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sujet; NEVINNY + breathings of your heart

HERO • we saved the world
Ginevra Weasley
Ginevra Weasley
‹ inscription : 08/03/2016
‹ messages : 657
‹ crédits : av: praimfaya. ; gifs: veronicsalodge, holdingaheart.
‹ dialogues : sienna.
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‹ liens utiles : draco malfoy w/ lucky blue smith ; ginevra weasley w/ holland roden ; alicia spinnet w/ zoe kravitz ; calixe Davis w/ jennie kim ; ardal ollivander w/ matthew daddario ; indiana alderton w/ nicola peltz ; heath ravka w/ im jaebum ; even li w/ jeon jungkook.
‹ âge : 22 ans (onze août).
‹ occupation : mère à temps plein.
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : 1992 et 1999.
‹ baguette : uc.
‹ gallions (ʛ) : 3969
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Neville & Ginny
fill my soul with the
breathings of your heart

3 mars 04. Inspire. Expire.
Etrangement, le manque de réponse la laisse numb, une main sur la tête de James (elle a tout entendu venant des médicomages : qu'il ne devait se coucher que sur le ventre notamment, mais il n'est à peu prêt satisfait que lorsqu'il est sur le côté ou mieux, sur le dos positionné de façon pouvoir épier ce qui l'entoure ; est-ce que c'est mal, ça aussi ? Le fait qu'elle ait arrêté de lutter pour suivre l'indication coûte que coûte et se soit dit zut, parce que l'important est le bien-être de son enfant ? C'est de l'ordre du pur détail seulement, à chaque fois que l'infirmière supposée passer voir si tout se déroule bien la fustige pour sa façon de s'occuper de James, Ginny réplique vertement mais se retrouve à douter de tout et surtout d'elle-même) et l'autre sur le haut de son ventre en un réflexe un peu vain puisqu'il n'endigue pas la désagréable sensation de brûlure.

La vraie douleur n'est pas physique. Elle n'a jamais été particulièrement douillette en premier lieu, grande habituée des chutes au sol ou en balai et des accidents découpant de larges pans de chair ; le genre d'occurrences inévitables pour qui grandit avec tant de frère et s'avère aussi casse-cou qu'eux. Il y a bien sûr eu, plus tard, le traitement des Carrow, l'entrainement en tant que rebut, la libération qui lui a littéralement coûté la peau du dos ou encore, l'atroce morsure qui a bouleversé sa vie (pour le mieux.). Elle n'est pas physique, non, mais émotionnelle, les incertitudes lui rongeant l'âme, l'enfermement la bouffant de l'intérieur et l'impression de solitude lui rampant désagréablement sous l'épiderme à chaque fois que Neville s'en va. Est-ce que d'autres jeunes mères passent par de tels moment ? Ou est-elle la seule abruti incapable de s'auto-gérer ? Oh, ce qu'elle aurait donné pour seulement se voir gratifiée du luxe de pouvoir appeler sa mère avec la certitude d'obtenir des conseils, des réponses, de l'aide... Et puis le fait qu'elle aurait pu passer un appel à Fleur la frappe. Quelle idiote — pourquoi avoir choisi de déranger Neville alors qu'elle a littéralement une belle-sœur expérimentée dans ce domaine ? Luna- elle n'aurait pas voulu la déranger à cette heure ; mais Fleur. Elle n'a aucune excuse à vrai dire, hormis l'aveu coupable du désir d'avoir à nouveau Neville à ses côté.

Lorsqu'un coup retentit contre la porte, elle suppose qu'il ne peut s'agir de personne d'autre que lui, qu'il a peut-être oublié sa clé ou peu importe — elle se rend jusqu'à l'entrée prête à s'excuser d'avoir été égoïste, de l'avoir dérangé lui plutôt que Harry, Bill ou n'importe qui d'autre ; mais lorsque le lourd battant s'écarte pour révéler son état... toute trace de culpabilité s'évapore au profit du choc. Et d'une colère tellement vive qu'elle lui trouble un instant la vue, la figeant alors qu'il la bouscule en se précipitant en quête de James. Il empeste d'une façon violente à laquelle elle devrait probablement s'habituer mais ne peut pas ; et ce n'est pas juste l'alcool. ça la frappe ce soir, sans doute parce qu'elle n'est pas aussi obnubilée que d'habitude par James ou ne somnole pas, peu importe. C'est son essence même, celle qu'elle a perçue pour la première fois une éternité plus tôt à Storm's End, qui se transforme subtilement, progressivement, concrétisant son impression de le perdre au profit du monstre impitoyable et destructeur qu'est son addiction. Comme une gifle. Pendant quelques secondes (minutes, heures ?), Ginny reste figée dans le vestibule, à engloutir par la bouche des goulées d'air glacé pour dissiper la bouffée brûlante que dégage Neville, et surtout pour- penser.

