Il y a des jours où on aimerait être ailleurs. Des jours où on aimerait que la vie nous épargne les mauvaises surprises. Aujourd'hui, c'est ton cas, Emrys. La journée avait pourtant bien commencé : il ne pleuvait pas lorsque tu as quitté la planque des Pacifistes. Tu as pu déambuler un peu dans Londres sans te faire remarquer, tu as songé à ta sœur qui te manque dix fois trop, à sa nièce qui commence à grandir seule, sans ton aide pour son don. Tu le déplores mais vous n'avez pas le choix. Avec un peu de chance, cette guerre se finira bien vite et ta petite Nimue pourra vivre dans une Angleterre non dirigée par un scream ambulant, condamnée à détester les nés-moldus ou à devenir esclave à cause de ses convictions ou de son don. Mais malgré ces tristes pensées, tu étais de bonne humeur. La journée semblait promettre que des bonnes nouvelles, au pire une date de plus où il n'y aurait rien de malheureux à noter. Tu l'espérais. La première chose à faire lorsqu'une journée commence, est de prendre des nouvelles du monde magique. Alors tu es allé chercher la gazette. Vous ne pouvez pas vous permettre de la recevoir par hibou, alors tu vas toi-même la chercher, à visage caché. Et c'est sans surprise que tu as trouvé en gros titre le massacre de la nuit précédente. Tu n'as même pas eu envie de lire ce torchon suintant de propagande. Tu t'es plutôt intéressé aux autres page jusqu'à tomber sur un article auquel, habituellement, tu n'aurais pas même accordé la moindre seconde d'attention : les ragots. Franchement, qu'es-ce qu'on en a à faire qu'untel ait été surpris en présence ce machin ? Tout cela te tape très rapidement sur les nerfs. Mais aujourd'hui, un nom a frappé ton esprit, et tu es resté bloqué dessus : Draco Malfoy. Le fameux Draco Malfoy, ainsi que l'évocation de son fils.
Originellement, tu n'avais pas accordé trop d'attention à l'héritier Malfoy. Vous n'aviez rien à voir et cela te convenait parfaitement bien. Jusqu'à ce qu'Astoria et lui soient fiancés. Jusqu'à ce que tu finisses par apprendre qu'elle avait eu un enfant de lui, enfant qu'elle avait dû laisser partir. Tu est donc lié au mangemort par une promesse que tu as faite à ton amie de longue date : celle de lui donner des nouvelles de Draco et Scorpius chaque fois que tu en aurais. Mais il faut avouer que la dernière fois que tu as vu le blond, c'était lors d'une descente de Rafleurs chez toi, avant que tu rejoignes les insurgés. Descente qui ne s'est pas très bien terminée soit dit en passant, merci papa. Enfin, tu avais trouvé cela très drôle au final. Depuis, plus aucune information, rien d'intéressant pour ta chère Astoria, la pauvre Astoria. Prisonnière, séquestrée au sein d'un campement d'insurgés par sa propre sœur. Tu es malheureux pour elle, malheureux au possible. Tu voudrais pouvoir l'aider, lui permettre de retrouver une vie plus heureuse mais tu doutes que te laisser aller à tes bons sentiments soit une bonne idée dans son cas. D'une, tu n'es pas sûr qu'un la croirait si jamais elle disait avoir été prisonnière. De deux, si jamais on la croit, rien ne dit qu'on n'essaierait pas, par tous les moyens, de lui faire avouer où se trouve le campement de son groupe. Enfin, si jamais tu la délivrais, tu doutes que les autres insurgés te le pardonnent. Si tu te les mettais à dos, tu serais bon pour un aller sans retour à Azkaban, ou pire : un rebut enchaîné à une famille de sang-purs. Aucune des trois possibilités n'est envisageable, alors tu ne fais rien. Tu détestes rester inactif mais tu sais que, pour le moment, tu n'as pas le choix. Il n'y a plus qu'à espérer que la situation s'améliorera bientôt... Même si tu ne te fais guère d'illusions.
Qu'est-ce qui a donc attiré ton attention dans ce torchon ? La liaison qu'on y cite entre le jeune homme et Mademoiselle Susanna Carrow. Et la possibilité que cette dernière soit la mère du petit Scorpius. Toi qui n'aimes pas les potins, tu as encore plus détesté cela. Du grand n'importe quoi. Malheureusement, le fait est que bien des sorciers lisent un tel ramassis d'âneries et y croient. C'est désespérant, les politiques cherchent toujours à influencer les pensées, détruisent les libres penseurs, rendent les autres aussi dociles que des moutons en lui faisant miroiter les informations qu'ils jugent favorables à leurs causes, tournant au ridicule ou faisant passer le reste comme quelque chose d'horrible. La manipulation mentale est une arme effroyablement redoutable et tu es heureux d'avoir, dès ton plus jeune âge, appris à discerner la vérité. Au moins, ton don ne te ment jamais. Tu vois les faits tels qu'ils sont et tu juges en fonction, même s'il est vrai que tu n'as jamais non plus toutes les cartes en main. Bref. Toujours est-il que tu as longuement hésité sur la conduite à tenir, devant cette chose. Tu aurais pu brûler cette chose, tu aurais pu choisir de l'ignorer. Mais ta conscience et ta profonde amitié pour Astoria t'en ont empêché. Tu lui as promis de lui donner des nouvelles, tu en as sous les yeux, tu te sentirais donc trop mal si tu ne lui faisais pas part de ces quelques informations, aussi horribles soient-elles.
C'est cette pensée qui fait que, à présent, tu es au campement dans lequel elle est retenue. Tu as eu un peu de mal à entrer, non pas parce que tu ne connais pas le mot de passe, à force de venir, mais tu as croisé quelques personnes un peu trop tendues/sur les nerfs. Il faut toujours qu'il y ait des personnes qui se méfient de toi, des personnes qui viennent te chercher alors que tu ne fais que passer. Tu as perdu du temps à discuter, à leur expliquer que tu ne venais que pour peu de temps, que pour discuter un petit peu. Les explications se sont éternisées, tu as eu du mal à ne pas perdre patience mais, à force d'insister, tu as fini par arriver devant la tente de ton amie. Tu hésites un peu à entrer, tu te doutes qu'il y ait quelqu'un avec elle, au moins pour veiller à ce qu'elle ne s'enfuie pas. Tu n'as pas non plus spécialement envie que quelqu'un assiste à votre conversation parce que, la connaissant, elle va mal réagir. Et puis, tu sais que ta timidité te rendrait mal à l'aise en présence d'une autre personne. Tu glisses alors une main dans tes cheveux, prends une grande inspiration, te mordilles la lèvre... Puis relâches la pression dans une longue expiration. Voilà, tu es prêt. Il n'y a plus qu'à entrer. Ce que tu fais discrètement.
