July 27th Trouver quelqu'un qui ne veut pas l'être dans Londres n'est pas une chose facile. Agim par exemple, est introuvable, Londres moldu ou sorcier il peut être n'importe où et il est évident qu'il ne veut pas être découvert. Trishna prend ça pour une bonne chose, non seulement ça veut dire qu'il a peut-être autant peur d'elle qu'elle a peur de lui, mais également qu'elle non plus n'est pas facilement trouvable. Trouver quelqu'un qui ne veut pas l'être n'est pas facile, mais c'est différent quand la personne s'en fiche, quand ce n'est pas tant qu'elle essaye d'être introuvable, mais simplement laissée en paix. Il n'a pas fallu beaucoup de temps ni même d'argent à Trishna pour dégoter l'adresse de l'appartement d'Hiram sur le chemin de traverse, la nouvelle célébrité qu'il est ne se cache pas. Ou alors seulement de ses fans — sauf qu'ils n'ont pas les ressources de Kala. Il a fallu un tout petit peu de temps toutefois pour réfléchir à un plan d'attaque pour accéder à son appartement. L'immeuble n'est pas masqué et abrite probablement beaucoup de VIW, qu'ils soient connus ou simplement riches. En revanche, comme pour tout abri à personnes demandées par le monde, il est protégé à l'accueil et sur le toit. La technologie sorcière n'est pas encore un milieu où Kala a de bons contacts et forcer l'accès ne semble pas être une bonne idée. Alors Trishna a préféré miser sur du polynectar et ses talents d'actrice.

Kida Vane est une mannequin assez fade à son sens, trop jeune et superficielle, mais suffisamment belle malgré tout pour qu'elle puisse comprendre l'attrait d'Hiram. Toujours est-il qu'obtenir un de ses cheveux n'a pas été très difficile, juste un peu bizarre — son contact à Witch Weekly l'a prise pour une fan obsessionnelle, mais peu lui importe. Le réceptionniste lui adresse à peine un regard, comme s'il avait l'habitude de la voir — les rumeurs doivent donc être vraies, non qu'elle en ait grand chose à faire — et elle prend l'ascenseur et arrive devant la porte de l'appartement d'Hiram sans mal aucun. Ça fait des mois qu'elle veut le voir, qu'elle y songe par intermittence, qu'elle regarde parfois l'émission insipide qu'est le MFactor pour s'assurer qu'il est encore en vie. Ça l'a fait rager qu'il se soit totalement échappé grâce à l'émission, qu'il soit intouchable, mais elle ne lui aurait rien fait à lui, en réalité, elle le sait pertinemment et c'est pour ça que même à sa sortie de la maison des candidats, même depuis le temps - deux mois - qu'elle a son adresse, elle n'a pas essayé de venir. Jusqu'à aujourd'hui.

C'est un peu bêtement qu'elle a découvert la date de son anniversaire il y a deux ans. C'était au court d'une partie de poker au hangar d'Agim, elle croit, elle a mentionné son âge et il l'a simplement corrigée. C'est probablement stupide de venir le voir pour ça maintenant, il doit avoir des tas d'amis avec qui le fêter et une super soirée de prévue et un tas d'argent à claquer. Ce n'est toutefois pas que pour ça qu'elle force sa porte avec une facilité qui l'agace un peu. Les célébrités sont vaines et orgueilleuses, elles se croient intouchables et ça l'agace véritablement qu'Hiram soit devenu comme ça. Sa vie d'avant ne l'a pas lâchée. Agim est sorti d'Azkaban et autant qu'il viendra pour Kala il viendra pour Caïn, elle en est certaine. Il a de la chance que ce soit elle qui explore son appartement avec un sourire en coin, se moquant de sa décoration nulle avant de s'installer sur son canapé en se rendant compte qu'il n'est pas là. Hiram est plus riche qu'elle désormais. Ce n'est pas très difficile à faire, puisqu'elle a caché son argent un peu partout, mais n'a pu récupérer que le (petit) pactole dans le coffre de son appartement avant d'échouer chez Kenna et puis à Storm's End. Elle n'est pas pauvre, mais elle n'est plus riche. Hiram l'est cependant et ça l'embête un peu évidemment qu'un de ses anciens sous-fifres s'en sorte mieux qu'elle, mais de tous, elle préfère encore que ce soit lui. De toute façon, s'il ne se met pas à faire plus attention, son argent ne le sauvera par de son reckoning.

