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sujet; (Juil 1993) LUNE 2 • Under pressure |
| Cornelius Fudge & Ludovic Bagman 'Cause love's such an old-fashioned word And love dares you to care for The people on the edge of the night And love dares you to change our way of Caring about ourselves This is our last dance This is ourselves Under pressure 12 juillet 1993, 21h + Christianne avait du partir en urgence « Désolé, chéri. Au revoir chéri. » C’était assez courant, lorsque ce n’était pas lui qui devait passer la nuit dehors en raison de telle ou telle crise, c’était elle qui devait partir à l’étranger pour une quelconque raison — ça ne le dérangeait pas plus que ça, il préférait avoir affaire à Christianne de jour et en dehors de leur chambre plutôt que la nuit et dans leur lit. Il avait en outre passé une très longue partie de la journée avec elle, à boire du champagne et à sourire alors quand elle lui adresse une moue désolée, il l’embrasse sur la joue, pour la rassurer : « Je t’en prie chérie, je sais ce que c’est. » Elle met une petite veste sur son dos et attrape son petit sac de voyage, toujours prêt pour la moindre urgence « Je serais sans doute de retour dans trois jours… sans doute pas avant. Tu prends soin de toi. » « Mais oui. » Sur le pas de la porte, elle le regarde une dernière fois « Et encore félicitations, love. » Ah ben tout de même. Il lui sourit : « File donc. » et quelques instants plus tard elle a disparu dehors, pour très probablement transplaner depuis le jardin. Il est bientôt vingt et une heure, et Cornelius n’est pas vraiment habitué à rentrer aussi tôt ; il n’a pas vraiment sommeil non plus. Il traîne, seul, dans le salon vide. Avant il y avait ses enfants mais ils sont tous grands et on clairement autre chose à faire que de venir passer le mois de juillet chez leurs parents. Cornelius pouvait comprendre, pour avoir fait la même chose, il n’empêche qu’il aurait peut-être bien aimé… Bon, pour une fois qu’il avait du temps pour se détendre vraiment il pouvait en profiter. Il tire un livre d’une des étagères qui tapissaient le mur et s’asseoit dans un siège pour commencer à le lire. Quand l’horloge sonne l’heure, il a fini le premier chapitre mais n’arrive pas à s’intéresser suffisamment au sujet pour complètement se détendre.
Il avait répondu à Christianne que tout allait bien, mais en réalité il ne s’était pas imaginé seul pour cette soirée. Il referme son livre et lance un regard à la petite boîte posée sur la table du salon dans laquelle était posé son nouvellement acquis Ordre de Merlin Première Classe… Comme à chaque fois qu’il venait d’atteindre quelque chose d’aussi important, il se sentait presque fébrile. Lorsqu’il pouvait occuper son esprit à une conversation quelconque, il ressentait bien moins fort cette sensation d’excitation mais seul… c’était certain qu’il ne dormirait pas de la nuit et son attention n’était pas assez élevée pour qu’il puisse songer à travailler. Ce qu’il lui fallait c’était une distraction, et comme Christianne et les enfants n’étaient pas là… la seule distraction qu’il pouvait avoir c’était, eh bien, Ludo. Cornelius n’était pas aveugle, il simulait par contre à la perfection la cécité. Alors bien sûr qu’il avait remarqué pendant la réception post-cérémonie que Ludovic le scrutait avec ses grands yeux bleus, la main sur ce qui devait être sa dixième coupe de champagne (lorsqu’il pouvait boire à l’œil, il ne se dérangeait jamais). Cornelius lui avait très rapidement serré la main avec un petit sourire, sans plus — il n’avait pas que ça à faire, et puis avec Christianne suspendue à son bras c’était difficile de faire autrement. Il n’avait aucune raison de s’étendre en grandes discussions avec son Directeur des Jeux et des Sports, surtout que Ludo n’était pas vraiment connu pour l’intérêt de ses apports en matière de discussion politique. Il avait semblé à Fudge que sa femme avait plus parlé à l’ancien joueur de Quidditch que lui-même. Sur la relation amicale que Ludovic se plaisait à entretenir avec la femme de son amant d’ailleurs, Cornelius ne parvenait pas à avoir un avis tranché, il avait l’impression qu’il s’agissait à moitié d’une lame de Damoclès qui tanguait au dessus de sa nuque… Ludovic n’avait jamais fait d’impair, mais Christianne n’était pas une imbécile et un jour, peut-être, lorsqu’il sera à sa trentième flûte de Veuve Clicquot, il laissera échapper quelque chose. Bref, il préférait garder un œil là-dessus sans jamais oser mettre la moindre hola. Typique de sa petite personne. Typique de Ludovic aussi, il fallait toujours le surveiller. Il avait peut-être même besoin qu’on le surveille, là, de suite, maintenant. Qui sait ? De toute manière, Cornelius ne voulait pas rester seul. Alors…
