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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

Dans le caprice d’une matinée grise, tu observes ce calme religieux qui est le tiens lorsque tu travailles, consciencieuse et appliquée, bornée à inventer les pires horreurs, parce que c’est tout ce qu’il te reste, tout ce que tu sais faire. Tu regrettes le temps où ta magie, plus innocente, servait à faire exploser quelques bagues colorées et autres âneries mises au point dans l’antre secrète de Poudlard, auprès des jumeaux Weasley. Une époque à jamais perdue, brisée sur l’autel d’un honneur auquel la lignée s’accroche comme un dernier rempart face à la cruauté de la société. Purs et fiers de l’être. L’es-tu, fière ? Sans doute, mais pas de ton physique, de ce qui coule dans tes veines ou de ce qui te sert de famille. Non, ta seule fierté, c’est ta magie. L’or que tu sais avoir au bout des doigts, mais un or noir, infiniment douloureux et pervers qui scelle sans scrupules la douleur à la peau des ennemis du réseau. Tu agis pour les beaux yeux de Maksim Dolohov, au troisième étage du Manoir Rowle, sorte de grand appartement au sein même de la demeure. Tu agis pour celui que tu tentes cependant d'écarter de tes pensées vagabondes.

Quand William Rowle passe la porte d’entrée, mène dans le hall la pauvre créature désormais enchaînée à ton existence, tu ne daignes pas descendre. Le décor est classique, la pierre, le bois, la dignité d’une antique bâtisse ayant vu passer bien des générations entre ses murs.. jusqu’au fond du deuxième étage où trône une porte blanche, solide, donnant sur l’ultime escalier. C’est là que le rebut est envoyé, sans autre forme de procès qu’une rudesse glaciale. Glaciale comme l’ambiance. Finalement, tu consentiras à lever les yeux en apercevant la silhouette longue de ton géniteur, une lueur de défis dans ce regard bicolore qu’il n’apprécie pas à sa juste valeur. « Il est sous ta responsabilité, ne l’oublie pas. » te dit-il avec sévérité. Homme droit, sévère, autrefois juste mais empoisonné par les incessants reproches de son épouse. Qu’il s’éclipse donc, tu t’en contrefiche, focalisée sur le bracelet que tu finalises. L’or et l’émeraude s’allient à merveille sur l’élégante torsade, et tes gestes délicats restent d’une précision indéniable. Tu n’as aucune envie de parler, de faire de grands discours, de tergiverser sur les raisons qui font de toi sa propriétaire. L’idée même te révulse. Tu laisses échapper des insurgés et tu te retrouves avec un homme marqué au fer rouge comme un vulgaire chien. « J’imagine que bonjour n’est pas le terme adéquat. » Quelle superbe entrée en matière. Ton tact te perdra. « Bienvenue en enfer, donc. » C’est peut-être trop franc. Ta voix douce contraste avec le ton froid, étrange mélange lui dévoilant tes premiers paradoxes. Il n’a eu droit à ta présence que pour le choix, pour l’achat. Tu manquais certes de conviction mais tu l’avais sélectionné lui, alors vous deviez faire avec, l’un comme l’autre.

De ta chambre glisse le sombre cobra qui vient jauger de sa langue fourchue le nouvel arrivant. Il tranche entre les meubles blancs, laqués, la modernité ambiante de ton havre de paix. Des livres, de la clarté, et le cobra royal, inquisiteur, véritable garde du corps, qui paraît ne pas voir tout ceci avec optimisme. « L’odeur du sang. » « Ca commence bien. Reste là. » La langue que tu emplois ne lui est pas accessible, tu le sais, pourtant tu ne cherches pas à la lui dissimuler, à cacher cette particularité, parce qu’il sera forcé de s'y faire. Autant ne pas laisser planer de surprise. Pour lui, c’est pour le meilleur et surtout pour le pire. Après les sifflements, c’est un soupir qui s’extirpe d’entre tes lèvres. La chevelure blonde joue dans ton dos lorsque tu t’éloignes pour ranger le bijou sur une étagère de verre. « Qu’as-tu donc tenté de faire ? La mort est-elle attrayante à ce point ou te fiche-tu éperdument des conséquences de tes actes ? » Calme. Trop ? Tu ignores où se situe le cruaumètre de l’armoire à glace qui se trouve désormais à ton service. Tu sais simplement que rien ne sera aisé. Tu détestes déjà toute cette mascarade. Officiellement, tes parents t'ont demandé de montrer ta conviction envers le gouvernement ; officieusement, l'être impur est là pour satisfaire leur paranoïa, leur peur terrible de te voir sombrer dans la folie avec impuissance.

680 mots.
Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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Son avant-bras l'élance mais il n'en a cure. Cette douleur le maintient à flot, évite qu'il ne sombre complètement. Une petite pierre dentelée, ce n'était pas ce qui manquait dans la cellule où on le gardait enfermé comme un animal, comme une bête... Un esclave !  Ce terme le révulse même après toutes ses années à s'entendre rabaissé, battu, blessé voir pire. Sa fierté l'empêche d'être soumis. Non, quoiqu'il arrive, il ne sera pas leur sous-fifre. Quoiqu'il advienne, il restera droit et ne ploiera pas. Son frère n'aura jamais à avoir honte lorsqu'ils se retrouveront. Si tant est qu'ils se retrouvent... Duncan commence à avoir des doutes. Les pseudos maîtres ont parfois la parole bien trop facile et il a surpris certaines bribes laissant penser que son cadet se trouverait dans la même situation que lui. Le simple fait de le savoir à la merci d'un rustre tel que son premier maître réveille sa colère.

Alors pour l'apaiser et pour effacer ce signe de propriété qu'il renie et réfute, la pierre coupante a suffi. Durant les quelques jours qui l'ont séparé de son arrivée devant la bâtisse de ceux qui l'ont acquis, il s'est acharné sur l'empreinte qu'elle avait laissé sur lui : Un ouroboros dont l'élément principal est un serpent. Encore une idée typique chez ces cinglés ou plutôt cette cinglée dont il est le présent. Son père semblait plutôt soulagé. Elle manquait singulièrement de conviction même si c'est lui qu'elle a choisi avant d'apposer son seau sur sa peau comme on marque le bétail, comme son premier propriétaire l'a marqué. Est-elle seulement au courant ? Sans doute. Les précédents le savaient mais cela ne les avait pas dérangé outre mesure jusqu'à ce qu'ils ne voient les dégâts de leurs yeux en l'épiant ou en le punissant.

