Hiram a gardé une partie de ses vêtements, ce que Kida ne remarquerait probablement même pas s’ils n’étaient pas aussi noirs que ses yeux, puisque son propre regard préfère rester concentré sur le carrelage de sa salle de bain. Elle le sent plus qu’elle ne le voit s’enfoncer dans l’eau, le niveau de celle-ci remontant jusqu’à ce que ses doigts effleurant à peine la surface se retrouvent immergés. “ I'm fine. ” Elle se force à le regarder, parce que sa parole ne vaut jamais rien et parce qu’elle ne le croit pas, peut-être qu’il ne veut rien boire, mais il n’est pas fine c’est bien pour ça qu’ils sont là, qu’il est là chez elle, dans sa baignoire. Il a une petite moue sur le visage, mais elle ne cherche même pas à la comprendre et retourne à sa contemplation du sol et de Snow qui se roule dessus. Elle aurait bien voulu pouvoir détester ce chiot, cadeau sûrement ironique d’Hiram. Mais elle l’a tout de suite adopté et elle l’aime autant (voire plus) qu’Ehsan et elle ne se voit plus sans lui ; elle suppose que ça doit bien vouloir dire qu’Hiram est capable de faire quelque chose de bien malgré tout. Même malgré lui. Elle ne saura jamais si c’était un cadeau sincère ou pas, elle l’a presque cru dans leur loge partagée sur le tournage de son clip quand il lui a dit qu’il le lui a offert parce qu’il savait qu’elle aimait les chiens, quand il a dit qu’il était content qu’elle ait apprécié. Il n'avait aucune raison de mentir pour dire ça à ce moment-là, entre deux remarques odieuses. Mais avec lui elle ne sait jamais quoi croire. Il dit tout et son contraire et ses actions savent encore la confondre un peu plus. Elle ne comprend pas Hiram et ne le comprendra jamais. Mais peu importe finalement l’intention, elle aime Snow et elle pourrait presque être reconnaissante à Hiram pour ça au moins. Elle tourne la tête vers la baignoire quand elle sent quelque chose sur celle de ses mains qui est au sec, s’agrippant au rebord de la baignoire pour ne pas tomber et sur le dos de laquelle il a déposé un des pétales. Elle ravale rapidement le petit sourire qui manque d'étirer ses lèvres, mais continue de regarder le pétale plutôt que lui. “ I just took too much and mixed it with drinks. ” Elle manque de croiser son regard. Elle a presque oublié leur deal. Il lui raconte tout si elle le sort de l’hôpital et ça la gêne vraiment parce que si ce n’est pas pour ça qu’elle l’a sorti, alors pour quoi ? Ce n’était même pas ce qu’il y avait de mieux pour lui, ça lui a juste fait plaisir, c’était juste ce qu’il voulait et il ne mérite pas qu’elle lui accorde ça. “ Happened before and will happen again. I just- well, I didn't know those people really well and shouldn't have done that. ” Elle lui lance un regard noir au again et une fois ses prunelles accrochées aux siennes, elle ne les lâche plus. Au moins est-il sincère imagine-t-elle, au moins cette précision le prouve, mais il n’empêche que ça l’agace ce je-m’en-foutisme, il pourrait au moins faire semblant tant qu’il n’est pas encore totalement remis. Elle hoche lentement la tête, il a le mérite d'admettre un peu son erreur ceci dit, c'est plus qu'elle en attendait de lui.

Son indifférence est agaçante, mais Kida est satisfaite de son honnêteté. Elle ne pensait pas y avoir droit. Il faut dire qu’avec lui, elle n’attend plus rien. Elle aura appris ça au moins. Elle ne sait pas s’il espère une réponse quelconque et elle n’en a pas à donner; elle pourrait l’enfoncer et lui dire qu’il a eu tord et qu’il est stupide et qu’elle le déteste, ou elle pourrait lui dire de nouveau qu’elle est contente que ça n’ait pas eu raison de lui, mais elle pince des lèvres et son regard vert glisse de nouveau vers Snow qui lèche doucement les mollets laissés nus par son jean. Le bruit de l’eau lui laisse deviner les mouvements d’Hiram mais ce n’est que quand il parle “ I'm happy you kept him. When you said you threw him out in the street, I was sad. ” qu’elle se rend compte qu’il s’est approché du rebord pour regarder le chiot. Elle se sent sourire un peu malgré elle. Hiram ne lui fait pas l’effet d’un amoureux des animaux et il doit proprement s’en ficher qu’elle l’ait gardé, sauf si ça lui fait office de petite fierté parce qu’il croit que ça veut dire quelque chose, que c’est about him. Mais elle ne s’en fiche pas de Snow, elle. Et elle est fière quand on le complimente ou qu'on a l'air de l'apprécier, comme une mère de son enfant. Elle grimace un peu quand Hiram fait couler de l’eau sur le carrelage en tendant le bras vers le chien qui accepte de s’approcher un peu sous les yeux indécis de sa maîtresse, qui tente de retenir son attendrissement, avant de l’accepter, mais de ne le mettre que sur le dos du labrador et rien d’autre. Snow n’a pas trop l’air d’apprécier l’odeur des huiles essentielles ceci dit et revient à ses pieds. “ Noooo. ” Son sourire en coin n’a pas eu le temps de disparaître quand elle jette un coup d’œil à Hiram qui a l’air d’un enfant déçu, le menton posé sur le rebord de la baignoire. Et il reste sur ses lèvres quand il lève des yeux faussement tristes vers elle. C'est évident qu'il n'est pas dans son état normal parce qu'il est…presque…cute. Elle détourne finalement le regard vers le seul être qu'elle accepte de trouver mignon dans cette pièce quand le chanteur sourit.

“ I should tell you to... leave. Again. Or I should tell you to call Scylla or Nicky or Roy or whoever the fuck would come for me, which is not a lot. ” Elle essaye de s'en moquer, mais elle se rappelle sa pensée initiale en arrivant à l'hôpital, la crainte qu'il se soit fait ça en étant tout seul, qu'il parte seul. Elle a l'impression que quelque chose se serre un peu dans sa poitrine en entendant ça, le fait qu'il ait peu de gens, peu d'amis comprend-elle, pas de famille sûrement. Elle a lu ce qu'il y avait à lire sur lui sur le talking mirror pendant son temps au MFactor surtout, sauf que, contrairement aux autres candidats, les éléments de sa backstory sont très limités. Elle pourrait poser quelques questions si elle le voulait puisqu'il est censé lui dire tout ce qu'elle veut pour la remercier du service rendu, sauf qu'elle n'en a pas envie, sentant que ça ne serait pas une conversation facile. Et puis, quel intérêt d'apprendre à le connaître ? Elle a voulu ça un jour, elle ne s'en cache plus vraiment. Elle a été curieuse. Mais si elle l'admet ce n'est que pour mieux refuser de l'être encore, pour mieux se contrôler. Il devrait peut-être lui dire de partir en effet — même si techniquement c'est lui qui devrait puisque c'est son appartement. Comme elle-même ne devrait pas le laisser rester, devrait s'empresser de le reléguer à quelqu'un d'autre, devrait s'inquiéter de ce dont elle a l'air en le gardant près d'elle et en choisissant de veiller dessus. Mais comme elle, il ne fait pas ce qu'il devrait. Il s'éloigne du rebord, elle l'entend jouer avec l'eau, résiste à l'envie de l'observer, résiste à l'envie de toucher son front de nouveau, de poser ses lèvres à la place de ses bras, de s'agenouiller près de la baignoire pour que leurs visages soient à la même hauteur et de lui sourire ou de prendre Snow dans ses bras pour rapprocher son museau d'Hiram et observer sa réaction. Elle reste immobile, apparemment imperméable à tout ce qui vient d'être dit. “ Don't go” Elle tourne peut-être un peu trop vide la tête pour le regarder lui et les figures que l'eau forme au bout de ses doigts. Les fleurs ne servent à rien réalise-t-elle quand elle le détaille véritablement lui et le t-shirt et le caleçon qu'il a conservé. Elle lève la main sur laquelle trône encore un des pétales. Elle l'observe un instant et puis souffle dessus en direction du visage d'Hiram, ça ne l'atteint pas, mais elle sourit quand même quand ça retombe à la surface de l'eau. “ Those were meant to protect your modesty. ” Comme si ça pouvait encore exister entre eux. Dans ce sens là en tous cas. If she had a point she doesn't remember it. Elle tire ses doigts de l'eau pour gratter doucement l'arrière des oreilles de Snow, l'autre main, celle qui se sent nue sans sa rose, vient retrouver le rebord de la baignoire sur laquelle son équilibre est sinon trop précaire. “ I'm not going anywhere. ” Elle détache son regard de Snow pour capter celui d'Hiram. “ Mediwizard what's-his-name isn't here, so I don't have to play wife, but I did give my word I'd take care of you and I will. ” Elle esquisse un petit sourire. Elle n'a rien promis véritablement, sauf à elle-même peut-être. Kida a l'impression que tout ce qu'il y a de mauvais en elle ressort avec lui, elle en devient cruelle quand elle le frappe, quand elle est acide, elle est jalouse et envieuse et mauvaise et elle veut tout ce qu'elle ne devrait pas vouloir. Mais elle ne veut pas être comme ça et s'occuper de lui alors qu'elle le déteste, ça doit bien pouvoir compenser, un peu. “ Besises it is my flat. It'd be my turn to kick you out. ” fait-elle pour se débarrasser de la vulnérabilité qu'elle ressent devant lui. Elle ôte sa paume du rebord de la baignoire pour la déposer contre son front, en se penchant un peu en avant pour s'aider, obligée de lâcher Snow qui se frotte à ses jambes. “ I think this is working. ” elle a un petit sourire, quand son pied glisse sur la flaque d'eau qu'a laissé le bras d'Hiram sur le sol et qu'elle perd son équilibre sur le rebord, tombant en avant.

S'il n'y avait pas eu Hiram elle aurait pu s'éclater la tête contre le bord opposé, sauf qu'il est là et elle ne sait pas s'il a bougé où si sa main s'y trouvait déjà mais elle l'empêche de plonger tête la première dans l'eau froide ; “ Sorry. ” (elle a tellement honte du couinement qu’elle a poussé en tombant) son t-shirt est trempé et par réflexe ses mains ont trouvé les épaules d'Hiram et s'y accrochent encore un peu trop. “ Sorry. ” répète-t-elle en se détachant lentement, s'agrippant au rebord traitre pour s'aider à se lever. Son jean aussi a été éclaboussé, mais ça lui est égal, ce n'est pas pour ça que ses joues sont trop roses. “ I'll go get a chair. ” Pour éviter que ça se reproduise.

