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sujet; sorry about the blood in my mouth. i wish it was mine. (nephtheo)

HUNTED • running man
Theodore Nott
Theodore Nott
‹ disponibilité : always.
‹ inscription : 08/05/2016
‹ messages : 978
‹ crédits : killer from a gang pour l'avatar, tumblr, crooked fingers.
‹ dialogues : sienna.
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‹ âge : vingt-quatre ans. (21/06)
‹ occupation : un ancien langue-de-plomb, désormais un Mangemort en fuite.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1991 et 1998.
‹ baguette : m'a été rendue par Mafalda. Vingt-deux centimètres virgule trois, ventricule de dragon (boutefeu chinois) et bois de chêne rouge.
‹ gallions (ʛ) : 4360
‹ réputation : je suis un déchet, un étudiant qui a un jour été prometteur, et n'est plus que l'ombre de lui-même.
‹ faits : j'étais un Mangemort défectueux, déterminé mais sans passion. J'ai été capturé par Blaise et Draco peu avant la Bataille et ai passé deux mois dans les cachots de Poudlard à additionner les crises de manque et quelques crises cardiaques sympathiques, dues à mon addiction à l'Orviétan (Excess).

J'ai été condamné au Baiser du Détraqueur quelques jours avant l'abolition de la peine de mort. J'ai été condamné à perpétuité à la place. Je me suis évadé d'Azkaban avec Penelope Clearwater, avec l'aide extérieure de Percy Weasley et vit désormais la vie du parfait moldu.
‹ résidence : dans un petit cottage sorcier posé.
‹ patronus : impossible à invoquer
‹ épouvantard : des milliers frelons qui tournent autour de lui et l'achèvent; la résurrection de Voldemort; le cadavre de sa filleule Cat.
‹ risèd : l'indépendance, une vie paisible et sans remous, aux côtés de Nephtys.
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nephtys shafiqImagine that the world is made out of love. Now imagine that it isn’t. Imagine a story where everything goes wrong, where everyone has their back against the wall, where everyone is in pain and acting selfishly because if they don’t, they’ll die. Imagine a story, not of good against evil, but of need against need against need, where everyone is at cross-purposes and everyone is to blame.
I need you. Please, Nephtys. Just listen to me, I- I need you.
Les mots lui avaient brûlé les lèvres. Theodore n'avait besoin de rien, de personne. Il pouvait se débrouiller seul, il était fort et compétent, indépendant et capable. Il n'avait pas demandé son aide à Draco, pas demandé son aidé à sa cousine, pas demandé son aide à quiconque et même si certaines de ses connaissances auraient sans doute été plus à même de l'aider, c'était sur Nephtys que son choix s'était porté. Si je ne peux pas lui faire confiance, pensait-il avec un rien de mauvaise foi, quel époux je ferai une fois que nous serons mariés? (pour être tout à fait honnête, ce n'était pas pourquoi il lui avait demandé à elle. C'était- - c'était trop compliqué à expliquer.)
Le reste du déjeuner, et le début de l'après-midi, avaient été interminables. C'était une journée sans, sans doute, et Nephtys avait tant évité son regard et son contact que Theodore s'était dit qu'elle allait revenir sur sa promesse de l'aider; mais pourtant ils se trouvaient là, après un Transplanage de la part du jeune homme, à la lisière de la résidence qui l'avait vu grandir. Ils auraient pu transplaner à l'intérieur directement mais Theodore ne se faisait pas confiance; si il ne s'était pas désartibulé par maladresse — mauvaise magie — la dernière fois en s'extirpant des griffes de sa mère, c'était uniquement par chance et il en était pleinement conscient. Theodore ne s'en était pas rendu compte avant de retourner vivre à Londres parmi Nephtys, Draco et Margaret mais à Nott Manor... tout semblait différent. Étrangement puissant, étrangement faible; ça dépendait des jours. Tout était inconstant et terrible et atrocement douloureux; après tout, songea-t-il avec amertume, un fantôme hantait l'endroit.
Ils se trouvaient donc à la lisière de la propriété, et trois pas plus tard entreraient dans les vastes jardins qui entouraient le manoir. La différence était flagrante, entre le terrain et les champs environnants (Nott Manor se trouvait à deux heures de marche du village semi-magique de Glastonbury, isolé de tous et de tout): comme une ligne dans le sol, les herbes folles montaient presque jusqu'au niveau des jambes côté Nott. Au milieu, un chemin de pierres traçait des courbes et des virages fous jusqu'à la résidence elle-même. Franche, austère même, sombre aussi, Nott Manor avait perdu toute la fierté de l'époque de sa construction: aux toits manquaient des tuiles, certaines fenêtres semblaient barricadées de là où ils se tenaient (environ cent mètres), toutes les vitres de la véranda avaient été brisées, laissant derrière une structure en acier noir sinistre, et l'une des cheminées principale laissait échapper un nuage noir nuit de fumée. L'endroit parfait à montrer à sa fiancée, donc.
Do you know anything about exorcisms? lui avait-il dit. I- (là, il avait rechigné à lui dire: I need help with one. Trop douloureux. Trop needy.) -need to take care of one. (Et puis, pour faire bonne mesure): Please.Please, please, please. Il détestait ce mot. Il détestait attendre après les gens. Il détestait se soumettre à eux. Mais quand il avait relevé les yeux pour croiser ceux de Nephtys, il s'était dit: c'est bon. C'est ma fiancée. Je lui fais confiance, et constat avait envoyé une nuée de frissons le long de sa colonne vertébrale. Elle était si différente de lui, après tout. Sincère, directe, outrageante, parfois extravagante, cultivée, toujours intéressante. Belle. Il y avait cette chose, à son propos, qui faisait peur à Theodore parce qu'elle lui inspirait confiance. En cet instant précis, prêt à pénétrer les terrains des Nott, il avait envie de prendre sa main dans la sienne et d'entremêler leurs doigts, comme elle l'avait fait pour lui aux funérailles de son père; il essayait mentalement de se convaincre que c'était pour être plus à même de la protéger et de repousser l'idée qu'il voulait juste un rien de réconfort. Les prochaines heures allaient être déplaisantes.

Pour ne pas céder à la tentation, il plongea ses poings fermés dans les poches de son manteau. Les heures s'étaient longtemps égrenées dans la résidence des Shafiq et Theodore avait failli être impatient et transplaner sur-le-champ sans même s'excuser auprès de ses futurs beaux-parents; mais il avait pris son mal en patience, supporté quelques discussions polies. Les Shafiq étaient plutôt des gens charmants, avec lui au moins. Monsieur s'était enquéri des affaires du cabinet d'avocats, de ses affaires à lui et Theodore avait failli se braquer avant de comprendre qu'Aswad s'inquiétait juste pour lui, trop jeune pour se débattre avec tant de responsabilités. Madame avait été souriante et charmante comme toujours, posant avec un rire sa main sur son bras quand il avait fait une blague maladroite sur quelque membre de la société qu'elle n'avait apparemment pas dans son coeur. Theodore s'était senti étrangement à l'aise, parmi ces gens qu'il avait pris soin d'ignorer et éviter cette dernière année — non pas par mépris, juste par... peur? peur, oui, sans doute de ne pas leur convenir. Mais les appelez-moi Isla et les vous êtes un jeune homme prometteur, Theodore- Theo, pardon avaient eu raison de lui; Theodore se demandait ce que pouvait en penser Nephtys. Après tout, du dîner, le moment le plus palpitant avait été quand elle avait levé son regard vers lui et Theodore n'avait pas pu lire aisément quoique ce soit dans ses yeux mordorés indéchiffrables; il ne savait pas si elle le considérait avec mépris ou avec une sorte de respect admirateur de bien s'entendre avec ses parents. Ou s'il avait juste un morceau de salade coincé entre les dents.
Shall we? ” demanda-t-il finalement, s'étant perdu dans ses pensées quelques instants. Il s'excusa d'un regard. La nuit tombait déjà, maintenant, le soleil allant fricoter avec l'horizon; les bras terribles du froid se refermaient sur eux, mais Theodore avait soudainement- non, ce n'était pas de la peur. C'était une appréhension étouffante. En tournant le regard vers elle, il se rendit compte qu'il ne lui avait pas dit de prendre une veste alors, après une hésitation, il sortit les épaules de la sienne après en avoir déboutonné le devant, et la lui tendit avant d'insister en la drapant presque de force autour de ses épaules — maladroit jusque dans ces petits moments d'affection — “ here. ” Était-ce juste une manoeuvre pour les rapprocher, pour plonger son regard dans le sien et y puiser du courage? Sans doute. En tout cas, elle avait cessé de frissonner et lui pouvait rafraîchir ses joues écarlates et son coeur brûlant avec l'air ambiant. Elle semblait minuscule, perdue dans son blouson, en agrippant les bords de ses doigts fins. Et lui semblait ridicule, avec son short en chino et son polo bleu électrique — une tenue dominicale respectable — sur lequel un designer sorcier avait brodé un cheval monté qui courait sans s'arrêter sur son torse. Mais avec Nephtys, avoir l'air ridicule ne l'avait jamais vraiment inquiété — pas après qu'ils se soient rapprochés. Pas après qu'ils soient devenus amis. Pas après qu'il ait placé sa confiance en elle.

