|
sujet; (dransy) — eyes like a car crash |
WIZARD • always the first casuality Pansy Parkinson ‹ disponibilité : dispo bitches
‹ inscription : 25/10/2014
‹ messages : 4640
‹ crédits : prométhée
‹ dialogues : 'lightcoral'
‹ âge : vingt-quatre ans (née le 5 mars 1980)
‹ occupation : rentière déchue, mondaine destituée.
‹ maison : le choixpeau s'est a peine attardé sur sa tignasse brune avant de l'envoyer à Serpentard, dont elle est devenue préfète en 5ème année.
‹ scolarité : de 1991 à 1998.
‹ baguette : Elle faisait 19 centimètres, en merisier et cheveux de vélane, capricieuse et imprévisible, sensible aux sentiments négatifs. Cette baguette a cependant été volée par le Limier et aujourd'hui, elle en utilise une autre, bien moins adaptée à sa main.
‹ gallions (ʛ) : 9003
‹ réputation : Rien qu'une sorcière de salon, une bonne à pas grand-chose en dehors des ragots et commérages, une peste se régalant du malheur des autres, une idiote aveuglée par ses sentiments, moralisatrice en dépit de son propre penchant pour les écarts et les erreurs. Le roquet de Malfoy, puis celle que Blaise Zabini a cocufié, abandonné puis engrossé avant de partir à nouveau. Une garce qui mérite tout ce qui lui arrive. Une enfant gâtée, malgré l’aide donnée aux insurgés dans l’infirmerie de fortune de Poudlard.
‹ particularité : Complètement à la dérive depuis la fin de la guerre, on la croise souvent alcoolisée et cruelle, prête à se greffer à la moindre rixe, au moindre esclandre.
‹ faits : Elle a perdu la garde de ses filles, les jumelles Violet et Briar-Rose (née en Aout 2002) à la fin des combats, car on a jugé son sang pur comme inapte à les élever et ce même si leur père, Blaise Zabini, est considéré comme un héros de guerre. Elle a également perdu sa fortune et son statut et n’a plus aucune influence. Personne n'est tendre avec elle car les anciens rebelles la voient comme une garce à abattre et les sorciers lambda n'ont l'image que d'une gamine pourrie gâtée qui vivait dans une tour d'ivoire alors qu'ils crevaient de faim. Condamnée à vivre dans une demeure autrefois grandiose mais maintenant totalement insalubre, elle ère coincée entre sa mère tyrannique et sa tante furieuse, désœuvrée et désabusée.
‹ résidence : Dans l'hôtel particulier Parkinson, situé dans le quartier de Barkwith, sur le Chemin de Traverse. Ancien symbole d'une grandeur aujourd'hui étiolée, la demeure tombe en ruine et menace de s'écrouler depuis les émeutes de janvier 2002. Ses parents possédaient un manoir à Herpo Creek, il n'en reste qu'un tas de cendres et elle n'a plus accès à son bel appartement de la Bran Tower depuis la désertion de Draco durant laquelle elle a également pris la fuite.
‹ patronus : Une hirondelle à peine corporelle
‹ épouvantard : Les corps inanimés de Briar-Rose et de Violet.
‹ risèd : Simplement un matin ordinaire, des draps clairs et propres, une chambre lumineuse, des rires d'enfant emplissant le couloir avant que les deux têtes brunes ne sautent sur l'épais duvet. Un avenir pour elles, aussi, surtout.
| Eyes like a car crash ; That little kiss you stole, it held my heart and soul and like a deer in the headlights I meet my fate. Don't try to fight the storm, you'll tumble overboard. Tides will bring me back to you. L’oisiveté ne réussissait pas à Pansy. Allongée sur son lit, les yeux rivés sur la fenêtre, elle observait le ciel en se concentrant de toutes ses forces sur les formes étranges que pouvaient prendre le branche de l’arbre qui, depuis la cour de la demeure londonienne des Parkinson, bloquait partiellement sa vue, dansant avec les reflets argentés d’une lune dérangée par le jour approchant inéluctablement. Trop de pensées, de souvenirs, d’inquiétudes tourbillonnaient dans son crâne, folle mélopée prenant des embardées terrifiantes à chaque recoin sombre. Elle n’avait pas dormi, cette nuit et l’idée la rendait un peu folle car ce n’était pas la première fois qu’elle ne parvenait pas à sombrer, à trouver un peu de paix, pour quelques heures du moins. Le visage grave, refusant de regarder l’horloge trônant au-dessus du manteau de la cheminée car elle savait que c’était un pièce vicieux, elle restait juste là, allongée, la gorge serrée, incapable de savoir si un mauvais pressentiment l’habitait ou s’il s’agissait juste d’une méfiance due au contrecoup de la guerre, des abandons et de toutes les choses qui, depuis Poudlard, avaient merdé d’une façon magistrale, glorieux foutoirs où elle n’était plus capable de se retrouver, gardant la tête hors de l’eau sans appeler à l’aide mais ayant de plus en plus de mal à le faire. Si elle n’était pas activement impliquée, si elle restait bien souvent dans l’ombre, l’anxiété qui tournait à plein régime dans son système, mêlée à une hargne évidente et grandissante, finirait par la ronger avec la même force qu’un combat, qu’un sortilège impardonnable bien placé. Elle n’avait pas de quoi s’occuper l’esprit, pas assez du moins. Il y avait trop de banalités, de mondanités, trop de choses sans aucune importance ou aucun sens. Elle aimait ce monde, la beauté des soirées élégantes, le luxe évident dans lequel elle avait pu grandir. Elle aimait le raffinement et le pouvoir mais de plus en plus, quelque chose lui donnait envie de hurler par moment. L’enchainement inévitable des discussions toujours similaires, le ballet interminable des cocktails et autres rencontres, trop identiques pour ne pas laisser à son esprit une marge de manœuvre où il pouvait dangereusement vagabonder. Inspirant profondément, elle passa une main sur son front et, sous ses draps, elle se retourna pour bouder le jour qui n’allait pas tarder, apportant avec lui une nouvelle suite d’évènements fades. L’oisiveté ne lui réussissait pas, l’ennui non plus et, allongée là, elle commençait à manquer d’objectivité et à trouver que chaque aspect de sa vie avait à peu près autant de saveur et d’intérêt qu’une bièraubeurre dégazée. Evidemment, alors que cette constatation la heurtait comme un magicobus en pleine face, lui donnant envie de rouler ses yeux à l’arrière de sa tête assez fort pour qu’ils restent coincés et qu’elle n’ait pas à contempler l’étendue de son ennui, un craquement sonore s’éleva dans la distance, brièvement, assez pour qu’elle se demande si elle l’avait imaginé ou si quelqu’un venait bel et bien de pénétrer dans la demeure pourtant bardée de sortilèges de protection divers et variés. Les temps étaient troublés, il était impossible de vivre dans une maison qui ne s’avérait pas être correctement ensorcelée pour protéger ses habitants. Soudain assise dans les draps, le souffle court, un peu hagarde, Pansy fixa sa porte en cherchant à se souvenir d’où elle avait laissé sa baguette. Tantôt sur la table de nuit, tantôt sur la coiffeuse, elle n’était jamais bien loin mais quelques secondes pouvaient faire une différence et la jeune femme n’était pas la meilleure duelliste au monde, manquant surement un peu d’entrainement pour développer ses réflexes. Quelque part, son éducation trop carrée, trop parfaite, finirait par la pénaliser et c’était dans ce genre d’instance qu’elle s’en rendait réellement compte. Retenant sa respiration pour guetter un autre bruit, un autre signe d’intrusion, elle se décida ensuite à bouger, glissant le plus silencieusement de son lit. Ses parents se trouvaient à l’étage inférieur, probablement encore en train de dormir et il était trop tôt pour qu’un elfe de maison s’affaire ici, ils étaient après tout beaucoup trop effrayés à l’idée de la réveiller et de s’attirer son courroux, la connaissant trop bien et ayant récemment vu comment elle pouvait traiter la rebut, nouvelle addition aux gens de service de la maisonnée. Un léger frisson remontant le long de ses jambes lorsque ses pieds touchèrent le parquet mais elle ne s’y attarda pas, tentant déjà de se souvenir de quelles lames craquaient lorsqu’on marchait dessus afin d’essayer de les éviter. Contournant son lit défait, elle récupéra un déshabillé en coton ancien et dentelle délicate, l’enfilant par-dessus sa chemise de nuit pour couvrir ses épaules et le nouant à la va-vite autour de sa taille. Les dents serrées, elle eut pendant un bref instant l’impression de perdre la tête mais elle lorsqu’elle ferma sa main autour de sa baguette, un semblant de courage vint l’habiter, la poussant à se presser pour aller vérifier si oui ou non, quelqu’un avait réussi à franchir les barrières magiques qui entouraient la demeure de son enfance. En silence, elle tira la porte de sa chambre, ouvrant la voie vers le couloir et retenant un nouveau frisson lorsque l’air glacé vint l’effleurer, lui faisant regretter son lit, puis sa chambre rendue douillette par le feu de cheminé entretenu via sortilège. Depuis qu’elle était gamine, elle avait toujours trouvé que certains couloirs et certaines volées de marches de cette maison semblaient terrifiants, le genre d’endroit où on pouvait s’attendre à ce qu’une main osseuse et dégoutante vienne vous attraper la cheville. Elle n’avait plus huit ans, cependant et, se redressant pour se grandir un peu, elle serra plus fort ses doigts autour de sa baguette, afin d’être sûre de sa prise, avant d’attraper de sa main libre un porte-bougie en bronze qui trônait sur une console en haut des escaliers. La porte du boudoir, petit salon adjacent à sa chambre qui formait, avec une salle de bain et un bureau les quartiers que Pansy occupait, seule la plupart, était ouverte mais seulement entrebâillée, l’empêchant de voir à