When I was younger so much younger than today, I never needed any help, not in any way

Elle voit la silhouette de Rodrigue s’éloigner et un soupir tremblant franchit la barrière de ses lèvres. Ce qu’elle redoutait tant est arrivé. Pourtant ce n’est pas faute de pas avoir été prudente. Mais visiblement personne ne peut garder un tel secret pour soit. Finalement ce n’est qu’une demi surprise. Peut-être même que derrière la colère, les larmes et le chagrin elle était soulagée. Peut-être. Mais si c’était le cas elle ne l’avait pas encore compris. Sorrow est juste terrifiée. Au point de sentir de la bile remonter le long de son œsophage pour brûler sa gorge, laissant derrière le goût amer de la défaite. Pourtant elle devrait être fière. Elle a résisté. Lui a menacé de détruire sa vie. Mais elle a refusé. Mais ce refus n’est pas issu du courage malheureusement. Plutôt de la nécessité. Parce qu’elle ne peut  pas faire d’un autre la copie du monstre qu’elle est devenue. Même s’il est déjà l’ombre d’un être de mort et de sang.

Mais transformer quelqu’un en loup-garou serait se souiller d’autant plus …

On pourrait dire à quoi bon ? Après tout … peut-on être plus monstrueux qu’elle ne l’est déjà ? Sans doute que non. Mais au fond de sa misère et de son égoïsme il reste encore quelques principes à Sorrow. Ou peut-être qu’elle ne veut simplement pas tomber au fond de l’abîme au bord de laquelle elle se trouve. Un long frisson descend le long de sa colonne vertébrale. Rodrigue lui fait peur. Malgré sa bravade elle sait pertinemment qu’elle ne peut pas s’opposer à quelqu’un comme lui. C’est un mangemort et d’après ce qu’elle sait de lui il est tout de même relativement influent. Aucune chance donc qu’une serveuse de rien. Sans identité même, puisse jamais lutter contre lui. La solution intelligente aurait consisté à prendre ses jambes à son cou et à disparaitre une nouvelle fois. Sauf qu’elle ne peut plus. Trop de gens comptent sur elle. Comptent pour elle.

Et elle n’est plus assez forte pour se moquer d’eux et leur tourner le dos une nouvelle fois. Faiblarde petite Sorrow. Toujours à se lamenter et à pleurer sur son sort. Elle rejette ses cheveux en arrière. Ignore la sueur aigre et glacé qui coule le long de son coup. Inspire profondément. Il faut se calmer. Réfléchir. Essayer de trouver une solution. Quelle qu’elle soit. Son poing heurte soudain le mur avec force. Au diapason de sa colère. Un peu de sang coule le long d’une phalange abîmée. Mais la douleur est agréable ici. Sorrow se focalise sur cette dernière. Et lentement sa respiration reprend un rythme normal. Son cœur cesse de cogner contre sa poitrine comme s’il voulait en sortir. C’est mieux. Maintenant il faut rentrer chez elle. Se préparer à aller travailler au bar. Une nuit de travail interminable ou elle ne pourra plus penser à ce qui l’attend. Peut-être la meilleure des solutions.

Mais alors qu’elle se tourne pour partir elle aperçoit quelqu’un. Pas vraiment caché. Mais suffisamment dans l’ombre pour ne pas être vu dès le premier regard à cause du jeu de la lumière. Sorrow plisse ses grands yeux bleus. Ravale un grognement. Elle le connait. Elle l’a déjà vu au bar. Un visage comme un autre. Peut-être plus agréable. Peut-être est-ce même pour cela qu’elle se souvient de lui. Mais une chose est sûre, il fait aussi partis de l’entourage de Rodrigue. Elle s’en souvient. C’est pour cela qu’elle est en colère. Pour cela et parce qu’elle sait qu’elle doit donner l’impression d’être une proie en ce moment. Avec son regard cerné et hagard, ses cheveux emmêlés et sa main pleine de sang. Et elle ne peut pas se permettre d’être une proie.

Etre faible c’est mourir…

Alors elle relève la tête et carre ses épaules. Comme si tout allait bien. Comme s’il n’était rien. Une moue mordante se dessine sur ses lèvres rouges et elle attaque. Dédaigneuse au possible. «  Qu’est-ce que tu fait là ? Et qui es-tu ? Le larbin venu finir le sale boulot de son patron ?! » Elle ne sait pas si Rodrigue lui a dit ce qu’elle était. Voila pourquoi elle ne continue pas sa phrase plus en avant. Mais elle ne lui permettra pas de la juger. Ni de lui faire du mal. Elle trouvera un moyen de se débarrasser de Rodrigue peut importe comment. Et ce n’est pas lui qui va l’en empêcher. « Parce que si c’est ça dit-lui que je ne changerais pas d’avis ! Et qu’il peut aller se faire voir chez les Botrucs ! »

Assis sur un fauteuil de couleur pourpre, le jeune secrétaire contemplait les flammes qui jaillissaient de la cheminée, se trouvant en face de lui. Il ne bougeait pas d'un cil, ne se préoccupait de rien d'autre qui pourrait se produire autour de lui. Pensif, voilà l'état dans lequel je trouvais Abraxas. Cela faisait maintenant quelques jours que le jeune homme avait fait son choix concernant le camp à choisir dans cette guerre. Pour ce qui le côtoyait tous les jours, il restait le même : un serviteur du mal qui essayait de trouver une place dans ce monde si funeste. Mais ce n'était qu'une illusion. Car en effet, depuis qu'il avait fait le choix de sauver une famille d'une mort certaine, et de tuer par la même occasion le rafleur qui l'accompagnait, Abraxas cherchait maintenant le moyen de prendre contact avec les insurgés, voulant proposer son aide. Les mangemorts l'avaient trahi en lui mentant sur la mort de son père. De plus, son frère ne faisait plus partit de ce monde à cause d'eux. Oh oui, le jeune homme se rendait bien compte qu'il avait fait le mauvais choix, mais était-il trop tard pour se rattraper ? Pour offrir à ce monde, la lumière, la paix et la tranquillité ? Seul l'avenir allait le lui dire.