-Bonjour ici ! lances-tu aussi joyeusement que timidement.
Tu regardes à droite, à gauche... Et notes bien vite que, effectivement, elle n'est pas seule. Elle est surveillée, continuellement. Tu trouverais cela tellement lassant... Et tu ne doutes pas une seule seconde que c'est son cas. Ton regard noisette se pose sur elle, triste, porteur de mauvaises nouvelles. Mais pour le moment, tu ne dis rien de ce que tu sais, te contentant de laisser ton esprit tourner à plein régime. Et lorsque tu as une idée, tu viens t'approcher de la brune, déposant rapidement un baiser sur sa joue. Oui, toi, tu aimes les démonstrations d'affection.
-Dis-moi Astoria, ça dérange quelqu'un si je t'emprunte le temps d'une balade ?
Sous-entendu : est-ce possible de se débarrasser de l'autre, le temps d'un tête à tête ? Tu es nerveux, cela se voit quand u te mordilles la lèvre comme tu le fais. Tu jouerais volontiers avec tes cartes mais tu fais l'effort de ne pas aller les chercher au fin fond d'une de tes poches. Tu attends d'avoir la réponse... Et lorsque tout est ok, c'est avec un immense plaisir que tu sors, attendant ton amie dehors. D'un sourire, tu l'invites à te suivre un peu à l'écart du camp et lorsque vous n'êtes plus à portée de voix des autres, tu t'arrêtes, la regardant nerveusement, glissant une main dans tes cheveux bruns, tirant même un peu dessus... Puis un nouveau soupir t'échappe. Inutile de traîner des heures, ce ne serait qu'une perte de temps. Tu lui rends alors la gazette...
-Tiens... Je ne vais pas tourner autour du pot, ça ne servirait à rien... Je t'avais promis de te donner des nouvelles dès que j'en aurais mais... J'aurais préféré que ce soit autre chose que ça...
Tu baisses les yeux, n'ajoutant rien de plus, tendu. Tu préfères la laisser lire l'article sans faire de commentaire. C'est en silence que tu attends qu'elle parle de ce qu'elle apprend, c'est en silence que tu t'inquiètes. Tu n'aimes pas être porteur de mauvaise nouvelles. Mais aujourd'hui tu n'as pas le choix semble-t-il. Oui, sincèrement, tu aurais être à des lieues d'ici, confortablement installé dans un arbre à essayer de rattraper une nouvelle nuit d'insomnie... Mais le devoir envers ceux que tu aimes primera toujours sur tout.
Matin du 26 octobre 2001 • Ces regards qui poursuivent, ces ombres malsaines et dévorantes qui glissent sur la peau et la grignotent peu à peu de leurs invisibles quenottes. Ces iris qui s'attardent, ces éclats insistants et acérés qui s'agrippent au moindre tissu volant de leurs griffes. Les doigts se font invasifs et les murmures tendancieux. Le souffle de l'espoir étreint, mais celui des autres étouffe. Et pourtant, jamais ce dernier ne déserte ce cœur, ce palpitant dérisoire qui trépigne d'impatience et laisse ses prunelles discourir au jour et à la nuit de cette échappatoire que tôt ou tard, on finira par étreindre.
Elle ne l'avait jamais perdu cet espoir, peut-être à peine oublié dans un recoin de son esprit, mais il était réapparu sous les dernières rumeurs. Il s'était immiscé dans ses pensées, dans ces instants où elle scrutait ce qui l'entourait... ceux qui l'entouraient. Ces êtres à la cause desquels elle ne parvenait à se rallier, malgré tous les efforts de cette sœur qui prétendait l'avoir sauvée, tirée de ce mauvais pas qu'était sa liaison avec Draco, ces pas incertains ou trop précipités d'une nouvelle adhérante formée par Bella. Mais Astoria avait d'autres pensées qui la tourmentaient, de celles qu'une grande partie du camp ne pouvait ne serait-ce qu'imaginer, parce qu'ils ne savaient pas, et que cette information pourrait être dangereuse. Non pour elle, mais pour ce petit être qu'ils... eux... ces êtres parmi lesquels elle ne cessait de déambuler, pourraient considérer comme un pion pour atteindre l'héritier Malfoy. Mais elle ignorait ce dont elle serait capable si l'on touchait à un cheveux de ce petit être dont il lui semblait, certaines nuits où l'obscurité l'enveloppait pour ne la relâcher qu'à une aube tourmentée, ressentir encore la peau presque glacée du nouveau né. Son fils, son unique enfant, cet espoir idiot auquel elle se raccrochait avec obstination, quand sa sœur faisait pourtant tout pour l'en détourner... de lui, mais surtout de Draco. Draco... le chevalier sur son blanc destrier qui s'était perdu en chemin, cette rancune tenace qu'elle lui vouait de l'avoir abandonnée, de ne plus la chercher, de peut-être la remplacer. La rancune était mille fois plus douce que la douleur qu'elle dissimulait, cette fourbe assassine armée d'une arme blanche finement fichée dans son palpitant écrouée. Elle la vomissait de toute sa fierté, et la resservait pourtant avec application à cette sœur qui en détestait seulement l'idée.