Il s'agite incroyablement tandis qu'elle referme lentement derrière elle ; exhalant des relents de panique qui la poussent à resserrer ses bras autour d'elle tandis qu'elle le regarde faire, impuissante et dépassée. Je suis... j'suis désolé. Ok, elle répond simplement, puis commente d'une voix blanche : Tu aurais pu te rompre le cou, livide plutôt qu'amusée comme de coutume par ses maladresses. Elle n'a pas de mots ou elle en a trop ; si une marraine fée s'est penchée sur son berceau à la naissance elle a oublié de lui offrir le tact en héritage et Ginny ravale de son mieux un flot amer. Contemple le portoloin d'urgence, puis James, puis Neville, et les trois à nouveau à la chaîne, avant de serrer les lèvres. Je ne peux pas te laisser seul avec James, elle reprend, d'une voix lisse mais dure sur les bords. Elle cherche le numéro de l'hôpital d'une main fébrile dans sa liste de contact, lance l'appel, passe à travers l'annonce des différents services jusqu'à sélectionner le sien. Signale la réouverture de sa coupure, répond par un Hm. pincé à la réprimande méritée dont elle écope, puis raccroche, regard rivé sur la tapisserie tandis qu'un silence pesant règne entre Neville et elle — seulement interrompu par les plaintes maintenant espacées de James. La présence de son parrain l'apaise et Ginny se sent un peu malade à l'idée qu'il ne soit pas même un peu paniqué par cette odeur, qu'elle soit... une normalité ? Elle ne veut pas que James grandisse en associant son parrain à la fragrance brute du firewhisky ou de peu importe ce qu'il boit d'autre. Elle ne veut pas ça. Elle ne pourra pas le supporter. Neville- Elle s'interrompt, cherche une formulation, faillit une, deux fois à ajouter quoi que ce soit ; ça ne peut pas continuer comme ça. Que tu t'amuses avec des potes- c'est une chose, ça ne me concerne pas, mais ça. Les bouteilles qui infestent cette maison- Elle est interrompue lorsque la cheminée s'illumine et qu'une infirmière bourrue s'en extirpe, puis s'arrête juste devant la cheminée, saluant d'un signe de tête sec. J'espérais ne pas vous revoir si tôt, miss Weasley, assène-t-elle d'un ton accusateur en lui pointant d'un doigt autoritaire l'un des fauteuils — apte à basculer et complété par un repose pieds. C'est réciproque. Ginny serre les dents, toujours aussi réfractaire aux ordres, mais s'exécute quand même. Sur un coup d’œil suspicieux à Neville, puis plus bienveillant à James, elle se met au travail sans attendre. Puisque vous n'avez pas su tenir en place vous voilà servie : il serait préférable que vous ne bougiez pas de ce fauteuil pour la nuit. Cool, elle hausse les épaules, préférant n'importe quel décor à celui de la chambre dans laquelle elle passe bien trop de temps cloîtrée à son goût. Toute la durée du soin, ses pensées sont tournées vers Neville, vers la discussion restée en suspens. Il n'est probablement pas en état pour ça, mais repousser l'échéance dans l'attente d'un moment de sobriété serait une foutue utopie et Ginny est réticente à l'idée de faire marche-arrière cette fois.

Alors lorsqu'une dizaine de minutes plus tard, la femme conclut son travail par un Voilà qui est fait. Et que je n'entende plus parler de vous à ce sujet, miss Weasley. Si vous me rouvrez cette blessure une troisième fois je m'assurerai que vous vous retrouviez coincée à l'hôpital avec interdiction de vous déplacer jusqu'à être entièrement rétablie. Gin' renifle de dédain, n'en croyant pas un mot : elle n'a pas les moyens de financer plusieurs jours d'hospitalisations et Mungo's manque de chambre. Cela dit, elle ne néglige pas l'aptitude du personnel soignant à lui pourrir la vie en l'alitant jusqu'à une cicatrisation totale, alors elle se promet de se tenir à carreau. Hm, bon courage pour votre nuit de calvaire, elle offre en guise de salut, parce qu'un shift de nuit est rarement un plaisir ; en retour, elle écope d'un sourcil arqué et d'une ébauche de sourire, crispé et formel mais un brin amusé : Souhaitons que mes prochains patients soient moins têtus que vous. Et les flammes vertes l'engloutissent, laissant Ginny fixer d'un oeil agacé la cheminée désormais vide.

