour d'elle, les gens commençaient à s'agiter, approuvant ou non la décision, certains commençant déjà à sortir, d'autres commençant à regarder Angelina qui se sentait devenir rouge de rage. « CE N'EST PAS UN PUTAIN DE MANGEMORT VOUS AVEC DES CULS A LA PLACE DES YEUX OU QUOI ? » Elle pouvait déjà à commencer à sentir que, à côté d'elle, Cormac essayait de la calmer. Elle n'était pas seule, cependant, à s'indigner. « IL ETAIT A PRE-AU-LARD ! IL S'EST SACRIFIE POUR LA PUTAIN DE CAUSE ! C'EST UN HERO PAS UN PUTAIN DE CRIMINEL ! » C'était ridicule, absurde, et il lui était absolument insupportable qu'une telle décision puisse être appelée justice. « ET VOUS ETIEZ VOUS HEIN LE MOIS DERNIER ? CACHES DANS VOS CAVES A VOUS PISSER DESSUS. VOUS ME FAITES VOMIR. C'ETAIT UNE GUERRE PAS UNE SOIREE COCKTAIL. VOUS CONNAISSEZ CA, LA GUERRE ?  QUI ETES VOUS POUR LE JUGER ? QUI ?  » On la tirait vers le bas, on essayait de la faire taire, et elle pouvait entendre de loin, comme dans un rêve, qu'on appelait son nom. Elle n'écoutait personne. Elle allait tous les buter, ces fils de chien. Ils n'avaient pas le droit d'enfermer Edouard. Il était con, il n'était pas doué, il pouvait dépasser les bornes mais on ne l'enfermait pas. Ce n'était pas une question de politique. Elle ne cherchait pas à en faire un  saint. Il avait juste fait partie de son équipe et elle le considérait toujours comme faisant partie de son équipe. L'équipe des vainqueurs. L'équipe de ceux qui avaient tout donné pour qu'ils soient tous là aujourd'hui. Elle n'avait pas bronché, lorsqu'il avait fallu juger les belliqueux. Qu'ils aient leur donc leur opportunité de se sentir moralement supérieur, si ça pouvait leur faire plaisir. Mais  ils n'étaient pas censés les condamner. Ce n'était pas censé se passer comme ça. « ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE. ON AURAIT DU VOUS LAISSER CREVER ! ON AURAIT DU VOUS LAISSER EN PATURE AUX MANGEMORTS ! » On avait réussi à la faire descendre du banc et on avait commencé à la tirer hors de la salle. Elle devinait Cormac, ainsi que quelques Aurors, elle avait vaguement souvenir de s'être débattue mais surtout elle criait, elle hurlait sa rage : « VOUS ALLEZ LE REGRETTER ! VOUS ALLEZ VOIR ! TOUS LA, LES DEFENSEURS DE LA JUSTICE A LA CON ! VOUS PENSEZ ETRE EN SECURITE DERRIERE VOS LUNETTES ET VOS PAPIERS ? VOUS PENSEZ QU'ON VA VOUS LAISSER FAIRE ? JE VAIS VOUS- » Elle sentit soudain le contact d'une baguette sur sa nuque, celle de Cormac sut-elle instinctivement, et un silencio la força enfin au silence.

On finit de la tirer de la salle jusqu'au couloir, hurlant encore, bien que plus personne ne pu l'entendre. Ils auraient adoré, pourtant, entendre toutes les horreurs qu'elle se promettait de leur infliger. Elle avait oublié, un instant, à quel point elle pouvait haïr ces sales privilégiés. Ces feignasses qui n'avaient pas bougé le cul de leur chaise de toute la guerre et qui se permettaient maintenant de les juger. Elle pensait que la guerre allait enfin faire que les choses se calment mais elle continuait, pourtant, de perdre les personnes qui comptait. On continuait de les lui arracher, au compte-goutte, et elle était incapable de les arrêter. Que faire, alors, sinon se venger ? Sinon tuer ceux qui t'ont fait du mal ? Que faire quand la paix a été annoncée mais que la guerre continue ?
Il lui fallu de longues minutes avant de retrouver véritablement ses esprits. Elle avait l'impression de se reconnecter avec un corps qu'elle avait oublié un instant. On l'avait visiblement giflée pour la tirer de là. Cormac se tenait devant elle, un sale œil au beurre noir sur le gauche, ainsi que d'autres amis la fixant avec un mélange de lassitude et d'inquiétude. Deux Aurors, aussi, qui échangèrent encore quelques mots avec Cormac avec de s'en aller, non sans avoir lancé un regard écoeuré à la jeune femme.

Elle se sentait sale et faible, d'avoir craqué ainsi. Elle aurait du fermer sa gueule, et tout aller les buter dans leur sommeil. Elle avait le tournis. Elle resta immobile et silencieuse lorsqu'on leva le Silencio, jusqu'à ce que Cormac lui demande un air las : « Calmée ? » Elle lui sourit, mauvaise, hargneuse, pleine de ce feu animal qui l'animait depuis si longtemps. « Non. » Cela le fit rire, bien entendu, et il lui répondit bien simplement : « Tant mieux. »

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02 JANVIER 2004, PROCÈS D'EDOUARD.La foule t'agace, t'écrase de leurs sentiments nauséabonds. Rancoeur, haine, colère tournent dans l'air, venant te percuter de plein fouet, gonflant ton souffle compressé. Tu détestes la foule. Tu détestes ton empathie hypersensible, utilisée à des purs fins d'interrogatoire bâclés pour enfoncer la culpabilité plus profondément dans le gosier. Et puis, il y a eu Ollivander-Lestrange (incapable de te reconnaître) venue squatter ton bureau pour l'assignation à résidence de son mari. Le mal de crâne, tiré de la confrontation, t'a vidé, bousillé. Tu n'as pas eu le temps de te reposer, pas eu le temps de rentrer t'occuper de Tray et Si. Pas non plus eu le temps de partir sur les traces des Davis. Au contraire, tu dois rester, tu dois témoigner, tu dois être civilisé.

En d'autres termes, « jouer la plante », comme le disait ce très cher nouveau directeur de la Justice Magique, sur le ton d'un humour noir. Tu grinces des dents, tu grinces du cœur, mal à l'aise d'être enfermé dans ce rôle de gratte-papier, de représentation, d'illusion. La justice ne t'a jamais semblé être aussi mauvaise, aussi rancunière. Forcé d'assister à tous les procès, au cas où une horreur se produirait, tu vois s'accumuler les sentences les plus lourdes sur les épaules des marqués. Mais est-ce que ça te tire vraiment quelque chose de voir les Lestrange tomber, de voir les monstres que vous avez créés se faire tuer dans le cas du père ou se faire enfermer pour le fils. Est-ce que ce n'est pas plutôt ta propre hargne passive agressive que tu sens, ressens en voyant les Belliqueux être acquittés, pardonnés ? Est-ce que ce n'est pas les bras d'une injustice glaciale que tu sens se glisser le long de ta colonne vertébrale ? Tu grognes. Combien de putain de vies innocentes ont-ils volés, ces enfoirés ? Ils n'ont pas mérités le pardon, ils n'ont pas mérités la libération.

Pourtant, déjà blasé, tu t'es déplacé pour Edouard. Son sort t'a toujours inquiété, préoccupé, quelque peu agacé aussi. N'est-il pas un de tes premiers élèves avec Amelia ? A eux deux, ne sont-ils pas deux des échecs que tu as bien du mal à essuyer, balayer ? De toute manière, dans cette stupide guerre, tu as tout perdu ; famille, amis, ennemis, même, apprentis au passage. Il n'y a qu'un sentiment latent d'injustice, d'amertume. Il n'y a que la sensation que tu vas continuer de payer, que tu vas continuer de trinquer. Les cauchemars te le murmurent doucement, lentement, t'échoues toujours ( à sauver ton frère, à sauver Isaiah, à sauver Tracey, à mener les Audacieux. ). Ils tournent en rond toutes les nuits, ils te hurlent ce que tu n'as pas fait. Ils te crient que tu les as abandonné, que tu les as tués, que tu les as laissé. « Tout est de ta faute », voilà ce qu'a crié Caitlin, la dernière fois, les yeux embrumés de larmes, fatiguée par les drames. « Tu devrais avoir honte, Quinn. Tu es un héro pour tout le monde sauf pour nous. Jamais pour nous. ». Toi aussi, tu mériterais d'être jugé. Toi aussi, tu mériterais un procès.