Les effets du Polynectar ont le temps de se dissiper avant que la clé ne tourne dans la porte et qu'Hiram débarque dans son propre salon et qu'elle doive esquiver le sortilège qu'il lui lance à la figure. “ Way to welcome an old friend. ” C'est ironique bien entendu… elle était son boss avant tout, mais plus que ça aussi, elle pense. Elle se lève d'un bond et croise les bras contre sa poitrine. Il n'a plus ses cheveux en palmier (qui lui donnaient du caractère pourtant) et il est mieux sapé, mais globalement il reste le même, sachet de diricawl dans les mains compris. Si elle est surprise qu'il se contente de ça pour son anniversaire elle n'en montre rien. “ Gotta say I'm disappointed you didn't even write one song about me. ” Elle claque la langue contre son palais pour signifier son agacement, mais un petit sourire en coin trône sur ses lèvres. Elle est plus contente qu'elle ne l'aurait cru de le revoir et en un morceau qui plus est. Hiram était devenu dangereux pour elle sur la fin, mais elle a conscience que de toutes les personnes avec qui elle a pu travailler c'est encore celle en laquelle sa confiance était le plus méritée. Elle n'a même pas le cœur à prétendre ne pas savoir ce qu'il est devenu — de toute façon le fait qu'elle soit dans son appartement hors de prix pour elle comme pour lui il y a encore un an l'indique déjà. Elle avait acheté une de ses mixtapes à l'époque où ils se côtoyaient encore, mais ne lui avait jamais donné son avis sur la question. Elle n'aurait pas voulu donner un espoir — il était si bon qu'il pouvait percer — voué à l'échec dans un tel contexte de guerre et vu son background sorcier, social, ethnique, aussi. Elle a été profondément agacée de le voir s'échapper de son emprise, sortir de son échiquier et devenir un électron libre totalement imprévisible, mais contente pour lui malgré tout et son appartement est nul et kitsh mais elle est un peu fière de sa réussite quand même.  “ Brought you this. ” Et de sa poche sans fond elle sort une bouteille de gin de la meilleure qualité qu'elle dépose sur la table basse. “ Housewarming, birthday, and sorry-I-broke-into-your-house gift. ” Elle ne doute pas un seul instant (même si elle ose espérer que le MFactor l'a rendu un peu plus clean) qu'il aurait préféré un sachet de coke ou un peu d'Orviétan, sauf qu'elle ne doute pas non plus qu'il ait l'argent pour se faire plaisir tout seul et elle, elle ne l'incitera jamais à consommer plus que lui-même en a envie.