Ils s'engagent sur le petit chemin de pierre. Leurs épaules se frôlent; il n'aurait qu'à tendre la main pour attraper la sienne. “ When I was ten- you remember? I almost died. I died, finit-il par dire, pour combattre l'envie de trouver un peu de réconfort dans sa paume. I spent four hours under before they reanimated me. I don't know what took them so long, I don't know what happened, I don't know how I survived. But I did. And I started seeing... her. ” Il pince des lèvres. Le manoir se rapproche trop vite à son goût. Il ralentit machinalement la cadence quand il sent une odeur terrible lui parvenir aux narines; quelque chose de rance, de malade et de mort, quelque chose de terrible qui laisse une impression impérissable de dégoût sur le bout de la langue. Il fronce du nez. “ My mother. As a... ghost. She died when I was born. I was the only one to see her, the only one she talked to, the only one she said she cared about. I believed her. How could I not? My father was not- he was not a nice person, lâche-t-il, en euphémisme, les lèvres sèches et brûlantes à la fois. I used to think he didn't care about me. But she did. Oh, she did. Whenever I was back from Hogwarts, she would tell me that she would make me strong. That she loved me. That all she did, all she had ever done, was for my sake. ” Brutalement, alors qu'ils ne sont plus qu'à quelques pas de la porte d'entrée du manoir, il s'arrête et se tourne vers elle. “ She had died giving me life. She wouldn't let my father or anyone waste it, you know? She loved me. ” Il sait qu'il essaye de rationaliser ce qui ne peut l'être, de raisonner ses actes, que c'est un peu fou. Mais il ne sait pas quoi faire d'autre. Que faire d'une mère qui l'avait pourri toute son enfance? Manipulé? Abusé? “ She would talk to me all day. Tell me stories, tell me secrets. Ask me to train to throw spells, ask me to find something in the house for her. She would- il s'interrompt un long moment, tant circonspect que faible, maintenant, les souvenirs affluant difficilement à la surface, puis continue dans un murmure: -wake me up in my sleep, scratching my arms, slapping my cheeks, telling me I didn't deserve to sleep. She used to cry in my room, sobs so loud it made the walls shake, until my father thought it was me, and beat me for it. She used to tell me I was worthless. I didn't deserve the life she had given me. And I- (silence) I used to think I didn't.
Il ne sait pas pourquoi il lui raconte tout cela. Oh right. Background information. (Non, la voix de l'honnêteté lui sussure à l'oreille. Tu lui fais confiance, voilà tout. Et les mots, dits à haute voix, ont une autre saveur. Une saveur de vérité — enfin). “ I used to think it was all in my head. But it's not. She- she used to draw energy from me. My life, my blood, my magic. When I left, she drained my father. When he died, she- Il se mord les lèvres en se tournant vers le manoir rabougri, prêt à s'effondrer -she got mad. That's why I couldn't go home those past few months. She would have killed me.
Ses yeux replongent dans les siens. Il lève sa baguette, qu'il a retiré de sa poche avant de la lui donner, invoquant mentalement un Lumos qui éclaire leurs deux visages d'une lueur blafarde. Après une hésitation, il monte sur la première marche menant à l'imposante porte d'entrée du manoir. “ Shall we? ” murmure-il une fois encore, comme si il ne venait pas de se livrer à elle, vulnérable et fragile, sincère et entier. Il se mord les lèvres, toujours, douloureusement; Theodore n'aime pas parler. Il n'a sans doute jamais autant parlé en sa présence — il n'a sans doute jamais autant parlé de sa vie. Mais elle le mérite. Elle le mérite. Et c'est sans trop y penser qu'il lui tend une main aux longs doigts tremblants (le froid — évidemment), une expression incertaine et douloureuse écrite sur son visage.

Spoiler:


Dernière édition par Theodore Nott le Ven 17 Mar 2017 - 10:35, édité 1 fois
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WIZARD • always the first casuality
Nephtys Shafiq
Nephtys Shafiq
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‹ âge : vingt-six
‹ occupation : musicienne, batteuse des Rotten Apple avant que le groupe ne se disloque. Autrefois elle était également une des boules de cristal ambulantes du gouvernement. Aujourd'hui, elle tente encore de créer mais passe surtout son temps à jouer pour les patients de Ste Mangouste.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : fait 21 cm, elle est en saule et contient de la poudre de griffe de sphinge.
‹ gallions (ʛ) : 5438
‹ réputation : Traîtresse, lâche, infâme catin du gouvernement de Voldemort. Parce qu'elle a aidé en toute connaissance de cause le Lord et ses sbires, par ses visions et par sa musique, et parce qu'elle est longtemps restée fiancée à un mangemort même lorsqu'elle était libre de se défaire de la promesse, Nephtys est regardée de travers la plupart du temps. Son sang pur n'aide en rien.
‹ particularité : voyante, affublée à sa naissance d'un don lui provoquant dans son sommeil des visions sporadiques et imprévisibles mais particulièrement violentes.
‹ faits : Orpheline de mère, il lui reste son père, Aswad Shafiq, devenu fou après l'attaque d'Herpo Creek.
‹ résidence : dans un appartement miteux sous les toits, quelque part dans un immeuble peu rutilant de l'allée des embrumes.
‹ patronus : un chacal, symbole de clairvoyance dans l’Égypte ancienne. Elle n'arrive que rarement à en conjurer une forme corporelle.
‹ épouvantard : Tantôt, elle craint que l'on abrège les souffrances d'Aswad et panique. Parfois, elle se dit que ça serait pour le mieux, moins égoïste. A ce moment là, sa véritable peur prend le dessus. Elle voit les gros titres, "Mangemort appréhendé et abattu" et l'avis de décès de Nott quelques lignes plus bas.
‹ risèd : Theodore en sécurité, avec ou sans elle. Des nuits calmes. Du silence. Ne plus rien sentir, à défaut de l'avoir lui.
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sorry about the blood in my mouth. i wish it was mine.

Ghosts are real, that much I know. A house as old as this one becomes, in time, a living thing. It starts holding onto things... keeping them alive when they shouldn't be. Some of them are good; some of them bad... Some should never be spoken about again.
Le poids qui était tombé dans son estomac lorsqu’elle l’avait vu là, lorsqu’elle l’avait entendu mentionner un besoin de parler, se faisait encore sentir, appuyant sur ses entrailles comme l’appréhension savait si bien le faire. En bien des points, la sensation lui rappelait la vilaine chute qu’elle avait fait, des années plus tôt, tombant de son balai alors qu’elle faisait l’idiote avant de dégringoler sur plusieurs dizaines de mètres, heurtant de plein fouet les gradins du stade de Quidditch. Elle se souvenait de la chute, pas de la douleur, c’était peut-être la seule différence à présent. La vilaine plaie laissée par la dispute et les incertitudes n’avaient pas voulue cicatriser et chaque mouvement s’empressait de vicieusement lui rappeler que les choses avaient changé. Chaque regard fuyant, chaque pas méticuleusement orienté pour ne pas venir lui flanquer un coup d’épaule taquin, chaque crispation de sa mâchoire pour garder le silence au lieu de dire n’importe quoi, chaque vague glacée la submergeant à chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour parler n’était là que pour faire en sorte que quelque chose clochait, que le mal était fait, qu’il était peut-être irrémédiable. Nephtys n’avait pas toujours été défaitiste. A vrai dire, elle avait longtemps aimé se battre contre sa propre fortune, jouer avec le feu, tenter le diable. C’était comme ça qu’en dépit des avertissements, elle s’était retrouvée à monter les Rotten Apple. C’était comme ça que malgré les mises en garde, elle s’était blessée des années plus tôt. Tout était différent à présent. Le moindre geste avait ses conséquences et elle avait appris sur le tas que bien souvent, les conséquences en question n’allaient pas dans son sens. Défaitiste, en réalité, elle ne l’était pas. Fataliste, déjà plus. Réaliste, peut-être, aussi, parce que dans ce monde qui était le leur, rares étaient les instances où tout allaient bien. A quoi bon croire qu’ils sauraient être l’exception ?

Il l’avait surpris pourtant. « I need you. Please, Nephtys. Just listen to me, I- I need you. » avait-il soufflé, la poussant à mordre l’intérieur de sa joue pour ne pas répondre trop vite, ne pas répondre qu’elle aussi avait besoin de lui, sentant qu’il venait avec une requête spécifique, pas un constat général. Elle avait réussi à garder le silence assez longtemps pour qu’il s’explique, manquant de tourner les talons lorsqu’il avait demandé : « Do you know anything about exorcisms? I- need to take care of one. Please. » Parce qu’elle avait cru, l’espace d’un instant, à une mauvaise blague… Theodore Nott ne blaguait pas, pourtant. Pas quand il était sobre, pas quand ils étaient en froid. Ils ne s’étaient jamais disputés auparavant mais ce n’était pas difficile à deviner. Le Theo qu’elle avait commencé à découvrir, celui qui s’était rapproché d’elle, avait été une édition limitée, un modèle rare, une version que lui-même ne connaissait sans doute pas jusqu’à présent, aussi fallait-il s’attendre à croiser le jeune homme taciturne et réservé qu’elle avait rencontré au tout début... Ce Theo-là, pourtant, celui qu’elle avait catalogué trop vite au tout début, ne voyant en lui que la sécurité d’un mariage arrangé, n’était pas totalement au rendez-vous. Ce Theo-là, celui des premières rencontres maladroites, transparaissaient dans les gestes hésitants, mais elle n’était pas plus à l’aise alors pouvait-elle réellement lui reprocher cette espèce de prudence ? Pas vraiment. Pas quand à côté de ça, il faisait encore attention, assez pour lui tendre sa veste tandis qu’elle frissonnait un peu, la forçant sur ses épaules avant qu’elle ne puisse dire que le sursaut qui l’avait secoué n’était pas vraiment lié à la nuit qui les englobait, plus à ce qui se trouvait au bout du chemin devant eux. L’espace d’un instant, à peine une seconde de volonté, de droiture, elle chercha à protester contre le vêtement qu’il lui passait mais trop vite, la tiédeur du tissu et l’odeur du jeune homme vinrent s’imposer, ruinant ses efforts et la poussant juste à le maudire en silence, parce que c’était plus simple que d’admettre quoi que ce soit d’autre.