« (...) faveur d'une sentence de vingt ans d'emprisonnement à Azkaban avec éventuelle remise de peine? », tu t'arrêtes un instant, un moment, te recentrant sur le procès. Les mains se lèvent, Edouard est condamné à Azkaban, pour 20 ans. Il y a le choc, les murmures, comme si tout le monde ne réalisait pas trop bien, ne comprenait pas tellement bien ce qui vient de se passer. Tu entends même un «  c'est une blague ? », un autre «  mais ils ont raisons, il est dangereux » et un «  et ce qu'il a fait à son collègue & à cette pauvre Weasley. ». Bientôt la foule (les sentiments ) se lève(nt), se soulève(nt), affamé d'approbation ou de négation. Tu n'as jamais approuvé les actions d'Edouard, que ce soit, en claquant la porte des Aurors après sa morsure ou bien l'attentat. Tu as toujours condamné son affiliation aux Belliqueux. Tu n'as jamais pardonné sa trahison, sa reddition. Il mérite une punition, c'est évident. Mais aussi sévère, aussi destructrice ? Vingt ans, vingt putain d'années à croupir avec le fils Lestrange au milieu de tous ses déchets de mangemorts. Azkaban rend fou, Azkaban bousille, Azkaban crée des monstres vivants, rampants. Ziegler a raison, ils condamnent en créant des horreurs, des erreurs. Tu serres les dents, te mordant la langue pour ne pas hurler, ne pas crever de haine, de colère ; « Bordel, il ne méritait p - VOUS VOUS FOUTEZ DE NOTRE GUEULE ? » as ça. La fin de ton murmure s'effondre dans le cri de rage de la furie dressé au milieu des bancs. Les cheveux noirs bouclés descendent en cascade sur un visage fin, féminin aux yeux furibonds, bordé de colère. Brutalement, le feu de sa rage embrasse ta colère, renversant les jeux. Le souffle raide, tu souffres d'une maladie de haine qu'elle alimente. « Daniels, Jackson, occupez-vous de Douglas. », cales-tu à tes deux suivants. « Menez-le dans une cellule séparée des mangemorts, une salle d'interrogatoire suffira. Ne le laissez pas avec ces monstres. Les yeux bleus se portent sur la jeune femme métamorphosée en harpie, avide de vengeance. Sullivan ? Au rapport. C'est Johnson, monsieur. » Belliqueuse, hargneuse, terroriste, elle a encore la guerre dans le sang. Et elle pulse dans tout son corps, prêt à en découdre, prêt à mordre. Un rictus se forme, tu détestes ces putains de belliqueux. Incapable du moindre contrôle, incapable du moindre bon sens, ils sont voués à toujours, toujours, toujours ramener leur stupide gueule partout où il ne faut pas. « Sullivan avec moi. », lâches-tu comme une bombe.

« ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE. ON AURAIT DU VOUS LAISSER CREVER ! ON AURAIT DU VOUS LAISSER EN PATURE AUX MANGEMORTS ! » , il ne vous a fallu que quelques mètres pour arriver vers Johnson. Et elle crie toujours aussi fort, elle rage toujours et encore. « Mademoiselle Johnson, vous êtes priée de vous calmer sans quoi nous devrons utili – Messieurs les Aurors, ça ne sert à rien, il faut mieux l'évacuer, esquisse un jeune homme à ses côtés dans un pauvre sourire, comme pour s'excuser des dégâts de son amie. Aidez-moi plutôt à la faire descendre. » Un grognement, un hochement de tête & tu la saisis dans une pression, sur ses vêtements ( ne pas la toucher sinon tu vas disjoncter, ne surtout pas la toucher. ) Elle se débat comme une tigresse, faisant sauter les lunettes de Sullivan, te collant une gifle, mettant un coup de pied dans le ventre du jeune homme. « VOUS ALLEZ LE REGRETTER ! VOUS ALLEZ VOIR ! TOUS LA, LES DEFENSEURS DE LA JUSTICE A LA CON ! VOUS PENSEZ ETRE EN SECURITE DERRIERE VOS LUNETTES ET VOS PAPIERS ? VOUS PENSEZ QU'ON VA VOUS LAISSER FAIRE ? JE VAIS VOUS- »  d'un silencio, la furie se retrouve muette, juste condamnée à vous balancer des avada kedavra de ses yeux noirs de haine.