l’intérieur. Inspirant plus fort avant de bloquer son souffle, cherchant à ne pas paniquer alors que l’ourlet de sa chemise de nuit effleurait ses jambes à cause des nombreux courants d’air qui pouvaient traverser la maison, elle poussa le pan de bois avec sa baguette en priant pour qu’il ne grince pas, levant en même temps l’arme ramassée un peu plus tôt, au cas où. Et puis l’impression d’être une pauvre idiote la rinça brutalement lorsqu’elle réalisa à qui appartenait la silhouette aux cheveux si blonds qu’ils en semblaient argentés. Une vague de soulagement la submergea, faisant tourner son estomac et puis elle se souvint qu’une personne avait accès à la maison, à ses quartiers en particulier, peu importe l’heure du jour ou de la nuit, peu importe les protections magiques. Draco se tenait là, ayant débarqué sans être annoncé, non pas qu’elle se souciait réellement de ce genre de conventions lorsqu’on en venait au Malfoy, habituée depuis longtemps à l’avoir près de lui d’une façon irrégulière mais très fréquente, présence nécessaire dans sa vie. « Mais ça va pas, non ? Tu m’as flanqué une peur pas possible ! » souffla-t-elle, d’un ton pressé et un peu autoritaire, quand bien même elle chuchotait pour ne pas prendre le risque d’alerter tous les habitants des lieux, ne souhaitant pas vraiment que Draco se fasse jeter dehors par un monsieur Parkinson craignant, en vain mais ça il n’en savait rien, pour l’honneur et la réputation de sa fille unique… unique échelle sociale à sa disposition. Elle relâcha la pression qu’elle avait maintenu tout le long de sa colonne vertébrale, baissa son arme de fortune et sa baguette et fit le tour du jeune homme pour aller déposer le candélabre en bronze sur la table en marqueterie la plus proche, se retournant ensuite pour lui faire face. Un hoquet lui échappa et son expression changea, oubliant l’agacement amusé et l’espoir de divertissement et de sortie interdite aux aurores. ▲
Dernière édition par Pansy Parkinson le Dim 9 Nov 2014 - 17:37, édité 2 fois |
| | | |
PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
• Eyes like a car crash (Dransy) •
Ne rien faire était un crime. Agir revenait à risquer l’erreur. Impasse. Frustration. Rage. Douleur. Tourbillon de sensations déplaisantes, d’émotions négatives. Douleur, encore. Les odeurs s’entrechoquaient à lui donner la nausée – bois brûlé, métaux fondus, poussière, pierres humides, chairs explosées, cadavres, sueur et sang, curieux cocktail dégueulé à flot sur cette nuit riche en violence. Ce n’était pas la débauche d’actes cruels qui était le pire, pourtant ; les hommes du Magister ne pouvaient se targuer d’être plus délicats que l’avaient été les Insurgés durant les dernières heures – bien que leur rôle de héros venait de gommer quelques-uns de leurs ignobles péchés aux yeux de la population ébranlée. Non, le plus infect avait été de devoir pister les rebelles en se laissant mener par le bout de la baguette, des heures durant ; et qu’ils parviennent par-dessus tout à échapper au duel grâce auquel les Mangemorts et leurs collabos avaient pensé pouvoir, enfin, leur faire payer leurs affronts. Qu’ils se défilent avec les Rebuts enlevés avait encore aggravé la situation : le Lord était entré dans une colère noire, demandant des comptes à tout va – mais comment ses hommes auraient-ils pu surveiller leurs demeures, alors même qu’ils se devaient de pallier les dégâts causés à travers le Londres sorcier ? De calmer la communauté enflammée par ces agressions aussi multiples qu’inattendues, dans la mesure où les rebelles se prétendaient jusqu’alors défenseur de la justice et des droits des sorciers ? L’argument restait toutefois invalide aux yeux de Celui auquel ils avaient prêté allégeance : seule comptait l’efficacité à ses yeux, et il ne pouvait souffrir que ses hommes se laissent dépasser par une situation, si complexe et imprévisible puisse-t-elle l’être. La punition s’était avérée plus cuisante encore que l’échec – comme souvent – et Malfoy avait la certitude qu’il garderait longtemps sur la langue le goût de cendres, de mort ; et tout particulièrement les effluves brutaux des maléfices qui avaient réduit de longues minutes la glorieuse Milice à l’état de loques gémissantes, secouées de spasmes irréguliers… Spectacle pathétique et dégradant, mais n’avaient-ils pas signé pour ce traitement, après tout ? Il était encore au sol lorsque l’ambiance se transforma brutalement, que l’aura du Lord passa de furibonde et déchaînée à… réjouie. Satisfaction malsaine, son à glacer les sangs ; il refusait de se questionner au sujet de ce qui les attendait à présent. Le soulagement fut intense, lorsqu’il comprit que l’esprit du Lord s’était désormais détourné d’eux pour bifurquer vers d’autres lieux, d’autres… victimes. Les rebuts. Tandis que les Marqués bénéficiaient d’un instant de répit et le mettaient à profit pour se redresser, un propriétaire fut convié à approcher le Magister. L’interpelé s’exécuta en tremblant ; il n’y avait autour de lui personne pour lui manifester la moindre pitié, le moindre soutien. Les réflexions étaient les mêmes, cloîtrées derrière les lèvres muettes mais presque écrites sur les traits des ombres sombres qui se déclinaient en cercle autour du simili trône du maître des lieux : pourvu lui plutôt que moi. N’importe qui d’autre que moi. Mais il fallait croire qu’ils avaient déjà payé entièrement leurs failles, puisqu’il n’y eut pas de sort cette fois… seulement l’ordre d’exhiber à la vue de tous le tatouage qui liait le rebut à son bourreau attitré. Puis l’indication d’une brève formule pour accompagner le mouvement. La seconde d’après, un esclave en fuite se retrouvait projeté parmi eux ; fauché en pleine course, il se heurta de plein fouet contre celui qui l’avait appelé – celui qui, bafouant l’éthique, l’avait privé de son statut d’humain pour en faire un simple objet dont disposer à sa guise. Lors Voldemort venait de dévoiler une caractéristique des symboles gravés sur la peau des nés-moldus ou rebelles vendus : c’était une chaîne, ni plus ni moins. Draco ne broncha pas tandis que l’incrédulité tordait les traits du fugitif piégé, se muait horreur, puis se teintait en colère désespérée alors qu’il comprenait qu’il était perdu. Il ne fut que le premier d’une longue liste : aucun d’eux n’y échappa. Certains, les derniers, arrivaient amochés : ils avaient tenté de se mutiler pour se débarrasser des dessins qui, piège incrusté à même leur épiderme, les ramenaient à l'odieux statut de martyr dont ils s'étaient brièvement crus libérés. Sacrifice vain, cela au moins les Mangemorts le savait : seul un propriétaire pouvait rompre le lien qu’il avait créé, et encore – lui-même ne pouvait escompter le faire seul. C'eût été trop simple. Les hurlements qui s’élevèrent par la suite ne furent pas ceux des Mangemorts. Ils contribuèrent à les arracher cette fois, infligeant la tourmente en guise de vengeance cruelle pour le traitement qu’ils avaient subi par la faute des Insurgés et des Rebuts ; exutoire inespéré pour leur colère restée inassouvie jusqu’alors. Les cris, les suppliques, les craquements des os sollicités à l’extrême et au-delà de leurs limites jusqu’à ce qu’ils menacent de rompre, les rires sadiques en trame de fond – cette cacophonie explosait encore aux oreilles de Draco, martelait son esprit fiévreux lorsque l’autorisation de quitter le QG fut enfin prononcée. Il se fondit autant que possible dans les ombres pour éviter d’être rappelé par quiconque et, surtout, pour éviter d’attirer de nouveau l’attention du Lord sur lui. Son regard, à moitié masqué par la capuche relevée de sa cape, croisa celui de Nott, à qui Malfoy adressa seulement un signe de tête. Son corps était au bord de la rupture et il mettait un point d’honneur à n’en rien laisser voir, mais était intimement conscient du fait qu’il ne pourrait pas s’infliger bien longtemps un semblant de maîtrise. Il lui fallait transplaner dès que possible, ce qu’il fit immédiatement après avoir échappé aux barrières protectrices du repère à flanc de montagnes, savamment creusé par Slytherin à des siècles de çà, et investi par son descendant quelque deux ans auparavant. Les sorts du Manoir Malfoy n’eurent aucun mal à reconnaître son flux magique et le laissèrent donc pénétrer dans le domaine sans lui opposer la moindre résistance. A priori tout semblait intact à l’œil vigilant de Draco, qui fouillait chaque ombre, chaque potentiel lieu d’observation en quête d’un mouvement suspect. L’envie de s’effondrer juste là aurait été terriblement tentante s’il n’avait été si pétris de dédain à l’égard du laissé aller que sa mère considérait comme un inacceptable manque d’éducation. Aussi traça-t-il sa route en s’arrêtant aussi peu souvent que possible. Il avait besoin de s’assurer que nul indésirable n’était entré chez lui et que son fils était bien là, sain et sauf. « Tipsy ! » éructa-t-il d’un ton pressant ; un craquement sonore accompagna l’arrivée de l’elfe, à laquelle il ne laissa pas le temps de placer un mot superflu. « Est-il arrivé quoi que ce soit en mon absence ? Des rôdeurs, une tentative d’effraction ? » « Rien Monsieur, Tispy a attentivement surveillé le Manoir après le départ précipité des maîtres. Tipsy ne laisserait personne s’en prendre au jeune maître Scorpius ! » Un poids dont il n’avait pas eu conscience jusque-là fut chassé des épaules de Draco par ces simples mots vibrant de vérité. « Très bien. Tu es un excellent serviteur », concéda-t-il, aussitôt