JULY 24th † C'est son anniversaire et Hiram n'aime pas ça. Il n'aime plus ça en fait, ça lui rappelle trop sa mère et des amis qu'il ne voit plus ou qu'ils sont morts depuis longtemps; si ça ne tenait qu'à lui, il effacerait le vingt-quatre juillet des calendriers pour ne plus jamais y penser. Seulement, il n'a pas l'argent pour ça (pas encore? c'est possible d'acheter la suppression d'un jour? au pire, il pourrait donner un jour de plus à février) et il doit donc souffrir d'une journée maussade où il ne peut pas expliquer la raison de son humeur aux gens qu'ils côtoient qui, pour la plupart, ignorent complètement cette information. Le public l'ignore, ses fans l'ignorent et il pensait que le label aussi jusqu'à ce qu'ils reçoivent, le matin même, un bouquet (un bouquet) de félicitations, jusqu'à ce que son pow vibre d'un quicky de Nick: Happy birthday. Don't be late for work. De quoi le faire réfléchir suffisamment longtemps pour qu'il prenne le temps de répondre, ce qu'il n'aurait pas fait sinon: Don't . No celebrations, no mentions of it, nothing. Tell Angela to keep it to herself! Please . Pas de réponse, mais il a vu Nicky quelques heures plus tard et apparemment, à part les têtes bien pensantes en charge du bien-être des artistes, personne n'a rien fait fuiter. Tant mieux, il aurait été embarrassé que ça se retrouver sur MSN. Il n'a même pas reçu un message de Roy, ce qui est plutôt compréhensible parce qu'il ne lui a pas adressé la parole depuis la dernière fois qu'il l'a vu; il n'a même pas reçu un message de Kida, ce qui est plutôt compréhensible parce qu'elle ne lui a pas adressé la parole depuis la dernière fois qu'il l'a vue. Il aimerait lui envoyer un message, sait pourtant que c'est à elle de le faire; attend, se ronge les ongles, essaie de ne pas y penser, se drogue quand il n'y parvient pas. Hiram n'a jamais voulu quoique ce soit de plus, qui que ce soit de plus. Alors il attend et tous les jours il désespère que son pow vibre, mais non à cause d'elle.

Il sortira peut-être demain, pas ce soir. Il est trop... maussade, trop off pour faire quoique ce soit; il ne saurait pas y mettre du coeur. Vingt-sept ans. Hiram aimerait tellement, tellement que sa mère soit là; ces jours-ci, c'est presque un besoin palpable, physique. À quoi bon fêter son anniversaire si ce n'est pas avec sa mère, qui l'a porté, élevé, aimé malgré tout? Même ses frères, ses premiers amis, ne sont plus là pour passer des bras autour de son cou et lui mettre le nez dans la poudre; ce n'est pas plus mal, sans doute, mais ça rend quand même Hiram de se retrouver face à lui-même dans un appartement froid et sombre. Il essaie de s'en tenir éloigné autant que possible, c'est pour ça qu'au lieu de commander chez lui, il va directement passer commande au Dirico Express, enfoncé dans sa veste et le visage enfoui dans la capuche de son hoodie, répondant un rictus crispé au sourire encourageant de la jeune femme qui lui tend son sachet de dirico frit avec une lueur dans l'oeil qui lui dit qu'elle le reconnait. Il ne laisse à personne d'autre l'occasion de le héler, tourne les talons et s'allume une cigarette dès qu'il est dehors, impatient d'être chez lui pour passer à quelque chose de plus fort — de l'herbe ne suffira pas ce soir, mais il a de l'oxy quelque part, et il compte bien l'utiliser pour se détendre un peu et calmer la nervosité qu'il sent monter en lui depuis qu'il s'est réveillé ce matin et qui ne l'a pas réveillé même quand il est passé au studio.

Il rentre dans son appartement avec la force de l'habitude, sans rien de remarquer de spécial avant d'arriver dans le salon; le sortilège fuse, Hiram ne fait pas dans la délicatesse quand il est pris par surprise et personne, personne n'a les clefs d'ici: ce serait forcément un détracteur et son sortilège n'est pas bien méchant, juste suffisamment douloureux et incapacitant pour lui assurer une certaine sécurité pour les moments à venir. Le sort est esquivé, un nouveau est déjà formulé dans l'arrière du crâne d'Hiram et commence à rougeoyer au bout de sa baguette avant de mourir quand il entend la voix de l'intrus — l'intruse. “ Way to welcome an old friend. ” Il cligne des yeux une, deux fois avant de baisser sa baguette. “ Kala? ” Hiram est suspicieux — ça pourrait être n'importe qui, après tout mais... qui d'autre aurait le culot de s'immiscer chez lui, on this night of all nights? Il ne lâche pas sa baguette, ceci dit. Old friend... ce n'est pas exactement ce qu'ils étaient, n'est-ce pas? Il était une liability et c'est pour ça qu'il lui a tourné le dos. Mais elle n'est jamais venue pour lui, et il sait qu'elle aurait pu.