Pour l'heure, il allait avoir d'autres chats à fouetter quand son elfe de maison fit son apparition dans le salon. L'arrivée de Dearon, l'elfe au service d'Abraxas, fit sortir le jeune homme de ces pensées. Depuis son changement de camp, Abraxas se montra plus souple vis-à-vis de son elfe, le traitant mieux. Au début, ce fut une grande surprise pour Dearon mais, celui-ci ne semblait pas s'en plaindre, bien au contraire. Depuis, une certaine "amitié" se développa et l'elfe devint plus un compagnon qu'un esclave. Même si lorsqu'il recevait des invités du ministère, il se devait d'être plus agressif avec celui-ci. Dearon comprenait parfaitement le comportement de son maitre et ne pouvait lui en vouloir de se montrer dur quand il recevait ces collègues de travail. L'elfe avança alors doucement vers le fauteuil avant de s'arrêter net, ces yeux rivés sur les flammes. « Maitre, Dearon a rempli sa mission et sait où votre ami se trouve. » Dans les paroles de l'elfe, on pouvait voir que le rapport maitre/subordonnée ne s'était pas rompu pour autant, malgré la sympathie qu'avait le jeune homme pour son elfe. « Où se trouve-t-il ? » Demanda alors Abraxas d'un ton calme, sans pour autant quitter le feu des yeux. Chose que Dearon fit, regardant son maitre. « Il se trouve à Londres, dans la ruelle qui longe votre bar habituel. Il se trouvait avec une fille lorsque je suis parti » Car oui, le matin, avant de se rendre au ministère, Abraxas avait cette habitude de boire un café avant d'aller travailler. Il voyait donc où se trouvait son ami. Par contre, cette fille dont l'elfe avait parlé, le jeune homme se demandait qui cela pouvait bien être. Il espérait aussi que tout allait se dérouler pour le mieux mais, par précaution, il décida de se rendre sur les lieux, voulant surveiller son ami de près. Depuis qu'il voulait le changer, le faire redevenir comme avant, Abraxas s'était mit à le suivre de temps à autre. « Merci Dearon, tu peux maintenant te reposer un peu. Je dois m'absenter donc si quelqu'un vient, dis lui de repasser plutôt à un autre moment. Car je ne sais pas quant est-ce que je reviendrais. » Abraxas prit son long manteau noir et se vêtit avec avant de se diriger vers la porte d'entrée. Alors qu'il posa sa main sur la poignée, la voie de l'elfe se fit entendre. « Abraxas Pilliwickle, prenez soin de vous. » Quelques mots qui firent sourire le jeune homme qui rétorqua. « Je fais toujours attention ! » Fit-il avec un peu d'humour avant de sortir de la maison, direction Londres.

Quelque secondes s'écoulèrent avant que le jeune homme n'arrive dans la capitale britannique et plus précisément, au lieu-dit par son elfe de maison. Il s'était mis dans un coin de la ruelle pour que personne ne le remarque, observant alors son ami de longue date, en train de discuter avec une fille qu'Abraxas connaissait, mais que de vue. Rodrigue ne semblait pas très amical dans ces paroles et quelques minutes après son arrivée, celui-ci disparut, mettant fin à la conversation. Mais Abraxas ne bougea pas pour autant, observant la jeune demoiselle sans prendre la peine de s'avancer pour faire les présentations. Et pourtant, il aimerait bien savoir ce qu'ils s'étaient dis. Alors qu'il s'apprêtait à partir, la demoiselle le remarqua, Abraxas s'avançant alors vers elle, d'un pas léger et non précipité. Il ne la connaissait pas après tout, et se montrait donc méfiant. D'ailleurs il sortit sa baguette, la tenant alors dans sa main droite, prête à l'utiliser au cas où. Ne savant pas à qui il avait à faire, Abraxas comptait se comporter comme un mangemort, ne voulant pas qu'on le soupçonne de trahison. Ce n'était vraiment pas le moment. Se tenant à quelques mètres de la demoiselle, il ne put s'empêcher de rire doucement en écoutant ces paroles. Il remarquait que les gens se faisaient de plus en plus, des idées assez effrayantes pour eux-mêmes. « Qui je suis ? Abraxas Pilliwickle, secrétaire du directeur de la justice magique. Ce que je fais là ? Je n'ai aucune explication à donner à une étrangère. » Le jeune homme avait pris un ton neutre pour ne pas se montrer trop effrayant, mettant en avant son côté assez joueur. « Et à qui ai-je l'honneur ? » Demanda-t-il assez poliment. Par contre, quelque chose semblait perturber un peu le secrétaire, se demandant de quel boulot parlait la jeune demoiselle. Et surtout sur quel sujet ne devait-elle pas changer d'avis. Il ne pouvait le lui demander ainsi, il comptait se la jouer plus finement que ça ! « Je vois que vous connaissez Rodrigue .. Qui êtes-vous pour lui ? Car pour ce que j'en vois, vous n'êtes pas très copain copain .. » Une simple observation que le jeune blond faisait à haute voix. Rien de plus, rien de moins.

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When I was younger so much younger than today, I never needed any help, not in any way

Les yeux de Sorrow sont écarquillés. Etonnée qu’elle est de cet homme qui ne ressemble en rien à ce qu’elle avait imaginé. Du moins par ses paroles. Parce que mieux que personne Sorrow sait à quel point il est semble de mentir. De faire semblant d’être quelqu’un… quelque chose que l’on n’est pas. Elle-même pratique cet art depuis bientôt trois ans. Depuis qu’Opale est morte et qu’elle est devenue Sorrow. La fumée invisible au milieu des ombres. Elle s’est détruite pour se récréer. Elle est devenue une autre personne avec une autre personnalité uniquement pour survivre. Le paroxysme du mensonge. Mais soyons francs, si elle à réussi à devenue une autre personne à peine entrée dans le monde adulte et sans défense aucune … quelle difficulté cela peut-il présenter pour un homme adulte au service du magister ? Aucune. Absolument aucune. C’eist pour cela que Sorrow sait pertinemment qu’elle ne peut croire aucun des mots qui sorts de sa bouche.

Car tout n’est qu’un tissu de mensonge. Une toile enchevêtrée pour détruire quiconque est assez sot pour s’y laisser prendre …

Et même si elle sait cela pertinemment il y a une petite part de Sorrow. Une minuscule part qui aimerait pouvoir le croire. Parce qu’au fond, tout au fond , derrière les murs cadenassés qu’elle à elle-même construit, il y a Opale. Ou du moins ce qu’il en reste. Et Opale n’est rien d’autre qu’une petite fille terrifiée qui attend désespérément que quelqu’un vienne la sauver. Et seule Sorrow sait que personne ne viendra. Parce que personne ne vient jamais. Le monde n’offre pas de secondes chances. Plus maintenant. Pas alors qu’il sombre dans l’obscurité et la douleur. Personne n’est à l’abri. C’est triste. Mais c’est vrai. En regardant l’homme qui se tient devant elle, l’ami de Rodrigue, Sorrow se demande soudain s’il se doute que même en servant le Lord il est assis sur un siège d’argile et qu’a tout moment il peut tomber et être remplacés. Parce que désormais c’est ce qu’ils sont tous.

Remplaçables. Infiniment remplaçables….