Feuilletant un magasine passé de mode, elle laissait ses doigts courir sur ces pages animées, ces espoirs brisés de pouvoir à nouveau toucher du doigt cette réalité qu'on lui refusait. Mais elle trouverait le moyen de fuir, elle trouverait la seconde nécessaire à ses projets, seule ou bien avec Tessa. Petite princesse de soie qui partageait son propre désir de parvenir à rejoindre à nouveau le camp du gouvernement. Il lui semblait impensable de la laisser derrière elle, mais elle ignorait si fuir à deux serait des plus discrets. Peut-être... mais comment la retrouver ? Comment revenir jusqu'ici alors qu'elle était incapable de différencier ces foutus arbres qui lui donnaient la nausée à force de les voir jour après jour, et ce depuis presque trois ans ? Il n'y avait aucun signe distinctif, ce n'était que des arbres, des buissons, comme il y en avait tant d'autres dans cette hantise la retenant prisonnière et hurlant ses vérités et ses mensonges à chaque nuit de pleine lune.
C'était une prison parfaite, faite de barreaux vivants et affamés, de pièges se modulant telle une partie de chasse cherchant à ne jamais vous laisser la quitter, l'abandonner, la laisser derrière soi. Elle sentait presque les doigts rachitiques des branchages tirer sur ses vêtements, ralentissant ses gestes et ses mouvements. Elle n'avait nul part où aller. Il n'y avait aucune lucarne donnant sur un autre monde que tout prisonnier serait en droit d'avoir. Rien. il n'y avait que les visites. Celles autorisées. Celles auxquelles on ne trouvait rien à redire. Alors ici ou ailleurs, Astoria n'y voyait pas vraiment de différence. Et puis elle réfléchissait, ayant remarqué les êtres transplanants, bien que ce ne soit pas nouveau, elle y voyait un moyen de fuir. Sans oublier de suivre tout ce qui pouvait secouer le petit monde des insurgés, les observant, les analysant... dans une seule et même volonté : celle de fuir pour retrouver son fils.
-Bonjour ici ! s'exclama une voix qu'elle connaissait si bien... Emrys. Un ami parmi les insurgés... l'un de ses plus anciens, celui qui ne pouvait la laisser partir... ne voulait, mais il lui avait fait une promesse, celle de la tenir informée de ce qu'il pourrait glaner sur les Malfoys. Et pour cela, pour ces vérités, elle ne l'en remercierait jamais assez. Daphné... ses lèvres se pincèrent brièvement, tandis qu'il s'approchait pour venir déposer un baiser sur sa joue, la laissant finalement sourire sous ce geste d'affection. Il était l'un des seuls dans ce monde décrépi qu'elle autorisait à être si proche d'elle, physiquement parlant. -Dis-moi Astoria, ça dérange quelqu'un si je t'emprunte le temps d'une balade ? demanda-t-il... trop nerveux. Beaucoup trop nerveux. Elle savait qu'il n'avait pas l'intention de l'enlever, il ne jetterait jamais son existence présente aux orties, mais il y avait quelque chose. Un frisson couru alors sur sa peau, sur cette chair presque immaculée depuis les heures de sa première rondeur opaline. "Absolument personne." répliqua-t-elle en se levant, pressant l'une de ses mains de la sienne... de toute façon, où aurait-elle pu aller ? La forêt la dévorerait avant même qu'elle n'ait pu faire un pas sous les regards assassins. Et les gestes si amicaux... n'étaient-ils pas teintés de ces contacts bien trop rares chez elle ?
Déjà le voyait-elle disparaître à l'extérieur, tandis qu'elle s'emparait d'une cape pour le suivre, consciente que le vent d'octobre piquait déjà les joues et mordaient les cuisses abandonnées. Elle n'eut que le temps de le rejoindre pour percevoir ce sourire qui l'invitait à embrasser ses pas, à s'éloigner des autres... Il savait quelque chose ? Sa langue glissa sur ses lèvres qui lui parurent si sèches, tandis qu'elle ne cessait de le suivre, quittait le périmètre du camp, retrouvait les branches envieuses qui donnaient l'impression de tendre dans leur direction, comme des bras fardés de désirs. Mais c'était lui qui retenait toute son attention. Lui qui venait de s'immobiliser et qui jouait nerveusement de quelques mèches, la laissant suivre sa gestuelle comme elle goûterait, dévorerait un plat, n'en perdant pas une miette. Pourtant, elle resta silencieuse, attendant qu'il se décide, qu'il ouvre enfin les lèvres et déverse ce qu'il avait à lui dire. -Tiens... commença-t-il, ayant dans sa main un exemplaire de la gazette ouvert à la page ragot. Un coup d'oeil lui avait suffi pour le savoir. Une seconde. Un instant éphémère, alors qu'elle recommença à respirer s'en s'être rendue compte qu'elle avait retenu son souffle. Ses doigts s'en emparèrent sans autre forme de cérémonie, alors qu'il poursuivait... -Je ne vais pas tourner autour du pot, ça ne servirait à rien... Je t'avais promis de te donner des nouvelles dès que j'en aurais mais... J'aurais préféré que ce soit autre chose que ça...
Autre chose... Ses yeux profanes cherchaient cette information, rejetant les noms et les mots qui ne l'intéressaient pas. Puis... l'existence du fils de Draco Malfoy. Elle releva ses prunelles sur Emrys qui avait incliné la tête, comme s'il ne voulait voir sa réaction. La sensation qu'une main cherchait à étouffer son être l'enveloppa, alors qu'elle laissait à nouveau chuter ces perles bleues sur les lignes. Se résoudre sous peu. Son palpitant s'agitait, il trébuchait, torturait son esprit, malmenait sa patience. Eh bien ? En charmante compagnie. Elle n'était pas certaine de vouloir poursuivre, mais elle était incapable de détourner les yeux de cette lecture... Sue. Sa respiration se suspendit, les rumeurs se fardaient de vérité, elles devenaient tangibles, elles... elles... ses doigts se crispèrent sur le papier, ses yeux relisaient, relisaient, relisaient encore ces lignes qui lui donnaient le vertige, la nausée, lui piquait les yeux.. comment ? COMMENT pouvait-il laisser dire CA ? "Je..." parvint-elle à laisser s’échapper de sa gorge devenue si sèche, de ce souffle qu'il lui semblait si difficile d'aspirer, de ce cœur qui vrombissait dans sa poitrine, alors que seul un léger tremblement trahissait son malaise. "Je les hais." laissa-t-elle s'esquiver d'une voix brûlante d'une colère sourde et dévorante, mais de ce timbre contradictoire à la fois si fragile. "Il ose... !" reprit-elle en refermant ses lèvres qu'elle mordilla en esquissant quelques pas pour s'éloigner, avant de revenir. Ouvrant les lèvres, les refermant. Une nouvelle fois, avant qu'enfin les mots désertent ses lèvres. "Il faut que je parte." ajouta-t-elle avec détermination, de ce secret qui lui bouffait les lèvres, lui dévorait le cœur, lui meurtrissait l'âme. Elle aurait voulu faire un pas de plus, cracher sur la mémoire de Merlin, accuser la traitresse, haïr sa liberté, vomir sa captivité, tourbillonner, vengeresse accusatrice, faire entendre... mais un léger vertige la laissa se retenir à l'arbre le plus proche, trébuchant presque sous ses jambes flageolantes. "Il faut que j'aille dire à ma meilleure amie que ce n'est qu'une petite garce, une voleuse, une..." Elle ferma les yeux, aspirant une gorgée d'air tremblante, avant de soulever ses paupières pour braquer la glace venimeuse de son regard en direction du camp. "Je les hais ! Je les hais tous et j'ai presque l'espoir que des mangemorts viennent brûler ce putain de camp !" persiffla-t-elle tandis que ses yeux semblaient brouillés, que ses doigts se crispaient, que ses jointures blanchissaient.
