| Me voilà prisonnière de moi-même, privé de mon poison qui atténuait tout autour, devenant floue, tel un mirage. Mon univers s’illuminait, me faisant oublier ma réalité. Mais aujourd’hui, je n’avais rien pour faire passer le tout, rien pour me faire oublier mon douloureuse existence. Les insurgés étaient venue, puis Maksim et ce qu’il me restait n’était que lambeaux. Je n’avais pas la force d’aller nulle part, m’échouant dans mon salon, attendant que les secondes passent, n’ayant ni le gout ni l’envie de faire quelque chose. J’aurais vendu mon âme pour un peu d’orviétan me faisant réaliser à quel point cette substance était rendu essentielle à ma survie. J’étais allée trop loin. Profitant de ma liberté, je m’étais brûlée les ailes et maintenant, je chutais sans réussir à atténuer ma décente, attendant avec angoisse mon atterrissage. Mes yeux vaguais d’une toile accroché à mes murs, synonyme de période de ma vie qui d’une à l’autre s’avérait si différente. Ces toiles me perçaient le cœur, me narguant. Me rappelant le talent que j’avais gaspillé. Cette passion qui m’avais dévoré pour ne laisser qu’une artiste dépravée qui n’avait plus rien d’autre que ses illusions pour la faire vivre. Qu’un jour, l’inspiration reviendrait. Après plus d’un an d’arrêt, plus les jours passaient, plus j’avais l’impression que tout cela allait être perdue à jamais. Ces couleurs, ses sensations, cette passion qui donnait ce gout à chaque moment de ma vie s’était envolée en fumée. Probablement perdue si je continuais sur ce chemin. Mais je n’avais plus rien. Je n’avais plus mon talent, plus ma passion, plus mon échappatoire. Je me retrouvais démunie à tenter de vivre comme je l’avais toujours rêvé, de ma passion, mais je me retrouvais à vivre d’illusion. L’orviétan était ce qui avait tout détruit. Ce qui m’avait fait perdre tout contrôle à ma vie. Mes yeux voguais encore d’une toiles à l’autres lorsque Marcus fit interruption chez moi, ouvrant la porte en tombe, accourant jusqu’à moi, le visage couvert d’un voile obscure. Je savais que Marcus allait venir, mais lorsque je vis son ombre dans le cadre de la porte, je poussais un soupir de soulagement. Me sentant instantanément plus certaine de moi. Loin de ses derniers jours pénibles où angoisse avait été toujours là. Je me lève et me précipite dans ses bras. En vie. Le contacte de Marcus contre moi me faisait sentir vivante, mais surtout, loin de tout. Parce que qu’importe ce qui arrivait, nous serions toujours là l’un pour l’autre. Comme nous l’avons toujours été. Car entre nous, tout avait toujours été ainsi. Sans raison, l’un complétait l’autre dans sa déchéance, dans notre asocialité.
Ses bras m’entourent, me serrant contre lui. Je ne dis rien, sachant tous les deux pourquoi il est là. Profitant du moment. Enfin un peu de réconfort dans cette semaine qui avait été probablement la pire de ma vie. Il se détache un peu, pour venir poser un baiser sur mon front. Je garde les yeux fermé, serrant sa main contre la mienne. Ne voulant plus le quitter. Telle une rescapée qui voit enfin son sauveur. Car c’est ce qu’il était, mon sauveur. « Aliss, je peux plus rester comme ça. Je ne peux plus te regarder de loin sans pouvoir t’aider pleinement. » Je le regarde dans les yeux. Mais juste en étant présent, tu fais déjà tellement plus que n’importe qui. Te présence m’aide beaucoup plus que tu ne pourrais le croire. Mais je ne dis rien, le regardant se torturer l’esprit afin de me dire quelque. Comment pourrait-il m’aider plus, il en fait déjà tellement. « Epouse-moi. » Quoi ? La demande frape, choque. Comment ose-t-il me demande cela après tout ce que j’ai vécu ? Je reste muet de surprise. Je recule de quelque pas et je n’arrive plus à penser à quoi que ce soit. Épouser. Homme et femme, ensemble, unie. Pour. Toujours. Ma respiration s’accélère et mes mots restent bloqués dans ma gorge. Je porte ma main à ma bouche, essayant de dire quelque chose n’importe quoi, mais je n’y arrive pas. « Je ne veux pas te prendre ta liberté. Crois-moi, c’est la dernière chose que je souhaite. » Je ferme les yeux et tente de trouver quoi lui répondre. « T’épouser ? Mais Marcus… Je ne sais pas. » Ce n’est pas l’idée de l’épouser LUI qui me bloque, c’est l’idée du mariage tout simplement. Moi qui avait tout fait pour ne pas épouser un inconnu, voilà que mon heure était venue pour moi? C’est peut-être le temps de tout arrêter et d’accepter qu’on t’aide, Aliss. Si facile à dire, mais si difficile à faire. « Je t’en prie, accepte. » J’étais bloquée. « Je ne sais quoi dire. C’est tellement soudain. » Trop même. Je m’assoie sur mon sofa et met ma tête entre mes mains. La dernière chose que je voulais faire, était de blesser Marcus en refusant. Mais avais-je réellement le choix de refuser ? Continuant à me pourrir à l’orviétant, me détruisant toujours un peu plus, refusant la première et dernière aide qu’on me proposait. Je me sentais déchirée entre la peur de m’engager et l’angoisse de me voir continuer sur cette voie. Car j’en étais plus capable. Je relève la tête vers lui, ses yeux ne quittaient pas mon visage. Sentant un mélange de colère et d’angoisse venant de Marcus. « Tu es sûr de vouloir de moi comme épouse ? Que diront les gens et ton père? » J’essayais de trouver des excuses pour ne pas avoir à répondre à sa question car ma réponse me faisait peur. « Je ne suis pas certaine. J’ai peur… » Je me lève et sans perdre une seconde, me précipite dans ces bras afin d’y trouver une réponse. Afin d’essayer d’y trouver le courage de tout dire. « Promet moi qu’on ne fait pas une erreur, qu’on ne le regrettera. » Promets le moi et j’accepterais. Ment-moi et dis-moi que tout va bien aller. Qu’on sera heureux même si l’on n’est pas amoureux. Même si rien de me prévoyais à épouser un homme, j’accepterais d’être ta femme si tu me mens en me disant que c’est ma seule option enviable. Que tous les deux, c’est le mieux qu’on peut trouver. Car pour toi c’est absolument faux. Chaque femme rêve d’être dans les bras de Marcus, trouver mieux n’est qu’une question de temps, alors que moi, déchet de cette société pourri, personne ne voudrait de moi sauf toi. Alors oui, j’accepterais si tu me mens et me dis qu’ensemble, on va s’en sortir.
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