La porte s'ouvre sur le père. L'un de ceux qui l'ont amené là le pousse brutalement en avant. Trébuchant, la chance lui sourit cependant et il parvient à se redresser tant bien que mal. Il est impensable de se laisser jeter aux pieds d'un être abject persuadé qu'il a le contrôle total sur son existence et sur sa durée. Lui accordant à peine un regard, il se détourne et lui intimant de le suivre.
Celle qui était avec lui n'est visible nul part mais il suppose à raison que l'homme l'emmène vers elle. Leurs noms lui sont inconnus tout comme il restera un larbin sans nom à leurs yeux.

La bâtisse est somme toute classique. Le bois et la pierre se mêlent et donnent à l'ensemble un aspect bien trop solennel. Cependant, Duncan ne peut s'empêche de revoir la demeure familiale dans laquelle il a grandi, cet endroit qui lui manque tant et qu'il aspire à rejoindre. Son chez lui est plus accueillant et chaleureux tout le contraire de l'antique manoir qui inspire tout le contraire. Ce bâtiment respire la froideur et la tristesse. Tout semble bien trop figé et trop peu spontané.
Mais le jeune homme n'a pas vraiment le temps de s’appesantir sur ses souvenirs ou sur l'endroit qui lui servira de nouvel enfer et de prison. L'homme qui le guide à travers ce dédale,  le ramène à la réalité avec l'un des nombreux sobriquets propres à sa condition avant de lui dresser le portrait de celle qui s'est offert le droit de contrôle sur sa vie.
Froide, cruelle, calculatrice, cynique et presque grossière, voilà celle dont il recevra les coups et les réprimandes, celle-là même qui essayera à son tour de le briser. Ca ne l'étonne pas. Après être passé de maître en maître, il en est devenu blasé presque indifférent. Le jeune homme ne peut s'empêcher de comparer sa pseudo propriétaire à l'endroit et à l'être qui le précède. L'atmosphère et le lieu est à leur image définitivement ...

Il est finalement introduit dans une pièce où celle qui lui a fait apposer cette marque semble tout occupée à une breloque. Elle daigne relevé le regard pour le poser sur celui qui l'a amené jusque là et qui juge bon de lui rappeler son devoir vis à vis du rebut que le grand roux est avant de s'éclipser comme s'il avait vu le diable en personne.

Duncan ne bouge pas. Il continue de se tenir fièrement, le regard fixé devant lui. Qu'elle l'ignore si ça lui chante, il ne demande pas mieux. Après quelques instants durant lesquels elle termine la tâche commencée bien avant son arrivée, sa voix douce mais glaciale lui souhaite la bienvenue dans ce nouvel enfer. Ses paroles claquent comme un fouet aux yeux de Duncan et le ramène des années en arrière face à son bourreau. Mais il n'a pas le temps d'y penser un mouvement à attirer son regard. Un immense et sombre reptile glisse dans sa direction avant de l'inspecter.
La présence du serpent ne l'effraie pas, il a toujours eu une affection particulière envers les animaux qu'il trouve bien plus entier que les humains. Cependant il ne peut s'empêcher de retrouver toute sa méfiance lorsqu'il entend des sifflements s'échapper de la bouche de celle qui lui fait face. Le fourchelangue, bien sûr. Quoi de plus étonnant venant d'une personne vivant avec un animal de cette taille ! Qui d'autre qu'une femme ayant un tel garde du corps aurait porté son choix sur un homme de sa carrure si elle n'avait eu la conviction de toujours pouvoir compter sur un allié de choix au besoin...  Si elle tente de l'effrayer, sa bêtise est grande, très grande même. Le jeune homme a vécu bien pire pour se laisser impressionner par si peu et il a une certaine confiance dans son don avec les animaux.

La jeune femme s'éloigne avec sa breloque qu'elle range soigneusement avant de l'interroger calmement sur ce qu'il a tenté de faire. Bien vu, vraiment !  Son serpent lui sert d'odorat et inspecte les autres pour elle. Ce détail lui avait échappé et il est certain qu'à contrario, il n'a pas échappé au reptile qu'il était blessé. Un peu de déduction et elle savait déjà probablement ce qu'il avait fait.

- Quelle importance ? , lui lança-t-il tout aussi posément qu'elle ne l'avait fait en la regardant droit dans les yeux qu'il découvre vairons, Cette affaire ne concerne que moi, Mistress.

Le titre dont il l'avait affublé sonnait comme une insulte suppurant d'ironique. Qu'importe ce qu'elle lui ferait en représailles !

- La conséquence de mes actes ne regardent que moi. Ne devriez-vous pas plutôt vous inquiéter des conséquences des vôtres ?  , lui asséna-t-il avec orgueil.



1085 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mer 24 Déc 2014 - 0:03, édité 1 fois
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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

« Cette affaire ne concerne que moi, Mistress. » Tu cesses de t’affairer à ranger ton petit bazar magique pour lever les yeux vers l’homme qui te fait face, droit, carré, imposant. Ce mot, il te l’a craché comme une insulte, comme la première marque d’une volonté de s’insurger. Pourtant, tu ne sembles pas t’ombrer de colère, pas même d’agacement. Rien ne glisse sur ton regard étrange et glacé. Tu n’es qu’une reine des neiges, une sorte d’hybride de sang froid. A l’intérieur, toutefois, tu es contrariée. « La conséquence de mes actes ne regardent que moi. Ne devriez-vous pas plutôt vous inquiéter des conséquences des vôtres ? » Le bruit régulier de tes escarpins indique un déplacement. Tu ne réponds pas, allant chercher un verre que tu remplis d’eau, pour mieux revenir le déposer de son côté de la table et enfin retourner à ton point de départ. « Je vais être claire, les Mistress, patronne et autre sobriquets de supériorités au placard. » Le ton est tranchant. Ta voix reste agréable à l’oreille mais quelque chose de beaucoup plus cassant venait de s’y mêler, comme si.. comme si, quelque part, il y avait au fond de ton myocarde éteint un déni total de tous les idéaux que portait l’esclavage dans son horreur si paroxystique. « C’est Lucrezia, si l’envie de m’appeler te prend, bien que j’en doute fort puisque ces simples lettres risquent de t’arracher ta jolie petite langue. » L’inébranlable impassibilité de ton corps se heurte à ce que tes mots transportent. Tu fais preuve d’une acidité marquée, aussi venimeuse qu’un cobra crachant son arme liquide.