Cette réponse te fait sourire, tandis que tu la regardes se lever et presser une de tes mains de la sienne. Tu as beau être nerveux, tu ne peux t'empêcher d'avoir un petit sourire en la voyant. Elle a compris le message, tu sais quelque chose et tu veux lui parler en privé. Par moments, c'est si facile de vous comprendre... Tu l'entraînes donc à ta suite, un peu à l'écart du campement, là où personne ne pourrait vous entendre. Ce n'est qu'à ce moment là que tu laisses la pression retomber sur tes épaules. Tu n'es pas annonciateur de bonnes nouvelles aujourd'hui, tu aurais tellement voulu t'en passer. Mais comme il s'agit d'un devoir à tes yeux, tu te résous à la mette au courant. Alors tu lui tends la gazette, ouverte à la page ragots. Tu la laisses s'en emparer, légèrement à contre-cœur, puis tu détournes le regard, la laissant découvrir la nouvelle, les rumeurs dernièrement lancées. On a appris l'existence de son fils et on soupçonne le père de ce dernier d'aller voir une autre. Pire encore, il est supposé que cette dernière est la mère du petit Scorpius. Tu n'es pas dans sa situation, tu ne peux pas imaginer ce qu'elle peut ressentir, mais tu penses pouvoir en imaginer une partie. À sa place, tu te mettrais en colère, tu voudrais rétablir la vérité, remettre le père du petit sur le droit chemin... Et tu imagines ce que ferait ta sœur, à sa place. Elle, si elle avait aussi été prisonnière, aurait mis ses ravisseurs au tapis et aurait transplané pour donner une bonne paire de gifles à son ancien fiancé, avant d'aller étrangler l'auteur de ces horreur. Tu rirais bien à cette pensée, mais tu ne t'autorises pas même un sourire, attendant qu'Astoria finisse sa lecture et dévoile ce qu'elle en pense.
Lorsque sa voix se fait entendre, tu tournes à nouveau le regard vers elle. Ses propos, tu les comprends, tu les avais prévus. Tu savais qu'elle se mettrait en colère, et il vaut peut-être mieux, dans un premier temps, la laisser les haïr, les insulter. Il faut que cela sorte, exploser la soulagera, c'est ce que tu penses. Alors tu gardes encore le silence, te contentant de la regarder, te mordillant encore et toujours la lèvre. Tu n'aimes pas la voir dans cet état, tout ton stress a beau être retombé, à présent il y a un poids sur ton cœur. Tu l'as blessée en lui donnant cette information et cela te blesse tout autant. Et lorsqu'elle tangue, lorsqu'elle s’appuie contre un arbre, tu reviens précipitamment à ses côtés, dans l'intention de la soutenir, de la rattraper si jamais ses jambes venaient à se dérober. Tu n'aimes pas cela, pas du tout... Doucement, tu poses une main sur son épaule, cherchant à dire quelque chose pour la réconforter, pour relativiser ce qu'elle vient de lire. Quant à ses propos sur sa meilleure amie, ils te font mal pour elle. Tu ouvres la bouche, dans la ferme intention de t'en mêler, mais la suite te fait la refermer aussi sec. Elle a presque l'espoir que des mangemorts viennent brûler ce camp ? Mais... Divers sentiments viennent assaillir ton esprit. Tu es triste pour elle. Tu es indigné de l'entendre avoir de telles paroles. Tu lui en veux de sous-entendre qu'elle voudrait voir les insurgés morts. Mais surtout, tu t'en veux d'être responsable de cela.
-Astoria, s'il te plaît, calme-toi...
Voilà qui n'est pas très utile, tu en es parfaitement conscient. Mais il faut qu'elle se calme. Selon toi, elle ne pense pas ce qu'elle vient de dire. Ou plutôt, elle veut être retrouvée, libérée, mais tu ne la penses pas capable de souhaiter la mort de tous les insurgés. Alors tu t'empares d'une de ses mains, la serrant fort dans la tienne ; Tu voudrais qu'elle te regarde dans les yeux mais tu n'en fais rien. Tu as suffisamment vu de choses dans son passé pour le reste de sa vie. Alors, à défaut, tu te contentes de serrer sa main.
-Tu as vu qui a écrit l'article ? C'est Rita Skeeter. Tu dois bien savoir que la majorité de ses récits ne sont qu'un ramassis de bobards ! Elle ne fait que chercher de quoi abrutir l'opinion public en leur racontant des faits jugés "croustillants", histoire de les détourner d'autres problèmes. Astoria, peut-être que Draco et ton... Amie ? Ont été effectivement vus ensemble, mais il y a peut-être une autre explication. Je ne sais pas ce qui est vrai, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je n'étais pas là. Mais ne tire pas de conclusions hâtives, s'il te plaît, ça ne servira à rien ! Sauf peut-être à te faire du mal...