Être allongée comme ça est une position un peu bof pour la suite de son échange avec Neville, alors elle tente de se redresser en dépit de l'avertissement ; s'arrête en s'apercevant que ses jambes ne répondent pas à la pression qu'elle met pour redresser le fauteuil — en fait elle ne les sent même plus ?? Mais quelle emmerdeuse, j'y crois pas ! Cette bonne femme l'a visiblement clouée à son siège pour s'assurer qu'elle ne déroge pas à sa prescription, et c'est incroyablement frustrant mais elle ne peut même pas se plaindre ?? Parce que ce serait avoué qu'elle a tenté de se lever et que la mesure était justifiée. Argh, quel ennui. De déplaisir, elle croise les bras sur son buste par réflexe. Puis se décrispe en regardant Neville, qui s'est assis à côté de James et a gardé les yeux rivés sur lui tout au long du soin, et qui est parvenu elle ne sait comment à accomplir un miracle. Je n'arrive pas à croire que tu ais réussi à l'endormir... incrédule mais soulagée, elle se mordille la lippe, s'exhortant une fois de plus à mieux s'y prendre que les jours précédents ; une nouvelle dispute infructueuse n'est pas ce dont ils ont besoin. Merci d'être venu aussi vite que possible. Tu as vraiment la main avec lui. C'est sincère, et elle voudrait un tant soit peu gommer la culpabilité qu'il suinte, mais... une part d'elle ne le souhaite pas. Une part d'elle souhaite qu'il s'en veuille assez pour se rendre compte que ça doit cesser. Que certaines choses doivent changer. Je vais être franche : je te trouve formidable avec James mais je suis de plus en plus mal à l'aise avec l'idée de te laisser t'occuper de lui. Je veux dire- vous laisser. Toi et l'alcool, parce que tu n'es jamais vraiment seul et jamais tout à fait toi-même. Il est toujours là, quelque part, soit dans tes veines, soit dans tes pensées, et toujours à proximité aussi. J'peux plus continuer à prétendre que ça ne me rend pas dingue. Et c'est peut-être pas la meilleure formulation mais elle ne peut se retenir d'asséner, toujours sur un ton mi-chuchoté mi-intransigeant de crainte de réveiller James (tout sauf ça) : Tu vaux mieux que ça. Parce que c'est la plus véridique que toutes les vérités qu'elle puisse formuler.
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HERO • we saved the world
Neville Longbottom
Neville Longbottom
‹ disponibilité : always
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‹ âge : vingt-quatre ans (30/07)
‹ occupation : chômage technique.
‹ maison : gryffondor.
‹ scolarité : septembre 91 et janvier 1999.
‹ baguette : bois d'if, crin de licorne, 28 centimètres 8, souple et rapide, inadaptée mais j'ai la flemme de la changer.
‹ gallions (ʛ) : 3807
‹ réputation : la guerre m'a endurci et changé, que je suis devenu assoiffé de sang et parfois incontrôlable, les longues années de conflit ayant brisé le garçon maladroit et parfois simplet que j'ai été.
‹ particularité : un semi-loup depuis septembre 2003.
‹ faits : je suis très différent du garçon que j'ai été à Poudlard, forgé par des années de guerre, de meurtres et de missions suicidaires. Je suis trop en colère, trop extrême, je n'ai plus rien du garçon timide que j'étais avant même si les blessure d'antan demeurent. La fin de la guerre m'a laissé détruit, et je me suis plongé dans les excès, surtout l'alcool, jusqu'à la naissance de mon neveu James, le fils de Ginny et d'Harry. J'essaie de joindre les deux bouts.
‹ résidence : dans la maison familiale à Blackpool, Angleterre, avec Ginny et son fils James.
‹ patronus : très difficile pour moi à invoquer, mais il a pris la forme d'un lama, une fois.
‹ épouvantard : alternativement le professeur Snape et les cadavres des gens à qui je tiens le plus: ma grand-mère, Luna, Ginny, Hannah, etc.
‹ risèd : une vie heureuse et ennuyante.
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Ok. ” Une gifle aurait sans doute fait moins mal. Neville sait qu'il ne mérite pas d'être excusé, pas cette fois. Mais il aimerait- il ne sait pas exactement ce qu'il aimerait, mais le ton froid et définitif de Ginny lui fait mal. Ok. Ok. Ok. Rien de plus, rien de moins. Il aimerait lui demander de l'aide mais n'ose pas. Il aimerait lui dire de le laisser tranquille mais il ne peut pas. Il aimerait rester au sol et fermer les yeux mais il n'a pas le droit. Il n'a pas le droit alors il garde ses yeux flous et humides sur Ginny, en sachant pertinemment qu'il est pathétique, hideux, horrible en cet instant précis. L'inquiétude qu'il doit lui donner, le dégoût qu'il doit lui inspirer. “ Tu aurais pu te rompre le cou. ” Ça le don de le sortir un peu de sa torpeur, lentement il se remet en marche, bouge millimètre par millimètre en grimaçant: son visage lui semble être en feu, sa pommette irradiant de douleur alors que genoux et mains où il s'est réceptionné gémissent eux aussi de concert. Quand il relève la tête, il voit Ginny zyeuter le Portoloin et il s'apprête à le lui mettre dans les mains sans plus lui laisser le choix (cette odeur est terrible, entêtante; il pensait avoir perdu ses sens de semi-loup mais ceux-ci sont comme connectés à Ginny, il pourrait l'entendre depuis l'autre côté de la maison ou de la rue, et sent que quelque chose ne va pas chez elle). “ Je ne peux pas te laisser seul avec James. ” C'est un autre coup dans l'estomac, quelque chose qui lui plombe la poitrine. Neville déglutit difficilement, alors que Ginny se détourne en sortant son pow. Il ne sait pas quoi dire. Il n'y a rien à dire. “ J'suis désolé, ” répète-t-il d'une voix cassée et légère, étouffée par le sanglot soudain qui l'agite tout entier et qu'il réprime en baissant le visage, en cachant la moitié dans sa paume alors que Ginny parle dans son pow. Il lui faut les quelques minutes que Ginny passe au téléphone pour se relever lentement, déposant le Portoloin toujours protégé sur le vide-poche du buffet, observant sa paume et serrant, desserrant son poing pour arrêter les tremblements les agitant.