Les conséquences. Tu connais les conséquences, mieux qu’il ne le pense. Il t’a certainement imaginé telle l’être détestable que tu es, les caractéristiques que tes parents t’ajoutent en plus. Une Mangemort archétypale aux idées racistes plus qu’exagérées. Si seulement. Sans doute te voit-il déjà en enfant pourrie gâtée à qui la vie ne refuse rien. Laissez-moi rire. « Je paye chaque jour les conséquences de chaque acte, ne t’en déplaise. » Poser les cadres ? Fait. Oseras-tu te détendre devant cette armoire à glace, cet imposant buffet sur pattes, ce Chewbacca sans poils ? Non. Tu sais que son rôle sous-entendu est l’intimidation, la tienne, et si tu ne crains pas les serpents, les sorciers opprimés ne te placent pas dans une position de confiance absolue. Qui t’assurait qu’il ne vole rien ? Qu’il ne tente pas de retourner contre toi cette magie à laquelle il n’a plus droit ? « Tu optes pour la rébellion d’office ou l’idée de savoir où se trouve ta chambre t’intéresse ? » Tenter d’être conciliante. Tenter d’être gentille. Tenter de ne pas le braquer plus qu’il ne l’est. Tu ignores les véritables conditions de sa ‘’détention’’ auprès des maîtres précédents, tu ne sais pas s’il est commun d’offrir un peu de confort. En revanche, tu ne songes pas une seule seconde à l’envoyer vivre à la cave.

« Je vais devoir soigner ça. » Soulignes-tu, en glissant ton regard vers son bras, où tu sais pertinemment que se trouve le récent ouroboros, qu’il a cherché à retirer, abîmer ou déformer. « Non seulement pour ne pas perturber les serpents, mais parce qu’il est absolument hors de question que je te laisse souffrir inutilement. » Le paradoxe de ton rôle, du sien, de la situation et de ce que tu proposes. Tu ne lui laisses pas vraiment le choix, selon la vraisemblance de ta posture, droite, le regard planté dans le sien.. pourtant, tu l’offres par la formulation de tes phrases. S’il préfère souffrir, s’il affirme aimer ça, soit. Mais pas inutilement, pas par simple caractère de crotale entêté. Ton bon coeur sous la couche de givre.

606 mots.
Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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L’insulte a attiré son regard vers lui mais Duncan ne bronche pas. Qu’elle se mette en colère, tape du pied ou sorte sa baguette si ça lui chante. L’ex Gryffondor n’a pas changé face à son premier maître de même que devant le second et ceux qui ont suivi, ce n’est pas elle qui va le faire ployer !
A son étonnement, pourtant, aucune réaction violente ne suit. Elle se contente d’aller chercher un verre qu’elle remplit d’eau sous ses yeux avant de le placer devant lui.
Les yeux du roux vont du verre à celle qui le possède selon la loi mais qui ne le sera jamais réellement. Une brève moue interrogatrice affecte son visage mais disparait bien vite remplacée à nouveau par la mine par de l’amusement lorsqu’elle lui signifie qu’elle ne souhaite pas l’entendre l’appeler par l’habituelle liste de termes dédiés aux maitres. Son ton est tranchant. Visiblement son attitude ne lui a pas beaucoup plu et l’a dérangée plus qu’elle ne l’a laissé voir.
Elle poursuit cependant en lui donnant son prénom bien qu’elle pense, avec raison, que le fait de l’appeler lui est effroyable.  
Son ton devient plus acide à l’image de son animal domestique quand elle lui annonce payer chaque jour les conséquences de chaque acte. Ses paroles paraissent sous-entendre quelque chose de plus profond. De vieilles blessures qui sait ? Mais Duncan n’en a cure.  Les personnes de sa condition ne lui inspirent que méfiance, colère et haine et il est certain que quoiqu’elle ait pu traverser, il ne s’agit clairement que de broutilles en comparaison de ce que son frère cadet peut traverser actuellement, ce que lui-même à endurer. Ses simulacres l’agacent mais il la laisse poursuivre. Qu’elle déverse donc ses foutaises.
D’instinct, sa proposition qu’elle lui montre ta chambre vient appuyer cette méfiance qu’il porte envers les partisans de Voldemort. Une chambre ? Qu’entends donc cette vipère par chambre ? Son premier maître lui avait aménagé une sorte de panier dans un coin de son immense chambre à coucher. En vérité, c’était plus une sorte de plaid posé au sol où chaque soir il l’enchainait pour éviter toute tentative de fuite ou d’assassinat. Le jeune homme s’était longtemps acharné sur le métal tirant, secouant, jouant avec pour tenter d’extirper sa main. Il y était parvenu une fois en mutilant son poignet mais l’homme s’était réveillé et l’avait vite entravé. Par la suite, c’était autour du coup que sa chaine avait été fixée… et il n’était jamais parvenu à s’en extirper. Les maitres suivants l’avaient fait tour à tour dormir dans leur cave humide, dans leur grenier ou dans de petits cagibis où son immense carrure rentrait avec peine. L’un d’entre eux l’avait attaché dehors à la manière d’un chien, sa femme ne tolérant pas la présence du rebut durant la nuit. Cela lui avait valu une bonne pneumonie et son retour sur le marché des rebuts. Qu’est-ce que cette propriétaire pourrait lui proposer de pire ? Dormir avec son serpent ?  Il lui avait déjà montré qu’il ne le craignait pas… Il y avait donc fort peu de chance qu’elle ne s’y essaie.
Face à son silence, Lucrezia reprend son monologue en abordant le sujet de sa blessure qu’elle pense soigner.  Duncan ne se laisse pas berner par sa fausse inquiétude. Il croit parfaitement en celle qu’elle porte pour ses serpents mais il ne peut empêcher un sourire amusé de se dessiner sur ses lèvres lorsqu’elle lui assure ne pas vouloir le laisser souffrir inutilement.