Elle ne se retourne pas en sortant, trop gênée, trop agacée par ses propres élans de tendresse, mais elle a l'habitude, elle est comme ça avec les enfants auxquels elle rend visite et qui la rendent malade parce qu'ils sont si adorables et que ça la tue de les savoir souffrants. C'est pareil (c'est pire) avec lui. Elle ne se rend pas compte que Snow ne l'a pas suivie jusque dans la chambre, ni même en dehors quand elle va récupérer un verre d'eau d'abord, qu'elle achève d'une traite avant de le remplir de nouveau et de l'emporter avec elle, un tabouret récupéré dans la cuisine sous le bras. Ehsan est Morgane-sait-où (elle espère pour les Kuodzevikiute que personne n'a laissé la porte de sa chambre ouverte en partant ce matin) et elle repousse du bout du pied la sienne en la passant avant de retourner dans la salle de bain. “ Here, even if you're not thirsty you should still drink. ” elle lui fourre le verre dans les mains et déplie le tabouret pour le placer juste à côté de la baignoire, près du rebord contre lequel son buste est appuyé pour que que venir chercher sa température de nouveau de soit pas compliqué. “ Tell me when it gets too cold. ” Elle a posé un coude sur ses genoux et son menton dans le creux de sa main, son t-shirt lui colle trop à la poitrine, mais elle n'a pas envie de quitter de nouveau la pièce, elle aurait trop peur qu'il se noie en cours de route. “ Or rather just tell me when and if you need anything. ” Qu'il en profite tant que sa prétendue promesse tient encore, elle retrouvera l'entièreté de sa haine et de sa colère parfaitement justifiées quand il ira mieux; en attendant, il lui semble que ça serait déplacé et en tout état de cause, là tout de suite, tel qu'il est, il ne les mérite pas vraiment. Elle commence déjà à avoir les paupières lourdes de nouveau, elle a besoin de rester éveillée tant qu'il l'est et elle se promet de ne pas laisser le sommeil gagner cette fois-ci contrairement à toutes ces fois à la fac ou ailleurs, mais ce n'est pas que l'hypersomnie habituelle, c'est le fait qu'elle n'a pas dormi de la nuit et que l'inquiétude l'a épuisée. Elle aurait bien besoin d'un bain frais pour se tenir éveillée, elle aussi. Ses doigts libres qui attendent qu'il lui rende le verre, hésitent à revenir jouer avec l'eau et à s'en passer un peu sur le visage.

Elle se tourne brusquement vers lui et Hiram ne sait pas à quoi s'attendre. Certainement pas à ce qu'elle lève la main où trône toujours le pétale pour le lui souffler au visage. Il grimace légèrement en fermant les yeux, un léger sourire teinté de tristesse sur les lèvres, mais le pétale ne l'atteint pas; quand il rouvre les yeux, il voit qu'il a atterri dans l'eau devant lui.  “ Those were meant to protect your modesty. ” Il lève les yeux au ciel, puis vers elle. “ My what now? There's nothing modest about me. ” Il est soulagé, se rend-t-il compte, un peu malgré lui. C'est la deuxième fois qu'il lui demande de rester, même si la dernière fois il l'a jetée de chez lui et de son lit quelques heures plus tard. C'est la deuxième fois qu'il lui demande de rester et c'est la énième fois qu'il se sent pas vulnérable mais fragile face à elle et ses yeux scrutateurs. Quelle pudeur existe quand il a l'impression qu'elle le regarde au plus profond de son âme à chaque fois qu'elle pose les yeux sur lui?  “ I'm not going anywhere. ” Une boule se forme dans sa gorge, malgré lui. Il ne mérite pas ça, vraiment pas ça, surtout à la lumière des deux dernières fois où ils se sont vus. Paris et son appartement à lui. Il ne mérite pas à ce qu'elle lui dise ça et le fasse, à ce qu'elle le regarde ainsi et- et tout. “ Mediwizard what's-his-name isn't here, so I don't have to play wife, but I did give my word I'd take care of you and I will. ” Qu'elle semble si sûre d'elle. Qu'elle s'occupe de lui. Le ferait-il pour elle? Oui, sûrement, sans doute. Mais il l'a plus mal traitée qu'elle ne l'a fait. “ Besises it is my flat. It'd be my turn to kick you out. ” Il fait la moue. Il n'est pas trop habitué à se faire jeter dehors, mais il le mériterait cette fois-là (et toutes les suivantes) avec elle. “ Yeah. ” Il n'a pas envie de repenser à cette impression de vide en entendant la porte d'entrée claquer, le poids de la main de Roy en train de se moquer sur son épaule, l'envie d'aller à sa suite and consequences be damned. Il imagine que tout n'a pas été ruiné, puisqu'ils sont tous les deux là aujourd'hui, mais rien n'est vraiment pareil.

Kida se penche en avant et Hiram arque un sourcil avant de comprendre où elle veut en venir, se redressant légèrement pour lui laisser un accès plus facile à son front, souriant légèrement en voyant son visage s'approcher. “ I think this is working. ” Il est en train de se préparer à geindre pour lui demander de le sortir de là et de l'autoriser à rentrer chez lui pour dormir quand elle glisse sur le sol apparemment, et qu'il voit presque sa tête s'exploser contre le rebord de la baignoire; il réagit sans même réfléchir, ses mains volant rapidement pour la stabiliser, rencontrant avec plus de brutalité qu'Hiram voudrait le corps de Kida pour s'assurer qu'elle ne se fasse pas mal. “ Sorry. ” Son coeur bat un peu trop vite à son goût dans sa poitrine. Il a vraiment eu peur. “ It's okay. ” Elle se détache lentement et Hiram décrispe ses mains qui la tiennent toujours durement, par pur mécanisme, regrettant déjà d'avoir paniqué pendant un quart de secondes. “ Sorry. — It's okay, ” répètent-ils, alors qu'il se trouve une fascination toute nouvelle pour les pétales qui flottent toujours à la surface de l'eau. Elle se détache entièrement mais ne se rassied pas- “ I'll go get a chair. ” -parce qu'elle s'en va. La panique est instantanée et irraisonnée, s'empare de lui et enferme son cerveau dans un état au fer chauffé à blanc. “ No-kay. Okay, ” répète-t-il, avec toujours ce petit sourire destiné à la rassurer alors même qu'il n'a qu'une envie: lui demander de rester (don't go don't go don't go you said you weren't going anywhere). Mais il reste silencieux, la suit du regard quand elle part et une fois qu'elle a disparu de son champ de vision, il pose ses mains sur ses genoux et essaie de ne pas se mettre à vraiment paniquer.

C'est à elle de le mettre dehors mais elle pourrait tout aussi bien le laisser seul ici que ça lui ferait le même effet, non, ce serait pire même. Il se rend compte que Snow est resté dans la pièce quand il entend un bruit de glissade; il parvient à détacher ses yeux de ses mains aux phalanges blanches pour observer le chien se relever après avoir glissé dans la petite flaque d'eau. L'énergie et la vie du chiot lui permettent de se focaliser sur quelque chose d'autre que la pression sur sa poitrine mais ce n'est pas assez. Kida ne va pas revenir et elle aurait raison. Personne n'aurait jamais dû revenir pour lui. Kala n'aurait jamais eu raison de le sauver, elle n'avait aucune raison de le faire et il n'a été qu'un poids pour elle ensuite. Scylla l'a dit elle-même. Elle ne reviendra pas. Il ne sait pas si il a envie qu'on le laisse crever, ou si il veut juste se tuer à la tâche. It will happen again. Kala lui aurait foutu une gifle. Avec une bague. Ou deux. Hiram se laisse lentement glisser dans la baignoire, le niveau de l'eau revenant flirter avec le rebord; il serait chez lui qu'il s'immergerait complètement, mais il est chez Kida (il est chez Kida) et ça lui rappelle qu'il n'a rien à faire là, qu'il ne mérite pas d'être là. L'eau froide lui fait du bien, ça engourdit un peu ses membres mais ça garde son esprit concentré. Il a enfoncé ses ongles autour de ses genoux, regrette de ne pas avoir insisté pour partir, soulagé de s'être laissé convaincre de rester.

“ Here. ” Il sursaute et se redresse un peu brusquement; il ne l'a pas entendue revenir (elle est revenue). “ Even if you're not thirsty you should still drink. ” Silencieux, il prend le verre à deux mains sans l'apporter à ses lèvres, la regardant d'un air perdu pendant un moment (elle est revenue) parce qu'elle reste, elle s'assied, reste assez proche de la baignoire. “ Tell me when it gets too cold. ” C'est suffisamment froid pour qu'il ne puisse pas s'endormir, ça doit bien vouloir dire que c'est trop froid mais il se doute que c'est l'effet recherché. Il amène le verre à ses lèvres et en boit une gorgée timide avant de finir le verre d'une traite, trop assoiffé pour seulement penser se ménager. “ Or rather just tell me when and if you need anything. — I'm fine, Kida. I am. ” Il pose sa tempe sur le rebord de la baignoire pour la regarder, avant de détourner les yeux pour regarder le chien, incapable de supporter son regard vert cette fois. “ I thought you weren't coming back, ” s'entend-t-il dire avant de pincer des lèvres, fermant les yeux pour couper court à la discussion parce que c'est insupportable, le fait qu'elle soit si proche et si loin à la fois et qu'il ait l'impression d'évoluer dans un monde qui n'a aucun sens, trop cotonneux, trop intense, trop froid, trop brûlant tout à la fois.

Des heures pourraient avoir passé qu'il n'en saurait rien; il ne s'est pas endormi, pas vraiment, mais a laissé s'écouler les secondes sans rien dire jusqu'à ce qu'un long frisson l'agite et qu'il éternue dans un spasme, envoyant encore un peu plus d'eau rejoindre le carrelage et surprenant un Snow qui pousse un couinement effrayé (un peu ressemblant à celui de Kida quand elle a failli lui tomber dessus) (et celui de certaines personnes quand des choses leur échappent des doigts). “ Too cold too cold too cold too cold, ” marmonne-t-il en se redressant un peu sur son séant, sentant un autre éternuement lui chatouiller le nez et jetant un regard en coin à Kida comme pour lui demander l'autorisation de se relever et de quitter la salle de bains (il ne se fait pas d'illusion; elle pourrait le maintenir sous l'eau sans aucun mal tant il se sent faible en cet instant précis). Il éternue une nouvelle fois avant de pouvoir se relever et finit par s'approcher aux rebords pour se hisser sur ses pieds, enjambant la baignoire et se mettant à couler à grosse gouttes sur le carrelage, les vêtements qu'il a gardés lui collant au corps d'une manière désagréable, relevant un regard pathétique vers Kida avant d'éternuer de nouveau, ses mains volant à son visage avec agacement. En jurant, il se penche pour fouiller les poches de sa veste qui est restée parterre, tournant le dos à Kida, cherchant puis trouvant sa baguette qu'il utilise pour assécher le sol (Snow ne semble pas aimer toute cette eau et essaie désespérément de monter sur les genoux de sa maîtresse), aspirant l'eau du carrelage puis de ses vêtements. La crise aqueuse enfin fini, il finit par regarder Kida sans savoir quoi faire ou dire. Au moins sa magie ne lui échappe pas. Il se sent un peu mieux, pas trop, pas beaucoup, mais c'est mieux que rien. Là, il a juste envie de dormir, boire un litre d'eau et manger son poids de burgers. Non, ce qui lui ferait plaisir, c'est sa comfort food habituel, un wat éthiopien dans son restaurant favori de Londres. Ça lui rappelle sa mère. Il aimerait que sa mère-

Peu importe. Il ne va pas inviter Kida à un autre date. Et puis ce ne serait même pas un date. De toutes manières elle dirait non. On s'en fiche. Pas important. Et puis elle ne viendrait même pas avec lui. C'est bon elle s'est occupée de lui. Elle va le laisser partir maintenant. “ You should get some sleep, you look exhausted. ” Il ne prend même pas la peine d'être suffisamment courtois pour lui épargner cette remarque, qui tient plus du mensonge qu'autre chose parce que même si elle a une petite mine, elle n'a pas l'air si horrible qu'il semble le dire. Elle a la tête de quelqu'un qui s'est levé bien trop tôt to deal with someone else's bullshit. “ Do you mind if I crash on your couch? At that point, if you get me a spot on the floor I'll be fine. ” Hiram a juste envie de se reposer, de ne plus avoir l'impression que le sol va lui faire des croche-pattes à chaque pas qu'il fait. Il ramasse son pantalon, ses chaussures et sa veste après avoir déniché son pow, qui n'a plus de batterie... et après l'avoir remis dans sa poche. Il s'en occupera plus tard. Jamais. Il n'a aucune envie de parler à Nicky ou à quiconque. Il se baisse pour effleurer maladroitement la tête de Snow qui a fini par cesser de paniquer pour venir vers lui, l'air curieux. Il n'a jamais su s'y prendre avec les animaux, s'attendant toujours à ce qu'ils lui sautent dessus pour l'attaquer. Il s'est déjà fait mordre par un chien et l'expérience lui a suffi.