agressé par les yeux larmoyants d’émotions de la créature. C’était une vision hideuse – il battit rapidement en retraite pour ne pas écoper des remerciements dégoulinants de bons sentiments qui, il s’en doutait, menaçaient de déborder. Ses jambes flageolantes se firent violence pour le porter jusqu’à la chambre de son garçon et il nettoya d’un sort ses mains souillées de sang, ôta sa cape trempée puis s’assura qu’aucune lumière ne filtre avant de se glisser par la porte entrouverte. Il était là. Son espoir, sa raison de vivre. Scorpius. Malfoy se laissa tomber à genoux aux côtés de la petite forme recroquevillée dans un lit trop grand, agité par des cauchemars récurrents ; un élan de gratitude gonfla son palpitant alors qu’il effleurait du bout des doigts le visage juvénile pour assimiler le fait qu’il était intact. En apprenant que les attaques des Insurgés avaient touché des domiciles en plus des institutions et boutiques, il avait imaginé le pire, s’était mille fois maudit d’avoir répondu à l’appel de son Maître au lieu d’être resté s’assurer que nul ne s’en prenne à sa famille. Le Manoir ancestral était incartable, certes, mais ceux qui en connaissaient l’emplacement pouvaient le retrouver… et c’était justement le cas de Potter, Weasley et Granger. « Papa ? » Le murmure ensommeillé le tira de ses réflexions déplaisantes et, cessant de s’autoflageller inutilement, il s’efforça d’instiller dans sa voix rauque, brisée d’avoir été trop utilisée, une inflexion rassurante. « Je suis là. Rendors-toi. » Ne jamais paraître en proie aux doutes. Ne jamais sembler inquiet. C’était l’attitude qu’il s’efforçait de maintenir autant que possible depuis des années – car Scorpius tendait à discerner avec une acuité affolante ses instants de faiblesse, et en était inévitablement ébranlé. A ses yeux d’enfant, son père était infaillible. S’il savait… Un rictus amer étira le coin des lèvres du jeune père et, après s’être accordé quelques minutes pour puiser des forces dans la présence du petit être, il se retira sans un bruit. « Le Maître s’en va déjà ? », couina Tipsy en l’aidant à réenfiler ses effets. « Reste vigilant cette nuit et au moindre problème, contacte-moi chez Pansy. » La piqûre de culpabilité lui mordit de nouveau les entrailles, mais il savait qu’il ne parviendrait pas à se calmer s’il n’était pas auprès d’elle. S’il n’avait pas, également, l’assurance qu’elle aussi avait échappé à la furie des Insurgés. Transplanage forcé — il tirait sur la corde, ses membres protestaient ; il était passé près de la désartibulation cette fois et jura entre ses dents, conscient qu’il n’aurait tout simplement pas la force de refaire le trajet pour rentrer. Il y eut une légère résistance cette fois, au passage des sorts ; il traversait une faille créée par Pansy et lui, suivant les conseils d’un professionnel, afin qu’il puisse pénétrer directement dans le boudoir attenant à sa chambre si besoin. Il n’y avait recours qu’en cas de visites privées dont il préférait que les parents de la jeune femme (ou les voisins) n’aient pas vent. Son corps heurta lourdement le sol comme il fut incapable de se réceptionner debout, et il lui fallut du temps pour reprendre son souffle. C’était stupide — Pansy verrait son état de toute façon — mais il voulait retrouver contenance avant de se présenter devant elle. Le sang pulsait à tout rompre à ses tempes, il lui semblait que sa tête menaçait d’éclater sous la pression ; il lui fallut de longues minutes pour ne plus y voir flou, pour stabiliser sa position, et lorsqu’elles furent écoulées la voix de la jeune femme s’éleva derrière lui. Réprimande chuchotée avec emphase : « Mais ça va pas, non ? Tu m’as flanqué une peur pas possible ! » Il força une esquisse de sourire, bêtement incapable de tourner vers elle son visage tuméfié tant il en avait honte, et opta pour le ton de la plaisanterie : « Me voilà offusqué, je pensais être le seul pour qui tu avais facilité l’accès à ta chambre... » Il n’y avait bien sûr rien de sérieux dans cette phrase, il était seulement étonné qu’elle n’ait pas songé immédiatement à lui. L’inquiétude lui barra toutefois le front tandis que ses pensées d’un peu plus tôt lui revenaient : « A moins que tu n’aies eu à t’inquiéter d’une autre intrusion ce soir ? » Mais l’attitude de la jeune femme lui soufflait que la réponse serait négative. Elle ne se doutait pas des bouleversements de cette nuit, sa démarche tranquille en attestait ; d’ailleurs, sans doute n’avait-elle pas remarqué l’était du blond à la seule lueur du candélabre, sa chemise tâchée de carmin (qui virait déjà au brun en séchant) étant soigneusement masquée sous une cape noire, qui absorbait quant à elle la teinte déjà ternie du liquide qui l’avait humidifiée elle aussi. Lorsqu’elle se tourna finalement pour lui faire face, après s’être déchargée des bougies, Draco eut le réflexe de détourner le regard pour fuir le sien. Ceci jusqu’à ce qu’elle exhale un hoquet surpris qui le poussa à affronter, presque défiant, son visage horrifié. Il se sentait plus bas que terre, à chaque fois que sa peau portait les traces de sa subordination. Son orgueil l’empêchait de voir autre chose que de la pitié briller dans les yeux qui se posaient sur lui en de telles circonstances, bien que la part consciente et logique de son esprit savait pertinemment que Pansy ne pensait rien de tel. Que comme toujours, elle souffrait pour lui. Avec lui. Parce que les mots lui semblaient difficile à assumer, il garda le silence et prit sur lui pour céder à ce que réclamait son corps. Il avait besoin de son contact, de sa chaleur, d’elle ; aussi repoussa-t-il les barrières qu’il se permettait d’abaisser en face d’elle, rompant la distance entre eux pour poser son front contre le sien et glisser ses mains au creux de ses paumes. « J’ai craint qu’ils aient pu essayer de s’introduire ici », avoua-t-il, formulant finalement l’idée qui l’avait taraudé avant qu’il ne la voit. Avisant l’incompréhension de la jeune femme, il insista : « Les Insurgés. Tu n’as rien entendu ? » L’hôtel particulier des Parkinson était bien situé en ville, et il n’avait pas pensé que l’information ne serait pas parvenue jusqu’à eux. « Ils ont lancé plusieurs attaques cette nuit. » Draco n’ajouta rien de plus sur l’instant, tout simplement incapable d’entamer un résumé ainsi. La tête lui tournait de nouveau et il choisit de s’asseoir, peu enclin à attiser la consternation de Pansy en s’effondrant littéralement devant elle. |
| | | |
WIZARD • always the first casuality Pansy Parkinson ‹ disponibilité : dispo bitches
‹ inscription : 25/10/2014
‹ messages : 4640
‹ crédits : prométhée
‹ dialogues : 'lightcoral'
‹ âge : vingt-quatre ans (née le 5 mars 1980)
‹ occupation : rentière déchue, mondaine destituée.
‹ maison : le choixpeau s'est a peine attardé sur sa tignasse brune avant de l'envoyer à Serpentard, dont elle est devenue préfète en 5ème année.
‹ scolarité : de 1991 à 1998.
‹ baguette : Elle faisait 19 centimètres, en merisier et cheveux de vélane, capricieuse et imprévisible, sensible aux sentiments négatifs. Cette baguette a cependant été volée par le Limier et aujourd'hui, elle en utilise une autre, bien moins adaptée à sa main.
‹ gallions (ʛ) : 9003
‹ réputation : Rien qu'une sorcière de salon, une bonne à pas grand-chose en dehors des ragots et commérages, une peste se régalant du malheur des autres, une idiote aveuglée par ses sentiments, moralisatrice en dépit de son propre penchant pour les écarts et les erreurs. Le roquet de Malfoy, puis celle que Blaise Zabini a cocufié, abandonné puis engrossé avant de partir à nouveau. Une garce qui mérite tout ce qui lui arrive. Une enfant gâtée, malgré l’aide donnée aux insurgés dans l’infirmerie de fortune de Poudlard.
‹ particularité : Complètement à la dérive depuis la fin de la guerre, on la croise souvent alcoolisée et cruelle, prête à se greffer à la moindre rixe, au moindre esclandre.
‹ faits : Elle a perdu la garde de ses filles, les jumelles Violet et Briar-Rose (née en Aout 2002) à la fin des combats, car on a jugé son sang pur comme inapte à les élever et ce même si leur père, Blaise Zabini, est considéré comme un héros de guerre. Elle a également perdu sa fortune et son statut et n’a plus aucune influence. Personne n'est tendre avec elle car les anciens rebelles la voient comme une garce à abattre et les sorciers lambda n'ont l'image que d'une gamine pourrie gâtée qui vivait dans une tour d'ivoire alors qu'ils crevaient de faim. Condamnée à vivre dans une demeure autrefois grandiose mais maintenant totalement insalubre, elle ère coincée entre sa mère tyrannique et sa tante furieuse, désœuvrée et désabusée.
‹ résidence : Dans l'hôtel particulier Parkinson, situé dans le quartier de Barkwith, sur le Chemin de Traverse. Ancien symbole d'une grandeur aujourd'hui étiolée, la demeure tombe en ruine et menace de s'écrouler depuis les émeutes de janvier 2002. Ses parents possédaient un manoir à Herpo Creek, il n'en reste qu'un tas de cendres et elle n'a plus accès à son bel appartement de la Bran Tower depuis la désertion de Draco durant laquelle elle a également pris la fuite.
‹ patronus : Une hirondelle à peine corporelle
‹ épouvantard : Les corps inanimés de Briar-Rose et de Violet.
‹ risèd : Simplement un matin ordinaire, des draps clairs et propres, une chambre lumineuse, des rires d'enfant emplissant le couloir avant que les deux têtes brunes ne sautent sur l'épais duvet. Un avenir pour elles, aussi, surtout.