Comme des pions sur un échiquier version sorcier. Les tombés sont des débris. Les restants sont en sursis. Un sourire tordu se dessine sur les lèvres de Sorrow. Mais très vite elle se reconcentre sur l’homme qui se tient en face d’elle et la jeune femme reprend une attitude blasée. Du moins autant qu’elle le peut. Mais cela ne doit pas tromper grand monde en réalité. « Abraxas Pillwickle ? » Le nom l’amuse et cela se voit dans l’étincelle qui brille soudain dans ses yeux. Mais elle n’ajoute rien. Son ton en lui-même est suffisant. Elle hausse soudain un sourcil. « J’avais demandé vôtre nom … pas votre curriculum vitae ! » Puisqu’il la vouvoie elle le vouvoiera aussi … des restes de bonne éducation sans doute. Une bonne éducation qui lui semble désormais obsolète mais tout de même, il y a des choses dont l’on ne peut se défaire que difficilement. Souvent les plus insignifiantes d’ailleurs.

« Je suis Sorrow. » Pas de nom de famille. Jamais. Opale Lunacy a disparu voila trois ans. Alors il n’y a que Sorrow. « Et vous devrez vous débrouillez avec ça … après tout moi non plus je n’ai pas à répondre aux questions d’un étranger ! » Elle secoue la tête. De moins en terrifiée. De plus en plus perplexe quand au but de cet homme et à la raison de sa présence ici. Visiblement cela n’a pas grand-chose à voir avec elle mais d’avantage avec Rodrigue. Ce qui quelque part est un soulagement … elle a suffisamment de personne qu’elle doit gérer en ce moment. « Me donner votre nom et l’endroit ou vous travaillez ne vous dérange pas mais en revanche vous refusez de parler de votre présence ici ? Vous êtes… spécial. » Ou suffisamment influent pour n’avoir peur de rien ni personne. Elle note cette pensée dans un coin de sa tête. Ne pas baisser sa garde. Jamais. Sinon cela sera probablement la dernière chose qu’elle fera avant de mourir. OU alors elle devra encore s’enfuir et elle est fatiguée. Epuisée de toujours devoir courir sans jamais s’arrêter. Sorrow voudrait réapprendre à vivre désormais … du moins si elle le peut.

« Et pourquoi je répondrais a vos questions ? Puisque vous ne répondez pas aux miennes ? » Elle marque une pause. Sourit. « De plus vous deux appartenez aux mêmes cercles … vous devriez pouvoir lui demander rapidement non ? » Elle joue gros en disant cela Sorrow. Parce que s’ils sont si proches et que Rodrigue lui dit la vérité … elle sera foutue. A jamais. Mais elle espère. Espère qu’il n’est pas là pour rien et que Rodrigue ne l’aime pas tant que ça. Avec un peu de chance c’est le cas. Soudain une pointe de colère flambe dans les grands yeux bleus de la jeune femme. Et elle s’avance rapidement vers l’homme … Abraxas, la haine au fond de son cœur. « En revanche si vous le voyez vous pouvez lui dire que ce n’est plus la peine de venir me voir … et que s’il le fait … il le regrettera. » C’est la partie louve de Sorrow qui parle dans ces mots. Celle qui n’a peur de rien et espère des pluies de sang. Pas vraiment elle. Mais la pleine lune était hier et Sorrow est plus à fleur de peau que d’habitude. Ses émotions exacerbées. Au grand malheur de son interlocuteur.

A découvert, voilà la position dans laquelle se trouvait le jeune homme lorsque l'interlocutrice de Rodrigue le vit. Il ne savait pas trop comment agir : aller vers elle ou bien partir en transplanant. Mais la curiosité l'emporta sur la raison et Abraxas marcha vers la jeune demoiselle, d'un pas assez doux et tranquille. Comme il le disait souvent : à trop se presser, on finit par tomber. Tomber dans un piège la plupart du temps. Mais là, cela ne semblait être le cas. Malgré tout, Abraxas préféra jouer la carte de la prudence, surtout en ces temps si sombre. Se présentant, il eut un sourire assez mauvais en voyant la réaction de la demoiselle. Se moquait-elle de lui ? Qu'importe, il n'allait pas lui lancer un doloris pour si peu, bien que d'autres ne se seraient pas gênés ! On pouvait se demander pourquoi le blond avait fourni son poste au ministère après son nom, la jeune demoiselle semblait se le demander elle. Et Abraxas n'aimait guère laisser une personne dans le doute ou l'interrogation. « C'était simplement pour que vous sachiez à qui vous avez à faire, rien de plus. » Un petit sourire en coin se manifestait sur le visage d'Abraxas, lorsqu'il eut fini de prononcer ces quelques mots. Il venait de se présenter, c'était au tour de la jeune femme de le faire. Mais celle-ci ne semblait guère bavarde à son sujet, vu qu'elle ne lui donna qu'un simple prénom. Haussant un sourcil, le jeune homme ne put s'empêcher d'être curieux sur le sujet. « Sorrow ? Simplement Sorrow ? Dîtes moi, vous n'avez pas de nom ? Ou bien êtes-vous recherchée par le ministère et c'est pour cela que vous ne voulez pas me le dire. » Franchement, Abraxas s'en foutait un peu de savoir si elle était recherchée ou pas. Lui, tout ce qu'il voulait savoir, c'était de quoi elle parlait avec Rodrigue, rien de plus. « Moi un étranger ? Voyons, vous savez qui je suis donc je suis maintenant, plutôt une connaissance qu'un étranger. » Le jeune homme avait cette merveilleuse habitude de jouer avec les mots. Selon lui, les mots n'étaient pas aussi insignifiants que certains pouvaient le penser. Un mot pouvait blesser ... rendre heureux une personne également.

