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sujet; Tout est bruit pour qui a peur `[Lucreziana #1]

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« La nuit est propice à la réflexion, au silence, à la peur aussi. C'est dans l'obscurité qu'on dort, qu'on se tait, qu'on voit les fantômes. »

Le jour a des yeux, la nuit des oreilles

 
31 Décembre

Couchée à ses pieds, tu observes la femme. Boucles d’or pur cascadant sur ses épaules, peau pâle, mains impeccables. Peut-être as-tu commencé à comprendre ta propre espèce en l’observant par les yeux d’un étranger. Tout te semble difficile à exprimer. Ton esprit humain entre en conflit avec les perceptions qui l’assaillent en une vague synesthésie enchanteresse. Ce qui te fascinent le plus sont les émanations colorées qui entourent les corps lorsqu’ils son en proie à de violentes émotions. Souvent, les humains s’auréolent du vert acide de la peur ou du jaune aigre de la tristesse, parfois aussi de teintes plus rares : le safran vif du bonheur ou le turquoise des extases. Celle-là, fatiguée,  engloutie par l'opacité du chemin, exhale, depuis le centre de son dos, le noir de jais, couleur de la dérive et des naufrages, apanage des natures incapables de se départir de leur mémoire et de leur passé. Tu pousses un doux hululement, presque plaintif en appuyant contre son genou  ta truffe chaude. Elle soupire alors qu’une main oublieuse vient flatter ta tête. C’est sans nul doute en revêtant cette forme que tu as compris la fragilité et la vanité de la condition humaine. Compris que vous n’étiez qu’une poussière sur l’œil du monde, une poussière qui se donnait de l’importance. Pourtant aveugle, pourtant sourd, pourtant faible. Pourtant superbe et présomptueux. L’humain est un étroit corridor et toi, étrangère à toi-même, tu l’arpentes, goûtant l’obscurité de son contact avec une ferveur quasiment toxique. Parfois, tu te demandes ce que tu serais devenue si tu n’avais pas pu pénétrer ce monde à la fois familier et étrange. Aurais-tu perdu la foi ? Aurais-tu bu une potion mortelle, trouée ta peau, tranchée l’opale de tes poignets dans l’espoir d’en finir avec l’existence ? Aurais-tu décidé d’enfin guérir tes blessures ?

C’est pour cela que, ce soir, tu es assise dans son fauteuil, alors qu’elle entre harassée par une journée de travail. Ta cigarette laisse échapper des volutes de fumées dans le vaste espace de la pièce. Des jours que tu la rencontres au grès de ses errances urbaines. Humains. Animaux. Elle t’a même caressé la tête ce matin-là ignorant que le loup n’était qu’un masque pour cacher une autre créature plus vorace encore. « Lucrezia ». Son prénom roule sur ta langue comme des galets noirs dans le lit d’une rivière. Elle ne s’attendait sans doute pas à te voir ici, sûrement pas le soir de son anniversaire. « Surprise ! ». Tu ouvres les bras en signe de bienvenue même si ton regard est aussi froid qu’en ce jour de janvier.  « J’aurai voulu t’envoyer un hibou, mais je craignais de devoir échapper au comité d’accueil ». D’un geste délié, tu fais disparaître le mégot dans ta main.  Tu décroises les jambes alors que tu la toises de tout ton mépris et de ta hauteur : « Joyeux Anniversaire, darling… Mais comme tu t’en doutes, je ne suis pas venue faire ma mondaine. Parlons affaire. ». Tu jettes entre vous deux une liasse de témoignages écrits faisant mention d’un mangemort « sympathisant ». « Je me suis dit que ça ne pouvait pas être toi puis on m’a fait part d’un curieux familier. Daeva chéri, arrête donc de sifller, tu sais bien que je pourrais te transformer en paire de bottes d’un sort. Je ne vous veux pas de mal. Alors…Dis-moi, princesse… Depuis quand, on joue sur les deux tableaux ? »


 
 


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Tout est bruit pour qui a peur.



