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sujet; (7 MARS 2003) BACCO • Got no time to for spreadin' roots, the time has come to be gone. |
| Bacchus Murdock Leaves are falling all around, It's time I was on my way. Thanks to you, I'm much obliged for such a pleasant stay. But now it's time for me to go. The autumn moon lights my way. For now I smell the rain, and with it pain, and it's headed my way. Sometimes I grow so tired, but I know I've got one thing I got to do...
Coco se tient à la porte de la chambre d'hôtel, souriante, charmante, ronronnante contre son client qui lui glisse sa paye dans la poche de sa veste tout en lui mordillant le cou. Elle rigole doucement, le taquine, lui roucoule quelques mots et un « Bonne soirée à vous et à bientôt. », elle lui assure qu'elle n'a pas besoin d'être ramenée, que l'agence s'occupe de tout, et qu'il n'hésite surtout pas à réutiliser leurs services. Suivie par sa chevelure blonde bouclée et éclatante, elle finit enfin par passer la porte et la fermer derrière elle, la laissant seule, petite call-girl en fin de soirée, dans le couloir de l'hôtel de luxe. Coco retient l'instinct premier qui lui vient de s'écrouler sur place et de pleurer à chaudes larmes. Ce n'est ni l'endroit, ni le moment, de se laisser aller. Après avoir fait quelques pas loin des oreilles et de la vue de la chambre qu'elle vient de quitter, elle finit cependant par s'adosser à un coin d'un couloir. Elle respire, profondément, ferme les yeux un instant, essaye de faire le bilan des multiples sensations qui la parcourent. Tout d'abord, elle a mal, elle a mal aux cuisses, aux fesses, au sexe, aux seins, elle a mal aux poignets, dans la chute de ses reins, elle a mal au cou, elle a le maquillage qui colle et elle a terriblement besoin d'une douche. Sa gorge et ses yeux hurlent de ce qu'ils ont du voir et subir. Elle a la langue encore pâteuse, le cerveau embrumé, et elle essaye de se souvenir approximativement de ce qu'ils lui ont fait prendre cette nuit. L'alcool et l'Orviétan sont assez clairs dans son esprit, mais elle n'a pas encore appris à reconnaître toutes les substances traînant dans les milieux de l’Élite anglaise. Elle farfouille dans son sac et vide la bouteille d'eau qu'elle emmène toujours au cas où. Elle ne s'en sent pas encore véritablement lavée, mais au moins elle a moins cet horrible goût dans la bouche. Elle respire, intensément, garde les yeux fermés, fais comme d'habitude et en appelle à tous ses bons souvenirs, tous ses bons clients, la couleur de l'eau alors qu'elle boit son mojito en riant sur une plage de la Côté d'Azur, le son des cloches de Notre-Dame, ses talons qui résonnent sur le parquet de la Maison de la Douceur, alors qu'elle danse avec un prince oriental qu'elle devra satisfaire plus tard. Le goût du pain au chocolat de la boulangerie d'en face. L'odeur du parfum de la Mama. La douceur des bras d'Idris. Il y a des soirs plus compliqués que d'autres pour Coco, certains où les clients ont des tatouages auxquels il ne faut pas toucher et à qui il ne faut jamais poser de questions. La bouteille terminée, sa respiration calmée et en commençant à visualiser le bain chaud qu'elle prendra en rentrant chez elle, elle reprend enfin son délicieux sourire professionnel, et se remet en marche. Elle connaît bien cet hôtel, elle l'aime bien aussi, et elle sourit joyeusement à un des serveurs sur le chemin. « Hey Steve, how are you ? - Good and you ? Work ? - Yeah yeah, work. » Ils se dépassent l'un l'autre et elle lui répond en marchant à reculons, chassant le concept de travail bien loin, et il répond d'un pouce encourageant, dans un mélange de soutien, de félicitation et d'appréciation. Un autre soir, elle aurait peut-être fait un bisou quelque part à ce joli et gentil serveur. Un autre soir. Plus tard, elle explique à une dame dans l’ascenseur comment aller jusqu'au restaurant de l'immeuble et quels serveurs sont les plus gentils. Elle ramasse la poupée d'une gamine qui passe, sous le regard un peu hésitant de la mère qui doit la trouver trop délicate pour être une prostituée... mais en même, avec ce décolleté... Finalement, elle arrive à la salle de réception, qu'elle doit traverser pour pouvoir sortir. Et c'est à la vue de cette porte d'entrée au loin qu'elle réalise à quel point elle a juste envie d'être dehors, loin, très loin, et elle se retient de courir à toutes jambes. Et puis, la vérité étant ce qu'elle est, elle ne sait même pas comment elle va rentrer. Elle n'a prévenu personne de l'agence. Elle sait rentrer à pied, mais même elle réalise que cela serait trop dangereux. Elle devra subir le Magicobus. Elle aime bien le Magicobus d'habitude, les passagers sont souvent rigolos et différents, bien différents de ses clients. Mais ce soir, elle voudrait juste avoir son permis... Courageuse, souriante, gracieuse, elle traverse la foule de la réception. Elle y était elle-même quelques temps auparavant, avant que son client ne la guide on ne peut moins subtilement dans les étages de l'hôtel. Mais à présent la fête lui semble bien étrangère, elle a du mal à reconnaître les visages, et elle doit forcer de plus en plus son sourire pour être vraiment adorable. C'est alors qu'elle salue de la main quelqu'un qu'il lui semble connaître qu'elle se cogne au poteau et s'évanouit. Elle reprend conscience, sûrement quelques secondes plus tard, et elle réalise que le poteau n'était pas un poteau, que c'était Bacchus, et que visiblement il l'a rattrapée. Bacchus, elle s'en souvient de Bacchus, elle se souvient du prénom mais a du mal à repositionner les circonstances. Elle papillonne un peu des yeux, cherchant à se reconnecter à la réalité. Oh oui, Bacchus, celui qui a été payé par le mangemort homosexuel, qui était puceau, et qui était bien mignon passé les premières minutes à s'emmêler dans ses propres pinceaux. Elle sourit bêtement et elle ne sait pas trop si c'est la fatigue, la drogue, l'alcool ou juste sa spontanéité habituelle, mais elle lui murmure doucement : « Hello Baba. » Et le pire, c'est qu'elle a l'air fière de son surnom, l'imbécile.
