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Aujourd'hui était un jour presque banal, morose, terne et pourtant j'arborais depuis le lever du soleil mon plus beau sourire. Le masque des apparences ne se fissure jamais en présence d'inconnu et me concernant même en présence de personnes connues. Ne faire confiance à personne et maîtriser l'art du paraître, voilà sur quoi repose toute mon éducation. Ma prison est mon secret, mon secret est ma prison, enchaîné à un mensonge depuis mes 3 ans, la liberté n'avait aucune réalité tangible pour moi. Oh non, ne vous méprenez pas, ce n'était pas pour faire payer les autres que j'avais choisi ce travail. S'occuper des ventes aux enchères des rebuts pour prendre une quelconque revanche sur l'enfance que j'avais eue, non loin de là. J'avais choisi ce poste en sachant pertinemment qu'il me permettrait d'être en relation directe avec ceux qui font et sont le pouvoir et ceux qui le subissent. Un poste stratégique même s'il était clairement mal vu par une grande majorité des sorciers. Oh, bien-sûr, peu nombreux sont les courageux qui osent me le dire ouvertement, je fais moi-même partie de cette élite aux nombreux privilèges. Moi qui porte le nom d’un homme dont le passif est si lourd que la simple évocation de son patronyme entraîne frisson et dégout. Pourtant, aujourd’hui n’était pas tout à fait un jour comme les autres, même pour moi. Dans quelques instants commençait une vente et je passais de “loge” en “loge” pour vérifier la bonne tenue des rebuts et la préparation de ceux-ci. Dossiers en main je vérifiais toutes mes informations afin que la vente se déroule sans accroc. Les sponsors principaux n’étaient pas encore arrivés aussi m’attardais-je quelques peu auprès des derniers. Je m’approchais d’Elisabeth Cready, d’un an ma cadette, une ancienne Serdaigle. Douce et fragile Elisabeth qui allait être jetée en pâture dans peu de temps , je me souvins d’un détail et prononçais d’un ton ferme qui n’attendait aucun commentaire de la part des préparateurs. Moins de maquillage, c’est une vente aux enchères pas une foire. Elle ne portait jamais de maquillage, en 6 ans ou j’avais pu la croiser à la bibliothèque elle n’en avait jamais.  Elle faisait partie de ces beautés naturelles qui plaisaient aux garçons en rut. Je croisais son regard quelques secondes, perdu, terrifié... et je ne pouvais rien y faire, au mieux conseiller l’acheteur le moins violent de l’acheter... mais sans aucune certitude de réussite. Terminez rapidement, la vente est imminente, elle passera en avant dernière, une fois préparée laissez-là tranquille. Je quittais le petit groupe pour rejoindre le suivant. Je sortais le parchemin m’indiquant son nom et ce qu’il avait fait... Duncan. J’avais toujours eu une très bonne mémoire et ce n’était pas la première fois que Duncan MacTavish passait par la case enchère, et ce n’était pas la première fois que je le voyais... ça remontait même à plusieurs années. Tout comme pour Elisabeth, c’était un ancien camarade de Poudlard, un Gryffondor de quelques années mon aîné. Je regardais le dossier avant d’entrer... je me souvenais parfaitement du sorcier qui l’avait acheté... ce simple souvenir me faisait froid dans le dos... Je lisais les dernières annotations tout en entrant, lorsque mon regard se posa sur le dos de Duncan... Des plaies, des brûlures encore à vif et deux préparateurs qui s’extasiaient. D’un ton glacial je les interrompais dans leur contemplation morbide. Où vous croyez vous? Ce n’est pas dans cet état qu’il sera vendu à son meilleur prix. Occupez-vous de la suivante je termine avec celui-ci, vous n’aurez qu’à venir le chercher pour son passage. J’attendais qu’elles s’éloignent avant de m’approcher de Duncan et de la table de préparation. Je posais mes dossiers avant d’attraper un onguent que je sentais. Je le reposais pour prendre le pot à côté. Une fois certaine de ce qu’il contenait j’en prenais une bonne dose et avant de la poser sur ses brûlures je lui précisais. Ne bougez pas, cela atténuera la douleur et accélérera la cicatrisation. C’était le rôle des préparateurs de veiller à ce que le rebut soit le plus présentable possible pour les enchères, mais le visage de Duncan me rappelait ce jour où il avait pris ma défense, s’en souvenait-il seulement? Cette souffrance cachée mais visible au fond de son regard sombre. Je posais l’onguent d’un geste doux et précis.
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Ca faisait plus d'une année qu'il n'avait pas eu à fréquenter l'endroit où les rebuts s'entassaient et où on les préparait soigneusement avant de les exhiber comme des objets pour les vendre au plus offrant. Lui-même était passé par là pour son premier maître il y avait un an et demi.
Tant de temps s'était écoulé depuis qu'il avait vu son frère et son meilleur ami pour la dernière fois. Etaient-ils en sécurité ? Le danger les guettait-il à chaque tournant ? Duncan avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'il avait quitté le bâtiment où il se retrouvait à nouveau désormais pour rejoindre celui qui l'avait acquis.

Il se souvenait encore parfaitement de sa vente. On l'avait poussé sur une estrade en vantant sa beauté, la force qu'il semblait avoir et les tâches dans lesquels il pourrait exceller auprès d'un sorcier. Il avait été inutile de lui faire un dessin : il serait utiliser pour accomplir sans doute des tâches lourdes. Mais cela ne l'avait pas effrayé. Déjà à l'époque, il s'était tenu droit, le regard fixé au loin, fier.
Un homme... ou plutôt une charogne avait fini par remporter les enchères et faire son acquisition. D'entrée de jeu, l'aspect de l'homme avait répugné l'ancien gryffondor. Outre la méfiance naturelle provoquée par son instinct de survie, il y avait ce quelque chose, ce sentiment étrange... cette intuition qu'il avait au sujet de son acquéreur qui le poussait à rester constamment sur ses gardes.

Et grand bien lui avait pris ! Loin de l'utiliser pour des travaux lourds, son maître s'était servi de lui le torturant mentalement comme physiquement. La douleur avait fini par devenir son lot quotidien. C'est alors que toute la perversité de son propriétaire s'était exprimée par des attouchements répétés qu'il avait tenté d'esquiver mais en vain... Sans baguette, Duncan s'était vite rendu compte de l'impossibilité d'échapper à la situation. S'il avait été plus lâche, si son frère n'avait pas été là quelque part à l'attendre, le premier objet contondant aurait largement fait l'affaire pour mettre fin à toute cette horreur. Mais Ewan guettait son arrivée dehors et il ne pouvait l'abandonner seul !