Abordant alors le sujet de sa présence ici avec finesse, Abraxas n'eut pas vraiment la réponse qu'il attendait. En même temps, il savait très bien que certains sorciers ne voulaient répondre aux questions de ceux qui travaillaient sous les ordres du Lord. En faisait-elle partie ? Ou bien ne voulait-elle pas qu'il sache tout simplement ? Le jeune homme n'en savait trop rien, mais il ne comptait pas partir sans avoir de réponse. Certes, il pourrait très bien demander à son ami, mais celui-ci le soupçonnerait de le suivre. Chose vraie, mais Abraxas ne voulait pas que cela se sache. Alors sa seule possibilité était qu'elle parle. « Peut-être parce que je pourrais vous envoyer à Azkaban faire un petit séjour. Alors contrairement à moi, je vous conseille de coopérer. » La menacer n'était sans nul doute pas la meilleure des tactiques pour la faire parler mais elle marchait les trois-quarts du temps. Pourquoi changer de méthode lorsque celle-ci marchait plutôt bien ? Quoiqu'il en soit, les prochains mots de la demoiselle, firent rire Abraxas. Elle croyait que tout le monde était ami au ministère ou quoi ? « Vous croyez que, parce que l'on appartient au même cercle, on se dit tout ? Vous vous trompez ma chère ! » Le jeune homme marqua une légère pause durant laquelle, il remit une mèche de cheveux qui venait de lui tomber près des yeux. « Mais je suis ami avec Rodrigue donc oui, je pourrais le lui demander et il me dira tout ce que je veux savoir. De toute façon, je saurais alors pourquoi ne me le dîtes-vous pas ? Auriez-vous quelque chose à cacher ? » Abraxas se voulait très interrogateur pour déstabiliser la personne qui lui faisait face. Personne qui s'avança d'un coup, précipitamment vers lui avec une certaine férocité et parla sur un ton assez agressif. Curieuse façon d'agir selon le jeune homme. Il pointa alors sa baguette en direction de Sorrow, haussant un sourcil. « Veuillez garder vos distances, car je n'hésiterai pas à me défendre. » Une rencontre qui commençait sur les chapeaux de roue. Mais Abraxas comptait bien la calmer. Un autre mangemort aurait peut-être perdu son sang-froid mais ce ne fut pas le cas du jeune homme, privilégiant plutôt la parole que les actes dans de telles circonstances. « Je constate que Rodrigue vous a déçu. Vous savez, je peux vous aider. Nous, les partisans du Magister, ne sont pas tous pareils. Je tue, je torture, mais je peux apporter mon aide quand la situation me le demande. Alors vous ne voulez toujours rien me dire ? » La façon dont agissait Abraxas pouvait éveiller des soupçons mais si la jeune demoiselle se montrait curieuse, il savait quoi lui répondre : qu'il était ainsi pour avoir un peu plus le soutient de la population.

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When I was younger so much younger than today, I never needed any help, not in any way

Sorrow est partagée. Partagée entre la méfiance, la peur et la curiosité. Méfiance parce qu’il s’agit d’un ami de Rodrigue, quelqu’un qui la menace et la pousse dans ses derniers retranchements. Donc probablement quelqu’un de dangereux. Elle à peur parce qu’elle se demande si lui aussi ne va pas chercher à connaitre son secret. Et s’il trouve alors que faire ? Repartir en courant et en espérant pouvoir se terrer plus profondément sous la boue pour que personne ne puisse plus jamais deviner l’abomination qui dort en elle ? Peu probable. Alors il reste la curiosité. Car oui il y a quelque chose de curieux chez ce jeune. Trop calme. Posé. Différent de ce qu’elle à l’habitude de croiser dans cet endroit malfamé. A cause de ses manières un peu trop policées peut-être ? Par ici on entend d’avantage d’exclamations avinées que de présentations courtoises. Mais ce n’est pas vraiment une surprise pour quiconque.

Elle recule d’un pas. Lentement. Ses incertitudes marquées sur les traits doux de son visage. Trop fatiguée pour ne serait-ce que faire semblant. Sorrow à déjà de la chance de parvenir à tenir debout sans tituber. Un exploit quand on repense à sa précédente discussion avec Rodrigue et la pleine lune éprouvante qui vient juste de se terminer. Elle ressemble plus que jamais à une poupée avec ses longs cheveux noirs qui viennent se poser devant sa peau si pâle qu’elle en parait translucide. Même ses yeux paraissent un peu vitreux. Toute épuisée qu’elle est. Difficilement Sorrow inspire, même un acte aussi banal que celui-ci lui parait quasiment insurmontable. Le haut de son crâne heurte lentement le mur derrière elle. Mais Sorrow ne dit rien. Se contente de tenter de jauger le jeune homme qui lui fait face. Tenter seulement. Parce qu’elle n’arrive finalement pas à grand-chose.

Alors Sorrow peint une fausse assurance sur son visage. Emplie d’un dédain qu’elle n’est pas sûre de ressentir mais qui ne peut être qu’utile à sa cause. « Pas besoin de savoir votre rang pour connaitre le genre de personne à qui je m’adresse. » Sorrow laisse parler des préjugés qu’elle n’a pas habituellement. Après tout elle n’a plus de problème à travailler pour Lucrezia. Seulement la visite de Rodrigue à remué de vieilles blessures déjà rouvertes par ses discussions avec Lavande. Des insécurités qui ressurgissent et qu’elle ne comprend pas. Des questions qu’elle ne devrait pas se poser pour sa propre survie mais qui cognent tout de même dans son crâne. Ses yeux papillonnent. Elle penche lentement la tête sur le côté.

« Simplement Sorrow oui. » Elle s’avance de nouveau d’un pas. « Pourquoi ? Si j’étais recherchée pour vous iriez gentiment faire votre devoir de bon citoyen en m’emmenant au ministère. Parce que si c’est le cas je vous rassure. Ils ne savent même pas que j’existe. Personne ne me cherche. » Vrai et faux à la fois. Le ministère n’a que faire de Sorrow. Mais sa famille doit activement rechercher Opale. A moins qu’ils n’aient perdus patience au bout de ses trois ans et n’aient enterrés un cercueil vide dans l’espoir de faire le deuil de leur fille. Qui sait ? Une ombre passe dans ses yeux. « De toute façon je ne ressens ni l’envie de vous donner d’avantage d’informations sur moi. Un prénom suffit assez » Ou du moins ce qui lui sert de prénom puisque ce n’est pas vraiment le sien non plus.

Sorrow fait un pas en arrière. Un sourire amer et cruel se peint sur son visage en entendant sa menace. Il est bien comme son ami. « Décidément vous et Rodrigue vous ressemblez bien … les menaces en premier donc ? » La phrase est sortie trop vite. Un élément de réponse qu’elle n’avait pas envie de donner. Mais a-t-elle jamais eu le choix ? Rodrigue sait qu’il ne serait pas bon pour lui non plus qu’elle soit enfermée à Azkaban parce que sinon elle ne pourrait le transformer et lui apporter ce qu’il cherche. Mais cet … Abraxas n’a pas tant de scrupules lui. Alors il n’aura absolument aucun problème à enfermer Sorrow. Ce qui finirait inévitablement par dévoiler au grand jour sa nature de louve-garou… du moins si jamais elle ne succombait pas à la folie avant. La colère remplit son corps. La colère de savoir qu’elle ne pourra jamais se rebeller ou être en position de force. Mais qu’elle sera toujours comme elle est aujourd’hui. Avilie. Et faible.

Sinistre idée n’est-ce pas ?

Un soupir lui échappe. « Bien sûr que j’ai quelque chose à cacher. Mais après tout … qui n’a pas de secrets ? Ne me faites pas croire que vous n’en avez pas ! » Un éclat froid passe dans ses yeux. Quelque chose d’infiniment glacial, cruel dans toute son âpreté. Un rire tout aussi vide de sens et tranchant s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Quelque part empreint de désespoir. « Bien sûr … car il est évident qu’une personne qui me menace de m’envoyer à Azkaban est bien entendue la plus adaptée pour protéger mes secrets et s’occuper de mes problèmes … et demain matin je suppose que des gobelins viendront me donner les clés de gringotts ? » Vénalr jusqu'au bout Sorrow. Même dans ses comparaisons.Elle hausse les épaules. « Mais je peux tout de même vous donner un conseil. Si j’étais vous … je resterais loin de votre ami. Peut importe ce qui va se passer … ce ne sera pas vraiment joli. Qu’elle le transforme en loup ou qu’elle parvienne à se débarrasser de lui … le sang allait couler.