Dernière édition par Coco Ladouceur le Ven 24 Fév 2017 - 16:37, édité 2 fois |
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« Eh, la planète Terre à Murdock, ferme la bouche, tu vas gober une fée » Une tape sous le menton qui te fait claquer des mâchoires. Un geste brusque pour chasser de ton champ de vision ton collègue comme une mouche. T’espères naïvement qu’il pense que tu matais la dame avec une robe verte, et certainement pas Rookwood qui rodait pensivement non loin d’elle. L’espoir fait vivre, n’est-ce pas ? Tu aperçois alors mam’zelle Coco dans la foule, juste avant qu’elle ne s’éclipse au bras d’un client, parce que c’était forcément un client, comme tu avais pu l’être aussi. Les autres rafleurs qui étaient au même poste que toi fantasmaient suffisamment sur elle à haute voix pour que tu n’aies pas à t’inquiéter pour elle. Elle était professionnelle et savait ce qu’elle faisait. De même, tu te gardais bien de leur confier que t’y avais eu le droit, toi, à une nuit avec la demoiselle –soit près d’un mois de salaire- quand bien même, les premiers incidents passés, cette soirée avait pris des tournures de leçons et de cas pratiques.
Tu te hisses un peu sur tes courtes jambes, la suivant distraitement des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Tu cherchais pas spécialement à attirer son attention. Si pour mam’zelle Coco, tu n’avais été qu’un énième client assez maladroit de plus, chez toi, son nom évoquait, non sans une certaine tendresse, une première fois qui ne s’oubliait pas. Parce que tu t’étais tourné au ridicule, avec ta brusquerie presque animale et tes mains de mauvaises manières. Et aussi parce que c’était quand même ton propre patron qui t’avait offert cette première fois (à défaut de s’offrir lui-même pour une autre sorte de première fois – le désespoir fait vivre). Parce que mam’zelle Coco était tout ce que tu pouvais espérer attendre d’une femme, naturelle et jolie, utilisant les mots avec parcimonie, te prenant pas de haut tout en partageant ton esprit simple. Et puis aussi parce qu’on oublie pas ce brin d’herbe folle de fille, avec ses cheveux si longs que quand elle tourne la tête, ça te fouette le visage, et si clairs que ça faisait un peu briller la paume des mains quand on passait les doigts dedans, comme les boutons d’or sous le menton. Elle avait le visage d’une gamine, même si c’était bien en femme qu’elle s’offrait. Ainsi, Coco, c’était aussi des petits seins durs comme des poires, des cuisses qu’on ouvrait avec le même plaisir que le premier abricot de la saison. Un panier de fruits posé au milieu d’une orgie.
T’étais pas du genre à lui faire la morale. D’autant plus que sous certains aspects, ton métier à toi pouvait paraître encore plus immoral que le sien. Tu y retournes d’ailleurs, réajustant le col de ta veste, embrassant la salle du regard comme on arracherait la bouche de l’autre. On vous reconnaît, à tourner en rond comme des vautours, avec vos vêtements sombres, en cuir râpeux, et vos grosses godasses que vous aviez dû décrotter pendant un quart d’heure avant de vous voir autorisés à entrer – un comble. D’ailleurs, dans les premières secondes, on s’était pas mal retourné sur vos allures et certaines de vos plastiques, les narines retroussées ou les joues un peu rosées par la boisson. Mais apparemment, tout le monde n’avait pas remarqué votre encombrante présence. Si Coco s’était littéralement assommée en te rentrant dedans, toi, tu l’avais à peine sentie, comme un coup de coude donné par mégarde. Heureusement pour elle, quelques petits cris de stupeur s’étaient échappés de lèvres maquillées face à l’incident, et tu t’étais retourné à temps pour attraper son poignet et, avant de le lui briser –comme quoi, tu savais être galant, même si, quelques années plutôt, le petit Nott n’avait pas eu le droit à tant d’égards, disons qu’il lui manquait une paire de jolies fesses-, tu passes un bras autour de sa taille pour lui éviter une mauvaise chute. On aurait presque dit un pas de tango, si elle n’était pas si pâle et si tu étais rasé de plus près.
Tu manques toutefois de la laisser filer pour de bon, alors qu’en reprenant conscience, elle se redresse, dévoilant par inadvertance un morceau de sein à croquer. Tu vires au rouge fluo, réajustes sa bretelle du bout des doigts et la hisses de nouveau sur ses gambettes de gazelle, sans pour autant la lâcher complètement. « Moi c’est pas Baba : Ba-cchus » que tu articules, persuadé qu’elle n’avait pas fait exprès, malgré son sourire mutin.