Et c'est tout sauf ce que tu ne veux. Parce qu'Astoria est une amie très chère à tes yeux, une amie que tu aurais voulu aider à retrouver sa vie, une situation plus confortable que le statut de prisonnière au fond du bois. Une amie que tu ne peux pas aider comme tu le voudrais. Tu ne peux pas la laisser retrouver sa liberté, parce qu'elle risquerait des ennuis avec le Magister, parce qu'elle risquerait la torture afin de lui faire avouer les cachettes des insurgés. Tu t'inquiètes pour elle et, tant que tu ne seras pas certain qu'elle pourra s'enfuir en étant saine et sauve, tu n'agiras pas. Et puis, il y a un autre point, moins important mais tout aussi problématique : les insurgés. Si jamais tu devais te les mettre à dos, tu aurais droit à un aller sans retour vers Azkaban au mieux, chez les rebuts au pire. Tu dois bien avouer que ni l'une ni l'autre de ces perspectives, tout comme la possibilité de mourir, ne t'enchante guère. Ton existence a beau être secondaire à tes yeux, tu ne seras pas utile mort ou enfermé alors il faut que tu prennes ces détails en compte.
-Tu comprends ce que je veux dire ? Je suis désolé d'avoir dû te donner de telles informations, qui sont d'ailleurs certainement fausses, mais... Je t'en ai fait la promesse... Et... Si jamais c'est le cas, si tu veux que je fasse quelque chose, à part t'aider à partir d'ici... Dis-le...
Proposer à nouveau ton aide n'est peut-être pas la meilleure idée à avoir. Et pourtant, c'est ce que tu viens de faire. Parce que tu tiens à elle, qu'elle est ton amie et que tu te sens coupable de lui annoncer de telles choses. La culpabilité te sied si bien, après tout. C'est une vieille amie qui te suit depuis la montée du Lord Noir au pouvoir, depuis que tu as commencé à faire des bêtises, à mentir, toi qui as toujours mis un point d'honneur à être le plus honnête possible... Aujourd'hui, tout est différent... Mais pas ton amitié pour elle. Tu as toujours été prêt à l'aider et, peu importe ce qu'il pourra bien se passer, cela ne changera pas.
-Astoria, s'il te plaît, calme-toi... n'eut pour réponse qu'un rire cynique s'esquivant de ses lèvres... se calmer ? Se calmer ? Lui-même avouait dans l'ombre de son âme que sa réaction aurait été identique, alors comment pouvait-il espérer qu'elle puisse rester de glace ? Plus encore lorsqu'elle se trouvait à l’abri des indiscrets. Il était le seul témoin et elle avait confiance en lui, parce que même s'il se refusait à trahir, il restait là, à ses côtés, comme en cette seconde où il lui reprochait d'aller trop loin sans même l'y confronter, se contentant d'être là, de laisser ses doigts glisser sur son épaule et de l'empêcher de chuter si une telle chose devait advenir.
-Tu as vu qui a écrit l'article ? C'est Rita Skeeter. Même si tout était faux. Même si ce n'était qu'un ramassis d'ordures s'esquivant de la plume à papote de la journaliste... les rumeurs la dévoraient depuis plusieurs semaines et les paroles de Daphné étaient parvenues à s’immiscer dans son esprit comme le plus venimeux poison existant sur cette terre. Elle ne parvenait à ne serait-ce que leur accorder ce doute raisonnable, comme si la folie étourdissait ses pas, l'empêchait de tomber du fil sur lequel elle ne cessait de déambuler. Elle tournoyait, fragile danseuse en perdition, elle ondulait comme une sonate glissée au soleil pour le rendre sensible à ses propres tourments. Ils... la trahissaient, le creux béant dans sa poitrine ne pouvait lui souffler une autre vérité, lui offrir cette ultime volonté à partir d'ici, à souhaiter que le diable déverse l'incendie pestilentiel de ses flammes sur l'univers des insurgés. Car si tout ceci n'avait ne serait-ce que l'ombre d'une vérité, ils étaient tous coupables. Tous... à quelques trop rares exceptions près, dont l'être qui restait à ses côtés, sa silhouette protectrice la surplombant, continuant à tenter de l'attirer loin de l'invasive caresse de l'insanité carnassière qui festoyait au sein de son être. Sauf peut-être à te faire du mal... Sauf... un frisson désagréable, aussi glaciale que le contact frondeur de l'humidité environnante, se déversa le long de son dos, venant s'égarer dans le creux de ses reins, une pâleur dérisoire venant marquer ses traits. Scorpius... ils savaient pour Scorpius... songea-t-elle d'un souffle refusant d'être découvert sous la sensation de l'oppressante vérité qui pesait à présent sur son être trop délicat. Comment avait-elle pu oublier ce détail ? Comment avait-elle pu préférer celui d'en appeler une autre maman que cette nouvelle épée de Damoclès jetée au-dessus de sa tête blonde qu'elle n'avait jamais fait qu'imaginer ? Oh que oui qu'elle souhaiterait qu'ils brulent jusqu'au dernier s'ils touchaient ne serait-ce qu'à un cheveu de sa tête... eux, le magistère, ou n'importe qui dans ce monde aussi fou que les flammes dévastatrices qui rongeaient chaque millimètre de son âme. Plus encore qu'autrefois, il fallait qu'elle rentre, qu'elle s'échappe, qu'elle s'évade. Il fallait qu'elle retrouve son enfant... et si égoïste qu'elle puisse être, il fallait que nulle autre n'ait l'honneur de l'entendre l'appeler maman. Il n'avait qu'une mère... qu'une seule, et c'était elle. Par Merlin ce qu'elle pouvait en vouloir à Daphné et son satané égoïsme. Ce qu'elle pouvait nourrir une haine putrescente pour celle qui était... avait été sa meilleure amie... et cette rancune tenace à l'encontre de cet homme qui parfois se permettait d'encore hanter ses songes, celui qui avait été le seul à ne serait-ce qu'ébaucher ses lèvres, celui qu'elle s'était permise... Jamais. Jamais plus on ne l'y prendrait. La douleur amère était cruelle, s'enfonçant avec avidité dans ses entrailles, y tournoyant pour la rendre plus intolérable. Il lui fallait déposer ses reproches aux pieds des concernés. Il lui fallait permettre à ce besoin de déserter le mouroir de ses lèvres qui ne parvenaient qu'à étouffer les mots qui ne faisaient que tourner dans son esprit, sous la brûlante colère qui dérivait dans chaque veine la parcourant.