« Sympathy for the Devil »

Le Manoir familial est vide en ce 31 décembre, comme chaque année depuis ta majorité, aussi silencieux qu’un triste tombeau dont tu es l’unique âme errante. Unique ou presque, les serpents rôdant dans le jardin, ton fidèle compagnon de jais suivant tes pas, rampant silencieusement. Tu détestes ce jour, tu hais de toute ton âme la joie dont se repait l’Elite sorcière à l’approche du Nouvel-An ; amertume, on te prive de travail, d’occupation intellectuelle, repos forcé. Alors tu as rôdé entre d’autres tâches, d’autres recherches ne nécessitant pas le laboratoire du Département des Mystères, mis à mal par les insurgés. Un soupir s’échappe d’entre tes lèvres lorsque tu ouvres la porte du troisième étage, ton entière propriété. Le contraste entre les lieux qu’occupent tes parents et tes appartements est assez violent, de la typique demeure de riches sang-purs conservateurs à la blancheur de ton univers ; des meubles clairs, vernis de blanc, laqués de gris. Courbes élégantes et épurées, que l’on soupçonnerait froides à première vue et pourtant en émanait une sorte de calme paisible. Quelques touches de couleurs en des bibelots de-ci, de-là, et le mur du salon spacieux couvert d’une grand bibliothèque pleine de ces ouvrages que tu aimes tant.

« Lucrezia » Tu relèves le regard vers le fauteuil proche du canapé anthracite, sans précipitation aucune. Tu n’es plus à un rebelle près, n’est-ce pas ? « Surprise ! » Tu poses la cape noire recouvrant précédemment ta robe pourpre à l’entrée de la pièce, ne changeant rien à tes habitudes. C’était à croire qu’aucune émotion n’était apte à te traverser et, à dire vrai, c’était ainsi qu’elle t’avait toujours connue, insensible et inébranlable, bien qu'elle ne t'ait jamais vue rousse, contrairement à ce soir. Par Merlin que tout était différent désormais. « Bonsoir, Morgana. » te contentes-tu de lui dire, faisant fît de la glace bordant ses grands yeux. Tu cesses cependant de te déplacer, un instant, pour l’observer. Ton regard sur le monde et les gens n’était plus aussi pragmatique et cartésien qu’autrefois, et tu percevais enfin à la fois le charme de ses traits et quelques émotions transparaissant dans cette dureté, tu ne parviens pas à interpréter, en revanche. « Il n’y a pas de comité d’accueil ici. Et comme tu peux le constater, il n’y a pas l’ombre d’une famille non plus. » Bien vivant, et bien absents. Non que cela te chagrine réellement, tu soulignes juste qu’elle n’a pas à craindre que qui que ce soit donne l’alerte. Ton cadeau de Noël à ta façon.

La liasse de témoignages ne te fait pas reculer, le geste cependant agite Daeva qui se dresse, crochets dehors, dans un réflexe défensif de compagnon bien dressé. Pour une fois qu’il ne fait pas sa mule indomptable. « Daeva. Dans ma chambre. » La créature plie non sans témoigner de son mécontentement, l’échange bref en fourchelangue ne te poussant pourtant pas à lâcher Morgana du coin de l’oeil - méfiance oblige. Dis-moi, princesse… Depuis quand, on joue sur les deux tableaux ? » Un haussement de sourcil tandis que le serpent file se rouler sous ton lit, boudeur de première. Jouer sur les deux tableaux ? « Et tu ne veux évidemment pas songer que votre cher Survivant puisse se la jouer fourchelangue du dimanche ? » Il avait survécu à un Basilic et pourtant il ne semblait pas enclin à user de l’opportunité que pouvaient représenter les reptiles, espions attentifs et mordantes au service de quiconque savait les amadouer d’un sifflement charmeur. Il ne pouvait pas prétexter ignorer l’utilité, le Lord abusant, lui, de son affinité avec Nagini. Ah ironie du sort, les opposés liés par un talent décrié. « Je fais ce qui me semble juste sur l’instant. Rien de plus. » Pas espionne, pas manipulatrice, en aucun cas désireuse de jouer pour eux une partie dangereuse, échecs perfides.