Les larmes, comme souvent, sont jugulées férocement, repoussées brutalement. Oubliées, presque (elles existent juste derrière ses yeux, dans la moutarde qui lui est montée au nez, dans le creux dans sa poitrine, et le fond de sa gorge. Nulle part ailleurs) parce qu'il n'a pas le droit de pleurer, et certainement pas devant elle, même si il n'a qu'une envie: craquer. Mais c'est une idée égoïste, et Neville préférerait mourir plutôt que d'être égoïste. Il aimerait se laisser aller, relâcher la pression, dire tout ce qu'il a sur le coeur mais il ne peut pas, il n'a pas le droit. Ginny a tellement plus de soucis que lui (elle doit le supporter après tout). Elle a vécu des expériences traumatiques en tant que Rebut (mais est toujours, toujours restée forte; elle est son héros), a été transformée, a donné naissance à un petit garçon parfait sous tous les angles. Et elle ne craque pas alors lui, il n'a pas le droit, il doit être fort pour elle. “ Neville- ” Il se retourne presqu'aussitôt. Elle va- il ne sait pas ce qu'elle va faire. Il est impatient, presque avide, pendu à ses lèvres. Il a peur mais d'un autre côté... Ginny doit lui faire quoi faire et comment. Il sait qu'il se comporte comme un enfant, le gamin qui était toujours accroché à la main de sa grand-mère et qui n'a jamais su quoi faire sans elle. Mais plus que tout quand il n'est pas sobre, Neville ne sait pas où il en est. “ Ça ne peut pas continuer comme ça. Que tu t'amuses avec des potes- c'est une chose, ça ne me concerne pas, mais ça. Les bouteilles qui infestent cette maison- ” Il sursaute quand les flammes vertes surgissent et éclairent pendant un bref instant la scène pathétique, saluant l'infirmière d'un petit hochement de tête alors que ce simple petit mouvement lui donne envie de vomir.