Entre temps, les invités avaient repris leurs discussions ; après tout, une fois rhabillée, on n’en avait que faire de la petite prostituée aux mangemorts. Tu conduis donc l’imprudente jusqu’à un pot de plantes géant –faute de chaises libres- au bord duquel tu la hisses comme on rangerait un bouquin dans une étagère –soit, le genre de truc que tu faisais pas souvent. « Et bah alors, on r’garde pas où on met les pieds ? » t’attrapes un flûte de champagne au passage d’un serveur, fais la grimace en constatant que –quelle surprise !- elle contient de l’alcool, la vides dans le terreau de la plante et la reremplis d’eau pleine de glaçons qui éclaboussent, avant de la lui coller entre les pattes. « Ils vous ont filé quoi, ces enfoirés ? » demandes-tu en mimant d’un geste de la main vers la bouche.
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| Bacchus Murdock Leaves are falling all around, It's time I was on my way. Thanks to you, I'm much obliged for such a pleasant stay. But now it's time for me to go. The autumn moon lights my way. For now I smell the rain, and with it pain, and it's headed my way. Sometimes I grow so tired, but I know I've got one thing I got to do...
Coco essaye de se souvenir d'où est le dessus du dessous de la vie lorsque Bacchus replace une de ses bretelles, ce qui fait lâcher un « Oh. » lorsqu'elle réalise que, en effet, elle n'avait pas été très correcte. La matronne lui a pourtant bien répété hein, qu'il ne faut pas trop dévoiler la marchandise, sinon il n'y a plus rien à vendre. Mais Coco est parfois un peu tête en l'air, quand elle est fatiguée, et qu'elle a mal, et que bon elle est avec Bacchus. Elle a aussi un petit « Oooh. » tout amusé lorsqu'il la porte plus qu'il ne la guide jusqu'à un pot de fleurs où s'asseoir. Encore un peu abasourdie, elle le regarde faire son manège avec les verres, suivant de ses grands yeux bleus sans trop comprendre l'action et puis, boum, il y a un verre entre ses doigts. Elle zone dessus un peu, et dit : « Not good glass for water. » Parce que la Mama lui a dit mille fois de ne pas mettre de l'eau dans ta coupe, Coco, c'est très vulgaire. Alors ça la fait rire, un peu, que Bacchus fasse la bêtise. Elle se demande qui le grondera, comme elle a été grondée par la Mama.
L'eau fraiche fait son chemin le long de son œsophage et lui fait du bien, vraiment du bien. Cela lui arrache un autre sourire, encore un peu absent et défoncé, mais déjà plus réel. Et elle regarde enfin Bacchus dans les yeux, avec cette petite joie malicieuse qui la caractérise. « I not know, not worry, Coco good. » Et elle lève le pouce en riant, la petite imbécile qui ne sait pas aligner trois mots d'anglais. Mais c'est pas grave, parce qu'avec Bacchus, ils se comprennent sans avoir besoin de longues phrases. Parce qu'il est aussi bête qu'elle, et aussi impulsif qu'elle, mais tellement, tellement plus maladroit. Elle trouve ça drôle. « Why Baba here ? You protect ? You big bad man ? » Elle bombe le torse et bouge les bras comme un robot, dans une réplique assez simpliste du travail d'armoire à glace officielle du gouvernement. Elle sait que Bacchus est censé faire peur, qu'il est large et fort et qu'il a tué des gens, mais quand on a dépucelé un homme on ne peut pas s'empêcher de voir l'autre comme une petite créature fragile que l'on peut taquiner sans problème.
Alors, après avoir passé quelques secondes à regarder autour d'elle, à se reconnecter avec la réalité, elle se remet sur ses jambes. Ça tangue un peu, et elle a envie de retirer ses chaussures, mais si l'agence l'apprend elle se fera encore disputer elle reste perchée là-haut, et c'est sûr que tout paraît plus éloigné comme ça. Elle réalise alors qu'elle est aussi grande que le Baba, comme ça. Elle se souvient, aussi, que le monsieur Rookwood lui avait bien dit de ne pas porter de talons avec le Baba. Qu'il est attentionné, quand même, le monsieur Rookwood. Elle se rapproche de lui pour vérifier et oui, ils font la même taille. Ça la fait sourire et elle agite une petite main au dessus d'eux pour montrer qu'elle serait p'tete même un peu plus grande que lui avec son brusing. « Little big bad man ! » glousse-t-elle avec affection comme l'imbécile qu'elle est avant de faire pianoter ses petits doigts sur le bras du raffleur. Elle papillonne des yeux, comme à chaque fois qu'elle veut quelque chose, et roucoule doucement avec son petit accent : « Du couuuup... Baba.... outside with Coco ? Yeah ? Park ? »
Coco a envie, a besoin d'être dehors, et pas le dehors où elle attend le Magicobus, le dehors avec l'herbe et l'air frais et peut-être même une petite fontaine où se rafraichir. Le dehors des jardins de l'hôtel, où elle sera en sécurité avec Bacchus, mais sans tout le monde de la fête qui lui font mal à la tête à crier autant.