« Tu as faim ? Mon gâteau de ce matin n’a pas trouvé preneur. A moins que tu ne préfères un verre. » On pourrait presque se dire que tu lui préparais un coup tordu, pourtant rien. Rien ni dans tes gestes ni dans le timbre de ta voix ne laissait entendre l’ombre d’une menace. Tu n’avais ni envie de te battre ni la force de t’opposer à celle qui, en d’autres circonstances, te ferait trembler. Tu étais trop défaitiste pour trembler. Et si tu n’as pas commenté au sujet de l’anniversaire, ça n’est que pour mieux en oublier l’existence. Foutue guerre.

717 mots.
Fourchelangue ; italique.
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« La nuit est propice à la réflexion, au silence, à la peur aussi. C'est dans l'obscurité qu'on dort, qu'on se tait, qu'on voit les fantômes. »

Le jour a des yeux, la nuit des oreilles

 
Tu es sans doute un peu vexée. Tu aurais pensé qu’elle t’aurait accueilli avec un peu plus d’enthousiasme. Après tout, n’avez-vous pas partagé le même laboratoire pendant un temps ? N’avez-vous pas été collègue ? Ne lui as-tu pas fait la grâce de l’ignorer au moment de ta fuite et elle d’en faire de même. Ainsi, te retrouves-tu bien sottement debout dans son salon à débiter des platitudes. D’ordinaire, tu aurais couvert ta gêne par de l’agressivité. Pourtant, tu prends le partie de ne pas montrer les crocs. Est-ce une faiblesse ? Ton regard se perd dans le dégradé glacé façon catalogue d’architecture d’intérieur.  Un mince sourire révèle une canine joueuse. Oui, il n’aurait pu en être autrement. Lucrezia Rowle est sans doute la femme la plus insensible que tu es côtoyée. Egale. Toujours. En apparence, vous auriez pu être jumelles. Deux icebergs paisibles se côtoyant sur la même ligne de flottaison. Pourtant, force est de constater que la guerre a fait opérer la débâcle et qu’il ne reste dans ta façade craquelée que des blocs blancs et abîmés de souillure et de sang. Le volcanisme sous-jacent est prompt à faire voler en éclat sa couche ternie en des geysers de violence. Quant à elle… Serait-ce le même sang qui coule dans ses veines que les sifflements aiguës qui sortent de sa bouche ? « Et tu ne veux évidemment pas songer que votre cher Survivant puisse se la jouer fourchelangue du dimanche ? » Un rictus sinistre fait tiquer le coin de ta bouche. Le Morveux en chef. S’il fallait analyser ce que tu ressens en cet instant pour Harry Fucking Pain in the ass Potter, tu aurais sans doute pu le comparer à une violente crise de prurit doublé d’eczéma purulent. Qu’il s’amuse à parler aux reptiles ou à faire du macramé à ses heures perdues mais qu’il cesse de vouloir jouer les leaders. Il n’était définitivement pas taillé pour ça et les pertes que rencontrait son groupe étaient d’autant plus affligeantes qu’elles étaient inutiles. « Si tu veux mon humble avis, je le mettrais bien sous Protego Maxima doublé d’un sort de mutisme jusqu’à ce qu’on trouve l’occasion de l’utiliser à bon escient. Ce môme est une telle plaie que je le livrerai avec une joie non dissimulée à notre estimé Face de Raie si cela ne provoquait pas par là-même un terrible désavantage. »

Avec un geste délié, tu désignes la porte par laquelle le familier a disparu : « tu sais bien que je ne suis en rien encline à juger les autres sur leur capacité.Quant à  Daeva et moi, nous avons toujours entretenu des rapports de franche camaraderie. » Le ton grinçant que tu emploies n’est pas sans rappeler les portes anciennes de vos augustes cachots. S’il n’avait pas été aussi venimeux et s’il n’avait pas appartenu à l’une de tes estimées collègues, tu l’aurais sans nul doute transformé en sac-à-main ou en paire de bottes depuis Merlin sait quand. D’un plissement de paupières amer et vindicatif, tu chasses mentalement les réminiscences du  dossier souillé et déchiqueté par l’hypocrite animal. Le résultat de mois à remuer les pires  charniers du moyen- orient moldu pour finir en un pitoyable tas de confettis.  

