――――――-―• Always be the best •――――-――― Je n'ai pas vraiment eu à me plaindre de mon enfance. Elle a été plutôt paisible. J'avais un père absolument fantastique. Parfois un peu dur avec moi, c'est vrai, mais il avait raison de l'être. Comme si, dès le départ, il avait sentit ce qui allait se passer par la suite. Alors ma sœur et moi, on a dû s'endurcir dès le début. Elle était plus grande que moi. Plus forte aussi. Moi je ne voulais pas devenir comme ces personnes sans cœur, sans lumière dans les yeux, que l'on peut voir dans les ruelles sombres, à la tombée de la nuit. Je n'étais pas comme ça, et mon père l'a très vite compris. Je l'entendais se disputer à mon sujet avec ma mère. Il disait que jamais je ne pourrais faire illusion bien longtemps. À l'époque, je ne comprenais pas. J'étais petit. Mais je savais bien que ça voulait dire que je devais chercher, dès cet instant, à devenir le meilleur. Mais pas comme Éléanore, ma sœur, mais bel et bien à ma façon. Mais finalement, c'était plutôt sympa, parce que papa a fini par voir que je pouvais faire quelque chose. Pas totalement comme il le voulait, certes, cependant, j'y arrivai. Et c'est tout ce qui comptait pour moi. Être le meilleur.

――――――-―• Student's life •――――-――― La vie à Poudlard, c'était tout simplement... magique. C'est le cas de le dire. J'y suis entré avec des étoiles pleins les yeux, et j'en suis sorti avec autant de petites lueurs dans le regard ! Je pense que j'ai passé là-bas les meilleurs moments de ma vie. Je m'amusais autant en botanique qu'en défense contre les forces du mal. Le cours de potions m'ennuyait, jusqu'en cinquième année, quand j'ai commencé, avec mes amis, tous des Gryffondor, comme moi, à fabriquer des cocktails assez... intéressants. On s'est bien marrés, ouais. Jusqu'à ce qu'on transforme un des assistants en potiron... Mais tout s'est arrangé, et son teint orangé a disparut en à peine huit mois ! Haaa... C'était le bon temps. Jusqu'à mon accident, tout du moins...
C'était durant ma sixième année. Un jour d'orage. Le match de Quiditch de la journée n'avait pas été annulé. Pour si peu, franchement... Un peu de bon sens ! Enfin bref. J'étais gardien et capitaine de mon équipe. J'avais pris un malin plaisir à surprendre mes adversaires avec des stratégies pour le moins originales. En l'occurrence, alors que le score était serré face à Serdaigle, je me suis chargé d'aller marquer le but. Oui, oui, un gardien qui laisse ses buts sans défense ! Quoi qu'il en soit, ça avait fait suffisamment diversion pour que je puisse passer le souafle à mes équipiers les plus compétents, pendant que je retournai assurer nos arrières. Sauf que je n'avais pas vu venir le cognard... Je me suis réveillé trois jours plus tard à l'infirmerie, avec la jambe gauche dans un sale état. Mon meilleur ami, Ethan, était resté à mes côtés pendant tout ce temps, et c'est lui qui m'a expliqué que je ne pourrai plus jamais jouer au même niveau qu'avant. Sans compter mon petit boitillement, qui empire les jours d'orage. Et alors vint ma dernière année, privée de Quiditch...
Cette année a marqué un tournant dans ma vie. Je savais déjà que je voulais devenir Auror, là n'est pas la question. Mais je dirais plutôt que... d'un point de vue personnel, ça a été intense. Pour résumer, je refusai d'assister au moindre match de mon équipe. Au moindre match tout court, en fait. Alors je me cachai dans l'école pendant ce temps, travaillant mes cours. Même si je détestais ça et que je n'en avais pas besoin. Puis il a commencé à venir avec moi. Ethan. Et avant les vacances de Noël, pendant le dernier match de l'année, il s'est passé quelque chose. On était resté dans les dortoirs parce qu'il y faisait bien chaud. Et on a beaucoup discuté. Il m'a dit qu'il voulait me parler de quelque chose d'important. Qu'il avait peur qu'on se perde de vue après la fin des cours. Qu'il m'aimait. Et plus choquant encore... C'était réciproque. On a donc entamé une relation qui est restée secrète du début à la fin. Jusqu'à ce qu'on entre dans la vie active.