Et... Si jamais c'est le cas, si tu veux que je fasse quelque chose, à part t'aider à partir d'ici... Dis-le... Dire quoi ? Que pouvait-il faire d'autre ? Non... la véritable question était, que désirait-elle d'autre ? Et rien ne trouvait grâce à ses yeux en cette venimeuse seconde alors qu'elle fermait les yeux, laissant ses doigts se perdre entre les siens, recevoir ce contact qu'elle n'aurait accepté de nul autre en cet instant, parce qu'il savait, parce qu'il comprenait... beaucoup trop bien. "Mais c'est tout ce que je veux Emrys... C'est tout ce dont j'ai besoin... partir... parvenir à les voir... Scorpius, par Merlin, Emrys ! Ils savent qu'il existe !" souffla-t-elle, frêle confession à celui qui n'avait su la vérité que par erreur, mais qui pourtant aujourd'hui était le seul à la soutenir dans le tourment d'en être privée. Mais elle ne lui soufflait pas tout, étant incapable d'assumer le quart de ses pensées haïssables, cette jalousie qui la rongeait et qu'elle aimerait assassiner jusqu'à ce qu'elle expire son dernier souffle, et qu'il avait pourtant compris. Il saisissait trop de choses, beaucoup trop de vérités, grâce à son don ou peut-être parce qu'ils se connaissaient depuis beaucoup trop longtemps, cheminaient chez les insurgés comme deux naufragés sur une terre qu'ils avaient dû rejoindre. Lui volontairement, elle... Mais il savait qu'elle réagissait ainsi parce qu'elle tenait réellement à Draco, alors qu'elle s'acharnait à le maudire de ne jamais être venu, de la remplacer avec sa meilleure amie, de la considérer comme remplaçable. Ô venimeuse Daphné, ses mots n'avaient cessé de la suivre sous une volute spectrale détestable. Rien... Rien n'avait existé, elle s'était égarée, trompée, et il ne lui restait que son enfant. Cet être chétif et si fragile qui ne méritait pas de se retrouver au milieu de la folie des hommes.
Tous ces sentiments contradictoires lui vrillaient le cœur... l'arrachaient au calme inhérent de son existence dans ces bois, et ce dès le premier instant où les rumeurs étaient parvenues jusqu'à elle, faisant à nouveau vrombir le félin endormi, essoufflé, celui que la passion d'autrefois n'avait fait que renforcer. Ses doigts se serrèrent plus encore contre la paume de son ami, celui qui tentait d'être son ancre dans la tempête de ces secondes, tentant de la laisser persister dans ce qui était prouvé et non les murmures tendancieux d'une folle en manque de sensation. Mais s'y agripper ne rendait pas les choses plus simples à présent que la peur que l'on s'en prenne à son fils la tenaillait plus étroitement, la faisant divaguer vers les tourbillons du mensonges des lignes de la gazette, vers cette rancune... "C'est une promesse ? Tout à part m'aider à m'enfuir ?" souffla-t-elle sans idée précise en tête, juste une ébauche, un murmure qu'elle avait effleuré de ses précédentes paroles. Son regard revint flirter avec ses traits, s'attardant sur ses lèvres dont elle attendait d'autres mots, sans songer à le regarder dans les yeux... il savait déjà trop de choses inavouables pour lui glisser d'autres songes qu'elle préférait taire, chasser d'une main volage comme elle le ferait d'une mèche envahissante. "Tu n'es pas obligé de faire ça..." murmura-t-elle encore, malgré sa propre détermination, son pouce frôlant la chair de sa main, comme un merci aux ailes de papillon, tandis qu'elle s'enlisait dans ses propres réflexions, son dos appuyé contre l'écorce secourable. Elle partirait... même sans son aide, elle trouverait un moyen de fuir, d'affronter ses démons et d'embrasser son enfant. Elle réapprenait à respirer alors que son esprit analysait les opportunités, que ses doigts refusaient de relâcher ceux de son ami, que la solitude des lieux l'aidaient... C'était bien la première fois qu'elle remerciait ces broussailles de la dissimuler au reste du monde en cet instant, l'espace de ce temps qui lui serait nécessaire pour se reprendre. Pas de larme... Pas de cris... Pas de rancune crachée à la face de ces êtres, de sa sœur... Personne ne devait se douter, à l'exception d'Emrys.
Tu es prêt à l'aider, oui. Tu es là pour elle, tu l'as toujours été et tu comptes bien continuer à l'être. Si seulement tu pouvais faire mieux pour elle, aller plus loin, jouer ton rôle d'ami jusqu'au bout... Mais non, il y a quelque chose qui t'en empêche. Sa sécurité, la tienne, celle de tous les autres insurgés... Tu ne peux pas laisser parler ton cœur et cela te détruit un peu plus chaque fois que tu la vois. C'est pour cela que, à nouveau, tu lui proposes ton aide. Tu veux l'aider, tu veux qu'elle se sente mieux, tu veux qu'elle soit rassurée quant au sort de son fils, de Draco. Tu voudrais qu'elle soit heureuse, qu'elle vive sa vie comme elle l'entend, libre, en sécurité, et non prisonnière en pleine cœur de la forêt. Mais ce n'est pas à toi de décider de cela. Son sort n'est pas entre tes mains, mais entre celles de sa sœur pour l'instant. Pendant ce temps là, tu vois la cadette des Greengrass mourir d'inquiétude pour son fils dont l'existence a été révélée au grand jour. Tu te mordilles la lèvre à ces propos. Tu n'es pas en mesure de comprendre toute son inquiétude mais tu l'imagines sans peine. Alors, doucement, tu poses ta main libre sur son épaule.
