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sujet; Manchester, Smith, plaids & nutella (strangehell 2)

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Strangehell 2 - part one
But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again
lundi 5 janvier ; 21h45 — Manchester • Sa main tremble, serrée autour de son poignet. Il ne la lâche pas, même lorsque la sensation d’étau autour de leur gorge et de leur estomac s’estompe — il ne la lâche pas. Sa main tremble, son autre main aussi. Ses jambes tremblent. Il arrive pourtant à la tirer contre lui. Ils avaient atterri devant un petit muret qui leur arrivait à hauteur de genou. « derrière passe derrière derrière » il lui souffle en la poussant, pour qu’elle enjambe l’obstacle. Ils quittent le trottoir, ils quittent la route et il lui appuie sur les épaules pour qu’elle se baisse suffisamment afin d’être hors de vue d’éventuels poursuivants. Puis ils restent là — il ne la lâche pas.
Une minute, deux minutes…
Il n’a pas de baguette (jetée, il y a trois transplanage de ça, à Cardiff).
Elle n’a pas de baguette (jetée, il y a deux transplanage de ça, à Edinbourg).
Ils pouvaient peut-être traquer les baguettes, leur aura, leur magie, leur sort. Il ne voulait pas de ça, personne ne devait les suivre. Personne ne devait les retrouver. Personne ne dev- — il ne la lâche pas.
Trois minutes, quatre minutes…
Aucun craquement. Personne ne les avaient suivi non plus lors des autres transplanages… mais Rabastan préférait être certain. Il tremble — et ne la lâche pas. Ils sont couchés sur de l’herbe, trempée. Leur uniforme sont déjà gorgés d’eau. Il tremble. Elle tremble peut-être elle aussi. Mais il ne sent pas le froid. Il sent juste son sang battre à ses oreilles, ses doigts serrer son poignet. Son cœur lancé si vite qu’il ressent comme une vibration dans sa poitrine. « lève toi lève toi » il murmure en se redressant doucement. Il regarde le bâtiment près duquel ils étaient arrivés. « doucement doucement » il conseille, presque sans s’en rendre compte alors qu’il la conduit sur l’herbe, vers l’entrée de l’immeuble de brique rouge, dissimulée de la route par une haute haie d’arbre. Des lumières sont allumées mais personne ne semble regarder le jardin par la fenêtre. Ils se faufilent jusqu’à la porte et Rabastan reste un instant devant le digicode. Les yeux fermés, la souffle court — il ne la lâche pas. « réfléchisréfléchisréfléchisréfléchis » toujours sans regarder il pose ses doigts sur les touches et appuie 9613. Il y a un sifflement et un déclic. Il pousse de sa main libre la porte. La traîne dans le hall. « deuxième étage escalier » il ouvre la porte de la cage et ils grimpent les deux volées de marches avant d’arriver au deuxième palier — il ne la lâche pas.
Et sa main tremble. Ses deux mains tremblent. Ses jambes tremblent mais le portent. Il a froid mais ne le sent pas. Ses souvenirs sont mêlés, ses pensées sont nouées mais un chemin se détache parfaitement. Parfaitement.
« Josiah Smith. » « Affilié à l’autre balance ? » « Non monsieur, c’est un né-moldu. » « Un n- » le Râfleur baisse les yeux « sang de bourbe monsieur. » « On en trouve encore ? » « Il vit comme un moldu, les traceurs ne l’ont jamais détecté… il n’a pas dû utiliser sa baguette depuis des années… même sous l’ancien gouvernement. » Rabastan regarde la feuille de signalement que lui tend l’employé. Ça l’émeut de voir que l’on trouvait encore des sang de bourbe en août 2003… « Vous voulez qu’on aille le chercher ? » Pourquoi est-ce que Josiah Smith lui rappelait quelque chose ?... « Non, laissez le, s’il est encore chez lui maintenant il ne va pas se décider cette nuit à prendre le maquis. On pourra toujours s’en charger plus tard. » 1 Spath Road, Didsbury, Manchester.
« cette porte c’est là » il parle si bas que ça ne résonne même pas dans le couloir du deuxième étage. Ils se sont arrêtés devant une porte. « s’il tente de crier fais le taire ok » il reprend sa respiration. Il tremble. « on ne le tue pas » inspiration « surtout pas » expiration « il ne doit pas crier » inspiration « ok ? » il la regarde. Elle le suit depuis le début.
Elle le suit ?
C’est lui qui ne la lâche pas.
Je lâcherai pas. Je lâcherai pas. Je lâcherai pas.
« Lâche l’accoudoir Lestrange — tu me fais pitié on dirait ma gamine de six ans. » T’as une gamine de six ans alors ? Pourquoi je peux même pas faire de remarque là-dessus ? Personne avant n’aurait osé me cracher au visage qu’ils avaient une gamine de six ans, trop peur de ce que j’aurais pu faire à cette gamine de six ans. Gamine de six ans. Gamine de si- MAIS ARRÊTE ! « Regarde-le. » Je suis ravi d’être un spectacle marrant à regarder, vraiment — non c’est faux. J’en ai marre. Quitte à ce que ça se termine comme ça, autant que ça aille vite alors, que je n’ai pas le temps d’un peu plus me faire humilier. Mais le transfert semblait durer indéfiniment. Alors je continue de serrer l’accoudoir du siège où on m’a installé, avec mes mains menottées. Je fais ça pour pas qu’on voit que je tremble. Mais je tremble. Et ça se voit. Et je lâche pas. Y a un Auror à coté de moi. Et à coté de lui, de l’autre coté, y a Hell. Et encore à coté, un Auror, et encore un coté un autre condamné… et ainsi de suite. J’ai mal au nez — toujours pété, personne ne m’a touché depuis que Hell m’a refait le portrait. Et j’ai rien touché de ce qu’on m’a donné. Alors j’ai mal au ventre aussi. Et à la tête. Et j’ai absolument aucune force. Je ne sentirai peut-être même pas le baiser si ça continue. On peut toujours espérer. Puis mon cœur s’emballe. Vite, rapidement, trop rapidement. Comme il ne l’avait plus fait depuis le jour du procès. Je sursaute. Je ne comprends pas d’abord. Puis je cligne des yeux. Mon corps a compris avant moi de quoi il s’agissait. Je ne sais pas comment c’est possible — mais c’était pourtant réel. La baguette de mon Auror de voisin était à portée de main. Sans surveillance. Et mon cœur bat, mes bras tremblent, mes jambes tremblent. Mais pas de peur. Je sais reconnaître l’adrénaline quand je la ressens.
Ça retombe doucement, c’est presque miraculeux qu’il ait pu tenir aussi longtemps sans s’écrouler. Ses dents claquent et il commence à ressentir le froid de ses vêtements trempés contre sa peau. Il passe sa manche sur son visage, un geste qu’il a répété plusieurs fois depuis qu’il était libre de ses mouvements, alors que ça lui arrache systématique une douleur sourde au niveau de son nez et de son œil. Puis il toque. Et s’écarte du judas, l’écarte avec lui — il ne la lâche toujours pas. « onneletuepas » il répète, encore plus bas, en exerçant une ultime pression sur le poignet de Hell avant de la lâcher. Enfin. Parce qu’il entend du bruit et la porte s’ouvre.
Josiah Smith n’a pas le temps de marmonner un « Oui ? » à demi fatigué que Rabastan le pousse à l’intérieur. Il ne doit pas avoir sa baguette avec lui, il vit comme un moldu, il vit comme un moldu, il vit comme un moldu. Il entend Hell entrer, referme la porte derrière elle « vite vite assomme le fais vite fais vite. » il murmure, alors que le sang de bourbe est pétrifié devant la brusque entrée des deux criminels, mais son mutisme ne durera pas. S’il crie c’est foutu. Il ne devait pas crier, il ne devait pas crier, il ne devait pas cri-
Il se laisse glisser contre le mur, ses jambes ne tenaient qu’à peine maintenant. Il faisait chaud dans l’appartement. Il était crevé. Il avait transplané avec Hell plus de huit fois de suite. « et trouve sa baguette, trouve sa baguette, elle est quelque part assomme le et trouve sa baguette » Il ferme un instant les yeux.
Il voudrait juste dormir mais il doit être certain d’être en sécurité.
Qu'ils soient tous les deux en sécurité.
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HUNTED • running man
Hell H. Murdock
Hell H. Murdock
‹ inscription : 08/10/2016
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‹ liens utiles :
‹ âge : 29 ans.
‹ occupation : ex-mangemort fanatique, qui travaillait principalement comme infiltrée et espionne pour le magister ; actuellement en cavale.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1985 à 1992.
‹ baguette : Ma baguette m'a été prise par le gouvernement lors de mon incarcération. (25,5 cm, bois d'Acajou, cheveu de Vélane, très rigide) J'utilise actuellement une baguette volée, apparemment taillée en bois de Houx, contenant sûrement un crin de Licorne, moyennement grande, semi-rigide.
‹ gallions (ʛ) : 3065
‹ réputation : On dit que je porte bien le surnom qui m'a été accordé pendant les deux mois de guerre "the butcher" ; qu'il est terrifiant de me savoir en liberté. On dit au contraire de Kenny qu'il est très charmant et serviable, tout d'un gendre idéal, si ce n'est qu'il récure les toilettes du Ministère.
‹ particularité : Je suis métamorphomage. Je suis tout le monde et personne à la fois. Je vis actuellement sous l'identité de Kenny, un sang-mêlé rencontré dans une vie lointaine, dont j'emprunte habituellement l'apparence qu'en de rares occasions. Aujourd'hui, je revêts son visage quotidiennement, tentant de l'introduire à la communauté sorcière, tentant de me venger par son biais.
‹ faits : Le Seigneur était tout ce que j'avais dans ma vie, que je donnais mon temps, ma passion et ma santé pour le servir. Je me suis échappée lors de mon transfert vers Azkaban aux côtés de Rabastan Lestrange, où je devais recevoir le baiser du Détraqueur. Je bouillonne, je prépare ma vengeance. Je n'ai aucun scrupule à donner la mort, et je le fais même avec plaisir.
‹ résidence : Je vis dans l'appartement d'un sang-de-bourbe à Manchester, en compagnie de Rabastan Lestrange.
‹ patronus : Inexistant
‹ épouvantard : La chute du Seigneur, la fin de l'empire pour lequel j'ai oeuvré pendant des années. Je vis mon pire cauchemar.
‹ risèd : Habituellement mon crush de jeunesse. En ce moment, peut-être me montrerait-il l'espoir d'une vengeance sur ceux qui ont permis la chute de mon Maître.
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lundi 5 janvier ; 21h45 — Manchester • Tu pensais que l’angoisse ne faisait plus partie de ton panel d’émotions – c’est que tu te trompais royalement. Tu ne peux nier l’évidence : tu es absolument terrorisée – tant que les pointes de cheveux humides qui te tombent devant les yeux sont d’un vert vif. Il n’y a pas un centimètre de ton corps qui n’est touché par de terribles tremblements, et le fait que tes jambes te portent encore relève du miracle. Tu ne sens rien, si ce n’est la pression rassurante de sa main sur ton poignet, et pourtant tous tes sens sont en alerte. « derrière passe derrière derrière » tu enjambes le muret plus rapidement que jamais, sans émettre la moindre protestation, sans émettre le moindre son. Et vous restez là, couchés sur le sol terriblement froid, collés l’un contre l’autre, respirant dans un même souffle haletant et paniqué. Tu ne sais combien de temps vous passez sur l’herbe, peut-être une minute, peut-être une heure, peut-être une nuit. Tu n’es plus tout à fait là. Tu n’es qu’une carcasse secouée de tremblements, obéissant au timbre aussi autoritaire que grelottant de ton compagnon de fortune. La voix de Rabastan est telle une petite lumière dansant sous ton regard affolé, que tu suis tête baissée, que tu n’autorises à te laisser. Hormis cela, tu es vidée de toutes sensations ; tu ne ressens même pas l’uniforme gris et trempé qui te colle à la peau, faisant drastiquement baisser ta température corporelle. Non, tu sens rien, tu vois rien, t’entends rien. Juste lui, lui, le suivre, survivre – oui, survivre, survivre. « lève toi lève toi » et c’est presque instantanément que tu bondis sur tes pieds, qui manquent de glisser sur l’humidité du gazon fraîchement coupé. « doucement doucement » qu’il ajoute inutilement, puisque ton rythme est calé sur le sien. La pluie battante t’empêche d’ouvrir complètement les paupières, mais tu n’as pas besoin de voir quoi que ce soit, tant qu’il t’entraîne avec lui, tant que tu sens encore sa main vigoureusement renfermée autour de ton maigre poignet. Tu ne sais pas où vous êtes, et tout ce que tu aperçois à travers tes yeux mi-clos, c’est un grand mur de briques rouges. « réfléchisréfléchisréfléchisréfléchis » Oh oui, il ferait bien de réfléchir, et vite, car tu ne pourras lui être d’aucune aide dans ce domaine – de manière générale, et tout particulièrement en ce moment même où ton cerveau est pris des mêmes secousses que le reste de ton corps. Et tu l’aperçois tapoter des chiffres sur un petit boîtier lumineux, ce qui a pour effet de débloquer la porte d’entrée du bâtiment. Ok, ok, d’accord, ok, plus de transplannages, c’est votre point de chute, ok, t’as compris, ok, allez.
Tu as le sentiment que tu pourrais t’écrouler à tout moment, et pourtant l’adrénaline décuple le peu de forces que tu as encore en réserve. Tu pourrais franchir des kilomètres – tu as franchi des kilomètres –, tant qu’il ne laisse pas sa main quitter ton poignet. S’il te lâche, tu pourrais tomber, sombrer, te retrouver paralysée, crever, comme t’aurais dû crever. Comme t’aurais dû, s’il n’avait pas-

« Et si j’ai envie de pisser ? » « La ferme, Murdock. » J’ai pas vraiment envie de pisser, mais j’ai envie de le faire chier. J’ai bien le droit, de le faire chier, puisque j’en ai plus aucun autre. Puisqu’ils me conduisent vers la mort. Je fais la maline, mais la vérité, c’est que je ne fais plus vraiment la maline, et effectivement, je la ferme en reposant ma tête contre le dossier. J’ai mal aux mains, j’ai mal aux poignets, mes chaînes sont trop serrées, j’ai envie de les ronger, j’essaye, je m’en prends une de l’Auror de droite, je grogne, je m’en prends une de l’Auror de gauche, j’arrête. On est en rang d’oignons, une dizaine de « criminels » séparés par une dizaine de représentants de la « loi ». Et je tourne mes yeux vers la face abîmée par mes soins de Lestrange, et je vois. Je vois ce qu’il fixe, je vois son regard insistant qui se plante dans le mien avant de revenir vers- putain. C’est impossible. C’est impossible. C’est impossible qu’il soit réellement en train de s’emparer d’une baguette, c’est impossible qu’un sort d’explosion en jaillisse instantanément, c’est impossible que le bus s’arrête, c’est impossible que les deux-trois Aurors les plus proches se jettent au sol. Si c’est impossible, alors pourquoi je me lève ? Pourquoi je vois mes mains se ruer sur la baguette tombée au sol d’un des Aurors ? Pourquoi un éclair vert en sort pour atteindre l’un des hommes se ruant vers Lestrange ? Pourquoi on se dirige en reculant vers la sortie du bus ?