| Eyes like a car crash ; That little kiss you stole, it held my heart and soul and like a deer in the headlights I meet my fate. Don't try to fight the storm, you'll tumble overboard. Tides will bring me back to you. « Me voilà offusqué, je pensais être le seul pour qui tu avais facilité l’accès à ta chambre... » Avait-il soufflé, presque amusé, la faisant se sentir un peu idiote, alors qu’elle cherchait à le houspiller de lui avoir flanqué la trouille. Elle n’avait pu s’empêcher de songer à un enfant caché derrière l’embrasure d’une porte, près à crier un ‘bouh’ énergique pour faire sursauter une victime fortuite. Ces temps-là, cette innocence était trop loin pour se permettre pareille tranquillité d’esprit. Assurément, il pouvait bien se douter qu’en dépit des protections efficaces, rendues poreuses sur mesure, discrètement amoindries lorsqu’elles concernaient le jeune Malfoy, qui pouvait aller et venir à sa guise chez elle, Pansy était sur le qui-vive lorsqu’un bruit suspect résonnait dans la demeure au milieu de la nuit. Ils écumaient des temps troublés, après tout. Les ennuis grondaient comme un orage en fond de vallée, menaçant au possible. Comme s’il avait été à même de lire dans ses pensées, il avait alors ajouté presque aussitôt « A moins que tu n’aies eu à t’inquiéter d’une autre intrusion ce soir ? », sa voix moins légère, la plaisanterie n’était plus de mise et elle n’avait même pas besoin eut de secouer la tête pour balayer cette éventualité, ce n’était pas ça qui l’avait gardé éveillé, ce n’était pas la peur qui l’avait privé de sommeil et la peur provoquée par Draco n’avait été qu’un feu de paille… Un feu de paille qui menaçait à présent de se transformer en brasier terrible, pour d’autres raisons. Ils se connaissaient pratiquement par cœur. C’était ce genre de chose qui crevait les yeux lorsqu’on les voyait côte à côte. Ils se ressemblaient mais plus que ça encore, ils se complétaient et il suffisait d’un coup d’œil pour comprendre que cette dynamique entre eux était, justement, incompréhensible, d’une puissance sans commune mesure et d’une intensité redoutable... Ils étaient du même monde et ils s’étaient trouvé des années plus tôt pour ne plus se lâcher, ne l’avouant jamais vraiment quand bien même la certitude était là, tacite. Pansy avait grandi près de Draco et lui en avait fait de même, se forgeant au fil du temps alors qu’ils se rapprochaient un peu plus à chaque souffle. Ils connaissaient leurs secrets respectifs et pouvaient identifier chacun des états de l’autre, parce qu’ils avaient tout partagé, des premiers émois aux premiers complots, des premières cuites aux premiers vrais chagrins… Partant de là, il avait fallu moins d’une seconde pour que la brune sente que quelque chose n’allait pas. Un instant, une seconde d’éternité suspendue entre eux alors qu’elle scrutait son visage dans la pénombre uniquement dérangée par une flamme qui dansait irrégulièrement à cause de tous les mouvements. Une respiration avait eu le temps de s’échapper, rien de plus, avant que son masque ne tombe et avant que l’inquiétude change du tout au tout, lui faisant oublier l’intrusion puis le soulagement qu’elle avait ressenti en réalisant qu’il ne s’agissait que de Draco, en entendant sa voix familière. Elle pouvait voir l’ombre d’un sourire retrousser brièvement l’ourlet de ses lèvres mais elle n’était dupe, du moins pas lorsqu’il s’agissait de lui, naïve à ses heures sur bien d’autres sujets mais pas celui-ci. Son ventre se serra violemment, lui donnant l’impression qu’on lui avait jeté un sortilège pressant ses entrailles sans ménagement et elle inspira un peu trop fort, un hoquet quittant sa bouche alors qu’elle venait à peine de se retourner, son regard effleurant la silhouette du Malfoy et trahissant le chaos qu’elle avait dû rater, à chercher le sommeil le vain. Elle comprit la gravité de la situation lorsqu’il s’approcha, semblant braver l’orgueil assuré dont ils pouvaient tous les deux si bien s’armer, et venant contre elle. Il ne cherchait ni compassion ni pitié, elle ne le savait que trop bien, il n’aurait pas toléré le moindre éclat du genre dans le regard de qui que ce soit, mais elle ne lui aurait de toute façon pas fait cet affront, elle n’en était pas capable. Il appuya son front contre celui de Pansy et instinctivement, elle se concentra pour aspirer ses souffles, fermant brièvement les yeux, comptant ses respirations. L’air contre sa peau, chaque expiration filant sur son épiderme comme une vague sur le sable, s’éloignant ensuite, signifiait qu’en dépit de la houle, il était vivant, capable de se tenir debout, capable de transplaner. Il était cependant assez fier pour le faire même en étant gravement blessé, elle espérait simplement qu’il n’ait pas besoin de faire semblant d’aller bien face à elle. Se forçant au calme mais sentant la tempête la gagner, elle se retint pour ne pas fermer ses mains autour des phalanges du jeune homme alors qu’il glissait ses doigts contre ses paumes, diffusant une morsure fraiche qu’elle voulait attribuer à l’heure tardive et à la saison mais qui ne la rassurait guère, faisant peser un poids au niveau de sa trachée. Elle, elle avait peau tiède, lisse, épargnée par les combats et les heurts. L’espace d’un instant, elle se sentit aussi privilégiée et inutile qu’un chat d’appartement ne daignant pas quitter le refuge luxueux de son coussin de soie et l’image la fit tiquer, non pas parce qu’elle avait des velléités pour aller au combat mais parce que l’implication de Draco l’attirait vers les flammes avec un magnétisme qu’elle ne pouvait secouer. « J’ai craint qu’ils aient pu essayer de s’introduire ici », souffla-t-il, la tirant de ses pensées, lui faisant ouvrir les yeux. Sourcils froncés, elle attendit la suite, qui ne tarda pas à arriver : « Les Insurgés. Tu n’as rien entendu ? » Le poids dans sa gorge chuta jusqu’à son estomac, ravivant la douleur, la gêne ressentie lorsqu’elle avait vu l’état du jeune homme. Elle n’avait rien entendu, alors qu’elle avait été éveillée. A nouveau, l’impression d’être inutile la submergea, la rendant colérique, orageuse. Elle aurait du être aux côtés de Draco. Elle inspira profondément, refoulant la panique, l’écoutant avec attention alors qu’il ajoutait : « Ils ont lancé plusieurs attaques cette nuit. »Elle senti le jeune Malfoy s’éloigner et bientôt, elle se retrouva à l’observer alors qu’il venait de s’assoir sur le sofa le plus proche. Elle n’avait rien entendu et si quelqu’un dans la maisonnée avait été au courant, elle n’en savait rien et n’avait pas été prévenue. Bien trop souvent, elle était traitée comme une enfant. Comme une petite chose fragile et précieuse qu’il ne fallait pas froisser, parce que sa seule utilité reposait sur ses traits à présent poupins. La colère monta d’un cran, cependant trop éclipsée par son inquiétude pour réellement émaner de sa personne. Elle avait un millier de questions à poser à Draco, des détails à obtenir, des informations à rassembler. Lui était encore en vie mais elle se demandait qui, dans leurs relations, n’avait pas eu cette chance. Quels étaient les dégâts qu’ils auraient à déplorer au matin, le jour arrivant trop vite à son goût, soudain, puisqu’il portait avec lui des réalisations, la gazette, le chaos qui suivrait forcément une attaque nocturne brutale. Parce que ça avait été brutal, elle le sentait, à la façon dont le blond se tenait, à ses regards, à sa voix. Elle ne le connaissait que trop bien pour ne pas reconnaître un carnage. Ce n’était pas un mouvement isolé, ce n’était pas un sursaut sans conséquences… Elle tenta de déglutir, détournant momentanément le regard et luttant avec l’idée d’un gouvernement à feu et à sang, de l’ordre établi retourné sans scrupules, du danger dans lequel ils se trouvaient tous si jamais les choses en venaient là. Elle expira, murmurant : « Il ne s’est rien passé ici » et sentant qu’elle tremblait et elle décida alors de garder le silence pour éviter que sa voix ne craque d’avantage. Mécaniquement, elle leva un bras pour remonter sur son épaule le léger vêtement qu’elle avait enfilé en quittant sa chambre. Elle pouvait sentir le froid mordre ses pieds comme les doigts de Draco avaient mordu ses mains, mais elle s’en moquait bien. Elle avait à vrai dire l’impression d’être coincée dans un angle de la pièce, capable de ressentir tous les contacts contre son corps mais également prostrée loin de l’enveloppe charnelle, condamnée à regarder, impuissante. Elle savait qu’elle devait se faire violence, que c’était important et qu’elle ne pouvait pas se permettre de douter de ses capacités à affronter un monde anarchique. Si ça devait arriver, elle serait à la hauteur, il le fallait, elle ne pouvait pas devenir un poids supplémentaire pour Draco. Son regard se durcit un peu et elle tourna la tête pour l’observer à nouveau, passant une main dans ses cheveux pour les dégager de devant son visage. Il n’y avait que lui pour la voir ainsi, pour se pointer en pleine nuit sans s’attirer son courroux, pour l’inquiéter de la sorte, aussi. Elle hésita un instant puis, posa sa baguette à côté du jeune homme, la regardant rouler jusqu’au fond de l’assise basse du sofa, elle se baissa pour se planter devant lui, ses genoux heurtant le sol alors que ses doigts filaient vers l’attache de la cape sombre qu’il portait. Elle pouvait sentir la poussière et la fumée qui s’en dégageait, le gardant au passage dans le froid de la rue qu’il avait ramené à l’intérieur avec lui, en transplanant. La pièce, en dépit de l’air qui circulait au sol, était un boudoir confortable et s’il avait froid, elle pourrait le trainer jusqu’à ses draps pour l’y dissimuler. Ils avaient après tout passé l’âge pour être gêné par ce genre de chose. Ils se connaissaient par cœur, avait traversé la plupart des épreuves leur faisant face ensemble et elle ne pouvait pas nommer une première fois dont il n’était pas à l’origine, en dehors peut-être de la première trahison qu’elle avait pu encaisser, trop tard pour réellement apprendre à s’en remettre. Elle secoua brièvement la tête, les yeux rivés sur ses doigts et le crochet tenant la cape, s’agaçant un peu de ne pas y arriver. Non, ils se connaissaient trop pour que cela soit étrange, elle à genoux, en chemise de nuit, face à lui livide, en train de le déshabiller. Elle parvint finalement à faire céder le morceau de métal trop bien enclenché pour se défaire rapidement alors qu’elle tremblait et, impatiente, elle dû se reprendre pour que ses gestes ne soient pas trop brusques. Se rapprochant comme il l’avait fait, une main posée sur son genou, pressant pour attirer son attention, elle alla à son tour poser son front contre celui du jeune homme. « Est-ce que tu es blessé ? » demanda-t-elle, se voulant efficace, murmurant d’une voix peut-être un peu trop rauque. Elle ne s’était jamais vraiment habituée à tout ça mais un mélange de colère, de peur et de culpabilité la rinçait suffisamment pour faire disparaître tout haut le cœur pouvant survenir à la vue d’une plaie. Il faudrait bien qu’elle finisse par s’endurcir, pour Draco, pour tout ce qui menaçait de leur tomber sur le nez, pour tenir la distance, absolument. Si le jeune Malfoy était touché, elle l’était aussi et s’il était amoché, elle saignait avec lui, serrant les dents parce qu’ils étaient tous les deux trop bornés pour hurler si facilement… Lâchant la cape qu’elle lui avait retirée, elle tourna momentanément la tête, son regard suivant le mouvement pour se poser sur ses mains, sur le liquide poisseux qui couvrait sa paume. Il était blessé, évidemment. Elle les tuerait tous, un par un, elle le jura en silence, fermant ses doigts pour former un point et se tournant à nouveau vers lui, sa main libre filant vers la tempe du jeune homme, encadrant sa mâchoire pendant un instant. ▲ |
| | | |
PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy |
• Eyes like a car crash (Dransy) •
« Est-ce que tu es blessé ? » Un rire lapidaire dégringola les lèvres sèches, craquelées d’avoir traversé l’épreuve de feu ayant constitué le baptême de cette terrible soirée. « Aucune idée », répondit-il sincèrement, faisant jouer ses articulations pour en tester la fluidité. Mais ses muscles étaient tous roides. La fatigue le mordait jusqu’à la moelle. Le gamin geignard qui sommeillait encore quelque part en lui et qui tendait à vouloir rejaillir en la présence de Pansy, surtout lorsqu’elle se montrait protectrice, fut toutefois cloîtré dans un coin de son esprit alors qu’il se secouait 'figurément parlant). « Un peu partout, je dirais », déclara-t-il seulement avec un sourire en coin qui n’atteignit pas ses yeux. A ce stade la douleur n’était plus tant physique que mentale ; il avait suffisamment trainé ses estafilades et autres brûlures pour qu’elles s’engourdissent et le talonnent comme si elles faisaient à présent partie de lui. Ou peut-être ne s’habituait-il pas tant à la douleur. Peut-être la lassitude le couvait-elle simplement de son étreinte glacée, l’ankylosant plus efficacement que n’aurait pu le faire la plus purulente, la plus vicieuse des plaies. Droit sur le sofa, il ne se permettait pas de s’y appuyer de crainte de tâcher le tissu immaculé ; pourtant il n’aspirait qu’à se laisser aller dans le confort des coussins épais, et à fermer les yeux. A s’accorder un instant pour oublier qu’à l’extérieur, la paix n’était qu’une vulgaire chimère inaccessible, et qu’ils la frôleraient du bout des doigts sans jamais vraiment l’atteindre. Il ne s’était pas plaint. Depuis qu’il avait accepté la Marque, il s’était tu et avait gardé pour lui ses doutes, craignant trop de se faire accuser de manquer de foi en la puissance du Lord. On lui avait annoncé une ère grandiose, faite de faste et de privilèges pour les Sang-Purs. On lui avait assuré que son sang bleu serait un passe-droit idéal pour bénéficier de tout ce qui lui revenait naturellement de droit. Il avait serré les dents, encaissé les humiliations en se raccrochant à cette attente, s’était convaincu que l’enjeu valait l’étendue des sacrifices. L’heure était venue, mais sans cesse les rebelles déséquilibraient la balance, la faisait valser plus profondément d’un côté que de l’autre ; sans cesse il craignait pour sa vie, pour celles de ses proches, et il ne saurait plus dire s’il était question de progrès ou de régression… « J’en ai assez », confessa-t-il en passant sur ses paupières lourdes une main tremblante. Il aurait regretté ses mots aussitôt après les avoir prononcés, en temps normal. Mais Pansy, il en était intimement convaincu, serait une tombe, confidente muette, éternelle gardienne de ses instants de faiblesse. « Parfois je ne sais plus si je désire les achever tous, une fois pour toutes, ou simplement abdiquer pour mettre terme à ce carnage inextricable. » Il leva vers elle sa mine abattue, ses doigts glissant de ses yeux maintenant mis à nu à ses mèches blondes couvertes de suie, puis retombant sur ses genoux pour ne pas secouer la cendre, tandis qu’il reprenait amèrement. « Non que je veuille les voir imposer leurs sacro-saints idéaux prônant l’égalité et toutes ces foutaises dénuées de sens. Mais je ne crois pas que… je ne pense pas que le régime… » C’était dur. Son palpitant s’agitait inconfortablement, sa gorge se serrait : c’était contre toutes ses convictions qu’il se dressait l’espace d’une seconde pour faire montre de lucidité et, surtout, d'honnêteté envers lui-même. « Il ne l’accepteront jamais. Jamais. Or les éliminer ne mène à rien : lorsque l’un d’eux tombe deux autres se lèvent, exigeant rétribution pour le sang versé. » Sa nuque bascula en arrière, sans prendre appui, mais seulement pour tenter d’expirer le poids qui lui alourdissait la poitrine et lui donnait la désagréable sensation d'être emmuré, de suffoquer. « Je m’enlise… vivant. Pan’, de plus en plus souvent je me sens plus soldat qu’humain et j’essaye de me dire que c’est normal, que c’est pour le mieux, mais… parfois je ne peux plus supporter… » – d’avoir les mains souillées. Draco n’était pas né combattant. Il l’était devenu par la force des choses, et quelque chose en lui se brisait un peu plus au terme de chaque jour écoulé. Comme s’il trahissait en permanence sa nature. Il posa les yeux sur ses phalanges crispées comme s’il les découvrait, comme si elles ne lui appartenaient pas et avaient été placées là par d’autres que lui, pour parachever les moignons des membres originels qui avaient été, au préalable, amputés par la force des choses. Il dégueulait trois années de dégoût – et des poussières de mois de plus. Ces mains calleuses qui avaient supplanté les paumes douces de l’enfant béni qu’il avait un jour été. « Je voudrais trouver la force de ne jamais douter. Mais tu te souviens qu’avant… » – sa voix chuta d’un octave alors qu’il évoquait le souvenir d’une odyssée au sein du manoir Malfoy, durant laquelle ils étaient tombés sur des vestiges de la première guerre, que son père gardait soigneusement cachés. « – que quand on était gosses, le masque d'ivoire nous faisait peur ? » Sourire à l’essence âcre. « Aujourd’hui il est indissociable de mes traits, greffés à même la chair, je ne pourrai jamais m’en défaire. » Soudain ladite enveloppe charnelle lui semblait insupportable et ses ongles, inconsciemment, rasèrent la surface de la peau de ses bras comme pour l’arracher, alors que son regard se perdait sur quelque point imaginaire dans l’angle de la pièce. Il en avait assez de voir la mort se dresser dans chaque ombre et de devoir batailler, partout, tout le temps. Mais sans crier gare, la fragilité apparente fut cloîtrée sous un rictus dur. « Je suis blessé, certes. Mais c’est de ma faute. » – il se pencha vers elle dans la foulée et demanda : « As-tu déjà questionné tes parents au sujet de la vision liée au choix de ton prénom ? » C’était une manie de sang-purs conservateurs que de s’en remettre à un voyant pour des décisions si cruciales, soucieux qu’ils l’étaient de mettre le doigt sur une appellation en accord avec ce que deviendrait le petit être jeté dans la gueule du monde. C'était une habitude que de ne pas en révéler les termes au concerné, pour ne pas l'influencer, mais une manie de parents que d'intervenir, d'y mettre leur grain de sel, puisqu'ils en savaient trop. « Je l’ai fait. Parce que Draco » – rire bref et étranglé – « Ce n’est pas moi, tu le sens n’est-ce pas ? Soyons sérieux… L’étoile indiquant le nord ? Je ne suis qu’un putain de suiveur, un chien de race brillamment mâté. » Colère sourde, paumes sales passées sur un visage tout aussi souillé. Colère. Souffle court. Colère. Amertume. Colère. « Un chien de chasse à l’instinct émoussé… parce que Draco, c’était aussi ça : » – chuchotement saccadé – « l’animal d’Acteon. Celui qui a tué son propriétaire, tu sais ? » Il se releva, tout compte fait, parce qu’il ne pouvait pas rester immobile. Son corps à l’agonie criait grâce mais son cerveau fiévreux tempêtait dans sa prison crânienne et il fallait que ça sorte : toutes ces réflexions qu’il avait étouffées en lui, par crainte, par déni, par lâcheté, préférant enfouir en lui-même son fardeau parce qu’il n’osait le formuler même devant sa plus chère alliée, sa plus tendre amie. Prolongation de son âme, sœur née d'une autre mère. Brièvement, il vacilla sur ses bases comme un homme ivre avant de parvenir à se reprendre. Mais ivre de sang, alors ; du fluide vital qu’il était las de faire couler, qui terrifiait l’enfant qu’Agustus Rookwood lui avait trop bien appris à barricader en lui-même, à ne pas entendre crier. Ou peut-être pas assez bien, finalement ? « Pour ma part, je ne choisirai jamais cette voie. J’ai trop baisé le bas des robes de mon maître, vois-tu. Je suis enchaîné à lui. » Ses mains nerveuses retombèrent de part et d’autre de son corps, symboles même de sa défaite. « Je me suis trompé quelque part je crois. Je ne saurais dire où. J’ai choisi le mauvais embranchement, et je m’égare sur une voie qui n’était pas celle tracée pour moi. » Il mentait. Il savait. Il en avait la nausée – il était presque sûr de savoir où il avait failli. Dumbledore. Il s’était tant appliqué à faire tomber l’ultime rempart qui aurait pu le protéger du Lord qu’il avait précipité l’avancement de la guerre, livrant au Lord une place incontestable puisque nul autre ne pouvait prétendre posséder un pouvoir supérieur ou équivalent au sien. Un frisson lui hérissa la colonne – guère celui inspiré par la satisfaction d’être dans le camp de l’implacable Mage Noir. Plutôt l’inverse, et une sorte de honte latente, de dégoût de lui-même qu'il se trainait depuis longtemps. Ecorché. Si Pansy avait été une née-moldue ou issue d’une famille moins à cheval sur les traditions, peut-être lui affirmerait-elle que ce n’était pas important ? Qu’il était seul maître de son destin et avait choisi la meilleure part. Mais ils savaient tous deux que certaines prédictions ne pouvaient être balayées d’un revers de main. Son père avait mal compris celle le concernant et l’avait poussé à l’erreur ; dans ses nuits les plus torturées, il maudissait Lucius pour la pression et les ordres imposés, se demandait s’il ne lui avait pas gâché la vie en l'obligeant à suivre, peut-être à tort, ce qu'il avait cru adapté à l'annonce décrétée le concernant. Aussi Draco lui-même avait-il refusé d’entendre les propos tenus au sujet de l’avenir de Scorpius, de peur de commettre la même erreur à son tour. « J’ai besoin d’un bain. » Ses yeux hurlaient vers Pansy ce que ses lèvres ne prononceraient pas, scellées après avoir trop longtemps battu, trop offert de confidences honteuses : Ne me laisse pas seul. |
| | | |
WIZARD • always the first casuality Pansy Parkinson ‹ disponibilité : dispo bitches
‹ inscription : 25/10/2014
‹ messages : 4640
‹ crédits : prométhée
‹ dialogues : 'lightcoral'
‹ âge : vingt-quatre ans (née le 5 mars 1980)
‹ occupation : rentière déchue, mondaine destituée.
‹ maison : le choixpeau s'est a peine attardé sur sa tignasse brune avant de l'envoyer à Serpentard, dont elle est devenue préfète en 5ème année.
‹ scolarité : de 1991 à 1998.
‹ baguette : Elle faisait 19 centimètres, en merisier et cheveux de vélane, capricieuse et imprévisible, sensible aux sentiments négatifs. Cette baguette a cependant été volée par le Limier et aujourd'hui, elle en utilise une autre, bien moins adaptée à sa main.
‹ gallions (ʛ) : 9003
‹ réputation : Rien qu'une sorcière de salon, une bonne à pas grand-chose en dehors des ragots et commérages, une peste se régalant du malheur des autres, une idiote aveuglée par ses sentiments, moralisatrice en dépit de son propre penchant pour les écarts et les erreurs. Le roquet de Malfoy, puis celle que Blaise Zabini a cocufié, abandonné puis engrossé avant de partir à nouveau. Une garce qui mérite tout ce qui lui arrive. Une enfant gâtée, malgré l’aide donnée aux insurgés dans l’infirmerie de fortune de Poudlard.
‹ particularité : Complètement à la dérive depuis la fin de la guerre, on la croise souvent alcoolisée et cruelle, prête à se greffer à la moindre rixe, au moindre esclandre.
‹ faits : Elle a perdu la garde de ses filles, les jumelles Violet et Briar-Rose (née en Aout 2002) à la fin des combats, car on a jugé son sang pur comme inapte à les élever et ce même si leur père, Blaise Zabini, est considéré comme un héros de guerre. Elle a également perdu sa fortune et son statut et n’a plus aucune influence. Personne n'est tendre avec elle car les anciens rebelles la voient comme une garce à abattre et les sorciers lambda n'ont l'image que d'une gamine pourrie gâtée qui vivait dans une tour d'ivoire alors qu'ils crevaient de faim. Condamnée à vivre dans une demeure autrefois grandiose mais maintenant totalement insalubre, elle ère coincée entre sa mère tyrannique et sa tante furieuse, désœuvrée et désabusée.