La porte s'est lourdement fermée derrière vous. Du tac au tac, tu lâches à Cormac ; « Nous devrions appréhender votre amie pour obstruction à la justice, atteinte sur agents, ect. Tu roules des yeux, lassé du jargon, détaillant l'oeil au beurre noire qu'elle lui a collé. Pas mal, tu lui demanderai presque un autographe pour son poing si tu ne haïssais pas tant les gens de son espèce. Les belliqueux qui souillent tout ce que vous avez accomplis, tout ce pourquoi tu t'es battu. Ahahah, elle était juste très attachée à Edouard. Un pauvre sourire complice. Et la guerre nous a tous laissés des traces, vous devez savoir ce que c'est, non ? Un claquement de langue. Oh oui, tu sais. Oui, toi aussi, tu as pris l'habitude de dormir avec ta baguette, d'avoir peur du noir, de réaliser que tout ceci c'est qu'un mensonge, que tu vas te réveiller & que tu dois encore courir, encore combattre, encore, encore et encore souffrir. Tenez-la en laisse, craches-tu. Sinon, je la fais coffrer. » C'est tout ce que ces chiens de belliqueux méritent : le collier qui les tient fermement, brutalement dans son étau ou bien les barreaux d'une cage. Tu fais volte face, Sullivan sur tes talons. Avec amertume, tu songes que tu les détestes tous, mais plus encore, tu détestes cette justice.
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HERO • we saved the world
Amelia Cartwright
Amelia Cartwright
‹ inscription : 31/05/2016
‹ messages : 723
‹ crédits : SHIYA. EXCEPTION POUR LA SIGNA.
‹ dialogues : #indianred.
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‹ âge : VINGT-HUIT ANS
‹ occupation : AUROR.
‹ maison : GRYFFONDOR
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : 30 centimètres, bois de noisetier, crin de sombral.
‹ gallions (ʛ) : 3870
‹ réputation : on dit d'elle qu'elle est loyale et intransigeante + on la trouve parfois désagréable, mais c'est juste parce qu'on la connaît mal et qu'elle n'est pas très avenante au premier abord + elle est une auror brillante et fonceuse + on la sait proche de la cause des loups-garous. on a du mal à comprendre pourquoi elle a fait le choix de se lier par triumvirat à un loup-garou.
‹ particularité : animagus en formation + son animal est un ours brun massif.
‹ faits : amelia a fait sa formation d'auror avec un an d'avance + quand le lord est arrivé au pouvoir, elle est restée, en pensant que ça n'allait pas durer + coincée et surveillée, elle prétendu être à ses côtés + c'est lors de la vente aux enchères des rebuts (2001) qu'elle arrive à fuir sans se faire remarquer et à échapper à la surveillance des mangemorts + elle passe deux ans à fuir, en solitaire, une situation qui l'a rendue plus sauvage et froide + elle a rejoint les insurgés en 2003 et a mené de nombreuses missions pour eux, forte de sa formation et de son expérience d'auror + elle a participé à la grande bataille de décembre 2003 + pendant les combats, elle a choisi d'être liée par triumvirat à édouard douglas afin de lui sauver la vie in extremis. ils ont failli ne pas s'en sortir + elle s'est battue contre le gouvernement intérimaire mis en place après la guerre, qui a injustement envoyé édouard en prison pour en faire un exemple, et a participé à faire échapper plusieurs criminels injustement jugés de la prison d'azkaban + elle a repris son poste d'auror après la guerre.
‹ résidence : entre son appartement du londres sorcier et storm's end.
‹ patronus : UN RENARD
‹ épouvantard : perdre les membres du pack. surtout perdre eddie.
‹ risèd : UNE SOIRÉE HEUREUSE ENTRE AMIS.
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2 JANVIER 2004 // PROCÈS D'ÉDOUARD
Elle le fixe avec un regard qui ne trompe personne.
Pas Édouard. Elle fixe cet espèce de connard qui est en train de tout démonter, de tout foutre en l’air. Tu n’as pas le droit de souhaiter la mort de quelqu’un, c’est mal lui dirait sa mère. Mais ça fait longtemps qu’Amelia a arrêté d’écouter sa mère, ses principes et les préceptes ridicules de la religion à laquelle elle a vainement tenté de la convertir quand elle était encore gamine.
Il n’est pas le seul dont elle souhaite la mort à ce moment précis.
Son coeur s’est arrêté quand Marverick est entré dans la pièce pour témoigner contre Édouard. Amelia sait très bien ce qui s’est passé cette nuit-là, et au-delà de ça, elle connaît très bien Édouard, et quand bien même il a changé, le Édouard du drame de Daeva n’aurait jamais, jamais fait quelque chose d’aussi horrible. Surtout à un homme qu’il aimait comme son frère, surtout à cet homme avec qui il avait grandi. Amelia se demande bien ce qui a pu arriver à Marverick pour qu’il devienne cet énorme tas de merde.
Elle a toujours détesté les procès à cause de leurs conventions ridicules, de leurs règles absurdes. Elle aimerait pouvoir se lever, à chaque fois que Fordson ouvre la bouche. Elle aimerait être à la place d’Édouard, et lui envoyer à la gueule toutes les raisons pour lesquelles son argumentaire ne tient pas.
On dirait que personne n’a entendu ce qu’elle a dit concernant le Triumvirat. Comment c’est elle, sur le champ de bataille, qui a fait le choix de sauver Eddie, malgré le risque, malgré ce que lui aurait évidemment voulu. On dirait que personne n’a entendu quand elle a dit qu’il n’avait pas eu son mot à dire.
Il faut le reconnaître - à défaut d’être une bonne personne, Fordson est très bon.
Il déforme tous les mots, toutes les idées. Il manipule, il tourne et retourne les choses pour qu’elles aillent dans son sens, ne laissant aucun choix à ses interlocuteurs, les laissant face à des murs frustrants. Il est devenu clair au fil des minutes qu’il ne s’agissait pas d’Édouard, et toute personne sensée dans cet auditoire l’aura compris. Seulement voilà, Amelia se doute bien que les personnes sensées se font rares. Le jury est composé de fonctionnaires ridicules qui n’ont aucune conscience de la réalité, et des préjugés incrustés.
Et Amelia se demande, à mesure sur que le temps passe, à mesure que les visages de ses amis s’assombrissent, comment cette paix pour laquelle elle s’est battue, comment ce gouvernement qu’elle a aidé à mettre en place, ont pu mettre des personnes pareilles sur les bancs du ministère. Elle a de la peine à croire que les gens aient aussi peu appris de leurs erreurs.
L’ancienne Gryffondor sait très bien qu’Édouard n’est pas innocent. Ils le savent tous. Il a pris de mauvaises décisions, fait des choses terribles - qu’il ne se pardonnera jamais. Mais ils sont tous comme lui. Personne n’est innocent dans cette guerre. Elle sait très bien qu’il doit répondre de ses quelques crimes devant la justice, c’est normal. En tant qu’auror, Amelia a toujours défendu la justice, la vérité. Elle sait reconnaître les monstres, elle a grandi avec l’un d’entre eux pour père, elle les combat depuis presque dix ans maintenant. Elle sait très bien qu’Édouard n’est pas un monstre, quand bien même il le croit lui-même, quand bien même l’argumentaire de Fordson semble le prouver sous toutes les coutures.
Elle ressent tout en double. La colère, la déception, la tristesse, la frustration. C’est puissant et ça lui donne le tournis. Amelia a toujours su contrôler ses émotions de manière remarquable, vraiment. Mais celles d’Édouard, beaucoup moins. Quand elles étaient dissociées, c’était déjà compliqué. Alors maintenant qu’elle les ressent - vraiment - c’est presque insoutenable.
Quand Édouard plaide coupable, Amelia ferme les yeux. Elle sait déjà que les choses ne vont pas bien se terminer. Elle le sent, et lui aussi. Elle sent déjà qu’il est un peu résigné, qu’il a compris parfaitement le jeu de l’homme en face de lui. Le procès touche à son terme, et la jeune femme n’est pas sûre de vouloir savoir comment tout ça va finir. Ses phalanges sont blanches à force de s’être accrochées avec trop de forces à ses genoux. Qui en faveur d'une sentence de vingt ans d'emprisonnement à Azkaban avec éventuelle remise de peine? Le coeur d’Amelia s’emballe. Il faut être fou pour demander une telle peine pour quelqu’un qui a été reconnu héros de guerre. Il faut être fou pour demander une telle peine pour ce qu’Édouard a fait. Fou. Amelia compte bien sur les membres du jury pour rejeter cette bêtise. Elle tourne la tête vers le parterre de personnes en robes pourpres, et son visage se décompose à mesure que les mains se lèvent. Son coeur bat trop fort dans ses oreilles, et il y a comme étau qui la cloue à son siège. Elle observe les mains, une à une, avec un air interdit sur le visage.
Ce n’est pas possible.
Ce n’est pas en train d’arriver.
La détresse la submerge. Ses yeux se baissent vers Édouard, qui la regarde aussi. Elle a du mal à respirer.
Justice a été rendue. Et c’est fini. Ils sont beaucoup à rester assis, complètement sonnés par la sentence, incapables d’assimiler l’information. June, à côté d’elle, s’agite, et elle n’est pas la seule. Plusieurs voix se font entendre dans l’assemblée, dont celle d’Angelina, plus forte que les autres, plus violente que les autres. Mais Amelia ne peut rien dire, rien faire. Elle est vissée à son siège, perdue, perdue, perdue. Elle finit par se pincer - un geste parfaitement débile - en espérant qu’elle est seulement en train de faire un cauchemar. Mais non. Il y a toujours l’oeil noir d’Eddie qui la regarde, et ce vide énorme qui s’étire à mesure que les secondes s’égrènent. Ils ne savent même pas quoi se dire. Parce qu’il n’y a rien à dire.
Amelia serre les dents et retient les larmes qui montent. Une part d’elle bénit Johnson. L’auror est assez au fait des lois pour savoir qu’il n’y a rien à faire, que les mots, les coups, rien ne changera la sentence des juges, mais elle est heureuse que quelqu’un essaie. « Daniels, Jackson, occupez-vous de Douglas. » Les mots d’O’Malley la sortent un peu de son incrédulité. Elle sait que quelqu’un lui parle mais elle ne répond pas. Tout ce qu’elle trouve à faire, c’est passer par-dessus la rambarde qui la sépare du centre de la pièce, dans le seul but d’aller vers Eddie et de repousser le plus possible le moment où on va l’emmener. Elle ne sait pas encore exactement quoi, mais elle a plein de choses à lui dire, plein de choses.
Mais déjà, deux de ses collègues aurors lui barrent le passage. Elle tente de les éviter, se débat violemment quand l’un d’entre eux lui enserre l’avant-bras droit. « Amelia. » Elle ne les regarde même pas, gardant les yeux plantés sur son objectif, sifflant entre ses dents serrées comme un animal. « Amelia! » Elle tourne des prunelles assassines vers McGraw, l’un de ses anciens camarades de formation. Elle ne voit pas de l’énervement dans ses yeux, plutôt une compassion et une tristesse qu’il a du mal à cacher. Elle tourne les yeux vers l’autre auror, elle aussi une de ses anciennes camarades, Barckley, et rencontre les mêmes émotions. Ils ne sont tous les deux pas non plus d’accord avec ce qui vient de se passer, c’est évident. Amelia se débat une énième fois, et Rose pose sa main sur son épaule. Amelia regarde, désespérée, perdue, en direction d’Édouard, qui est emmené par Daniels et Jackson. Elle secoue la tête de droite à gauche, parce que non, ça ne peut pas être en train d’arriver. « Ames. » fait Barckley. Amelia ne détache les yeux d’Eddie que quand ils lui ont fait passer la porte le ramenant aux cellules. « I’m sorry. » Elle regarde la brune en continuant de secouer la tête, comme si ça pouvait changer les choses, comme si tout allait être effacé, recommencer à zéro. « You have to let go. » Cette phrase est pleine de sens. Mais aucun ne semble trouver de chemin dans l’esprit de la blonde. « Please, Ames. Don’t be a fool. » Elle leur envoie un regard mauvais, à chacun, et se libère brusquement de la main de Jack qui tient toujours son bras.
Ses yeux se lèvent vers la tribune des jurés. Ils s’éclipsent tous un à un, certains sourient, sûrement en train de se raconter leurs aventures du week-end ou de la veille. Elle a envie de leur cracher au visage. Mais pas autant qu’elle a envie de tuer Fordson, qui rassemble ses parchemins. Il relève les yeux vers le public, et trouve la glace des yeux de l’auror.
Il lui sourit, hypocrite, satisfait, et Amelia sent qu’on la tire vers la sortie..
Mais elle le fixe avec un regard qui ne trompe personne.
Un regard assassin.