Dernière édition par Coco Ladouceur le Ven 24 Fév 2017 - 16:37, édité 1 fois |
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Oui c’est ça, tu protégeais, quand bien même tu aurais bien laissé crever plus de la moitié des gens dans cette salle, si un incident se produisait, juste pour être certain que Rookwood s’en sortirait. Tu restes désarçonné face à son étrange imitation qui, malgré tout, résumait bien la situation. Les rafleurs, ça se sentait de loin, et c’était pas seulement à cause de l’odeur. « ‘Bad’, ‘bad’, peut-être, mais vous avez b’soin d’moi au final » tu ronchonnes vaguement, accusant du menton la fine fleur de la société sorcière engoncée dans leurs costumes très chers, la baguette sagement rangée dans des étuis finement ciselés, et le nez trop rouge pour être certain de pouvoir aligner une formule magique correctement si un danger survenait. Et tu ne parlais même pas de deux de tes collègues qui vous lâchaient plus des yeux depuis qu’ils t’avaient surpris à réajuster la bretelle de la demoiselle, là où ils l’auraient carrément arraché.
Un grognement de plus qui roule dans ta gorge, tandis que tu bombes le torse alors qu’elle réajuste ton titre, du haut de ses talons. Toutefois, incapable de lever la voix ou la main sur elle, tu lui offres ton bras –un peu trop tard. « Ouais, le parc, bonne idée » Tandis que vous traversez la salle pour sortir, tu trébuches de nouveau sur les regards concupiscents de tes collègues roulant des yeux sur les fesses bien roulées de mam’zelle Coco, l’air de te demander de leur en garder une part. T’oses juste espérer que le mouvement que t’as eu du doigt sur ta gorge a été suffisant pour les décourager. Certes, t’y avais déjà goûté à la Coco, mais c’était pas une raison. Elle avait beau être une pute, l’appellation « de luxe » te faisait te comporter différemment avec elle qu’avec une quelconque prostituée –même si t’étais jamais allé en voir d’autres, depuis votre petit rendez-vous ; quand on goute à de la bonne marchandise, on développe des standards exigeants… en plus du fait que t’en avais pas eu le courage, ni les moyens.
L’air frais te fouette le visage et l’obscurité te baffe comme une maîtresse trompée. Tu inspires longtemps, déchargé des lumières de la salle de réception. Vous vous glissez dans la pénombre, sous l’œil circonspect du portier « elle a fait un malaise, j’l’évacue un moment » que tu grognes avec tant de hargne qu’on aurait dit que tu allais plutôt l’égorger, elle et même lui en prime, s’il te laissait pas passer. Une autre qu’elle aurait tôt fait de lever les voiles et les jupons pour se défaire de ta rustre compagnie, mais disons que la jeune femme t’avait vu dans le dénuement le plus total ; alors autant dire que tu n’avais plus rien à lui cacher. Elle savait que tu ne mordais qu’en présence de ton maître.
« Z’avez fait des progrès, dites donc » tu mimes un clapet qui s’ouvre et se ferme rapidement. Sûr qu’elle parlait toujours mieux anglais que la première fois où elle n’avait pas dit un mot, te signifiant de derrière ses yeux trop grands qu’elle ne comprenait rien et ne chercherait pas à comprendre. Comme si on le lui avait ordonné. T’en savais quelque chose ; même les plus cons ont de temps en temps des éclairs de lucidité. Néanmoins, cette nuit-là, elle n’avait pas pu passer au-dessus du fait que tu savais absolument pas t’y prendre. Parce qu’arrive un moment où il n’y a même plus besoin de parler pour ça. Elle avait donc eu vite fait de reprendre les choses en main –dans tous les sens du terme- afin de t’inculquer, si ce n’est les bonnes manières, au moins les bases de la chose, histoire qu’une –ou qu’un- autre qu’elle ne te rit pas au nez le moment venu. Elle t’avait alors rendu un immense service, tandis que toi, tu pensais juste que ça se passait tout le temps comme ça, et que tu t’en étais même bien sorti, de là à te vanter de temps à autre, pendant les relèves, accoudé à un comptoir, quand on te faisait du rentre-dedans pour que t’alignes enfin deux mots sur ta vie, en dehors du travail. C’est pas qu’on en avait ras le chapeau de sorcier que tu ne parles que de Rookwood, mais disons que les autres n’avaient ni la patience, ni la passion de parler de lui, si ce n’était pour cracher dans son dos.
« Vous savez, j’dois protéger, donc j’vous protège aussi, ‘faut m’le dire si y’en a qui vous font chier » Tu t’accoudes sur la rambarde de pierres qui mène aux jardins. « et ils sauront même pas qu’je viens de votre part, si ça peut vous rassurer » petit rictus en coin presque charmant « j’ai l’habitude, mon patron » oui, vous vous rappelez, miss, mon patron, celui qui vous a payé pour passer la nuit avec moi « m’envoie souvent faire ça » et par ‘ça’, tu sous-entendais casser les dents et les rotules de ceux qui avaient eu un jour l’audace ou la bêtise de tenir tête à Rookwood.
Dernière édition par Bacchus Murdock le Ven 9 Déc 2016 - 22:39, édité 1 fois |
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| Bacchus Murdock Leaves are falling all around, It's time I was on my way. Thanks to you, I'm much obliged for such a pleasant stay. But now it's time for me to go. The autumn moon lights my way. For now I smell the rain, and with it pain, and it's headed my way. Sometimes I grow so tired, but I know I've got one thing I got to do...