Comme partout ou elle va …

Avec cette guerre, les gens avaient de plus en plus de préjugés. C'était la constatation qu'avait fait le jeune homme, comme à l'instant précis avec les propos de la brune. Il avait suffi à Abraxas de dire son rang pour qu'elle le juge. Pas besoin de lui demander ce qu'elle pensât de lui ! Elle devait se dire que c'était un mangemort sans pitié, qui suivait le Lord sans penser de lui-même. Il fut un temps, c'était le cas .. Mais plus maintenant. Il se voulait indépendant ! Cela n'allait pas être un soi-disant grand sorcier qui avait peur d'un enfant, qui allait le commander. Bon ok .. officiellement, c'était le cas mais officieusement, tout le contraire. « Selon vous, un rang dit tout ce qu'il faut savoir sur la personne ? Ne serait-ce pas un raisonnement trop simpliste ? Car je peux vous dire que vous vous trompez ! Comme les moldus le disent, les apparences sont parfois trompeuses ! » On pouvait noter que le jeune homme avait utilisé une expression moldus. Assez étrange pour un mangemort ? Cela pouvait le compromettre, mais si elle notait ce détail, il savait déjà quoi lui répondre. Abraxas n'était pas ce genre de personne qui parlait sans se soucier des conséquences de ces paroles. Continuant les présentations, Sorrow ne paraissait guère bavarde sur elle, ce qui éveilla légèrement la curiosité du jeune blond. Pourquoi être si discrète ? Au moins dire son travail, cela n'allait pas lui porter préjudice ... Alors bien sûr qu'Abraxas pensait qu'elle était recherchée par le ministère pour éviter ces questions ! « Vous êtes d'une amabilité surprenante ! Mais soit, ne me dîtes rien sur vous. Mais vous savez, si je veux en savoir plus sur votre personne, j'arriverai à mes fins ! » Finit-il par dire en faisant un léger sourire aux coins des lèvres.

Mais il ne se trouvait pas devant elle pour la connaitre mieux ! Non cela avait un rapport avec son ami, Rodrigue. Mais, même sur ce sujet, la jeune demoiselle ne semblait pas être bavarde. Abraxas voulait savoir de quoi ils avaient parler et il employa la menace pour la faire parler. Un plan qui ne paraissait pas marcher pour autant .. Le jeune homme n'en voulait venir à cela mais, elle ne lui avait pas laissé le choix aussi. Répondre à une question n'était pas si compliqué lorsqu'on avait rien à cacher non ? « En même temps .. si vous auviez répondu à ma question, je n'aurai pas été obligé de vous menacer. » Son comportement ne signifiait qu'une chose : un secret qu'elle ne voulait pas que le jeune homme sache. Et il semblait avoir vu juste ! Ce qu'elle venait de dire, Abraxas ne pouvait qu'approuver. Lui aussi avait un secret. Et il ne voulait que personne ne le connaisse. Alors dans un sens, il arrivait à comprendre le comportement de la jeune demoiselle mais, i fallait qu'elle comprenne également, qu'il n'était pas là contre elle mais pour aider Rodrigue. Malheureusement, il ne pouvait lui sortir qu'il voulait aider son ami pour le rendre un peu meilleur. Cela serait vraiment très suspect pour un mangemort. « Vous n'avez pas tort mais certains secrets sont bons à être dévoilé pour pouvoir aider une personne. Si vous voyez ce que je veux dire ! » Il marqua une légère pause en tournant sa baguette dans sa main. « De plus vous devez vous douter qu'on ait nos moyens pour obtenir les réponses que l'on veut ! » Une nouvelle menace de la part d'Abraxas ? Non juste un avertissement ! Beaucoup de personnes confondaient la menace avec l'avertissement. Sorrow semblait faire de l'humour en parlant des gobelins de Gringotts. D'ailleurs, ce petit aparté fit légèrement sourire le jeune homme. Un peu d'humour ne tuait pas. Par ailleurs, Abraxas adorait les gens qui faisaient de l'humour, tant que cela n'allait pas dans l'excès. « J'aime votre humour ! Mais vous devriez savoir que l'on juge une personne plus à ces choix qu'à ces aptitudes. Je fais le choix de vouloir l'aider, cela devrait vous suffire pour me dire ce que je veux savoir. » Elle apporta alors un élément de réponse, bien que ces quelques mots ne comblèrent pas assez le jeune homme. Ce qu'elle venait de lui dire était trop flou pour Abraxas, il voulait en savoir beaucoup plus ... Cela l'intriguait beaucoup trop pour qu'il se contente de cela. « Merci de cette prévention .. Mais on dirait que Rodrigue est un monstre. Ce qui n'est pas le cas ! Je le connais assez pour l'affirmer.  » Peut-être que son ami avait fait du mal à la jeune demoiselle pour qu'elle parle ainsi de lui ? Le blond n'en savait trop rien et être dans le flou, comme à l'instant, ne lui convenait guère. Alors il tenta une autre approche ! « Vous a-t-il frappé ? Ou bien menacer ? Enfin menacer assez violemment, je veux dire ! Vous me dîtes de me méfier de mon ami sans me dire pourquoi ? Cela me parait trop léger ! » Affirma le jeune homme qui commençait à prendre un air un peu plus sérieux et moins décontracté. Sa patience avait quelques limites et ils commençaient à les atteindre là ...

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When I was younger so much younger than today, I never needed any help, not in any way

Elle cligne des yeux. Penche la tête sur le côté. Fixe cet homme qui se tient en face d’elle et qui lui dit des choses en lesquelles elle ne croit pas. Qui lui paraissent absurde. Quand il prononce son petit discours sur le rang elle se retient de rire Sorrow. Mais dans quel monde vit-il ? Comment est-il possible qu’il prononce encore des phrases si pleines d’utopies et de bon sentiment ! Alors qu’il est mangemort ! Tout cela n’a aucun sens. Il n’a aucun sens. Comment peut-il être mangemort et parler comme si le monde était encore plein d’espoir. Elle secoue la tête Sorrow. Laisse ses longs cheveux noirs effleurer ses frêles épaules. Sorrow sent l’éclat de rire qu’elle s’empêche de laisser aller caresser le fond de sa gorge. Elle veut secoue le jeune homme. Le frapper parce que le fait qu’il voit le monde de cette façon lui fait penser qu’il n’en a pas encore vu le pire.