Même sans transplanage, Bagman n’habitait pas très loin de chez lui, tout les deux vivaient dans les beaux quartiers de Londres, à la différence que Cornelius et Christianne avaient investi dans une maison et Ludo, dans un appartement. Investi avec quoi ? Telle était la question que ne cessait de se poser Cornelius ; il lui avait toujours semblé que Bagman claquait tout son salaire en fringues, en vin, en jeu mais certainement pas en investissement immobilier. Mais toute mauvaise langue qu’il soit, il fallait bien se rendre à l’évidence que Bagman n’était pas à la rue et possédait même plutôt un foyer assez sympathique. Cornelius avait passé suffisamment de nuit chez lui pour le savoir. Devant sa porte, il toque trois coups. Et regarde sa montre, juste pour voir combien de secondes son amant met pour venir lui ouvrir. Puis finalement, quand la porte s’ouvre sur le visage de Bagman, Cornelius se glisse rapidement à l’intérieur et retire sa veste pour la poser sur la patère, une habitude qu’il a eu le temps de prendre. « Christianne a du filer à l’étranger, du coup j’étais seul pour la soirée. » Il a son petit sourire bienveillant, le genre papa qui fait une surprise à son gamin « Je me suis dis que je passerai. On n’a pas eu le temps de beaucoup parler aujourd’hui, n’est ce pas ? » Puis il passe sa main sur le bras de Ludo, rapidement : « Ça va ? Tu ne t’es tout de même pas vexé parce que je ne t’ai pas accordé tout mon temps cet après-midi ? Regarde, je suis venu finalement. » Et pas uniquement parce que je n’avais rien d’autre à faire. |
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| Cornelius Fudge & Ludovic Bagman Comme d'habitude, toute la journée, je vais jouer à faire semblant. Cela fait maintenant un peu plus de dix ans que Cornelius a craqué. Dix ans que Ludo, sans comprendre comment, s’est retrouvé dans une relation avec un homme marié. Au début, il s’était bien moqué de la présence de Christianne qui, d’ailleurs, est fort charmante. Cornelius Fudge n’était qu’un fan parmi d’autres. Un homosexuel refoulé, que Ludo a adoré pervertir, salir et corrompre. Ludo aime raconter aux gens qu’il cumule les conquêtes, qu’il se passionne pour un rien et qu’il a connu mille histoires. Parfois, il raconte si bien ces affabulations qu’il finit même par y croire lui-même. Un fan parmi tant d’autres, s’est-il donc répété, des années, alors qu’il s’enfonçait toujours plus profondément dans ce rapport de plus en plus important pour lui. Dix ans, maintenant, qu’il le suivait, le harcelait, l’aimait à s’en décrocher le coeur. Cornelius qui, d’abord, n’avait été à ses yeux qu’un petit gratte-papier un peu fade mais à la timidité charmante, se paraît de plus en plus de pouvoir et de prestance. Dans le même temps, Ludo vieillissait, s’empâtait, s’installait dans sa glorieuse retraite, et végétait dans son Département des Jeux et Sports comme dans un terrain de jeu. Ainsi, à leurs débuts, Ludovic Bagman était bien plus connu que Cornelius Fudge. On l’arrêtait dans la rue pour lui demander des autographes. On hurlait parfois son nom. Il était invité à toutes les fêtes. Lui. Le champion du monde. Le sourire rayonnant, la chevelure blonde, les muscles saillants qui ont fondus pendant que Cornelius, lui, monte tranquillement les échelons. En ce jour du 12 Juillet 1993, son amant le Ministère de la Magie vient de recevoir l’Ordre de Merlin. Et Ludo est diablement fier. Il est fasciné par cet homme, aujourd’hui, et a du se retenir de trop le fixer durant toute la cérémonie, essayant de disperser son attention entre le buffet, le champagne et les invités. Ses yeux, pourtant, finissaient toujours par revenir vers la figure de l’homme adoré, dont la fierté lui fait lui-même gonfler la poitrine.