 - Je suis un homme pas un esclave quoique vous en pensiez. , lui dit-il calmement et posément tout en relevant la manche de sa chemise, Or, vous m’avez marqué comme une bête. Je suis en droit de vous retourner l’humiliation, Mistress.

Le ton de Duncan est ironique à nouveau sur ce dernier mot. Comme son tatouage sur son avant-bras, le jeune homme la marque à son tour avec ce sobriquet qu’elle ne semble pas apprécier mais qu’il continuera à employer avec elle.  La marque qu’elle lui a posée bien qu’elle ne saigne plus, semble rougir de son sang alors qu’elle reste immuable et intacte malgré l’acharnement  qu’il a témoigné à tenter de l’effacer ou tout du moins l’abîmer.

 - Peu m’importe cette chambre. J’ai dormi dans les plus sordides endroits grâce à Voldemort et ceux qui le suivent comme on suit un chien. Les surprises que réservent la nouvelle prison où je vais séjourner ne m’importent que peu.

Saisissant le verre qu’elle a posé devant lui, Duncan le brise. Avant même qu’elle ne puisse faire un geste, le jeune homme saisit un débris des restes de l’objet. Tout en fixant son regard bleuté sur Lucrezia, il taillade par deux fois sa chair marquée et il finit par finalement enfoncer le bri au centre de l’ouroboros en le tournant dans la nouvelle plaie qui lui arrache une grimace.

 - Le fait d’avoir payer pour acquérir mon corps, ne signifie pas que je vous l’ai cédé, Mistress. Dès lors, j’en fais ce que bon me semble et je n’ai nul besoin de vos soins. Elle guérira seule avec le temps. Je ferai en sorte qu’elle ne perturbe pas vos compagnons.



863 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mer 24 Déc 2014 - 0:04, édité 1 fois
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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

Aucune réaction. Rien. Tes yeux se fixent simplement sur son geste un peu fou, totalement masochiste, mais tu ne bronches pas. Pas une expression ne passe sur tes traits délicats ; tu n’es pas même surprise. Qui d’autre aurais-tu pu choisir, qu’une sorte de cinglé excessif ? S’il songe sans doute que tes souffrances ne sont que broutilles comparées aux siennes, tu ne lui étales pas plus ta vie privée. Il n’a pas besoin d’en connaître les détails car tu sais pertinemment qu’il finira par fuir. Et que tu ne le retiendras pas. « Tu te places seul dans la posture de soumission, ça n’est pas de mon fait. » Ton calme ferait presque pâlir les pires clichés sur les maîtres et leur brutalité. Qu’il ait brisé un verre t’importe peu. Autant que son sang qui coule. S’il souhaite se mutiler, tu ne peux rien contre. « Je te propose d’user de mon prénom pour une certaine égalité et tu t’y refuses. Ne me blâme pas pour ta situation. » Un geste souple de ta main désigne la blessure, le tatouage par lequel sa colère envers toi semble naître, en partie, avant que ton bras ne retourne se glisser le long de ton corps. « Ca n’a rien d’une humiliation. Ca n’est certes pas très agréable et peu approprié à ce qu’on nomme communément ‘humanité’, toutefois prête attention au symbole. » Car tu ne fais jamais rien sans réflexion, chaque bijou, chaque utilisation d’astre ou d’animal l’est en fonction d’une symbolique, de ce que tu y places. Tes clients ne se retrouvent que rarement avec des créations sans signification, plus ou moins profonde. Même Daeva fut nommé en conséquence. « Espoir, renouveau, résurrection. Anéantissement ou autodestruction, selon le point de vue. A toi d’en choisir l’interprétation. J’osais simplement songer que tu puisses accéder au bon côté des choses. » Mais tu sens bien qu’il perçoit le verre complètement vide, à défaut de le voir à moitié plein. Un soupire s’extirpe d’entre tes lèvres. « Si souffrir est ton choix, je le respecte. »

Sur ces mots, tu te déplaces, enfin. Tu rouvres la porte donnant sur l’escalier. « Viens. S’il te plaît. Tu me jugeras ensuite, si tel est ton désir. » Sans plus de cérémonie, tu te diriges vers l’étage inférieur, le second donc, et tourne non loin des marches pour ouvrir une pièce semblant dissimulée dans l’angle. Elle s’avère spacieuse, bien qu’un peu sombre, relique d’un passé qui ne t’appartient plus vraiment. Ta chambre de petite fille, avec le petit lit, abandonné sur un bord, sans doute pour laisser place à celui, plus grand, qui trône près de la fenêtre. Des livres couverts de poussière, une peluche déchirée, une étagère de jouets cassés. Un musée des tristesses reniées. Seul le miroir est intacte. « C’est un peu isolé mais c’est préférable. Moins tu subiras ma mère, mieux ce sera. » Et pour cause.. elle aurait tendance à le considérer comme sien. « La salle de bains à côté est petite cependant elle devrait suffire. Si ta rage finit par passer, n’hésite pas à .. réaménager les lieux. »

Tu l’observes, un instant, essayant d’envisager sa taille, les mesures adéquates. L’état est peu glorieux. Ce que tu offres n’est pas la liberté, tu en as conscience, mais c’est plus que quiconque l’ayant possédé, tu en es persuadée. Et s’il ne s’accommode pas à cette situation.. tu te débrouillerais pour contacter Fred. Seul Fred pouvait arranger les choses. Tu chasses cette pensée en détournant le regard vers la fenêtre avant d’entamer la sortie silencieuse de cet endroit qui t’exècre plus que de raison.