‹ résidence : Dans l'hôtel particulier Parkinson, situé dans le quartier de Barkwith, sur le Chemin de Traverse. Ancien symbole d'une grandeur aujourd'hui étiolée, la demeure tombe en ruine et menace de s'écrouler depuis les émeutes de janvier 2002. Ses parents possédaient un manoir à Herpo Creek, il n'en reste qu'un tas de cendres et elle n'a plus accès à son bel appartement de la Bran Tower depuis la désertion de Draco durant laquelle elle a également pris la fuite.
‹ patronus : Une hirondelle à peine corporelle
‹ épouvantard : Les corps inanimés de Briar-Rose et de Violet.
‹ risèd : Simplement un matin ordinaire, des draps clairs et propres, une chambre lumineuse, des rires d'enfant emplissant le couloir avant que les deux têtes brunes ne sautent sur l'épais duvet. Un avenir pour elles, aussi, surtout.
| Eyes like a car crash ; That little kiss you stole, it held my heart and soul and like a deer in the headlights I meet my fate. Don't try to fight the storm, you'll tumble overboard. Tides will bring me back to you. Elle se pressait. Ses doigts rendus fébriles par une angoisse qu’elle n’aurait su souhaiter à personne, ses gestes devenus abruptes, chaotiques presque, quand elle cherchait à être précise et efficace, à être utile dans ce cloaque menaçant qu’étaient devenus les prémices de l’aube se levant sur Londres. Elle n’avait rien vu venir, comme d’habitude, se haïssant de n’avoir pu sentir la détresse de Draco avant qu’il n’arrive ici, lui faisant l’affront d’une insouciance bancale mais d’une insouciance quand même, liberté naïve qu’il ne pouvait plus s’offrir. Elle s’afférait, sentant sa gorge se fermer sous la colère et l’impuissance. Comme si ses artères s’emplissaient d’eau pour la noyer de l’intérieur, elle dû relever la tête pour avaler une goulée d’air, repoussant toute trace de larmes en observant le plafond une seconde. Elle s’accrochait à l’immédiat, à l’idée qu’il avait besoin d’elle, besoin de soins. Elle n’était pas la mieux placée pour guérir ses plaies mais elle était assurément la plus farouche pour le protéger, véritable louve, perdue dans un instinct quasiment maternel envers ce jeune homme si essentiel à sa propre survie, son propre équilibre. Par moment, elle venait à se demander si cette dépendance n’était pas nocive. Elle n’était pas forte mais à lui, elle devenait à la fois implacable et terriblement vulnérable, géant aux pieds d’argile derrière des murailles qu’il n’avait plus à abattre pour passer, parce qu’elle avait construit ses défenses avec lui en tête. Il suffisait d’un mot pour qu’il puisse l’atteindre, d’un regard pour qu’il la relève… d’un contact à peine appuyé pour que sous la pulpe de ses doigts, elle réalise à quel point sa chair pouvait être tendre et tuméfiée, douloureuse. D’une façon intrinsèque, Pansy pouvait voir venir l’orage mais il fallait que ce soit la voix de Draco qui tonne pour qu’elle réagisse, peu importe les éclairs claquant autour d’eux. Il suffisait d’un mot, d’une phrase, aussi sursauta-t-elle presque lorsqu’il souffla : « J’en ai assez » et alors qu’elle l’observait plaquer ses mains salies par les combats et les voyages devant son regard, elle se retrouva à mordre sa lippe en appréhendant la suite, à juste titre. « Parfois je ne sais plus si je désire les achever tous, une fois pour toutes, ou simplement abdiquer pour mettre terme à ce carnage inextricable. » Elle l’observait, silencieuse, assise sur ses talons comme une écolière sage, comme une gamine ne connaissant rien du prix du sang qui pouvait actuellement tâcher sa peau. « Non que je veuille les voir imposer leurs sacro-saints idéaux prônant l’égalité et toutes ces foutaises dénuées de sens. Mais je ne crois pas que… je ne pense pas que le régime… Ils ne l’accepteront jamais. Jamais. Or les éliminer ne mène à rien : lorsque l’un d’eux tombe deux autres se lèvent, exigeant rétribution pour le sang versé. » Pansy ne savait rien de la réalité du front. Elle ne pouvait qu’imaginer, elle ne pouvait que se peindre mentalement la hargne qui devait les habiter pour les pousser à se battre, à penser qu’ils portaient en bouclier la bonne parole assortie à leur foutue tolérance, ce monstre décadent qui ruinerait la société magique établie, diluant pouvoirs et traditions dans une masse crasseuse, une populace sans héritage et patrimoine, sans la droiture nécessaire à la pérennité de la communauté. Il fallait qu’elle se projette, non seulement pour comprendre ce qui pouvait motiver le camp adverse, en dehors d’un besoin d’utopie à laquelle ils s’abreuvaient comme si cet espoir naïf n’était que l’Opium d’un peuple pensant mériter mieux sans comprendre les rouages de la société magique mais également pour se peindre la violence d’une guerre que, privilégiée, elle n’avait jamais vraiment connu. Pansy bénéficiait de la protection qui venait avec le modèle patriarcal et élitiste. Il y avait des femmes de hauts rangs chez les Mangemorts mais personne n’aurait pu l’imaginer elle, baguette à la main. Elle devait juste attendre, rester tranquille, bercée par les mondanités abrutissantes, elle devait prier pour le retour de certains et ce au dépend d’anciens camarades, de visages connus, elle devait patienter sans bruit et s’estimer heureuse de voir quelqu’un revenir ensanglanté et non pas mort ou capturé. « Je m’enlise… vivant. Pan’, de plus en plus souvent je me sens plus soldat qu’humain et j’essaye de me dire que c’est normal, que c’est pour le mieux, mais… parfois je ne peux plus supporter… » Elle réalisa, alors qu’il parlait, qu’elle aurait préféré ne jamais entendre tout ça. Au fond, elle n’avait pas besoin qu’il parle pour comprendre à quel point tout cela pouvait le ruiner, le ronger, le bouffer de l’intérieur jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du garçon qu’elle avait pu connaître mais qu’il verbalise rendait ça trop vrai, faisait en sorte qu’elle ne puisse pas s’en détacher en blâmant une paranoïa provoquée par la douleur accumulée au fil des années. Elle aurait préféré qu’il se taise non pas parce qu’elle ne se souciait pas de ça mais parce qu’elle était impuissante, incapable de le guider décemment, de le rassurer suffisamment. Elle enfonça un peu plus fort ses incisives dans la peau de sa lèvre inférieure, comme pour se mordre jusqu’au sang afin de comprendre un peu mieux, illusoirement, comme pour creuser sa chair dans l’espoir de trouver une réponse à tout ça. En vain, évidemment. « Je voudrais trouver la force de ne jamais douter. Mais tu te souviens qu’avant… – que quand on était gosses, le masque d'ivoire nous faisait peur ? Aujourd’hui il est indissociable de mes traits, greffés à même la chair, je ne pourrai jamais m’en défaire. » Elle voulut soudain le secouer, passant outre le fait qu’il était probablement assez amoché pour qu’elle n’en rajoute pas. Elle voulut le gifler, sentant l’impulsion monter jusqu’à son bras à vrai dire, sans qu’elle n’en fasse quoi que ce soit, trop occupée à garder le silence, encore un peu, une seconde de plus, parce qu’elle savait que si elle s’amusait à ouvrir la bouche à cet instant, sa voix craquerait pour ne plus jamais retrouver la moindre assurance. Elle voulait lui dire, pourtant, qu’il n’avait rien de cette image gravée dans ses peurs enfantines, dans ses cauchemars d’antan. Elle voulait que sa voix gronde jusqu’à ce qu’il arrête de se meurtrir de la sorte, quelque part persuadée qu’en étant assez implacable, elle pourrait le faire cesser, le remettre sur pied, parce que c’était ce qu’elle voulait et que Pansy n’était pas habituée à souffrir la moindre opposition, obtenant toujours ce qu’elle désirait. Elle voulait d’un énième caprice, pour le protéger cette fois-ci, l’observant juste en sentant son visage se contracter tandis qu’elle refusait de montrer sa détresse. « Je suis blessé, certes. Mais c’est de ma faute. » Alors qu’il se penchait vers elle, Pansy put à nouveau sentir une décharge dans son bras, une envie de violence fugace mais réelle, parce qu’il n’avait pas le droit de dire des choses pareilles… Une envie de le secouer pour qu’il arrête de penser qu’il avait pu mériter quoi que ce soit de tout ça. Se faisant violence, elle resta immobile, sage comme une image, comme on lui avait toujours appris à le faire. « As-tu déjà questionné tes parents au sujet de la vision liée au choix de ton prénom ? » Interloquée, ne comprenant pas où il allait, elle l’observa, hochant à peine la tête pour répondre à sa question, consciente que l’interrogation était plus rhétorique qu’autre chose. Bientôt d’ailleurs, il enchaîna, levant un peu le voile : « Je l’ai fait. Parce que Draco. Ce n’est pas moi, tu le sens n’est-ce pas ? Soyons sérieux… L’étoile indiquant le nord ? Je ne suis qu’un putain de suiveur, un chien de race brillamment mâté. » Et alors qu’il plaquait ses mains sur son visage, semblant meurtri comme jamais, elle s’autorisa un instant d’absence, un sursaut de faiblesse. Brièvement, ses yeux s’emplirent de larmes acides alors qu’elle baissait la tête, sentant son échine courber et craquer sous la pression. Fugace fut l’abandon car elle se redressa très vite, plus vite que lui, reniflant sans grande élégance alors qu’il déversait sa verve : « Un chien de chasse à l’instinct émoussé… parce que Draco, c’était aussi ça : l’animal d’Acteon. Celui qui a tué son propriétaire, tu sais ? » Ses murmures ressemblaient à des cris, emplissant le petit salon trop propre, trop lisse et alors qu’il se levait, Pansy se retrouva à le suivre des yeux, encore à terre, toujours impuissante. Plantée là, perdue entre ce qu’il disait et les réflexions qu’il provoquait, elle opta pendant une seconde pour la facilité, se concentrant sur la question qu’il avait posté un peu plus tôt. Pansy, comme la fleur, symbole de mélancolie amoureuse, de nostalgie blessée, d’amour gardé secret… et elle se retrouva à penser à Blaise alors elle se blessa pour enchaîner mordant l’intérieur de sa joue, mal programmé mais moindre, pour éviter à tout prix l’agonie qui se profilait, drapée de rage et de regrets. Où qu’elle puisse chercher, la plante dont elle tirait son nom parlait d’amour, des suppliques inavouées, des promesses murmurées. On donnait des pensées pour ne pas être oublié, en gage de fidélité ou pour traduire un désespoir profond. Tout cela correspondait à Pansy mais plus trivialement, la pensée traduisait un besoin maladif d’attention qui, l’espace d’un instant, fit à nouveau baisser la tête à la jeune femme, avant qu’elle n’abandonne l’introspection gênante de par sa véracité, rendue bien trop inquiète de toute façon par ce qu’elle pouvait deviner dans le ton du jeune homme, dans ce qu’il ne disait pas. Elle connaissait trop Draco pour ne pas lire entre