Vous êtes si faibles que les escaliers auraient pu signer votre arrêt de mort, vous empêcher d’atteindre refuge si près du but. Mais non. Ton père aimait souvent raconter à table comment, une fois, un pauvre lièvre pris dans un de ses pièges s’était tant débattu qu’il avait laissé une patte dans les dents acérées de la machine à tuer, mais avait réussi à s’en défaire à ce prix. Vous êtes des lièvres, vous êtes prêts à laisser une patte, ou deux même, pour gravir ce putain d’escalier. Et le lièvre dominant serre toujours, te laisse pas, te laisse pas.
Tu ne sais pas trop quand, tu ne sais pas trop comment, mais vous êtes devant une porte en bois simple où trône en lettres dorées l’inscription 2B. Tu hoches la tête avec un regard aussi déterminé qu’angoissé à Rabastan ; t’as compris, c’est cette porte, ok, focus.
« s’il tente de crier fais le taire ok » Ok.
« on ne le tue pas » Ok.
« surtout pas » Ok.
« il ne doit pas crier » Ok.
« ok ? » « k. »
Tu as l’impression que ton cœur va s’arracher de ta poitrine et se mettre à sautiller sur le sol. En attendant, même s’il n’est pas prêt de sortir, tu le sens tout de même au bord de tes lèvres, et tu chasses l’image de ton cœur à vif dansant sur le parquet froid d’un mouvement de tête. Focus, Hell, focus putain, c’est pas le moment d’être distraite. T’étais plus capable de penser y’a deux minutes alors arrête de vouloir penser. Suis sa voix, suis sa voix, survis. Mais lorsque Rabastan frappe à la porte, tu sens tes mains trembler. C’EST PAS LE MOMENT, vous êtes près du but, c’est pas le moment.
Ça te rassure, lorsqu’il exerce une pression significative sur ton poignet en te répétant de ne pas le - le ? – tuer, avant de te lâcher alors que ton palpitant se serre, lui, un peu plus. Tu croises une derrière fois son regard avant qu’un léger faisceau de lumière fasse son apparition dans le sombre couloir. Alors, tout va très vite, tout va instinctivement, comme tu aimes. Lestrange pousse le pauvre type à la mine endormie qui vous a ouvert la porte – s’il avait su –, et c’est une fraction de seconde plus tard que tu pénètres à ton tour dans l’appartement spacieux, sous le regard effaré de l’inconnu. Mais tu lui laisses pas le temps d’ouvrir la bouche, ça non, s’il y a bien quelque chose dans lequel tu t’es spécialisé ces dernières années, c’est le fermage de gueule. Tu te glisses derrière lui habilement avant de passer ton bras droit autour de son cou, alors que le gauche vient se resserrer à l’arrière de son crâne. Ta main s’empare de ton biceps tendu, puis tu serres, fort, appuyant sur sa tête pour l’étouffer un peu plus contre le creux de bras. Tu vois ses oreilles virer au rouge, alors qu’il enfonce ses ongles dans ton uniforme trempé, jusqu’à ce que ses jambes se dérobent et qu’il cesse d’émettre toute résistance.

Tu vois Rabastan se laisser aller contre le mur, mais tu peux pas, tu peux pas, faut que tu trouves la baguette d’abord, comme il a dit, comme il a dit. Alors tu laisses le sang-de-bourbe négligemment tomber au sol avant d’ouvrir silencieusement une première porte qui s’ouvre sur un bureau exigu dont la majorité de l’espace est mangée par un gros sofa beige. Tu montes presque dessus, laissant de grosses traînées boueuses sur les tissus, avant de te précipiter vers le meuble en bois faisant office de bureau. Tu ouvres un tiroir, deux tiroir, trois t- bingo. Elle est moyennement grande et extrêmement rigide – oui, on parle toujours d’une baguette magique –, un peu comme celle que ces fils de pute d’Aurors t’ont prise. Alors, tu retournes dans l’entrée, et sans adresser un mot à Lestrange, tu traînes l’inconnu par le col, si enivrée par l’adrénaline que tu ne ressens pas son poids ; il pourrait tout aussi bien peser cent kilos que trente. Tu le jettes sur le canapé souillé par tes pompes, puis, tu prononces avec difficulté en expirant « incarcerem » avant d’observer de fines cordes blanches s’enrouler autour du corps inanimé de votre hôte. Dans un dernier effort, tu retires le haut gris terne de ta tenue, le compresse en une boule humide et froissée, avant de l’enfoncer dans sa bouche. Là, voilà, il risque pas de crier. C’est bon, t’as tout fait comme il fallait, ok, tu peux retourner dans l’entrée. Mais t’as à peine fait un pas en dehors du bureau que tu tombes à genoux, face contre terre, le souffle court et les muscles tendus. T’as chaud, t’as froid, t’as mal. Et ton torse tout juste couvert par une brassière de fortune se soulève rapidement, alors que tes tatouages reprennent peu à peu vie, dansant faiblement sur ton ventre, tes épaules, ton dos, tes bras, ton cou – mais la marque entre tes seins, elle, ne vit plus, ne vit plus, elle est morte, il est mort. Tu as juste la force de relever la tête, toujours tremblante « Quand je disais que t’as le cul bordé de nouilles, c’était pas une blague. » Comment tu trouves le temps de plaisanter à un moment pareil ? T’es vraiment à claquer Hell.
Le plus difficilement du monde, tu te remets sur tes genoux en passant une main sur ta nuque douloureuse. Tu halètes toujours bruyamment comme un animal, reprenant ta respiration avec difficulté. « … You ok ? » Tu sais bien que vous êtes pas ok, lui encore moins. Il est bien plus affamé que toi, il est bien plus maigre que toi, il a le nez cassé, il a toujours une poche qui lui ferme à moitié un oeil, et du sang caillé est agglutiné sur sa bouche, ses sourcils, ses pommettes. Mais tu dois demander, faut que tu demandes, parce qu'il t'a sauvé la vie.
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… qu’ils soient tous les deux en sécurité.
Sa respiration s’accélère d’elle-même, devient plus rauque, pour s’empêcher de tomber dans les vapes. Il avait encore plus froid au niveau du cou, sous ses oreilles et à ses tempes. Respire… inspire, expire… Ce n’était pas le moment de sombrer, ce n’était pas le moment de tomber. Il étend ses jambes devant lui et plaque la paume de sa main sur son front, appuie, appuie le plus fort possible, comme si ça allait changer quelque chose. Il fallait juste rester conscient ; quitte à hyperventiler quelques secondes. Il respire beaucoup trop vite, mais la sensation de glace s’atténue, pour ne laisser que le froid normal qui engourdissait ses membres.
Il tente de se lever. Retombe. — Ok, parfait, on reste assis. On ne force pas. Il regarde la porte. Elle est fermée, il l’a fermé. Personne ne les a suivi. Oh Merlin, personne ne t’as suivi Rabastan. Personne ne vous a tracé. Personne ne va faire sauter cette porte de ses gonds.
T’as réussi ok ? Détends toi. Arrête de trembler.
Pas encore tout à fait réussi — il ne fallait pas que le sang de broube se fasse remarquer, il ne fallait pas que des voisins appellent la police, il ne fallait surtout pas se faire re-mar-quer. Sa vision est brouillée, complètement dégueulasse mais depuis plusieurs jours déjà, alors il s’y est fait et il arrive à deviner ce que ses yeux ne lui montre pas entièrement ; il voit Murdock serrer la gorge de Smith avec son bras, jusqu’à ce que finalement il retombe entre ses bras comme une poupée de chiffon. Un peu plus il aurait pu croire qu’elle l’avait tué, malgré ce qu’il lui avait demandé. Mais il avait déjà vu pratiquer cette sorte d’étranglement et ne doutait pas qu’Hell savait son métier. Il ne va pas se poser trop de questions.
Je me pose pas de questions — pourquoi des Aurors surentraînés laisseraient une telle possibilité à un homme comme moi ? Non je me les pose pas. Parce que quelque soit la réponse je m’en branle, je m’en contre branle. Peut-être que c’est juste pour se marrer, pour donner genre un semblant d’espoir, pour me la prendre au dernier moment, se foutre un peu plus de ma gueule… Peut-être bien, mais je m’en fous. Parce qu’une seule chance, une minuscule, infime, ridicule chance me suffit. Je regarde Hell, et Hell me regarde. C’est pas la seule, vraiment, d’autres potes de galère notent mon mouvement — à peine si rapide, jamais eu des réflexes d’attrapeur. Et lorsque je sens mes doigts toucher le bois, un sort en jaillit instantanément. Et des sièges sont renvoyés en arrière, avec des Aurors, avec les autres prisonniers, je m’en branle. J’ai une baguette. J’ai une baguette. Et ils devront m’abattre cette fois. Allez, j’y crois. Mais la première victime n’est pas la mienne. Hell s’est armée aussi. Et me rejoint. Et les autres aussi — les Aurors sortent leur baguette ; ils sont lents ? Pourquoi sont-ils lents ? Est-ce que c’est juste mon cœur qui bat trop vite, qui rattrape tous ces jours d’inactivités ? (Pourquoi sont-ils si lents ?) Pas le temps de se concentrer pour lancer un Avada, je n’ose pas espérer avoir assez de puissance magique pour ça ; mais mon deuxième sorts les projetent plus loin. Pas aussi fort que je l’aurais cru, comme si un écran de protec- Je m’en fiche je m’en fiche : on sort on sort on s o r t ! La main droite sur la baguette, et la gauche dans le vide. Puis elle trouve une main, un poignet. Je le serre et regarde sa propriétaire. Regarde sa baguette. D’un geste du bras tous les sièges maintenant vides du bus s’agglutinnent entre les prisonniers et les Aurors. Un deuxième geste et la pile de bric à brac se métamorphose en un mur de brique. J’ai jamais été mauvais en métamorphose — merci papa d’avoir insisté pour que je m’entraîne pendant les vacances, haha. Puis je me tourne vers les autres. Je tiens toujours Hell ? Parce que j’ai peur qu’elle se jette dans la mêlée. Mais je m’en fous qu’elle crève non ? Chacun pour soit bordel ! Mais j’ai un mauvais pressen- « Vous attendez quoi pour ouvrir cette putain de bordel de Merlin de bon dieu de saloperie de porte ??? Que je vous déploie un marche pied ! On s’évade bordel, on est pas à un vernissage !! » Il avait perdu son job depuis un mois, mais les vieilles habitudes revenaient vite.
« incarcerem » peut-être qu’il s’est assoupi un instant, mais la voix de Hell le fait sursauter : elle a trouvé la baguette. Parfait, très bien. Tout se passe très bien pour le moment et le sang de bourbe est hors d’état de nuire. Elle l’a foutu dans une pièce qu’il ne voit pas très bien — on s’en fout l’important c’est qu’il est ko, réduit au silence. La porte est fermée. Ils ont la baguette. Effectués huit transplanages avant d’arriver là, se sont débarassés de ce qui pouvait les relier aux Aurors du convoi.
Respire Rabastan. Respire.
T’es sauvé. Elle est sauvé. Vous êtes vivants. T’as réussi, alors respire.
Personne ne viendra ouvrir cette porte.

Elle s’écroule, c’est son tour — le contre coup frappe même la jeunesse à ce qui parait. Et même s’il fait chaud dans l’appartement, merci Josiah Smith de ne pas être avare sur la facture d’électricité, elle doit avoir froid juste en brassière. Pourtant il n’essaye pas de se rapprocher d’elle. Il régule un peu plus sa respiration, maintenant qu’il est bien conscient. « Quand je disais que t’as le cul bordé de nouilles, c’était pas une blague. » elle marmonne, et ça se sent qu’elle aussi n’attend qu’une chose, de pouvoir se laisser complètement aller. Mais tout comme lui elle doit avoir ses épaules tendues à en avoir mal, la nuque raide, le dos émietté par tous ces voyages, cette course paranoïaque contre des Aurors qui n’avaient peut-être même pas eu la force de les suivre jusqu’à leur premier point de passage. « Ce n’est pas vraiment comme ça que je me serais désigné mais ok. » il fait à son tour, avec un léger rire nerveux — ses jambes tremblent beaucoup trop. Il pose ses mains sur ses cuisses pour tenter de calmer ses nerfs mais ce n’est pas vraiment efficace.
Puis elle se relève. « You ok ? » Il a toujours son petit rire, qu’il n’arrive pas à arrêter. Putain Rabastan, putain mec ! T’es vivant ? Comment t’as fait ça n’empêche ? Comment t’as fait ça ?
Merlin, faites que je ne me réveille pas dans ma cellule.
Merlin, faites que tout ça ne soit pas juste une hallucination.
Mais la douleur est trop réelle. Ce qui est rassurant, pour une fois. « Étant donné que normalement à cette heure on aurait dû être au mieux simplement enfermé dans une cellule avec des Détraqueurs pour nous tenir compagnie, au pire dans un état plus horrible que la mort… je pense que ouais, je me sens plutôt bien. » Il déteste ce rire, il déteste sentir ses nerfs lâcher. C’était parce qu’il n’y avait plus de pression, mais ça l’affaiblissait. Il ne fallait pas encore être vulnérable, non. Reprends toi, reprends toi. Il expire longuement puis fait l’effort de se relever, lentement, très lentement. Il regarde autour de lui : l’entrée s’ouvre sur un salon immense — ce Josiah avait les moyens, et Rabastan se surprend à apprécier l’endroit. Ça manquait de tapis, mais les canapés en cuir n’avaient pas l’air d’être chiqués. Puis il avance à pas assez lent vers la pièce où Hell a refourgué le Smith : un bureau exigu, canapé le long du mur, en face d’une cheminée inutilisable et au bout, contre la fenêtre, un bureau de travail. Et le Josiah ficelé comme une paupiette sur les coussins crèmes dégueulassé par Hell. Il revient vers sa camarade de fuité : « La baguette, file la baguette. » Il la récupère, la soupèse un instant, fait glisser son pouce le long du bois, la fait tourner dans sa main avant de la pointer sur le sang de bourbe « Silencio, histoire d’être certain. » Dans un dernier mouvement de paranoïa, il passe devant chaque fenêtre, pour vérifier qu’elles étaient bien fermées.