603 mots.
Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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Pas la moindre émotion ne vient perturber ses traits. Duncan s’y attendait. Après tout, il ne l’avait pas fait pour provoquer quoique ce soit chez cette vipère. Du peu qu’il a vu d’elle, il se demande même si elle est capable d’éprouver la moindre émotion. Frigide, froide, telle une reine de glace dans son palai. Voilà tout ce en quoi consiste la nouvelle personne qui pense pouvoir avoir le moindre droit sur lui.
Le bri de verre reste fiché au milieu de l’ouroboros. L’enlevant, le jeune homme le glisse dans sa poche. Ca peut toujours être utile au besoin. Si ça lui déplait, elle le lui confisquera. Du sang commence à s’écouler de la plaie remise à vif. La profonde incision qu’il vient de pratiquer saigne un peu plus mais il n’en a cure.
Son interlocutrice insiste sur sa bonté. Selon ses dires, il ne voit pas le bon côté des choses, l’égalité qu’elle tente d’instaurer entre eux. Une égalité ? Duncan n’en voit aucune. Il est cloîtré dans une maison qui n’est pas la sienne et pour lequel il n’est qu’un rebut, un être pire qu’un elfe de maison ! Sa personne est livrée au bon plaisir d’un autre être vivant qu’il le veuille ou pas, la baguette aidant toujours en cas de trop forte résistance. Et parlons-en de baguette, la sienne se trouve entre les mains de son petit frère ou de son meilleur ami… Depuis tout ce temps, il a depuis longtemps oublié à qui il l’a confiée avant qu’on ne vienne s’emparer de lui.
Elle insiste sur le symbole de cette marque qu’elle lui a apposée et sur cette volonté qu’elle a de lui faire voir le bon côté des choses même si elle respecte son choix de souffrir.  Le bon côté des choses ? Comment ose-t-elle seulement prononcer ces mots ! Souffrir, un choix ? Ca ne l’a jamais été à ses yeux mais c’est tout ce qu’ils lui ont laissé. Tout ce que ces précédents maîtres qui l’ont également marqué, lui ont donné en guise de choix unique.

-  La souffrance n’a jamais été un choix, Mistress. Pas un de ceux que j’ai choisi de faire. , murmure-t-il presque pour lui-même, son accent écossais revenant au galop.

Mais la jeune femme se déplace déjà et ouvre la porte avant de l’inviter poliment à le suivre pour qu’il puisse ensuite la juger. La laissera-t-il seulement le juger ? Quelle importance son jugement pourrait-il avoir de toute manière ?
Duncan l’a sui, par dépit, vers l’étage inférieur. Peu après les marches qu’ils ont descendues, elle ouvre une pièce dissimulée dans l’angle. L’endroit est spacieux bien qu’un peu sombre. Un petit lit à l’écart dans un coin a cédé la place à une couche plus adulte, plus grande.
Quelques bibelots trainent encore : des livres poussiéreux, une peluche déchirée, une étagère de jouets dans un état déplorable. L’ancien Gryffondor laisse son regard se promener tandis que sa pseudo propriétaire du moment semble le mettre en garde contre sa mère. Visiblement, Lucrezia ne s’entend pas avec sa famille mais cela ne l’étonne vraiment pas vu le comportement de celle-ci.
Le jeune homme, selon ses dires, est libre de réaménager le lieu selon son bon plaisir si sa colère a son égard finit par passer. Passer ? Pourra-t-elle seulement un jour s’estomper ? Réaménager le lieu ? Comment et avec quoi ? Il n’est qu’un étranger dans cette demeure froide et hostile remplis de serpents venimeux. Lui-même n’est qu’une nouvelle babiole, un nouveau jouet que cette foutue vipère rangera un jour sur l’étagère non loin de là dès qu’elle se sera lassée et qu’elle l’aura, à son tour, abimé.
La blonde s’apprête à quitter les lieux qui ne l’incommodent semble-t-il. Cette pièce serait-elle vraiment la sienne ? Il a du mal à y croire et ne peut s’empêcher d’être sceptique, méfiant. Un merci pourrait facilement passer ses lèvres mais les trois dernières années qui viennent de s’écouler le cadenasse au plus profond de sa gorge. Jamais. Ce serait ployé. Ce pourrait également être ce qu’elle attend. Le voir baisser les armes, se détendre et finalement frapper aussi fort que les précédents. Si tant est qu’une seule parole de toute la mascarade qu’elle vient de lui jouer est réelle et sincère, il ne souhaite quand bien même pas y croire. Tout deviendrait trop compliqué. Ewan, son frère, est la seule chose qui le pousse à rester un rebut. A ne pas mettre fin à tout ça d’une manière ou d’une autre. S’attacher à qui que ce soit ne ferait que le perdre et rendre les choses difficiles. Ceux qui sont au pouvoir tout comme celle qui le détient sont fourbes et sournois. Aucun espoir et aucune confiance ne peut leur être accordée.
Au final, Duncan ne demande pas mieux que son départ mais il y a des choses qui nécessitent une réponse. C’est plus que nécessaire pour sa propre sécurité à lui comme pour sa tranquillité d’ailleurs.

-  Un instant, … s’il vous plait, l’arrête-t-il.

La formule de politesse semble lui avoir été arrachée mal gré mais elle-même s’est donné la peine de l’être.

-  Suis-je seul dans cette pièce ?

Laissant se promener son regard sur les murs alentours, celui-ci revient finalement se poser sur Lucrezia.

-  Est-ce insonorisé ? , ajoute-t-il avant de poursuive, Et comptez-vous y pénétrer durant la nuit ?

Le visage de Duncan reste sérieux. Sa question n’a aucune portée lubrique et il entend bien le lui montrer.

-  N’y voyez rien de déplacé. C’est une sécurité pour moi … comme pour vous d’ailleurs mais si ma ... compagnie ... vous est nécessaire de nuit, je ... souhaiterais que vous me préveniez à l'avance, Mistress.

La dernière phrase fut presque crachée au visage de la jeune femme. Ne serait-ce qu'évoquer le sujet réveillait en lui de très mauvais souvenir et il n'appréciait, de surcroit, de devoir quémander ce genre de choses. D'autant plus lorsqu'il s'agissait d'une sécurité qui visait à éviter les ennuis...



996 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mer 24 Déc 2014 - 0:06, édité 1 fois
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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

« Un instant, … s’il vous plait. » Tu t’arrêtes, te retournes, calmement. Il a été poli, ce qui te surprend mais que tu ne prends pas la peine de relever verbalement. Qu’il s’adresse à toi comme cela lui chante, tu ne briderais pas sa parole, à défaut de lui offrir la liberté. « Suis-je seul dans cette pièce ? » Tu hausses un sourcil, un brin incrédule. Qui pourrait-il y avoir d’autre ? Une basse-cour ? Des rats ? Tu ignores ce qu’il sous-entend mais tu hoches doucement la tête. « Est-ce insonorisé ? » Silence. La question te paraît plus que surréaliste, toutefois tu optes pour attendre la suite. « Et comptez-vous y pénétrer durant la nuit ? » Tu aurais un verre d’eau que tu te serais étouffée avec. Sérieusement. Où voulait-il en venir, avec ces allusions ? Que tu allais le malmener jusqu’à l’aube à coups de morsures de serpents ? Tu ne dis rien. Parfois, mieux vaut ne rien dire avant que tout ne s’éclaire. « N’y voyez rien de déplacé. C’est une sécurité pour moi … comme pour vous d’ailleurs mais si ma ... compagnie ... vous est nécessaire de nuit, je ... souhaiterais que vous me préveniez à l'avance, Mistress. » Il y a quelque chose de presque.. régurgité dans sa voix. Ce quelque chose qui te dérange foncièrement. Tu t’éloignes, disparais de son champ de vision pour revenir avec du papier et une plume à papote. Couleur émeraude.