C’était également plus simple de maudire l’air frais et de laisser croire qu’elle avait froid, simplement froid, tandis qu’ils s’engageaient côte à côte en direction de la demeure Nott. La vieille bâtisse se dessinait dans la pénombre, sans doute plus intimidante sous l’œil de la lune qu’en réalité… Nepthys s’accrochait à cette idée, celle d’un jeu d’ombre rendant les lieux inquiétants, rien de plus, pas vrai ? Elle n’était pas si sûre et elle sursauta lorsque Theo lui adressa à nouveau la parole : « When I was ten- you remember? I almost died. I died, I spent four hours under before they reanimated me. I don't know what took them so long, I don't know what happened, I don't know how I survived. But I did. And I started seeing... her. » Instinctivement, elle enroula ses bras autour de son buste, comme pour se tenir chaud, se tenir en un seul morceau. Elle avait bien conscience du fait qu’elle semblait se fermer, le repousser, ne pas l’écouter, mais à défaut de pouvoir s’accrocher au bras du jeune homme, elle avait besoin de se tenir à quelque chose, choisissant alors une posture à la fois défensive et orgueilleuse, pour ne pas montrer peut-être que l’idée d’un très jeune Theo inanimé et laissé pour mort des heures durant allait servir à alimenter ses pires songes, ses pires peurs aussi. Tendant sa nuque pour relever la tête et ne pas observer ses pieds ou le chemin sur lequel ils se trouvaient, elle réalisa subitement qu’elle n’avait intégré qu’une partie de ce qu’il venait de dire, revenant sur ce qui devait être l’information principale, lui jetant un regard un peu sombre, sourcil froncé, tandis qu’il continuait à s’expliquer, bavard parce que nerveux, probablement, ce qui ne rassurait en rien la jeune femme. « My mother. As a... ghost. She died when I was born. I was the only one to see her, the only one she talked to, the only one she said she cared about. I believed her. How could I not? My father was not- he was not a nice person. I used to think he didn't care about me. But she did. Oh, she did. Whenever I was back from Hogwarts, she would tell me that she would make me strong. That she loved me. That all she did, all she had ever done, was for my sake. » Il n’avait pas besoin de beaucoup de mots pour peindre un tableau, c’était pourtant le plus qu’il ait jamais dit devant elle. « She had died giving me life. She wouldn't let my father or anyone waste it, you know? She loved me. She would talk to me all day. Tell me stories, tell me secrets. Ask me to train to throw spells, ask me to find something in the house for her. She would- » La pause était maigre mais pourtant bien là, bien significative. « …wake me up in my sleep, scratching my arms, slapping my cheeks, telling me I didn't deserve to sleep. She used to cry in my room, sobs so loud it made the walls shake, until my father thought it was me, and beat me for it. She used to tell me I was worthless. I didn't deserve the life she had given me. And I- I used to think I didn't. » Elle avait conscience de ne pas pouvoir exactement comprendre. De ne pas exactement savoir. Ses parents, quoi qu’un peu naïfs peut-être, avaient toujours été là. Elle avait été gâtée, choyée, incomprise mais aimée. Elle pouvait saisir, dans le ton du jeune homme, dans son attitude, dans ses habitudes aussi, qu’il avait connu jusque-là une vie particulière, une demi-vie peut-être, de ces existences où l’on s’efforce de survivre plus qu’autre chose. Sa gorge se noua et plantée sur le porche de la maison face à lui, elle réalisa à quel point elle pouvait être impuissante, incapable de changer le passé ou d’en soigner les reliques. Ils étaient en froid mais même sans ça, aurait-elle su trouver assez de temps, assez de tendresse, pour réparer ce qu’ils avaient brisé autour de Theo ?  « I used to think it was all in my head. But it's not. She- she used to draw energy from me. My life, my blood, my magic. When I left, she drained my father. When he died, she -she got mad. That's why I couldn't go home those past few months. She would have killed me. »

Soudain peu rassurée, elle se força à avaler sa salive en essayant de faire descendre, en même temps, les relents de nervosité qui cherchaient à se frayer un passage jusqu’à ses lèvres, de quoi trouver une excuse, un pretexte pour filer. Mais il avait besoin d’elle. Ils étaient en froid et il était pourtant venu la trouver, prouvant qu’à défaut de savoir se parler, il avait encore un peu de place pour elle dans ce barda. Allumant sa baguette, il demanda à nouveau : « Shall we? » et Nephtys attrapa sa propre arme avant d’hocher la tête, un simple juron la quittant – well, shit – tandis qu’elle envoyait valser prudence et bon sens. Elle jeta un sortilège pour ouvrir la porte puis l’entrebâiller, se doutant qu’avec un spectre violent, il n’était pas forcément nécessaire de barder les lieux de protection… Ou du moins, il valait mieux les poser aux bordures de la propriété. Quiconque arrivait jusqu’ici était probablement déjà condamné. Retenant un rire qui aurait semblé maladroit, elle ne put s’empêcher de faire un commentaire pour tenter de briser un peu la glace. Elle était sur ses gardes, vis-à-vis de lui, vis-à-vis de la maison et de ce qu’elle contenait, mais le silence qui menaçait de s’installer ne lui disait rien de bon. « Guess this is as good a time as any to be introduced to my mother-in-law-to-be… » souffla-t-elle, utilisant sa main libre pour repousser une mèche de cheveux volage derrière son oreille, enchainant avec un pas en avant. Elle ne savait pas, pourtant, s’il était encore question de mariage, ils ne s’étaient pas parlé depuis un moment, assez pour avoir l’impression d’un peu se perdre, sans doute. Vite, elle balbutia un « Sorry » qui pouvait aussi bien concerner le mauvais goût de sa remarque que la maladresse de la dénomination de la génitrice et poussant un peu plus la lourde porte, elle entra définitivement dans la demeure, levant le nez pour observer les lieux à mesure que la lumière s’échappant de la baguette de Theo venait dévorer les recoins sombres, les ombres oubliées. « Somehow I can’t picture this place being less gloomy or creepy » souffla-t-elle en tournant sur ses talons, arme à la main, cœur battant un peu trop fort. Risquait-elle de vexer le jeune homme en critiquant le théâtre d’une enfance difficile ? Elle espérait que non, espérait qu’il ne fasse pas volte-face pour la planter là, agacé et réalisant son erreur. Se raclant la gorge, tournant encore un peu, elle avança en direction de l’escalier pour jeter un coup d’œil dans la trouée verticale. Faisant de son mieux pour que sa voix ne tremble pas, elle demanda sans doute un peu trop fort : « So you said she got meaner when your father passed, you think she’s linked to him ? or is it the house ? » rajustant ensuite sa mise pour chercher le jeune Nott du regard. « Cause to be honest it sounds like she might be attached to you and I’m not sure I’m ready to sever that link, that might involved you… » Dying. Again. For good this time. La fin de la phrase resta un peu coincée dans sa gorge tandis qu’elle sifflait juste un « I mean… » quelque peu distant.

Ils avaient côtoyé des fantômes à Poudlard. Theodore connaissait sa mère. Le spectre de sa mère en tout cas. Assurément, il était attaché à ce qu’elle représentait, à cette figure qu’elle avait pu être et l’idée de la lui arracher entièrement était un peu étrange. Pesante. Quelque part, Nephtys se sentait coupable. Il ne pouvait plus venir ici, ne parlait plus à sa fiancée, était peut-être sur le point de détruire le dernier lien avec sa mère. Sans trop le réaliser, elle s’était mise à le fixer plus qu’à jauger la situation, plus qu’à découvrir les lieux. En connaissant un peu qui il était, elle n’avait pas de mal à voir ce qu’il avait été. Seul ou presque, malmené sans doute… L’idée la révulsait, trop pour qu’elle sache quoi faire du plomb qui coulait dans son estomac à mesure qu’elle l’imaginait ici, âgé de cinq, dix, quinze ans. Elle allait se secouer un peu pour cesser de darder sur lui un regard qui aurait pu sembler plein de pitié – il ne l’était pas – quand un bruit se fit entendre à l’étage. Des pas, peut-être, puis une porte qui claqua, la faisant sauter un peu et parsemant sa peau d’une chair de poule qu’elle tenta de masquer avant de se souvenir du vêtement que Theo avait forcé sur ses épaules. « What was that ? » siffla-t-elle, puis le bruit recommença, s’approchant un peu trop vite, assez pour qu’elle se place instinctivement devant lui, baguette tendue, son autre main allant chercher le poignet du jeune homme avant qu’une petite créature ne traverse les escaliers, filant vers la cuisine à toute allure, probablement plus terrifié qu’elle ne pouvait l’être. « just probably a dam niffler » souffla-t-elle, riant légèrement, se sentant stupide, lâchant la prise qu’elle maintenait sur lui et croisant son regard avant de lui adresser un faible sourire. Look at us, all awkward, strangers, look how sorry I am, look how missed you are. Son appréhension, pourtant, ne voulait pas retomber, peut-être à raison d’ailleurs. Quelques instants plus tard, un grand vacarme métallique s’éleva, semblant venir des entrailles de la bâtisse et donnant l’impression que la construction toute entière pleurait, se plaignait, agonisait. Un courant d’air massif s’ajouta au ramdam et alors qu’une odeur immonde s’imposait enfin à elle, elle crut entendre le vent murmurer d’un ton menaçant : She can’t take you from me, she’s not welcome here…
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Theodore Nott
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‹ âge : vingt-quatre ans. (21/06)
‹ occupation : un ancien langue-de-plomb, désormais un Mangemort en fuite.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1991 et 1998.
‹ baguette : m'a été rendue par Mafalda. Vingt-deux centimètres virgule trois, ventricule de dragon (boutefeu chinois) et bois de chêne rouge.
‹ gallions (ʛ) : 4360
‹ réputation : je suis un déchet, un étudiant qui a un jour été prometteur, et n'est plus que l'ombre de lui-même.
‹ faits : j'étais un Mangemort défectueux, déterminé mais sans passion. J'ai été capturé par Blaise et Draco peu avant la Bataille et ai passé deux mois dans les cachots de Poudlard à additionner les crises de manque et quelques crises cardiaques sympathiques, dues à mon addiction à l'Orviétan (Excess).

J'ai été condamné au Baiser du Détraqueur quelques jours avant l'abolition de la peine de mort. J'ai été condamné à perpétuité à la place. Je me suis évadé d'Azkaban avec Penelope Clearwater, avec l'aide extérieure de Percy Weasley et vit désormais la vie du parfait moldu.
‹ résidence : dans un petit cottage sorcier posé.
‹ patronus : impossible à invoquer
‹ épouvantard : des milliers frelons qui tournent autour de lui et l'achèvent; la résurrection de Voldemort; le cadavre de sa filleule Cat.
‹ risèd : l'indépendance, une vie paisible et sans remous, aux côtés de Nephtys.
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Elle ne prit pas sa main tendue et Theodore ferma le poing, difficilement, chaque jointure pliée envoyant des dizaines de frissons électriques le long de ses nerfs, ses os, sa colonne vertébrale. Il savait, pourtant, que Nephtys était imprévisible, complètement différente de toutes les choses et les gens qu'il avait vu jusque là: irrévérencieuse et parfaite dans sa rébellion constante, attachante et insupportable, insolente et circonspecte. Mais à chaque fois, il s'étonnait de quand elle n'obéissait pas aux règles que Theodore énonçait pour expliquer le comportement d'autrui. Et peut-être que c'était pour ça qu'il lui avait demandé son aide: Nephtys était imprévisible et inattendue. Ce qui la rendait parfaite pour combattre les fantômes, et pour le rassurer aussi. Il lut, dans son regard, une petite hésitation (à moins que ce ne soit de la peur? beaucoup de sorciers auraient déjà tourné les talons, et il la remerciait silencieusement pour être restée jusqu'au bout. À ce moment-là, il aurait dû rajouter qu'il ne lui en voudrait pas de s'en aller en courant; mais il ne voulait pas non plus lui mentir). Graciant l'atmosphère tendu d'un petit juron — “ well, shit ” — qui fit froncer le joli nez en trompette en Nott, ce fut elle qui ouvrit la porte et débarrassa Theodore de ses derniers questionnements métaphysiques portant sur leurs mains hypothétiquement liées et l'assurance confiante qui grandissait dans son coeur pour la simple et bonne raison qu'elle était présente.
Ils montèrent les marches et bientôt, passèrent l'encadrement de la porte de la sordide maison. Theodore referma derrière eux, par pur mécanisme, la porte; l'obscurité les enveloppa aussitôt, seulement battue par la lumière bleue (dont il augmenta l'intensité d'un Maxima marmonné à mi-voix) qui s'échappait de sa baguette. « Guess this is as good a time as any to be introduced to my mother-in-law-to-be… » Bien malgré lui, Theodore fronça les sourcils. Il ne savait jamais, avec Nephtys, quand elle blaguait ou pas. La plupart du temps, la réponse était oui. Mais il avait appris à ne pas se fier aux plupart du temps avec les individus comme sa charmante fiancée. « Sorry. » Une blague, donc. Theodore révisa tout ce qu'il aurait pu dire pour abonder dans son sens et l'empêcher de se sentir mal à l'aise. “ Yeah, fit-il, la bouche sèche, forçant ses yeux à rester focalisés sur tout si ce n'est elle. Bet you're getting real excited right now, ” lâcha-t-il d'un ton faiblard, hésitant, sans oser tourner ses yeux vers elle (préférant même les fermer, un instant, pour se maudire silencieusement de sa stupidité).