Mais c'est à croire qu'il est incapable de reculer même face à la moindre perspective de douleur. “ You know you don't have to do all of this, right? ” demande-t-il à Kida à mi-voix, les yeux rivés sur le chien qui essaie de lui lécher les doigts maintenant qu'ils ne sont plus trempés, alors qu'Hiram essaie d'éviter sa sale langue de chien (disgusting).

“ I'm fine, Kida. I am. ” Peut-être. Mais peut-être que c'est elle qui ne l'est pas alors, c'est elle qui ne réfléchit pas correctement, qui suit un instinct décidément complètement fou, qui veut s'approcher encore un peu et effacer les perles de sueur sur son front, qui voudrait lui tenir la main et serrer ses doigts dans les siens autant pour le rassurer lui que pour se rassurer elle. Elle a eu un peu peur en tombant, mais elle a plus peur encore de l'explosion dans sa poitrine quand il l'a rattrapée, de sa réaction à leur proximité, de l'envie de le prendre dans ses bras alors que ça ne fait pas partie du strict nécessaire duquel elle préfère (et doit) se contenter. Il a l'air encore faiblard en posant la tempe contre le rebord de la baignoire, leurs regards se croisant brièvement avant qu'il ne détourne le sien le premier. Avant ils n'avaient pas de mal à se regarder, mais elle suppose que c'est parce qu'avant il n'y avait qu'une seule émotion qui les agitait l'un envers l'autre, aujourd'hui c'est trop compliqué (pour elle en tous cas) de longer dans ces deux trous noirs sans craindre de qu'il ne lise trop en elle au passage. Ils ne sont plus sur la même longueur d'onde, s'ils l'ont même jamais été. “ I thought you weren't coming back, ” Elle observe toujours son visage elle, regrettant pour une fois qu'il ne puisse voir la confusion honnête sur le sien. C'est chez elle, comment pourrait-elle ne pas revenir ? Et puis elle a promis de s'occuper de lui, si pas au médicomage, à Hiram lui-même. La confusion se mue en inquiétude quand il ferme les yeux, elle se demande si la fièvre le fait délirer, elle semblait être retombée juste avant la chute de Kida, mais peut-être est-elle revenue entre temps. Ses doigts se lèvent pour caresser sa peau, mais ne l'effleurent finalement même pas, la main hésitante revenant s'abattre sur son genou. Elle le regarde en se demandant s'il commence à s'endormir, étudiant les mouvement de sa poitrine pour s'assurer qu'il respire toujours bien, ses doigts picotant du désir de le toucher, de le réveiller, de l'a-. Elle sursaute quand il frissonne puis éternue d'une même traite, éclaboussant un peu plus le carrelage et faisant couiner Snow au passage. Elle est debout en quelques secondes, “ Too cold too cold too cold too cold, ”, totalement réveillée et paniquée. Elle cherche sa baguette dans sa poche pour réchauffer l'eau, mais elle doit l'avoir laissée dans son sac dans la chambre, alors elle s'éloigne pour récupérer une serviette pour l'y enrouler, tandis qu'il s'extirpe déjà de la baignoire, inondant le sol au passage, Snow accourant dans les jambes de sa maîtresse, comme espérant qu'elle vienne le sauver de la mare. Il éternue de nouveau et les doigts de Kida sont tremblants autour de la serviette, mais quand elle se détourne du placard il a déjà sa baguette à la main et ses vêtements sont en train de sécher. Elle le croirait presque désolé, quand ils se regardent quelques instants, elle le drap de bain encore plié dans les bras, lui sec mais un peu pathétique. Elle suppose qu'elle aurait droit de se moquer un peu maintenant la crise d'éternuements et l'inondation terminées, mais elle n'en a même pas un peu l'envie. Si elle rêve parfois dans la cruauté qu'il provoque comme personne chez elle, de le blesser comme il a pu le faire, ce n'est pas exactement comme ça qu'elle veut le voir souffrir.

“ You should get some sleep, you look exhausted. ” Elle hausse les sourcils. “ I guess you're fine enough now. ” Elle semble amère mais elle n'est pas vraiment vexée. Elle se doute qu'elle doit ressembler à rien, sans maquillage, des cernes sûrement violettes sous les yeux, elle n'ose même pas jeter un coup d'œil dans le miroir pour le vérifier. Ses stalkers devront se passer de ses selfies pour aujourd'hui. Mais ça la rassure un peu de l'entendre parler comme ça, elle se dit qu'il doit commencer à aller mieux. Il commence à sonner un peu plus comme lui-même. “ You should sleep too. ” De toute façon, sans ça elle ne peut pas se laisser aller au sommeil non plus, c'est un package deal. Elle ouvre la serviette et la dépose délicatement sur les épaules d'Hiram, bien qu'il ne tremble plus autant qu'à sa sortie initiale du bain. “ Do you mind if I crash on your couch? At that point, if you get me a spot on the floor I'll be fine. ” Hiram est certainement la personne la plus têtue qu'elle connaisse, ou potentiellement la plus stupide aussi. Il ne semble toujours pas avoir compris qu'il va rester chez elle jusqu'à ce qu'il soit tout à fait hors de danger, ce qui implique de dormir ici. La question lui arrache un simple battement de cils blasé. Si elle habitait seule elle le ferait dormir sur le canapé, sauf qu'il n'est pas à elle, il est à toute la colocation et elle aurait trop peur que la nuit qu'il a à rattraper ne s'éternise et que quelqu'un rentre et trouve une célébrité endormie dans le salon. Elle n'a vraiment pas envie de s'embarquer dans ces explications-là, même si elle se doute que, tout ça, ce n'est que retarder une échéance inévitable. Quant aux fauteuils dans sa chambre, ils ne permettent pas de s'allonger et le divan est trop petit aussi. De toute façon, elle n'est pas folle, elle ne forcera pas quelqu'un de souffrant à dormir sur ça. “ Come on, don't be silly you can sleep on my bed, it's not like Roy is likely to burst in on us this time. ” Il faut qu'elle arrête de faire des références à tout ça, ou il va penser qu'elle ne s'en est vraiment pas remise. Sauf que, peut-être que, contrairement à ce qu'elle lui a dit et quoiqu'il est vrai qu'elles ne seraient pas suffisantes, elle a envie de les entendre ses excuses, si tant est qu'il en ait.

Son lit est assez grand pour deux, ils n'ont même pas besoin de se toucher et c'est tant mieux, même si elle suppose qu'il le faudra, régulièrement, pour s'assurer que son état reste stable (elle espère toutefois qu'elle n'ira pas aussi le câliner dans son sommeil en le prenant pour une de ses peluches).

Elle s'apprête à le contourner pour retourner dans la chambre, mais s'arrête dans son geste quand il caresse un peu maladroitement le chiot qui traîne encore avec eux. Il est facile pour elle de voir que sa supposition était correcte, il n'a pas l'habitude des animaux. Avec Snow ça a l'air de bien se passer pourtant, autant du côté de l'humain que du chiot et peut-être qu'elle devrait s'en agacer (c'est un peu le cas), mais elle trouve ça aussi mignon. “ You know you don't have to do all of this, right? ” Elle pousse un soupir exaspéré qui n'est pour une fois pas feint. Il la fatigue réellement. Elle préfèrerait qu'il accepte ses attentions sans rien dire, parce qu'à force de la remercier ou de lui rappeler que techniquement elle n'est pas obligée de faire tout ça, il la met profondément mal à l'aise. Elle sait que rien de la force, mais elle n'a pas envie d'y penser. Il n'a pas l'air de se gêner d'habitude pour se servir allègrement d'elle et profiter de ce qu'elle veut bien lui offrir, alors pourquoi recule-t-il, la fois ou précisément elle a besoin qu'il se taise. Elle ne prend même pas le soin de répondre à la question. “ I won't have anything your size but you can have an extra blanket. Oh and Snow will probably be sleeping with us, won't you baby? ” Comme s'il savait qu'elle s'adressait à lui le chien relève le museau vers elle et jappe gaiement. Elle lève une main pour resserrer les pans de la serviette autour de lui et puis se retient, s'il a froid il peut le faire tout seul. “ I mean, if you don't mind.. ” Elle a l'habitude de dormir avec ses deux chiens mais elle peut comprendre qu'il n'apprécie pas. Et si normalement, sans hésitation elle choisirait ses compagnons habituels à sa place, aujourd'hui c'est différent, il est malade. Elle récupère le labrador dans ses bras (il n'a pas l'air d'apprécier l'humidité de son t-shirt et couine un peu). “ He likes you.. Well I guess it makes sense, you're not a stranger to him ” puisque c'est lui que le lui a offert, elle s'imagine qu'il a bien dû le rencontrer. Elle sort de la salle de bain et ouvre un premier placard pour récupérer un duvet en plus qu'elle jette sur le lit avant de retirer ses chaussures de deux coups de talon, Snow toujours dans ses bras, le museau enfoui dans son cou, elle rit un peu quand il la chatouille de sa langue. Elle le dépose sur le lit et il va aussitôt s'installer près de son oreiller, tandis qu'elle se défait de son jean encore un peu mouillé et qui accroche désagréablement à sa peau. “ If you want to call anyone.. ” Elle jette le pantalon sur le divan et s'agenouille pour récupérer son sac et son POW qui croule littéralement sous les messages qu'elle ignore parfaitement pour le lui tendre en se relevant. “ Just to let them know you're safe. ” Scylla, Roy, son agent, anyone. De la famille, une petite-amie peut-être ; il lui a dit qu'il ne donnait pas dans les dates, mais elle ne croit plus vraiment rien quand ça vient de lui. Après tout il a bien été capable de lui offrir un rendez-vous plus génial que tout ce qu'elle aurait pu imaginer, avant de tout lui arracher d'un simple get out. Elle pose le POW sur le divan au bout du lit avant de se glisser sous les draps, hésitant à changer de t-shirt au moins pour ne pas tomber malade en plus de tout (et vu la gêne qu'elle ressent aussi bien dans la gorge que dans la poitrine, elle se demande si ça n'est pas déjà trop tard). Snow s'installe immédiatement sur son ventre, lui laisse à peine le temps de s'asseoir contre ses oreillers. Elle remonte les draps jusqu'à son cou et ôte son haut en essayant de ne pas renverser le chiot au passage. “ Can you throw me that shirt there? ” fait-elle quand le t-shirt mouillé a échoué au sol, tendant le bras pour désigner le fauteuil près de la porte de la salle de bain, celui sur lequel a été jeté le petit pull qu'elle a arraché en vitesse le matin en partant et avec lequel elle dort habituellement. Il commence à faire trop chaud pour les couettes qu'elle affectionne, mais Kida a souvent (tout le temps) froid en ce moment, et puis, dormir en sous-vêtements près d'Hiram ne semble pas vraiment naturel (ils ont plus l'habitude d'être nus et ça, bien sûr, c'est hors de question). Le draps est pressé contre elle en attendant, la gueule que Snow a lové contre sa poitrine le maintenant en place.