« Je peux insonoriser la pièce. Du moins pour qu’aucun son n’en sorte, en revanche tu entendras ceux du couloir, que tu saches quand j’aurais besoin de toi. » Une précaution te semble nécessaire, une condition à cette faveur, non négligeable. « La fenêtre, protégée. N’essaye pas de t’enfuir, tu le regretterais et je ne tiens pas à devoir te traquer comme un animal. » Parce qu’il ne faut pas se leurrer, sa première pensée sera sans doute la fuite, au premier moment de solitude, dés qu’il aura pris ses marques. Une fuite à laquelle tu refuses de laisser une occasion, quitte à user de l’habile surveillance des reptiles traînant dans le jardin.

« Oui, tu seras seul. Non, je n’entrerai pas de nuit. Jamais sans frapper. Et tu seras libre de ton temps dés vingt-et-une heure. » Cadre posé. Tu n’es pas tyrannique, même si le fait d’avoir un rebut te donne une image de profit dont, au fond, tu te fiches éperdument. Tu sauves sa peau de cicatrices de plus provoquées par un serviteur du Lord et c’est ce sur quoi ton esprit choisit de se focaliser. « Je n’ai pas un budget illimité mais tu peux dicter à la plume ce dont tu aurais besoin, vêtements ou meubles, et je ferai en sorte de te l’obtenir au plus vite. » Hésitation. Tu ne sais pas exactement comment tu dois le traiter. Qu’interdit donc le Magister à leur sujet ? Tu pinces les lèvres, une seconde, puis poursuis. « De par ton statut, je ne peux te donner qu’un accès limité à la lecture : des romans, des nouvelles ou de la poésie. » Tu t’apprêtes à lui laisser un peu de paix, reculant d’un pas, posant la main sur la poignée. Et tu réalises que tu oublies bon nombre de détails. Que tu ne sais comment aborder. Peu douée en relations humaines. « .. Que faisais-tu exactement.. avant ? » Avant la guerre. Avant toute cette folie. Tu veux cerner ses passions, tu veux savoir ce qu’il a aimé faire pour juger de ce que tu pourrais lui confier. Tu n’as ni besoin de majordome ni de cuisinier. Il faudra donc l’occuper, donner l’illusion d’une situation normale de rebut.

589 mots.
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Sa requête concernant les éventuels autres occupants de la chambre qu’elle vient de lui attribuer, semble la surprendre à en voir l’un de ses sourcils qui se hausse et sa mine légèrement incrédule. Visiblement, elle ne comprend pas trop qui d’autre pourrait loger là à part Duncan. Elle hoche doucement la tête provoquant un léger et imperceptible relâchement dans les épaules du jeune homme. La solitude est une bonne et une mauvaise chose. D’un côté, il ne risque pas d’apeurer un compagnon de geôle qui n’existe pas avec ses sommeils agites. D’un autre, rien ni personne ne pourra intervenir si la créature qui lui fait face veut le torturer. Pas qu’un quelconque autre rebut ait assez de cran  pour intervenir et se rebeller pour un autre rebut mais cette présence est toujours une sorte de soulagement comme si cela allait limiter les horreurs que les maîtres peuvent vous faire subir en les rendant un peu honteux de leur penchant si un témoin est présent.
Les questions suivantes ainsi que l’explication de l’ancien Gryffondor semblent se heurter à un mur. La jeune femme ne pipe mot. Peut-être que… Non, c’est certain. Elle ne peut clairement pas comprendre ce qu’il a enduré par le passé et qui continue de le hanter. Comment le pourrait-elle ?
Lorsqu’elle s’éloigne et disparait de son champ de vision, Duncan se met immédiatement sur ses gardes, tendu. Elle revient finalement avec ce qu’il avait pensé être un outil de punition et qui ne s’avère au final n’être qu’une feuille de parchemin et une plume à papote couleur émeraude. Probablement une réminiscence et un hommage envers la maison à laquelle elle appartenait autrefois… Les Serpentards ou ce qui avait toujours été vu comme les « ennemis » naturels des Gryffondor.  Face à cela, un vague sourire moqueur s’esquisse sur les lèvres du jeune homme compte tenu de la situation actuelle.

Elle lui assure alors de pouvoir si tel est son vouloir, insonoriser la pièce pour qu’aucun son n’en sorte tout en faisant en sorte qu’il entende ceux du couloir si jamais ses services sont requis. Si tant est qu’il se donne la peine de venir… Malgré les nombreuses punitions qu’il a récoltées face à ce genre de comportement de rébellion, il sait d’avance qu’il ne pourra pas s’empêcher de recommencer.  Il n’est pas un esclave quoiqu’il arrive et les traitements qu’il a subis ne parviennent pas à cicatriser à chaque nouveau maître qu’il rencontre. Le soin est pris de lui signaler que la fenêtre est protégée s’il pense pouvoir s’enfuir par là et la pousser à le traquer comme un animal… Cette remarque lui arrache un sourire un coin.

La confirmation lui est également donné qu’il sera seul et qu’elle n’entrera jamais de nuit et sans frapper tout du moins. Même si les maîtres l’ont habitué à revenir constamment sur leur parole, Duncan se sent légèrement soulagé de ne pas la savoir dans son champ de vision et dans « son espace » dès vingt-et-une heure.

La présence de la plume à papote ainsi que du parchemin prend tout son sens lorsqu’elle lui propose de lui dicter l’ensemble des éléments qu’il souhaite obtenir : meubles, vêtements ou autres… La lecture lui est également proposée même son accès y est limité forcément … Comme s’il souhaitait obtenir quoique ce soit d’elle à part ce dont on l’a privé injustement !
La jeune femme s’apprête à sortir et à le laisser seul quand finalement, elle revient l’interroger sur ce qu’il faisait avant.