Tant qu’il bouge, il n’aura pas envie de tomber. Maintenant qu’il était debout, mieux valait continuer. Ils ne pouvaient pas être tous les deux par terre, devait quand même y en avoir un pour monter la garde, pour vérifier que cette porte ne s’ouvrait pas. Il ne voulait pas voir cette porte s’ouvrir.
Ironique venant de sa part.
Il passe devant les deux chambres, attrape une des couettes qui était posée sur un des lits et la ramène là où se trouve Hell avant de la lui jeter sur les épaules : « Crève pas de froid, ce serait trop con. » Il voulait bouger. Où était la putain de salle de bain ? Mais non — il devait attendre, attendre d’être certain que personne n’allait ouvrir cette saloperie de p- Il se penche vers Hell : « Blessée nulle part ? Rien t’as touché ? Certains sorts peuvent permettre de tracer leur victime. » Il lui prend le menton pour étudier son visage, plus net que le sien, croise ses yeux mais ne s’y enfonce pas. Putain elle était vivante. Il avait réussi à la traîner avec lui. Putain, elle était vivante. Putain ils étaient vivants.
Putain, putain, putain. Pour une fois,
pour
une
fois
il avait réussi.
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‹ crédits : moi + Signature Gg + Paroles de Dr. Dre - What's the difference
‹ dialogues : #760000 (Hell) et #6699cc (Kenny)
Manchester, Smith, plaids & nutella (strangehell 2) Giphy

‹ liens utiles :
‹ âge : 29 ans.
‹ occupation : ex-mangemort fanatique, qui travaillait principalement comme infiltrée et espionne pour le magister ; actuellement en cavale.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1985 à 1992.
‹ baguette : Ma baguette m'a été prise par le gouvernement lors de mon incarcération. (25,5 cm, bois d'Acajou, cheveu de Vélane, très rigide) J'utilise actuellement une baguette volée, apparemment taillée en bois de Houx, contenant sûrement un crin de Licorne, moyennement grande, semi-rigide.
‹ gallions (ʛ) : 3065
‹ réputation : On dit que je porte bien le surnom qui m'a été accordé pendant les deux mois de guerre "the butcher" ; qu'il est terrifiant de me savoir en liberté. On dit au contraire de Kenny qu'il est très charmant et serviable, tout d'un gendre idéal, si ce n'est qu'il récure les toilettes du Ministère.
‹ particularité : Je suis métamorphomage. Je suis tout le monde et personne à la fois. Je vis actuellement sous l'identité de Kenny, un sang-mêlé rencontré dans une vie lointaine, dont j'emprunte habituellement l'apparence qu'en de rares occasions. Aujourd'hui, je revêts son visage quotidiennement, tentant de l'introduire à la communauté sorcière, tentant de me venger par son biais.
‹ faits : Le Seigneur était tout ce que j'avais dans ma vie, que je donnais mon temps, ma passion et ma santé pour le servir. Je me suis échappée lors de mon transfert vers Azkaban aux côtés de Rabastan Lestrange, où je devais recevoir le baiser du Détraqueur. Je bouillonne, je prépare ma vengeance. Je n'ai aucun scrupule à donner la mort, et je le fais même avec plaisir.
‹ résidence : Je vis dans l'appartement d'un sang-de-bourbe à Manchester, en compagnie de Rabastan Lestrange.
‹ patronus : Inexistant
‹ épouvantard : La chute du Seigneur, la fin de l'empire pour lequel j'ai oeuvré pendant des années. Je vis mon pire cauchemar.
‹ risèd : Habituellement mon crush de jeunesse. En ce moment, peut-être me montrerait-il l'espoir d'une vengeance sur ceux qui ont permis la chute de mon Maître.
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Strangehell 2 - part one
But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again
« Étant donné que normalement à cette heure on aurait dû être au mieux simplement enfermés dans une cellule avec des Détraqueurs pour nous tenir compagnie, au pire dans un état plus horrible que la mort… je pense que ouais, je me sens plutôt bien. »
Et cette phrase, aussi simple soit-elle, aussi exténuée soit-elle, parvient à relâcher toute la pression que tu maintenais encore. Écrasée sur les genoux, tes paumes collées contre le sol frais, tu te tiens à quatre pattes en rentrant la tête dans les épaules pour tirer un peu sur tes cervicales douloureuses – et aussi parce que, jusque là, c’est la position la plus confortable dans laquelle tu ais été ces trente derniers jours. Tes yeux sont rivés sur le sol, et tu surprends ta respiration à se calmer lentement ; à l’écoute de ton corps, tu l’entends gronder mille insultes à ton égard, te balancer sa douleur et sa faiblesse au visage avec fureur, te supplier de lui donner au moins une semaine, un mois, un an, une vie de repos. Alors, tu lui souris faiblement, car il a pas tort, ce corps couvert d’encre : tu lui en as fait voir de toutes les couleurs – déso, mais, a priori c’est fini maintenant. Tu sais que le visage tatoué sur ton bras gauche a repris ses esprits, et qu’il cherche ton regard du sien, comme il le fait souvent. Mais tu le laisses patienter un peu, juste encore un peu, juste le temps que tu reprennes ton souffle, juste le temps que tu laisses toutes les connexions se faire. Le sang bat vigoureusement dans tes tempes, et ton ouïe est largement affectée par un terrible bourdonnement qui s’est installé dans ton crâne depuis que Rabastan a ouvert les hostilités dans le bus. « La baguette, file la baguette » Ah, tiens, elle est encore dans ta main droite. Tu ouvres légèrement les doigts et dégage ta main de quelques centimètres pour qu’il puisse s’en emparer. T’entends ton improbable compagnon murmurer un « silencio » et ça te fait doucement sourire, car il n’y a que les tapettes pour utiliser la magie pour fermer une bouche. Dans une certaine mesure, t’es aussi efficace qu’une baguette magique dans ce domaine.

Tu prends le temps de te redresser, mais c’est uniquement pour appuyer ton fessier contre tes talons et tendre tes bras au dessus de ta tête, histoire t’étirer ton dos, qui est clairement celui qui a pris le plus lourd dans cette histoire. Tu grimaces en lâchant un son plus proche du couinement que du grognement. Puis t’observes le Lestrange qui s’excite un peu, en jetant un coup d’œil par toutes les fenêtres, en ouvrant toutes les portes, en s’assurant que vous êtes bel et bien seuls, en fouillant de fond en comble l’appartenant à la recherche d’une potentielle menace. C’est vrai, tu aurais aimé hériter d’un autre compagnon de fortune que celui ayant provoqué ta colère il y a à peine quelques jours. Que quelqu’un que tu as méprisé pendant des années pour sa simple position auprès de ton Seigneur. Mais – et surtout maintenant qu’il t’a sauvé la vie –, tu n’es pas si mécontente de ton sort. Rabastan Lestrange, et il te l’a prouvé, est terriblement efficace et consciencieux. Il possède une rigueur que tu n’as jamais eu, et que tu n’aurais certainement jamais dans un moment pareil. Il a fouillé l’appartement, il vous a trouvé une planque, il vous a fait transplaner à huit endroits différents pour brouiller les pistes, il vous a-

Je continue à penser que c’est impossible, parce que, dans la vraie vie – et je la connais bien, la vraie vie –, les gens n’ont pas une chance pareille. Dans la vraie vie, les sorciers qui ont passé un mois en prison ont au mieux trois fois moins de force que des Aurors entraînés comme des soldats, et enivrés par leur récente victoire. Je suis une spécialiste dans l’analyse des humains, pas des situations, mais pas besoin d’un don dans ce domaine pour se rendre compte qu’il y a quelque chose qui cloche. Je n’ai, de toute façon, pas le temps d’y penser, ni le temps de penser à quoi que ce soit. Sans vraiment trop comprendre ce qu’il se passe, je sens une main se refermer sur mon poignet et m’entraîner vers le fond du bus. C’est con, mais pas un instant je ne me dis que cette main inconnue me mène vers le danger. Je la laisse me guider, je la laisse dresser un mur entre nous et nos assaillants. Lestrange. Aussi paniqué et dégoulinant que moi. On a un bref regard, et il a un tout aussi bref hochement de tête. Ok, restons ensemble, ok, survivons. « Vous attendez quoi pour ouvrir cette putain de bordel de Merlin de bon dieu de saloperie de porte ??? Que je vous déploie un marche pied ! On s’évade bordel, on est pas à un vernissage !! » Et il n’en faut pas plus pour que la demi-douzaine de copains de galère, abasourdis une demi-seconde plus tôt, se pressent contre la porte du bus pour la faire s’ouvrir, et nous laisser seuls face à l’obscurité. Le vent gelé de janvier s’engouffre dans le bus et nous fige une fraction de seconde alors que commencent à cavaler les autres prétendants à l’évasion. Mais la main se resserre autour de mon poignet, et je me laisse entraîner dans la nuit noire. Il fait si sombre, si froid, et si humide – mais je sens à peine la pluie me couler sur le visage. Putain, j’ai peur, et je serre si fort l’arme fermement maintenue dans ma main droite. Jusqu’à ce qu’un premier éclair touche l’un des fuyards devant nous. Puis un deuxième. « On va se faire canarder si on reste là ! » Je hurle, parce que j’ai pas envie de crever par un avada dans le dos.

Tu sens la sensation sèche et chaude de la couverture lorsqu’elle touche ta peau et tu lèves la tête dans un réflexe animal, prise de panique par ce contact inattendu et soudain. « Crève pas de froid, ce serait trop con. » Tu croises le regard de ton sauveur, et ravale un "j'ai pas besoin de ta pitié" qui sortirait presque par habitude de refuser l'aide de quiconque ; non, ça serait franchement déplacé dans un tel contexte d'envoyer chier celui à qui tu dois la vie. Tu remontes la chaude couverture sur tes épaules en hochant faiblement de la tête, en guise de remerciement. Tu l'observes se pencher sur toi, presque inquiet, s'emparer de ta mâchoire en sondant ton regard « Blessée nulle part ? Rien t’as touché ? Certains sorts peuvent permettre de tracer leur victime. » Et alors que tu t’enroules dans la chaleur de la grande couette, tu exploses de rire en cachant ton visage dans les tissus. Tu ris si fort et si bas à la fois, ta voix se brisant pour rester silencieuse un moment, alors que ton corps est toujours secoué par l’hilarité. Effectivement, ça serait si con de crever là, maintenant, tout de suite, dans l’appartement d’un inconnu, avec pour seule compagnie l’homme qui porte encore les marques de ton courroux sur le visage. Il a raison, Rabastan, vous devriez être en cellule, entourés de Détraqueurs vous embrassant pour voler vos pauvres âmes – de toute façon destinées à l’enfer. Tu te rends compte, que vous devriez être morts ? Aussi morts que les nombreux cadavres que tu as semés ces dix dernières années ; aussi morts que les vrais morts, quoi. Tu la vois si souvent, la mort, que tu n’avais jamais envisagé qu’elle te frôlerait de si près – et si jeune. Et là, tu la sens, tout autour de toi, refermer ses doigts dans le vide à quelques centimètres de ton visage, et ça te fait tellement, tellement rire. Un rire nerveux, mouillé de larmes, secoué d’épuisement et de soulagement. Tu es toujours à genoux, séchant brièvement les larmes roulant sur tes joues d’un revers de la main « Oh t’en fais pas, j’ai beaucoup trop de gens à éliminer sur ma liste avant d’y passer. » Et tu pousses très fort contre le sol avec tes paumes pour te relever, un peu tremblante, un peu chancelante, mais en vie. D’un mouvement du bras, tu remontes la couverture sur tes épaules, semblable à une espèce de bonhomme de neige au visage humain. « T’inquiète pas, t’es pas dessus. » tu marques une pause. « Enfin, pour l'instant. » Et tu souris connement, parce que de toute façon, tu n’as plus assez de neurones présentement pour sourire autrement que connement.