“ Come on, don't be silly you can sleep on my bed, it's not like Roy is likely to burst in on us this time. ” Ça pourrait presque le faire rire. Presque. Mais il y a quelque chose d'amer dans la voix de Kida alors que lui-même sent son visage se fendre d'une grimace, comme si il venait d'avaler un citron sans s'attendre à son goût acide. Roy. Il se demande si il a été prévenu, il se demande si il devrait le prévenir. C'est son meilleur ami, son collègue devenu dealer, une sorte de frère à ses yeux: ils se connaissent depuis longtemps, se comprennent... sauf que ça parle filles. C'est toujours de la compétition, de la conquête et du partage, mais jamais de manière réciproque, c'est toujours plus un duel qu'autre chose. Roy lui a bien parlé de Kida après qu'il l'ait vue au spitfire, lui a même fait un résumé plutôt détaillé de ce qu'il savait d'elle et n'a même pas une seule seconde caché son désir de l'avoir lui aussi dans ses draps, maintenant qu'Hiram l'avait conquise. Rien que d'y penser maintenant, ça lui retourne l'estomac. Il ne sait pas trop si c'est de la possessivité parce qu'il veut garder Kida pour lui, ou de la possessivité parce qu'il ne veut simplement plus partager quoique ce soit avec Roy. (Il sait très exactement et n'a pas vraiment envie de se pencher sur la question).
Il ne répond pas. Il ne sait pas ce qu'elle veut entendre. Les excuses ne seraient pas suffisantes et il le sait. Il n'a pas envie de lui expliquer tout ça. L'élan de jalousie quand Roy l'a presque dénudée du regard en rentrant sa tête dans la chambre; la satisfaction d'avoir tant dormi; le contact agréable de son corps contre le sien.

Elle l'a entouré dans une serviette et Hiram en resserre les pans autour de lui, se débarrassant de l'humidité que la magie n'a pas pu retirer. “ I won't have anything your size but you can have an extra blanket. Oh and Snow will probably be sleeping with us, won't you baby? I mean, if you don't mind.. ” Il n'en a aucune idée. La perspective de dormir avec Ehsan le terrifie un peu (trop d'énergie dans un si petit corps) et même si il est un peu perplexe à l'idée de dormir avec un animal (ça pue pas? ça remue pas? ça lèche pas pendant la nuit? ça fait pas chier?), il préfère encore que ce soit avec Snow. Il hausse les épaules, tâchant de ne pas se sentir trop vexé qu'elle n'ait pas répondu à sa question — mais que lui répondre, après tout? Peut-être pourrait-elle simplement lui expliquer ce qu'elle fait là. Pourquoi elle insiste. Il lui offre trop de portes de sortie alors que ça fait bien longtemps qu'elle lui a dit et montré que ça ne l'intéressait pas. “ He likes you.. Well I guess it makes sense, you're not a stranger to him. ” Il tend sa main qui ne tient pas la baguette vers le chien, désormais dans les bras de Kida, mais suspend son geste quand elle se détourne. “ Hirams love each other, ” répond-t-il simplement, avant de suivre Kida dans sa chambre après avoir ramassé ses affaires au sol. Il les plie consciemment et les pose sur un fauteuil après une hésitation, lui tournant le dos pendant qu'elle se déshabille, comme si il existait la moindre pudeur entre eux — mais c'est étrange, parce qu'il se sent embarrassé brutalement. Parce que ce n'est pas le même contexte, parce que c'est... fragile et étrange et anormal même. Il vérifie qu'il a toutes ses affaires dans ses poches et quand il se retourne, fronce les sourcils quand elle lui tend son pow à elle. “ If you want to call anyone.. Just to let them know you're safe. ”

I wouldn't know who to call. Scylla sait, Roy s'en ficherait comme d'une guigne (il pense), son agent serait inquiet mais il a cru comprendre que Kida l'avait prévenu, idem pour son manager et son label et tout son univers professionnel. Il a d'autres amis mais ils ne savent même pas qu'il a été hospitalisé et encore moins qu'il a fait une overdose, certains ne savent même pas qu'il est sorcier. Il n'a pas de famille et la seule personne qu'il pourrait appeler, ce serait Kala; mais une fois encore, à quoi bon l'inquiéter ou lui dire quoique ce soit? De toutes manières, entretenir ces pensées est néfastes: leurs chemins se sont séparés il y a quelques mois déjà. “ Thank you, ” répond-t-il simplement, sans toucher au miroir. Ça lui fout un peu les nerfs en boule et ça le rend un peu triste de ne pas avoir quiconque à appeler, si bien qu'il accueille avec soulagement le fait qu'elle parle de nouveau: “ Can you throw me that shirt there? ” Il hoche la tête comme toute réponse (après l'avoir regardée d'un air confus pendant un instant, accablé par le fait que le chien soit cute et forme un tableau adorable avec elle, et embarrassé en l'imaginant nue sous la couverture), faisant tourner sa baguette dans sa main et marmonnant un sort pour doucement amener le pull dans sa direction. Il retourne vers ses affaires pour ranger sa baguette, lui tournant ostensiblement le dos le temps qu'elle se change, avant de contourner le lit d'un air hésitant, s'y installant au bord du bord après avoir tiré un peu le drap.

Hiram est tout de suite mal à l'aise, surtout qu'elle est si proche, surtout qu'elle est si loin. Il ne va jamais pouvoir dormir comme ça avec elle dans le même lit (c'est déjà arrivé, deux fois, mais certainement pas dans ces circonstances-là). Il a l'impression d'entendre le corps de Kida respirer, son coeur battre, son sang s'agiter dans ses veines, il y a aussi le chien qui trouve une place entre eux deux avant de se décider à une autre position puis une autre, il y a le rebondi du matelas et la courbe de l'oreiller contre sa nuque et le fait qu'il ait été si naturel de passer un bras autour de sa taille il y a quelques semaines, et d'être incapable de seulement imaginer la toucher en cet instant précis. Il est fatigué et pourtant, il a l'intime savoir qu'il ne va pas réussir à s'endormir rapidement, le genre de choses que seuls les insomniaques perçoivent même au bord de l'épuisement. Hiram lisse un peu la couverture sur son ventre et ses jambes, regarde le plafond, gigote pour trouver une position plus confortable, soupire, inspire, expire et finit par tourner la tête sur l'oreiller pour la regarder; elle lui tourne le dos et il décide de lui tourner le dos aussi. C'est douloureusement compliqué comme situation. En temps normal, ou juste avec une fille normale, il se rapprocherait, glisserait une main sur sa taille, un baiser sur son épaule, sa nuque, son oreille, sa mâchoire, soufflerait contre sa peau, dirait des petites choses jolies murmurées à mi-voix en laissant ses doigts glisser sur sa peau jusqu'à son ventre, puis plus bas. Mais c'est eux, c'est Kida et Hiram, c'est Kida and he doesn't know how to handle her; pire, il ne sait pas comment être lui-même avec elle autour, à moins qu'elle transforme la personne qu'il est, ce qui semble plutôt impossible vu qu'ils se sont littéralement vus trois fois avant.

Pourtant, elle est en train de lui sauver la vie. Il finit par se retourner pour lui faire face, même si ça veut dire faire face à son dos (aussi parce que c'est plus simple de voir la porte dans cette direction-là et que ça va l'aider à dormir). Kida a un grain de beauté sur la nuque. Il a envie de le toucher, il a envie de l'embrasser, il a envie de repousser la mèche de cheveux bruns qui l'encadre. Hiram se demande si elle dort déjà. Peut-être. Non. Si? Sans doute. Pas grave, il n'a rien à lui dire. Snow, en tout cas, a trouvé sa place dans les bras de sa maîtresse et ne bouge plus; tout ce moment semble étiré dans le temps et l'espace et Hiram pourrait presque croire qu'il est en train de rêver si il ne savait pas qu'il ne se souvient jamais de ses rêves. Il a tellement de choses à dire (des excuses et des remerciements et des explications et encore des excuses et ce qu'il pense vraiment) mais il y a quelque chose qui le retient, dans sa gorge et sa poitrine, et rien qui sort d'entre ses lèvres; alors il finit par fermer les yeux et par se forcer à respirer calmement et étrangement, pour une fois, ça fonctionne et il s'endort.

C'est le bruit qui le réveille; sourd puis plus appuyé, le son de plusieurs personnes en train de parler vite, très vite, trop vite, son qu'il associe au bordel sans nom qui régnait dans l'appartement de son voisin à l'estate où il a grandi, quand ils rentraient de l'école. Le bruit envoie une bulle de panique exploser dans son estomac et, les yeux rivés sur la porte, il reste tétanisé pendant un moment avant de tourner les yeux vers Kida qui n'a pas moufté, et s'est tournée vers lui pendant son sommeil. Il déteste ses tâches de rousseur qu'il peut voir sans mal sans maquillage, il déteste les cils qui tirent des traits sur ses pommettes et la forme de sa bouche et les traits détendus de son visage quand elle dort et le fait qu'elle ne bouge pas du tout quand Snow s'échappe de ses bras, réveillé lui aussi par le bruit, pour sauter parterre. Il déteste comment ses cheveux bruns tombent en cascade de l'oreiller autour d'elle, il déteste tout à propos d'elle, du fait qu'elle soit plus grande que lui quand elle met des talons au fait qu'elle soit meilleure que lui à la quasi-totalité des jeux d'arcade qui existent en passant par le fait qu'il dort tellement bien quand elle est dans les parages. Hiram devine à la luminosité de la pièce que plusieurs heures se sont écoulées. Il a l'impression qu'on lui a soulevé un poids de la poitrine, ce qui n'est pas plus mal, mais il a faim, tellement faim, si il n'y avait pas eu de bruit ce serait sans doute ça qui l'aurait réveillé. Il ignorait que Kida avait des colocataires, mais pas étonnant vu la taille de l'appartement. Il se demande si elle se sentait seule avant. Il se dit que ça ne devrait avoir aucune importance à ses yeux. Il lève lentement la main, hésite face à la démarche à suivre, finit par poser son doigt sur son front pour lentement le laisser descendre le long de son nez en murmurant son nom jusqu'à ce qu'elle papillonne des yeux. Elle a l'air confuse. “ Your flatmates are home. ” Hiram ramène sa main contre son torse, il a l'index qui le brûle. “ Am I allowed to leave now? ” Il n'en a aucune envie mais il se sent moins fiévreux et malade, encore un peu faible et étourdi (il n'a pas assez dormi) mais nettement mieux qu'avant le bain et la sieste improvisée, et il n'a pas non plus envie d'abuser de sa patience et de sa générosité. Il est plutôt fier de ne pas l'avoir prise dans ses bras inconsciemment et de ne pas avoir à trouver une excuse stupide pour expliquer le comportement encore plus stupide de son subconscient.

Hiram n'a pas pris le POW, même si elle l'a laissé bien en vue ensuite sur le divan pour lui laisser la chance de le récupérer ailleurs que dans ses mains. Elle n'a rien dit, mais il n'a pris le POW et elle se demande si c'est de nouveau son espèce de conscience complètement off et déplacée qui se réveille que quand elle n'en a pas besoin, ou s'il n'a juste pas envie de parler au téléphone devant elle, ou s'il ne sait pas qui appeler. Kida n'a aucune idée de ce dont il s'agit et sait surtout que ça ne la regarde pas le moins du monde. Elle se contente d'attraper le pull qui vole jusqu'à elle et de l'enfiler après avoir déplacé un peu Snow sur le côté pour faire retomber le drap, le temps qu'Hiram lui tourne le dos comme elle-même l'a fait dans la salle de bain. Elle se demande s'il y aurait pensé sans ça. Elle se demande s'il sent sa gêne ou si c'est la sienne à lui qui parle. Et puis elle s'installe plus confortablement sur le matelas maintenant qu'elle est sèche et au chaud, ramenant Snow contre elle en s'allongeant face au plafond, sans le regarder quand il la rejoint et qu'elle sent presque sa timidité. Il est à peine sur le lit quand il s'allonge et elle pousse un peu le drap vers lui pour l'inviter à s'installer un peu mieux avant de se redresser pour récupérer le duvet qu'elle a jeté un peu plus tôt de son côté à lui et l'étaler puisqu'il ne compte apparemment pas le faire lui-même.