Aussi le jeune homme avait-il survécu jour après jour, enfouissant son âme au plus profond de lui-même, loin de la pièce où il se trouvait, dès les signes annonciateurs des penchants de son maître.
Ca avait bien marché. Très bien même ! Jusqu'à ce que tout cela ne suffise plus et que le monstre qui l'enchainait au propre comme au figuré, ne trouve bon d'expérimenter autre chose. L'avoir complètement et pour toujours. Le rendre indésirable aux yeux de tout autre éventuel propriétaire. C'était ça qui amusait cette déchéance à apparence humaine.

Un soir, il avait pointé pour la énième fois sa baguette en direction du grand roux qui n'avait pas bronché trop perdu dans son propre monde qu'il s'était forgé pour tenter de s'épargner la folie. Au lieu de le torturer quelque peu, un sortilège s'était échappé du frêle bout de bois. Ce genre de sort de feu qui lui avait rappelé le feudeymon utilisé par les mangemorts sur le moulin qui jouxtait sa propriété lors de sa capture. Le fer de ses chaînes avait flamboyé l'entravant tout en lui infligeant une cuisante brûlure.
L'impression de chaleur s'était rapidement transformé en douleur assassine et fort heureusement pour le jeune homme, il n'avait fallu que quelques secondes - les plus longues de sa vie - avant qu'il ne s’effondre et tombe dans l'inconscient. Cela s'était déroulé moins d'un mois plus tôt et même après un séjour à Sainte Mangouste, ses chairs étaient toujours à vif.

Duncan n'avait pas tout compris à sa situation et celui qui lui avait infligé cela. Tout ce qu'il savait c'est qu'il était de nouveau de retour au bureau de vente de rebut où il serait attribué à un nouvel être.

Un peu plus tôt, on l'avait tiré de sa cellule pour l'amener dans l'une des salles de préparation. Cela faisait plus d'une heure que deux préparateurs s'acharnaient sur lui. Il s'était montré buté à ne pas enlever sa chemise mais il n'y avait, une fois encore, rien eu à dire ou à faire. Ceux qui s'occupaient de lui l'avaient dévêtu d'un coup de baguette, exposant ses cicatrices qui semblaient clairement leur plaire. Ces dernières faisaient d'ailleurs l'objet de leur excitation et extase lorsqu'une voix claqua dans son dos leur rappelant où ils se trouvaient et leur incapacité à le rendre présentable pour le vendre au meilleur prix.

Cette voix lui semblait familière mais la colère que provoqua en lui le fait qu'il n'était à nouveau considéré que comme un objet ne lui laissa pas le temps de s'attarder sur la chose. Il n'en laissa cependant rien paraitre et laissa la nouvelle venue auquel il ne jeta pas le moindre coup d'oeil faire son office. Celle-ci, après avoir déposé ses dossiers sur la table de préparation, examina un pot avant de le reposer pour en saisir un autre qui visiblement lui convint. S'approchant de lui, elle lui enjoua de ne pas bouger pendant qu'elle lui appliquait l'onguent.

La voir l'approcher de si prêt et le toucher étaient une sorte de supplice pour Duncan qui ne supportait plus vraiment qu'on l'approche. La personne qui l'avait soigné à Sainte Mangouste s'était d'ailleurs montrée d'une patience inouïe pour lui faire accepter progressivement sa présence.
Conscient qu'il n'avait pas la force actuellement de se retourner contre son interlocutrice, il la laissa donc faire bien que son corps tout entier se soit contracté allant jusqu'à faire saillir les muscles de sa mâchoire.
Relevant les yeux, il rencontra ceux de la jeune femme. Son visage tout comme son identité lui frappa alors au visage.

-  Guenièvre ?  Guenièvre Lestrange ? , murmura-t-il avec incompréhension et méfiance.

Laissant son regard se promener sur la pièce pour cacher sa légère gêne face à ses meurtrissures, celui-ci se posa alors sur la pile de dossiers.

-  Oh bien sûr...  , s'amusa-t-il amèrement,  Une Lestrange ne pouvait travailler que pour le compte de Voldemort.  

Se passant la main sur le front, son comportement exprima clairement le ridicule dont il se croyait être affublé en l'instant.

-  Je te croyais différente, Gwen. , soupira-t-il faiblement et à peine audiblement avant de reprendre quelques instants plus tard, Quel imbécile je fais vraiment !  