Lestrange. Ça pourrait être pire – ça pourrait être Rookwood. Au final, ta principale préoccupation, ce serait plus le maintenir en vie pour assurer la tienne que de te préoccuper de l’agréabilité ou non de sa compagnie – de toute façon, tu es une solitaire, aucune compagnie ne peut t’être pleinement agréable. Parce que c’est qu’il est plus mal en point que toi, le Lestrange. Il a le visage creusé, autant que les deux cernes noires soulignant son regard éteint. Il est maigre, si maigre qu’avec ton corps particulièrement fin, tu passerais pour une fille ronde ; et tu as mal pour lui rien que de regarder son visage encore déformé par les coups – amplement mérités – que tu lui as administrés il y a à peine une semaine. Il est pas beau à voir, avec ses croutes et ses plaies encore déchirées, des bosses et son nez tordu. Tu soupires faiblement en le regardant, immobile, comme si tu réfléchissais intensément. Bon. Il t’a sauvé la vie. Tu lui dois bien ça. « Allez, attrape, et suis-moi » que tu lui intimes en lui jetant la couverture dans les bras pour qu’il puisse également en profiter – et parce que tu vas avoir besoin de tes mains. En passant une main dans ta nuque pour la masser doucement, tu pousses une ou deux portes avant de tomber sur la salle de main. D’un rapide geste du doigt, tu ordonnes à Rabastan de s’asseoir sur le rebord de la baignoire alors que tu te rinces les mains dans l’évier pour retirer la terre qui est venue se nicher sous tes ongles. « Bon, mec, mords dans la couette, ça va piquer un peu. » Tu approches tes mains de son visage, après avoir bruyamment fait craquer tes doigts. Le voyant te regarder sans trop réagir, tu marques une pause en fronçant les sourcils « Par ça va piquer, je voulais dire tu vas douiller. » Et sans plus attendre, tu coinces l’os dévié de son nez entre ton index et le long de ton pouce. Sèchement, d’un mouvement rapide et brusque, tu le remets en place. Et t’entends un crac. « C’est toujours mieux qu’un bisou du démon, hein Lestrange ? »
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Strangehell 2 - part one
But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again
Elle n’a pas l’air de si mal se porter — pas plus amochée que ça, visiblement elle était simplement épuisée, physiquement et nerveusement. Physiquement, elle était à genou, et c’est le cas de le dire, nerveusement, il ne lui fallut pas grand-chose pour la faire éclater de rire. Un rire à moitié hystérique, qu’il pouvait bien pardonner puisqu’il avait été à deux doigts d’y sombrer quelques instants plus tôt. Le rire qui soulage, le rire qui veut tout simplement dire je suis vivant. Lui, il y échappe juste parce qu’il bouge, parce qu’il réfléchit, parce que son cerveau tourne et retourne, comme pour le rassurer sur absolument tous les tenants et aboutissants. Il l’examine, le visage et ses bras, sous la couette. Son ventre, ses côtes, rapidement et d’un seul coup d’œil. La magie qui trace laisse des marques mais elle ne semble en avoir aucune, lui-même n’a rien senti pendant la fuite, mais il faudrait revérifier également. Il avait simplement envie de s’écrouler.
Ou de continuer d’avancer, toujours un peu plus. Son cœur reprenait un rythme normal mais il sentait encore les derniers effets de l’excitation bourdonner dans ses oreilles. Il la lâche, alors qu’elle essuie les larmes qui glissent sur son visage : « Oh t’en fais pas, j’ai beaucoup trop de gens à éliminer sur ma liste avant d’y passer. » qu’elle lui dit alors qu’il s’éloigne un peu d’elle. Il ne doutait pas un seul instant qu’en effet, après le genre de situation qu’ils venaient de traverser ces derniers jours, la liste noire était sacrément longue. Celle de Rabastan s’était considérablement allongée, incluant au fur et à mesure toutes les personnes passées à la barre pour témoigner contre lui pour commencer (il avait bien retenu leurs noms, leurs prénoms en tout cas pour la plupart) et évidemment son sale petit connard de putain de merde d’avocaillon dont le petit nom à moitié allemand venait de se hisser dans son top cinq du moment — un grand honneur. Donc oui, en effet, il pouvait bien la croire quand elle lui disait qu’elle avait bien trop envie de passer sa rage sur les autres plutôt que de crever. La haine était un très bon carburant pour la vie, il avait pu remarquer. La haine et la peur. Le premier l’avait aidé durant la deuxième moitié de sa vie, le second durant toute sa jeunesse.
Je ne sais pas ce qui me fait peur — quoique si je sais très bien ce qui me fait peur, absolument tout. Et c’est ça qui me fait marcher, c’est ça qui me fait avancer. Pourtant, derrière l’adrénaline, je sens le stress me tordre le ventre. Je leur gueule de sortir, à ces abrutis, parce que je n’ai pas envie de foutre en premier mon nez hors du bus. Je cligne des yeux, je vois trop flou — je sais que j’aurais dû manger. Mon ventre se serre, je serre le poignet de Hell, je serre la baguette, ma gorge reste serrée quand la porte s’ouvre, dehors il flotte. Je me souviens qu’il flotte tout le temps, près d’Azkaban. Et qu’il fait tout le temps froid aussi. Et j’aurais dû manger. Et j’aurais dû… Comment j’ai pu déjouer des Aurors dans cet état ? Comment j’ai pu… des hommes entraînés. Mais mes pensées s’entre-mêlent, il fait si sombre — et c’est l’éclair. Une lumière verte éclaire les alentours, et surtout j’en vois un chuter. Cette lumière, tout le monde la connaissait mais j’étais, en particulier, un grand habitué. Je fais un pas en arrière, un demi-pas parce que je ne veux pas rentrer à l’intérieur. Je ne la lâche pas. Un deuxième se fait toucher, et s’écroule. Et je l’entends. « On va se faire canarder si on reste là ! » C’était pas faux. Mais dans un sens, à ce petit jeu là… c’était une mort tout ce qu’il y avait de plus rapide. J’en ai dispensé, des AK, et de l’extérieur ça n’a vraiment pas l’air d’être la mer à boire. Mieux qu’un baiser. Il y a une semaine je priais pour qu’on me bute mais maintenant… j’avais plutôt envie de continuer. C’était peut être l’adrénaline, ou la chaleur étrangère dans le creux de ma main gauche. Je la pousse sur le coté, on est nombreux, et dans l’obscurité ils visent au hasard. Les premiers sortis seront les premiers à tomber, et ceux avec des baguettes seront ceux qui s’en sortiront. Pour une fois, selon les probabilités, les chances étaient de mon coté. « Baisse toi, baisse toi ! » Moins tu dépasses, moins tu risques d’être une cible. J’essaye de transplaner, de me concentrer, mais soit ma puissance magique n’est pas assez… soit il y a un dispositif pour empêcher ce genre de manœuvre. Sans doute relié au bus. « On doit s’éloigner. » je lui lance, mais en s’éloignant du bus, on s’approchait des Aurors de renfort. « Tu vois des gens, AK direct d’accord ? N’importe qui, on s’en fout. On doit juste s’éloigner. » Je te promets, juste on s’éloigne et je pourrais transplaner. Je te promets je te sors de là. Ma main est brûlante, autour de son poignet.
« T’inquiète pas, t’es pas dessus. » elle continue, après s’être relevée et enroulée dans la couverture. Il a comme un sourire crispé, il espérait bien, après avoir traversé ça ensemble, qu’il était pas sur cette putain de liste. « Enfin, pour l'instant. » Et elle sourit. Rabastan a toujours eu cet instinct de mimétisme dans les situtations où il était vraiment à bout de nerf et il sourit à son tour. Puis finalement elle se dégage de la couette pour la lui filer. Et c’est plutôt agréable, sur son uniforme trempé, de pouvoir récupérer un peu de chaleur. « Allez, attrape, et suis-moi. » Il a pas l’habitude qu’on lui donne des ordres comme ça, enfin ça faisait déjà quelques semaines que plus personne ne se gênait pour le tutoyer et lui jeter de l’impératif dans la gueule, mais on ne s’y faisait pas. Pourtant, là, il ne va pas chercher à la contredire. Il la suit, elle l’a bien suivi à travers toute l’Angleterre alors… Ils finissent par atterrir dans la salle de bain et Rabastan regarde la baignoire avec envie ; depuis le temps qu’il rêvait d’une douche, d’un bain, juste de pouvoir se laver… Il s’asseoit sur le rebord alors que Murdock se lave les mains avant de revenir vers lui. Elle lui dit de mordre dans la couette, ce qui le laisse un instant interdit — qu’est ce qui allait lui faire mal ? Quand elle approche ses mains de son visage il comprend où elle se dirige. Il a presqu’oublié que son nez est brisé, ça commençait à faire quelques jours et si ça faisait mal au début maintenant… il ne s’en rendait plus compte. « Par ça va piquer, je voulais dire tu vas douiller. » Il a un petit rictus « Je pense que je devrais être en mesure de survivre… » il lâche alors qu’elle avait déjà approché ses mains de son arcade nasale. En réalité il se demande pourquoi elle n’utilise pas la baguette mais il n’a pas le temps d’approfondir l’interrogation que déjà une vive douleur lui transperce le visage. Il laisse échapper un sifflement alors qu’elle le lâche « C’est toujours mieux qu’un bisou du démon, hein Lestrange ? » Il porte sa main à son nez pour le toucher, il le sent toujours douloureux mais au moins droit. Enfin aussi droit que peut l’être un nez qui a été cassé une bonne dizaine de fois : « T’as raté ta vocation de Médicomage Murdock. » Il passe de nouveau sa main sur son visage, il ne tente même pas de lancer un regard dans la direction du miroir « Après tu arranges ce que tu as cassé, c’est sympa mais bon… t’es encore loin de l’ordre de Merlin. » Il se relève et vacille un instant pour se laisser retomber sur le rebord. « Ok, bon tout est sécurisé. Personne ne nous a suivi. » Il avait besoin de le dire à haute voix. « Le sang de bourbe est maîtrisé… il faut qu’on se douche. Et qu’on bouffe. » Il ne savait même plus à quand datait son dernier repas. Alors le dernier vrai repas n’en parlons pas. « Toi plus que moi. » il marmonne, parce qu’elle avait mangé Hell, ces derniers jours, plus ou moins. Lui ne devait surtout pas trop se gaver, même si en cet instant précis il en avait envie. Il tente une nouvelle fois de se relever mais doit se rasseoir. Ça y est, c’était la fin, il s’était posé maintenant il ne pourrait définitivement plus repartir. L’adrénaline l’avait définitivement quitté. « Est-ce que tu pourrais… aller voir si y a des trucs à bouffer dans les placards ? Prend du sucre. Pour tenir. Et de l’eau. Tu… peux le faire ? » Il ne lui demandait pas un exploit, mais étant lui-même incapable de le faire… Il n’appréciait pas vraiment de devoir se retrouver dépendant mais… « Murdock… t’as géré. » Il lâche, brusquement « Le sang de bourbe, tu l’as géré et quand on est… sorti. » Il déglutit « Quand t’as buté ce mec… » Il l’avait remarqué, il remarque quand on lui sauve la peau « T’as géré. Tu mérites ton sucre. » Il tente un sourire « Si tu trouves du chocolat, c’est pour moi, pas de débat. »
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HUNTED • running man
Hell H. Murdock
Hell H. Murdock
‹ inscription : 08/10/2016
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‹ baguette : Ma baguette m'a été prise par le gouvernement lors de mon incarcération. (25,5 cm, bois d'Acajou, cheveu de Vélane, très rigide) J'utilise actuellement une baguette volée, apparemment taillée en bois de Houx, contenant sûrement un crin de Licorne, moyennement grande, semi-rigide.
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‹ réputation : On dit que je porte bien le surnom qui m'a été accordé pendant les deux mois de guerre "the butcher" ; qu'il est terrifiant de me savoir en liberté. On dit au contraire de Kenny qu'il est très charmant et serviable, tout d'un gendre idéal, si ce n'est qu'il récure les toilettes du Ministère.
‹ particularité : Je suis métamorphomage. Je suis tout le monde et personne à la fois. Je vis actuellement sous l'identité de Kenny, un sang-mêlé rencontré dans une vie lointaine, dont j'emprunte habituellement l'apparence qu'en de rares occasions. Aujourd'hui, je revêts son visage quotidiennement, tentant de l'introduire à la communauté sorcière, tentant de me venger par son biais.
‹ faits : Le Seigneur était tout ce que j'avais dans ma vie, que je donnais mon temps, ma passion et ma santé pour le servir. Je me suis échappée lors de mon transfert vers Azkaban aux côtés de Rabastan Lestrange, où je devais recevoir le baiser du Détraqueur. Je bouillonne, je prépare ma vengeance. Je n'ai aucun scrupule à donner la mort, et je le fais même avec plaisir.
‹ résidence : Je vis dans l'appartement d'un sang-de-bourbe à Manchester, en compagnie de Rabastan Lestrange.
‹ patronus : Inexistant
‹ épouvantard : La chute du Seigneur, la fin de l'empire pour lequel j'ai oeuvré pendant des années. Je vis mon pire cauchemar.
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But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again
« T’as raté ta vocation de Médicomage Murdock. » Incarnant la violence, tu l’as toujours attirée à toi, comme une mauvaise blague, comme un terrible maléfice. La colère, et surtout l’excitation brûlant ton esprit – apparemment incapable de trouver la moindre stabilité – depuis ta plus tendre enfance, ont toujours fait de toi une proie idéale lorsqu’il s’agissait de se passer les nerfs. Parce que tu as toujours répondu, parce que tu as toujours rendu les coups aussi bien que tu les as pris, parce que les blessures n’ont jamais arrêté tes furies de s’abattre sur ceux qui le méritaient – ils le méritent toujours. Pour parler en des termes plus précis : tu t’en ai pris, des raclées, et pas qu’une fois – et malgré toute l’énergie que tu peux déployer pour te débattre comme un diable, quand on tombe sur plus fort que soi, on déguste et on se tait. T’en as eu des plaies béantes sur le visage, des brûlures sur les bras, des bleus partout. L’imploration de ton corps pour que tu le laisses tranquille ne date pas d’hier, ce corps te suppliant de ne pas provoquer tes parents pour ne pas recevoir les coups de ton paternel, ce même corps à genoux te demandant de cesser de toujours te jeter avec joie dans la mêlée, de prendre part à la moindre altercation, la moindre bataille, la moindre guerre. À Poudlard déjà, à force de chercher la merde, tu te retrouvais au dessus d’un lavabo à calmer l’hémorragie qui s’écoulait de ton arcade sourcilière – de ta lèvre, de ton nez, de ton menton… Ça ne t’a jamais arrêté, bien au contraire. Mais tu as dû apprendre, à défaut de préserver ton corps de cette violence à répétition, à le soigner du mieux que tu pouvais. Car s’il y a bien une chose que tu a compris en foutant les pieds à Poudlard, c’est que les infirmières te méprisaient tant que tu avais encore plus envie de leur refaire le portrait que celui de l’ensemble de tes camarades. Alors tu as appris, parce que tu n’as pas eu le choix, tout simplement. Parce que peu importe le nombre de déculottées que te mettaient les sixième et septième années que tu cherchais du haut de tes douze, treize, quinze ans, t’avais besoin d’y retourner et de leur sauter dessus, t’avais besoin de ta dose de violence gratuite. Tu as appris à arrêter les hémorragies trop abondantes, à refermer les plaies pour qu’elles ne laissent pas de vilaines cicatrices, à nettoyer et désinfecter toutes sortes de blessures, que ce soit à l’aide de potions ou même de sorts – cependant, ce que tu ne sais absolument pas faire, c’est ressouder les os, et c’est bien pour cette raison que tu as toujours remis tes fractures à la main, comme un bon soldat. Et au final, tu as presque regretté que la fameuse école ne propose pas une option en médicomagie, ça aurait certainement remonté ta moyenne lamentable aux ASPICS. Hell Murdock, cette piètre sorcière misant tout sur sa métamophomagie et sa force physique, plutôt douée en magie de soin, personne aurait misé sur ça putain.