Le plancher craquait un peu sous leurs pas. Le vent soufflait un peu fort et le manoir, comme toutes les vieilles maisons, grinçait en retour. L'atmosphère était pesante, terrible et sordide; Theodore n'était même plus sûr que ce ne soit uniquement du fait du spectre qui avait élu domicile dans les lieux. « Somehow I can’t picture this place being less gloomy or creepy, » dit Nephtys comme si elle avait lu dans ses pensées et il grimaça, un rien vexé peut-être. Nott Manor était l'unique propriété britannique de sa famille, son dernier lien avec sa mère, son père, son histoire. Et même si effectivement, l'endroit était particulièrement lugubre et sordide et étrange et vous foutait mal à l'aise et n'avait franchement pas les atours de Malfoy Manor ou de, virtuellement, chacun des manoirs d'Herpo Creek, Theodore y était bizarrement attaché. “ Well, get used to it, ” marmonna-t-il plus pour lui-même que pour elle, faisant preuve d'une acidité qui n'était pas du tout caractéristique. Sauf grosses colères, Theodore était rarement hostile, encore moins avec Nephtys; mais comme d'habitude, il ne se reconnaissait pas en sa présence et comme d'habitude, elle mettait précisément le doigt sur les choses qui mettaient Theodore mal à l'aise. Dans l'ordre: sa présence à elle, l'envie qu'il avait de lui plaire malgré tout, la proximité physique qu'elle instaurait parfois (et surtout, le fait qu'elle ne déplaisait pas entièrement au Nott) et aussi le paradoxe qui faisait que Theodore détestait autant Nott Manor qu'il voulait le sauver.
« So you said she got meaner when your father passed, you think she’s linked to him ? or is it the house ? Cause to be honest it sounds like she might be attached to you and I’m not sure I’m ready to sever that link, that might involved you… » Elle s'était tournée vers lui et avait planté son regard dans le sien. Theodore, pourtant vif d'esprit, mit du temps à entendre et comprendre ce qu'elle voulait dire et, au moment où elle rajouta un « I mean… » mal à l'aise, le jeune homme blêmit et la lumière de son Lumos, sensible à son trouble, clignota à deux ou trois reprises. Il n'avait pas pensé à cette possibilité. “ She got really angry, yeah. She was playing my birth over and over again in my parent's old bedroom. Her... deathbed. ” Une mort pour une vie. Était-elle vraiment liée à lui? ou à la maison? Theodore n'avait jamais vu sa mère quitter le manoir, pourtant. Il fronça les sourcils, convoquant ses souvenirs, des bouts de mémoire... en vain. Quelque chose lui titillait l'esprit mais il n'arrivait pas à se souvenir de quoi.

Le regard de Nephtys sur lui était pesant.

Était-elle déçue qu'il ne trouve pas de solution fantastique? qu'il n'ait pas réponse à ses questions? Ou alors... Theodore essaya de déceler, dans son regard fixe, ce qu'elle pouvait bien voir; elle semblait perdue dans ses pensées et pourtant, ses yeux fauves ne le quittaient pas un seul instant, le réduisant à une immobilité incertaine. Elle semblait triste ou alors, pleine de pitié. Theodore s'en voulut aussitôt de s'être ouvert à elle ainsi, d'avoir laissé voir des failles qu'il s'était acharné à endiguer pendant des mois, des années. Il savait qu'il pouvait, devait s'ouvrir à sa fiancée; il savait aussi qu'il détestait la voir déposer ce regard sur lui.
Ils sursautèrent de concert quand une porte claqua à l'étage. « What was that ? » Theodore resserra sa prise autour de sa baguette et n'eut pas la force de repousser Nephtys quand elle se plaça entre lui et les escaliers desquels ils s'étaient rapprochés. Il était le Mangemort parmi eux deux, pourtant, le sorcier qui se pensait intelligent et expérimenté; mais à Nott Manor, Theodore n'était rien d'autre qu'un gamin, le petit enfant chétif et mal à l'aise qui essayait désespérément de plaire à un père indifférent et de satisfaire une mère depuis longtemps décédée. Il sursauta à nouveau comme un beau diable quand une petite silhouette animale courut à toute allure près d'eux, disparaissant rapidement au détour d'une porte ne tenant plus que sur un gond. « Just probably a dam niffler, » fit Nephtys avec un rire nerveux et Theodore lâcha lui-même un “ haha ” angoissé, remarquant seulement que leurs peaux se touchaient là où elle avait pris son poignet entre deux doigts. Ce n'était pas un détail important et pourtant, sa main sur son poignet avait quelque chose de rassurant et de familier. Elle relâcha sa main et se tourna vers lui et il la regarda et il se demanda ce qu'il voulait lui dire et surtout ce qu'elle voulait lui dire.
Mais comme d'habitude, aucun mot ne se tissa entre eux; il répondit à son petit sourire avec l'un des siens, incertain, avant de reculer machinalement d'un pas.

La maison l'empêcha de faire quoique soit d'autre. Theodore se tendit, sa main se mettant presque à trembler tant elle serrait la baguette, le Lumos nerveux faisant plus que jamais jouer les ombres de la bâtisse. She can’t take you from me, she’s not welcome here… s'éleva la voix reconnaissable entre toutes de sa mère et un long, très long frisson douloureux revint faire trembler Nott de la nuque aux reins, l'obligeant à difficilement déglutir alors que ses yeux, qui s'étaient affolés dans leurs orbites pour chercher à regarder tous les recoins de la maison en même temps, se braquèrent sur Nephtys. “ You- you heard her, right? ” il demanda doucement, avec tellement, tellement de peur dans la voix.
Ce n'était plus tant de la peur des conséquences de l'avoir amenée ici, au dernier endroit au monde où il souhaiterait à quiconque de rencontrer leur future belle-mère; non, il avait peur qu'elle lui dise qu'elle n'entende rien. Peut-être était-il fou, depuis toutes ces années, peut-être ne l'entendait-il que dans sa tête, peut-être avait-il seulement perçu ce qu'il avait voulu avoir pendant des années — une mère, un soutien, un regard, un peu d'amour. Peut-être avait-il été l'artisan de sa propre destruction.
Mais Nephtys lui renvoya son regard alerté. Elle l'avait entendue elle aussi. “ Well, shit. ” Il était atrocement sérieux, faisant écho à son juron d'il y a quelques minutes à peine; mais un sourire se hissa sur le coin de ses lèvres alors qu'il détournait le visage, à moitié rassuré que ce ne soit pas dans sa tête, à moitié apeuré que ce ne soit pas dans sa tête. Au moins étaient-ils deux ici, au moins pouvait-il l'y protéger et au moins- - “ If you... don't want to do this anymore, I'd get it, Nephtys, ” lâcha-t-il, n'y tenant plus. Il lui tournait le dos désormais, lui présentant sa nuque et ses épaules pour ne pas affronter son regard. Il décide de ne pas monter à l'étage, pas tout de suite, contournant plutôt l'escalier pour prendre le même chemin que la créature — il espère sincèrement que c'est effectivement un niffleur — a emprunté après avoir quitté les escaliers: la cuisine s'ouvre rapidement à lui alors qu'il envoie valser contre le mur la porte à moitié détruite de la pièce. La maison a cessé de gémir, le vent de la malmener et la voix... s'est tue. À vrai dire, c'est un silence irréel qui s'est abattu sur eux désormais, un silence à vous scinder les oreilles, seulement interrompu par les respirations difficilement contrôlées de Theodore et ses chaussures crissant sur le carrelage, sur la poussière et quelques débris d'un autre temps.

Il n'est pas familier avec cette pièce. Après tout, il n'a jamais eu de bonne raison de traîner en cuisine, à part peut-être pour se servir un verre de lait la nuit ou pour quémander en personne un sandwich de sa préférence à leur elfe de maison, Squeaky.
Squeaky. C'est la première chose qu'il voit en entrant dans la pièce: son petit corps monstrueux allongé sur le carrelage, le crâne défoncé, presque irreconnaissable. “ Nephtys, don't- - ” dit-il en faisant volte-face, peu désireux de lui infliger ce spectacle et bien décidé à l'empêcher d'entrer dans la pièce; trop tard, elle l'a rejoint sur le carrelage et la porte se ferme dans un claquement d'outre-tombe derrière elle. Il est toujours blême, Theodore, la lumière de son Lumos toujours inconstante. Il a n'a qu'une envie: rentrer à la maison. Mais, comme il n'a pas particulièrement de maison, il sait qu'il ne peut pas se soumettre à ce caprice. Il ne peut que regarder Nephtys, l'air perdu et effaré, en essayant tant bien que mal de lui emprunter un peu de bagou et en lâchant un “ well, I guess it's too late if you wanted to leave anyway ” au sourire canaille qui a l'air plus d'une condamnation à mort qu'autre chose.
Il tourne les talons, regarde le cadavre et, d'un mouvement de baguette magique, le recouvre d'un drap gris qui se teinte presqu'aussitôt de sang. “ She was alive the last time I was around. It was a few weeks ago but still, she- -It, le morigénerait son père. Il secoue brusquement la tête. “ Stay close to me, ” indique-t-il à la batteuse en se rapprochant prudemment de la seconde porte de la cuisine, qui mène à la salle à manger et qui a encore l'air ouverte.
Why did you bring her? ” Il regarde par-dessus son épaule et darde Nephtys d'un oeil interrogateur: l'entends-tu aussi? Elle s'est figée et il comprend que oui. “ You know how I feel about her. She's no good for you, Theodore, my sweet Theo. Did you give her your coat? You're too good, too good, too good... ” Les lourds rideaux de l'imposante fenêtre de la cuisine se ferment soudainement, et Theodore fait redoubler le Lumos d'intensité; alors la silhouette leur apparait, dans le coin le plus éloigné de la pièce. Theodore fait quelques pas précipités en arrière, s'empare de la main de Nephtys, la garde dans son dos en tendant une baguette plus tremblante que jamais en direction du corps éthéré de celle qui lui a donné la vie. Il n'arrive pas à penser. Il n'arrive plus à rien.