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Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:05, édité 2 fois
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Certains disent qu’avec le temps on oublie tout. Ceux-là, les chanceux, n’ont rien de douloureux à oublier. Oui on oublie facilement son troll en première année à Poudlard, on oublie aisément son chaudron qui explose en troisième année. On oublie les bêtises d’enfants et d’adolescents mais le temps n’efface pas tout. Il est des douleurs lancinantes qui persistent et vous aiguillonnent régulièrement. Les douleurs physiques, une cicatrice qui jamais ne se refermera sans savoir pourquoi, sans se rappeler comment. Une douleur psychique comme des insultes trop souvent proférées. Et il y a ces petites douleurs de tous les jours, celles-ci plus insidieuses que les autres car on les choisit. Mon métier fait partie de ces tiraillements qui vous brûlent de l’intérieur. Non, je n’ai jamais apprécié vendre des sorciers qu’ils soient de sang-mêlés ou né-moldus et encore moins lorsqu’il s’agissait de camarades de Poudlard. Duncan faisait partie de ceux-là. Nous n’avons jamais été très proches mais en plus d’être un jeune homme agréable et bien élevé, il est le meilleur ami de Liam. Liam ... J’avais assisté à sa première vente aux enchères et n’avais rien pu faire pour lui épargner un des pires maîtres qu’il soit. J’étais tout de même loin de me douter de tout ce qu’il avait pu subir pendant sa période de captivité. Aujourd’hui, je tentais de lui adoucir ces instants même si j’étais bien consciente qu’il s’agissait là d’une goutte d’eau dans la mer. Je ne pouvais pas me permettre de faire d’avantage, cela aurait été risqué tant pour lui que pour moi. Si je faisais partie de l’élite et des adhérents, cela ne me donnait pas tous les droits, bien au contraire. S’il avait pu avoir une enfance libre et heureuse, il n’en était rien pour moi. Mais je devais me concentrer sur lui à cet instant précis, c’est sur sa peau que je découvrais des marques de brûlures et de coups. Malgré toute la douceur que je mettais dans mes gestes, je sentais tous les muscles de son corps se contracter. La douleur sans doute. Je m’appliquai à recouvrir au maximum les plaies, qu’importe que cela soit disgracieux pour la vente, je n’en avais au final pas grand-chose à faire, l’important étant que Duncan se sente mieux. Alors que je refermai le pot, nos regards se croisèrent enfin. Il était surpris, sans doute autant que moi lorsque j’avais croisé ses zébrures sur le dos. Il se souvenait de moi, de mon prénom et je ne répondais rien. Qu’aurais-je pu lui dire “oui c’est bien moi”? ou “Guenièvre Lestrange pour vous servir ?” aussi ridicule qu’idiot et déplacé. Non, je le laissais me dire ce qu’il avait sur le coeur. Au fond, ça lui faisait surement du bien.   Bien sûr, à quoi t’attendais-tu Duncan ? C’est vrai après tout, à quoi pouvait on s’attendre de la part d’une Lestrange ? Pourtant le ton que j’avais employé n’était pas agressif, bien au contraire. Je frottai mes mains l’une contre l’autre pour faire partir un maximum d’onguent et j’attrapai un bandage.  Tu n’es pas un imbécile, peut-être un utopiste mais ne te flagelle pas sans raison. Inutile qu’il se dévalorise tout seul, nulle doute sur le fait que son futur maître le ferait très bien pour lui. Je ne pouvais pas lui dire de but en blanc que je regrettais sa vente, que j’aurai voulu l’aider, il m’était impossible de dévoiler mes cartes. Je tentais d’être douce et courtoise afin de lui offrir  simplement un moment moins désagréable qu’avec les préparateurs mais je me fourvoyais sans doute.  Je vais poser le bandage, dis-moi si je serre trop fort. J’ignorais s’il avait d’autres blessures internes.  Ne penses-tu pas que les apparences sont souvent trompeuses ? Réfléchis bien, Duncan, observe toujours ce qui t’entoure. Là, aujourd’hui par exemple, il était complètement idiot de penser que j’allais sortir de ma poche une baguette, la lui donner en lui disant “va et sois heureux”. Nous nous trouvions au ministère, le jour des enchères. Autant dire le jour parfait pour que les raffleurs grouillent dans tous les coins. Il n’aurait pas fait dix pas qu’il serait de nouveau arrêté et moi par la même occasion. Je ne pouvais que l’inciter à réfléchir sur la situation et surtout sur mes actions passées comme présentes. Il avait toujours été plutôt réfléchi, j’espérais que sa captivité ne lui avait pas retiré cette qualité.
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Sa première réponse bien qu’énoncée sur un ton tout sauf agressif, frappe pourtant Duncan de plein fouet. A s’attendait-il, bien sûr ?  A autre chose que ce qu’il voit sous ses yeux. Peut-être pas à une loyauté sans faille, c’est certain. L’espace d’un instant son esprit redevient logique et lui remémore que chacun dans cette bataille est en danger. Cependant, l’ancien gryffondor ne se laisse pas attendrir. C’est trop dur, pas après ce qu’il a vécu… Pas après avoir appris qu’elle était aux premières loges de son humiliation.
Elle tente de l’apaiser en lui disant qu’il n’est pas un imbécile juste un utopiste. Il ne peut lui donner tort. Jusqu’à dernièrement, il avait vécu dans la naïveté bien à l’abri entre le domaine familial et Poudlard. Deux endroits où il s’était senti en sécurité et où il avait mis en exergue les préceptes et valeurs dans lesquels on l’avait élevé et auxquels il croyait. Il n’était pas le seul. Sans doute ne pouvait-il pas totalement la blâmer même s’il refusait d’excuser son comportement.
Guenièvre continua de s’affairer autour de lui, appliquant de l’onguent sur son dos complètement ravagé. Une immense brulure voilà tout ce qu’il restait. Sa cuisse droite était dans le même état mais elle était adroitement dissimulée par les lambeaux de son pantalon. Attention, voilà tout ce qu’il lui faudrait faire lorsqu’il se lèverait. Mais il se montrerait prudent et serrerait les dents pour éviter de boiter ou de marquer ne serait-ce que légèrement. Qu’elle voit ce qu’il était advenu de son dos était assez humiliant sans qu’elle ne doive voir toutes l’étendue des dégâts. Le jeune homme espérait juste que ce foutu dossier le concernant ne la renseignerait pas sur chaque parcelle de sa peau qui avait été atteinte.
Lorsqu’elle l’invita à se manifester si jamais elle venait à serrer trop fort son bandage, il ne put réprimer un petit rire amer. Savait-elle vraiment par quoi il était passé ? Comment pouvait-elle lui sortir ça avec tant de désinvolte ?
Mais cela ne sembla pas la dissuader puisqu’elle continua en lui assurant que les apparences étaient souvent trompeuses. Trompeuses ? Oh vraiment ! Ce n’était pas à lui qu’elle devait sortir ce genre de choses !
En colère, Duncan ne put s’empêcher de repousser avec le moins de brutalité que son ressentiment le lui permettait les mains de Guenièvre tout en se tournant pour lui faire face et planter son regard dans le sien.

-  Trompeuses, vraiment, Miss Lestrange ? , lui fit-il cynique en appuyant bien sur le terme qu’il avait employé pour la désigner, Crois-tu donc que l’état de mon dos est trompeur ? Qu’il s’agit d’une bataille héroïque dans laquelle j’ai eu la moindre chance de pouvoir me défendre ?

Les deux dernières fausses interrogations avaient vu son ton s’élever et devenir plus tranchant.

-  NON !, lui cria-t-il avec brutalité en se mettant sur son séant et en frappant son poing contre le mur le plus proche.

Appuyer sur sa jambe blessée était douloureux mais il se contenta de serrer davantage les mâchoires tout en forçant dessus. S’avançant vers la table, la douleur pulsa dans toute sa cuisse droite rouvrant les blessures dues au même sort ayant défiguré son dos et laissant une tâche rougeâtre grandir sur le tissu. Prenant néanmoins sa chemise, il se débarrassa du début de bandage appliqué par la jeune femme avant de l’enfiler.
S'avançant vers elle et malgré la répugnance qu'il avait pour les contacts physiques et qui en cet instant était complètement occultée par la rage sourde qui l'habitait, il l'enlaça, la plaquant contre lui tout en effleurant le coin de ses lèvres.