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HUNTED • running man
Penelope Clearwater
Penelope Clearwater
‹ disponibilité : always
‹ inscription : 15/10/2016
‹ messages : 397
‹ crédits : aslaug
‹ dialogues : #666699.
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‹ âge : vingt-huit (03/04)
‹ occupation : une fugitive, évadée d'Azkaban.
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : m'a été prise au cours de la bataille de Pré-au-Lard (bois de houx, crin de sombral, vingt-cinq centimètres).
‹ gallions (ʛ) : 3592
‹ réputation : je suis une traitresse, que je n'ai pas de valeur, pas de principe, que je suis capable de retourner ma veste à tout moment et donc que je suis indigne de confiance.
‹ faits : j'étais en fuite depuis fin 1998 avant de m'allier aux Mangemorts pour retrouver la vie que je mérite, servant ainsi d'espionne pour le Magister au sein des insurgés. En juin 2003 ma couverture a sauté et je me suis consacrée à mon rôle de mangemorte avant d'être capturée le 27 septembre 2003 par Neville Longbottom. Enfin, je suis mère de deux enfants, Catelyn et Benjen, des jumeaux nés à la suite d'une grossesse niée pendant six mois.
‹ résidence : dans un cottage dans la campagne du Nottinghamshire.
‹ patronus : inexistant, bien qu'à une époque il ait pris la forme d'une chouette.
‹ épouvantard : la déception et la haine de l'homme que j'ai le plus trahi, le seul que j'ai jamais aimé.
‹ risèd : la vie d'avant la guerre, si parfaite, l'avenir encore brillant et depuis tout récemment s'ajoute à cette image deux bambins aux visages inconnus qui s'accrochent à moi.
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2 janvier 2004. + 8:30 « Tais-toi, bon sang j'essaye d'entendre l— » Elle tente de faire passer son menton entre les barreau de la cellule pour avoir une meilleure vue du corridor. Les portes d'une des cages à sa droite sont ouvertes pour laisser passer un prisonnier anonyme. Elle n'a pas réussi à entendre le nom invoqué quand ils ont déverrouillé sa cellule, mais elle ne parvient pas plus à le reconnaître de dos. Ils les font sortir, une petite dizaine tous les jours, mais on lui a promis: c'est bientôt ton tour Clearwater. Elle se demande s'il y a un sens quelconque derrière l'ordre des procès, ou si c'est le hasard qui régit le destin des captifs. On ne procède pas par ordre alphabétique en tous cas, de ça elle est à peu près sûre. Elle attend son tour, près de la porte, réprimant tant bien que mal ses hauts-le-cœur, se faisant violence pour empêcher ses mains de trembler. Elle est prête. Elle est prête. Elle veut en finir après tout. Elle a déjà bien assez attendu.
2 janvier 2004. + 17:15 « J’ai pas rencontré mon sorcier à la défense. » remarque-t-elle platement alors qu’on ouvre enfin la porte de la cellule dans laquelle elle est enfermée depuis des semaines maintenant. Seul un rire moqueur lui répond. « En ai-je même un ?Bien sûr que oui, nous sommes en démocratie. » Rétorque-t-on, sur le ton de l’évidence. Pourtant c’est loin d’en être une, un commis d’office voilà elle a de toute évidence droit, un novice peut-être même, vu sa veine ou quelqu’un qui a déjà pris parti contre elle. Un de ceux en tous cas qui ont si bien défendu les autres accusés, arrachés à leurs cellules au Ministère, qu'ils n'y sont jamais revenus et elle ne se leurre pas Penny, elle sait que ce n’est pas pour être retournés à la liberté. Elle ne doute pas non plus avoir droit au même sort, même sorcier à la défense ou pas car quoique ce soit le camp des prétendus gentils qui ait gagné, elle n’a plus confiance en rien, surtout pas la justice. Ces derniers jours, ils sont tous revenus à leurs cages pourtant, pour une raison obscure qu'eux-mêmes semblaient incapables d'expliquer de façon cohérente. C'est un sort peu enviable de toute façon ; elle en a assez d'être là, elle. Assez d'être enfermée, que ce soit à Poudlard ou au Ministère de la Magie, une cellule reste une cellule et celle-ci n'a même pas le mérite de lui laisser un semblant d'intimité, puisqu'elle la partage. « Bon bas… salut. » A-t-elle quand même fait à la chose roulée en boule dans un coin de la petite pièce.  « Bon courage Theo. » a-t-elle vaguement sourit quand il a relevé la tête, lui adressant un petit signe de la main avant de se laisser emporter, sans un regard pour le troisième occupant. Elle aimerait bien lui souhaiter bonne chance, elle aimerait bien qu’il s’en sorte, mais elle sait bien que Theodore il est foutu, un peu comme elle, un peu comme presque tous ceux qui sont avec eux dans les sous-sols du Ministère. Alors, elle préfère lui souhaiter du courage, parce que ça lui sera plus utile que la chance pour endurer ce qui doit arriver.

« Tiens le v’là ton sorcier à la défense. Vous avez cinq minutes. » On la balance dans une pièce étroite, meublée de rien de plus qu'une petite table et deux chaises métalliques. Le sorcier à la défense, maître Donoghue, a l’air plus jeune qu’elle, ça aurait pu la faire sourire, si sa vie ne reposait pas entre ses mains incompétentes. « Y a-t-il une information qui ne serait pas dans votre dossier et que vous croyez qu'il soit utile que je sache ? » Se sent-il forcé d'abréger ; on a pas le temps et tout dans l'attitude de Penelope semble montrer qu'elle n'est pas disposée à gaspiller sa salive. « Non. » Elle pourrait dire qu'elle ne sait même pas ce qu'il y a dans le dossier, mais ça importe peu car il n'y a rien qui puisse la sauver.