Snow, qui semble apprécier Hiram plus encore qu'elle ne l'a évalué dans la salle de bain, s'installe entre eux, ce qui n'est pas plus mal toutefois puisqu'il leur sert de barrière et, qu'ainsi, c'est lui que ses bras viendront câliner s'ils s'y décident dans son sommeil. En attendant, pour l'instant elle préfère lui tourner le dos pour s'endormir, une main sous sa joue, trop consciente de sa présence, trop consciente du fait qu'il soit si proche alors qu'ils sont si loin l'un de l'autre par rapport aux autres fois. “ Sleep well Hiram and wake me up if something's wrong.” chuchote-t-elle, sentant déjà le sommeil l'envelopper. C'est suffisamment important pour qu'elle se batte contre cependant. “ Please. ” ajoute-t-elle en laissant ses paupières faire ce dont elles rêvent depuis des heures déjà, s'échappant à toute allure vers Morphée, malgré lui, grâce à lui, peut-être.

Kida se souvient rarement de ce dont elle rêve et cette fois-ci ne fait pas exception, mais ça devait être un bon rêve parce qu'elle se réveille avec un petit sourire sur les lèvres ( Kida, Kida croit-elle entendre). Elle s'arrache lentement au sommeil, sous le coup des murmures et du doigt sur sa peau, un peu confuse de réaliser que la voix n'appartenait pas à son rêve et qu'elle n'est pas seule dans son lit. Snow n'est plus dans ses bras, à la place, en face, il y a Hiram. “ Your flatmates are home. ” Elle bat un peu plus des cils, en essayant de se désembuer l'esprit, elle peut les entendre maintenant et le bruit d'enfer qu'ils font — il doit au moins y avoir les deux frères de Nell, peut-être même Diez et Nell elle-même. Le doigt sur sa peau disparaît, la ligne qu'il a tracé sur son visage semble marquée au fer rouge. “ Am I allowed to leave now? ” Elle a la bouche pâteuse et un peu mal à la tête quand elle la secoue précipitamment. Surtout pas. Pas pendant qu'ils sont encore dans le couloir et risqueraient de le voir passer. S'ils doivent savoir, elle préfère encore que ça ne soit pas comme ça (même si elle a du mal à songer à une méthode plus acceptable). Et puis à mesure qu'elle émerge véritablement elle se rappelle mieux de pourquoi il est là et de pourquoi il ne peut vraiment pas partir. “ How do you feel? ” chuchote-t-elle en se redressant lentement sur ses oreillers. Elle porte une main au front d'Hiram, il a l'air d'aller mieux et il n'est plus brûlant sous sa paume, donc elle s'imagine que ça du lui faire du bien. Il a du vraiment dormir, ce qui ne devrait pas l'étonner puisqu'il avait l'air absolument claqué quand ils se sont allongés. Sa main est toujours contre sa peau se rend-elle compte et elle la laisse glisser doucement, sur sa tempe puis le long de sa mâchoire, avant de retomber mollement sur le matelas entre eux. “ You can't leave until you feel absolutely better. ” Elle se rapproche un tout petit peu, comme s'il ne s'agissait que de s'éloigner du bord du lit trop dangereusement près alors qu'elle a encore quelques centimètres de marge. “ I know I don't have to do all of this, I don't have to do any of it, but I'm doing it. So just take it and stop asking questions ok? ” C'est la pire espèce de non-réponse qui soit, en plus d'arriver bien trop tard, après la sieste qui a du durer de longues heures si ses colocataires sont déjà à la maison. Elle n'a pas envie de quitter son lit, elle veut encore dormir. Kida n'en a jamais assez de dormir en ce moment et cette fois-ci elle a bien une excuse puisqu'elle n'a pas fermé l'œil de la nuit et que ce n'est pas une sieste qui va la requinquer, mais elle glisse déjà ses jambes nues hors du lit. S'approche rapidement de la porte close pour tourner la clé qui est toujours sur la serrure et attraper Snow dans ses bras, alors qu'elle entend “ What is Ehsan doing out he- ” la poignée de sa chambre tremble un peu quand il essaye de la faire tourner, probablement pour faire rentrer le yorkshire terrier, sauf qu'elle ne s'ouvre pas. “ Oh ” Kida ne laisse jamais sa porte fermée à clé quand elle n'est pas là, au moins pour qu'on puisse justement ramener ses chiens au bercail. Elle fait confiance à Jelena et par extension à ses frères et sa sœur. “ One second! ” elle étouffe sa propre voix contre la paume de sa main et se retourne vers Hiram en réfléchissant à toute allure. Elle pourrait lui dire de se cacher, mais elle n'est plus une adolescente de seize ans qui habite chez sa mère (elle n'aurait jamais osé ramener qui que ce soit dans la maison familiale, et de toute façon, à seize ans, elle ne dormait jamais que seule). Et puis, Hiram est malade et elle pourrait bien leur expliquer ça, et puis ils doivent s'en foutre. Et puis, elle n'a pas envie qu'il croit qu'elle a honte de lui comme il a pu avoir honte d'elle devant Roy. Ce n'est pas ça. Pas du tout. De toute façon, ce n'est pas pour ça qu'il est là. Elle passe une main sur son visage endormi avant de déverrouiller la porte et de l'entrouvrir, empêchant Snow qui en meure d'envie de s'échapper alors que Raffa lui tend l'autre chiot qui gigote un peu dans ses bras. “ Sorry about that.” Elle passe juste la tête et un bras pour récupérer Ehsan. “ Were you sleeping? — Oh uh, yes. But don't worry about it. I'm not alone though, a friend got in trouble and had to sleep it off. — Do you need anything? ” Elle hésite; elle n'en a aucune idée et c'est le moment de se retourner vers Hiram et de le lui demander, ou mieux encore de le laisser parler directement à Raffa. Sauf que c'est hors de question évidemment. “ I think…food, but…we'll get something from outside. ” Elle aurait presque pu oublier si, elle n'avait pas juste vu Diez passer avec une bar de céréales entre les lèvres et un regard curieux par-dessus l'épaule de son petit frère. Elle aurait pu oublier puisque ça ne fait plus vraiment partie de son emploi du temps, surtout quand elle est chez elle et qu'elle n'a à faire semblant pour le bénéfice de personne. Il hoche la tête et évite la main qu'elle tend pour ébouriffer ses cheveux avant de refermer la porte et de poser Ehsan à côté d'un Snow boudeur de n'avoir pu sortir voir le monde. Il faut qu'elle aille les promener et il faut qu'Hiram mange. Il doit avoir faim.

“ Food? ” Si elle ne propose pas de cuisiner c'est à la fois que ses colocataires sont rentrés et que si elle vient de se trouver une excuse (de leur dire la vérité (?)) et qu'il peut passer devant eux désormais, elle n'a pas non plus envie de rester trop longtemps sous leur regard, incapable de masquer véritablement la douceur particulière dont elle semble capable aujourd'hui. Il y a aussi du fait qu'elle ne sait pas très bien cuisiner, même si elle a appris des choses avec Roksaneh, parce que ça fait longtemps qu'elle ne s'y essaye même plus. Et puis elle n'aime pas manipuler la nourriture. Surtout pas au réveil, quand son estomac est plus difficile à retenir qu'habituellement. Elle a presque envie d'appeler Scylla pour lui dire de prendre la relève (elle a déjà suffisamment donné), mais elle ne s'arrête même pas pour récupérer son POW en retournant vers le lit. “ I don't know what you like… ” Ils n'ont jamais mangé ensemble (ce qui est normal), mais elle ne l'a jamais vraiment vu manger non plus, sait juste qu'il a englouti un fast food quelconque pendant le tournage de Earned it. elle ne s'arrête même pas pour récupérer son POW en retournant vers le lit. “ What's your usual comfort food? ” Elle est assise en tailleur au bout du lit, aux pieds d'Hiram et joue avec une tâche invisible au milieu de sa cuisse avant de poser le coude dessus et le menton dans la paume de sa main, comme un peu plus tôt près du bain. Sa paume avale son sourire presque sincèrement curieux. “ Do you mind if we go muggle? ” (elle se rappelle la dernière fois qu'elle a posé la question et de comment elle était persuadée de rien attendre de lui et comment elle a été détrompée le matin suivant. Il y a toujours de quoi être déçue. Elle se rappelle de la caution qu'elle doit toujours prendre, même maintenant quand il ne s'agit que de jouer les infirmières et rien de plus). Elle n'est pas très d'humeur à se faire photographier, surtout pour qu'on croit que c'est un date alors que (cette fois) ça n'est pas le cas du tout. Elle doute sincèrement de revoir Hiram après tout ça. C'est juste une exception parce qu'il lui est arrivé un truc exceptionnel (et terrible), mais après ils retourneront à whatever that was, elle retournera à sa haine et à sa tentative pour le faire oublier à tous ces bouts d'elle qui osent ressentir autre chose que ça. Et puis, Kida ne pense pas qu'à elle, elle pense à lui aussi qui a encore l'air un peu fatigué et un peu pâle et qui n'a probablement pas envie d'être pris en photo non plus et qui doit être activement recherché puisque apparemment sa nuit passée à Sainte-Mangouste n'est plus un secret (il faut qu'elle se renseigne à ce sujet sur son POW). “ I think it's better for the both of us. ”

Hiram parlant de partir a au moins le mérite de réveiller Kida d'un coup, semble-t-il; à peine ses yeux s'agrandissent quand elle comprend ce qu'il est en train de lui dire qu'elle est déjà en train de secouer la tête de droite à gauche avec une véhémence étonnante pour le petit matin. Hiram essaie vraiment de ne pas (trop) sourire d'un air tendre, il n'a pas le droit de s'attendrir auprès d'elle. “ How do you feel? ” Il hausse une épaule, sachant pertinemment qu'aucune réponse ne va lui convaincre. Il se sent mieux mais pas bien pour autant, il y a toujours une gêne sur sa poitrine qui ne partira qu'avec la journée (ou une autre dose), et son bras le démange là où il s'est piqué. Et surtout, il a faim, il pourrait manger trois fois plus que d'habitude. Il reste immobile quand Kida se redresse et pose sa main sur son front, l'observant faire, notant tous les petits détails de son visage et de sa peau qui sont effacés quand elle est prise en photo et "améliorée" dans le monde auxquels ils appartiennent tous les deux. Lui-même ne se reconnait pas sur certaines photos parfois, mais il n'a clairement pas une peau aussi lisse que Kida.

Il faut qu'il arrête de la regarder. Sa main retombe. “ You can't leave until you feel absolutely better. — I feel absolutely better. ” Même lui ne semble pas convaincu, il finit par rouler les yeux en retombant sur son oreiller, il s'est redressé un peu aussi. Hiram abandonne, très bien, il se pliera à ses exigences pour encore une paire d'heures si c'est ce qu'elle veut. Au fond, il devrait en profiter. Il sait que c'est un répit inattendu, des moments hors du temps volés à leur relation stupide et destructrice. Bientôt, ils ne s'adresseront plus la parole et il ne pourra plus jamais la voir telle qu'il la voit là. “ I know I don't have to do all of this, I don't have to do any of it, but I'm doing it. So just take it and stop asking questions ok? ” Kida s'est un peu rapprochée. Hiram se demande à quoi elle joue. Il ne sait pas trop quoi répondre, il sourit mais il a l'air prêt à pincer des lèvres, il fronce des sourcils et c'est avec un air et un ton complètement incrédules qu'il répond un simple “ Ok. ” Elle finit par glisser hors du lit et il la suit du regard (ne parvenant pas à s'empêcher de la reluquer légèrement) (réflexe musculaire) avant de se redresser très légèrement dans le lit. Tous ses muscles sont fatigués jusqu'à l'os, il est fourbu et mal à l'aise et il ne dirait pas non à quelques heures supplémentaires de sommeil même si il sait que ça va être compliqué maintenant qu'il est bel et bien réveillé. Il s'étonne déjà d'avoir tant dormi auprès d'elle, ce phénomène le terrifie, l'agace, l'intrigue. Kida le terrifie, l'agace, l'intrigue.