-   Dis-moi, Gwen, le garde y verra-t-il des circonstances trompeuses s'il vient à pénétrer dans la pièce en cet instant ?, lui murmura-t-il au creux de l'oreille avec méchanceté.

S'éloignant d'elle de quelques pas, il s'empara de son dossier et lui lança au visage.

-  C’est ça que tu appelles des apparences trompeuses, dis-moi Gwen ? Des tortures quotidiennes, une sorte de feudeymon en guise d’au revoir et des viols répétitifs ?

Lui tournant le dos, Duncan tenta de reprendre le contrôle de ses émotions. Il avait entendu du bruit de l’autre côté de la porte signe que le garde ne tarderait pas à se pointer s’il continuait à s’égosiller de la sorte.

-  Tu as sorti la même chose à ceux qui sont compactés dans les autres cellules ? Peut-être l’as-tu également sorti à Liam ou à mon jeune frère ?

La tâche de sang continuant de s'étaler, le jeune homme jugea bon de se rasseoir même si cela l'agaçait prodigieusement.





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Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:05, édité 2 fois
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Duncan était le premier rebut avec qui je prenais autant de temps. En plus de ne pas faire partie de mes attributions, je préférais rester éloigner au maximum de tout ce tapage autour de la préparation des enchères. Certes compliqué vu mon poste mais pas impossible. En général je ne faisais que passer et donner quelques ordres sans trop m’attarder sur les sorciers qui étaient vendus. Chacun prenait ça comme il voulait mais c’était ma façon de leurs faire le moins de mal possible. Je représentais les mangemorts, le magister et ils n’avaient en aucun cas envie de me voir. Et comme pour Duncan, j’avais connu certains sous un jour beaucoup plus agréable. J’avais de toute façon en ma possession l’intégralité de leurs dossiers même s’il était rare que je les explore en détails. A quoi bon ? Pourquoi devrais-je moi aussi  violer leurs intimités ? Je prenais ce dont j’avais besoin pour les présentations et c’était tout. Je n’avais d’ailleurs fait qu’effleurer celui du Gryffondor, son nom seul avait suffi pour attirer mon attention. Je n’étais pas sans connaitre les méthodes de « remise à niveau » des rebuts et encore d’avantage les manières de faire obéir leur rebut  de certains maîtres mais si je pouvais orienter certains acheteurs je n’avais pas la main sur quoi que ce soit. Le dos de Duncan était à lui seul l’exemple parfait de tout ce qui pouvait m’écœurer dans cette vente d’esclave mais je n’en montrais rien. Assez de compassion pour le jeune homme et du désintérêt pour tous les autres sorciers. C’est ce qu’on attendait de Guenièvre Lestrange, qu’elles soient froide et que son camp soit bien marqué. Pourtant le jeune homme m’avait touché et j’allais entendre des bruits de couloirs de la part des préparateurs puisque j’avais voulu m’occuper de lui, seule. Je trouverais alors quelque chose à dire, j’avais beaucoup d’imagination dès qu’il s’agissait de camoufler quelque chose d’important. Je m’affairais autour du jeune homme de façon calme, silencieuse et douce afin de lui permettre de respirer. Je pensais, visiblement à tort, qu’il apprécierait la démarche mais j’avais vraisemblablement dit ce qu’il ne fallait pas dire puisqu’il se tourna et repoussa mes mains. Je lâchais le bandage, surprise du ton dont il usait avec moi. Il était en colère, ce que je pouvais parfaitement comprendre mais que je sois le réceptacle de celle-ci était un peu plus complexe à encaisser. Je ne pouvais qu’imaginer ce qu’il avait enduré mais je ne pouvais pas en porter toute la responsabilité. J’avais mes tors, nous en avions tous, mais il était inutile de me blâmer pour tous ces mots. Je tentais pourtant de ne pas répondre à sa colère par la mienne et tentait au mieux de l’apaiser, comme je tentais de le faire depuis que j’avais viré les deux préparateurs. Je n’ai jamais dit ou insinuer cela... Je ne minimisais pas ce qu’il avait subi, lorsque je parlais de choses trompeuses je parlais de mon attitude. Après tout, il avait bien remarqué, lorsque nous étions à Poudlard que je n’étais pas, tout à fait, comme les autres Serpentard à l’éviter, le dénigrer ou faire simplement comme s’il n’existait pas. Je voyais son visage devenir plus dur, ses mâchoires se serrés, la douleur qu’il devait ressentir devait être intenable et il ne souhaitait pas le montrer ce que je pouvais comprendre. Il se leva, chose que je lui aurai déconseillée s’il m’avait laissé la liberté d’énoncer le moindre mot sans me cracher son ressentiment au visage. Je le laissais enfiler sa chemise et reculais d’un pas quand il s’approcha de moi. Loin d’imaginer qu’il me tiendrait de cette façon et encore moins qu’il approcherait son visage du mien. Je me retenais de lui donner une giffle ou de le pousser. Ce n’était pas l’envie qui me manquait mais je le voyais dans un tel état de souffrance que lui infliger ça aurait été de la pure méchanceté. Il y verra la chance de coller une Lestrange à Azkaban, au fond c’est peut-être ce que tu cherches. Brutal, oui, mais il devait comprendre qu’on ne pouvait pas jouer avec ça… pas de cette façon. Cherchait-il à ce que tout le monde subisse ce qu’il avait subi ? La méchanceté de ces paroles, la violence de ces actes ? Oui, je n’avais jamais eu la moindre envie que nos lèvres s’effleurent preuve en était que je reculais rapidement dès qu’il m’eut lâché, j’essuyais mes lèvres de la main et me protégeait de son jet de dossier.  Je le plaignais, sincèrement mais il n’était pas seul à vivre cette guerre et si j’étais compatissante avec  lui je ne pouvais pas me permettre d’être le soutien indéfectible qu’il lui fallait. Ma vie et mes diverses activités ne pouvaient pas l’aider, pas maintenant en tout cas. Je le laissais débiter ses paroles tout en ramassant le dossier, il avait sans doute besoin d’extériorisé sa peine. Je suis désolée de tout ce que tu as pu subir Duncan, sincèrement, mais je ne suis pas responsable de tous tes maux. Tu dois te calmer il n’arriverait rien de positif si un garde venait à entrer ici… Il me tournais le dos mais je l’observais toujours avec attention. Il parlait des autres rebuts, de Liam … et quoi qu’il puisse en dire ou penser cela me touchait. Ne pas le montrer était habituel pour moi. Je fronçais néanmoins les sourcils en voyant une tache sur son pantalon. Je sais que tout ce que je pourrais dire n’apaisera pas tes douleurs. Je ne sais pas ce que tu attends de moi ou ce que tu imagines. Tu es le seul que je sois venu voir ici à mes risques et périls. Non, je ne me plains pas, je suis venue ici de mon plein gré mais sûrement pas pour qu’on m’utilise comme défouloir. Je reposais le dossier sur la table et ré ouvrais l’onguent que je lui tendais.   Oui, je m’occupe des ventes aux enchères et grâce à ça je sais que tu obtiendras bien plus de sorciers je dirai… convenable si tu es en bon état physique. Soigne cette plaie à la jambe, laisse-moi t’aider. Juste cette fois-ci. Et nous serons quittes. Il m’avait sauvé la mise à Poudlard je pouvais l’aider aujourd’hui, il devait réfléchir et agir dans le bon sens même s’il était clair que je n’oublierai pas cet instant et que je réfléchirais à deux fois avant de rester seule avec les rebuts, aussi familier soient-ils.
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La Serpentard essayait de le calmer et l’apaiser. Il le voyait mais loin de parvenir à lui donner ce sentiment, cela attisait d’autant plus sa crainte. Ce genre de comportement ressemblait, pour lui, à de la pitié. Or qu’y avait-il de plus humiliant que de faire pitié aux autres ? Sa fierté déjà fortement touchée ne pouvait pas en supporter davantage.