Et à côté de son homme, à son bras accroché, réside Christianne. Cette femme si droite, sévère, adulte. Il l’a respectée, au début, avant d’en arriver à une jalousie sombre et une colère sourde. Il prend un malin plaisir à l’approcher, la séduire et lui parler comme si elle a toujours été sa meilleure amie. Il l’insulte cependant intérieurement à chaque occasion. Pauvre femme aveugle. Incapable de voir que son mari la trompe depuis dix ans avec un homme. Ne peut-elle pas voir qu’il n’a jamais aimé ses courbes ? Lui, lui-même, Ludovic Bagman, n’a eu besoin que de quelques minutes pour le comprendre, alors qu’elle lui a fait trois enfants ? (Cet état de fait le fait toujours cruellement enrager.) Elle n’a rien de Cornelius, se répète souvent l’ancien champion, aucun amour, aucun désir, et pourtant elle se retrouve à être celle qui reste avec lui. Et autant Ludo est le seul à connaître Cornelius véritablement amoureux, autant elle est la seule à le soutenir au quotidien. Et cela, Ludo ne le supporte pas. Il veut tout, comme l’être avide qu’il restera toujours, il veut tout posséder de celui qui l’aime, avec une propension souvent effrayante. Il ne décolère jamais de cette éternelle frustration et, déjà, il siffle le mot de divorce dès qu’il peut aux oreilles de son amant. Il ne veut pas forcément que tout le monde sache, il se doute bien qu’il n’aura jamais la place de Christianne, que cela ne se fait pas… mais il voudrait juste que, au moins, personne d’autre n’y soit.
Ainsi, bien entendu, la cérémonie terminée, c’est avec elle que Cornelius rentre. Et pendant ce temps, c’est tout seul que Ludo fait le chemin jusqu’à chez lui. Oh. Il aurait bien pu rentrer avec quelqu’un. Il se demande même souvent comment Cornelius réagirait si, lui aussi, avait quelqu’un d’autre à ses côtés. Malheureusement pour lui, Bagman est bien incapable de penser à qui que ce soit d’autre. Alors il rentre seul, s’accroche à son sourire, passe la porte et ouvre le buffet, sortant rapidement les bouteilles qui seront ses seules compagnes ce soir-là.
Quelqu’un toque. Ludo se dresse aussitôt, affreusement habitué au son caractéristique des doigts du Ministre. Il inspire, jette un regard à son salon, recouvert de bouffe en tout genre, une bouteille à moitié pleine, deux vides, un verre, la radio qui crache encore et encore plus de nouvelles de Quidditch. Il se saisit des bouteilles vides, les jette dans la cuisine. Bien entendu, il n’est pas saoul. Il n’est jamais saoul. Par contre, il prend le temps de passer devant le miroir et recoiffer rapidement ses cheveux blonds. Il inspire profondément, agite un peu la tête pour s’éclaircir les idées, et ouvre la porte avec un large sourire. Bien entendu, c’est lui. « Cornelius ! » s’exclame-t-il, encore loin du Chouchou tendre qu’il lui murmurera d’ici quelques années. « Christianne a du filer à l’étranger, du coup j’étais seul pour la soirée. » Ludo lève aussitôt les yeux au ciel, sidéré qu’elle puisse l’abandonner le soir de son grand triomphe. Lui, se dit-il, ne ferait jamais cela. Même rongé par la jalousie, il sera toujours heureux des accomplissements de ceux qu’il aime. « Je me suis dis que je passerai. On n’a pas eu le temps de beaucoup parler aujourd’hui, n’est ce pas ? » Non, effectivement, et aussitôt ses yeux brillent de sentir sa main sur son bras, alors qu’il se penche pour l’embrasser. Il va pour l’attraper par la taille mais, bien entendu, le Ministre doit encore parler. « Ça va ? Tu ne t’es tout de même pas vexé parce que je ne t’ai pas accordé tout mon temps cet après-midi ? Regarde, je suis venu finalement. » Hein ? Heu ? Quoi ? Ludo papillonne un peu des yeux, interloqué. Il bafouille un peu, rougissant peut-être encore un peu, avant de se dégager de sa proximité pour s’éloigner vers le salon. Il veut vraiment commencer par ça ? « Moi ? Vexé ? Et puis quoi encore ? C’est normal, après tout, que tu passes la soirée avec ta femme, même si elle ne prend même pas la peine de passer la soirée avec toi et qu’on se demande bien ce qu’elle fait aussi souvent aussi loin de toi. Pas que ça me dérange hein ! » Il prend enfin une respiration, parce qu’il est bien trop honnête pour juste simuler la joie, concernant ce sujet. Il s’éloigne déjà de Cornelius, attrape un gâteau, l’enfourne dans sa bouche, pour se donner une contenance en cherchant désespérément à changer de sujet. « Mais viens plutôt ! Je te cherche un verre ? Installe-toi ! Et dis-moi plutôt ce que ça fait d’avoir enfin l’Ordre de Merlin ? Tu l’as ramenée, dis ? Je peux la voir ? » Puis il rayonne soudain de malice, et ses yeux brillent d’espièglerie. « Je peux l’essayer ? » |
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