Elle avait dû être belle, Myrcella Nott, de son vivant. Elle avait un visage gentil et ouvert, un grand sourire à fossettes et des yeux qui se plissaient agréablement. Dans la mort, en revanche, elle était une chose terrible et effarante. Et si, au début, Theodore l'avait trouvée belle — comme seules les mères savent le paraître —, aujourd'hui enfin il la voyait comme elle l'avait toujours été: un spectre décharné, éthéré, mort depuis longtemps, pourri jusqu'à la moelle. Et si à l'étage, dans les chambres ou dans la bibliothèque, elle prenait presque figure humaine, ici, au rez-de-chaussée du manoir, elle avait plus que jamais l'apparence passée et lointaine d'un fantôme délavé. “ M-mum, marmonne-t-il malgré lui, sa main libre serrant plus fort qu'il n'était permis la main de Nephtys. S-she- - -is here to help you? Help you with what? Come on, Theodore, my Theodore, my Gwydion, don't be so stupid. You think she'd help you? You think she'd care? ” Theodore ne sait pas si elle lit ses insécurités dans ses pensées et les déforme pour accomplir ses propres objectifs ou si elle tire ces mots d'observations extérieures; tout ce qu'il sait, c'est que son coeur saigne d'entendre sa mère prononcer ces mots et que sa bouche sèche l'empêche de lui répondre quoique ce soit. Il fait un pas, puis deux en arrière, forçant Nephtys à faire de même en direction de la porte de la salle à manger. Le spectre, quant à lui, s'avance vers eux. “ You think you need her? She doesn't need you. She will only make you suffer, you know that? Of course you know that. You're not that stupid, Theodore. Look at yourself. Look at all of this. It doesn't have to be this way. ” D'autres pas en arrière. Il tremble de plus en plus.
Et puis, sa mère penche la tête sur le côté. Elle semble surprise, réellement inquiète et si de la colère se lisait sur son visage quand elle faisait référence à Nephtys, maintenant, elle n'est que curiosité pure. “ What are you doing here anyway, Theodore? I missed you. I missed you so much. Are you finally going home? ” Et il a envie de lui dire qu'il aimerait. Envie de lui dire qu'il ne partira pas, plus jamais. Envie de lui dire qu'elle peut le consommer, énergie vitale et magie et désir de vivre, tout entièrement si il le faut: il n'a pas, n'a plus la force de se battre contre l'inévitable. Et pour quoi faire? Pour quel avenir, quel futur, quel monde? Il est seul, seul, une armée en marche à lui tout seul; à quoi bon se battre un peu plus?
Mais les doigts de Nephtys sont liés aux siens, d'une certaine manière, et ça lui rappelle peut-être qu'il y a des choses qui méritent qu'on se batte pour elles.

Mum, you can't stay here, gémit-il presque pourtant, comme un gamin effrayé. It's not- you're not- you're- - Dead. La vérité cruelle est difficile à prononcer. “ W- - What are you talking about, young boy? Who do you think you are? I'm sorry. ” Et puis le Lumos s'éteint et l'obscurité les enveloppe de ses bras froids et cruels; l'instant suivant, une lumière rouge aveuglante s'échappe de la baguette de Theodore, peignant les murs rouges, le sol rouge, les visages rouges et le monde rouge.
Un hurlement résonne, ni femme ni humain ni rien; une hurlement qui fait vibrer chacun des os du corps de Theodore, un hurlement qui fait trembler la maison elle-même, et elle hurle en retour; Theodore profite de l'aveuglement du spectre pour les faire passer par la porte de la salle à manger, qu'il verrouille d'un sortilège derrière eux; en même temps que la porte claque, le hurlement cesse de lui scier les tympans. Il a le souffle court, la poitrine qui se soulève difficilement mais il ne s'arrête pas; de petits mouvements de baguette, il verrouille les deux autres portes — couloir et un bureau du rez-de-chaussée, celui qui appartenait à sa mère — avant de fermer à grand bruit les volets des deux grandes fenêtres. Il s'arrête finalement de courir à travers la pièce, le coeur au bord des lèvres. La table est dressée, étrangement, les verres ayant le pied en l'air et les assiettes retournées face contre la table, comme si sa mère avait attendu un invité pendant des jours et avait fini par avoir peur que les objets prennent la poussière. Il relève le regard vers Nephtys.
I think we're safe here... for now. ” Il fait un pas vers elle, mais se retient au dernier moment de la rejoindre. Il a envie... il ne sait pas trop. Peut-être de mêler ses doigts aux siens à nouveau, ou de prendre son visage entre ses mains pour lui dire de ne pas avoir peur et de ne pas paniquer. À moins qu'il ait simplement envie que ce soit elle qui fasse cela. Il n'en sait rien. “ I'm sorry. I shouldn't have brought you here. But I cannot face it by myself, and you're the only one I trust. Mais encore une fois, des silences forcés entre eux se tissent et les mots s'évanouissent. La maison est de nouveau silencieuse, et Theodore s'étouffe presque sur le rugissement de son sang dans ses veines et les battements désordonnés de son coeur. “ So... how's the mother-in-law-to-be thing going? ” Toujours sérieux et sévère dans son humour maladroit et pince-sans-rire; pour une fois, pourtant, il laisse un large et franc sourire amusé et fatigué effleurer sa lippe. Il lui doit bien ça.
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Nephtys Shafiq
Nephtys Shafiq
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‹ âge : vingt-six
‹ occupation : musicienne, batteuse des Rotten Apple avant que le groupe ne se disloque. Autrefois elle était également une des boules de cristal ambulantes du gouvernement. Aujourd'hui, elle tente encore de créer mais passe surtout son temps à jouer pour les patients de Ste Mangouste.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1987 et 1994.
‹ baguette : fait 21 cm, elle est en saule et contient de la poudre de griffe de sphinge.
‹ gallions (ʛ) : 5438
‹ réputation : Traîtresse, lâche, infâme catin du gouvernement de Voldemort. Parce qu'elle a aidé en toute connaissance de cause le Lord et ses sbires, par ses visions et par sa musique, et parce qu'elle est longtemps restée fiancée à un mangemort même lorsqu'elle était libre de se défaire de la promesse, Nephtys est regardée de travers la plupart du temps. Son sang pur n'aide en rien.
‹ particularité : voyante, affublée à sa naissance d'un don lui provoquant dans son sommeil des visions sporadiques et imprévisibles mais particulièrement violentes.
‹ faits : Orpheline de mère, il lui reste son père, Aswad Shafiq, devenu fou après l'attaque d'Herpo Creek.
‹ résidence : dans un appartement miteux sous les toits, quelque part dans un immeuble peu rutilant de l'allée des embrumes.
‹ patronus : un chacal, symbole de clairvoyance dans l’Égypte ancienne. Elle n'arrive que rarement à en conjurer une forme corporelle.
‹ épouvantard : Tantôt, elle craint que l'on abrège les souffrances d'Aswad et panique. Parfois, elle se dit que ça serait pour le mieux, moins égoïste. A ce moment là, sa véritable peur prend le dessus. Elle voit les gros titres, "Mangemort appréhendé et abattu" et l'avis de décès de Nott quelques lignes plus bas.
‹ risèd : Theodore en sécurité, avec ou sans elle. Des nuits calmes. Du silence. Ne plus rien sentir, à défaut de l'avoir lui.
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sorry about the blood in my mouth. i wish it was mine.

Ghosts are real, that much I know. A house as old as this one becomes, in time, a living thing. It starts holding onto things... keeping them alive when they shouldn't be. Some of them are good; some of them bad... Some should never be spoken about again.
She can’t take you from me, she’s not welcome here. Ça devait être le vent. Rien d’autre que le vent. Juste un courant d’air, un fragment de son imagination ou encore le bois de la vieille bâtisse travaillant et craquant parce que c’était ce que faisait les constructions de ce genre. Elle n’avait rien entendu, elle devait surement projeter un peu, s’attendre à quelque chose, ce n’était qu’une création de son cerveau trop souvent abîmé par les potions et les stupéfiants. Elle n’avait rien entendu, non, elle s’était juste conditionnée et interprétait tout et n’importe quoi. C’était sûrement juste un niffleur, un satané niffleur là pour chaparder ce qu’il devait rester d’argenterie, de bijoux…  “ You- you heard her, right?

La question manqua de la faire sursauter et lorsqu’elle croisa le regard du jeune homme, un frisson monstrueux décida d’arpenter son échine, de la nuque au bassin, dressant sur sa peau une chair de poule presque douloureuse, armée d’épine épidermique, mauvais pressentiment supplémentaire. Theodore était souvent – pour ne pas dire toujours – calme. Ou a défaut de ça, il faisait en sorte d’avoir l’air calme, il donnait l’impression de contrôler le monde l’entourant et de ne pas se laisser affecter par les variantes. Peut-être ne l’avait-elle pas suffisamment vu dans des situations dénuées de cadres strictes, peut-être se trompait-elle, mais en tout cas, en société il dégageait quelque chose de stoïque qu’elle trouvait déroutant, distant, mais qui présentement lui manquait absolument. Tout plutôt que le regard paniqué qu’il lui servait. Tout plutôt que le “ Well, shit. ” qui lui échappa ensuite. Elle n’était pas certaine de l’avoir déjà entendu jurer. Elle, elle n’avait que ces mots-là à la bouche si bien qu’il était parfois difficile de se souvenir qu’elle n’avait pas été élevée sur des docks, entourée de marins mais bien dans de jolis salons décorés avec goût et élégance. Certes, elle avait été libre d’aller et venir pendant longtemps et il n’aurait pas été honnête de dire que ses escapades du côté moldu, à arpenter le pavé du quartier punk, n’avait pas contribué à sa façon de parler, mais les vestiaires de Quidditch n’avaient pas vraiment aidé non plus, le blâme était autant du côté sorcier que de l’autre. Mais Theodore… Theodore ne jurait pas. Pas devant elle en tout cas. Pas encore, pas comme ça, pas avec un air si terre à terre. Parce que c’était ça, qui se dégageait du juron, écho au sien. Quelque chose se tramait, quelque chose d’inquiétant, quelque chose d’anormal pour que même lui qui connaissait ces lieux se mette à jurer. C’était un fait avéré, le genre de fatalité inspirant un ‘well shit’ difficile à retenir.