L’attitude qu’il venait d’avoir à son égard était abjecte, digne d’un crétin… du genre d’imbéciles qui l’avait importunée et avait nécessité son intervention lorsqu’ils étaient encore à Poudlard. Duncan les avait méprisés et voilà qu’il agissait comme eux. Sa situation était différente de la leur, bien sûr, mais ça aurait été une erreur que de se donner ce genre d’excuses.
Néanmoins, Gwen ne se laissa pas démonter. Après lui avoir assuré que ce qu’il semblait chercher se réaliserait peut-être – à savoir l’envoyer à Azkaban -, elle se désola de ce qu’il avait subi, lui assurant qu’elle n’y était pourtant pour rien et qu’il fallait qu’il se calme pour éviter tout problème si un garde ne venait à entrer. De la pitié… Encore !  Comment pouvait-il se calmer dans ces conditions alors qu’elle le regardait et le traitait comme une pauvre petite chose apeurée et sans défense ? Il n’était pas sans défense ! Rosenbach l’avait blessé, humilié, attouché. Il avait tenté de le briser mais il n’y était pas parvenu. Certes, le jeune homme était loin d’être dans un brillant état mais il était toujours debout, il avait survécu et il exécrait cette pitié qui se déversait de chacun des mots qui sortaient de sa bouche.

La jeune femme n’en démordait pourtant clairement pas. Son argumentation tenait la route. Qu’importe ce qu’elle lui dirait, rien ne pourrait effacer ce qui s’était passé. Non seulement son corps en portait les traces indélébiles mais son âme elle-même avait été profondément affectée par ce que ce foutu Rosenbach lui avait fait subir durant cette très longue année et demie. Lui-même ne parvenait pas à savoir ce qu’il attendait d’elle. Ce n’était pas foncièrement contre elle qu’il en avait.  C’était contre ce système, ce gouvernement et ceux qui restaient bêtement là à supporter toutes ces horreurs. Il n’avait pas de visée particulière contre la Serpentard. Une partie de lui se doutait qu’elle avait sans doute chercher à l’aider en lui permettant de souffler loin des deux olibrius dont les regards s’attardaient et s’émerveillaient de l’aspect qu’avait revêtu sa peau brûlée à vif. S’il n’avait pas vécu l’enfer, si le jeune homme était toujours celui immaculé, innocent et naïf de Poudlard alors peut-être aurait-il pu comprendre et voir ce qu’elle cherchait à faire pour lui. Mais la personne qu’il avait été autrefois semblait disparaitre plus les jours avançaient, plus une baguette se dressait contre lui pour lui faire subir des tortures qu’il recevrait en se dressant contre son maître du moment. Il venait de quitter le premier de son existence… Combien d’autres suivraient jusqu’à ce qu’il puisse quitter cette vie, retrouver son frère et ses deux meilleurs amis avant de regagner son domaine paisiblement ? Son esprit serait sans doute marqué à tout jamais. Il cauchemarderait probablement encore souvent bien que peu à peu cela finirait par s’estomper face à la douceur de son foyer retrouvé. Même sa peur d’être toucher finirait peut-être par diminuer avec le temps.

Gwen s’avança vers la table où elle reposa le dossier et reprit l’onguent qu’elle lui tendit avant de l’inciter à soigner la plaie qu’il venait de rouvrir à sa jambe, l’encourageant en prétextant que la laisser l’aider lui permettrait de rembourser sa dette. Sa dette ? Comme s’il l’avait fait dans ce but !  

-  Arrête ! , grogna-t-il colérique en s’emportant à nouveau.

Se calmer, il devait se calmer et ne pas s’emporter inutilement contre Gwen. Peut-être … Peut-être était-elle dans une situation en apparence plus reluisante mais qu’au fond, elle-même vivait dans la crainte. Duncan repoussa en bloc cette idée. Cependant, il s’imposa un attitude moins versatile envers la jeune femme.

-  Je …, commença-t-il avec difficulté, Désolé. Mais… Le garçon qui t’a aidé voilà plusieurs années à Poudlard ne l’a pas fait en espérant acquérir une faveur par la suite. Rosenbach m’a fait changer, je ne peux pas le nier mais … l’homme que je suis aujourd’hui n’agit toujours pas dans cette optique. Lorsque je t’ai aidée à Poudlard, je n’attendais rien de toi en échange, Gwen. Pas plus que lorsque nous avons un peu discuté par la suite. Tu n’as AUCUNE dette envers moi, sache-le.

Se passant une main dans ses cheveux roux entremêlés, un soupir las s’échappa des lèvres de l’ancien Gryffondor.

-  Je te présente également et sans doute pour la dernière fois mes excuses pour le comportement que j’ai eu à l’instant … comme pour celui que j’ai eu un peu plus tôt. C’était impardonnable mais … je suis vraiment las de tout ça, Gwen. Peut-être agiras-tu de toute manière de cette façon mais … à l’avenir, peut-être vaudrait-il mieux que tu te tiennes sur tes gardes vis-à-vis de moi. Ce que Rosenbach m’a fait … ce que d’autres me feront … Je….