2 janvier 2004. + 17:30 Du spectacle, c’est ça qu’ils veulent Penny. Et elle va leur en donner un beau, n’est-ce-pas ? De quoi apaiser leur cœur et confiance bafoués, la traitresse à genoux devant ses anciens alliés. Ce jour, elle l’a attendu, elle l’a redouté, elle en a eut l’estomac retourné toute la semaine, chaque fois qu’elle les a vu tous partir un par un et ne jamais revenir ou revenir tout en s’étant fait promettre un rencard avec un détraqueur. Ce jour, elle ne sait pas quoi en faire. Elle a l’impression, que ce ne sera pas elle le personnage principal de la mascarade, mais les autres, les juges et les avocats et les journalistes, tout le monde, sauf elle, qui sera juste là, silencieuse, sans pouvoir lever le petit doigt pour son avenir. En ai-je seulement un ? Probablement pas. Elle se demande qui sera là pour témoigner contre elle, elle se demande s’ils seront nombreux, ou si on n'aura laissé venir que les plus convaincants. Pour dire la douleur qu’elle a causé, pour compter les dégâts des attaques des camps insurgés survenues par sa faute, grâce aux informations fournies, lister les victimes, témoigner de sa position sur le camp, à la tête de son propre petit groupe, les silencieux: ironique pour qui a justement trop parlé. Et puis il y en aura d’autres pour dire ce qu’elle a fait de sa propre main, de sa propre baguette, sur le champ de bataille à Pré-au-Lard. Elle regarde droit devant elle en entrant dans la salle, elle ne voit rien ni personne et se laisse porter par les mains des Aurors sur ses bras jusqu’à son siège au centre de la pièce, sous le feu des projecteurs et le regard brûlant de ceux de ses ennemis qui ont daigné venir. À peine assise, que les chaines s’enroulent atour de ses poignets, de ses mollets de ses épaules aussi et une cage se referme sur elle. La peur éclate dans ses prunelles, mais elle pince des lèvres et continue de regarder droit devant elle. Elle n’a pas d’espoir, c’est ça qui lui permet de rester digne. Ou d’essayer. Et malgré son menton levé à son entrée, ses haillons ne lui permettent pas d'avoir l'air autre chose que défaite, finie. « Penelope Clearwater, vous comparaissez devant l'honorable Conseil du Magenmagot pour répondre des accusations portées contre vous en rapport avec les activités criminelles des Mangemorts. Vous êtes notamment accusée d'avoir transmis des informations tenues secrètes par le groupe insurgé 'Audacieux' à Vous-savez-qui, informations qui ont permis les attaques meurtrières de la nuit du vingt-cinq mars 2003, ainsi que d'avoir vous-même participé à la bataille de Pré-au-Lard dans le camp des Mangemorts avant votre capture le vingt-sept septembre dernier. » Elle bat des cils et observe avec indifférence le Président-sorcier, qui siège là où des années plus tôt elle aurait voulu siéger, là où elle ne siègera jamais. Elle entend ce même vocabulaire qui l’a bercée pendant son temps au Département de la Justice Magique et hésite entre le rire et les pleurs face à l'ironie de sa situation. Elle pourrait presque se défendre seule, tant elle se trouve dans son élément.

Elle a l’impression que quelque chose bourdonne dans ses oreilles, mais elle entend malgré tout, un peu étouffée, la question qu’on lui pose: que souhaite-t-elle plaider ? C’est toujours plus intéressant quand ils plaident non-coupables, se souvient-elle avoir pensé un jour, il y’a si longtemps, dans une autre vie. Quand elle pouvait observer froidement les procès, offrant sa confiance totale en des lois auxquelles elle n’avait jamais même rêvé de déroger. Elle n’est cependant pas certaine que ce soit ce que pense la foule hostile dont elle n’ose croiser aucun regard, au sein de laquelle elle n'ose chercher aucune tête, par peur d'être déstabilisée et d'en perdre son courage. L’on veut faire vite, expédier, se débarrasser. Coupable. Lui a même chuchoté Donoghue avant que les Aurors ne la fassent rentrer dans la salle du conseil. Coupable: c'est la vérité après tout. Coupable: ça ne changera rien surtout. Il pourrait répondre à sa place, mais elle a ouvert la bouche pour le faire alors il se tait. « Je… » Les chaines sont bien serrées, un peu trop, a-t-elle l’impression, elle ne peut même pas tirer un peu sur le col de sa robe qui l’étouffe. Il fait plus chaud dans cette salle que dans dans les cellules du sous-sol, c’est sûrement pour ça qu’elle transpire autant, pour ça qu’elle voit un point noir danser devant ses yeux, sans focus. Elle essaye de se concentrer, la voix de Percy perdue quelque part dans son esprit, que voudrait-il que je dise ? Elle pourrait le chercher, trouver la réponse dans son regard, puisqu'il doit bien être là, quelque part, à la fois soutient moral et accusation implicite, mais ses prunelles céruléennes ne voient plus que des ombres. « Voulez-vous ajouter l’outrage au tribunal à la liste des accusations portées contre vous ? » Elle relève les yeux vers le président sorcier et serre les poings. Si elle ne luttait pas tant contre son vertige, elle pourrait rire de cette provocation: une accusation de plus ne saura rien changer à l'issue de son procès et tout le monde le sait. « Je p-plaide… » Le crissement des plumes à papote sur le parchemin la déconcentre. Pourquoi ça résonne si fort tout d’un coup ? Et puis qu’ont-il à dire sur elle les journalistes ? Que vont-ils dire d’elle quand tout sera fini ? Quelle place aura-t-elle dans leurs colonnes, un paragraphe, une phrase, ou rien qu’une virgule ? Elle se débat un peu contre ses chaînes, sachant le geste aussi inutile que dangereux, mais prise d’une impulsion soudaine. Elle a besoin de se libérer, pour pouvoir respirer, juste un peu, juste


« Elle simule ! » assure-t-on dans le public. La traitresse, dit-on, a toujours été bonne actrice. Sa tête est retombée sur sa propre épaule, ses membres mous ont cessé de se débattre contre ses fers. L’accusée ne bouge plus, seule sa poitrine se soulève encore un peu, preuve qu’elle est en vie. « Chercher la sympathie de la Cour comme ça…quelle idée, non mais pour qui elle se prend ? » « Faudrait peut-être qu’on l’examine ? » Les murmures vont bon train alors qu’un Auror attrape son poignet pour vérifier son pouls et qu’un autre réalise que les quelques claques sur ses joues trop pâles ne suffisent pas à faire revenir la prisonnière. Les journalistes, posent des questions à voix haute cette fois-ci, exigeant, pour leurs lecteurs, de savoir ce qu’il se passe. Un médicomage est appelé auprès de la Clearwater que l'on tient tout de même en joug alors que la cage s'ouvre, des fois qu'elle ne serait qu'une bonne comédienne. Quelques coups de marteaux tentent de faire taire l'audience, mais même les jurés parlent entre eux, et les spéculations vont bon train sur la suite du procès: on peut continuer sans elle après tout, c'était son commis d'office qui allait plaider, pas elle. Et puis on connaît déjà la sentence n'ose-t-on pas dire. Pourtant, et on ne saurait trop dire si c'est la pression des journalistes, surtout ceux dont les pocketowls s'illuminent de toute part alors que certains ont déjà retransmis la scène à leurs stalkers, ou le simple bon sens, mais quand le Président-sorcier reprend la parole c'est pour annoncer froidement: « L’audience est ajournée. » Et on emporte finalement le corps résolument inerte de l'accusée pour l'examiner.


Enceinte. Enceinte. Enceinte. Elle, Penelope Clearwater qui a passé près de trois mois dans des cachots. Elle, Penelope Clearwater qui n’a pas un seul véritable allié en ce monde. Enceinte. Comment est-ce possible ? Elle ne comprend pas, elle ne comprend rien. « Comment ? » Mais on l’ignore, elle n’importe pas. C’est ce qu’il y’a en elle qui compte, c’est le battement de cœur qui provient d’un peu plus bas que sa poitrine. C'est pour ça qu'on ne l'a pas traînée jusqu'à la salle d'audience aussitôt qu'elle s'est réveillée, qu'on continue de l'examiner, pour s'assurer que tout est en ordre, désormais qu’on a compris l’origine de son mal. Elle n'est que la carcasse protectrice de l'être innocent que l'on veut encore sauver. « Ils vont bien. » Les entend-elle murmurer et elle s'insurge, elle ne comprend pas qu'on ne s'adresse pas à elle, qu'on ne lui explique pas comment l'impossible est arrivé. Elle se redresse sur la table d'examen improvisée malgré sa faiblesse. À quelle espèce de conception immaculée veut-on lui faire croire ? Elle ne peut pas être enceinte, ça fait trop longtemps que… « Ils ? » Elle a mis un peu de temps à réaliser ce qu'elle a entendu, palissant de façon considérable. Le cauchemar est sans fin. « Oui ce sont des jumeaux. » Consent-on enfin à lui répondre, alors qu'une figure fait brusquement irruption dans le bureau désaffecté où on l'a installée.