Bacchus est d'accord, et elle lui sourit largement alors qu'ils se dirigent tous deux vers la sortie. Elle s'accroche à son bras, particulièrement à son aise à côté d'un homme peut-être plus petit qu'elle, mais dont la largueur lui permettrait d'en porter trois des comme elle. Elle ignore, volontairement, les oeillades ou les remarques des autres, déjà partie sur son petit nuage où elle va s'éloigner de tout ce bruit et de toutes ces couleurs, ces odeurs, ces souvenirs. Elle sent doucement les drogues finir leur descente désagréable. Elle ne demandera jamais et ne cherchera jamais à savoir ce qu'ils ont pu exactement lui faire ingurgiter. « You improved, no kidding !Z » La remarque la prend au dépourvu, et elle se demande un moment ce qu'il veut dire, ça a l'air d'être un compliment mais... Il agite une bouche avec ses doigts et elle comprend, et elle rit. « No english with client. Coco speak little. » Et elle a un accent à coucher dehors et une grammaire à rendre jaloux les pires illettrés de rafleurs, mais qu'importe puisqu'elle le fait avec le sourire ?
Ils arrivent au parc, ou plutôt le jardin de l'hôtel, et elle a un petit cri de joie alors qu'elle se déleste prestement de ses chaussures, après avoir vérifié que personne ne la voit. Elle les lui laisse, ses chaussures bien trop hautes, et se précipite, comme une enfant, pour aller tremper ses pieds fatigués dans l'eau fraiche de la fontaine. Elle ne devrait pas faire ça, ils ne sont qu'en mars, mais les substances continuent encore de perturber un peu ses sensations et elle sourit juste en sentant le liquide entre ses doigts de pied. Elle est occupée à les regarder et à tapoter doucement la surface lorsque Bacchus s'approche et lui fait tout son petit discours. Au début, elle ne comprend pas, puis, finalement, doucement, elle voit ce qu'il veut dire. Il veut taper ses clients. Elle ouvre des grands yeux. Pourquoi faire ? Ils ont donné l'argent, alors il faut leur donner Coco, non ? Elle bouge la tête de droite à gauche, un peu imbécile, soufflée par la proposition. Elle ne sait pas trop quoi lui dire, mais elle finit par lui sourire tendrement, parce que tout cela, cette proposition-là, c'est parce que Bacchus s'inquiète pour elle.
La voilà, la petite Coco, qui s'approche du bord et qui y grimpe, courageusement, sa robe déjà mouillée par ses bêtises. De son perchoir, juste devant lui, elle est une nouvelle fois à son niveau. « Baba no worry. Coco work. Coco money. » Elle hoche la tête en signe d'acquiescement, pour appuyer son propos et lui demander de ne pas s'en mêler. Soit gentil petit Bacchus, reste avec ton patron, lui il sait donner les autres. Coco, elle, elle veut juste un peu de compagnie et de soutien pendant qu'elle reprend des forces. Mais Bacchus, lui, il est pas content, il sourit pas, il est sérieux, et il parle encore travail. Déjà, leur premier soir, il avait parlé du patron. Il faut qu'il arrêter de penser à ça, ça lui fait des fissures entre les sourcils. La petite blonde lève le bras et, délicatement, caresse le creux qui se creuse toujours au dessus du nez. Elle chantonne, tendrement : « Relaaaax Baba. Baba no work. Baba with Coco. Yeah ? » Elle rigole, un peu, et retrace ses sourcils, essayant vainement de les tendre. Puis elle s'y prend à deux mains et, taquine, elle tire ses deux joues dans une tentative de le faire sourire. « Baba smile for Coco ! Better smiling ! » Elle insiste un peu, essayant de le faire réagir, au moins un peu à ses bêtises.
Puis lui vient ce qui lui semble, alors, la meilleure des propositions.
« Hey, Baba ! Play with fontaine ? »
Elle est lumineuse, Coco, à l'idée de pouvoir faire les imbéciles dans l'eau avec ce drôle de bonhomme tout triste et tout tendre à la fois. Elle se demande, bêtement, pourquoi il est pas content. Les gens comme ça, ça la rend toujours un peu bizarre. Parce qu'il y a quelque chose qui cloche dans leurs lèvres crispées, comme si elles voulaient dire depuis très très très longtemps quelque chose qu'elles n'ont pas le droit de dire. Alors utilise ta bouche à autre chose, mon petit Baba, et sourit pour moi.
Dernière édition par Coco Ladouceur le Ven 24 Fév 2017 - 16:36, édité 3 fois |
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| Coco te file ses chaussures que tu réceptionnes du bout des doigts sans savoir par quel sens les retourner. Tu te résous à ne pas essayer de lui faire comprendre que ton véritable prénom, c’est Bacchus, décidée comme elle était à t’appeler Baba pour le reste de la soirée. La voilà qui commence à barboter dans l’eau de la fontaine et tu grommelles, trépignant sur place sans savoir quoi faire. D’une voix chantante, elle refuse tes maladroites avances ; tu n’avais pas à te bagarrer pour elle. Elle acceptait son sort avec une déconcertante facilité et tu en venais à te demander si elle n’était pas ensorcelée pour être docile à ce point. Tu avais beau te conforter dans l’illusion que dame Coco était la joie de vivre incarné, tu n’en étais pas dupe pour autant ; un métier pareil, pour une étrangère, elle en avait très certainement bavé. De fait, c’était tout à son honneur de te demander de parler d’autre chose.