Tu n’as que rarement fait profiter de ton talent caché – et secrètement gardé, pour être honnête, pas que ça à foutre de devenir l’infirmière des légers bosbos du Ministère – à quelqu’un d’autre que ta pomme – bien que tu te félicites d’avoir sauvé la vie plus d’une fois à des collègues en mission, ou sur le champ de bataille à Pré-au-lard ; et quand on te demandait d’où tu sortais de tels sortilèges, tu répondais à chaque fois d’un haussement de sourcils prétentieux. « Après tu arranges ce que tu as cassé, c’est sympa mais bon… t’es encore loin de l’ordre de Merlin. » « Ouais ben y prends pas goût, it’s a one time thing. » Car, surtout, tu n’as jamais offert tes maigres connaissances en médicomagie à quelqu’un dont tu avais personnellement refait le portrait. Car comme dit plus haut, tous ceux qui reçoivent ton courroux en pleine tête le méritent toujours. Mais il y a ce petit quelque chose en toi, cette drôle de petite voix qui te somme de faire quelque chose pour cette face toute cabossée. Parce que si cette face toute cabossée n’était pas, toi, tu n’en aurais plus à l’heure qu’il est.  

Je ne réalise pas exactement ce qu’il se passe, simplement que pour l’une des premières fois de ma vie, je ressens la peur de mourir. J’ai au fond des entrailles un feu terrible qui secoue mon corps de tremblements violents, mais qui me réchauffe suffisamment pour ignorer le froid de la pluie et réunir assez de force pour courir comme un lapin, emboitant le pas à Lestrange qui cavale en jetant des regards affolés par dessus son épaule. Comme on dit dans le milieu, j’ai le AK facile, mais je dois avouer que je n’ai jamais seulement imaginé que je puisse un jour avoir peur que l’on m’administre le sort impardonnable. Je n’ai jamais pensé à ce que l’on peut bien ressentir lorsque l’on est frappé d’un éclair vert, pas même lorsque j’abrège moi-même la vie d’impurs de ce même sortilège mortel. Je n’ai jamais été aussi consciente de ma propre vie, et surtout de ma propre mort, imminente. « C’est pas possib’, c’est pas possib’, on va crev- » « Baisse toi, baisse toi ! » Et c’est soudain plus clair. Je n’ai qu’à suivre la voix, qu’à suivre la main qui me tire, qu’à suivre Lestrange, et peut-être que je survivrais. Peut-être. Parce que je n’arrive étrangement pas à transplaner et que c’est donc ma meilleure chance de m’en sortir, parce que mes neurones trébuchent les uns sur les autres, parce que si la main n’était pas là pour m’entraîner avec elle, je serais probablement encore dans le magicobus, sans baguette, sans espoir, et bientôt sans vie. Alors je me baisse en protégeant mon visage de ma main droite, qui tient encore fermement l’arme en bois.
Putain. Putain, c’est chaud. Je vois que dalle, si ce n’est un troisième éclair qui fuse au loin pour finalement rater sa cible. Je vais littéralement vomir mon cœur, et peut-être bien mes poumons aussi, et même mes tripes, tant elles se putréfient sous l’abominable effet de la terreur. « On doit s’éloigner. » Oui, oui, c’est pas con ça. « Tu vois des gens, AK direct d’accord ? N’importe qui, on s’en fout. On doit juste s’éloigner. » Oui, oui, je voyais pas les choses se passer autrement. Suivre Lestrange. Tuer les méchants. Survivre. Je n’ai pas d’autre programme en tête, qu’il se rassure. Nous atteignons bientôt l’orée d’un bois sombre dans lequel Rabastan m’entraîne. C’est qu’on était attendus, visiblement. J’ai à peine le temps de voir trois baguettes se lever vers nous. Non. J’ai un mouvement de recul, ou comment dire que je me liquéfie sur place en marquant un arrêt une seconde, une toute petite seconde. Qui permet à nos assaillants de nous canarder, comme je disais. C’est très con, comme fin, après avoir autant géré. Damn. Merci Merlin de m’avoir foutu entre les mains Lestrange comme partenaire de fuite. Parce que Lestrange, il n’a pas cette seconde de surprise, parce que Lestrange il lève sa baguette bien plus rapidement que ces impurs, qu’il contre leurs faibles sorts avec une facilité effarante, qu’il AK le premier. Putain, j’suis en vie ! J’SUIS EN VIE ! AH VOUS AVEZ CRU QUE VOUS POUVIEZ M’ARRÊTER, HEIN ? Il ne m’en faut pas plus pour lever à mon tour mon arme et finir le travail de deux éclairs verts, alors que Rabastan m’entraîne à nouveau, avec plus de fureur et de rapidité encore, au fond de la forêt dégoulinante de pluie. Il ne m’a pas lâché un seul instant, pas une seule seconde.

« Hé, attends, t’as encore rien vu ! » que tu cranes avec un sourire en coin, tandis qu’il retombe de toute façon sur le rebord de la baignoire dans une grimace fatiguée, si fatiguée. Tu t’empares de la baguette avec malice et refermes ton regard sur le visage encore couvert de sang caillé de ton partner in crime. Bon, pour les bleus et les bosses, t’y peux pas grand chose, mais tu peux au moins faire l’effort de nettoyer puis refermer son arcade sourcilière et sa lèvre inférieure - ah, et puis sa pommette droite aussi, apparemment. Ça ne te prendra pas plus d’une minute. Tu commences à t’afférer sur les plaies en marmonnant quelques incantations, alors que Rabastan prend la parole, comme pour se rassurer. « Ok, bon tout est sécurisé. Personne ne nous a suivi. » Cela t’arrache un léger sourire, alors que sous le passage de ta baguette la blessure au sourcil se referme doucement. « No shit personne ne nous a suivi. J'veux même pas savoir où tu nous as fait transplaner. » que tu lâches dans un faible rire alors que tu termines de panser le visage de Lestrange, avant de contempler ton travail, non sans satisfaction – quoi ? pas le droit de frimer un peu ? laissez-la être fière de la seule chose dont elle est capable hormis changer d’apparence et distribuer des gnons. Il y a, selon tes rapides calculs, zéro pourcent de chance que vous ayez été suivis, et tout autant de probabilité d’être en danger. Rabastan a été plus qu’efficace, tu dois le reconnaître. Si tu étais parfaitement honnête, tu dirais même que tu as été impressionnée par sa capacité à vous sortir de là tout en brouillant vos pistes, et ce dans le même état de douce adrénaline et de terreur que toi. Mais comme tu n’es pas parfaitement honnête, nous dirons simplement qu’il a été plus qu’efficace. Jamais, en semant vos traces en transplanant huit fois, en vous réfugiant chez un parfait inconnu vivant apparemment comme un moldu - un sorcier reconnaît toujours une maison moldue -, les Aurors ne pourront vous retrouver. Du moins, pas ce soir. « Le sang de bourbe est maîtrisé… il faut qu’on se douche. Et qu’on bouffe. » « Tellement. » que tu implores instantanément à l’évocation du mot bouffe. En prison, t’avais faim, tout le temps. Et même si tu tentais d’ingurgiter, par-ci par-là, l’ignoble purée grisâtre ou le steak-semelle qu’ils te servaient en guise de repas quotidien, ton estomac se tordait souvent pour en rendre une partie. Et ce n'est que maintenant que tu prends le temps de l'écouter que tu réalises qu'il réclame d'être rempli, par d'affamés grognements. « Toi plus que moi. » Mais toi au moins, t'as pris la peine d'avaler quelque chose pendant ta détention. Tu n'as pas besoin de la savoir, et il n'a pas besoin de le dire, tu réalises bien que Rabastan n'a pas dû manger quoi que ce soit depuis un bon moment. Ce n'est pas comme si tu le croisais régulièrement au Ministère, mais tu as tout de même conscience qu'il est habituellement plus épais que le cadavre que tu as sous les yeux. Ses joues encore barbouillées de sang séché sont creusées, ses clavicules sont plus que saillantes, et sous son uniforme trempé de détenu, on devine les articulations affreusement osseuses de ses coudes, ses épaules. On dirait qu'il a perdu facilement une bonne dizaine de kilos en un mois. Tu n'oses même pas imaginer la torture que cela représenterait pour ton sauveur s'il venait à engloutir une bonne grosse plâtrée de pâtes accompagnée d'un rosbif volumineux d'une seule traite - il en crèverait sans aucun doute. Tu ricanes en donnant un coup du menton pour le désigner. « Hé, si tu te gaves ça pourrait être un bon moyen de te rayer de ma liste. » Peut-être un peu trop tôt pour faire ce genre de blagues, je pense, Hell. Mais bien tenté, nous apprécions tous la performance de toujours trouver le bon moment pour caler la petite phrase [s]gênante[s] qui se veut amusante, sur un ton aussi malicieux que sérieux. Alors, Merlin seul sait pourquoi, tu te sens obligée de  préciser - parce que tu as pris l'habitude de te saboter jusqu'au bout, même dans tes vannes « mais t'es plus dessus hein » et le final « c'était une blague. » Tu souris, comme si tu te rendais compte à quel point tu es awkward - alors que, franchement, pas du tout.

Tu vas finalement pour te diriger vers la cuisine, parce que tu n'as pas besoin d'écouter la dernière phrase de Lestrange pour que tes pieds se tournent en direction de la nourriture. Tu es déjà à moitié dans le couloir lorsque tu entends ton nom « Murdock... ». Tu t'arrêtes et tournes ton regard vers le sac d'os qui lâche brusquement « t’as géré. » Oh. Tu t'affaisses quelque peu, dans un tout aussi léger mouvement de recul du haut de ton corps. Les compliments, cela te met habituellement mal à l'aise. Tu n'es pas habituée à ce qu'on qualifie ton travail de quelque manière que ce soit - sans compter, bien évidemment, les fils de pute du procès, ces rats à la langue bien pendue. De manière générale, lorsqu'on te complimente sur tes actes, tu te redresses, peut-être parce que le contact avec ce corps étranger qu'est le compliment te fait comme un drôle d'électrochoc. Mais étrangement, ton corps se détend au fur et à mesure que parle Rabastan, comme si c'était à ton tour d'être quittée par l'adrénaline, de relâcher enfin tous les muscles de ton dos encore tendus, figés dans une expression de panique. « Le sang de bourbe, tu l’as géré et quand on est… sorti. » Alors que toute la vapeur s'échappe petit à petit, un drôle de sourire s'installe lentement sur ses lèvres. Un sourire fatigué, un sourire fier, un sourire reconnaissant. « Quand t’as buté ce mec… » La toute première victime de l'évasion, tu as la scène encore gravée dans le regard - mais il faut dire que c'était il n'y a qu'une vingtaine de minutes. Étrangement, tu réalises que ce sort lancé dans un réflexe n'avait pas pour but de sauver ta peau, mais bien celle de Lestrange. Et ça ne te ressemble pas tant. C'est un peu comme si une petite intuition t'avait soufflé que c'était la chose à faire ; elle a eu le nez fin, la petite intuition. Alors tu souris davantage. « T’as géré. Tu mérites ton sucre. » Et tu hoches la tête, comme pour accepter pleinement le compliment, accompagné d'un faible ricanement. Ouais, ouais, t'as géré. Mais t'as seulement géré parce que tu as suivi ses instructions, parce que tu as suivi sa main renfermée autour de ton poignet, que tu as suivi aveuglément sa voix. Parce que tu savais, il n'y a que vingt minutes, lorsque Rabastan a jeté le premier sort, qu'il vous assurerait la liberté. Tu le savais, c'est tout.
Il y a un léger moment de flottement, que tu savoures silencieusement, conservant ce sourire con, ce sourire fatigué. « Si tu trouves du chocolat, c’est pour moi, pas de débat. » « Alors ça, il va falloir le négocier » que tu glisses avec malice dans un clin d'oeil, avant de décoller ta main du mur pour te diriger à nouveau vers la cuisine. Sauf que tu t'arrêtes brusquement dans ton mouvement. Trop de mots de bousculent au bord de tes lèvres, des mots qui ne peuvent rester enfouis, des mots qui ont besoin de vivre au travers de ta voix grave, tout simplement parce qu'ils sont essentiels. « Ce qu'on vient de vivre, là. » Putain, tu n'as jamais été douée pour ce genre de choses, pour trouver les bons mots. Pourtant tu as besoin d'exprimer cette tornade de reconnaissance qui secoue ton pauvre cerveau. Tu recommences. « Rabastan, on serait pas en vie si t'avais pas pris la baguette, si t'avais pas bloqué les Aurors dans le magicobus, si t'avais pas bougé en premier quand les gars nous ont tendu une embuscade, si tu nous avais pas fait transplaner Merlin ne sait où, si t'avais pas trouvé ce putain d'appart'. » Ta voix est animée, tu parles avec tes mains dans de grands mouvements. Tu reprends finalement ton souffle pour les laisser retomber mollement le long de ton corps. « Je te dois la vie, Lestrange. » Et il s'agit certainement d'une dette des plus écrasantes, que tu chéris pourtant avec animosité. « T'avais pas à me traîner partout avec toi, et tu l'as fait, quoi. » Tu marques une pause, prise toi-même pas l'intensité avec laquelle tu prononces ces quelques mots confus. « Alors... thanks, I guess. » Merci, putain, merci. Merci de l'avoir sauvée. Merci, merci, Rabastan.