Elle fronça les sourcils lorsqu’elle cru voir l’ombre d’un sourire se dessiner sur les lèvres du jeune homme. Elle n’eut pas le temps d’analyser outre-mesure ceci dit, car déjà il déclarait : “ If you... don't want to do this anymore, I'd get it, Nephtys ” et déjà il filait, déjà il lui tournait le dos et déjà, son attitude laissait à entendre que s’il lui offrait une porte de sortie, il ne comptait pas la prendre. Et elle ne pouvait pas le laisser ici seul… Enfin si, elle pouvait et très honnêtement, elle commençait à le vouloir mais elle avait donné sa parole, son accord du moins et elle ne pouvait pas l’abandonner et partir sans se retourner. C’était peut-être l’ambiance trop lourde qui la paralysait, ou bien l’idée qu’on allait l’accuser si jamais il arrivait quelque chose au jeune Nott… Ou encore, simplement, le fait qu’elle arrivait à apprécier Theodore, par moment, même si elle n’arrivait pas à le cerner, encore moins à le comprendre. Lorsqu’ils étaient seuls, lorsqu’on ne les regardait pas, elle parvenait à laisser un peu retomber sa garde et par moment, elle se demandait si lui aussi ne commençait pas à en faire de même. Aussi lui emboita-t-elle le pas, le suivant jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dans la cuisine.

La bâtisse n’était pas si différente de celle où elle avait pu grandir. Plus prestigieuse, plus grandiose, plus austère aussi. C’était peut-être le deuil du père et de son fils qui avait fait ça, à moins que ça soit la maison qui ait déteint sur eux plutôt que l’inverse. Elle n’était pas rassurée mais nota le carrelage similaire à celui sur lequel elle avait longtemps pu glisser, en chaussette, essayant d’attraper un vif d’or factice et manquant de renverser une pile d’assiettes ensorcelées attendant d’être nettoyées. Chez elle, cependant, elle n’avait jamais vu de tâche carmin, de forme inanimée, de…  “ Nephtys, don't- ” souffla-t-il, se retournant pour lui barrer la vue. Trop tard, ses yeux étaient déjà rivés sur le corps sans vie d’un elfe de maison mutilé. Sa mort n’avait pas été plaisante, rapide peut-être et c’était tout ce que la jeune femme pouvait souhaiter à la pauvre créature. Le recueillement se trouva vite interrompu, pourtant et à nouveau, elle manqua de sursauter. Il fallait qu’elle arrête, qu’elle se reprenne… pourtant cette fois il y avait de quoi. Derrière elle, derrière eux, une porte venait de claquer et rien ne laissait présager qu’elle allait se rouvrir dans les instants à venir. Le vent ne faisait pas ça. La magie faisait ça. Une magie cruelle et colérique, une magie agressive. “ Well, I guess it's too late if you wanted to leave anyway ” lança Theodore et elle écarquilla un peu les yeux, se demandant d’où venait le trait d’humour et pourquoi il intervenait seulement maintenant. Etait-ce un moyen d’encaisser, de garder son calme. Etaient-ils fichus au point qu’il abandonne l’apparence de contrôle ? Elle soupira, encore un soupire, qui ne parvint pas à l’apaiser. L’espace d’un instant, elle hésita à flanquer un petit coup dans le bras du jeune homme afin de lui faire comprendre que ce n’était peut-être plus le moment de plaisanter, mais elle se retint et il fit à nouveau volte-face, conjurant d’un coup de baguette un linceul pour l’elfe de maison. “ She was alive the last time I was around. It was a few weeks ago but still, she- - ”  et ce fut la seule eulogie pour la servante sans doute fidèle, dévouée, familière… Elle détacha son regard de ce triste spectacle lorsqu’il demanda : “ Stay close to me ” et si elle n’était pas forcément du genre à écouter les ordres, elle obtempéra, peut-être parce que se retrouver isolée dans la sinistre demeure en compagnie de la dépouille fortement abimée d’une elfe de maison ne semblait pas vraiment avisé. Déjà il allait vers une porte qui n’avait pas claqué tandis qu’elle restait proche, pas assez pour lui marcher sur les talons ceci dit, pas assez pour lui rentrer dedans si jamais il s’arrêtait brusquement… Elle se retrouva pourtant avec la sensation d’avoir heurté un mur lorsqu’une voix qui n’était ni la sienne, ni celle de Theodore, ni un fragment de vent se fit entendre. “ Why did you bring her? ” et figée, elle ne remarqua même que l’héritier des lieux s’était retourné pour la regarder, pour vérifier qu’il n’était pas le seule à entendre, que ce n’était pas un courant d’air ou un niffleur. Combien fallait-il donner pour qu’il s’agisse de l’esprit de feu l’elfe de maison ? Elle secoua imperceptiblement la tête, l’heure n’était pas aux marchandages douteux et aux blagues de mauvais goût. “ You know how I feel about her. She's no good for you, Theodore, my sweet Theo. Did you give her your coat? You're too good, too good, too good...

Il n’y avait rien de tendre dans la voix, pas plus que dans les gestes. Elle pouvait entendre l’attachement dans la manière dont roulait le prénom de son fiancé, dans le surnom, mais il n’y avait rien de réellement doux. Nephtys ne la connaissait pas – Theodore non plus, à vrai dire, il ne connaissait que l’esprit, le fantôme – peut-être avait-elle besoin de s’habituer ? Non. Elle n’était pas la bienvenue ici et ça n’allait pas changer, elle pouvait le sentir. Madame Nott souhaitait mieux pour son fils, souhaitait peut-être le garder précieusement à ses côtés, retrouver l’enfant qu’elle avait observé de loin sans pouvoir le border. La jeune Shafiq n’eut pas le temps de s’éterniser sur la tristesse des faits, pas quand l’obscurité vint les engloutir, pas quand Theodore l’attira derrière lui pour la cacher, pas quand en dépit des épaules du jeune homme bloquant sa vue, elle put discerner la silhouette qui se présentait à eux. Elle avait l’habitude des fantômes, Poudlard était truffé d’apparitions en tout genre, certaines solennelles et sérieuses, d’autres insupportables et joueuses, mais jusqu’ici jamais n’avait-elle ressenti un besoin viscéral de fuir face à un spectre. Moribonde, émaciée, elle n’inspirait à la voyante qu’un besoin de prendre ses jambes à son cou ou de serrer les doigts de Theodore. Elle resta immobile pourtant, flanquée derrière lui tandis qu’il gardait son bras en joug, sa baguette entre eux et la sombre maîtresse des lieux. “ M-mum ” et le murmure parvint à couvrir une inspiration – non, un hoquet – que Nephtys laissa sonner un peu trop fort, comme choquée qu’il puisse appeler pareille vision d’un nom si doux. Elle ne pouvait pas le juger, ne voulait pas du moins, mais sa peur soudaine la rongeait un peu. Elle avait vu la mort dans ses visions, elle avait souffert, halluciné, elle s’était réveillée le nez en sang et le souffle court mais rien ne pouvait être comparé à cet instant. “ S-she- --is here to help you? Help you with what? Come on, Theodore, my Theodore, my Gwydion, don't be so stupid. You think she'd help you? You think she'd care? ”  

Pendant un instant, Nephtys cru qu’il allait la lâcher. Ce n’était pas tant une crainte immédiate qu’une inquiétude plus générale. Etait-elle supposée l’aider, se soucier de lui, s’inquiéter ? C’était une union arrangée, même si acceptée, et… Elle chassa tout ça de son crâne, ce n’était ni l’heure ni le lieu d’autant qu’à présent, Madame Nott s’avançait. Déjà pourtant, Theodore reculait, l’entrainait avec lui sans la lâcher, s’approchait de la porte. Reculer vers une pièce barricader ne semblait pas spécialement futé mais qui était-elle pour le dire, vraiment ? Elle espérait à vrai dire se faire un peu oublier, sans doute parce que la hargne du spectre n’était pas dirigée au hasard. Raté, évidemment. “ You think you need her? She doesn't need you. She will only make you suffer, you know that? Of course you know that. You're not that stupid, Theodore. Look at yourself. Look at all of this. It doesn't have to be this way. ” et cette fois-ci, Nephtys parvint à serrer les doigts de Theodore. C’était peut-être par peur de trébucher alors qu’ils s’éloignaient, ou bien parce qu’elle voulait qu’il enfonce ses ongles dans sa paume afin qu’ils se réveillent, qu’ils sortent de cette torpeur. Elle inspira profondément, l’odeur de soufre la faisant trembler à son tour, comme lui pouvait frémir. C’était réel, c’était bel et bien réel et par Merlin, qu’il était difficile de ne pas essayer de se convaincre du contraire. “ What are you doing here anyway, Theodore? I missed you. I missed you so much. Are you finally going home?