Hissée sur la margelle du point d’eau, elle te triture les sourcils puis la bouche pour que tu souris. En résulte un rictus un peu ridicule dévoilant crocs et gencives. Tu avais sans doute arrêté de sourire depuis le jour où Rookwood t’avait fait regretter à coups d’impardonnables de lui rire au nez. Depuis, ta barbe avait poussé, dissimulant tes lèvres rouges de fille. Tu avais beau être malléable, ton visage, lui, semblait figé entre deux âges.
Lorsqu’elle te propose de jouer avec elle dans la fontaine, tu commences par refuser catégoriquement. Elle n’est pas sérieuse, on pourrait vous voir. Si elle a fini son service, toi, tu es censé être en train de bosser. Si on te surprenait à faire le tire-au-flanc, ça finirait par un mot sur le bureau de Rookwood. Et tu préférais qu’il ne soit pas au courant que tu fricotais avec une prostituée pendant tes horaires de boulot.
D’un autre côté, on est au mois de mars ; personne ne s’aventurera dehors que les gens un peu fous qui ont pris de l’orvietan et qui viennent se rafraîchir les idées : mais même dans ce cas-là, ils seront trop perchés ou alors en redescente pour tilter ce que vous étiez en train de faire, quand ils ne s’imagineront pas qu’ils sont en pleine hallucination. Parce que c’est un spectacle un peu déroutant que de voir Coco patauger innocemment dans l’eau.
Boh après tout, c’est pas comme si t’avais le choix, pas vrai ? Tu ranges ses chaussures dans tes immenses poches, te défais de ton immense manteau sombre qui intimide. Tu roules les manches de ta chemise repassée pour l’occasion sur tes bras énormes. Tu poses une fesse sur le rebord de la fontaine, laissant jouer tes doigts tranquillement dans l’eau, l’air de rien. « J’sais pas si c’est une bonne idée, miss Coco. » que tu minaudes. Et, avant qu’elle n’insiste une nouvelle fois pour que tu l’imites, tu as pris ton élan et, d’une impulsion, tu as envoyé une gerbe d’eau sur la jeune femme. T’attends juste d’être certain qu’elle ne perd pas totalement l’équilibre pour trotter jusqu’au côté opposé de la fontaine pour battre en retraite. T’as pas encore les pieds dans l’eau, mais le coeur y est, hein. Enfin, un bout y est, seulement ; comme si l’autre moitié était restée dans la chaleur moite de la salle, à zyeuter ton patron.
Vous faites plusieurs fois le tour de la fontaine. L’agitation vous permet de ne pas mourir congelé, à voir comment vous êtes trempés.
Il y a seulement un moment où, ne parvenant pas à te mettre la main dessus, ton collègue de tout à l’heure déboule sur le perron de la salle de réception. Sa silhouette se découpant dans l’entrée projette une ombre s’allongeant jusqu’à vous, tu relèves bien vite la tête, à l’affût, Coco à bout de bras pour l’empêcher de te faire tomber dans l’eau. N’ayant pas remarqué l’intrusion dans votre petit monde, elle continue de se débattre. Tu finis par la coincer dans tes bras, une main humide et bleuie par le froid sur sa bouche. Trop tard, le rafleur tend le cou, cherchant à vous repérer. « Murdock ? » Tu restes silencieux, à l’ombre des arbres, la lumière émanant de l’intérieur ne parvenant pas jusqu’à vous, dans l’espoir vain de faire disparaître ton épaisse silhouette qu’on ne pouvait indubitablement pas manquer dans le fond du jardin. « Murdock, tu fais quoi là ? T’as b’soin d’aide ? » Tu distingues non sans appréhension qu’il a porté sa main à sa cuisse où était ceinturé le holster de sa baguette. « T’es quand même pas en train de kidnapper un invité ? » Tu lèves les yeux au ciel ; oh misère, faites qu’il ne pense pas à ce que tu pen- « Ou une invitée… C’est quand même pas… ? » Oh que si, c’était précisément elle. Tes sourcils finissent de se froncer. « Z’en faites pas, miss Coco ; il a pas payé lui, il touche pas. » chuchotes-tu sans desserrer ton étreinte autour de sa taille.
Dernière édition par Bacchus Murdock le Mar 14 Mar 2017 - 22:59, édité 1 fois |
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| Bacchus Murdock Leaves are falling all around, It's time I was on my way. Thanks to you, I'm much obliged for such a pleasant stay. But now it's time for me to go. The autumn moon lights my way. For now I smell the rain, and with it pain, and it's headed my way. Sometimes I grow so tired, but I know I've got one thing I got to do...