les lignes et être alors mortifiée de le voir dans un tel état, à être incapable de tenir en place malgré ses blessures, habité d’une force terrifiante parce qu’elle ressemblait trop à la folie poussant les hommes à commettre l’irréparable, poison létal, destructeur. Comme s’il lisait en elle, parcourant ses inquiétudes – quand en fait elle suivait juste le raisonnement, s’accrochant à chaque once de ce qu’ils avaient toujours estimé comme étant du bon sens pour tenter de se rassurer – il reprit pourtant : « Pour ma part, je ne choisirai jamais cette voie. J’ai trop baisé le bas des robes de mon maître, vois-tu. Je suis enchaîné à lui. Je me suis trompé quelque part je crois. Je ne saurais dire où. J’ai choisi le mauvais embranchement, et je m’égare sur une voie qui n’était pas celle tracée pour moi. » Ses genoux au sol, elle était tournée pour l’observer, sentant ses mains trembler sans qu’elle ne puisse réellement y faire quoi que ce soit. Quoi qu’ils puissent dire, ils n’avaient pas le choix, ils ne l’avaient jamais vraiment eu. C’était marche ou crève, pratiquement et la moindre opposition apportait honte et conséquence pour les générations à venir. Oh, ils auraient pu emprunter une voie différente, évidemment, mais les issues possibles n’étaient pas juste, biaisant considérablement les réflexions. Ils avaient été élevé dans ce monde, ils ne connaissaient que ça, l’obéissance nécessaire à la survie des leurs, l’ordre établie, cette hiérarchie implacable ne laissant comme possibilité qu’une fidélité totale ou une aliénation inévitable. Pansy passa brièvement le dos de sa main contre ses lèvres, ignorant le sang de Draco qui maculait son épiderme. Ils avaient été dressés pour agir comme leurs parents avant eux, payant le prix fort parfois. Ils avaient beau agir comme s’ils savaient ce qu’ils faisaient, ils ne pouvaient pas constamment se voiler la face et cette conscience, cette réalisation, finirait par tout faire foirer, par les envoyer vers une fin prématurée. Elle pensait au pluriel, s’incluant dans le lot parce qu’elle n’était pas assez naïve pour se croire capable de tenir bien longtemps si Draco venait à tomber et ce peu importe l’identité de celui portant le coup fatal. Elle n’était pas guerrière, elle n’avait pas été entrainée comme ça mais elle était animée d’une rage incroyable, alimenté par une loyauté totale et s’il venait à s’effondrer, face à l’opposition ou face à son maître, elle connaissait déjà l’issue, elle pouvait deviner sa réaction. « J’ai besoin d’un bain. » souffla-t-il, la tirant de ses pensées macabres, la poussant à bouger. Elle hocha la tête et presque aussitôt, sentant une certaine faiblesse dans ses muscles, elle se leva en s’appuyant sur le sofa, bougeant vite et s’imaginant déjà en train de renverser quelque chose dans la précipitation. Elle s’arrêta pourtant, faisant volte-face alors qu’elle était à mi-chemin entre la porte et le jeune homme, tendant la main pour inviter ce dernier à la suivre, s’engouffrant ensuite dans le petit bout de couloir menant à sa chambre et à la salle de bain. Le jour n’allait pas tarder à baigner la pièce d’une lumière chaude en traversant les beaux rideaux jades qui ornaient les grandes fenêtres et quelque part, elle n’en pouvait déjà plus d’attendre que le matin s’impose pour chasser les ombres trainant depuis trop longtemps sur le visage de Draco. Désorientée, elle pénétra dans la salle d’eau sans autre forme de procès, se sentant tourner en rond, comme pour gaspiller une énergie qui allait la rendre folle si elle ne s’en servait pas. Les mains frémissantes, le souffle un peu court, le regard fuyant, elle essayait de gérer tout ce qu’elle avait pu entendre, tant bien que mal. Elle ne le blâmait pas et elle ne regrettait pas qu’il puisse lui parler sans réelle retenue mais cette sensation d’inutilité la rendait un peu instable, la poussant à redoubler de zèle. Ouvrant les robinets de sa baignoire avant de réaliser qu’elle tachait de carmin la faïence en s’appuyant sur le rebord du petit bassin, elle se précipita ensuite vers son lavabo pour frotter ses mains avant de filer comme une tornade silencieuse et d’aller fermer la porte de sa chambre, tirant alors sa baguette pour verrouiller l’accès. « Collaporta » souffla-t-elle, plusieurs fois à vrai dire. Répétant d’un ton nerveux, « Collaporta » avant de réussir, passant une main devant son visage et perdant patience, sa voix un peu trop aiguë sans doute. Et à nouveau elle fit volte-face, ignorant le miroir qui trônait dans la pièce, celui qu’elle avait couvert, retournant vers la salle de bain. L’espace d’un instant, idiote, elle hésita à lui demander de venir choisir le produit à foutre dans l’eau, avant de réaliser à quel point c’était futile, inutile, superficiel, tout ce dont on avait pu la targuer. Un rire nerveux la secoua et brusquement, elle renversa la première fiole de sel de bain qu’elle put attraper, sa main tremblant et la poussant à vider le récipient tout entier, une odeur d’agrumes et de bergamote emplissant presque aussitôt la pièce réservée aux ablutions de la jeune femme. La vapeur d’eau, chaude, étouffante, portait déjà les effluves un peu partout, entre les flacons et les babioles qui peuplaient le monde trop privilégié de Pansy tandis qu’une mousse épaisse se formait sous les jets d’eau, les robinets encore ouvert à fond. Nerveusement, elle passa ses doigts mouillés d’avoir machinalement vérifié la température du bain sur une marque écarlate ornant la faïence et puis elle songea à la cape du jeune homme qui trainait dans la pièce voisine, pensant à sa mère qui tombait dessus et sentant son ventre se contracter aussitôt. Elle ne prit pourtant pas le temps de s’arrêter, elle avait besoin de la précipitation, de l’objectif à suivre, elle avait besoin de s’occuper de lui. Venant se planter devant Draco au milieu de sa chambre et s’attelant à lui retirer sa chemise, d’abord, avant de passer au reste, tirant déjà sur sa ceinture pour en défaire la boucle. Il n’y avait pas vraiment de gêne, en dépit de la pudeur dont pouvait parfois faire preuve Pansy. Ils avaient passé ça depuis bien trop longtemps, ils s’étaient appartenus trop de fois, découvrant abandon et intimité ensemble, pour ensuite devenir mutuellement un refuge pour l’autre, une constante, une force qui se devait de rester inébranlable, loin des sentiments changeants, de toute passion lunatique… Se refusant à lui faire l’affront de le guider jusqu’à l’eau comme un enfant, elle ne put cependant retenir un geste trop tendre surement, allant repousser ses cheveux blonds salis par la nuit et la violence pour dégager son visage et l’observer un instant, encore silencieuse, encore en train de chercher à former des phrases décentes, parce que toute éloquence, toute logique aussi, l’avait quitté lorsqu’elle l’avait vu se tenir là, blessé, épuisé, rongé jusqu’à la moelle par une bataille impitoyable. Elle avait mille chose à dire mais pouvait cracher autant de diatribe contraire et elle s’en empêchait, parce qu’elle savait qu’il n’avait pas besoin d’entendre ses babillages paniqués et indécis, déboussolés. A la place elle était là. Au lieu d’être à côté de lui au combat, elle pouvait le tenir debout dans l’ombre… Elle n’irait nulle part, ils le savaient tous les deux, elle espérait qu’il s’en souvenait du moins, que dans ce chaos il avait au moins cet absolu ▲ although the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore. |
| | | |
PRISONERS • bloodstains on the carpet Draco Malfoy | • Eyes like a car crash (Dransy) • C’était écœurant. Ces constats sur son propre compte et l’incertitude qui lui mordait l’âme, qui lui rongeait la chair – ils lui retournaient l’estomac. Draco n’avait jamais anticipé la situation actuelle, ne s’était pas attendu à ce qu’elle dégénère ainsi : l’instabilité régnait en maîtresse, la communauté se mutilait là où leurs idéaux promettaient au départ de la grandir, de la rendre plus forte, de la rendre meilleure. L’échec, il était las de l’affronter au quotidien, et il en prenait la pleine mesure en voyant tomber des sorciers estimés, par dizaines, entre les griffes acérées de la mort. Dans de telles circonstances, comment ne pas se demander si ses choix avaient été les bons, si ses actes auraient pu différents et conduire vers une finalité moins saturée de sang ? Et pourtant il était conscient de ce qui sommeillait en lui… il savait combien était irréfutable l’attrait qu’exerçait la violence sur son être, et à quel point l’appel du pouvoir lui était irrésistible, au point de le rendre incapable de s’en détourner. Là étaient ses péchés capitaux et il avait appris à les accepter, mais dealer avec leurs conséquences s’avérait souvent plus délicat que se laisser porter par eux sur le moment. C’étaient eux qui l’avaient conduit là, qui avaient bâti l’homme qu’il était devenu… et dont il n’était pas toujours certain d’être satisfait, en dépit de son attitude fanfaronne et de l’assurance qu’il affichait face à autrui. Il aurait voulu se taire en percevant le désarroi de Pansy et l’impact de ses mots sur elle, mais il dégueulait sa hargne sans plus pouvoir la retenir, sans plus pouvoir la contenir, parce qu’elle était un poison qui le consumait sur pieds et parce qu’il n’avait que cette amie à qui parler ainsi, « à cœur ouvert ». Pourtant, au terme d’un monologue plus long qu’il ne l’aurait voulu, il abdiqua face au visage défait tant aimé. « J’ai besoin d’un bain », quémanda-t-il pour embrayer sur une autre finalité que le silence pesant qui se serait, sinon, étendu entre eux. Parce qu’il n’y avait rien d’autre à dire, rien à commenter : à quoi bon tenter de décrypter une réalité qu’ils ne pouvaient pas changer ? Même si elle voulait le soutenir, les mots ne changeraient rien et la discussion ne pourrait que la laisser muette, témoin impuissant tandis qu’il s’étiolait ; il ne fut donc pas surpris de la voir saisir cette dernière perche sans hésitation. A défaut de pouvoir soulager son esprit à l’agonie, elle pouvait l’entourer de soins et son empressement à le faire était plus efficace que des déclarations creuses ou d’inacceptables gages de pitié. Sa maladresse lui tira l’ébauche d’un sourire qui se voulait moqueur pour masquer la tendresse : cette Pansy-là était uniquement sienne, capable de marcher à l’impulsion, dans la précipitation, alors qu’elle n’offrait aux autres qu’un masque de contrôle et des gestes étudiés avec le plus grand soin. Draco prit la main qu’elle lui tendait et ne la relâcha qu’une fois arrivé à sa chambre, alors qu’elle s’affairait, piétinait, s’impatientait face à ses propres étourderies. Appuyé contre le chambranle de la porte sans pénétrer dans la salle de bains, l’air