Hésitant, Duncan releva les yeux pour les planter dans ceux de l’ancienne Serpentard, un léger sourire mélancolique aux lèvres. L’espace d’un instant, l’élève turbulent qui faisait les quatre cents coups dans tout Poudlard avec Liam et Bryan apparut dans la pièce avant de disparaitre comme il était venu.

-  Soignez cette plaie ne me semble pas nécessaire. Je ne pense pas tomber sur un maitre mieux intentionné à mon égard sans vouloir te paraitre pessimiste., lui fit-il avant de se saisir de l’onguent qu’elle lui tendait, Néanmoins, ne pas le faire te mettra sans doute dans une situation difficile.

Retroussant le pantalon large qu’il portait jusqu’à hauteur de cuisse, la brûlure qu’il portait également à cet endroit apparut au grand jour, lui infligeant une cuisante humiliation de se voir affaibli de la sorte.

-  Je t’en prie… Fais en sorte que mon frère, Ewan ou bien Bryan et Liam n’aient pas à subir ça. Trouve-leur de vrais bons maîtres, je t’en conjure., lui murmura-t-il en commençant à appliquer l’onguent sur sa blessure ce qui lui arracha une grimace.




1032 mots


Dernière édition par Duncan MacTavish le Mar 6 Jan 2015 - 23:06, édité 1 fois
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La pitié était une émotion humaine, naturelle, du moins elle aurait dû l’être mais visiblement certaines personnes en étaient dépourvues comme l’ancien maître de Duncan. Lorsque mon regard s’était posé sur les cicatrices de jeune homme, oui j’avais éprouvé de la pitié pour lui comment aurait il pu en être autrement? Je ne souhaitais ce qui lui était arrivé à personne pas même à ma tendre mère pour qui j’avais tant de griefs. Je n’étais pas la plus démonstrative dans mes sentiments, je n’étais pas allé le serrer dans mes bras tentant à tout prix de le consoler. Non, je n’étais pas ce genre de fille. Jouer les infirmières très peu pour moi. Il me fallait toujours doser mes émotions, jamais trop, jamais trop peu. Une Lestrange se devait d’être forte mais Guenièvre était une jeune femme fragile et sensible. Je m’évertuais depuis longtemps à ne faire transparaître trop mes émotions mais aujourd’hui Duncan semblait mal, très mal prendre ce que je lui offrais, soit une oreille attentive et un sourire compatissant. Je ne pouvais faire plus aussi devrait il s’en accommoder, du moins le temps que je disparaisse pour les enchères. J’aurai pu crier, user de ma baguette, le repoussé violemment mais je n’en avais rien fait. Je savais pertinemment qu’un raffleur l’aurait rapidement reconduit pour qu’il soit à nouveau “travail” avec les entraîneurs afin qu’il soit plus docile pour son prochain maître. Le Gryffondor avait subit assez pour que je lui inflige ça moi même. Pourtant, je ne pourrais le nier, son geste resterait longtemps gravé dans ma mémoire. Un geste qui aurait pu avoir tant de conséquences. Des conséquences dont il ignorait la portée. Je ne pouvais pas me permettre de me découvrir maintenant. Il s’emporta de nouveau grognant que je cesse de lui être agréable. Soit. Il aurait ce qu’il voulait. Apprends Duncan qu’à notre époque tout à un prix. Les enfants que nous étions à Poudlard n’existent plus. Comment ne pouvait il pas encore avoir compris ça quand des sorciers osaient en vendre d’autres. Nous n’étions plus des enfants, notre enfance était même très loin derrière nous, me concernant elle remontait si loin que je n’en avais pas de souvenirs précis. Je connaissais assez le jeune homme pour le croire lorsqu’il me disait que son geste à l’époque était désintéressé tout comme l’avait été ma venue  dans sa tente de préparation. Je n’avais vu là qu’une occasion de lui offrir un moment de répit et je n’espérais rien de lui par la suite. Pas même qu’il se souvienne de ce geste qui avait de toute façon mal tourné. Je l’écoutais me présenter ses excuses pour son comportement. Je les acceptaient en silence, mes paroles étant de toute façon retourné contre moi. Il m’observait et j’en faisais de même, sans animosité. Ne te préoccupes pas de ma situation. Je te donne un conseil libre à toi de le suivre. Le pessimisme ne te conduira nulle part et si je te dis qu’être en bonne forme t’aidera pour la vente, crois-moi, je connais les acheteurs d’aujourd’hui. Les ventes aux enchères relevait de mes compétences, je contactais les sponsors et les potentiels acheteurs, je savais ce qu’ils souhaitaient et je connaissais les rebuts en vente. Il n’était pas rare que j’aiguille les acheteurs du moins quand j’avais en main toutes les cartes. Je n’étais pas seule à m’occuper des enchères et j’avais parfois les mains lier. Il daigna enfin soigner sa cuisse, se faisant je reprenais le dossier et une bande que je lui tendais sans le regarder ni lui ni sa plaie.  Je te promets de faire de mon mieux et si je vois un jour ton frère ici je saurai t’en avertir. Serre cette bande au maximum ça te permettra de te tenir droit. Une fois qu’il eut prit la bande je posais ma main sur son menton afin qu’il me regarde.  Quoi qu’il puisse arriver Duncan, ne baisse jamais les yeux, n’oublie pas que tu es un sorcier. Qu’il avait la même valeur si ce n’était plus que les sorciers qui pouvaient l’acheter. Des bruits commençaient à se faire entendre, quelques personnes devaient s’approcher. Ils discutaient mais nous étions encore assez loin d’eux pour n’être pas entendu. Nous n’avions plus beaucoup de temps mais je tenais à ce qu’il comprenne ce que je voulais lui dire.
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Tout avait un prix à leur époque et ils n’étaient plus des enfants … Ceux qui avaient grandi, découvert la magie, ri lors de leurs études à Poudlard n’étaient plus qu’un vague souvenir. La jeune femme tentait clairement de le mettre en garde comme s’il était un enfant, un simple gamin qui ne réalisait pas encore. Malheureusement, elle se trompait fortement. Il s’en était rendu compte. Dans un premier temps, il se l’était refusé. Protégeant son âme en l’enfouissant au plus profond de lui, bien loin des horreurs qu’il voyait et vivait chaque jour de son existence depuis sa capture, sa tactique avait fini par ne plus suffire et la réalité l’avait rattrapé et frappé de plein fouet. L’ancien Gryffondor n’était pas stupide. Il n’espérait pas être revendu à un meilleur sorcier, pas plus qu’il n’espérait pouvoir dans une année ou deux s’être complètement remis de ce que Rosenbach lui avait fait endurer chaque jour de l’année et demi qui venait de s’écouler. Non, son seul espoir résidait dans la survie et la protection de son jeune frère. Si Ewan allait bien… alors tout allait bien et tout irait bien. Tant que le garçon serait à bonne distance et protégé des mangemorts et du gouvernement qui avait fait de lui un esclave, alors il endurerait pour son bien tout ce que ces monstres abjects avaient à lui donner. Il ne se briserait pas !
De son côté, Gwen lui conseilla de ne pas se préoccuper de sa situation et de suivre son conseil en mettant de côté son pessimisme, en se préparant au mieux à sa vente.  Les acheteurs présents ce jour étaient bien connu de l’ancienne Serpentard. En tant que représentante et dirigeante des ventes, il est certain que ses connaissances à leur sujet devaient être plus conséquentes que celles qu’il avait. Une fois de plus, il serait exposé, jaugé et estimé. Cette perspective l’agaçait, le révulsait et l’ennuyait d’avance. Mais son avis ne serait pas pris en compte alors à quoi bon lutter sur ce point ?
La jeune femme reprit le dossier et une bande qu’elle lui tendit sans même daigner lui accorder un regard. C’était mieux quelque part. Ses yeux scrutateurs ne lui auraient pas vraiment plu compte tenu de son état ou plutôt de l’état dans lequel ce salaud l’avait mis.
Tandis qu’il s’activait à bander la plaie, elle lui assura qu’elle ferait de son mieux et que si elle croisait son frère, elle se débrouillerait pour l’en avertir. Cette promesse à peine voilée, surprit Duncan qui en oublia complètement la bande qu’il s’appliquait à mettre autour de sa cuisse. Celle-ci s’échappa d’entre ses mains tandis que ses pensées se bousculaient dans sa tête. Un moyen, il avait peut-être enfin un moyen de savoir si jamais son frère était pris. Mais pouvait-il vraiment compter sur la personne qui lui faisait face ? Ne lui avait-elle pas clairement dit un peu plus tôt que les enfants qu’ils avaient été n’existaient plus ? Comment pouvait-il accorder sa confiance tant bafouée jusqu’ici à une femme qu’il ne connaissait sans doute plus si tant est qu’il l’ait connue un jour…
Se resaisissant, l’écossais ramassa le bandage et s’évertua à l’appliquer à nouveau avec soin alors qu’elle lui conseillait à nouveau de la serrer au maximum pour lui permettre de se tenir droit.