3 janvier 2004. 9:20 Elle ne parle pas cette fois, faut croire qu’elle a retenu la leçon. « Ma cliente, souhaite avant tout présenter à la cour ses excuses pour le dérangement d’hier. Par ailleurs, elle souhaite préciser qu’elle plaidera coupable à tous les chefs d’accusation, avec néanmoins circonstances atténuantes en ce qui concerne la bataille de Pré-au-Lard. En effet, il doit être désormais porté à l'attention de la cour que Miss Penelope Clearwater est enceinte de plus de six mois. Victime d'un déni de grossesse, elle souhaite plaider l'empire de troubles psychologiques lors de la bataille… » Mais déjà on ne l'écoute plus. Déjà l'on s'empare du scandale. Enceinte. Prison. Détraqueur. Elle ne capte que quelques mots répétés ça-et-là, son regard fatigué parcoure la foule, sa main retenue par ses chaînes esquissant inconsciemment un mouvement vers le ventre désormais rebondi que le commis d'office lui a demandé de masquer sous la cape qu'il lui a ramené, pour que son annonce ait un meilleur effet. Il est apparu ce renflement, comme par magie, sorti brusquement de sa chair émaciée à son réveil ce matin. C'est parce qu'elle sait maintenant, parce qu'elle a accepté, a dit la médicomage: le corps n'a plus besoin de cacher ce que le cerveau refusait jusque-là de voir. Et c'est sa chance de s'en sortir: faire parler d'elle, le plus possible, inspirer au jury et à la foule une sympathie que vingt-quatre heures plus tôt elle croyait parfaitement impossible. Weasley, entend-elle également résonner au milieu du débat interrompu par le marteau du Président-sorcier. C'est l'argument le plus convaincant. Il ne s'agit pas de n'importe quel bébé que l'on tuerait avec elle si l'on tenait à l'exécuter. C'est un Weasley. Ou plus précisément, ce sont deux Weasley. « Un peu de silence s'il-vous-plaît, l'audience va reprendre. » On a perdu du temps la veille à cause de son malaise, alors on veut faire vite aujourd'hui et on appelle peu de témoins, seulement les meilleurs.  « J'appelle à la barre Mr Neville Longbottom. » Le regard de Penny ne s’attarde que vaguement sur Neville. Elle aurait du deviner qu’il serait là, l’un de ses plus virulents adversaires et c’est normal après ce qu’elle lui a fait, avant comme après sa capture. « Mr. Longbottom, vous connaissez l’accusée ?Oui, elle était à Poudlard à la même époque que moi, mais pas dans la même année et nous faisions tous les deux parties des Audacieux. »

« Quel était votre lien avec l’accusée avant que vous ne découvriez son allégeance réelle ?Objection, l’allégeance réelle de Miss Clearwater reste à débattre. » L’accusation roule des yeux. La marque au bras de Penelope est assez parlante pour la plupart des sorciers présents. Même Penelope a fait montre d’exaspération devant l’objection dilatoire de son avocat. « Très bien, je reformule. Quel était votre lien avec l’accusée avant qu’elle ne fuie Poudlard à la veille de son serment pour la Renaissance du Phénix ? » Il y a un vague silence avant que Neville ne réponde, ses joues rosissant de manière suffisamment ostensible pour que l’accusée elle-même le remarque et baisse les yeux. « Elle… C’était une très bonne sorcière qui m’a beaucoup aidé…je lui faisais pleinement confiance. » Un sourire imperceptible étire les lèvres de Penelope, même si elle sait que la suite ne sera pas aussi clémente. « C’est bien vous qui avez capturé l’accusée au cours de la bataille de Pré-au-Lard ?Oui c’est bien moi qui l’ait capturée et ramenée dans les cachots de Poudlard. Mais elle était déjà inconsciente sur le champ de bataille.À votre avis et pour autant que vous le sachiez quel a été son rôle pendant la bataille ? Bas c’était un bon petit soldat du Lord. Je pensais qu’elle avait été brainwashée mais non. Elle pensait juste que c’était la solution.Vous semble-t-il plausible qu’elle n’ait pas été en pleine possession de ses moyens ?Non, nous avons discuté après sa capture. Elle pensait véritablement que c’était la seule et unique solution, rejoindre le Lord je veux dire. Tout ça pour survivre lâchement.Comment expliquez vous son changement de camp ? L’accusée a-t-elle eu l’occasion de vous en parler au cours de sa captivité ?C’est une lâche. Elle avait peur de mourir, on avait tous peur de mourir. Elle pensait que c’était pas comme ça qu’elle allait survivre et gagner alors elle est allée voir ailleurs. Quand je l’ai capturée, elle voulait que je la tue. Elle a uniquement agi par lâcheté à mes yeux.Très bien merci, ça sera tout pour l’accusation.La défense a-t-elle une question à poser à Mr Longbottom ? » Penelope se redresse un peu sur son siège, espérant encore l’inespérable: un éclair de génie de la part de Donoghue qui se lève justement et remercie la présidence. « Mr. Longbottom je serais bref. Avez-vous jamais eu un doute sur les motivations de Miss Clearwater ? Vous est-il apparu par exemple possible qu’elle n’ait ‘pas eut le choix’ ?  —  Non. Elle a rendu ça très clair quand je lui ai rendu visite dans son cachot — pour la confronter. J’arrivais pas à y croire. Elle…non, elle a eu le choix et elle s’est tenue à son choix. Elle nous a trahi et nous a sacrifié. Pour survivre. Et par lâcheté. Vous savez qu’elle est enceinte ?Ouais. Et alors ? J’espère que les coups que je lui ai donné vont bien la foutre dans la merde. » Brouhaha dans la salle, alors que le sorcier de la défense rend la parole et que Neville s’en va. Penelope tique un peu, Donoghue aurait pu profiter de cet éclat pour discréditer le témoin. Il aurait pu conclure l'interrogatoire croisé en s'adressant au jury plutôt que de retrouver bêtement sa place, sans un mot. À quoi bon ? Ça changerait rien de toute façon, se rappelle-t-elle cependant, s’abstenant donc de la moindre grimace en direction de son prétendu défenseur.