Et elle en est jalouse Sorrow. Tellement jalouse.

Mais encore une fois peut-être qu’elle se trompe. Peut-être qu’il fait simplement partie des gens qui ont vécu le pire et espèrent le meilleur. Cette classe si rare de personne qui survit à tout pour construire les bases d’un monde nouveau. Des gens enviables. Admirables. Mais c’est un mangemort qui se tient en face d’elle. Alors sans doute est-ce la première solution. Parce qu’après tout … quelqu’un qui soutient le Lord ne peut pas être bon ? Pas vrai ? Sorrow se murmure cela depuis sa rencontre avec Rodrigue. Mais au fond d’elle , elle sait bien que le monde est bien plus compliqué que cela. Parce qu’Akëla à toujours admiré le Magister et pourtant … pourtant Merlin sait qu’elle et Sorrow étaient proches. Et puis Sorrow travaille bien pour Lucrezia. Et elle sait que derrière ces abords froid la jeune femme est loin d’être un monstre.

Le monde est bien plus compliqué que le noir et le blanc. Et Sorrow le sait pertinemment. Seulement aujourd’hui elle n’a pas envie de le comprendre. Et quand il parle de moldus elle envie de le gifler. Pour être assez naïf pour croire qu’utiliser des expressions moldues en public peut être accepté. Mais elle ne fait pas. Elle ne le connait pas. Et pour ce qu’elle sait c’est un ennemi. Alors qu’il creuse sa tombe. Elle ne sera pas là pour voir le corps. « Un rang en dit suffisamment. Pas tout. Mais peu importe d’où ils viennent je ne m’implique jamais avec des gens qui pensent qu’ils peuvent dire à voix haute ce qu’ils pensent tout bas et que cela n’aura pas de conséquences. » Elle parle bien sûr de cette citation moldue qu’il a sorti en se pensant en sécurité. Parce qu’elle sait, Sorrow qu’il faut garde sa bouche scellée et sa tête baissée pour survivre. Claironner des opinions, des idées, si bonnes soient-elles c’est se condamner à plus ou moins court terme. Et Sorrow est une survivante par excellence.

« Vous m’avez espionné et vous pensez que je vais être aimable ? Décidément vous semblez venir d’un bien étrange milieu pour avoir de telles idées ! » Sorrow secoue la tête. Se prend au jeu quelque part. Sème des indices un par un. Elle ne veut pas vraiment lui dire la vérité. Pas vraiment. Mais peut-être que lui donner des miettes saura suffisant pour la protéger sans qu’il ne sache réellement quelque chose. «  Vous pouvez chercher. Mais techniquement je n’existe pas … alors je vous souhaite bonne chance pour trouver. » Opale Lunacy est morte. Et de toute façon Sorrow ne ressemble en rien à la douce et rieuse jeune femme blonde que celle-ci était. Sorrow est une poupée brisée. Une ombre à demi-effacée. Alors personne ne pourrait la reconnaitre. Elle n’est même pas sûre que ses parents la reconnaitraient. Trop changée. Sorrow a avalé Opale.

La louve brisée à mangée l’enfant heureuse.

« Il y d’autres solutions que les menaces si l’on veut obtenir des réponses. » Et Sorrow a toujours pensé qu’on attrapait mieux les mouches avec du miel plutôt qu’avec du vinaigre. Sorrow secoue la tête. Têtue. Obstinée presque à l’excès. Mais elle s’accroche à son secret depuis si longtemps qu’elle n’ose plus le lâcher. « Mes secrets sont les miens. Et ils ne concernent personne. Certainement pas une personne que je viens de rencontrer et qui s’avère être l’ami de l’homme qui m’a menacé ». Elle lève un sourcil. Ne sait pas si elle doit rire ou pleurer. Est-ce de la pure naïveté ? Ou la plus fourbe des intelligences qui le pousse à lui parler de cette manière pour l’attendrir et la forcer à se dévoiler ? Elle ne sait pas Sorrow. Mais elle reste atterrée par les paroles d’Abraxas.

« Ce serait peut-être vrai dans un autre monde. Dans celui d’où vous venez. Mais ici les gens font de mauvais choix pour de bonnes raisons ou de bons choix pour d’opportunistes motifs.  C’est la vie. Et ce n’est pas parce que vous voulez aider un de vos amis que je vais vous faire confiance. Après tout vous avez bien vu qu’il n’est pas l’un des miens. » Elle passe une main dans ses cheveux. S’étire lentement. Cette conversation est faire pour durer visiblement. Tenace cet homme. Et elle est incapable de s’en débarrasser. Sorrow secoue la tête. Ne sait pas vraiment comment lui dire ce qu’il veut entendre sans se révéler vraiment. Et elle ne peut pas dire qui elle est. Ce qu’elle est. Sa course est terminée, elle n’a plus la force de continuer à s’enfuir. Mais elle ne veut pas non plus mourir. Elle inspire profondément. Expire. Et tente de se montrer la plus claire possible sans pourtant donner de réelles informations. « Ce n’est pas un monstre … du moins pas un monstre dans le sens que vous pensez » Un peu de rancune dans la voix de Sorrow ? Peut-être. Sans doute. « Mais il essaye définitivement d’en devenir un. Et croyez-moi … personne ne veut que cela arrive »

Parce que personne ne veut être comme elle. Une bannie aux lèvres souillées de sang séché.

Une différence de point de vue semblait naitre entre les deux personnes concernant la signification qu'un rang pouvait avoir. Selon Abraxas, la vie n'était qu'une question de point de vue. C'était ce qui faisait les débats après tout. Malgré tout, de nos jours, le jeune homme devait avouer qu'un rang en disait long sur une personne. Quelqu'un qui avait un poste haut placé au sein du ministère, signifiait presque obligatoirement qu'il vénérait le Magister ou/et ces idéaux. Presque, car cela n'était pas le cas de tout le monde. Abraxas en était la preuve vivante. Certes, le blond n'occupait pas un poste à très haute responsabilité mais, être secrétaire d'un directeur montrait malgré tout une marque de confiance envers cette personne ! Abra émit un léger rictus en écoutant la fin de la phrase de Sorrow. C'est vrai, le jeune homme n'avait pas peur de dire à haute voix ce qu'il pensait dans sa tête. De l'audace ? On pouvait voir ainsi les choses mais, dans ce monde si ténébreux, il fallait bien en avoir ! « Qui vous dit que je n'ai pas pensé aux conséquences ? Voyez-vous, je suis simplement honnête ! » Un petit sourire aux coins de ces lèvres se dessina. Abraxas n'était pas le genre de personnes qui paraissaient bien honnêtes dans sa vie ... Et les gens n'avaient pas tort de penser cela de lui car, comme il le disait souvent : on sait qu’un homme malhonnête le restera quoi qu’il arrive... Honnêtement, ce sont des hommes honnêtes dont il faut se méfier, parce qu’on peut jamais prévoir à quel moment ils feront un truc incroyablement... stupide. La jeune demoiselle en revint alors au fait qu'il l'espionnait. Un fait qui pouvait être discutable vu qu'Abraxas espionnait plus son ami qu'elle. Mais il ne pouvait le prouver, seule sa parole comptait. « Techniquement, ce n'était pas vous que j'espionnais. Disons que vous vous trouviez au mauvais endroit au mauvais moment ! » Le jeune homme ne fit aucune autre remarque sur l'amabilité de la demoiselle. Il l'avait déjà. Le jeune homme ne se trouvait pas en face d'elle pour lui taper la causette et faire ami ami avec elle. D'ailleurs, ce fut pour cela qu'il ne chercha pas bien longtemps l'identité complète de la jeune femme. Elle lui avait donné que son prénom et il allait devoir s'en contenter.