« I dunno if it’s a really good idea, Miss Coco, » lui réponds Baba et la jeune femme sent son visage se décomposer, comme un petite animal attristé, les oreilles soudain baissées après qu’on lui ai refusé de jouer. Elle va presque pour abandonner, en fait, alors qu’elle baisse les yeux, blessée qu’on lui refuse un peu de joie après sa soirée infernale. Puis soudain, une gerbe d’eau l’atteint et la trempe, lui arrachant un petit cri de surprise, puis de joie, avant que cela ne se transforme en rire cristallin dégoulinant le long de sa gorge. Elle sent son esprit, de nouveau, s’illuminer de joie alors qu’elle suit d’un œil alerte la forme un peu amaigrie de Baba. Il paraît bien plus petit sans son manteau, presque humain, en vérité. Aussitôt elle le poursuit, s’éclaboussant elle-même lorsque ses pieds se précipitent dans l’eau, partant souvent en avant pour essayer d’atteindre le chien d’en face, qui se défile. Il est bien plus efficace qu’elle, avec ses grandes mains et sa position stratégique en dehors de la fontaine. Coco, franchement, ne s’en formalise pas. Elle rit presque autant lorsqu’elle est éclaboussée que lorsqu’elle trempe enfin son adversaire. Elle aurait pu rester ainsi un bon moment, à juste s’amuser, et rire, et profiter d’un Baba qui, certes n’est qu’à moitié là, mais qui est assez indulgent pour jouer avec le petit animal en manque de jeu qu’elle est. La France lui manque, ses amis lui manquent, comprendre et être comprise quand elle parle lui manque, mais elle n’est pas du genre à l’exprimer, ou même à se l’avouer. Elle ne se plaint jamais, Coco, ou jamais de ce qui compte, car tout lui paraît toujours tellement surmontable à côté de tout ce qu’elle avait pu vivre auparavant. Jamais il ne lui viendrait à l’idée de se considérer malchanceuse alors qu’elle dispose d’un travail, d’un toit, et d’un Baba presque souriant qui s’amuse avec elle autour d’une fontaine.
Ils auraient pu rester ainsi un long moment, comme des enfants, à oublier où et quand ils sont. Jusqu’à oublier qu’ils ne sont qu’en mars et que Coco est en train d’abîmer une robe qui coûte le salaire de son camarade de jeu. Elle est en train d’essayer de faire tomber (sans succès et sans surprise) le rafleur dans la fontaine lorsque le jeu se termine. Soudain les grandes mains de son camarade se referment vivement sur sa taille, là où il n’y avait jusque là où que des petites tapes taquines. Elle ne comprend pas, d’abord, ce qu’il se passe, et ouvre des yeux étonnés en sentant ses doigts venir bloquer sa bouche. Pas d’inquiétude, dans son regard, alors qu’elle lève le visage vers lui avec curiosité. En quelques minutes de complicité, il a fini de gagner l’imbécile confiance de la prostituée. Ce n’est que lorsqu’elle entend le « Murdock ? » qu’elle commence à comprendre ce qu’il se passe. Le tremblement qui la prend alors n’a rien à voir avec le froid. Elle revient brusquement sur terre, dans ce petit jardin d’un hôtel, avec un homme qu’elle a presque kidnappé pour lui tenir compagnie. On a dit à Coco de se méfier des rafleurs. Baba n’est pas un rafleur pour elle, mais les autres si. « Murdock, what are you doing ? Do you need help ? » Il cherche Baba, il veut lui prendre Baba ! Elle essaye de se dire qu’il en a le droit, et que Baba travaille mais elle sent déjà un caprice d’enfant lui gonfler le cœur, refusant de laisser partir son camarade de jeu. « Don’t tell me you’re kidnapping a guest ? » Elle papillonne des yeux, sans arriver à comprendre ce qu’il dit, parce qu’il parle vite, et avec un accent, mais elle voit bien à la tête de Baba que ce n’est pas quelque chose de positif. « Or a… Don’t tell me it’s... » Coco ne comprend pas ce qu’il cherche dire, mais le visage de Baba finit de tout se froncer, avec sévérité, avec même méchanceté, et elle n’a pas envie qu’il soit comme ça, même pour elle. Elle sent ses doigts s’accrocher à lui, le regard inquiet, alors qu’il la regarde à son tour et semble mal interpréter la crainte dans ses yeux : « Don’t ya worry Miss Coco. He didn’t pay, he doesn’t touch. » Elle lui sourit, tendrement, mais il ne peut pas le voir alors ses petites mains se lèvent et retirent l’emprise qu’il a posée sur sa bouche. Enfin libérée elle chuchote, doucement, les yeux doux, le corps cependant encore un peu tremblant, peut-être cette fois-ci de froid : « Leaving please ? » implore-t-elle doucement, jetant un regard à l’autre rafleur qui n’a pas l’air de vouloir les laisser. « Take me home ? » Elle connaît bien ces mots-là, elle les dit souvent pour les clients mais cette fois-ci ce n’est pas pareil. Parce que même là, dans ses bras, alors même qu’il a déjà touché à son corps, Coco ne se sent pas en danger. Quelque chose lui souffle, doucement, qu’elle peut lui faire confiance et qu’il peut comprendre, sans que ce soit dit, qu’il n’est plus un client à ses yeux. Et puis, surtout, qu’il n’a pas besoin de faire semblant avec elle. Elle sait très bien quel prénom il murmurait la nuit de sa première fois. |