Tous les autres témoins appelés par l'accusation en font autant pour montrer l'horrible personne qu'elle est. Mais il n'y en a pas un qu'elle dont elle daigne soutenir le regard, pas un seul auquel elle prête la moindre attention. Elle estime, probablement comme les jurés, en avoir assez entendu. Elle les ignore tous, sauf, une petite voix fluette, qu’elle n’espérait pas, les cheveux blonds sales retombant devant ses yeux trop bleus, les mots moins acides que ceux des autres témoins ; l’incrédulité force son attention, quelqu’un témoigne pour elle. Et à en croire certains visages dans le public, elle n’est visiblement pas la seule à être surprise. Penelope ne l’a même pas vue venir, prenant son témoignage en cours de route. « Avez-vous eu, du temps de sa présence avec vous sur les camps insurgés puis à Poudlard, des raisons de douter de son allégeance ? » C’est apparemment le sorcier à la défense qui mène la danse, Luna est son témoin. Et même si Penny est surprise de la voir, elle ne l'est pas de découvrir que c'est plutôt en sa faveur qu'elle plaide. Elle est comme ça Luna, toujours là où on ne l’attend pas. « Oui et non... Vous savez, durant une période, j'ai dû moi-même être autre chose que moi-même, une période où je devais jouer un rôle pour la sécurité de mes proches, pour la mienne... Pour moi, Miss Clearwater n'était rien de plus et rien de moins que ce que j'étais. Elle était comme moi, comme tous les autres insurgés: elle agissait pour notre cause tout en jonglant avec ses propres Joncheruines. Elle faisait avec ses propres démons? c'est comme ça que vous les appelez, je crois? Je n'ai jamais douté d'elle. Je savais qu'elle était étrange mais je lui aurais confié ma vie, les yeux fermés. Je l'ai fait d'ailleurs, durant nos missions et elle ne m'a jamais laissée tomber. » Penelope aimait bien Marie et ne l'a jamais laissée tomber c'est vrai, malgré les missions communes et les occasions nombreuses de s'abandonner l'une l'autre. Mais ça ne l'aura pas empêchée de transmettre des informations cruciales sur les insurgés au Magister, ce qu'on lui reproche en somme. « Quand avez-vous vu l’accusée pour la dernière fois ?En octobre dernier lorsque les Phénix l'ont faite prisonnière, durant la bataille de Pré-au-Lard. C'était le cinq... ou le six? Peut-être le sept. Ce n'était pas après le 10, j'en suis certaine: ce jour-là, je terminais le traitement que la Médicomage Dillinger m'avait prescrit pour ma grossesse, suite à l'attaque de loups-garous dans la Forêt Interdite. Et quand vous l’avez vue, vous est-il apparu que Miss Clearwater était une mangemorte convaincue ? Comment pensez-vous qu’elle le soit devenue ?Non. Lorsque je lui ai rendu visite, j'ai vu une femme blessée et changée: elle ne ressemblait plus à la Penelope Clearwater que j'avais connu mais elle n'avait rien du Mal incarné. Vous voyez? Lorsque les gens sont blessés, ils... comment dire... ils mordent? Ils sont acerbes parce qu'ils ont peur mais ils ne sont pas mortels ou sans pitié, comme les Héliopathes de Fudge! La guerre a changé Penelope, comme elle m'a changé moi et comme elle nous a tous changé! C'est tout ce que je voyais, mon ancienne préfète n'être plus que l'ombre d'elle-même. Elle m'a raconté la façon dont elle est devenue mangemorte. Je peux vous donner mon souvenir si vous voulez! Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle était perdue -les Joncheruines sans aucun doute!- et que si elle était ainsi, c'est parce qu'elle a croisé le chemin de Rabastan Lestrange. Vous savez ce qu'il a fait et ce dont il était capable, non? Je suis certaine que Penelope ne voulait pas être Mangemorte, pas après avoir rencontré quelqu'un comme Lestrange. Elle n'aurait pas tout fait pour me garder en vie si ça avait été le cas.Miss Lovegood, permettez-moi de vous demander, pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ? Qu’attendez-vous de l’issu de ce procès ?Vous savez? L'un de mes plus proches amis est aussi marqué, Mangemort, comme elle. Lui et Penelope n'étaient pas particulièrement proches de moi, durant notre scolarité à Poudlard et pourtant... Pourtant, lui comme elle ont tout fait pour que je reste en vie. Je sais que des sorciers ont fait de très mauvaises choses durant la guerre, je sais que j'ai moi-même commis des erreurs ou fait des choix qui ont eu des répercussions désastreuses mais... Vous savez? Je n'oublie pas que certains sorciers ont été obligés de suivre ces voies, qu'ils n'ont jamais choisi, et qui ont pourtant fait de leur mieux pour causer le moins de tort possible. Penelope est de ces personnes-là, j'en suis convaincue, je le jure même sur la mémoire de Daddy! » Ça fait un peu mal à Penelope d'entendre ça parce que là où Luna semble persuadée, elle-même a de gros doutes. Sur le champ de bataille, elle était prête à tout pour en finir, pour asseoir la victoire du camp pour lequel elle a du se décider, pour retrouver une vie à peu près normale. Elle ne croit certainement pas être le mal incarné, mais elle doute d'être pour autant tout ce que Luna pense d'elle. « Je ne demande rien, rien qu'une décision juste. La condamner comme les Mangemorts du Cercle de Voldemort n'est pas juste, ce serait faire les mêmes erreurs qu'autrefois. Et puis, je suis mère depuis peu... je ne sais pas si ça vaut quelque chose mais je ne crois pas qu'une mère puisse être fondamentalement mauvaise. Jamais. C'est une théorie, mon père ou ma Grand-Mère auraient été les plus à même de vous l'expliquer mais... une mère, qu'elle le soit déjà ou non, est marquée, en quelque sorte, par les vies qu'elle donnera: en conséquence, elles font des choix, pas toujours les meilleurs, c'est certain... mais... elles le font pour leurs enfants, en quelque sorte... Je ne condamnerais jamais une mère à mort, ou au Baiser. Jamais. » C'est bien joli, mais Penelope ne savait même pas qu'elle était enceinte quand elle a fait tout ce dont on l'accuse. Sa marque, ça fait même des années qu'elle l'a. Quant à son futur, en tant que mère, tout le monde s’en fiche. Si on la laisse les mettre au monde on les lui arrachera dès leurs premiers cris, elle n'en doute pas un instant. Elle esquisse un sourire en direction de Luna malgré tout et ses lèvres dessinent un merci silencieux. Parce que même si elle pense que ça ne changera plus rien, elle trouve ça gentil d'être venue, de plaider sa cause. Et la gentillesse, ça fait longtemps qu'elle ne connaît plus. « Nous découvrons donc, grâce au témoignage de Miss Lovegood, héroïne de guerre, une femme perdue, manipulée par Mr Lestrange que cette même cour a condamné à mort il y a quatre jours. » C'est une nouvelle pour Penelope, qui pâlit légèrement. Nul doute que Rabastan le mérite, mais ça lui fait un effet bizarre de savoir que son "mentor", dont elle a toujours eut peur certainement, mais qui représentait son point d'ancrage chez les Mangemorts a été condamné. Ça semble sonner le glas de sa propre fin. « La défense voudrait faire appel à un dernier témoin. » C'est fou comme elle peut être aussi peu au courant de sa propre défense et découvrir avec le même intérêt poli que le jury ce que son avocat a préparé.