Premier constat. Les moldus et les sorciers ont des packaging EXTRÊMEMENT différents. En te retrouvant devant le placard ouvert du sang-de-bourbe, tu penches un moment la tête sur le côté en écarquillant les yeux. Damn, tu ne saurais dire quel boîte correspond à quel aliment. Mais puisque, apparemment, vous n'êtes plus vraiment pressés, tu prends le temps de tout ouvrir, pour réaliser que tu es du côté des condiments. Bon, tu as clairement bien trop faim pour faire cuire des pâtes, alors tu ouvres avec impatience les autres compartiments de la cuisine, à la recherche d'un peu de bouffe rapide et décente à avaler. Tu ne tardes pas à mettre la main sur des tranches de pain de mie - ok, ça, tu connais - dont tu t'empares avec appétit avant d'en fourrer une dans ta bouche, tout en cherchant quelque chose à mettre dessus. Putain, mais ce semi-moldu n'est clairement pas un adepte du sandwich, ou même du snacking. Tu ouvres le placard le plus haut d'un coup de baguette et- bingo. Tu attrapes ce qui semble être une tablette de chocolat, que tu déballes avec attention. Ah, il n'y a plus qu'une seule barre. Bon. Bon. Ok.
Tu débarques dans la salle de bain, où ton sauveur semble ne pas avoir bougé d'un pouce. Lévitent devant toi un verre d'eau et une tranche de pain refermée sur la barre chocolatée, qui se posent sur le rebord de la baignoire, aux côtés de Rabastan, après un léger coup de baguette dans l'air, que tu jettes négligemment dans le lavabo avant de t'écrouler contre le mur. Tu poses tranquillement ton propre verre sur le carrelage froid et mord goulûment dans deux tranches de pain de mie superposées, sans rien. Rien à foutre, ça remplit le bide. Sans même prendre le temps de finir ta bouchée, tu tends la main vers le modeste snack préparé pour Lestrange. « Ch't'ai trouvé du chocolat. Fais toi plaiz'. » Et tu enfonces à nouveau tes dents dans ton maigre sandwich, avant de passer une main dans tes cheveux graisseux. « C'est p'têtre pas le moment d'aborder la question, mais on le bute quand le sang-de-bourbe dans le bureau ? » Tu lèves les yeux avec inquiétude. « On va pas le garder quand même ? Je déteste les animaux de compagnie. » Et tu pousses le reste des tranches de pain au fond de ta bouche, pour l'ingurgiter tout rond, comme la putain de morfale que tu es. Il faut dire que s'il y a bien quelque chose que tu n'aurais jamais pu apprendre au manoir Murdock, c'est manger correctement. Tu t'essuies les lèvres du revers de la main, réalisant que t'aurais peut-être dû prendre ton temps pour manger, toi aussi. Ton ventre commence à picoter avec insistance. Comme si c'était un remède miracle, tu prends quelques gorgées d'eau - pour ne pas dire que tu descends le verre en un instant - et laisses retomber ton bras sur le sol.« Tu veux être preums à la douche ? J'dis ça parce que tu t'es pas encore regardé dans un miroir, mais t'as sérieusement du sang caillé partout sur la gueule. C'est deg, mec, haha. » Ha. Ha. Très. Drôle.


Dernière édition par Hell H. Murdock le Dim 19 Fév 2017 - 16:55, édité 1 fois
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Strangehell 2 - part one
But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again
Il se tient correctement, sur son rebord de baignoire, mais uniquement parce qu’il est habitué à avoir l’échine bien droite, à croire qu’il avait bouffé une équerre. Il avait, en réalité, envie de s’affaler. Pour compenser il tente de se rassurer — une liste de ce qu’il a fait, de ce qu’ils ont fait, et bien fait. « No shit personne ne nous a suivi. J'veux même pas savoir où tu nous as fait transplaner. » Qu’elle le confirme l’aidait encore plus : ce n’était pas juste lui qui avait halluciné ces dernières minutes, ils avaient bel et bien transplané plusieurs fois, et l’infime tremblement qu’il sentait dans ses jambes ainsi que l’étau qui se refermait parfois sur son diaphragme n’étaient donc bien que des effets secondaires de ces transplanges à répétition. Et ils étaient tous les deux en un seul morceaux. S’il avait eu plus de temps, plus de force, une gueule moins amochée et un peu plus de confiance en lui, il se serait certainement lancé des fleurs. Mais pas de temps pour ça, pas de force non plus et encore moins de confiance alors on repassera… il la laissait s’occuper de son visage, presque sans se rendre compte de ses manipulations alors que son cerveau paranoaïque continuait d’explorer toutes les éventuelles failles de leur fuite que pourraient exploiter des Aurors. Mais il avait beau ressasser encore et encore il lui semblait de plus en plus clair qu’ils étaient tous les deux hors de danger.
J’ai réussi, n’était définitivement pas quelque chose que Rabastan avait l’habitude de se dire, et c’était assez ironique de constater que c’était la deuxième fois qu’il se le disait depuis qu’il avait foutu les pieds dans cet appartement. Il avait vraiment réussi. Ils avaient réussi. Je suis vivant. Combien on en a tué ? Pour arriver à ce résultat ? Dans notre fuite, combien ? Peu importait. Ils étaient vivants. Les inspirations étaient douloureuses mais agréables, soudain tout semblait plus fort, beaucoup plus vivide. Les couleurs, le son et les odeurs. Le visage de Hell en face de lui. Et elle sourit, pas à lui — évidemment, mais à l’évocation de la nourriture. Elle doit crever de faim. Il crève de faim. Mais elle c’est pire. Rien qu’à voir ses yeux, il sait qu’elle a plus envie que lui. « Hé, si tu te gaves ça pourrait être un bon moyen de te rayer de ma liste. » Il cligne un moment des yeux, maintenant qu’elle lui a ravaler un peu la tronche, il a l’impression qu’il peut rouvrir son deuxième œil, ce qui était une bonne chose. Par contre ça ne l’a pas aidé au niveau cérébral. Comme si ses neurones étaient encore branché sur le canal de la survie, il n’arrivait pas à comprendre pourquoi est-ce qu’elle… voulait le tuer ? « mais t'es plus dessus hein » faudrait savoir, nom de Merlin de bordel de… « c'était une blague. » et voilà qu’elle se fend d’un sourire pour conclure. Et toujours ce même réflexe mimétique, Rabastan la suit dans son rictus. Une blague. Il avait tiré le gros lot avec elle visiblement.
Tu regrettes ? Bien sûr que non — ce n’est pas un poids mort. Et même. Tu ne laisses pas les gens crever comme ça. Il la briefera, pour qu’elle ne fasse pas de connerie, pour que personne ne les remarque. Ça ira. On regrette pas. De toute manière on ne pouvait pas la laisser. Et il sent encore ce fourmillement dans la main, sa main qui avait serrer le poignet de Hell pendant de longues minutes, sans interruption. Ses doigts étaient encore raides, comme s’ils se souvenaient de leur position et qu’ils voulaient y retourner. Il ne l’avait pas lâcher, il avait serré si fort. Comme s’il avait eu peur qu’elle ne disparaisse d’un transplanage à l’autre.
Je sais qu’on doit s’éloigner, le problème c’est que je ne sais pas à quel point et je ne peux pas me permettre de m’arrêter tous les six mètres pour une tentative de transplanage. C’est quitte ou double. Si tu te plantes et que la barrière est toujours d’actualité, tu crèves. C’est pas ça que je veux. Pas vraiment. Alors on va le plus loin possible. Et surtout on la lâche pas. J’ai ma main qui n’est pas prêt de se décrocher de son poignet, mais j’ai mes tripes qui me disent que c’est un poids mort. Un poid mort. La preuve : si on la lâche il se passe quoi ? Elle s’arrête ? Elle crève. Un poids mort. Mais je m’en branle de mes tripes, là tout de suite le cerveau est en pilotage automatique, je ne sens même plus mes muscles. Comme un avant goût. Je veux pas crever ici, je vais pas crever ici. On continue tout droit, et quand on sera assez loin, je transplanerai. Avec elle. T’es con ! T’encom- Non, je sais que ce n’est pas le moment de s’éparpiller. Tout le monde se tait, je veux du PUTAIN DE SILENCE !
Une forêt, c’est un très bon plan. Parce que s’y cacher, c’est facile. Parce que je pourrais même me permettre de me concentrer avant de transplaner. J’évite de me désartibuler. Ce sera parfait. Je l’entraîne là dedans. J’aime quand je pense come ça, c’est comme si une ligne claire se dessinait devant moi, et que je n’avais pas d’autres choix que de la suivre. Je ne la sens même plus la pluie, en fait je ne sens plus rien. Juste la tête qui fonctionne. Une main sur la baguette, l’autre sur Hell. Je n’en lâche aucune des deux. Trois baguettes, devant, donc trois ennemis. Difficile de voir avec l’ombre et la pluie. Mais s’il faut viser pour les sorts d’attaque, ce n’est pas nécessaire pour les sorts de défense et leurs maléfices s’écrasent sur mon bouclier. À peine passé, j’en tue un, celui de droite, de mon coté. Jamais commencé par le milieu. Et c’est elle qui liquide les deux autres. Eh bien… Eh bien elle vient de se payer un aller gratuit pour la première ville qui lui passera par la tête. Félicitations Hell.
Bizarre, tout de même, de penser que quelques jours auparavant — une semaine ? Peut être moins… ou plus. Sans dormir, sans repas, sans lumière il avait complètement perdu la notion du temps, mais ça semblait à la fois si proche et en même temps bien lointain, ce jour où elle lui avait collé une dérouillée. Si on lui avait dit qu’il la remercierait… quelques jours plus tard, il n’y aurait pas cru. Il n’aurait pas cru non plus qu’elle le prenne bien. Après tout, ça valait pas grand-chose maintenant, ses paroles, il n’était ni directeur, ni mangemort ni rien. En fait il ne valait pas grand-chose maintenant que le Maître bouffait les pissenlits par la racine. Juste Rabastan. Et Merlin sait que ça ne vaut pas grand-chose, si on rajoute pas tout plein de titre autour. Pourtant elle lui sourit. Encore. À croire que Hell Murdock était une usine à sourire. Et ça l’énerverait presque, parce que le force lui aussi à sourire. On peut mettre ça sur le compte de l’euphorie latente de la survie. Il termine ses simili remerciements par une remarque plus triviale, sur la bouffe. Parce qu’il tuerait pour du chocolat, et aussi parce qu’il ne veut pas passer plus que nécessaire pour un sentimental. Déjà que sauver des vies ça collait pas avec sa réputation, alors si en plus il se mettait à se la jouer roi de la bienveillance…
Ça sert plus à rien de jouer de toute manière. Il est mort. Il est mort et ne reviendra plus jamais dans sa tête. Il est mort et Rabastan n’a plus d’hommes à diriger. En réalité, sa réputation ne lui servait plus à rien à présent.
En réalité, il se demandait comment par tous les grands mages du monde, il pouvait encore espérer avoir une vraie réputation à peu près décente après les derniers jours. On va oublier ça… Parce que oui… vraiment, à ce stade là, ce n’était pas un peu de bienveillance qui jouera contre lui. Juste que c’est difficile, de laisser aller les verroux qu’on a placé tôt dans l’apprentissage.
On est assez loin dans la forêt. De toute manière, je ne peux pas continuer. Sinon je n’aurais plus de dorce pour transplaner. Alors je m’arrête, elle se stoppe à coté de moi. Mes doigts sont glacés, presque collés à sa peau. Je la regarde un instant — qu’est-ce qu’on fout là ? Mais c’est pas le moment de réfléchir. Je la tire vers moi, pour presque la coller contre ma poitrine. J’ai toujours moins de mal quand la personne n’est pas trop éloignée. Je ne sais pas pourquoi. Chacun ses problèmes. J’inspire et j’expire. Une ville anglaise. Et un instant plus tard, l’étau caractéristique se ressere sur nos gorges. Quand on atterit, on pourrait presque croire qu’on n’a pas changé de lieu : il pleut toujours et on est environné d’arbres. Mais je connais le coin. « Calthorpe Park. » je marmonne avant de resserrer ma prise autour d’Hell : « Là qu’y vont chercher en premier. » Je ne veux pas m’étendre ici. Et je nous fais de nouveau transplaner. Évidemment qu’on reste pas à Birmingham, dans le parc à moins de dix minutes de ma maison d’enfance. Bien entendu que c’est là qu’ils vont venir chercher en premier.
Elle ne va pas jusqu’à la cuisine, et se retourne vers lui. Elle va encore faire une blague ? C’est qu’on ne l’arrête plus. Mais Rabastan est prêt à encaisser l’humour de Murdock, après tout il a vécu quelques années avec l’humour d’Owen, et rien ne pouvait être pire. « Ce qu'on vient de vivre, là. » Ah non ce n’était visiblement pas une blague. « Rabastan » Il tique. Il n’avait absolument pas l’habitude qu’on l’appelle par son prénom, certainement pas ces derniers temps. Ça lui donne l’effet de… il appuie sur le rebord où il est assis, pour assurer sa position. Pour ne pas tomber. Et l’écouter parler lui donner presqu’envie de rire, de rire. Parce qu’elle est marrante quand elle parle avec ses gestes et sa voix qui allait un peu trop vite. En réalité, il a sans doute envie de rire, parce qu’il ne sait absolument pas quoi faire d’autre. Les gens ne lui font pas ce genre de remarque. À part quelques rares personnes. Peut-être Adele ? Peut-être Hécate ? Pas les autres. Ils se sont passés le mot, féliciter Rabastan autrement que par un petit bien joué, c’est contre productif. Parce qu’il sait se contenter de beaucoup moins, alors pourquoi risquer qu’il prenne la confiance ? « Je te dois la vie, Lestrange. » Et il lui devait la sienne. Pour une fois les choses étaient propres et ordonnées. « T'avais pas à me traîner partout avec toi, et tu l'as fait, quoi. » Pas comme si ça l’avait spécialement ralenti. « Alors... thanks, I guess. » Il n’est pas doué avec les remerciements, il n’est pas doué avec grand-chose à fortiori lorsqu’il est autant crevé, alors il se contente d’un geste de la main tandis qu’elle sort de la salle de bain, pour aller chercher à bouffer. Parce que c’était de calories dont ils avaient besoin, plus que des dettes de vie et des étreintes chaleureuses.
C’était facile de se persuader qu’on était pas fait pour ça, qu’on n’aimait pas ça.
La deuxième fois, c’est Nottigham. Je reconnais l’université, dans notre dos, le lac juste devant nous. Je la traîne le long de la rive du lac, je lance deux sorts de protection autour de nous, juste pour laisser une trace. Qu’on puisse penser qu’on est passé par là et qu’on y est resté. Parce que non, on ne va pas rester. Deux transplanages, ce n’est pas suffisant. « Accroche-toi. » Et c’est reparti. La troisième ville, c’est Oxford. On ne s’arrête pas, pas le temps, pas le temps. Je vérifie seulement que personne ne nous suit. La quatrième ville, Cambridge. Faut que j’arrête avec les grandes universités sinon on sera trop facilement repérables. Je la pousse dans une ruelle étroite, où on reste silencieux quelques minutes. Je tente de repérer des bruits suspects, mais il n’y a rien, pas de craquements synonymes de transplanage, rien. Mais on est toujours pas à l’abri. S’arrêter à Cambridge, c’est ridicule, surtout après s’être arrêter à Oxford. Et mon fils rouge, que je suis sans poser de questions, nous entraîne encore ailleurs. J’ai encore du souffle, j’ai encore de la force, et à Cambrige, il ne pleut pas. Je reste un instant à inspirer l’air sec, puis on retransplane.
Quand elle revient, il grince presque des dents en la voyant jeter la baguette dans le lavabo — c’était l’unique arme qu’il possédait, un petit peu plus d’attention serait la bienvenue, mais comme il n’était pas en état de faire trop de commentaires, il n’en fait pas et prend ce qu’elle lui a apporté. « Ch't'ai trouvé du chocolat. Fais toi plaiz'. » Il regarde dans le pain pour découvrir une barre de chocolat, qu’il prend, conscient qu’il ne sera pas capable d’engloutir le morceau de pain qu’elle lui a donné et se casse un carré en la regardant manger, en face de lui. Elle avait clairement une technique bien à elle. Le deuxième carré est encore meilleur que le premier. Mais le troisième deviendrait presqu’écoeurant. Il se force à avaler le quatrième tout de même, parce que sinon ça ne reviendra jamais. « C'est p'têtre pas le moment d'aborder la question… » c’était jamais des introductions qui annonçaient de sympathiques conversations… « mais on le bute quand le sang-de-bourbe dans le bureau ? On va pas le garder quand même ? Je déteste les animaux de compagnie. » Il ferme un moment les yeux devant sa mine inquiète. Il se doutait que ça arriverait sur le tapis un jour ou l’autre. Mais il aurait préféré un autre jour justement… À voir comment il allait lui faire avaler la pilule, parce que Hell n’était pas le même type de Mangemort que Boris. Murdock, c’était le style fanatique — qui devait autant détester les moldus qu’un lavage d’estomac et tout le tintouin. Plus radicale que Rabastan, sans aucun doute. C’était très certainement l’hôpital qui se moquait de la charité, mais Rabastan estimait qu’il fallait mieux y aller pas à pas avec les radicaux de ce type et leur expliquer clairement la situation. Alors qu’il essayait de faire marcher ses neurones pour faire des phrases cohérentes, elle reprend la parole. Si c’est pour proposer des méthodes de mise à mort pour le sang de bourbe ça ne va pas le fai- ah non… « Tu veux être preums à la douche ? J'dis ça parce que tu t'es pas encore regardé dans un miroir, mais t'as sérieusement du sang caillé partout sur la gueule. C'est deg, mec, haha. » Il pousse un long soupir, presque soulagé que la conversation prenne ce tour là. « Ouais… la faute à qui on se le demande… » Elle est pas arrivée toute seule sur sa tête hein, toute cette hémoglobine. « Ok, j’y passe en premier. » Là encore il refait une nouvelle tentative pour se lever, et parvient en se tenant au rebord du lavabo à se dresser correctement sur ses jambes mais il a la singulière et très désagréable impression qu’il a du coton à la place de ses muscles. Jusqu’à ce que finalement il finisse par tirer à lui l’unique tabouret de la pièce pour se poser dessus, c’était quand même plus confortable d’un rebord de baignoire.