Le manoir Nott avait peut-être été une maison, un foyer, un jour. Peut-être avait-il abrité rires et jeux, moments de tendresse, de douceur, d’apprentissage. Loin, derrière la poussière et les moulures décrépies se cachaient peut-être des souvenirs doux et confortables, histoires lues au coin du feu et sucreries volées pour être dégustées loin du regard des adultes. Il était possible que loin, loin dans les vies qu’avaient dû voir défiler ses murs résidaient encore quelques reminiscences d’un temps passé, d’un temps heureux mais ces fillaments n’étaient plus visibles à l’œil nu. Non, il ne restait qu’un jardin non entretenu, qu’une épaisse couche grisâtre, que le cadavre d’une elfe de maison. Cette maison n’en était plus une, juste un palais pour des araignées, des courants d’air et un fantôme. Sa gorge se serra lorsqu’elle entendit le timbre de Theodore à cet instant : “ Mum, you can't stay here, It's not- you're not- you're- - W- - — What are you talking about, young boy? Who do you think you are? — I'm sorry. ” Cette fois-ci, un hoquet audible échappa à Nephtys. Cette fois-ci, elle planta fort ses ongles dans la main de Theodore, espérant ne pas avoir à le lâcher tandis que la lumière disparaissait remplacée par une projection écarlate qui lui assécha la bouche et lui retourna le ventre. L’espace d’un instant, c’était comme si la lueur carmin s’était échappée de ses veines tant elles lui semblaient soudain sèches, vides. Et puis le hurlement se fit entendre et tout s’enchaina à une vitesse folle. Elle faisait volte-face, encore et encore, soudain seule, soudain lâchée, suivant Theodore du regard alors qu’il s’agitait, barricadant les lieux, les enfermant dans une pièce autrement vide, à l’abri ou bien coincés, c’était difficile à déterminer. Son souffle était de toute façon trop court pour qu’elle réfléchisse correctement, il y avait soit trop ou trop peu d’oxygène parvenant à son cerveau et un sentiment d’impuissance la rinça jusqu’à l’os, un peu comme le cri d’outre-tombe, pire que celui d’une banshee, s’était invité jusqu’au très-fond de son squelette. Le son immonde, pourtant, s’était arrêté et même si elle pouvait encore entendre l’écho dans ses oreilles, comme un acouphène, elle était à même de discerner les restes du réel. Lorsqu’il revint vers elle, Theodore annonça “ I think we're safe here... for now. ” et elle hocha simplement la tête. For now. For now doesn’t sound like enough, pensa-t-elle, se gardant bien de le dire pourtant. Oh elle avait envie de crier, de s’emporter, de lui demander à quoi il jouait, ce qu’ils foutaient ici, de se frapper le front d’avoir accepté aussi. Lorsqu’il s’approcha un peu, pourtant, elle se contenta d’un très faible sourire, un sourire voulant assurer ‘it’s fine, everything’s fine’ même s’il s’agissait peut-être d’un mensonge trop gros, même pour elle, même pour eux et leurs non-dits. “ I'm sorry. I shouldn't have brought you here. ” souffla-t-il et la phrase sembla bancale quand bien même la suite ne vint pas. A la place, il demanda :  “ So... how's the mother-in-law-to-be thing going? ” et le sérieux de la question jura violemment avec le sourire qu’il lui présenta presque immédiatement après. Les yeux ronds, la bouche un peu ouverte, elle le toisa avant d’inspirer profondément puis un rire nerveux lui échappa et elle réalisa qu’elle tremblait un peu. Elle avait probablement surestimée ses capacités à gérer ce genre d’occulte. Elle n’était pas si familière que ça avec les fantômes et ses visions concernaient l’avenir, pas le passé. Le sentiment d’impuissance, d’inutilité était là, vicieux et assez fort pour lui donner envie de se frapper le front. Peut-être fallait-il qu’elle transplane, loin, au plus vite. Elle semblait empirer les choses, la verve de Madame Nott, sa colère, c’était contre elle, spécifiquement contre elle, d’une façon étrange et précise, comme si la mère du jeune homme en savait trop. Elle ne pouvait pourtant pas le laisser. Il lui avait demandé d’être là, elle avait accepté. Elle s’approcha puisqu’il ne semblait pas décidé à le faire et flanqua un très léger coup dans son épaule, son rire nerveux et maladroit se calmant peu à peu… jusqu’à ce qu’elle souffle « Gwydion, ugh ? » et se remette à rire, à ricaner même, se moquant gentiment de lui.

Cela ne fut pas au goût de Madame Nott, visiblement. Elle devait pouvoir les entendre, les sentir, même si son hurlement avait été bloqué hors de la pièce, même si sa rage semblait un peu contenue à présent. Les portes tremblèrent, forts à vrai dire, comme sur le point de s’ouvrir et Nephtys fit volte-face en levant sa baguette, ne voulant pas être prise de court à nouveau. « No offense, it’s just old-fashionned, suits the place,  I’m loving the decor by the way » ajouta-t-elle, essayant de ne pas rire, pas même nerveusement mais de ne pas retomber dans un silence terrifié. Le fantôme devait sentir sa peur, il fallait qu’elle s’impose, qu’elle montre sa dominance, qu’elle… Elle soupira, se pinça le nez, ce n’était pas une créature magique que l’on pouvait amadouer avec deux friandises et un ton stricte. Relaxant un peu ses épaules, se faisant violence pour y arriver, elle se tourna à nouveau vers Theodore et de sa main libre, elle alla attraper son poignet. Il fallait qu’ils restent à proximité, c’était son excuse pour se saisir de lui de la sorte. Elle n’avait pas vraiment de justification pour la manière dont ses doigts se mirent à courir le long de sa peau, suivant la veine jusqu’à glisser à sa paume, mais elle ne s’en soucia pas sur le coup. Assurément, le sursaut tiède et piquant venait de l’adrénaline. Assurément.

Le calme était revenu, temporairement du moins et à voix basse elle souffla : « Listen, I’m not that… » qualified, down to get killed, suicidal ? pensa-t-elle avant de completer. « I mean, she’s pissed because you left, and you left because of me so maybe she needs to hurt me to calm down, I don’t know, I’m… yeah let’s not » et sa voix était basse, ses mots pressés. « She’s got to be linked to something we can take down, that how those things work » murmura-t-elle, serrant les dents et s’attendant à ce que des grenouilles tombent du plafond pour la punir d’avoir osé qualifier Madame Nott de ‘chose’. Rien ne se passa pourtant, alors elle continua. « A medallion she could have been wearing when she passed, or a portrait, or maybe a mirror, they like mirrors, ghosts I mean, they like mirrors because you can skry with that and it provides a link between both worlds… »

A peine eu-t-elle prononcé ces mots que le sol se mit à trembler pendant quelques secondes, comme un grondement sourd, une menace, le genre de mises en garde que seules les mères savaient correctement amener, de celles assez redoutées pour que toute bêtise entamée soit abandonnée. Levant les yeux vers Theodore, elle n’eut pas besoin de demander s’il avait pu sentir la secousse, pas plus qu’elle n’eut besoin de pointer que peut-être, juste peut-être, elle avait touché un nerf. « I don’t know, something pretty, you know those handheld ones, precious like… I don’t know goblin gold… wait, no » et elle passa sa main armée dans ses cheveux en veillant à ne pas coincer sa baguette dans ses mèches brunes, tout pour ne pas lâcher la prise qu’elle avait sur Theodore. « Silver. For the moon, Silver and round or oval, the kind you keep on a vanity ? » et si ce n’était probablement pas la réponse à la quête, si ce n’était peut-être pas la solution, l’intrusion ne sembla pas plaire pour autant. A nouveau, le sol se mit à trembler et les portes à frémir sur leurs gonds. Bientôt, le bois se gondola et la voix de Madame Nott s’imposa à nouveau. « Thief, she’s just a thief, she’s stealing you, she’s stealing my belongings, get her out before I take her away, Theodore, my sweet Theodore, get the thief away or so help me... » gronda-t-elle avant d’ajouter. « Get that thief, that whore away from here, little gypsy bitch with her crystal ball and her short skirts stealing you away from me… » cracha-t-elle et les doigts de Nephtys se firent plus fermes autour du poignet du Mangemort avant qu’elle ne souffle, soudain déterminée : « Yeah, I don’t care if that does nothing but on principle, we’re finding that mirror and smashing the living crap out of it » et c'était sans appel, non négociable. « Lovely lady, gracious host, I think we’re really hitting it off » ajouta-t-elle en forçant alors un sourire, un rire nerveux de plus. « I’m not a gypsy you racist hag, Egyptian is more like it » marmona-t-elle d’une voix à peine audible, attendant que Theodore l’entraîne dans le dédale que devait être la maison ou decide qu’ils valaient mieux disparaître et que le lustre branlant et les verres vibrants ne laissaient rien présager de bon.
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HUNTED • running man
Theodore Nott
Theodore Nott
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‹ âge : vingt-quatre ans. (21/06)
‹ occupation : un ancien langue-de-plomb, désormais un Mangemort en fuite.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1991 et 1998.
‹ baguette : m'a été rendue par Mafalda. Vingt-deux centimètres virgule trois, ventricule de dragon (boutefeu chinois) et bois de chêne rouge.
‹ gallions (ʛ) : 4360
‹ réputation : je suis un déchet, un étudiant qui a un jour été prometteur, et n'est plus que l'ombre de lui-même.
‹ faits : j'étais un Mangemort défectueux, déterminé mais sans passion. J'ai été capturé par Blaise et Draco peu avant la Bataille et ai passé deux mois dans les cachots de Poudlard à additionner les crises de manque et quelques crises cardiaques sympathiques, dues à mon addiction à l'Orviétan (Excess).

J'ai été condamné au Baiser du Détraqueur quelques jours avant l'abolition de la peine de mort. J'ai été condamné à perpétuité à la place. Je me suis évadé d'Azkaban avec Penelope Clearwater, avec l'aide extérieure de Percy Weasley et vit désormais la vie du parfait moldu.
‹ résidence : dans un petit cottage sorcier posé.
‹ patronus : impossible à invoquer
‹ épouvantard : des milliers frelons qui tournent autour de lui et l'achèvent; la résurrection de Voldemort; le cadavre de sa filleule Cat.
‹ risèd : l'indépendance, une vie paisible et sans remous, aux côtés de Nephtys.
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Elle répondit à son grand sourire maladroit par un air hébété... puis pas un rire nerveux, très nerveux, qui l'agita toute entière et qui fit renifler Theodore, amusé malgré lui par la situation ridicule dans laquelle ils se trouvaient. Il aurait tout aussi bien pu engager des contracteurs, des ghostbusters pour s'occuper de la maison... mais il y avait quelque chose de particulier, de familier à la présence du spectre dans le manoir. Elle se nourrissait de l'énergie vitale de quiconque foulant la terre des Nott, fantôme apparu trop tard à la mort de son fils sur la propriété, et Theodore était à moitié convaincu que c'était elle qui avait entraîné la mort de son père qui paradoxalement, l'avait menée à une rage folle.
Et puis... et puis Nott Manor aurait pu être leur refuge et leur maison, à Nephtys et lui, dans quelques années, quand il prendrait enfin les choses en mains et lui demanderait enfin- « Gwydion, ugh ? » Elle lui lança un petit coup dans l'épaule et Theodore recula automatiquement avec un air offusqué, sa main volant pour se frotter l'épaule: “ ouch, hey! ” fit-il avec emphase à son encontre, même si pour être honnête ça n'avait pas fait mal à ce point. Il ne pouvait pas non plus réprimer le sourire qui, toujours, s'étalait sur ses lèvres, attendri peut-être par le sincère rire qui agitait désormais Nephtys. Leur franche rigolade fut interrompue par les portes se mettant derechef à trembler sur leurs gonds, tant et si fort que Theodore fut persuadé pendant un instant qu'elles allaient s'ouvrir en grand et faire entrer le spectre; mais non, elles tinrent bons, dans la ligne de mire de leurs deux baguettes. « No offense, it’s just old-fashionned, suits the place, I’m loving the decor by the way. » Ils étaient côte-à-côte et il lui jeta un regard suspicieux, devinant rapidement qu'elle en rigolait encore. Mais Theodore comprenait, c'était vrai que Nott Manor était plus une relique qu'autre chose, maintenant... surtout que ça faisait presque cinq mois qu'il n'y avait pas, ou peu, mis les pieds. Il fut à deux doigts de dire quelque chose de, sans aucun doute, très intelligent et sarcastique sauf qu'elle lui attrapa le poignet.