Il suit la conversation avec ce qu'il assume être son colocataire (il y aurait presque une pointe de contrariété pour lui parce qu'elle vit avec un mec? Mais c'est stupide, stupide de penser ça) et si il arque un sourcil quasi-narquois en l'entendant le traiter d'ami, il grogne de soulagement quand elle mentionne de la nourriture. “ Food? — Oh yes, please, ” en gémirait-il presque en se tortillant dans le lit, posant machinalement une main sur son estomac qui gargouille. L'idée en est presque incongrue, pourtant, ils n'ont jamais véritablement mangé ensemble, c'en est presque trop... mondain. Ils ont (il a) bu de l'alcool, ils ont fait de la coke, ils ont dansé, ont tourné un clip, se sont ignorés, disputés et embrassés et ils ont joué à des jeux d'arcade et ils n'ont jamais mangé ensemble. “ I don't know what you like… ” Elle s'approche du lit et s'y assoit, sur le bord, alors qu'Hiram se redresse aussi pour lui laisser de la place. “ What's your usual comfort food? ” Il réfléchit sincèrement. Ethiopian all the way bien entendu, mais ce n'est pas vraiment le genre de nourriture idéal pour un petit-déjeuner ou un réveil. Il hausse les épaules, il n'est pas sûr, il n'a pas envie de lui imposer quoique ce soit même si il a vraiment faim. “ Do you mind if we go muggle? ” Hiram sourit lentement. C'est ce qu'elle lui avait dit la dernière fois. Pour leur date. Sauf que cette fois, ce n'est pas un date. Loin de là même. “ I think it's better for the both of us. — Yeah. No. I mean, you're right and I don't mind. ” For the both of us. Surtout pour elle, il imagine. Il n'a même pas envie de savoir ce qu'on dit sur lui, sur eux si elle a été vue à l'hôpital en train de l'attendre ou de le raccompagner. Il n'a plus du tout envie d'être une célébrité, il aimerait juste que ce soit possible de.. run away, de disparaître, de ne jamais revenir. Retourner chez lui, dormir toute la journée, passer une semaine merdique et s'en remettre progressivement.

Mais non. Hiram se passe une main sur le visage. “ As long as it's greasy and comes in large quantities, I'm good. ” Il n'a aucune envie de quitter le confort du lit de Kida, pourtant, n'a aucune envie de bouger, interagir avec des gens, voir quiconque. Il veut juste- il ne sait pas trop ce qu'il veut. “ Honestly- ” I could just go home and get something on the way, it'll be easier and I don't mind the paps; il se mord la langue à la place, elle va finir par le trucider. Il finit par s'asseoir en face de Kida, en tailleur, raidissant son dos avec un grognement pour effacer un peu de sa gêne. “ I'm thinking... okay, I know what I'm thinking. Have you ever been to Marks and Spencer? As in, their food hall? When we were young me and my mates would go there whenever there was a birthday and you know, they got these cakes right? In the shape of football balls and all. We used to snatch one and stuff our faces on the river Thames. It felt like we were kings. ” Too much information mais peu importe, évoquer le souvenir a écartelé un petit sourire maladroit sur ses lèvres, il était en train de regarder ses mains d'un air gêné et là il relève les yeux vers Kida. “ So yeah I'm thinking... gentrified extravaganza. ” Hiram n'aurait jamais pensé associer M&S à sa comfort food mais bon. Il ne se souvient pas d'y être jamais retourné depuis qu'il était jeune et que les managers connaissaient les visages de lui et tous ses amis. Ça le frappe qu'ils n'ont jamais mangé ensemble et qu'ils n'ont jamais parlé véritablement. Pas comme ça en tout cas; l'embarras est soudain, brutal et malaisant, et il se détourne bien vite pour se lever du lit et rassembler ses affaires, se rhabillant avec ses vêtements nettoyés magiquement de la veille, comme si de rien n'était. “ I mean as I said, I'm not bothered. I don't care. As long as there's good coffee. ”

“ As long as it's greasy and comes in large quantities, I'm good. ” Disgustin'. Tout ce qu'elle déteste, tout ce qu'elle se refuse, elle pince des lèvres mais hoche la tête malgré tout; elle lui a promis la nourriture qu'il voulait tant pis si ça doit créer des vagues dans son estomac. “ Honestly- ” peut-être qu'elle se trompe, mais elle le sent sur le point de contester le principe même de leur sortie et repas commun, elle le sent sur le point de proposer pour la énième fois de se débrouiller tout seul et elle se sent sur le point de lui en coller une encore une fois parce que damn, ce que cet homme peut être épuisant. Sauf que peut-être qu'elle se trompe ou peut-être qu'il se retient de justesse parce qu'il ne finit par sa phrase et se redresse plutôt pour s'asseoir en face d'elle, copiant sa position. “ I'm thinking... okay, I know what I'm thinking. Have you ever been to Marks and Spencer? As in, their food hall? When we were young me and my mates would go there whenever there was a birthday and you know, they got these cakes right? In the shape of soccer balls and all. We used to snatch one and stuff our faces on the river Thames. It felt like we were kings. ” Elle est assez contente qu'il ait regardé ses mains pendant tout son discours, qu'il ait pas vu les yeux presque fascinés que Kida a posé sur lui quand il a révélé un tout petit pan de sa vie d'avant, de sa vie tout court en fait, et le sourire quasi attendri qu'elle n'a pas su retenir sur ses lèvres. Elle pourrait s'offusquer du vol admis aussi facilement, mais il faut croire que ça ne la surprend pas, ou qu'elle s'en fiche royalement. Elle n'est jamais allée à Marks and Spencer, même si elle a déjà porté des vêtements qui venaient de chez eux, quand il fallait se fondre chez les moldus pour les concours et défilés et ça ne l'a jamais tentée plus qu'ailleurs, mais là tout de suite, à voir son visage, ça doit être l'endroit le plus attrayant au monde. Elle baisse les yeux dès qu'il relève les siens vers elle. “ So yeah I'm thinking... gentrified extravaganza. ” Elle n'a aucune idée de ce que ça veut dire, mais hoche lentement la tête. Peut-être qu'une Kida y a quelques années aurait été incroyablement excitée à l'idée de s'enfoncer la tête dans un gâteau coloré et sucré et ultra-mauvais pour son régime alimentaire assez précis. Elle l'a fait même une ou deux fois avec Azadeh dans le dos des mamans. Mais aujourd'hui elle espère juste que l'odeur ne va pas la rendre malade, que le sucre ne va pas la tenter comme cette saleté de barbe-à-papa qu'elle a englouti l'autre fois. Elle va juste l'accompagner et prendre un truc à boire en attendant qu'il ait fini de se gaver. Pris d'une impulsion qu'elle serait bien en mal de comprendre, il se lève rapidement et s'affaire déjà. “ I mean as I said, I'm not bothered. I don't care. As long as there's good coffee. ” Au moins sur ce dernier point est-elle complètement d'accord, c'est sur le mot café qu'elle se redresse d'ailleurs et saute du lit. Elle laisse Hiram s'habiller pendant qu'elle va faire un tour dans son dressing, autre pièce directement adjacente à sa chambre, et qui en fait presque la même taille, remplie principalement de tous ces cadeaux qu'on lui a fait ces derniers mois. Elle a plus d'affaires aujourd'hui que sa mère n'en a eu en toute une vie et même si elle semble s'y faire complètement (c'est agréable après tout) c'est encore quelque chose qui la surprend quand elle ouvre la porte et redécouvre tout ce qui est à elle. Elle ne s'attarde pas comme certains matins à choisir la tenue parfaite ou à caresser des tissus qu'elle regrette de ne pas encore avoir eu l'occasion de porter; c'est probablement ça le plus étrange pour elle avoir plus de fringues que de raison d'en mettre et que l'on s'attendre presque (et ce serait possible) à ce qu'elle ne mette jamais rien deux fois. Pourtant elle n'a pas changé, elle a toujours des articles fétiches, ce que par ailleurs ses fans les plus assidus n'ont pas manqué de remarquer. Elle attrape un jean noir et un t-shirt quelconque et les enfile rapidement avant de jeter une veste en cuir par-dessus, elle a vaguement dans l'idée qu'ils vont être à peu près assortis, mais peu importe en réalité puisque aucune photo ne va être prise. Dans la poche d'une autre veste qu'elle ne met jamais elle récupère son stash d'argent moldu, hésite avant de de jeter son dévolu sur un billet de cent pounds qu'elle range dans la poche intérieure de son blouson en espérant que ça soit suffisant. Elle a toujours associé Marks & Spencer à quelque chose de trop chic pour elle à l'époque où le monde moldu lui était encore familier.

Quand elle revient dans la chambre, il est prêt, les deux chiens sont en train de jouer avec la paire de chaussures qu'elle a eu la bonne idée de laisser au centre de la pièce avant de se mettre au lit et d'un sifflement elle les arrête. “ I think I need to walk them. ” elle fait la moue. Elle adore s'occuper de ses deux chiens et leur présence dans sa vie est une des meilleures choses qui lui soit arrivée depuis longtemps (ce qui inclut le fait d'être devenue célèbre), mais elle n'est pas trop sûre qu'ils puissent être emmené à Marks & Spencer avec elle. Quand elle a trop de travail dans la journée, une dogsitter (gamine étudiante au CEPAS) vient parfois les promener à sa place, mais elle aurait du l'appeler plus tôt (elle ne fait confiance qu'à celle-là, les autres risqueraient de fouiller dans ses affaires). Elle lève un doigt vers Hiram pour lui faire signe d'attendre avant de se pencher pour récupérer son sac par terre et le POW sur le divan et de sortir de la pièce en refermant la porte derrière elle. “ Twenty galleons for who agrees to walk the dogs for me. ” lance-t-elle en arrivant dans le salon, deux voix réagissent aussitôt, mais Sol est le premier debout. Vingt gallions c'est bien plus (presque vingt fois plus) que ce qu'elle offre à l'étudiante au CEPAS. Vingt gallions avant c'était énorme et aujourd'hui ce n'est presque plus rien. Elle les sort de son sac et les fourre dans la paume de Sol. “ Thanks love. ” Il est moins rapide que Raffa pour éviter la main presque condescendante qui vient ébouriffer ses cheveux (elle a le même âge que lui pourtant). “ Now y'all stay here. ” Ils sont devant la MirrorTV de toute façon, elle aurait pu ne rien dire qu'il aurait été à peu près certains qu'ils n'auraient pas bougé. “ While I get my friend out of here. ” Elle joue des sourcils pour se moquer de son propre mystère (et alléger le sérieux de la chose), mais Diez roule des yeux. “ Like we don't know who it is. ” Peut-être qu'ils savent, ils sont comme tout le monde autour d'elle après tout et peut-être qu'ils ont lu ce qu'il y a lire sur son overdose sur le talking mirror et ont vite fait l'addition, ou peut-être qu'ils sont totalement éloigné de la vérité, ou peut-être qu'ils bluffent, toujours est-il qu'elle hausse les épaules, indifférente. “ Just stay. ” Puis à Sol: “ Ehsan and Snow will be in my room. ” Un clin d’œil aux trois (Nell n'est pas là, sûrement encore sur la glace) et elle s'en va, un petit sourire au lèvre quand elle retrouve sa chambre. Elle enfile les premières sandales plates qui lui passent sous la main et vérifie qu'elle a bien ses clés dans son sac avant de faire signe à Hiram de la suivre, mais quand il la rejoint au niveau du couloir elle attrape sa main ostensiblement pour le guider, ou aller plus vite. Les Kuodzevikiute doivent la respecter un minimum parce qu'elle claque la porte d'entrée derrière eux sans les croiser de nouveau. Quand ils sont dans le couloir elle songe à sortir son POW de son sac, elle ne l'a pas regardé depuis qu'elle est réveillée et avait déjà ignoré ses messages avant de dormir, elle ne doute pas qu'il doit être inondé. Elle n'ouvre pas plus la presque centaine de quickies qu'elle a reçu et le double de notifications sur MSN et ouvre seulement la conversation avec son publiciste. “ Do you... ” Elle appuie sur le bouton de l'ascenseur du bout de l'index de la main qui serre celle d'Hiram dans la sienne, le POW serré contre sa poitrine, hésitante. Do you want to know what's said about you?. “ Nevermind. ” Les portes de l'ascenseur magique s'ouvrent sur eux et elle appuie sur le bouton du toit pour retrouver le parking et sa Posh. “ I can get us to muggle London but you'll have to guide me to Marks & Spencer. ” Sa voiture n'est pas très discrète, mais les vitres sont teintées et elle doute de toute façon de s'arrêter suffisamment dans les cieux pour croiser le regard de qui que ce soit.