Prenant le menton entre ses fin doigts, son acte l’intima à relever son regard bleuté pour le river dans le sien. La déclaration qu’elle lui fit alors le toucha bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Ne jamais baisser les yeux, ne pas oublier qu’il était un sorcier… Pour lui qui avait vécu les 18 derniers moins comme un moins que rien, battu, violé, torturé et rabaissé, cela brillait d’une lueur d’espoir. Il n’en avait clairement rien laissé transmettre devant Rosenbach mais son acharnement et ses actes avaient entamé son esprit et celles apaisantes et encourageantes de Gwen venaient de poser un baume sur le début de carnage que le mangemort avait causé. Un baume précieux qui lui procurerait une nouvelle, épaisse et indestructible carapace.

-  Mer… Merci, Gwen., bredouilla-t-il à son attention avant de se redresser en serrant les machoires, Je ne les baisserai plus jamais… quoiqu’il arrive.

Alors qu’il terminait de bander sa cuisse, des échos de discussion résonnèrent dans le couloir.

-  Je me remets entre tes mains en ce qui concerne mon frère. Envoie-moi n’importe où, chez n’importe lequel de ces salauds finis. Tant que j’ai une chance d’être informé de la présence de mon frère parmi les rebuts ou d’une quelconque information le concernant, peu m’importe ce qu’il advient de moi.

La discussion se rapprochait inexorablement.

-  C’est pour bientôt, hein ?, lui lança-t-il avec un bref sourire las avant qu’il ne se ressaisisse pour adopter l’allure fière qu’il avait toujours eue, Liam et Bryan sont aussi quelque part, traqué. Si tu les aperçois, protèges-les et oriente-les vers des maîtres … enviables. Je suis prêt à prendre la leur, sache-le et n’hésites pas. Je tiendrai bon.