« Tu as faim ? Mon gâteau de ce matin n’a pas trouvé preneur. A moins que tu ne préfères un verre. » Ton ventre gronde. Pourtant, il te faut garder une certaine contenance. Les insurgés sont des loups affamés mais loin d’être stupide. Alors que ton regard cache l’avidité derrière un voile de sarcasme du déclame plus renard que corbeau : « Il faut dire que la dernière fois que tu as cuisiné pour le département, on a dû transporter la moitié du personnel à Sainte Mangouste. Il est toutefois clair que tu n’es pas responsable des agissements de Daeva et de sa propension à faire tomber de la goutte du Mort Vivant dans la pâte à crêpes. » Chien de faïence, chien de fusil, tu attends qu’elle y trempe elle-même les lèvres. Elle n’aurait pas pu prévoir. Avec délicatesse, tu récupères un morceau de pâtisserie et comme une trêve, tu en avales un morceau. Tu en pleurerais presque de gratitude. Après un jeûne forcé, ton estomac crie famine.
« Murphy m’a dit qu’une femme avec un serpent l’avait sauvé des raffleurs. Nous voulions te remercier. C’est nôtre cadeau d’anniversaire. Lorsque nous nous croiserons une prochaine fois, je ne te tuerai pas. »




 
 


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Tout est bruit pour qui a peur.



« Sympathy for the devil. »

Un haussement de sourcil. Harry Potter n’était pas dans les bonnes grâces de ses camarades insurgés, de quoi t’arracher une sorte de surprise, tout de même. T’imaginais quoi ? Qu’ils étaient soudés dans leur rébellion, sans doute. Pourquoi pas, après tout ? Un but commun, un objectif, un ennemi. Tu glisses entre tes lèvres ton index ayant rencontré la crème du gâteau, au bord du plat, sans pour autant te servir une part, tu signales par ce biais que, non, tu ne l’empoisonnes pas, bien que tu ne sois plus très encline à la faim ces derniers jours. Tout te donne envie de vomir. Son discours distrait légèrement ton esprit des tourments habituels pour mieux t’y plonger lorsque tu croises ses billes de prédateur. Elle est un fauve au sang chaud dissimulé derrière le calme d’une paisible rivière. Elle est la sorcière dangereuse prête à contrarier ton serpent, leur hypocrisie réciproque te prêtant autrefois à un sourire enterré, abandonné. Ce monde n’a plus grand chose d’amusant. Qu’est-ce que tu pourrais répliquer à cela ? Tu te contentes de lui servir un verre de whisky, seul alcool présent dans la demeure, bouteille neuve visiblement, avec une politesse aussi paradoxale que deux ennemies autour d’une pâtisserie.

Et elle évoque les crêpes du département des mystères, ce que Daeva y avait renversé. Du passé. Une ombre dans ton regard, passagère. Es-tu froide ? Non, tu es maussade. Ca n’est plus vraiment la jeune femme glacée d’avant la guerre ; il y a des fêlures, palpables. Une cassure, irréversible. « Murphy m’a dit qu’une femme avec un serpent l’avait sauvé des raffleurs. » Il y a un tremblement de tes doigts, momentané. Touchée, coulée. Défensive. « C’est nôtre cadeau d’anniversaire. Lorsque nous nous croiserons une prochaine fois, je ne te tuerai pas. » Le rire qui s’extirpe d’entre tes lèvres est inédit. Tu ne crois pas avoir offert à tes collègues le privilège d’une expression autre que le givre. Elle voit se déployer l’étendue des dégâts dans cet éclat mielleux, trempé dans l’acide des remords. « Trop aimable. » Mouvement. Tu te déplaces inutilement, lui tourne le dos pour mieux lui faire face à nouveau, sans rompre la distance qui est pour le moins vitale. « Vraiment. Tu crois me faire une fleur, Morgana ? » Tes bras se croisent, sans que ton cerveau n’intègre tous les signaux de détresse que ton corps balance. La fatigue, l’épuisement nerveux, peut-être. L’image de la gosse, les cheveux roux, si roux. Reflet d’autrefois, témoin de bonté. T’avais vraiment un putain de problème avec les roux. Murphy, elle s’appelait Murphy. Et elle s’était, malgré elle, engouffrée dans une de tes failles. « Elle pouvait pas tenir sa langue ? » Elle devrait éviter de parler, la petite. Tu ne te souvenais cependant pas d’une enfant sage, elle était plutôt du style pré-ado tempétueuse. Si belle.