-  Ce à quoi je servais avant ?  Tout dépend, j’ai servi en tant que domestique dans les cuisines, comme majordome à l’entrée, comme garde du corps pour forcer le passage. J'ai un certain don avec les animaux. On m'a utilisé à cette fin également une fois. Mais la plupart du temps, j’étais surtout… , commence-t-il à énumérer avant de fixer son regard durci par la rancœur dans celui de la jeune femme, … un objet. Sous toutes les formes qu'il puisse prendre …

Se détournant vers la fenêtre, le jeune homme regarde au loin. Comme il aimerait regagner sa propriété avec son frère. Mais il ne peut le faire. Même si on le délivrait de suite là maintenant, il ne pourrait s’enfuir tant qu’il n’aurait pas retrouvé son frère. Et quoi de mieux que sa situation pour le retrouver. Se rappelant la présence de la plume à papote et du parchemin, il les regarde brièvement avant de reporter ses yeux sur celle qui s’est acquis sa compagnie jusqu’à ce qu’elle se lasse de lui.

-  Ce que je désire ?, commence-t-il à dicter pour la plume à papote, Ma baguette, mon jeune frère et ma liberté pour retourner au sein de mon domaine en paix. J’ajouterai que j’aurais souhaiter retrouver mon honneur indemne mais le peu d’éclats  et les marques profondes que m’ont laissé les vôtres ne suffiront pas à le réparer. C’est tout ce que je puis accepter de vous, Mistress. Les seules choses que vous allez me refuser également.



833 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mer 24 Déc 2014 - 0:07, édité 1 fois
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L'ouroboros enchaîné.



(Thoreau) ▽ « Disobedience is the true foundation of liberty. The obedient must be slaves. »

Tu soupires. Le déplacement s’entend dans le bruit régulier de tes talons, calmement, jusqu’au vieux lit d’enfant sur lequel tu t’assieds, silencieuse. Cet endroit te met mal à l’aise mais tu n’en laisses rien paraître. Désormais, il est debout, tu es assise. Plus rien ne lui bloque l’accès à la porte, à la fuite. Ta baguette n’est même pas avec toi, de quoi lui laisser l’occasion d’attenter à ta vie. Pourtant, tu n’es ni tendue, ni glaciale. On pourrait presque lire de l’humanité dans cette nouvelle posture, et lorsque tu croise ta jambe gauche sur la droite, tu ne lâches pas la silhouette masculine du regard. « Tu veux la liberté ? Soit. Pars. Ma mère est trop peureuse pour te retenir, mon père trop occupé. » Tu pousses la vieille peluche poussiéreuse en forme de lapin, la replaçant contre le mur. « Et après, que ferais-tu, mh ? Si ta conception de la liberté s’apparente à courir nuit et jour comme du gibier, grand bien t’en fasse. » Tes paroles pourraient paraître un brin agressive mais cette fois, le ton est doux, parfaitement détaché de tout agacement ou colère. Tu peux comprendre sa haine envers les vôtres, sa rancoeur, seulement tu ne conçois pas la bêtise. Plus que tout, tu la vois comme la tare suprême, au dessus du sang ou des origines sociales.

« Tu te penses plus juste et plus humain que les Mangemorts, n’est-ce pas ? Pourtant tu me juges sur les apparences. » Comme tout le monde. Tu es habituée à n’être qu’un reflet, qu’un archétype que nul ne cherche à voir autrement, à connaître. C’est ton lot quotidien, que lui se glisse dans cette brèche ne devrait pas t’étonner. « Que crois-tu ? Que je t’ai acheté par plaisir, parce que j’en avais envie ? Parce que tu pourrais être utile ? » Le rire qui s’échappe de tes lèvres est à demi-désabusé. Tu es forcément la vile créature qui veut son malheur, pauvre petit chou maltraité. Il te voit comme un être ayant grandi dans le luxe et la facilité. « Tu veux savoir ce que tu fais ici, Duncan, mh ? » Et tu te redresses, souple, de ces gestes gracieux qui sont les tiens quand tu n’es plus prisonnière d’un abominable self-control. Tu t’avances vers lui, stoppant tes pas à quelques millimètres de son imposante carrure pour souffler : « Ton rôle, c’est de me maîtriser. Tu es là pour me tuer si je dépasse les limites du raisonnable au yeux de ma très chère famille. Une mort lente de tes mains nues. » Y a-t-il mort plus indigne pour une sorcière de ton rang ?

Et tu recules, un peu. Pas de geste brusque, seulement tes yeux bicolores ancrés dans les siens, entre la vieille mélancolie et la froideur de façade. « Je ne te demandais pas ce que tu faisais au service de tes maîtres précédents mais ce que tu aimais faire avant la guerre. Cesse donc de tout ramener à ton statut social, c’est agaçant et ma patience envers la bêtise a ses limites. Tu es un être humain, pas un objet, par Merlin. » C’est à ton dos, qu’il fait désormais face, tes bras croisés sur ta poitrine, l’attention se promenant sur l’ancienne décoration qui orne la pièce de ta solitude enfantine.  « Il m’est impossible de te rendre ta baguette parce que sa confiscation n’est pas de mon fait. Si tu étais moins borné, en revanche, je pourrais t’aider à savoir ce qu’il est advenu de ton frère. » Fille unique, tu n’as jamais eu la chance d’avoir un frère, ton seul cousin susceptible de jouer ce rôle ayant repoussé l’idée avec véhémence jusqu’à faire naître une longue rancune envers sa personne. « Fais preuve d’un peu de réflexion, je ne suis pas ton ennemie. » Ta main se porte à tes tempes. Le sifflement que tu perçois dans les étages se doit d’être ignoré. Céder aux caprices reptiliens serait imprudent, pas avec Duncan entre les murs, qui n’aurait rien pour se défendre. Tu sais que Daeva va tester tes limites face au nouvel arrivant, tu sais que les nerfs, la fatigue, ne font pas bon ménage avec ton don. Et tourner le dos à un rebut mécontent rendrait les tiens fous de rage. Tu t’en fiches. Silencieuse, tu as fermé les yeux, concentrée sur ta respiration, sur les souvenirs qui remontent malgré toi.