C’était bien beau tout ça, mais s’il était pas capable de tenir plus de trois secondes en mouvement il voyait mal comment il allait se débrouiller. Il commençait à regretter sa paranoïa qui l’avait poussé à effectuer huit transplanages de suite. Alors que peut-être trois seulement auraient suffit… Et il aurait peut être été plus en état de fonctionner après coup. C’était lui le poids mort en réalité. Il se penche en avant, en tirant sur ses abdominaux pour atteindre ses chaussures qu’il retire avec une lenteur toute circonspecte. Quand il parvient à en virer une, il regarde Hell « Et pour le sang de bourbe… On ne le tue pas. Il va nous êtres utile plus tard, ok ? » Évidemment, dire qu’un né moldu peut être utile, ça soulève des questions dans les esprits bien éduqués. « Le tuer ça nous ferait remarquer en plus. On en ferait quoi de son corps ? La dernière chose dont on a besoin c’est d’avoir les flics moldus sur le dos. Parce que tu peux être certain qu’au premier meurtre de sang de bourbe ou de moldus suspect, va y avoir au moins un ou deux Aurors pour passer vérifier si on n’est pas impliqué. » et ça, c’était pas de la paranoïa, c’était la vérité. Évidemment qu’ils allaient traquer la moindre piste, et à quoi ressemblait une piste laissée par Murdock et Lestrange ? A des cadavres de moldus, ou de nés moldus. Pour ce que ça changeait. « Alors on fait profil bas, on ne tue personne et comme ça on évite de se refaire épingler. » Il se penche pour retirer sa deuxième pompe, tout en concluant : « On aura pas de deuxième chance. » Une fois la chose faite il se redresse, la respiration déjà courte, comme si ce simple effort l’avait déjà fatigué. « Donc on le garde. T’as qu’à te dire que c’est un prisonnier et pas un animal si ça t’arrange. On ne l’abîme pas. On n’est pas obligé de lui parler. Il reste dans le bureau, on le nourrit deux fois par jour et puis basta. Je m’en occuperais, t’en fait pas. » Il avait eu des gosses, un semi moldu adulte, ça devait  pas être différent. « On le garde sous silencio, comme ça on n’aura pas à l’entendre. » Il passe une main sur son avant bras gauche, par réflexe. « La question est donc réglée. » Pas de débat.

Il regarde la baignoire, regarde Hell : « Ça…  » Vous pouvez très bien vous enfuir avec quelqu’un, avoir passé une semaine en cellule avec cette personne, vous faire casser la tronche par cette même personne, lui sauver la vie, vous faire sauver la votre, passer de ville en ville pour finalement débarquer dans l’appartement d’un inconnu mais toujours, toujours ce sera difficile de demander de l’aide. Alors il y avait deux solutions — soit il se faisait aider, soit il tentait de se débrouiller tout seul et allait très certainement mettre quatre heures à sortir de la salle de bain, et sans doute pas en un seul morceau. Risquer de tomber sur du carrelage n’était pas le bon plan vu l’absence de graisse sur ses os et articulations ; c’est à ce petit jeu là qu’on se casse quelque chose. « Ça te dérangerait d’me donner juste un p’tit coup de main ? Pour virer ça ? » Il tire sur son uniforme. Il est littéralement collé à sa peau à cause de la pluie, de la sueur. Alors qu’il est bien trop large pour lui. Il fait un geste du bras, le portant à hauteur d’épaule, comme pour montrer qu’il ne pouvait pas aller plus haut « Je crois que j’ai vu trop gros question transplanage. » il fait pour se justifier. « Si tu trouves une paire de ciseaux tu pourras… découper tout ça. Ce sera plus simple. » Il regarde la baguette dans le lavabo « Et pour l’amour de Merlin, mets cette baguette ailleurs… manquerait plus qu’elle disparaisse et on serait bien. » On était bien.
Personne ne nous a suivi.
La baguette volée est de trop, on peut pister les baguettes, j’en suis certain. Et si on ne peut pas, ils trouveront un moyen. On doit se débarasser des baguettes. À Cardiff, je brise celle que j’ai prise, je la jette dans un petit cours d’eau. Je tends ma main dorénavant libre vers celle de Hell. Mais si je lui prends sa baguette maintenant… on va nécessairement savoir qu’on fait route ensemble. Ce que je préfère éviter. Je secoue la tête en rebaissant la main. Une autre ville alors. C’est à Edinbourg que je resserre encore plus mon étreinte sur son poignet. « Ta ba-baguette, jette là. Jette là maintenant. » Elle obtempère. Je ne réfléchis pas. Un nouvel arrêt à Sheffield. Puis enfin, là vers où on se dirige depuis le début. Manchester. Personne ne nous a suivi.
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HUNTED • running man
Hell H. Murdock
Hell H. Murdock
‹ inscription : 08/10/2016
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‹ liens utiles :
‹ âge : 29 ans.
‹ occupation : ex-mangemort fanatique, qui travaillait principalement comme infiltrée et espionne pour le magister ; actuellement en cavale.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1985 à 1992.
‹ baguette : Ma baguette m'a été prise par le gouvernement lors de mon incarcération. (25,5 cm, bois d'Acajou, cheveu de Vélane, très rigide) J'utilise actuellement une baguette volée, apparemment taillée en bois de Houx, contenant sûrement un crin de Licorne, moyennement grande, semi-rigide.
‹ gallions (ʛ) : 3065
‹ réputation : On dit que je porte bien le surnom qui m'a été accordé pendant les deux mois de guerre "the butcher" ; qu'il est terrifiant de me savoir en liberté. On dit au contraire de Kenny qu'il est très charmant et serviable, tout d'un gendre idéal, si ce n'est qu'il récure les toilettes du Ministère.
‹ particularité : Je suis métamorphomage. Je suis tout le monde et personne à la fois. Je vis actuellement sous l'identité de Kenny, un sang-mêlé rencontré dans une vie lointaine, dont j'emprunte habituellement l'apparence qu'en de rares occasions. Aujourd'hui, je revêts son visage quotidiennement, tentant de l'introduire à la communauté sorcière, tentant de me venger par son biais.
‹ faits : Le Seigneur était tout ce que j'avais dans ma vie, que je donnais mon temps, ma passion et ma santé pour le servir. Je me suis échappée lors de mon transfert vers Azkaban aux côtés de Rabastan Lestrange, où je devais recevoir le baiser du Détraqueur. Je bouillonne, je prépare ma vengeance. Je n'ai aucun scrupule à donner la mort, et je le fais même avec plaisir.
‹ résidence : Je vis dans l'appartement d'un sang-de-bourbe à Manchester, en compagnie de Rabastan Lestrange.
‹ patronus : Inexistant
‹ épouvantard : La chute du Seigneur, la fin de l'empire pour lequel j'ai oeuvré pendant des années. Je vis mon pire cauchemar.
‹ risèd : Habituellement mon crush de jeunesse. En ce moment, peut-être me montrerait-il l'espoir d'une vengeance sur ceux qui ont permis la chute de mon Maître.
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Strangehell 2 - part two
When the road looks rough ahead and you're miles and miles from your nice warm bed, you just remember what your old pal said : boy, you've got a friend in me.
Après avoir passé un mois en cellule à lambiner le sol gelé, tu n’aurais jamais cru qu’il puisse être aussi agréable de s’asseoir. Et pourtant, tu n’es pas du genre à réclamer du repos, bien au contraire. Tu as ce terrible besoin d’être constamment en mouvement. Tu n’as pas changé depuis l’âge de tes premières bêtises, toujours à courir à droite à gauche – tout simplement parce que si ton corps n’est pas en action, tu es forcée de te plonger dans tes pensées pour tromper l’ennui, et c’est loin d’être quelque chose d’agréable pour toi. Mais il faut croire que tu as épuisé tes dernières batteries en allant chercher votre petit encas. Tu es littéralement vissée au sol, tu pourrais y dormir sans problème. Ce n’est que maintenant que tu réalises que, dans la précipitation de votre évasion miraculeuse, tous tes muscles se sont contractés en de douloureux nœuds que tu sens battre contre ta peau trempée. Tu n’as jamais connu une peur si épuisante – il faut bien reconnaître qu’il en faut beaucoup pour t’effrayer, et surtout pour te vider à ce point. Tu t’es trouvée si tendue pendant ces quelques minutes à courir sous la pluie aveuglante, que tu n’es plus qu’une carcasse suppliant qu’on la délivre de ses souffrances. Tu grimaces même en resserrant un peu plus tes jambes contre ton torse plat. Bordel, tu n’as pas souvenir d’avoir eu autant envie de t’écraser sur un lit pour au moins une bonne semaine – et pourtant Merlin sait que le sommeil te met mal à l’aise : c’est la plus grande perte de temps de l’humanité, sans blague.
Mais si tu es complètement vidée, Rabastan est facilement à l’article de la mort. Tu l’observes tirer un tabouret vers lui, non sans trembler comme une feuille morte. Il s’y écrase dans un effort qui semble lui couper le souffle, alors qu’il prend une profonde inspiration, comme pour se remettre de cette tentative foireuse pour se tenir debout. Eh bien, tu ne peux toujours pas te plaindre de ton état. Ton nouveau compagnon de galère n’a même pas la force de tenir sur ses deux jambes, et ça t’arrache un sourire discret – pourquoi ? Pourquoi tu souris, là, maintenant ? Parce que ça te fait doucement marrer de voir l’ancien ministre, si pédant dans les couloirs du Ministère, galérer à se trainer d’un rebord de baignoire à un tabouret de fortune ? C’est cela, n’est-ce pas ? Certes, tu n’avais pas imaginé un jour assister à un tel spectacle, mais il est terriblement déplacé de se moquer dans une situation pareille. Tu devrais avoir honte. Sans compter que tu n’es pas totalement certaine d’arriver à te relever sans agripper le lavabo, et sans t’y prendre à plusieurs reprises. Tu ne crois pas que tu en fais déjà assez, à lancer des blagues aussi gênantes que gênées d’exister, à un homme que tu connais à peine, que tu as failli envoyer de l’autre côté du rideau, et qui vient de te sauver la vie ? Si tes parents ne te l’ont jamais dit, alors ce sera à moi de le faire : il y a des moments, dans la vie, où on ferme sa gueule.