« Elle est trop jeune. Trop jeune pour être embarquée dans cette tuerie. » Tu ne sais plus ignorer, faire comme si la souffrance n’existait pas, parce que dans l’âme des enfants, il y a cette idée que ce pourrait être la douleur d’une mère, la déchirure de perdre un petit être. Tu chasses cette pensée en tournant la tête vers la fenêtre, l’extérieur. Tu ne préviendras pas les Mangemorts de la présence d’une indésirable recherchée. Tu trahis, encore. En pleine possession de tes moyens, ta seule contrainte, c’est toi-même. « Elle va bien ? » Depuis quand fais-tu preuve d’intérêt pour les émotions d’autrui ? Ta bouche se pince légèrement. Fait chier, tu te dévoiles trop.. différente. Le mur enneigé se reconstruit donc, automatisme défensif tandis que tu ranges un des livres qui traîne. Ordre alphabétique, évidemment. Par thématique qui plus est.

« Mange et retourne auprès de tes amis. Tu n’obtiendras rien ici, pas même une distraction digne de toi. » D’elle, de son esprit aiguisé, de ses griffes tranchantes. Tu ne comprends pas son intérêt à s’incruster chez toi, après toutes ces années. Qu’est-ce qu’elle voulait vraiment ? Elle ne semblait même pas vouloir te tuer, comme tu l’avais vaguement songé au départ. Tu lui dirais bien que tu ne joues pas avec les sauvages mais ce serait parfaitement faux, la gamine et les quelques autres âmes en étaient la preuve.

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« La nuit est propice à la réflexion, au silence, à la peur aussi. C'est dans l'obscurité qu'on dort, qu'on se tait, qu'on voit les fantômes. »

Le jour a des yeux, la nuit des oreilles

 
« Vraiment ? Tu crois me faire une fleur Morgana ? » Tes lèvres gercées se plissent en un rictus amusé. Ta perruque te gratte un peu. Qu’arrive-t-il au serpent ? A celui qui se prend pour le doigt de Dieu. Où est son délicat glaçage de mondanité ? Aurait-elle voulu que tu la plaignes ? Oh non. Tu ne fais pas partie de cette engeance-là. Tu connais les limites. La ligne qui vous sépare. Tu viens de rompre la trêve en l’insultant sur son territoire. « Si tu veux, je peux t’achever immédiatement, Dandelion. Ca m’évitera d’entendre la complainte d’une Sang-Pure en pleine crise existentielle. Je ne savais pas que tu étais douée d’une conscience. » Tes doigts glissent le long des accoudoirs, testant d’un bout de phalange appréciateur, la richesse du tissus. « Nous autres, chiens, ne nous préoccupons pas de la souffrance humaine, si t’en est que « humain » te convienne. Attention, ce n’est pas un reproche… Et j’évite de me foutre de la charité alors que tous mes profils hurlent au monstre. Quoiqu’à bien y réfléchir…J’apprécie. » Ton sourire se fige en pause de poupée de porcelaine. Dérangeante. Tu aimes être le croquemitaine, l’épouvante qu’on agite devant les enfants pour leur faire manger leur assiette. C’est une sensation grisante. Et tu aimes l’irrévérence de ta photographie. D’autres auraient trouvé le cliché caricatural et insultant mais toi, non. Toi, tu aimes le claquement des dents, la rage et le désespoir.