Neville reste figé avant que Ginny se mette en marche, l'infirmière sur les talons; lentement, il se détache du buffet et se dirige avec des jambes flageolantes vers James dont les cris sont toujours aussi forts, même si plus espacés. Il prend place sur le fauteuil à côté duquel le bébé est entouré de tous ses coussins et l'observe, se penche au-dessus des accoudoirs pour l'observer dans les yeux, levant une main tremblante pour effleurer, du bout des doigts, son crâne. Il se sent malade et il y a les mots de Ginny qui tournent dans sa tête mais qu'il préfère noyer dans le reste de ses pensées pour ne pas se sentir encore plus malade qu'il ne l'est déjà. À la place, il se focalise sur James, sur ses cris et son visage et sa douleur et sa fatigue et le fait qu'avec lui aussi, Neville se sent connecté. Tout en lui crie Meute! Protection! Meute! quand il est près de James, quand il l'effleure avec une délicatesse qui contraste énormément avec le poids qu'il ressent dans sa poitrine, la douleur dans ses os et dans sa tête. Il est tendre et doux avec son filleul, attentionné, marmonnant des mots dont il ignore lui-même le sens, lui chantant certainement le genre de berceuses qu'il utilisait lui-même pour dormir quand il était petit, et qu'il n'y avait pas de parents pour venir le border. James va grandir avec tellement d'amour. Il se l'est promis. Pas avec trop d'attentes sur les épaules, pas dans un foyer étrange et déroutant, et sans jamais manquer de rien sans pour autant être pourri gâté. Il se l'est promis.

Mais il est incapable de tenir cette promesse. Il est... ruiné et le pire, c'est que c'est de son propre fait. Il noie complètement la conversation entre l'infirmière et Ginny, jetant seulement quelques coups d'oeil par-dessus son épaule pour vérifier que tout va bien (prêt à intervenir si Ginny a l'air d'avoir mal, sans pouvoir le contrôler, même si il sait qu'elle est entre de bonnes mains), son attention toute focalisée sur James qui se calme progressivement au rythme des mots prononcés en rythme par Neville dans un murmure, jusqu'à ce qu'il s'endorme, sa petite poitrine se soulevant de plus en plus lentement, alors qu'il se perd dans les affres du sommeil. Neville retire ses doigts de sa peau, après une hésitation, mais ne parvient pas à le lâcher du regard, subjugué par le visage détendu de son filleul qui dort. C'est seulement quand une vive lumière verte indiquant le départ de l'infirmière lui attire l'oeil qu'il se redresse pour observer Ginny. “ Mais quelle emmerdeuse, j'y crois pas ! ” Il ne comprend pas, pense d'abord qu'elle parle de lui avant de comprendre, plutôt instinctivement, qu'elle ne peut pas décoller de son siège (ça l'étonne trop qu'elle reste sans rien faire en suivant ce qu'il devine être les suggestives slash directives de l'infirmière) parce qu'elle a été trompée par l'employée de l'hôpital sorcier. “ Argh, quel ennui. ” Neville ne dit rien. Il la regarde comme une biche coincée entre deux faisceaux de phares, une proie sur le point de se faire dévorer.

Il a peur. Peur qu'elle le mette dehors, peur qu'elle lui demande de sortir de la vie de James (Je ne peux pas te laisser seul avec lui.), peur qu'elle révoque ses droits de parrain, peur qu'elle lui demande de partir et de ne plus jamais revenir. “ Je n'arrive pas à croire que tu ais réussi à l'endormir... Oh. Oui... ” marmonne-t-il, plus pour lui-même qu'autre chose, lui-même un peu fasciné d'être parvenu à accomplir ce tour de force. Ses yeux reviennent sur son filleul, toujours en train de dormir, ses petits poings serrés bougeant dans son sommeil, et il sent une bouffée de chaleur exploser dans sa poitrine. Il l'adore. Il veut le mieux pour lui. Sauf que lui, Neville, n'est pas le mieux. “ Merci d'être venu aussi vite que possible. Tu as vraiment la main avec lui. ” La culpabilité suinte aussitôt, se niche en lui, s'enroule dans ses veines. Oui. Mais j'aurais dû venir plutôt. J'aurais dû ne pas partir. J'aurais dû. J'aurais dû. Il n'y a rien à faire pour changer le passé, Neville le sait, douloureusement. Il n'en a jamais eu le désir non plus (parce qu'il ne saurait pas s'arrêter, voudrait sauver le monde entier, tout changer) sauf en cet instant précis. Pour ne pas entendre la déception, la douleur et l'amertume dans la voix de Ginny, dirigées contre lui. “ Ginny, je-- ” Mais il n'a rien à dire. Il pourrait s'excuser de nouveau mais à quoi bon?