-Ça devait bien arriver un jour ou l'autre, tu le sais bien... On n'échappe pas éternellement à la société sorcière, encore moins quand on est l'enfant d'un sang-pur... Mais vous avez gagné trois ans, c'est déjà bien je trouve. Maintenant, il n'y a plus qu'à avoir confiance en Draco... S'il a protégé votre fils jusqu'à aujourd'hui, je ne vois pas pourquoi il arrêterait, même si ce sera sans doute un peu plus compliqué.
Plus compliqué, oui. Avec la pression de la société sorcière, sans doute celle exercée par Voldemort sur ses mangemorts, mais aussi les insurgés qui sauront, qui voudront utiliser ce pauvre enfant comme moyen de pression. C'est lâche, c'est révoltant, mais tu sais que certains y penseront, le feront aussi, peut-être. Tut e gardes bien de faire ces réflexions à haute voix, ne souhaitant pas l'inquiéter davantage. De toute manière, tu es d'ors et déjà sûr et certain qu'elle y a déjà songé, inutile de lui donner raison. Sa voix se fait entendre à nouveau, te posant deux questions, te demandant une confirmation. Oui, c'est une promesse. Oui, tu feras tout ce qu'elle te demandera, à part l'aider à s'enfuir. Bien sûr, elle doit se douter que mettre les insurgés en danger ne fait pas parti de tes options mais cela tu n'en parles pas. Elle te connaît depuis trop longtemps pour avoir oublié où tu places tes priorités et quels sont tes interdits. Mais tu hoches tout de même la tête. Oui, c'est une promesse et tu n'as pas l'habitude de revenir sur celles-ci. Et non, tu n'es pas obligé d'agir ainsi, elle a raison. Mais un mince sourire vient étirer tes lèvres. Tu lui embrasses doucement le front, puis reprends ta position initiale tandis qu'elle caresse du pouce le dos de ta main.
-C'est mon choix. Je veux t'aider, peu importe comment. Les amis c'est fait pour ça, ne l'oublie pas. Même si je n'ai pas l'impression d'être très utile, je te l'avoue...
Cesse donc de te jeter la pierre, Emrys. Tu fais ce que tu peux pour elle, point final. Mais tu es bien impuissant, il te faut bien te l'avouer. Tu n'es qu'un jeune homme de dix-neuf ans, sorti de Poudlard il y a seulement un an, tu n'aimes pas te battre, les potions et les plantes sont tes points forts avec l'hypnose... Non, tu n'es pas particulièrement utile et tu le sais. Ton esprit divague, à la recherche d'une solution à cette situation tandis que tu gardes la main de ton amie prisonnière dans la tienne. Ce qui la fait le plus souffrir, c'est l'absence de son fils. Peut-être que si tu pouvais... Non. Non, c'est une mauvaise idée et tu t'étonnes qu'elle ait traversé ton esprit. Aller chercher son fils et le lui ramener n'est pas une solution, parce que la forêt n'est pas la place d'une enfant de trois ans, premièrement. Deuxièmement, cela ferait du petit un moyen de pression idéal sur Astoria mais aussi sur Draco Malfoy. Oui, tu te soucis de lui. Il faut croire qu'Astoria influence ta vision du blondinet. Enfin, tu imagines sans mal la réaction d'un père à la disparition de son enfant. Tu ne te souviens que trop bien du désespoir de ton père à la mort de ton frère, tu n'as que trop bien compris qu'il aurait tout fait pour remonter le temps, le sauver, le ramener auprès de lui... La disparition du petit vous mettrait tous en danger. Un soupir s'échappe d'entre tes lèvres tandis que tu gardes pour toi cette idée saugrenue. Tu commences à te dire qu'il faudrait peut-être que tu envisages de te remettre en question, parce qu'avoir ce genre de pensées pourrait se révéler à la fois stupide et dangereux. Qu'es-tu prêt à faire pour elle, Emrys ? Beaucoup de choses. Trop, peut-être. Une nouvelle fois, ta main libre se déplace, venant replacer une mèche brune derrière son oreille, avant de retomber mollement. Tu voudrais que vos regards puissent se croiser, tu aimerais en avoir la possibilité mais il en est hors de question.
-Je n'aime pas te voir dans cet état... Si je pouvais te faire sortir de ce camp, de cette forêt, ne serais-ce qu'une heure pour que tu puisses penser à autre chose et sans qu'on se fasse repérer...
Mauvaise idée. Très mauvaise idée que de faire cette proposition. Mais elle t'a échappé tout naturellement. Le plus simple serait de partir sous polynectar et revenir une fois que la potion ne ferait plus effet mais... Il faut du temps pour en préparer, du polynectar. Et si tu es parfaitement en mesure d'en réaliser, il te faudrait du temps, que tu n'as pas, et des ingrédients que tu n'as pas non plus... Tu as l'impression d'être dans une impasse...
Sa place n'était pas ici au milieu de ces broussailles, mais à ses côtés, cherchant à le protéger, à le préserver. Un frisson s'évada contre sa peau sous la caresse volage du vent frais d'octobre alors qu'elle cherchait à se reprendre, à dissimuler l'orage violent qui l'habitait pour que personne ne parvienne à le deviner. Mais ce fut une main qui s'apposa sur son épaule, attirant son attention, la laissant presque lever ses prunelles jusqu'aux siennes, s'attardant sur ses lèvres qu'elle fixa alors qu'elles se mouvaient, lui soufflant que son fils aurait fini par être découvert. Peut-être... oui, sûrement, mais elle aurait voulu être auprès de lui pour foudroyer du regard cette impertinente, et serrer contre son sein le corps fragile de son enfant. Se conduire avec lui en lui témoignant discrètement tout l'amour qu'elle lui portait, pour ne jamais être le reflet de sa propre mère. Puis il aborda... ce détail douloureux qui la laissa se mordre la lèvre alors que ses paupières chutaient, voiles indolents de sa propre souffrance... Faire confiance à Draco. Proposition si simple en apparence, mais les écrits de la scribouillarde lui avaient brûlé la rétine plus sûrement que le fer rouge la chair délicate des esclaves moldus prouvant leur appartenance à un autre. Faire confiance... Il le protégerait sûrement, il tenterait lorsqu'il serait présent, mais qu'en était-il du reste ? Existait-elle seulement pour ce fils qu'elle n'avait jamais pu revoir depuis sa naissance ? Connaissait-il la véritable identité de sa mère, ou Sue était déjà celle de substitution depuis l'instant où il avait décidé de la remplacer... ? La sensation d'étouffer la saisit... mais ce n'était que cela, une maudite sensation alors qu'elle laissait ses dents relâcher sa lèvre pour l'écarter de sa semblable et inspirer une gorgée de cet air trop humide et pourrissant qui hantait ces bois. Elle aurait voulu parvenir à le haïr... mais tout comme pour Daphné, elle n'y parvenait pas, chacun possédant cette abyssale importance qui l'étreignait sournoisement. Ces sentiments aussi brutaux qu'insatiables qu'elle reléguait derrière des apparences, des faux semblants et des mensonges perpétuels. Elle voulait tellement parvenir à les arracher de son être qu'elle préférait nier ces réalités, nourrir sa rancune et la laisser grandir en son sein pour parvenir à être plus forte, à ne pas s’embarrasser de réalités aussi inutiles qu'un rayon de soleil dans ce monde en perdition. Aussi ne répondit-elle rien... rien... car nulle parole n'aurait pu être assez riche pour résumer les vents torturés qui dévastaient son âme, la laissant se battre contre ses monstres... la fragilité de sa confiance, ce temps gagné qui aurait du lui permettre d'être déjà rentrée, cette rancune taciturne, cette jalousie mesquine, cette douleur rougeoyante, cette absence dévorante, et Merlin lui-même ne parviendrait à en finir le compte.