Venant alors au sujet qui justifiait la présence d'Abraxas en ces lieux, il comprit assez rapidement que s'il voulait des informations, il allait devoir se la jouer plus finement. Bien sûr, la torture pourrait être une solution mais, ce n'était plus sa méthode désormais. Il se la jouait plus façon diplomate lorsqu'il le pouvait ! Ok, le jeune homme n'aurait peut-être pas dû la menacer aussi directement mais, le temps jouait contre lui. Parler, c'était bien beau mais, ça prenait trop de temps. Abraxas n'était pas le genre de personne très patience. Sauf dans certains domaines. « Certes mais, de nos jours, les menaces restent la meilleure des solutions. Alors pourquoi changer de solution lorsque celle-ci marche ? Bien que cela n'ait pas vraiment l'air de fonctionner avec vous ! Je constate que beaucoup de personnes ont dû vous menacer pour rester si indifférentes aux miennes. » Une simple constatation, rien de plus. Puis, un mot attira l'attention du jeune blond. Elle venait enfin d'avouer que Rodrigue l'avait menacé. Mais pourquoi ? Que voulait-elle ? Elle semblait si banale ... Mais les apparences étaient parfois trompeuses ! « Vous apprendrez qu'un secret concerne toujours au moins deux personnes ! » Il marqua une légère pause avant de revenir su, le mot "menace" « L'homme qui m'a menacén vous dites ? Nous progressons ! Comme ça, Rodrigue vous a menacé ? Il doit avoir ces raisons et j'aimerai bien savoir lesquelles ! Car venant d'une fille aussi banale aux premières apparences, cela doit être assez important pour lui ! » Maintenant il ne restait plus qu'à découvrir le pourquoi d'une telle menace ! Et vu la personne qu'était Sorrow, cela n'allait pas être du gâteau. Mais Abraxas avait sa stratégie : essayer de faire plus ample connaissance avec la demoiselle pour avoir les réponses aux questions qu'il se posait. A l'entendre dire, Rodrigue paraissait être un monstre mais en disant cela, il ne s'attendait pas à une telle révélation de la part de Sorrow. Oh oui elle ne l'avait pas dit explicitement mais Abra avait su lire entre les lignes. Enfin, il espérait tout du moins ... Cela lui arrivait de se tromper, comme à toute personne. « Vous voulez dire qu'il veut dire devenir un monstre ? Un loup-garou ou quelque chose dans le genre ? Mais .. c'est absurde de sa part ! Il vous fait chanter car, vous connaissez une personne qui pourrait lui rendre ce service ? Je dois savoir !  » Le ton du jeune homme avait changé. On pouvait sentir de l'inquiétude dans sa voix. Et c'était compréhensible. Même si être animagus avait ces avantages, cela comportait des inconvénients également ... « Rodrigue ne doit pas faire ça ! Etre transformer en un animal n'est pas aussi génial que l'on croit ! Cette guerre lui a fait péter un neurone ma parole ..  » Il regarda le sol, les yeux qui allaient de droite à gauche, espérant qu'il allait pouvoir aider son ami. Chose qu'il pourrait faire si la demoiselle voulait lui donner les informations qu'il désirait avoir.

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When I was younger so much younger than today, I never needed any help, not in any way

Sorrow penche la tête sur le côté. Examine. Détaille. Scrute. Ses yeux bleus parcourent la silhouette devant elle comme pour tenter d’y pénétrer et de comprendre réellement qui est cet Abraxas qui ne semble posséder rien d’autre qu’illogisme et spontanéité. Et dire qu’il est mangemort. Décidément … le monde ne tourne vraiment plus rond. Mais si tous les mangemorts étaient comme lui il n’y aurait surement plus de guerre. Plus de morts. Non pas que cela changerait quoi que ce soit pour elle. Après tout en tout en tant que louve-garou elle sera toujours une paria. Peu importe ce qu’elle fait. Peu importe ce qu’il se passe. Paix ou guerre n’ont pas d’importance pour les haines irrationnelles des humains. Elles existent toujours même si le monde retrouve tout son éclat.

Et Sorrow n’a de place nulle part. Ni ici. Ni là-bas.

Donc l’opportuniste Sorrow devrait s’en moquer. Mais il y a Akëla. Ada. Lavande. Emrys. Toutes ces personnes qui viennent d’endroit et de camps différents. Qui se battent et se déchirent. Mais chacun à leur manière ils ont touchés Sorrow. Et elle voudrait les protéger. Mais comment les protéger d’eux-mêmes ? Et si elle devait choisir … qui voudrait-elle sauver ? Tant de questions qui se mélangent dans sa tête. Qui font qu’elle déteste cette guerre même si elle ne la concerne pas vraiment. Sorrow hausse un sourcil. Regarde l’homme dans les yeux. « Honnête ? C’est bien ce que je dit. Pour être honnête ici il faut être fou. Ou inconscient. » Elle hausse les épaules. « Ou peut-être bien que vous êtes les deux après tout. » Mais c’est dangereux. C’est risqué. Courageux aussi Sorrow se doit de l’admettre. Mais elle a toujours jugé que le courage était surestimé. La peur est bonne pour la survie. Utile. Avoir peur c’est réagir à temps. Fuir quand on le peut. Garder la tête basse quand il le faut.

Survivre en somme. Le courage est bien beau sur le papier. Mais dans la réalité il conduit à la mort. Et Sorrow tient bien trop à sa vie pour ce faire. Elle ne fera donc jamais partie des gens dont on parle avec des larmes aux yeux et du respect dans la voix. Mais elle s’en moque. Elle est bien trop lâche pour s’en soucier. Pas comme lui visiblement. Loin des stéréotypes que l’on peut penser à propos des mangemorts. Mais comme tous ceux qu’elle a croisé, comme pour Lucrezia elle se demande pourquoi. Pourquoi il fait ça … mais sorrow ne comprends pas vraiment non plus le fanatisme des insurgés. La guerre n’est pas pour elle. Ne le sera jamais. Elle ne comprend pas le besoin qu’ils ont de semer mort et sang en révélant l’horreur qui existent en eux. Peut-être parce qu’elle possède une bête en elle qui se charge déjà de faire tout ça pour elle. Peut-être.