708 mots.
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Elle soupire et instinctivement, les muscles du jeune homme ne peuvent que se crisper à nouveau. Réaction logique et instinctive. Une question de survie avec ses précédents maîtres qui dépités de son comportement avaient toujours ce genre d’attitude avant que le premier sortilège ou coup ne fuse. Un coup de poing, un maléfice, une coupure, une fléchette, un verre ou une bouteille…  Du coin de l’œil, Duncan guette le signe annonciateur d’une attaque contre sa personne. La première… Sans doute la plus douce de toutes celles qu’il aura à subir par la suite.

Mais rien ne vient. Lucrezia s’assoit tranquillement sur le lit. Ses paroles l’invitent à quitter le lieu s’il souhaite tant que ça la liberté. La mère est trop apeurée et le père qu’il a rencontré un peu plus tôt est bien trop occupé pour résoudre ce genre de problèmes.
Visiblement l’idée ne semble pas tant que ça enchanter celle qu’il est censé servir puisqu’elle s’enquiert de ses plans à la suite de cette nouvelle liberté acquise prétendant que celle-ci s’accompagnera d’une chasse à l’homme. Comme s’il ne le savait pas !  Tout le problème est là. Il ne peut décemment pas courir nuit et jour et rechercher son frère en même temps pour le délivrer. Ce serait dur et il risquerait peut-être la mort s’il venait à être capturé ce qui n’aiderait en rien son cadet. De plus, s’ils venaient à se retrouver, cette chasse mettrait plus en danger son parent que son statut d’esclave. Si l’ancien Gryffondor ne pouvait accepter d’être traité en tant que tel, il serait sans doute prêt à accepter n’importe quoi pour mettre son frère à l’abri des sévices qu’il avait eu à subir.
Duncan était plongé dans ses réflexions lorsqu’elle l’accusa de se placer au dessus des mangemorts alors que lui-même la jugeait sur les apparences. S’il était sincère, il devait reconnaitre qu’elle disait vrai. Mais ce qu’il avait vécu ces trois dernières années ne lui permettait pas le luxe d’accorder sa confiance à qui que ce soit. Encore moins lorsqu’il s’agissait de la fille pourrie d’une famille de mangemorts en puissance !

A l’entendre, elle ne l’a pas acheté par plaisir comme en témoigne le rire presque amère qui s’échappe de ses lèvres. Certes, elle n’est pas à blâmer. Qui souhaiterait’ s’offrir une denrée déjà fortement abimée ? Mais c’est elle qui est venue le tirer de là où il croupissait gentiment. Et le regard lourd de sens qu’il lui lance lui indique clairement ce qu’il pense de la  chose jusqu’à ce qu’elle aborde subitement le sujet des raisons de sa présence. N’est-ce donc pas clair ? Il est son nouveau jouet, son nouvel objet…  C’est ce qu’il croit jusqu’à ce que sa pseudo véritable fonction ne lui soit dévoilée et ce qui est certain c’est que le jeune homme n’avait pas vu venir le coup.

Levant les yeux vers Lucrezia, son regard plonge et sonde le sien en une brève question muette. L’arrêter ? La maîtriser ? Voir la tuer ? Pas que l’envie de faire payer ces mangemorts lui manque mais il refusait une fois de plus d’être celui qui était utilisé. Jusqu’à présent il n’avait tué que peu de gens en légitime défense. Accomplir la basse besogne des parents de celle qui lui faisait face reviendrait à agir comme eux. Ses nuits étaient assez peuplées de cauchemars sans que la culpabilité ne vienne s’y ajouter.
Seule une certaine mélancolie et la froideur qui caractérisent tout ce lieu émanent de ses yeux vairons. La rancœur s’apprête à franchir les lèvres de l’écossais mais elle poursuit en en affirmant le voir comme un humain pas comme un objet. La fatigue couplée à ces dernières paroles font vaciller l’espace d’un instant la méfiance et la haine qu’il éprouve pour elle. Mais bien vite alors que le sujet de son frère est abordé, Duncan se referme à nouveau sur lui-même se morigénant d’avoir pu laisser s’abaisser légèrement sa garde durant quelques secondes !

-  Vous tuez au besoin ? Je ne suis pas le larbin de votre famille, Mistress. J’ai beau vous haïr du plus profond de mon âme, je ne tue pas sans réelle raison sur un ordre comme les chiens de Voldemort. Seule la menace pesant sur ma vie ou sur celle … , commence-t-il avant de se taire brusquement.

Comme toujours il en dit trop, l’énervement et les souvenirs qui affluent ont cette fâcheuse tendance sur lui. Là où d’autres s’énerveraient et briseraient tout … Lui parle à n’en plus finir. Quel abruti vraiment !

-  Seule une menace peut me pousser pour ma survie à tuer. En cas d’extrême nécessité. Je souhaite préserver ce qu’il me reste de nuit.  

Peu importe combien il a essayé, ses mensonges se sont toujours reflétés sur lui. Ce fameux tic qui a toujours fait rire sa mère… Il n’est jamais parvenu à l’atténuer ou l’effacer. Alors plutôt que de le lui montrer ouvertement, Duncan s’éloigne-t-il de la jeune femme avant de lui faire dos.

-  Je sais ce qu’il est advenu de mon frère. Il est à l’abri, j’en suis persuadé. Ne vous avisez pas de le mettre en danger ! , grogne-t-il presque avant de lui faire à nouveau face et de poursuivre d’une voix à nouveau égale, Avant la guerre, je …

Sa voix s’arrête net. Que lui dire qu’elle ne sache déjà ? Son dossier doit sans doute faire mention du début de formation en tant que sorcier d’élite alors à quoi bon lui cacher ? De plus, si c’était vraiment ce qu’elle souhaitait connaitre, lui demander se serait révéler inutile.

-  Mon dossier ou ce qu’il en reste doit mentionner une formation pour entrer au ministère. J’ai également un humble don avec les animaux. Je préfère largement leur compagnie à celle des êtres qui se disent humains. Je m’occupais du domaine agricole et donc d’eux. Mais j’ai des compétences en tant que domestique, bien sûr. Cette … réponse vous sied-t-elle davantage … Mistress ?




997 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mer 24 Déc 2014 - 0:08, édité 1 fois
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