Elle le guide jusqu'à son bolide et ouvre débloque les portes en cliquant sur l'étoile sur la clé, avant de s'installer derrière le volant, lâchant sa main presque à regret. “ Buckle your seat belt. ” ordonne-t-elle toute personne qui ne l'a pas fait en voyageant avant elle l'a immédiatement regretté. Ceci dit Hiram est malade, donc elle va essayer de faire une effort dans sa conduite. Il ne s'agit pas de s'amuser, mais juste d'éviter la commotion du chemin de traverse. Elle allume la radio presque aussitôt après avoir démarré et lui fait signe de choisir ce qui lui plaît avant de filer dans les airs. Elle roule vite, mais pas autant que d'habitude et les fait finalement se poser près du péage de Westminster. Le trajet a à peine duré dix minutes. “ You okay? ” fait-elle machinalement en sortant un foulard rouge de la boîte à gant qu'elle enroule à la va-vite autour de sa tête avant de sortir pour parcourir les quelques mètres qui les séparent encore du Londres moldus et de la foule (au cas-où, parce qu'elle appris à ses dépends, en retrouvant des photos assez embarrassantes d'elle sur MSN, que le moindre manque de prudence pouvait être payé). “ I'm following you. ” Elle hésite à entremêler leurs doigts de nouveau, mais décide de le laisser choisir, elle n'a pas envie de le mettre mal à l'aise ou qu'il croit qu'elle se fait des idées, ce qu'elle craint déjà un peu parce que, if she doesn't care why is she even here.

Kida ne répond pas et c'est tant mieux. Il est suffisamment embarrassé comme ça. Il ne parle jamais de lui-même, Hiram, jamais, et encore moins aux personnes qui comptent. Il n'a rien d'intéressant à raconter et il n'a certainement pas envie de se mettre à comparer leurs vies et leurs enfances; comme ce premier jour où il s'est réveillé dans sa chambre, il n'est que trop au courant du fait qu'ils ont mené et mènent des vies très différentes, diamétralement opposées. Elle ne pourrait pas comprendre. Il préférerait qu'elle oublie, désirerait même retourner dans le temps mais à la place, il fait comme si de rien n'était, se rhabille, hésite à lui demander si il peut charger son pow avant de se dire que véritablement, il s'en fiche, quelqu'un doit bien s'occuper de tout ça pour lui. Il s'assied au bord du lit quand il a fini de s'habiller, attendant que Kida ressorte de son dressing (elle a un dressing; une autre preuve qu'ils n'ont définitivement pas été coulés dans le même moule) en observant les chiens, levant les yeux vers elle quand elle revient. “ I think I need to walk them. ” La perspective de l'accompagner dans sa promenade avec ses chiens n'enchantent pas trop Hiram, surtout si le suppôt de Satan vient avec eux, mais bon, il n'a pas son mot à dire donc il se contente d'hausser une épaule indifférente. Kida lui fait signe d'attendre dans la chambre pendant qu'elle va parler à ses colocataires et Hiram reste assis, observe les chiens, en appelle un avec un bruit de gorge et joue avec Snow du bout de la basket jusqu'à le repousser quand il fait mine de lui mordre la semelle, what the fuck, mais il ne sait pas trop à quoi il s'attendait. Quand Kida revient, il se lève et la suit sans rien dire, surpris qu'elle lui prenne la main mais ne s'en plaignant pas, surpris aussi que ses doigts restent contre les siens même quand ils sont sortis de l'appartement.

Kida a sorti son pow et le consulte et il détourne les yeux, il ne veut même pas y penser. “ Do you... Nevermind. ” Il a un petit sourire maladroit sur les lèvres, ne veut pas trop imaginer ce qu'elle était sur le point de lui dire. Non il ne veut pas savoir, non il ne veut pas voir, non il ne s'en fiche pas mais non il n'a pas l'énergie pour seulement y réfléchir. Elle ne lâche pas sa main quand ils rentrent dans l'ascenseur et montent jusqu'au toit, il comprend seulement qu'ils vont prendre sa voiture volante quand il la voit, rouge et étincelante et Hiram se sent un peu devenir pâle. Il se souvient très bien des auto-tamponneuses. “ I can get us to muggle London but you'll have to guide me to Marks & Spencer. ” Il aimerait avoir une bonne raison de lui dire qu'il ne peut pas monter dans sa voiture volante. Il a déjà fait ça bien entendu, pour aller de la maison des candidats jusqu'aux salles de live, et plus tard aussi, le label préférant qu'il se déplace ainsi qu'à pied comme lui préfère. Elle lâche sa main et Hiram serre le poing en s'asseyant dans la voiture, le coeur battant un peu trop vite dans sa poitrine. “ Buckle your seat belt. ” Plutôt deux fois qu'une. Il s'assure même discrètement de la résistance de la ceinture quand elle démarre le moteur.

Au moins elle a la radio. Il se focalise sur ça, cherchant une station de musique intéressante, cringing quand il entend quelques notes de Earned It et finissant par mettre une station de mindless wizpop. La conduite de Kida n'est pas aussi terrible qu'il l'avait assumée, elle est juste... modérément rapide, ce qui l'est un peu trop pour lui. Il n'a jamais eu le vertige avant de se rendre compte que ces voitures vont vraiment haut (il les utilise généralement de nuit) si bien qu'il finit par se concentrer sur le ciel plutôt que sur le sol, crispé dans son siège, poussant un soupir de soulagement quand ils s'arrêtent. “ You okay? — I'm fine. ” Réponse automatique, même si il a les jambes qui tremblent légèrement. En même temps qu'elle met un foulard autour de sa tête, il rabat la capuche de son sweat, la laissant les guider en dehors du monde sorcier jusqu'au moldu. “ I'm following you. — Right ok. ” Heureusement, celui où lui et ses potes avaient l'habitude d'aller est dans le coin et il croit qu'il peut à peu près se repérer ici malgré la foule, commençant déjà à s'y enfoncer en plissant les yeux face à la luminosité insupportable, revenant vers Kida pour lui prendre timidement la main. “ I have no battery so if I lose you it'd be a pain in the ass to find each other again? ” propose-t-il comme explication maladroite, et on dirait vraiment un mensonge, il s'en rend compte... parce que c'en est un, à vrai dire, il n'est pas vraiment prêt à affronter la foule tout seul et le contact de la main de Kida dans la sienne le rassure. Mais il ne va pas lui dire ça.

Il la tire à travers les gens et sur l'avenue la plus proche, le M&S devrait être au bout de ce bloc-là d'immeubles normalement. Il marche plus lentement que d'habitude, c'est la fatigue? non pas vraiment, c'est juste qu'il veut profiter de ce moment, peut-être, un peu, de calme et de silence et la main de Kida dans la sienne — non, il n'a pas le droit, alors il relâche sa main une fois qu'ils ont quitté le gros de la foule rassemblée ici aujourd'hui. “ Oh no what the fuck, ” marmonne-t-il quand il voit les échafaudages devant le M&S, et la notice indiquant qu'ils ne seront pas ouverts avant plusieurs semaines. Il est réellement déçu, presque triste, et pousse un petit couinement frustré avant de se détourner pour chercher un autre magasin ou un autre restaurant ou n'importe quoi, vraiment. “ So no gentrified extravaganza today. ” Il s'approche un peu de Kida, véritablement frustré de ne pas avoir droit à son repas entier M&S coûtant une fortune, cherchant nerveusement dans ses poches jusqu'à trouver son paquet de cigarette, en glissant une dans ses lèvres avant de lui en proposer une d'un geste. “ I'm so mad what the fuck okay anyway. ” Il allume leurs cigarettes d'un claquement de doigt, sans faire attention aux moldus autour, cherchant toujours un endroit où manger. “ Okay I'm feeling chinese. Or fish and chips? Yeah a good ole fish and chips. Or maybe just- ” Il se rend compte qu'il est véritablement trop en train de prendre ça au sérieux, d'être trop... enthousiaste, en fait, alors qu'elle ne fait que l'aider parce qu'elle n'a pas le choix ou whatever. En pensant à ça, il s'assombrit aussitôt comme un enfant qu'on viendrait de gronder, se détourne de Kida en tirant un peu sur sa cigarette. Ce n'est pas un date, ce n'est pas un déjeuner entre amis, ce n'est... rien, juste une fleur qu'elle lui fait, juste qu'elle ne veut pas le laisser seul dans sa merde pour une raison qui lui échappe complètement. “ Let's grab something quick, I'm sure you have other stuff to do today. What would you like? ” Il y a un café pas loin qui n'a pas l'air trop bondé et qu'il désigne du doigt. Il y aura du café pour sûr, et certainement un peu de nourriture, ce sera amplement suffisant, et en plus ce sera rapide.