A la place, elle préféra rebondir sur ses paroles, joindre le mot promesse à ce qu'il avait eu le malheur de laisser filer... Pas obligé... Elle savait combien elle pouvait être égoïste. Elle saisissait qu'il lui offrait trop de pouvoirs et elle ne voulait pas le pousser dans des retranchements où il se sentirait obligé... d'accepter. Tandis que son esprit cherchait une échappatoire, repassant dans sa tête les occasions manquées, les évasions tentées, et... Il lui fallait apprendre à transplaner, il lui fallait maîtriser cette discipline si celle voulait quitter cet endroit, si elle voulait avoir une chance de rejoindre son existence, de retrouver son fils... Ses lèvres vinrent effleurer son front en un doux baiser qui sûrement se serait même passé du moindre mot confessé. Il promettait, elle le sut à travers ce simple contact, ce baiser d'amitié pleurant la douleur de l'autre. Tu n'es pas obligé... mais il le faisait tout de même, parce qu'il considérait que c'était son rôle, son devoir, une maigre dévotion pour cette amitié durable et profonde qu'ils avaient tissé au fil du temps, quand leurs premiers instants ne l'auraient jamais laissé penser, fardés de méfiance et de manipulation. "Ne dis pas ça..." souffla-t-elle en réponse, alors qu'elle restait immobile, sa main précieusement dans la sienne, l'effleurant sourdement, la caressant naturellement. Sa promesse à elle-seule faisait naître une myriade de possibilités, même si elle se doutait qu'elle n'attendrait sûrement pas aussi longtemps, qu'elle saisirait toute occasion qui se dessinerait devant elle, dangereuse ou non. Mais il venait de lui faire le genre de promesse dont toute prisonnière rêverait... pourtant elle ne le mettrait pas sciemment en danger. Si seulement... il le lui avait promis plus tôt, peut-être aurait-elle cherché à écrire à Draco, dans le respect de cette promesse. A présent, la rancune tenace lui brûlait les lèvres, la sensation d'abandon lui meurtrissait le cœur, et la trahison lui lacérait l'esprit. Elle ne saurait même pas quoi tracer sur le moindre parchemin... et s'il ne brûlerait pas sa lettre sans même l'ouvrir. Ses doigts revinrent chasser une mèche envieuse retombant sur ses traits avec tellement de douceur... et si elle semblait plus calme, l'enlacement de leurs mains prouvaient à elle-seule la détresse qui l'entraînait au fond d'un lac si sombre qu'aucun éclat du jour ne parvenait à le transpercer.
Pourtant de nouvelles paroles l'extirpèrent de sa morosité... sortir d'ici ? C'était mesquin, c'était cruel, d'envisager de fuir alors qu'il l'emmènerait simplement à l'extérieur, mais l'égoïste nymphe ne pouvait s'empêcher d'y penser... Ne pas se faire repérer ? Non, elle n'y adhérait pas, il suffisait de l'être de la bonne personne, dans de bonnes conditions. Mais elle se garda de le murmurer, de le souffler... elle ne le mêlerait pas à son complot, il ne serait responsable à ses lèvres, combien même il n'aimait pas mentir, peut-être pourrait-il se contenter d'acquiescer ou de jouer les innocents. Ce n'était pas du mensonge, mais de l’omission, ou bien un oubli volontaire et une confiance aveugle en elle. "Tu ferais ça ? Je sais où trouver du polynectar..." mais elle ne le lui dirait pas. Elle savait également comment s'en procurer une, ou peut-être deux fioles s'il en avait également besoin. Il y en avait dans le campement, et la surveillance n'était pas des plus assidues. Après tout, qui irait en dérober ? Elle n'aurait su quoi en faire sans la proposition d'Emrys, ne sachant pas transplaner, c'était comme changer de peau sans succès de voir son quotidien se modifier. Tout comme, si elle trouvait une autre échappatoire sans avoir recours à ces manigances, sans entraîner son ami dans l'histoire, elle la saisirait pour le préserver. Dans le cas contraire, elle accepterait qu'il tienne sa promesse... pour elle ne savait trop quoi. "Tu m'emmènerais loin d'ici ? Pour quelques heures, je sais. Mais cette forêt m'étouffe." ajouta-t-elle encore, serrant plus étroitement ses doigts aux siens, laissant finalement ses lèvres se déposer sur sa joue pour y déposer l'écho soyeux d'un baiser... avant que celles-ci dérivent jusqu'à son oreille... "Et si je savais quoi écrire... tu donnerais ma lettre ?" murmura-t-elle, comme si la pénombre recueillant ces mots leur donnait moins de réalité, comme un mirage lointain qu'elle n'aurait pas eu l'audace d'avouer.
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