impassible, il la regardait simplement faire, main dans les poches ; se raccrochant au tableau pour ne pas laisser ses pensées dériver vers des préoccupations autrement plus sordides que la composition du bain qu’elle faisait couler. La fatigue et l’inconfort dû à ses blessures ne se faisaient plus sentir de façon lancinante et intolérable : ajoutés à la chaleur de la pièce, aux parfums qui s’y étiraient et aux mouvements saccadés parfois incohérents de Pansy, ils l’étourdissaient au point de le plonger dans une torpeur éveillée. Ce fut le rire nerveux qu’elle lâcha qui l’en sortit, et son front se creusa de plis soucieux à la pensée que peut-être c’était trop, que la charge qu’il lui avait posée sur les épaules de par ses aveux lui pèserait plus qu’il ne l’avait envisagé. Ses réflexes devenus inexistants ne lui laissèrent toutefois pas le temps d'intervenir dans les allées et venues qu'elle effectuait et il s'arrêta au milieu de la chambre, se sentant impuissant face au désarroi de la brun ; mais elle finit par revenir vers lui pour s’atteler à le dévêtir. Elle le vrilla de longues secondes d’un regard si grave et chargé de tout ce qu’elle ne parvenait à formuler, que Malfoy ressentit le besoin de fêler le sérieux de l’instant pour dissiper les relents nauséabonds des aveux formulés plus tôt. Il humecta lentement ses lèvres craquelées tandis qu’il tentait de percer le brouillard de son esprit ; s’il était responsable de cette acmé, le devoir d’apaiser la tension ne lui revenait-il pas ? « Je ne pensais pas te faire encore autant d’effet, après tout ce temps », plaisanta Draco en se fendant d’un sourire mutin, bien que parfaitement conscient que là n’était pas la cause de la frénésie de Pansy ; il lui adressa un clin d’œil avant d’ajouter avec un haussement de sourcils arrogant : « Remarque, c’est compréhensible : même dans cet état je suis irrésistible. » L’instant d’après il lui attrapait les poignets pour échapper à des représailles certaines, étouffant un rire et filant dans la pièce adjacente. Là, il se délesta des dernières pièces de tissu qu’il portait encore et se coula dans l’eau chaude. Ses traits se crispèrent brièvement au contact du liquide contre son épiderme meurtri, mais il se relaxa sous l’effet apaisant, voire guérisseur, des produits et gigota jusqu’à trouver une position confortable. Un soupire de bien-être lui échappa, assorti d’un « Enfin... », témoignant de la satisfaction qu’il éprouvait à pouvoir profiter pleinement de l’accalmie. Une autre attaque pouvait bien survenir à l’extérieur, le monde pouvait finalement s’effondrer pour de bon, il ne quitterait pour rien au monde le refuge aqueux tant attendu. Draco entrouvrit une paupière, jaugea paresseusement Pansy ; elle était assise sur le rebord et avait le regard lointain, encore perdue dans des réflexions maussades, à en croire son expression. « Tu te tracasses à propos des détails des attaques ? » Au final il n’était pas parvenu à en parler et il se doutait qu’il n’était pas agréable de rester dans l’incertitude, même du haut de la tour d’ivoire que représentait l’hôtel des Parkinson. D’un geste autoritaire il l'attira plus près de lui, tout en se redressant pour poser sa nuque sur les genoux de la jeune femme. Après quoi il lui attrapa une main et se la posa sur la tête, manœuvrant pour qu’elle le masse. Quasi-ronronnement sourd, appréciateur. Il avait beau ne pas être à l’aise avec les contacts au quotidien, peu de personnes savaient à quel point il aimait à être dorloté dans l’intimité, stigmates de l’enfant roi qu’il avait un jour été. L’instant s’étira agréablement alors qu’il plongeait sans s’en apercevoir dans un demi-sommeil, entrecoupé de débuts de cauchemars qu’une paume douce assortie de doigts habiles lénifiait presque aussitôt, chassant les plis qui lui sillonnaient le front. Il n’eut pas réellement conscience de s’être endormi avant que ses yeux ne s’ouvrent brusquement en même temps que les méandres de sa léthargie se dissipaient. « Quelle heure est-il ? » demanda-t-il, légèrement déphasé, en se redressant. Par la porte menant à la chambre il pouvait s’apercevoir que le jour était déjà là et, si pénible qu’ait été la nuit précédente, Rookwood s’attendrait probablement à ce que ses subordonnés se présentent à la première pour continuer d’évaluer les pertes et dégâts. La réponse détendit les muscles noués de ses épaules : il avait encore un peu de temps devant lui avant que son absence ne puisse être considérée intolérable. Il était encore tôt ; les hiboux de la Poste Sorcière ne tarderaient pas à voler aux fenêtres des abonnés de la Gazette pour ouvrir le bal des activités quotidiennes. Il avait les pulpes des doigts fripés d’être resté trop longtemps dans l’eau, mais un sourire crépita à ses commissures au constat de la température inchangée, sans aucun doute maintenue par sa bienfaitrice. « Tu aurais dû me réveiller », protesta-t-il mollement en direction de Pansy, mais ce n’étaient que des mots : une part de lui restait trop gâtée pour qu’il se sente coupable de l’avoir maintenue là, à le veiller. Par ailleurs — elle le savait — il en ferait de même pour elle si les rôles s’inversaient et, si leur amitié perdurait en dépit de leurs caractères exigeants, c’était parce qu’ils savaient être présents lorsque l’autre le demandait ; aussi pleinement, aussi intensément que nécessaire, même si nul autre n’aurait su estimer leur solidarité à sa juste valeur. Étirant un bras en arrière, il emprisonna la nuque de Pansy au creux de sa main et, d’une légère pression, la fit se pencher au-dessus de lui. Leurs lèvres se rencontrèrent avec légèreté, frôlement éphémère dont le réel sens était ce merci qu’il n’avait jamais particulièrement aimé formuler. Il se sentait plus reposé que ce que sa nuit, extrêmement courte, avait réellement pu lui apporter, et il savait pertinemment qu’elle en était la cause. Lorsque Draco se détacha d’elle, ce fut pour se rincer rapidement et s’extirper de la baignoire. Elle lui tendait déjà un épais drap de bain, dans lequel il se drapa avec reconnaissance, et à l’aide duquel il se frictionna en la regardant tourner les talons pour lui ramener des effets qu’il avait laissés chez elle lors de visites précédents. Il enfila un caleçon et laissa temporairement le reste de côté. « J’espère ne pas être dans les parages le jour où Méabh découvrira que tu caches des vêtements d’homme dans tes tiroirs. » Son ricanement ne recelait même pas une trace de repentance, mais il pensait vraiment ce qu’il disait : sa marraine pouvait être proprement effrayante, et il n’avait aucunement envie d’être témoin de sa réaction si elle découvrait que Draco n’avait jamais cessé ses visites nocturnes dans les quartiers de sa fille. Lucius et elle avaient tenté d’y mettre un frein à l’adolescence de leurs progénitures, l’âge auquel leur proximité avait commencé à être jugée inappropriée. Pourtant, alors qu’il se glissait entre les couvertures épaisses de Pansy, accueillait son corps tiède au creux de ses bras et entremêlait leurs jambes pour la sentir plus près de lui, le blond ne put penser à quoi que ce soit de plus naturel que ces gestes. Home, sweet home, songea-t-il seulement en repoussant une mèche derrière l’oreille de la brune. Egoïstement, il la garda encore éveillée en la questionnant sur sa journée de la veille, sur les potins récents dont il n’avait pas encore eu vent, sur ses altercations avec sa rebut, et le temps passa sans qu’il ne se lasse de la regarder s’animer, parler, rire dans le but évident de lui changer les idées ; ce qu’elle parvenait d’ailleurs à faire. Leur échange ne s’élevait pas suffisamment pour alerter quiconque : il était presque inaudible, seulement fait de murmures et de sons étouffés dans les oreillers ou contre l’épaule de l’autre. Le moment de complicité fut toutefois brisé par le tapotement qui retentit à la fenêtre. « Maudit piaf », laissa échapper Draco dans un grognement mécontent en sentant Pansy s’extirper du lit, pour ouvrir le passage à un hibou entièrement brun qui s’engouffra aussitôt, visiblement pressé d’échapper au froid automnal. Le volatile décrivit un cercle sous la voûte du plafond avant de lâcher son fardeau — la Gazette — et de filer, une infime part de sa besogne matinale accomplie. Le corps entier de Malfoy se raidit. Le journal ramenait en cascade les souvenirs encore trop vivaces des actualités, ce qu’il masqua en se tournant sur le dos et en croisant les mains derrière son cou en une pose faussement détendue. « Si les correspondants de la Gazette m’ont rendu justice », crâna-t-il de façon un poil forcée, « je devrais être présenté comme un héros dans cette édition. » Un rictus empli d’autosatisfaction lui mangeait les joues, alors même qu’il avait autant envie de lire ce qui était dit que de s’arracher une dent. Simple parade. En un mouvement fluide, il s’extirpa de l’amas moelleux et tiède de coussins, de couettes et de couvertures, et frissonna sous la morsure du froid venu de l’extérieur, une demi-seconde avant que Pansy ne referme les volets ; cela ne l’empêcha pas de se hâter de récupérer les vêtements propres abandonnés la veille et de commencer aussitôt à les enfiler. « Je vais devoir te laisser découvrir seule l’étendue de la dévotion de la Milice de notre cher Magister, Rookwood me fera la peau si je ne me présente pas à la première heure au Ministère, pour faire le point. » Et il ne voulait pas s'attirer l'insatisfaction de son supérieur et mentor. Il grimaça en enfilant une botte récalcitrante, précisant : « Il y a eu beaucoup de dégâts dans notre département. » En quelques instants il était prêt, son allure toutefois plus décontractée qu’il ne se le serait permis pour un jour de travail comme un autre. Il fit un crochet jusqu’au miroir recouvert, jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer que Pansy était trop avidement plongée dans la lecture d’un article pour lui prêter attention et se pencha pour se détailler d’un œil critique — ajustant les détails, effaçant les faux-plis inexistants de sa chemise, passant une main agacée dans les mèches qui lui tombaient sur les yeux… Après quoi le blond replaça le tout tel qu’il l’avait trouvé et rejoignit Pansy en quelques pas. Il n’accorda qu’une œillade désintéressée au passage qu’elle déchiffrait — il lui faudrait une ou deux tasses de thé corsé avant de s'y plonger, pour sa part, ce qu'il n'oublierait pas d'acheter en chemin —, mais posa un baiser rapide au creux du cou de la jeune femme pour s’imprégner une dernière fois de sa fragrance familière. Seulement alors, il s’éclipsa pour de bon. |
| | | |
| | | | | (dransy) — eyes like a car crash | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
|
|
|