Ses réflexes, quand on le touchait sans qu'il ne s'y attende, relevaient toujours de la distance hostile et du regard incompréhensif, méfiant; avec Nephtys, c'était différent: il devait très immobile, tous ses sens dirigés vers elle, cherchant à savoir ce qu'elle faisait ou essayait de faire. En l'occurence, cette fois, elle ne faisait qu'accrocher son poignet, avant de lentement glisser sa paume contre la sienne. Theodore ferma la main autour de la sienne. Ce n'était qu'une question de support et de soutien, juste pour se rappeler qu'ils n'étaient pas seuls. Juste ça. « Listen, I’m not that… » Il lui jeta un regard en coin et, quand il lut l'expression sur son visage, ne put s'empêcher de se maudire intérieurement de l'entraîner dans quelque chose d'aussi dangereux et insensé. Elle ne méritait pas ça. Mais Theodore... égoïstement, il savait qu'il ne pouvait pas le faire sans elle. Alors il ne dit rien. Il lui avait déjà proposé plusieurs portes de sortie et à part si elle insistait, il savait qu'il était incapable de le faire à nouveau, maintenant qu'il était clair à ses yeux qu'il était incapable de rester ici sans elle. Si ils partaient, ils partaient pour de bon. « I mean, she’s pissed because you left, and you left because of me so maybe she needs to hurt me to calm down, I don’t know, I’m… yeah let’s not.I'm not letting her hurt you. Sa main pressa un peu la sienne. I'm not. ” Il n'aurait laissé personne lui faire de mal et paradoxalement, fermait les yeux sur les hématomes marquant sa peau, les mettant sur le compte de chutes ou de concerts trop mouvementés. « She’s got to be linked to something we can take down, that how those things work. » Il ne releva pas le thing même si ça lui fit comme un pincement au coeur. « A medallion she could have been wearing when she passed, or a portrait, or maybe a mirror, they like mirrors, ghosts I mean, they like mirrors because you can skry with that and it provides a link between both worlds… » Scrying... un miroir... oui, ça lui rappelait quelque chose. Mais où?

Comme en réponse aux propos de Nephtys, le sol se mit à trembler, à la manière d'un séisme même si on en avait rarement vu dans le Somerset, des séismes de cette intensité. Elle semblait être sur la bonne piste. « I don’t know, something pretty, you know those handheld ones, precious like… I don’t know goblin gold… wait, no... Silver. For the moon, Silver and round or oval, the kind you keep on a vanity ? » Theodore savait où il avait déjà vu un miroir comme ça. Dans le grenier. “ Uh.
La dernière fois qu'il avait tenté d'accéder au grenier, il avait quinze ans et sa mère l'avait repoussé de l'échelle y menant, lui cassant le poignet et lui ouvrant l'arcade par la même occasion. Il voulait récupérer un vieux balai pour s'entraîner dans le jardin, son père lui avait dit qu'il se trouvait avec les autres reliques poussiéreuses des Nott, il avait eu juste le temps d'apercevoir l'équipement sportif que sa mère apparaissait et le poussait. Dans le reste du grenier se trouvaient également les vieilles possessions de sa mère, dont son père n'avait pas pu se séparer apparemment. Et le miroir avait brillé, se souvenait-il, argenté et lumineux dans l'obscur du grenier, même si aucune lumière ne filtrait à l'intérieur. Ce détail ne l'avait jamais frappé auparavant, étrangement.

Yes, I know where we might find one but-- ” Il fut interrompu par un autre tapage de tous les possibles, alors que les portes s'agitaient de leur propre chef une fois de plus, le bois se mettant lentement à... gondoler, tout comme le plancher sous leurs pas, alors qu'une autre odeur de souffre et d'oeuf pourri se répandait dans la pièce, autant de signes pour signifier que le spectre commençait à trouver une porte d'entrée pour les atteindre. « Thief, she’s just a thief, she’s stealing you, she’s stealing my belongings, get her out before I take her away, Theodore, my sweet Theodore, get the thief away or so help me... » Theodore déglutit difficilement, parfaitement incapable de dire quoique ce soit, la voix de sa mère l'étranglant et l'immobilisant plus que n'importe quoi. Il avait une peur panique d'elle, il le redoutait à cause des coups et des hurlements et des cauchemars mais elle restait sa seule famille aussi morte et folle soit-elle, elle restait la dernière trace du gamin qui avait un jour couru dans les couloirs du manoir sans s'imaginer une seule seconde ce que la vie avait en réserve pour lui.
Elle était sa mère, forte, morte, dégoûtante, moribonde, cruelle, froide et violente, mais sa mère tout de même. « Get that thief, that whore away from here, little gypsy bitch with her crystal ball and her short skirts stealing you away from me… » Nephtys, quant à elle, était bien vivante, sa main chaude et forte autour de la sienne, et il devait se concentrer sur ça. Sa mère était un reliquat des Nott, d'un passé depuis longtemps révolu. Nephtys était le futur. Elle était le futur des Nott et surtout, elle était le futur de Theodore; c'est cette conviction qui arrêta de faire trembler la main qui tenait la baguette, qui rendit un peu de couleur à ses joues et le fit inspirer profondément, pour reprendre ses esprits.

C'était une mission. Rien de plus qu'une mission. Il trierait ses émotions plus tard. « Yeah, I don’t care if that does nothing but on principle, we’re finding that mirror and smashing the living crap out of it. » Sa conviction et son courage faillir faire s'étrangler, surtout qu'elle parlait assez fort pour que Myrcella l'entende, pour qu'elle s'agite encore plus contre les portes. « Lovely lady, gracious host, I think we’re really hitting it off. »  Elle devenait complètement folle. Theodore ne lâcha pas sa main, pourtant, et ne put retenir la sincère admiration qui s'écrivait sur son visage, alors que Nephtys riait, nerveusement mais avec une certaine confiance en elle sans doute — à moins qu'il ne confonde la force avec laquelle elle tenait sa main avec de l'assurance, justement. « I’m not a gypsy you racist hag, Egyptian is more like it. » Theodore pausa, malgré lui. “ Did you just call my mother a hag- ” Mais il n'eut pas le temps de communiquer toute sa (fausse) réprobation que déjà, les portes explosaient.

Il attira Nephtys contre lui pour pas qu'ils ne se retrouvent plaqués contre un mur par un battant de porte volant, avant de se mettre à courir de toutes ses forces vers la sortie la plus proche, menant à un couloir; le spectre de la mère, déjà, se précipitait à travers la porte par laquelle ils étaient entrés, celle de la cuisine. “ The attic! It's in the attic! ” Inutile de cacher leurs cris, désormais; de toutes manières, sans doute que Nephtys ne l'aurait pas entendu, avec le vacarme de la maison qui semblait se réveiller sous chacun de leurs pas, et les grognements étouffés de sa mère qui, sur leur talon, s'arrêta seulement de leur souffler son souffle glaciale sur la nuque quand elle entendit les propos de son fils. “ NO! YOU CAN'T! ” Le hurlement, plus fort que les précédents, faillit faire perdre l'équilibre à Theodore qui agitait sa baguette dans tous les sens, fermant les portes derrière lui et réparant le sol sous leurs pas pour pas qu'ils ne trébuchent, traînant à sa suite Nephtys jusqu'au double escaliers menant au premier étage, puis au second. La maison tremblait et grognait et gémissait toujours mais le spectre n'était plus là, les ayant apparemment laissés tranquille... jusqu'à ce qu'ils arrivent devant l'ouverture béante du grenier.
La trappe ouverte aurait dû laisser tomber l'échelle mais non, c'était juste... noire, comme la toile d'un tableau. Theodore, du bout de sa baguette, lança une gerbe d'étincelles dorées. Elles disparurent en un clin d'oeil, permettant toutefois au Nott d'ajouter une autre dimension à sa vision. Non, ce n'était pas une illusion: c'était bien l'ouverture du grenier... sauf que l'obscurité, à l'intérieur, était presque irréelle.
Theodore se rendit seulement compte à cet instant précis combien la maison était silencieuse. Immobile. Le silence était assourdissant par sa soudaine intensité, après les gémissements et hurlements et grognements. Il se tourna vers Nephtys. “ Ladies first? ” proposa-t-il, avec un petit sourire ironique, avant de s'adoucir. “ I'll be right behind you, don't worry. ” Il se demanda brièvement si la peur qu'il pouvait lire dans les yeux de Nephtys se reflétait dans ses yeux. Mais il y avait aussi une froide résolution, une détermination flamboyante, dans le regard trop clair de sa fiancée. “ I won't let anyone or anything hurt you, Nephtys. ” Il tenait toujours sa main dans la sienne et la lâcha seulement pour la lever, effleurer la pommette de Nephtys, repoussant une mèche de cheveux bruns qui retomba mollement un instant plus tard. C'était un prétexte pour la toucher, s'assurer qu'elle était là, en vie. C'était juste pour s'assurer qu'elle était en vie, juste ça, bien évidemment.

Elle était si proche quand il lui fit la courte échelle pour la hisser à l'intérieur, ses mains sur ses épaules et tout son corps (surtout sa poitrine, pourquoi pensait-il à sa poitrine en cet instant précis? Parfois, surtout dans les moments comme ça, il s'agaçait lui-même) si proche du sien. Il n'eut aucun mal à la propulser en l'air et elle à s'accrocher au rebord de l'ouverture, se hissant à l'intérieur. “ You okay? ” demanda-t-il aussitôt une fois ses jambes disparues dans l'obscurité. Il ne voyait véritablement rien, peut-être la simple forme de sa cuisse (sa cuISSE) ou alors le trait de sa mâchoire... “ Here, give me your han-- ” Mais déjà, un cri s'échappait de la gueule de l'enfer, la trappe se refermait et la maison se remettait à trembler. “ NEPHTYS! NEPHTYS! ” Mais trop tard; il eut beau ensorceler la trappe, essayer de la réduire à néant ou assembler l'échelle la plus précaire qui soit pour l'atteindre, il ne trouva aucune entrée. Il venait de donner sa fiancée en pâture à l'esprit maléfique de sa mère. Jesus Christ, il était vraiment mauvais à cette affaire de fiançailles.

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