――――――-―• Choices •――――-――― La guerre. Un événement auquel Ellie et moi avions été préparés. Surtout elle. Elle était ma supérieure. Et de loin. Je faisais équipe avec Ethan, mon compagnon. Notre relation était tolérée parce que notre duo fonctionnait à merveille. Il me surnommait Sherlock, et lui jouait le rôle de Watson. C'était assez drôle, malgré nos situations délicates. Quant au fait que je sois homosexuel... Je ne m'en cachais pas et riais même à ce sujet. Après tout j'avais des parents, tous les deux Sorciers, alors personne n'osait vraiment dire quoi que ce soit. Sauf que pendant la guerre, nous étions du mauvais côté. Celui des gentils. Et c'est parce que je n'ai pas été capable de prendre sur moi et de tuer comme j'aurais dû le faire que je me suis retrouvé célibataire. Ethan a été exécuté devant moi. Simplement pour avoir essayé de se défendre. J'aurais pu le sauver. J'aurais dû. Je n'en ai pas été capable. Résultat des courses : ma sœur et moi, prisonniers pendant le reste du conflit. C'est là qu'elle m'a dit la vérité.
Nous n'étions pas frère et sœur. Biologiquement parlant, tout du moins. En fait mon père, un Sorcier, avait quitté ma vraie mère pour m'assurer un avenir au sein de familles de Sorciers, complètement purs ou non, et éviter, en cas de guerre, que je ne meure exécuté de part mon statut de Sang-Mêlé. La mère d'Ellie avait fait de même avec son mari. Nos parents ont donc arrangé un faux mariage pour nous donner l'illusion d'une famille. Je ne suis pas un Sorcier complet. Pur ou non. Non. Je suis un Sang-Mêlé. Éléanore aussi. J'avais alors tout perdu. Ma famille. Mon amant. Ma liberté. Pourquoi je n'ai pas su avant ? Parce que je n'étais pas assez fort. Parce que je ne l'aurais pas supporté. Et je ne l'ai pas supporté, en effet. J'ai hurlé et tenté de m'échapper par tous les moyens de cette cellule. De cette vie. Alors nos geôliers m'ont donné ma baguette. Ils ont dû voir dans ma colère un potentiel exceptionnel. Ils m'ont demandé de la tuer. De tuer Ellie. Je ne pouvais pas. J'étais tétanisé. Elle l'aurait fait, elle. Mais moi... Je tremblai comme une feuille. Toujours être le meilleur. Ce n'était pas le cas, en cet instant. Puis ma sœur a hoché la tête. Et je l'ai fait. J'ai détourné le regard, mais je l'ai fait. Une partie de moi était morte. Une autre criait justice, après tant d'années de mensonge. Alors j'ai commencé à avoir peur de moi-même. À changer. Pour survivre, je devais m'adapter. Faire les choix les plus difficiles. Et les faire vite.

――――――-―• Hiding myself •――――-――― J'ai changé. Tellement changé. Ellie n'était que la première victime d'une longue série de meurtres de sang froid. Plus le temps passait, et plus je devenais violent. Quand la guerre a pris fin, on ne m'a pas forcé à devenir Rafleur. Je l'ai demandé. Je n'ai pas oublié qui je suis au fond de moi. Je me dégoûte profondément d'agir de la sorte. Mais j'ai réussi à me faire ma place. À cacher mes origines de gentil garçon. À mentir comme on m'avait mentit. À être le meilleur. Et ceux qui savaient mouraient. Ou bien... Ou bien se taisaient par peur. Par respect. Partout où je passe les gens baissent les yeux. Ils pensent tous que si je les regarde, ils vont perdre leur âme. C'est assez plaisant. Comme d'entendre des récits au sujet des nombreux cadavres que j'ai laissés derrière moi. Le Faucheur. Un de mes surnoms officiels. Je suis devenu un puissant Sorcier, respecté même de mes collègues, alors que je suis gay et Sang-Mêlé. Et qu'ils le savent pertinemment. S'il y avait un rêve américain chez les Sorciers, je pense que je l'ai réalisé. En m'adaptant. En couvrant mes mains du sang de mes ennemis. En cachant au plus profond de mon être l'homme que je suis en réalité. Tu vois, papa... Maintenant je suis le meilleur. Telles ont été mes dernières paroles à son attention. Avant que je ne le tue.