Je vais être franche : je te trouve formidable avec James mais je suis de plus en plus mal à l'aise avec l'idée de te laisser t'occuper de lui. Je veux dire- vous laisser. Toi et l'alcool, parce que tu n'es jamais vraiment seul et jamais tout à fait toi-même. Il est toujours là, quelque part, soit dans tes veines, soit dans tes pensées, et toujours à proximité aussi. J'peux plus continuer à prétendre que ça ne me rend pas dingue. ” Il comprend. Et ça fait du sens. Mais il ne peut pas s'empêcher de s'énerver. En réalité, c'est un mélange de rage et de honte qui s'empare de lui, violemment, lui faisant serrer les poings là où il les a posés sur ses cuisses, se crisper entièrement. Que doit-il dire? Il ne sait pas, n'a jamais su. Il est un putain de danger pour elle, pour eux, et il est énervé, énervé qu'elle lui dise ça et énervé qu'elle ait raison et énervé parce qu'il est si faible, que ce devrait être Harry à sa place, que lui saurait quoi faire, quoi dire, et comment. Qu'Harry serait l'homme de la situation, que lui ne se ruinerait pas à petit feu comme ça.  Il n'est pas assez- “ Tu vaux mieux que ça. ” -fort.

L'entendre lui dire ça le brise. L'instant suivant, ses coudes sont brutalement enfoncés dans ses genoux et il a le visage enfoui dans ses mains, les talons enfoncés contre ses yeux, ses doigts venant venir griffer son crâne entre les cheveux châtains alors que de douloureux frissons l'agitent, sanglots réprimés pour ne pas réveiller James si proche de lui. Il pourrait le réveiller, le blesser, le ruiner comme il est lui-même ruiné. “ Je- je sais pas, ” lâche-t-il finalement, entre deux respirations humides et douloureuses. Il ne sait pas si il vaut mieux que ça. Il ne sait pas si il vaut quoique ce soit, n'a jamais su. Rien de grandiose, en tout cas, et toute l'assurance qu'il s'est construit pendant la Guerre a été détruite par la mort (si on peut appeler ça comme ça) de sa grand-mère. La disparition de ses oncles et tante aussi a tout changé. Il s'est senti seul, tellement seul pendant des semaines et même quand Ginny est là, ou James, ou Harry, ou Ron, ou Luna, ou Emily, ou quiconque, il se sent seul, vide, faible. Et il n'a trouvé qu'une seule manière pour tenter de remplir ce vide. Et il n'arrive pas à décrocher. “ J'ai l'impression- j'ai l'impression que j'ai perdu des pièces du Neville qui valait mieux que ça à Pré-au-Lard. Et à Poudlard. Et dans la Forêt de Daeva et- et partout où on est jamais allés ces dernières années. ” Comme un puzzle mal reconstitué, il ne fait plus de sens, n'a plus la trempe qu'il pensait avoir développé, ni l'assurance, ni la force, ni rien, rien. Il a bien l'amitié de Ginny et Luna et Emily et Harry et Ron, il a bien l'amour incandescent qu'il a pour James, il a bien tout ça mais soudainement, quand il se retrouve seul enfermé dans cette foutue maison avec ses foutues pensées, tout ça revient à l'arrière-plan, devient du bruit de fond. “ Je hais ça aussi.

Il se sent impuissant, inutile, malade, horrible, pathétique. Il détache lentement ses yeux après avoir écrasé toutes ses larmes, contemple ses mains tremblantes avant de relever les yeux vers Ginny qui ne peut pas bouger de son siège. Neville se lève, déplie ses longues jambes, remonte un peu son menton tremblant et s'approche d'elle. Il est toujours en nage, se sent toujours nauséeux et mal à l'aise, mais il s'approche d'elle, chaque pas plus hésitant que le précédent sous le regard incendiaire de la rousse. “ Je sais pas quoi t'promettre Ginny parce que je sais pas quoi faire. Et si c'était qui j'étais aujourd'hui? Et si y'avait rien à changer parce que- parce que sans cette Guerre- sans cette Guerre, Neville n'a aucun sens ou utilité? ” Dire à haute voix ce qui le chagrine et le tourmente depuis des mois est plus compliqué que prévu; sa voix se brise et alors qu'il n'est plus qu'à portée de bras de Ginny, ses yeux reviennent sur le sol. “ T'as besoin de quelque chose? Quoique ce soit? ” marmonne-t-il, changeant de sujet sans lui laisser le temps de répondre.
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