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| Tu ne sens soudain plus son souffle tiède dans le creux de ton épaisse main. Ça ne sert plus à rien puisque le rafleur est déterminé à savoir ce que vous étiez en train de tramer dans le noir, et ça n’était pas la Coco qui allait être capable de répondre. En effet, les deux phrases qu’elle te murmure comme un chatouillis sous ton menton ont l’air d’avoir été apprises par coeur et rodées, avec le temps, récitées comme un gazouillis. Tu hoches la tête, sans quitter l’intrus du regard. « Oui, on va rentrer » marmonnes-tu en remuant à peine les lèvres pour qu’il ne se doute de rien. « Dès que j’me suis débarrassé d’cet imbécile… » Et dans ta bouche et avec ta grosse voix, ça sonne lugubrement, comme si tu planifiais son meurtre de mille et une façons différentes, et sous les yeux de la belle. Toutefois, ça aurait été trop culotté de ta part ; tu ne pouvais pas te permettre de te faire renvoyer dans de telles circonstances, même s’il arrivait que certains rafleurs peu coopératifs reviennent de mission avec toi un peu plus amochés que prévu. Après tout, si tu te faisais dégager de la BPM, que te resterait-il ? Ça n’est pas la petite Coco qui, malgré toute la bonne volonté du monde, pourrait te dégoter une place dans son circuit de prostitution…
Aussi, il te faut songer à un autre plan. Et, sachant que d’habitude, c’était Rookwood -ou au pire des cas, Isaiah Davis qui s’en chargeait, autant dire que les idées ne se bousculaient pas au portillon. L’autre rafleur, en revanche, s’approchait dangereusement. Il fallait agir vite. Et, comme à chaque fois que tu dois prendre une initiative -déjà à l’époque-, ça tourne au fiasco. Ton regard papillonnant dans tous les sens dans l’espoir de trouver une idée, il s’attarde sur le haut du crâne de Coco. Et, soudainement, tu lui empoignes quelques mèches de cheveux -sans serrer trop fort, elle avait pas aimé, la première fois- et d’appuyer pour la faire tomber à genoux. « Jesuisvraimentdésolé,missCoco » que tu te précipites d’ajouter, rouge comme un Gryffondor, alors que, prenant sa petite tête de piaf entre tes deux mains, tu l’incites à exécuter des mouvements de tête d’avant en arrière, tout comme si elle te faisait une gâterie. Tu mourrais de honte si ça n’était pas pour la sortir de là.
Le rafleur est maintenant de l’autre côté de la fontaine, le cou toujours tendu. « Oh merde, Murdock, ‘spèce de gros porc- » « Par Merlin, t’vois pas qu’ch’uis occupé ?? » ronchonnes-tu du ton le plus bourru en pointant négligemment du doigt la jeune femme à genoux. Tu ne l’aurais pas cru, mais ça semble porter ses fruits ; ton collègue, malgré sa curiosité malsaine piquée, ne semble pas enclin pour aujourd’hui à voir une nénette faire reluire ton engin. Tu pousses même la mascarade jusqu’à émettre des grognements complètement ridicules comme si tu étais sur le point de craquer et que, de fait, ça n’était vraiment pas le moment de venir t’importuner. A croire que ça lui est déjà arrivé puisqu’il recule de nouveau de quelques pas, agitant les mains. « Wooh ok, t’inquiète, j’vous dérange pas… » Il hésite un moment, et tu as la désagréable impression de savoir ce qu’il allait demander- « …mais si jamais, quand t’as fini… tu pouvais faire tourner… entre camarades, t’comprends, il f- » « Bordel, mais fous l’camp ! » aboies-tu. Tu manques de faire un pas sur le côté, cramant votre couverture, mais te ravises au dernier moment. « Ok ok, pas la peine de s’enflammer, j’disais juste ça comme ça… » Et de tourner les talons en t’arrosant d’insultes.
Tu gardes une paluche sur le haut de sa tête, le temps d’être certain qu’il retourne surveiller la salle de réception. Tu patientes encore un peu avant de la relever hâtivement, une main sous l’aisselle. Tu époussettes le bas de sa robe « Ch’uis vraiment désolé, miss Coco, c’est tout c’qui m’est v’nu en tête… » Et heureusement pour toi qu’elle ne saisit pas les subtilités de langage, auquel cas, elle aurait pu croire que tu ne la considérais que comme un bout de viande bon à faire des léchouilles. C’était implicite, et pourtant, ça, elle l’avait bien compris, malgré la barrière de la langue : pour toi, Coco n’était pas une pute. Tu nourrissais à son égard un trop-plein de tendresse qui aurait pu te faire perdre ta place à la BPM. Et ce, peut-être en réponse à cet absence de jugement qu’elle t’avait porté, alors qu’elle savait à qui tu avais pensé, ce soir-là.
« J’vous ramène à la maison, maintenant. » que tu promets, en chargeant ton lourd manteau sur ses épaules. Tu t’excuses encore plusieurs fois sur le chemin du retour, jusque sur le perron où elle se résout à te faire taire d’un bruyant baiser sur la joue. « J’espère qu’vous avez quand même passé une bonne soirée. » que tu bougonnes, penaud. Et on ne sait pas si tu parlais de la réception ou de votre petite escapade. Enfin, elle, elle sait et elle tranche pour toi, d’un second baiser, à défaut de pouvoir débattre sur le pourquoi du comment votre relation était un peu trop saine pour être honnête. Toujours est-il que tu y as laissé un manteau et un bout de dignité. Mais ça n’a pas été suffisant pour te faire décrocher ce qui semblait de près ou de loin à une sorte de simili-sourire, alors que tu retournes à la soirée, l’air de rien. Une expression marquant sensiblement ton visage si inhabituelle que Rookwood n’a failli pas te reconnaître, alors qu’il s’enquérait de son chien avant de partir. |
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| | | | | (7 MARS 2003) BACCO • Got no time to for spreadin' roots, the time has come to be gone. | |
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