« Elle pouvait pas tenir sa langue ? » Un rire délicat claque dans le silence du salon. Oh darling, tu la connais si mal. Demander à Murphy de tenir sa langue, c’était comme demande à un sombral de se draper d’arc-en-ciel et de défiler à la Gay Pride. Surtout avec toi. La Môme avait tendance à rapidement se mettre à table. Parce que tu es une figure d’autorité. Parce qu'elle te fait confiance et que la blonde n’était qu’une silhouette, un vague souvenir. « Elle est trop jeune. Trop jeune pour être embarquée dans cette tuerie. » Elle poursuit. Santé. Gâteau. Pourtant, tu restes focalisée sur un élément précis. La lueur amusée qui éclairait à l’instant ton regard s’éteint comme la flamme d’une bougie que l’on vient de moucher. Comment ? Tes lèvres se retroussent sur tes gencives dévoilant l’éclat saisissant de l’émail. Sa dureté minérale. « Tu ne la connais pas et toi, qui te prélasses du côté des bourreaux, je ne te permets de nous juger. » Tu viens de te lever, la surplombant de ta silhouette sèche et nerveuse. Un pas. Ton index s’enfonçant dans le plexus alors que tu grognes « Ouvre-lui les portes de Poudlard. Ramène-lui ses parents. Répare l’abandon. Retrouve sa famille, Lucrezia. Ah… J’oubliais. C'est impossible car les tiens ont envoyé les chiens sur ses traces et sans nous, elle serait morte. » Tu as envie de la frapper. La colère sourde remonte comme l’eau refluant d'un une évier bouché. Remugles des rancœurs et des haines longuement sédimentées. L’index se transforme en poing. C’est la première fois que tu te permets une telle proximité avec elle. Juste un contact. Une tension faite chair. « Ils ont lancé la meute derrière elle, et ils n'ont laissé que cadavre et désolation. Pour les contrer, nous avons envoyé l’une des nôtres. Le temps. Elle a appris à fuir. A se méfier de ses semblables, a abandonner tous ses repères pour les troquer contre ceux d'un monde qui la haïrait quoi qu'elle fasse. Elle est l'enfance sacrifiée par les tiens, Lucrezia.  Murphy est la fille de Doc. Notre clan est le sien. Si nous mourrons, elle mourra avec nous. » . Un pas en arrière. Ton bras retombe le long de ton corps. De ton soudain déchaînement, ne reste que le mouvement félin de tes narines, marquant le soubresaut de ton cœur enkysté dans ta poitrine meurtrie. "Elle mourra avec nous."



 
 


Dernière édition par Morgana Ives le Lun 9 Mar 2015 - 10:42, édité 2 fois
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« Sympathy for the devil. »

« Je ne savais pas que tu étais douée d’une conscience. » Taper où ça fait mal, Morgana Ives sait bien le faire. Planter la flèche en plein coeur. Seulement, tu n’en possèdes pas, hein ? Tu imaginais déjà les contours d’un petit coffre d’onyx et d’argent pour y conserver, loin de ta poitrine, le myocarde encombrant, inutile. Illusion. Tu n’étais pas forgée de vices aussi profonds, de monstruosité telle que tu pourrais avoir l’idée de créer des horcruxes ou autres horreurs aptes à réduire, encore, la frontière entre le néant et tes émotions. Si mince frontière. « Ca n’était pas le cas. » choisis-tu de lui répondre, détachée. Banalité. Tu lui sortais ça comme tu lui aurais affirmé que le feu brûle, qu’il pleut ou qu’il va neiger. Comme si ça ne sous-entendait rien d’important. Mais tu parles au passé. Ca n’était pas le cas, ça avait donc changé. Le petit surnom très affectueux ne semble pas provoquer la moindre variation. Elle joue des gammes qu’elle maîtrise sur le bout des doigts, avec son sourire de carnassier, son air de poupée figée dans la porcelaine, ou la froideur d’un marbre noir. Elle est le loup qui attend, dans l’ombre, pour déchirer la gorge de la brebis à coups de dents. « Humain n’est effectivement pas le bon terme. » C’est tout. C’est tout ce que ça te fait. La bruine sur un imperméable aurait plus d’impact. Elle ne s’y trompera cependant pas, la divine faucheuse aux courbes féminines, elle ne se laissera pas berner par la distance que tu imposes, parce qu’elle sait, elle le sait que tu n’as pas su t’empêcher de voler au secours de la petite Murphy.