Un soupir échappe à Sorrow. « Au mauvais endroit au mauvais moment ? C’est quelque chose qui m’arrive un peu trop souvent ces derniers temps. » Elle ne dit pas ça pour lui. Ne fait que le murmurer. Mais effectivement c’est le cas. Sa malchance s’accumule. Comme un ciel qui se couvre de nuage pour étouffer le soleil. Elle dodeline lentement de la tête. « Vous avez raison sur ce point. C’est loin d’être la première fois … et si j’en crois mon expérience ce ne sera pas la dernière. Mais j’ai appris il y a longtemps que généralement ceux qui utilisent des menaces ont autant à perdre qu’a gagner » On ne demande jamais la vérité pour rien après tout. Le savoir c’est le pouvoir. Et c’est celui qui sait qui tiens réellement la main. Et elle le sait Sorrow. Elle sait que tant qu’elle garde les secrets qu’elle connait dans ses lèvres scellées rien ne peut lui arriver … mais si elle se met à parler en revanche … que pourrait-il bien se passer ?

Un sourire amer se dessine sur son visage. « Mais justement, c’est bien parce que je suis banale que je suis utile. Qui fait attention aux ombres dans notre monde ? » Elle veut l’éloigner de sa nature. Qu’il pense qu’elle n’est que quelqu’un qui possède trop d’informations. Qui a trop entendus et qui ne sait plus quoi faire de ce qu’elle possède. Sorrow révèle un bout d’elle-même dans l’espoir de l’éloigner de la réalité. Car il n’y a pas meilleur mensonge que ceux qui possèdent une bonne part de vérité pas vrai ? C’est pour cela qu’un soupir de soulagement imperceptible lui échappe quand Abraxas se lance seul dans une fausse piste. Elle sent le contrôle de la situation lui revenir Sorrow. Commence à se dire que si elle arrive à convaincre Abraxas alors elle pourra le faire partir de sa vie. Lui et ce Rodrigue qu’elle ne veut plus voir. « Quelque chose comme ça. Mais je préférerais ne pas en parler ici. Trop de gens pourraient entendre. » Lasse elle se passe doucement la main sur le front. Fatiguée. Elle a envie de rentrer chez elle et de ne pas avoir cette conversation. Mais il faut bien se protéger pas vrai ? « Je connais un endroit discret pas très loin. » Elle commence à avancer. S’arrête et se retourne. « Vous venez ? »

Abraxas ne put que rire en écoutant les paroles de la demoiselle sur l'honnêteté. Il ne rigolait non pas, car il se foutait d'elle. Seulement, cela était légèrement surprenant que de telles paroles sortent de la bouche d'une personne aussi neutre qu'elle avait l'air de l'être à première vue. Le jeune homme croyait entendre un insurgé insultant à mangemort. Peut-être était-ce le cas ? Mais ça, il ne pouvait le prouver. Et puis, il ne se trouvait pas là pour arrêter une personne, mais pour avoir des informations. Cela ne l'empêcha pas de rétorquer quelques mots à ces paroles. « Courageux. Je pense plutôt qu'il faut être courageux pour être honnête avec les temps sombres qui courent. » Petite pause avant de reprendre la parole. « Mais le courage est souvent associé à la folie ou à l'inconscience ! » Finit-il par ajouter avant de hausser les épaules. On pouvait dire que le jeune secrétaire était le trois à la fois. Et il était fier de l'être bien évidemment ! Comme il le disait souvent, il fallait toujours un grain de folie dans sa vie pour qu'on en profite pleinement.

Sans le vouloir, la jeune demoiselle révélait quelques informations sur sa vie : le fait qu'elle soit, en ce moment, jamais au bon endroit, mais également aussi que beaucoup de personnes la menaçaient. Ce qui voulait dire qu'elle n'était pas aussi banale qu'il le pensait. « Pour votre gouverne, je n'ai rien à perdre. Disons simplement que je fais cela pour gagner du temps. Rien de plus, rien de moins. » Avoua-t-il en esquissant un sourire en coin, plutôt fier de lui sur ce coup. Abraxas n'était pas une personne comme les autres. Elle se disait banale, le jeune secrétaire ne put qu'en rire. Et pour cause, il avait bien précisé aux premières apparences car il avait vite compris qu'elle ne l'était pas autant qu'elle voudrait le faire croire. Sinon pourquoi tant de gens s'intéresseraient à elle ? On ne menaçait pas une personne sans avoir de raisons. Quoique, de nos jours, peut-être bien que si .. Mais il connaissait Rodrigue, ce n'était pas ce genre de personne. « Certains d'entre nous s'intéressent aux ombres, vous savez Sorrow ! Et puis je pense que vous n'êtes pas aussi banale en fin de compte .. » Finit-il par dire, avouant le fond de sa pensée. Certes, cela n'était pas très professionnel, mais Abraxas ne se trouvait pas là pour elle après tout.

Les deux en vinrent alors à discuter de Rodrigue. Il fallait croire que le jeune blond avait réussit à atteindre son but. Enfin presque .. Sorrow lui révéla quelques informations, une par une. Comme ça, il voulait être un animal. Pas besoin d'être intelligent pour savoir les intentions du jeune homme. Il voulait certainement se faire mordre et devenir un loup-garou. C'était l'hypothèse la plus logique selon lui .. Mais il pouvait se tromper, ce fut pourquoi il devait en savoir plus pour ne pas tirer des conclusions trop hâtives. La demoiselle proposa alors à Abraxas d'aller discuter dans un autre coin. Mais il eut quelque réticentes au début. Cela se comprenait avec les temps actuels ! Il ne connaissait pas la demoiselle, elle pouvait le trahir dans l'endroit où elle l'emmènerait .. Mais en même temps, c'était la chance d'avoir des réponses aux questions qu'il se posait ! « Vous comptez m'emmener où ? » Mais celle-ci commença alors à bouger, tandis que le jeune homme, lui, resta figé, se demandant s'il devait la suivre ou pas. Lorsqu'elle lui demanda s'il venait, il soupira avant que ces pieds ne bougent, la rejoignant. « Je viens, mais vous avez intérêt de me dire ce que je veux savoir ! » Il arriva près d'elle avant de rajouter. « Et vous n'avez pas intérêt non plus à me trahir, je suis un assez bon duelliste. » Il fallait mieux la prévenir, qu'elle chasse les mauvaises idées et plans de sa tête le concernant ... Et les voilà qui s'en allèrent de la ruelle, l'atmosphère devenant plus calme, posée.

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