« N-non. » fait-elle quand elle le voit s'asseoir là où Luna était assise un peu plus tôt. Elle ne voulait pas qu’il plaide. Elle lui a dit non. Pas plus tard qu’hier, elle lui a dit non. Ce procès n’est qu’un spectacle, une parodie de justice, comme ceux qui avaient lieu sous l’égide de Lestrange justement, rien avoir avec les idéaux  - entre autres choses - qui l’ont fait venir au Magenmagot à ses dix-huit ans. C'est bien pour ça qu'elle s'en désintéresse autant. Elle n’a pas besoin de l’ajouter dans la farce, de jeter dans un bouillon déjà infect une once de sensiblerie en plus. Parce qu’elle sait d’avance qu’elle n’y manquera pas devant Percy, qu’il soit invité par l’accusation ou la défense. Elle ignore parfaitement ce qu’il compte dire - des choses qu'elle ne veut pas entendre certainement -, elle sait juste qu’elle comprend le raisonnement de son avocat: aujourd’hui Percy a un statut qu’hier il n’avait pas et une raison de vouloir sauver, si ce n’est elle, son enveloppe charnelle au moins. À la place du sorcier à la défense elle n’aurait pas lésiné sur les moyens pour faire parler Percy, mais assise sur le banc des accusés, elle voit moins l’habileté et la ruse, que son propre malaise. Elle lui a dit non, mais il ne l’a pas écoutée. Et c’est sûrement plus pour les bambins que pour elle qu’il prend place à la barre, mais toujours est-il qu’il le fait et qu’elle aimerait être partout ailleurs parce que lui elle va l'écouter, parce que lui il est capable de la faire craquer. Alors aussitôt qu'elle le voit s'installer, elle s’intéresse scrupuleusement à une fissure imaginaire sur le sol de marbre. « Monsieur Weasley, dites-moi, vous connaissez bien miss Clearwater...Tout à fait. Quand vous êtes-vous rencontrés? A Poudlard, nous étions de la même année et nous avons tous les deux été préfets puis préfets-en-chef.Il me semble par ailleurs que votre parcours est plutôt semblable non?Effectivement, après l'obtention de nos ASPIC nous avons travaillé au Ministère puis nous sommes entrés dans la résistance.Pourtant miss Clearwater ne vous a pas suivi lorsque vous avez rejoint la Renaissance du Phénix. Comment expliquez-vous cela? » C'est stupide d'avoir peur, parce que non seulement il lui semble que son cas ne peut pas être aggravé, mais en plus elle sait que s'il est là ce n'est pas pour cracher sur elle, pourtant elle ne peut s'empêcher de retenir son souffle. « Elle a fait ce qu'elle avait à faire pour rester en vie. » Elle expire bruyamment, un soulagement, certainement inapproprié aux yeux du monde, marquant ses traits fatigués. « C'est de cette manière que vous l'avez pris lorsqu'elle est allée se réfugier auprès de Vous-Savez-Qui?Bien sûr que non, j'étais aveuglé par la colère et déçu par son choix.Son choix? Celui de trahir la Renaissance du Phénix? » Il descend dans son estime de minute en minute son défenseur, avec ses maigres objections, ses questions inutiles et ses choix de mots qui lui font plus de tort qu'autre chose. À moins qu'il n'ait eut le temps de préparer son témoin et qu'il ne sache précisément ce que Percy compte répondre. « Comment peut-on trahir un groupe que l'on n'a pas rejoint? Penelope ne s'est jamais engagée dans la Renaissance du Phénix, elle n'a donc à mes yeux trahi personne si ce n'est d'anciens groupes d'Insurgés qui ont été dissous depuis. Et encore, elle a toujours assuré avec rigueur chacune des missions qui lui ont été confiées. Non par son choix je voulais parler de celui de la facilité. Le choix qui lui permettrait de continuer une vie décente comme elle se l'était imaginée avant que la guerre n'éclate. Mais je ne peux lui en vouloir aujourd'hui car j'ai fait exactement les mêmes erreurs par le passé. » La surprise lui fait relever les prunelles, pour s'assurer que c'est bien de la bouche de Percy que sont sortis ces mots. Ils ne sont pas parfaits, ils ne sont pas ce qu'elle veut entendre nécessairement, mais c'est ce qui lui fait penser qu'ils sont sincères. Et puis, elle a la preuve qu'il l'a entendue plus qu'elle ne le pensait quand il lui a rendu visite dans son cachot. « Merci pour vos éclaircissements Monsieur Weasley. J'ai un dernier point à aborder, êtes-vous le père? » Elle détourne aussitôt le regard et regrette les attaches à ses poignets qui l’empêchent d’enfouir son visage dans ses mains. Il est important d’en parler, rationnellement elle le comprend. Mais elle a du mal à ne pas voir tout ça comme une humiliation. Elle préfère qu’on se limite à dire qu’elle est enceinte, parce que, d’accord, il le faut, plutôt que d’entrer dans les détails, de son déni, de leur conception aussi. Elle s'estime déjà chanceuse que l'accusation ne se soit permise de lui demander de prouver leur paternité et si la question de Donoghue est routinière, elle rougit malgré ses vingt-sept ans. « Oui. Et qu'en pensez-vous?De quoi? Vous voulez peut-être parler des coups portés à l'encontre de Penelope alors qu'elle était sans défense et affaiblie dans un cachot? » Sans défense et affaiblie peut-être, mais il ne sait pas ce qu’elle a dit à Neville, espérant justement le faire sortir de ses gonds. Les mots de Neville ne le sont peut-être pas, mais ses coups eux étaient à l'époque parfaitement justifiés. « Non Monsieur Weasley, je voulais parler du fait que l'accusée ici présente attend des enfants de vous. » Que la traitresse porte ses enfants. Elle sent presque l'accusation remuer dans son coin, rageant de n'avoir pu poser la question elle-même. « Je suis fier d'être leur père et je ne pouvais rêver meilleure mère pour avoir des enfants. » Elle ne sait pas s’il ment, s’il dit ça juste parce qu’il est obligé d’être clément, pour qu’elle soit sauvée, pour qu’ils soient sauvés, mais elle baisse les yeux et ne les remonte plus, même pas pour le voir quitter la barre, même pas pour lui dire merci d’être venu. Elle ne sait pas s’il ment, mais elle espère que oui, parce qu’elle n'a pas envie de le décevoir encore. Or Penelope, elle a l’impression qu’elle sera et est déjà la pire mère du monde: comment peut-il en être autrement quand elle a ignoré sa grossesse pendant si longtemps et quand, même aujourd’hui, elle a encore du mal à se reconnaître enceinte ?

Elle ferme finalement les paupières et fait abstraction du bruit et des conclusions de l'accusation, faussement prise de court par l'information qui lui a évidemment été transmise la veille et par la révélation de Percy qui est pourtant un fait bien établi. On rappelle l’évidence que la poignée de témoins a su faire apparaître, tire les conclusions logique de la décision de Penelope de plaider coupable (c’est bien qu’elle l’est et mérite d’être punie sévèrement). Elle fait abstraction aussi de la plaidoirie médiocre de son avocat à la défense, pourtant bien intentionné — Mesdames et messieurs les jurés, oseriez-vous, offrir le baiser du détraqueur à qui s'apprête à mettre au monde deux enfants innocents, enfants qui plus est dont le père est un héros de guerre reconnu ?, essaye-t-il misérablement. Penelope aurait aimé lui demander d'être plus ambitieux, elle aurait aimé pouvoir aspirer à plus que simplement d'échapper au baiser ou à la mort - des synonymes à ses yeux -, mais ce n'est pas le cas, elle sait déjà que l’alternative qu’elle peut obtenir est presque aussi terrible, aussi elle ne lui a pas plus donné d’instruction que la veille. Qu’il réussisse ou pas, au fond, qu’importe ? Ce n'est pas pour elle qu'elle a décidé de l'autoriser à utiliser la carte de la grossesse. Lui, il a bien essayé de la convaincre de prendre la parole avant ses propres conclusions, de s’adresser directement aux jurés, mais elle a répondu qu’elle n’avait rien à dire. Elle ne lui en veut pas au jeunot, elle croit savoir que même avec le meilleur défenseur au monde, elle ne peut pas prétendre à plus devant une cour définitivement hostile. Alors elle ne fait qu'attendre calmement, non sans quelques traces d’ennui, une issue qu'elle connaît déjà et qu'elle redoute tout autant que celle qu'elle attendait la veille, en faisant abstraction des plumes à papote et des murmures, abstraction des regards qu'elle ne supporte plus, maintenant le sien sur ce ventre qu'elle ne reconnaît pas. « Je demande aux jurés, de lever la main s'ils estiment, comme moi, que ces crimes méritent la peine capitale, mais que, compte tenu de la grossesse de l'accusée, qu'il convient de lui permettre de mener à terme, la peine peut être gracieusement réduite à un emprisonnement à perpétuité à Azkaban. » Elle relève les yeux, juste pour voir, même si elle ne s'attend toujours à rien, même si cette chance dont on lui a parlé, ne lui sera probablement d'aucune utilité. Et effectivement, pas une main ne manque à l'appel. C'est ni plus ni moins que ce à quoi elle s'attendait en acceptant que l'information sur sa grossesse soit utilisée dans son procès. Et avant que l'on vienne la défaire de ses fers pour l'emmener, elle cherche une paire d'yeux aussi clairs que les siens dans la foule, son propre regard oscillant entre Je te l'avais dit et Désolée. Elle va à Azkaban et les enfants de Percy y vont avec elle. Donoghue croit avoir réussi une prouesse et lui serre joyeusement la main, pourtant c'est elle qui a fait tout le travail, certes un peu malgré elle. Et Penelope, au fond, peut-être qu'elle aurait préféré le baiser ou la mort plus directe, en dépit des deux autres vies qu'elle abrite, parce que la captivité, elle n'en peut déjà plus. Son dernier regard elle le réserve aux journalistes néanmoins, son dernier espoir, peut-être.

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