« Tu ne la connais pas et toi, qui te prélasses du côté des bourreaux, je ne te permets de nous juger. » Son index qui s’enfonce et tout ton corps qui rejette ce contact. Le sifflement est instinctif. Tu n’es plus sa collègue un peu bizarre, un peu trop proche de son serpent, tu es le serpent. C’est bref mais tes muscles ont enclenché un mode défensif, tu t’es tendue, tu as même initié un recul sitôt avorté, ta conscience reprenant le dessus. Ce doigt te hérisse. Ca n’est pas elle, le problème, c’est la sensation, c’est sentir que quelqu’un te touche. Elle n’est pas violente, pas plus qu’elle n’est réellement envahissante, pourtant c’est comme si la pression exercée était douloureuse. « Je ne prétends pas la connaître, ça n’est qu’un nom sur une liste. » Quel genre de liste, tu n’estimes pas utile de le lui préciser. « Pas plus que je ne vous juge. » Ce dont, elle, ne se privait pas. Parfait modèle d’insoumission, de rébellion, de libre arbitre.

« Morgana, arrête. » Elle te débite ce que la gosse a perdu. Poudlard, les parents, la famille. Les insurgés sont ses sauveurs. Mais ce poing, là, contre toi, c’est trop. Ses mots, son contact. Il y a un tremblement dans ta voix, infime, et elle te connaît trop, elle a vécu trop longtemps non loin de ton univers, de tes apparences de perfection pour ne pas percevoir le changement de timbre. Tu ne supportes vraiment pas le contact, c’est pire qu’avant. Pire qu’au ministère où ça semblait juste provoquer ta méfiance, une petite grimace. Là, c’est tel une allergie. « Notre clan est le sien. Si nous mourrons, elle mourra avec nous. »

L’air passe à nouveau normalement, parce que la tension retombe. Il n’y a plus cette pression qui menace ta stabilité. Tu inspires. Lui répondre calmement, c’est ce qu’il y aurait de mieux à faire mais tu n’étais pas tout à fait certaine d’en être capable. « Elle mourra avec nous. » « J’ignorais ton côté maternel et sentimental. » C’est cassant. C’est plus fort que toi. C’est parfaitement absurde, de lui répondre ainsi, sur ce ton voilé d’acide. L’évidence soulignait combien vous paraissiez dépourvues de ce genre de concepts, au sein de votre département. Est-ce que tu avais apprécié Ives ? Peut-être qu’admirer serait un terme plus adéquat. Elle était brillante, elle s’assumait, elle existait. Elle n’était pas qu’un reflet, contrairement à toi. « T’es venue jouer à la maîtresse ? Ou.. comment c’est son nom.. le cricket qui joue à remettre le pantin sur la bonne voie ? » T’avais retenu quelques trucs de culture moldue, bravo. « D’ailleurs, si tu pouvais éviter de m’accuser de crimes que je ne commets pas, ce serait un super cadeau. Non parce qu’étrangement, quand c’est trop jeune, le meurtre me reste sur l’estomac. » Une provocation pour ne pas avoir l’air aussi déprimée que tu ne l’es réellement. Pour ne pas lui avouer directement que les jeunes ne risquent rien de ta baguette. « Tu peux douter de la présence d’une conscience mais pas d’un estomac, mh ? » Teigne. T’entends Daeva siffler, dans ta chambre. Serpent dominant qui voudrait t’avoir sous son joug, t’ordonner de te calmer. C’est bas, presqu’imperceptible et tu ne l’écoutes pas.

« Plus sérieusement, je sais de quel côté je suis. Je sais parfaitement l’injustice, les tortures, les traques, la folie du Lord aussi. Et du côté des bourreaux, sauver certaines vies est plus aisé. » Tu pouvais te renseigner, tu pouvais errer sans qu’on se pose de questions, ta présence n’était jamais réellement suspecte de part tes multiples activités. Et tes serpents faisaient de merveilleux guides lors des rafles, oreilles discrètes, yeux attentifs. « Seulement je ne suis pas comme vous. Je n’ai rien d’une héroïne. » vous. Ca t’a échappé. Vous, pas seulement elle. Tu trahissais ton contact avec d’autres insurgés, mais qu’importe, l’idée était là : Morgana Ives était le pion blanc, tu restais volontairement un pion noir sur l’échiquier de la guerre.

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