“ Right ok. ” Elle arrache le foulard de ses cheveux aussitôt qu'ils s'approchent de la foule moldue, c'est stupide en réalité ça attire plus l'attention qu'autre chose, même si ça masque un peu son visage. Généralement elle y ajoute des lunettes de soleil, mais elle préfère les casquettes quand il ne s'agit que d'éviter les paparazzi, c'est plus discret et ça les empêche d'avoir de bonnes photos. Kida n'est jamais méchante avec eux ceci dit, répond même souvent à leur question, mais si elle peut les éviter, elle préfère. Elle le voit faire quelques pas comme pour se repérer avant de revenir vers elle et d'attraper ses doigts timidement, comme s'il croyait qu'elle allait le repousser alors qu'elle les a pris sans la moindre explication en sortant de chez elle. Tant mieux s'il ne se rend pas compte qu'elle veut être là. Ca veut dire qu'elle n'est pas obligée de le reconnaître, elle non plus, parce qu'elle se sent tout à fait pathétique. Il est en convalescence après une overdose et elle n'est littéralement là qu'à cause d'un mensonge jeté à la va-vite à un médicomage et pourtant elle s'arrête sur un détail aussi mondain et inutile que ses doigts entre les siens. “ I have no battery so if I lose you it'd be a pain in the ass to find each other again? ” L'excuse est nulle, mais c'est toujours mieux que son silence à elle et elle se contente de hocher la tête et de serrer ses doigts en retour. En soi, ce n'est pas complètement stupide, il y a du monde et s'ils sont séparés c'est tout le plan et la responsabilité de Kida qui tombe à l'eau (quoiqu'il n'a plus l'air de vouloir fuir). Les moldus ont envahi la rue, elle se demande s'il y a un évènement particulier où si c'est juste qu'on est vendredi et qu'ils sont contents d'être sortis, d'avoir fini le travail pour certains, de visiter Londres pour les touristes. Ils s'en fichent complètement d'eux ceci dit et c'est ce qui importe. Elle manque de rattraper les doigts d'Hiram de force quand ceux-ci s'échappent des siens, une fois qu'ils ont passé le gros de la foule. Un gémissement étouffé passe ses lèvres et elle fourre ses doigts abandonnés dans la poche de sa veste. Right. C'est normal, he doesn't like her. He doesn't want her. She's a stain. Un secret honteux, a girl he fucks et rien de plus. Et bien sûr qu'il profite de sa gentillesse aujourd'hui, qui ne le ferait pas quand elle est offerte si gratuitement ? Il va mieux, peut-être qu'il est temps que Kida se refroidisse, arrête de chercher ses doigts et ses sourires et de s'inquiéter tout simplement. She's no one to him. Comme elle-même n'a pas hésité une seconde en voyant le message de Scylla elle ne doute pas un instant que lui ne serait pas venu pour elle (et de toute façon personne n'aurait songé à l'appeler). Et le pire c'est qu'il ne s'est même pas étonné de la voir débarquer dans sa chambre d'hôpital. Il doit savoir l'emprise qu'il a sur elle. Et il s'en fout. Scylla l'a dit: il ne la mérite pas. Sauf que c'est elle qui a l'impression de ne pas être assez bien. Il n'y a que ça pour tout expliquer finalement: à ses yeux à lui, elle n'est pas assez (alors, forcément, aux siens non plus). “ Oh no what the fuck, ” Elle relève des yeux un peu tristes vers le bâtiment devant lequel il s'est arrêté, il est fermé pour travaux. Elle glisse un regard vers lui, quand il couine de frustration (c'est marrant et pas mignon). “ So no gentrified extravaganza today. ” Il a l'air véritablement embêté, comme s'il n'avait attendu que ça. Ca ne l'étonne pas ceci dit il avait l'air véritablement excité à l'idée de manger là, elle est presque déçue pour lui. Ses poings se resserrent dans ses poches, les ongles s'enfonçant un peu dans les paumes pour se rappeler à l'ordre.

Il sort un paquet de cigarette et lui en propose une au passage, elle en crève d'envie, et même si elle a peur peur de craquer sans la douleur qui lui garde les idées en place, elle tend deux doigts un peu tremblant pour en attraper une et la porte à ses lèvres. “ I'm so mad what the fuck okay anyway. ” D'un claquement de doigts (il faut qu'elle apprenne ce trick) il allume les deux. L'esquisse d'un sourire vaguement amusé (mais pas moqueur comme il devrait) hante ses lèvres. “ Okay I'm feeling chinese. Or fish and chips? Yeah a good ole fish and chips. Or maybe just- ” L'enthousiasme est revenu et les doigts toujours masqués s'enfoncent un peu plus dans la chair pour s'empêcher d'être contaminée elle aussi. Ceci dit, elle s'assombrit un peu quand il s'interrompt, et se détourne. Elle a envie de poser une main sur son épaule et de lui rendre sa joie et son excitation et de trouver l'endroit qui va le requinquer et le faire sourire et rire (comme à l'arcade). Elle a envie de reprendre sa main. Elle a envie de se foutre des claques. Au lieu de quoi elle se contente de tirer sur sa cigarette, attendant son verdict. “ Let's grab something quick, I'm sure you have other stuff to do today. What would you like? ” Elle veut rien elle. Elle veut pas manger, elle veut même pas particulièrement le voir manger, ou alors juste dans le sens où elle sait qu'il en a besoin et qu'elle veut s'assurer qu'il le fasse. Elle n'a même pas envie de réfléchir à ce qui lui ferait envie (si elle avait envie de quelque chose). “ John cleared my schedule ”, elle hausse une épaule, il ne l'a pas dit, mais elle en est certaine. “Stop asking questions Merlin Hiram. ” Peu importe la raison, elle est là et pour le temps qu'il faudra et s'il continue elle va devoir finir par abandonner parce qu'elle ne saura jamais dire pourquoi, elle est là et pourquoi elle n'est pas agacée même un tout petit peu de l'être. Même si elle finissait par se l'avouer franchement, elle ne le dirait jamais à voix haute. (He's not just a boy she fucks) “You think too much. ” C'est ça qu'il lui a dit la dernière fois, avant qu'elle n'abandonne tout et accepte d'aller à un date-not-date avec lui. Elle a regretté finalement. Il a réussi à lui faire regretter la meilleure soirée de sa vie après en avoir pourtant été responsable. C'est ça la magie d'Hiram, c'est ça qui la rend folle et triste et haineuse. “ We're here for you aren't we? What do you want? I'll find something anywhere.. ” Elle ne va rien prendre du tout, juste une boisson et attendre. Elle ne croit même pas qu'il soit nécessaire de s'acheter quelque chose juste pour faire semblant de le manger devant lui. Il s'en fiche, elle n'a même pas besoin de jouer la comédie devant lui comme devant ses amis (qui ne doivent pas s'intéresser beaucoup non plus de toute façon). “ But you were pretty set on M&S maybe we can find another one? Didn't there use to be one on every corner? ” C'était l'impression qu'elle avait quand elle était petite, mais peut-être pas des suffisamment grands pour avoir une food court. Elle n'en sait rien et s'en moque outrageusement, tout ce qu'elle veut c'est qu'il retrouve son sourire. “ Should we try Oxford street? ” Elle se recule pour apprécier le nom de l'artère sur laquelle ils se trouvent. C'était la solution à tout à l'époque, besoin de quelque chose de moldu ? Oxford Street every fucking time. Elle a remonté et redescendu la rue des milliers de fois et saurait encore y retourner depuis l'avenue où ils se trouvent en passant par les raccourcis à l'époque utilisés par Roksaneh, alors que ça fait littéralement des années. Elle aime bien retrouver le monde moldu ceci dit et se demande pourquoi elle a attendu Hiram pour le faire, alors que c'est le seul endroit où elle est vraiment libre désormais. Elle a toujours deux doigts entourés autour de sa cigarette à moitié consummée, mais sort l'autre main qu'elle a un peu blessé avec ses ongles manucuré et la tend vaguement vers Hiram. Au cas où. Elle s'attend à ce qu'il n'accorde pas un second regard à ses doigts, mais elle s'en fiche. Elle sait à quoi s'en tenir avec lui. (Elle devrait, elle aimerait).

Hiram ne parvient pas à se souvenir de la dernière fois où il a été self-conscious devant quelqu'un. Surtout pour quelque chose d'aussi stupide que lui tenir la main ou de se montrer enthousiaste à l'idée de passer du temps avec elle. Il n'a plus quinze ans, il n'est plus un gamin trop content de plaire à la soeur aînée de son meilleur pote, c'est trop loin de la personne qu'il est aujourd'hui. Il est... Hiram le connard, Hiram qui couche avec tout ce qui lui passe sous la main, Hiram qui ne s'attache jamais. Sauf que Kida. Ses yeux verts et le poids de ses doigts contre les siens et les pétales de rose et ses lèvres rouges et sa moue déçue à chaque fois qu'elle perd à un jeu. Fuck her. “ John cleared my schedule. Stop asking questions Merlin Hiram. ” Il fait la moue, un peu vexé d'être rabroué, ses yeux noirs revenant sur elle, mais un peu satisfait quand même qu'elle soit libre aujourd'hui au moins, surtout qu'elle ne lui dirait pas ça si elle n'était pas libre pour lui, si? Non. Il faut qu'il arrête de se faire des idées. Hiram n'a jamais su comment gérer la déception. “ You think too much. ” Il renifle légèrement, ne pouvant pas se retenir de sourire ensuite, c'est ce qu'il lui a dit avant leur date, elle pensait trop et maintenant c'est à son tour, il ne sait pas si il apprécie trop ça. “ Ah alright now, okay, I see how it is, ” marmonne-t-il, essayant de réprimer son amusement.

“ We're here for you aren't we? What do you want? I'll find something anywhere.. ” Il hausse les épaules, sont-lis vraiment là pour lui? Cette perspective le rend... heureux, d'une certaine manière, il n'est pas trop sûr de pourquoi. Le date à l'arcade c'était pour elle, puis c'est devenu pour eux. Il doute qu'ils puissent passer un aussi bon moment dans le moindre restaurant qu'ils ont passé à l'arcade. C'était vraiment spécial comme ambiance, ça lui a donné envie d'y retourner, mais il se doute que ce ne serait pas aussi amusant sans elle et ses doigts dans les siens et ses lèvres contre les siennes et ses danses de la victoire. “ But you were pretty set on M&S maybe we can find another one? Didn't there use to be one on every corner? ” Il hausse les épaules, il ne faisait pas vraiment attention à l'époque, il n'y avait que ce M&S pour lui, c'était le M&S de la victoire et des anniversaires, l'endroit où ils étaient des putains de roi dans leurs royaumes. “ Should we try Oxford street? ” Il fait la moue, oui, il doit certainement y avoir environ trois cent M&S sur Oxford Street mais la perspective de la foule qu'il va y avoir... il oublie tout ça quand il voit Kida faire un geste, sa main se lever, se tendre vers lui? Ou alors c'est juste un mouvement, un spasme, rien du tout, et il pense trop alors il décide d'arrêter de penser et d'attraper sa main dans la sienne. “ Oxford street it is then, ” dit-il d'un ton qu'il espère naturel.

C'est elle qui les conduit cette fois et il se laisse faire, peut-être qu'il aime trop ça, et de toutes manières il se sent toujours un peu light-headed, un peu mal à l'aise encore, l'inconfort léger mais présent, lancinant. Il essaie de la regarder en coin, de capter son regard, et finit par abandonner, observant plutôt ce qui se passe autour d'eux, content de se mêler à ces gens-là sans avoir l'impression d'être un outsider comme c'était le cas quand il venait dans le coin quand il était jeune, et sans avoir l'impression d'être dévisagé par tout le monde comme c'est le cas sur le Chemin de Traverse. Ils sont juste... deux inconnus qui se tiennent la main. Pas des amis mais autre chose. Hiram a fini sa cigarette le temps qu'ils arrivent, il commence à trouver ses repères, ils vont bientôt débarquer sur Oxford street quand il arrête Kida avant dans la rue adjacente, tirant sur son bras jusqu'à ce qu'elle se retourne vers lui. Il a envie de l'embrasser. Il reste silencieux un instant. “ Why are you being so nice? I get it, you don't want me to ask questions. But I need to know this. Or else I swear, I'm boosting off. I am. ” Il serre un peu plus sa main dans la sienne, ceci dit, l'attire presque un peu plus près pour lui montrer que ce n'est pas le cas, pour l'instant, ou en tout cas que ça lui coûterait de le faire. “ I'm sorry for what happened last time. There's no explanation that I could tell you that'd make it acceptable and I know that and fuck me, I'm sorry, I ruined our amazing date night and I'm sorry, I'm sorry. ” Ses doigts serrent tant les siens qu'ils en sont presque tremblants. “ I don't know how to handle you, ” répète-t-il lentement. “ I don't understand you. You drive me crazy. You're all this and that, I thought you hated my guts and you came to the ER in the middle of the night to check on me and now you're walking me to lunch. ” Non pas qu'il se plaigne, réellement. Juste qu'il ne sait pas. Il est plus habitué à mener la danse avec les gens, avec les filles. Il se doute qu'il peut tout aussi bien avoir ruiné leur repas et leur journée et sa dernière chance de lui parler, ever, en posant des questions qu'elle ne voulait pas entendre avant mais il doit lui demander, pour ne pas le regretter plus tard. “ I think too much. You're doing that to me. So blame yourself for that, uh? ” marmonne-t-il, self-conscious de nouveau, en détournant les yeux, un sourire mal assuré flottant sur ses lèvres.