« Et pour le sang de bourbe… On ne le tue pas. Il va nous êtres utile plus tard, ok ? » Cette fois-ci, puisque mes conseils te sont de toute évidence inutiles, tu ne caches pas ton faible rire devant l’absurdité que balance Lestrange. Tu as du mal à voir comment un sang de bourbe pourrait vous être utile. Un sang de bourbe, c’est presque comme un moldu, en mieux puisqu’il possède tout de même un peu de magie, mais en pire puisqu’il souille la race sorcière de son sang impur. Un sang de bourbe, en aucun cas, ne peut être utile, jamais, tu le sais bien. Ce sont de faux sorciers, des quasi-moldus, des erreurs de la nature qui n’auraient pas dû voir le jour. L’évolution aura bientôt fait de les faire disparaître, mais en attendant, tu t’amuses souvent à jouer le rôle de l’évolution, histoire de gagner du temps. « Parce que tu peux être certain qu’au premier meurtre de sang de bourbe ou de moldus suspect, va y avoir au moins un ou deux Aurors pour passer vérifier si on n’est pas impliqué. » Voilà, c’est pour ce genre de choses que tu n’es pas mécontente d’être tombée sur Rabastan Lestrange. Il est très loin d’être con. Il est celui qui pensera à vous protéger, il est celui qui s’assurera que tu ne tues pas le sang de bourbe du bureau, car cela pourrait vous attirer des ennuis et que, toi, jamais tu n’y aurais pensé. Du moins, pas avant d’avoir resserré tes mains autour de son cou ou pointé la baguette sur son front. Parce que tu tues, toujours, avant de penser à quoi que ce soit. Tu as toujours eu beaucoup de mal à te projeter, à envisager les conséquences de tes actes – qui aurait cru que tu te serais retrouvée devant un tribunal pour avoir tué des gens ? Les huit dernières années, passées à décimer d’innombrables inconnus, t’ont fait perdre la dimension interdite du meurtre. Certes, certes, tuer des gens attire l’attention. Certes, si on retrouve le cadavre du moldu, cela pourrait entraîner une série d’évènements extrêmement déplaisants. Certes, ok, bon, mais- « On aura pas de deuxième chance. » Tu ravales les quelques mots qui se bousculent à l’entrée de tes lèvres, en baissant les yeux dans une expression de déception enfantine. La réalité, c’est que Rabastan a entièrement raison. Vous n’aurez pas de deuxième chance. Et seul Merlin sait pourquoi vous en avez eu une première, en passant. Tu sais pertinemment pourquoi on ne te confiait jamais de missions sur le long terme : tu négliges cruellement les détails, et un mort n’est qu’un détail à tes yeux. Mais tu ne peux laisser passer cette première chance, tu t’y accrocheras avec fougue – et surtout, instinct de survie. Et même si ça te fait chier, tu es presque prête à suivre les directives de Lestrange, histoire d’être encore en vie demain. Et le jour d’après, et celui qui suit aussi. Vous n’aurez pas de deuxième chance. « Bon, comme tu voudras » avant d’ajouter tout de même, les sourcils froncés et la mine sévère « Mais je ne veux pas le voir se balader. Hors de question que je me balade dans le même appartement qu’un semi-moldu. D’ailleurs faudrait penser à assainir, à un moment ou à un autre, j’veux pas perdre ma magie, moi. » Pour une raison inconnue de tous, tu as toujours été persuadée que l’impureté des moldus pouvaient t’atteindre d’une manière ou d’une autre. Oh, il t’est bien arrivé d’attirer dans tes filets quelques moldues, mais c’est loin d’être la même affaire que de vivre dans l’appartement de l’un de ces êtres dépourvus de magie. Tu ne l’avoueras jamais à qui que ce soit, mais tu es terrifiée par un humain incapable de produire la moindre manifestation magique. Comme s’il lui manquait le nez au milieu de la figure. Tu ne comprends pas, tu ne saisis pas, et c’est la raison pour laquelle tu es terriblement mal à l’aise de vivre chez un moldu – un sang de bourbe, même chose. Car, si un jour tu venais à perdre la maîtrise de la magie, tu périrais certainement en quelques heures. Alors il vous faudra être prudents – avec un peu de chance, peut-être Rabastan sera celui qui osera t’expliquer à quel point tu t’es inventé un joli mythe.

Je ne pense pas qu’on va s’en sortir. Je ne pense pas qu’on va mourir non plus. Je ne pense pas. Je ne peux pas penser. Tout ce que ma cervelle vidée m’ordonne, c’est de suivre les yeux fermés la main qui m’entraîne un peu plus dans la forêt. Elle sait, elle, comment survivre. Du moins, elle a l’air de le savoir. Et puisque je ne pense pas, je ne me demande même pas pourquoi elle me traine avec tant d’insistance, pourquoi Lestrange ne semble pas vouloir me lâcher. Ce que je sais, c’est que je le suis, point. Et je manque de lui rentrer dedans quand il s’arrête brusquement derrière un arbre. Lorsqu’il me tire vers lui, je me colle dans un réflexe contre son torse en tremblant de terreur et d’épuisement. J’ai à peine le temps de reprendre mon souffle qu’un étau familier se resserre autour de ma poitrine. L’instant d’après, nous sommes à nouveau entourés d’arbres, mais une faible lumière devant mes yeux m’indique que nous sommes à proximité d’un parc. Il a transplané, il ne m’a pas laissé, il m’a sérieusement sauvé la peau. On est en vie, on est vivants, on est loin, on est en sécurité, on est libres. « Là qu’y vont chercher en premier. » Hein ? Mais qu- Et il transplane à nouveau. Merde, c’est pas fini. Je m’accroche avec rage à la tenue trempée de Lestrange, me laissant entraîner une fois de plus, parce que je ne suis plus à ça près. Je ne sais pas combien d’endroits nous visitons, beaucoup trop, j’ai la nausée, mais je ne desserre pas mon étreinte. Je ne décolle même pas mon visage du torse soulevé par une rapide respiration. Et j’ignore combien de minutes cela dure, j’ai perdu toute notion du temps et de l’espace. Je tiens, je tiens, je vais pas lâcher. « Ta ba-baguette, jette là. Jette là maintenant. » Ça, je lâche. Mes doigts s’écartent simplement, laissant tomber négligemment la baguette sur le sol. Je ferme les yeux, ou peut-être sont-ils fermés depuis le premier transplanage, je ne sais pas, je ne sais plus. Et quand je les ouvre, c’est pour tomber face au visage de Lestrange, qui me presse contre le sol. « derrière passe derrière derrière »

C’est étrange, ces images qui défilent devant tes yeux, ces bribes qui te reviennent déjà, si floues et si précises à la fois. Tu fermes les yeux, ou peut-être sont-ils fermés depuis que vous vous êtes évadés, tu ne sais pas, tu ne sais plus. Tout ce que tu sais, c’est que tu les sens, et si tu les sens, cela signifie que tu es encore en vie. C’est une bien meilleure façon de finir la journée qu’un baiser du détraqueur.
« Ça te dérangerait d’me donner juste un p’tit coup de main ? Pour virer ça ? » Tu soupires bruyamment, comme une adolescente chargée de trier les parchemins de la bibliothèque de l’école – punition qui t’a, un temps, été très familière. Mais au fond, cela te fait mal de voir ton compagnon d’évasion se contorsionner pour tenter vainement de retirer son triste uniforme – qui va finir le plus tôt possible aux ordures, tout comme le tien, soit dit en passant. Évidemment, que tu ne vas pas le laisser se débattre pendant des heures avec cette seconde peau dont il tente de se débarrasser. C’est en grimaçant que tu te penches pour attraper le rebord de la baignoire et te hisser sur tes jambes tremblantes. « Je crois que j’ai vu trop gros question transplanage. » Tu ricannes, moqueuse « C’est pas moi qui vais t’contredire. » Tu chancelles un peu, à peine consciente que le fait de t’être posée deux minutes est sérieusement venu à bout de ton énergie. Dormir, tu n’as plus que cela en tête. Tu t’approches un peu de la carcasse posée sur le tabouret, passant une main dans ta crinière courte. « Pas b’soin de ciseaux pour déchirer ça. » que tu frimes, éternellement, en agrippant le col du haut trempé. Tu tires un premier coup sec, t’attendant à ce que le tissu cède. Tu grognes en le sentant résister entre tes mains tremblantes. Putain, c’est pas vrai. Tes maîtresses se rappellent souvent de toi comme celle n’épargnant jamais trop leurs fringues, finissant généralement en lambeaux lorsque tu es un peu trop excitée, et qu’elles sont un peu trop habillées. Alors ce n’est pas une pauvre tenue cédée par le pauvre Ministère de pauvres tâches de sang-mêlés qui va te résister. Ah, apparemment, si. « Et pour l’amour de Merlin, mets cette baguette ailleurs… manquerait plus qu’elle disparaisse et on serait bien. » Ah, tiens, la baguette. Pourquoi t’emmerder à te traîner jusqu’à la cuisine, quand tu peux utiliser la précieuse baguette du sang de bourbe ? Tu t’en empares, sûre de toi. « Diffindo » Et une ligne droite se dessine sur le tissu gris, qui ne tarde pas à s’ouvrir pour révéler le torse de Rabastan. Certes, ta flemmardise aurait pu le blesser, mais tu peux te vanter de plus ou moins maîtriser le sort de diffindo – pour des raisons professionnelles, principalement. Tu tires un peu sur les pans de tissu pour les dégager, et finalement les laisser tomber au sol. Tu dois avouer que tu te retrouves rarement, dans un contexte privé, face à des hommes torses nus. Alors, tu laisses traîner une seconde ou deux ton regard sur la peau terriblement marquée de Lestrange. Tu n’es visiblement pas la seule à lui avoir foutu une raclée. Tu ne peux t’empêcher de remarquer les quelques cicatrices qui trainent sur ses côtes affreusement visible. Tes yeux descendent un peu, jusqu’aux lignes blanches très clairement dessinées sur ses poignets, ce qui te vaut un bref haussement de sourcils. Tu t’en fous, ça te regarde pas, même si tu ne peux cacher ta surprise. Toujours dans cet infime laps de temps, tes pupilles remontent jusqu’à atterrir sur l’unique cicatrice que vous pouvez bien avoir en commun – du moins, à ta connaissance. Et ton cœur se serre, face à la marque presque éteinte sur l’avant bras de ton nouveau colocataire. La tienne, entre tes seins, t’a brûlée si fort, si fort, au début. Désormais, elle meurt doucement, comme meurt celle de Rabastan. C’est pas le moment d’y penser, c’est pas le moment d’y penser. Et comme tu as consciente que ton regard a traîné un peu trop longtemps sur sa peau nue, tu bafouilles en agitant les mains « Euh, viens, j’vais t’aider à grimper », parce que tu n’as rien trouvé de mieux à dire. Sans trop lui demander son avis, tu passes son bras autour de ta nuque et le soulève en tremblant de tous tes membres. Même squelettique, au vu de sa taille, il reste plus lourd que toi, et tu es loin d’être en état de pouvoir tenir très longtemps. Pourtant tu ne flanches pas, agrippant fermement ses côtes d’une main, son bras de l’autre. Tu l’observes passer une jambe, puis une autre, dans la baignoire, et tu accompagnes doucement sa descente, jusqu’à ce qu’il soit bien assis. Tu le lâches enfin, reprenant ton souffle – putain, vivement que tu retrouves ta force réelle, la force de The Butcher. « Bon, on va dire que tu te démerdes pour le pantalon, hein. » balances-tu en déposant la baguette sur le tabouret. « C’est cadeau. » parce que tu ne vas pas te trimballer partout la baguette d’un sang de bourbe, tu l’as déjà assez utilisée comme ça. Tu quittes la salle de bain en te tenant au mur, à la recherche d’un point d’atterrissage, déambulant dans l’entrée en balayant les lieux de ton regard toujours un peu. Et l’instant d’après tu te jettes sur le premier canapé que tu aperçois, trop heureuse de pouvoir à nouveau te poser, avant de passer à ton tour à la douche. T’espères que Rab aura pas besoin de toi pour se rel-


Tu n’aimes pas dormir les volets ouverts, pour la simple et bonne raison que tu détestes être réveillée par la lumière du jour. Tu as l’impression de te faire dérober ton réveil. Tu grognes en te retournant dans ton lit, à la recherche d’un bout de couverture pour te cacher le visage et retourner dans la confortable obscurité du sommeil. Tu tâtonnes, longtemps, un peu trop. Mal réveillée, tu lèves légèrement la tête à la recherche de cette foutue couette qui a encore dû rouler au pied du lit. Et puis, tout te revient. Non, Hell, tu n’es pas dans ton lit, en effet. Tu te redresses, les muscles affreusement endoloris, te frottant les yeux d’une main sale aux ongles encore crasseux. Tu remontes doucement le fil des évènements en te prenant la tête entre les mains. Lestrange, l’appartement du sang de bourbe, les transplanages, l’évasion, le magicobus, la prison, le procès, encore la prison, Pré-au-Lard et. « NON. » Il était bien plus simple de nier la réalité quand tu en étais au dehors, quand tu vivais dans trois mètres carré derrière des barreaux, lorsque tu étais totalement hors du monde et de ce que tu vivais. C’était si simple, de ne pas réaliser que tout allait changer désormais, puisque tout était déjà différent. Mais il est si douloureux de se rendre compte que jamais, jamais, rien ne sera comme avant. Tu as tout perdu, tu n’as plus rien, tu n’as plus personne. Tu ne L’as plus. Il est mort, tu crois qu’Il est réellement mort. Tu crois qu’Il ne reviendra plus jamais. Ce n’est pas impossible, comme tu te le répétais tant de fois en prison. Non, c’est plus que possible, c’est réel. C’est réel, Hell, et je suis tellement désolée pour toi, pauvre petite chose utilisée, pauvre petite chose brisée.
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