Il s'approche un peu, malgré la pénombre de la pièce — God, she knows how to make an entrance —, sa baguette finissant par s'allumer dans un sort silencieux pour éclairer le visage de son ancienne chef. La couleur pâle et bleuâtre du Lumos ne les met pas du tout à leur avantage tous les deux, mais au moins peut-il voir que c'est bien elle... en apparence du moins. “ Gotta say I'm disappointed you didn't even write one song about me. ” Bon. C'est elle. Il renifle, elle claque de la langue. “ Guess you just haven't been listening, ” rétorque-t-il presqu'aussitôt, c'était toujours une blague entre eux, les sentiments, comme si ils étaient quelque chose de plus qu'un employé et sa chef unlikely. Ils l'ont été quelques nuits, plus que ça. Mais amis...? (Oui. Elle a été sa sauveuse et sa première vraie amie depuis longtemps. Il a tellement réfléchi avant de la trahir, de la laisser derrière, seule. Mais quel choix avait-il? Avec Kala, it's all about business et il savait tous les deux que le mauvais choix aurait été de le laisser vivre — hors, il n'avait aucune envie de mourir. Un peu, mais pas de sa main à elle. En aurait-elle été capable? Il aimerait penser que non, il sait que oui.)

“ Brought you this. ” Hiram grogne — depuis quand connait-elle sa date d'anniversaire? Ils n'ont rien fait de spécial l'année précédente, pire, si il se souvient bien (et il s'en souvient bien — même si il déteste le vingt-trois juillet, chacune de ces dates est marquée au fer rouge dans son esprit), elle l'a fait travailler toute la nuit sur il ne sait plus quelle affaire, un mec qu'il devait rencontrer et sur lequel il fallait faire un background check. Il fait la moue en voyant la bouteille qu'elle sort, s'approche et peut voir que c'est une marque de gin absolument et innécessairement onéreuse et Hiram déteste le gaspillage d'argent, le tesco value lui va très bien mais il est aussi touché qu'elle ait pensé à lui, même si il déteste les cadeaux, même si se retrouver dans la même pièce signifie peut-être son arrêt de mort. “ Housewarming, birthday, and sorry-I-broke-into-your-house gift. ” Il grogne légèrement; sa baguette s'éteint, un autre sortilège informulé allume la lumière électricomagique de la pièce, qui reste tamisée parce qu'il est tard et qu'il est réveillé depuis dix heures ce matin (un record) et que ses yeux le piquent. “ Housewarming gift is late, birthday gift is unnecessary and sorry-you-broke-in gift is... ” Il renifle. “ I'll accept it, ” finit-il par dire généreusement. Il lance son sac et sa veste sur un fauteuil, se glisse dans la cuisine pour récupérer deux verres. “ But only if you share some with me. ”

Une baguette amène la bouteille à lui sur le comptoir de la cuisine et il leur prépare deux verres, martini chargé pour elle, gin tonic chargé pour lui. En préparant avec des gestes plutôt habituels, quasiment aussi familiers que ceux qu'il opère pour prendre de la drogue, il garde un oeil sur elle à travers l'ouverture moderne de la cuisine, un air indéchiffrable sur le visage. Il ne lui fait pas confiance parce qu'il lui a trop fait confiance par le passé; mais Kala ne semble pas vouloir le trucider au moindre mouvement, au contraire, elle s'assied de l'autre côté du comptoir et il glisse vers elle son verre avant de lever le sien. “ If you're here to kill me, ” la prévient-t-il avant d'effleurer le cocktail de ses lèvres, “ you have to let me blow one last line and finish my diricawl. ” Il boit une gorgée et repose son verre, claquant sa langue contre son palais avec un sourire satisfait — c'est vrai que le gin tesco value n'a pas ce goût-là — puis ouvre avec une certaine gourmandise son sachet luisant de graisse, souriant en sentant l'odeur quasi-divine à ce stade. “ Want some? I took it extra spicy. ” Quoiqu'il arrive, il garde sa baguette à proximité, prêt à tout moment à s'en emparer pour se défendre si ça finit comme ça.