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Liam, Duncan et Bryan. Un trio aussi soudé que pouvait l’être Hermione Granger, Harry Potter et Ronald Weasley. Trois amis qui en avait fait voir de toutes les couleurs aux professeurs de Poudlard. Les Serpentards parlaient d’eux comme des trouble-fête, des bons à rien de Gryffondor, des sang-mêlés pour ne pas dire sang de bourbe qui ne méritaient rien de mieux que les heures de colle que Severus pouvait leur offrir. De mon point de vue ils étaient simplement trois jeunes qui profitait de la vie et des amusements qu’elle pouvait offrir. Ils étaient rafraichissants même si j’en disais jamais rien. Je discutais avec Duncan de temps à autre et avec Liam également. Concernant Bryan nous n’avions fait que nous croiser sans jamais nous adresser la parole. Il était celui des trois qui était toujours un peu en retrait, du moins c’est ce que je pensais. J’avais vu, une fois, le petit frère de Duncan en photo mais il devait avoir bien changer depuis. Il tenait à lui et je lui enviais autant cet amour fraternel que la relation qu’il entretenait avec ses deux meilleurs amis. Je n’avais jamais réellement connu ça. Ethaniel était mon frère, certes, mais face à notre mère il n’avait jamais levé le petit doigt. Il détournais le regard lorsque les gifles sifflaient sur mon visage ou que les sorts fusaient en ma direction. Il n’était pas d’accord avec la façon dont elle me traitait mais il ne faisait rien pour changer quoi que ce soit aussi ce n’était pas une relation fraternel “normale”. Rien, chez les Lestrange n’était normal à dire vrai. Ma mère avait réussi à faire enfermer mon père à Azkaban et pour payer sa dette elle avait accepter d’élever une gamine sorti de nulle part en remplacement de sa fille récement décédée... qui ferait une chose pareille??? Quand au père, une fois sorti d’Azkaban il avait repris contact avec ses enfants, un à un les entrainant pour qu’ils deviennent des adhérents. Un père et une mère parfaitement respectable à n’en pas douter. Concernant les amis je n’en avais jamais eu beaucoup. Des connaissances, des “cousins” ça oui... beaucoup mais de vrais amis. Très peu. Parce que mes secrets étaient un frein et parce que j’avais un mal fou à faire confiance à qui que ce soit. M’attacher n’était pas dans ma nature même si je luttais souvent contre. Une partie de ce qui avait été brisé chez Duncan à Azkaban n’existait pas chez moi et cette simple pensée m’effrayait. Je lui laissais un peu de temps pour lui, pour reprendre ses esprits pour qu’il comprenne que je ne voulais, en effet, que l’aider. J’esquissais un fin sourire lorsqu’il me remercia, il était important qu’il conserve une certaine estime de lui, il n’était pas un moins que rien malgré tout ce qu’il avait pu subir.  Je le ferai. Une promesse déguisée mais une promesse tout de même, si j’avais la moindre nouvelle et quelque soit son prochain maître je lui en ferai part. Je finissais par reconnaître les voix qui approchaient et ce n’était pas Liam qu’ils venaient chercher.  Oui, c’est pour bientôt mais tu as encore un peu de temps, les raffleurs ne viendront te chercher que lorsque ton tour sera arrivé... Un peu de répit, j’allais me débrouiller pour lui en offrir. Il parlait de Liam... le savoir traqué enserrait mon coeur. Mon qui pensait le protéger en l’éloignant de moi se retrouver traquer comme un animal...  Je ferai de mon mieux Duncan... prends soin de toi. Tu es un homme, un sorcier et tu mérites mieux ne l’oublie jamais. Les pas s’approchaient et je me tenais bien droite, remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Fière, digne le regard sûr, j’observais Duncan devant moi et alors qu’une main frappait un coup à la porte je disais d’une voix forte.  Vous allez passer le reste de la préparation seul, sachez que ce n’est pas de cette façon que vous obtiendrez mes faveurs. Je me retournais tombant nez à nez avec un raffleur qui posait son regard de Duncan à moi en revenant sur Duncan.  Vous tombez bien, je veux que ce rebut n’ai plus aucune préparation, il ne mérite pas tant d’attention de notre part! Je quittais la pièce de Duncan non sans un dernier regard furtif en sa direction. Je devais me concentrer sur la vente... malgré tout.
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Une promesse… Pour beaucoup ce n’était pas grand-chose mais aux yeux du jeune homme c’était une chance inopportune. Certes, elle pouvait ne pas s’y tenir. Les pires mensonges pouvaient lui être racontés, les pires choses lui arriver. Cependant, peut-être que tout se passerait au mieux. De vraies nouvelles lui seraient peut-être données. Des pistes pour retrouver ses meilleurs amis et son frère lui seraient peut-être offertes.

-  Merci, murmura-t-il de manière quasi inaudible à un tel point qu’il ne saurait jamais si l’ancienne Serpentard l’avait entendu ou non.

Des voix continuaient d’approcher dans le couloir. Duncan ne les reconnaissait pas. Peut-être finirait-il par pouvoir le faire s’il fréquentait assez souvent l’endroit. S’il s’y retrouvait régulièrement et assez longtemps, cela allait de soit.
La jeune femme lui confirmera que ce serait bientôt son tour mais pas encore. Les rafleurs ne se présenteraient à lui qu’une fois son moment venu.  C’était la deuxième fois qu’il subissait ces enchères, cette foire aux bestiaux où il était le monstre de foire exposé, pesé, jaugé, évalué et estimé. La première fois qu’il y était venu, on venait tout juste de l’arracher à son domaine en brûlant le moulin de la propriété voisine en passant. Sale et rempli de griffes et de blessures, les préparateurs l’avaient bichonnés ce qui s’était répercuté sur sa vente. Les potentiels acheteurs l’avaient pris pour un Weasley avant qu’on ne les détrompe en énonçant son véritable nom. Sa haute stature, sa carrure massive et  surtout ses yeux bleu limpides avaient provoqué la convoitise de plusieurs membres de l’assistance. Cette fois, pour son second tour, ce ne sera sans doute pas les mêmes éléments que les spectateurs venus se régater du spectacle de sa déchéance pointeront du doigt et qui retiendront leur attention. A n’en pas douter, nombreux seront ceux qui auront entendu parler des ravages provoqués par Rosenbach. Peut-être que l’ignoble sorcier en personne se présentera lors des enchères. Cela n’aurait rien d’étonnant même si une appréhension gagne l’ancien Gryffondor à cette idée. Ce n’est pas de la peur. Il y a fort longtemps que ce genre de sentiments s’est échappé de lui. Juste une sorte de malaise à l’idée de le rencontrer de nouveau, de le revoir après leur dernière entrevue qui a failli lui coûter la vie. Le fait que ce hasard qui n’en a que le nom, puisse se produire face à d’autres êtres vivants parfaitement au courant de ce qui les lie, le dérange et l’agace plus que nécessaire. L’étrange sensation de voir sa vie privée ou ce qu’il en reste, piétiné,  s’intensifie. Nul doute que ce ne fera qu’augmenter lorsqu’il sera amené à réellement leur faire face.
Alors que les pas continuent d’approcher, Gwen lui réaffirme une dernière fois qu’il est un homme et un sorcier méritant mieux que ça. Même si le jeune homme ne doute pas de ce qu’il est, il ne peut s’empêcher de ne plus vraiment être d’accord avec les paroles qu’il vient d’entendre. Certes, il est et sera à jamais un sorcier mais il n’a plus vraiment l’impression d’être un homme. Il n’est pas un monstre mais à cet instant, l’homme bon qu’il a été par le passé semble avoir volé en éclat. Les bris qu’il a hâtivement enserrés contre son cœur pour le protéger ne renvoient qu’une image floue, altérée et abimée de ce qu’il a été par le passé : un jeune homme joyeux, plein de vie et de bonté.
Lorsqu’une main frappa à la porte, l’attitude de son ancienne condisciple changea du tout au tout. Du cinéma, sans doute, pour le protéger … A moins que ce ne soit pour se protéger elle-même dans l’arène où elle évoluait…  Les dernières paroles qu’il entendit venant d’elle fut un refus de le voir préparer davantage puisqu’il ne le méritait pas. Oui, Gwen l’avait sans doute fait en partie pour elle mais elle venait également de l’astreindre du retour des préparateurs qui avaient commencé à darder leur regard amusé et d’une curiosité maladive sur ses plaies.
La jeune femme ne lui accorda pas un regard mais c'était mieux ainsi. Intérieurement, Duncan lui fit ses adieux.



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