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Un véritable chantier a lieu au Ministère en ce moment-même. Les associations des droits des sorcières et sorciers ont envoyé maints courriers ces derniers jours au cabinet du Ministre pour faire savoir que les conditions de détention des prisonniers sont aberrantes. « Les prisonniers sont des criminels, certes, mais ils n’en reste pas moins des êtres humains. » Déclare Melinda Barckness, la porte-parole d’une de ces associations. Il semblerait qu’elles ont été entendues puisque le Ministère a fait passer un appel d’offres pour des archimages. Beaucoup ont répondu à l'appel, intéressés par le projet. L'intitulé est simple : le Ministère cherche à utiliser le même principe que les tentes magiques et à l’appliquer aux cellules où se trouvent les criminels. Car rappelons-le, la structure souterraine du Ministère ne permet pas d’agrandir physiquement l’espace.

Le Directeur du Département de la JM, Sean Markham a également déclaré que « Le Ministère n’est pas prévu pour l’accueil de prisonniers sur le long terme. Nous comptons bel et bien faire des travaux dans la prison d’Azkaban puisque l'évasion du 5 janvier a démontré que des criminels en liberté essayent de libérer leurs comparses et enfermer les condamnés à Az limitera considérablement les risques de fuite. La rénovation de l’endroit pourra ainsi dégorger le Ministère et éviter les attaques de convoi. » Les deux chantiers ont commencé simultanément et ne devraient pas prendre plus d’un mois. Les équipes ont démarré aussi vite qu’un nimbus 2004, c'est-à-dire le lendemain de la réponse du Ministère sur l’appel d’offres. Les associations militantes sont sceptiques quant à la durée des travaux, qu’elles jugent beaucoup trop courte pour tant de réparations à faire et d’infrastructure à revoir. Azkaban ayant subi les affres du temps, la prison est devenue insalubre voire dangereuse. Par ailleurs les pierres sont encore saturées de magie noire et ont été prouvées dangereuses pour la santé mentale des occupants de la prison (aussi bien prisonniers que potentiels gardiens humains). Ceci sans compter le fait que la structure est prévue pour un enfermement permanent, sans aucune possibilité d'activités, et déshumanise donc les prisonniers, rendant difficile voire risquée la réinsertion de ceux d'entre eux qui écopent d'une peine temporaire. Enfin, des démarches musclées doivent être mises en place pour déloger les détraqueurs qui sont encore trop nombreux en ces lieux (voir notre dossier "que faire des détraqueurs?", p.7). Un mois semble donc un délai bien court pour lui donner un aspect décent.

Par ailleurs, le Ministère s’est également engagé à rendre les visites des proches plus agréables et moins contraignantes. Chaque cellule remise à neuf va être dotée d’une bulle de visite. « Dès que le prisonnier et son visiteur entrent dans la bulle, un sortilège entoure chacun d'eux, ne leur permettant pas d’accéder à leurs poches ou tout endroit pouvant cacher quelque chose, au cas où les fouilles passent à côté d’un objet bien caché. La bulle se met ensuite en lévitation pour que le visiteur et le prisonnier soient dans une sphère intime », témoigne un gardien. Les visites sont sous surveillance grâce aux caméras de l’entreprise Shape the Future insérées dans chaque bulle, pour la sécurité de tout le monde.

Le 5 janvier au soir, durant le transfert à Azkaban, sous haute surveillance, de pas moins de dix grands criminels de guerre condamnés au Baiser du Détraqueur, a eu lieu un véritable drame: Le convoi a subi une attaque alors qu'il s'apprêtait à quitter l'île.

Nous n'avons rien vu venir, témoigne l'un des Aurors impliqués, tout juste déchargé de l'hôpital après avoir subi de lourdes blessures. Toutes les mesures possibles avaient pourtant été prises pour éviter une telle situation : vingt-deux hommes à l'intérieur et autour du magicobus transportant les prisonniers, une patrouille volante déployée pour surveiller les alentours et un vaste périmètre de sécurité devaient tenir à distance de potentiels alliés des condamnés. Vraisemblablement, ce n'était pas suffisant.

Ces évènements survenus il y a déjà cinq jours seraient sans doute restés confidentiels encore longtemps s'ils n'avaient eu de conséquence quasi immédiate. Mais en ce triste jour, les journaux de la communauté sœur relatent la mystérieuse mort de trente-deux moldus. Pas de marques visibles, mais des yeux révulsés et des lèvres ayant écumé sous le coup d'une souffrance  indicible : si les circonstances restent inexpliquées aux yeux des novices, tout sorcier reconnaît là les signes caractéristiques d'une longue et douloureuse torture par Crucio.

L'information n'a été tenu secrète que dans le but d'éviter une panique générale, a expliqué Sean Markham, directeur de la JM, durant la conférence de presse tenue en début d'après-midi devant le ministère. Huit des prisonniers ont été abattus avant de parvenir à échapper à la justice. Cependant, deux d'entre eux sont parvenus à nous échapper. Nous soupçonnons des mangemorts en fuite d'avoir orchestré l'évasion, mais au vu du manque de preuves concrète, aucune possibilité n'est écartée. Si l'un des noms des évadés reste à confirmer par le représentant du département, il n'y a aucun doute sur l'identité de son partenaire: Rabastan Lestrange est officiellement en fuite. Il est très probable que Lestrange et les ennemis d'état l'ayant libéré soient les responsables de l'attaque ayant coûté la vie à des moldus.

Mes pensées vont tout particulièrement vers le jeune Neville Longbottom, dont un message sur le service MSN avait mis en garde les manifestants contre le danger d'épargner le baiser du détraqueur à un criminel de cette envergure, ajoute gravement Markham, qui avait déjà eu l'occasion d'affirmer partager l'opinion du jeune héros de guerre, dont les parents ont été victimes à deux reprises des partisans du Seigneur des Ténèbres: dans les années 80 et achevés deux décennies plus tard dans les circonstances les plus cruelles (voir notre dossier d'archives en p.5).

Le ministère affirme mettre tous les moyens en œuvre pour retrouver Lestrange et ses alliés, dont les têtes sont mises à prix (10 000ʛ), mais exhorte l'ensemble des sorciers à la plus grande prudence. Toute information valable sera la bienvenue. Cependant, si vous pensez voir l'un de ces indésirables recherchés, n'intervenez sous aucun prétexte. Mettez-vous à l'abri et reportez immédiatement ce que vous savez aux autorités. Gardez à l'esprit que ces hommes et femmes sont extrêmement dangereux. Les patrouilles organisées dans Londres et les grandes zones urbaines magiques ont, par ailleurs, été renforcées afin d'assurer la sécurité des sorciers de la capitale.

Les audiences préliminaires s'enchainent et, tandis que la majorité des sorciers jugés se voient refuser un droit de visite durant leur détention provisoire, la colère enfle parmi le peuple. La situation a toutefois empiré depuis qu’une source anonyme au sein de la BPM a révélé que des transferts à Azkaban étaient envisagés pour pallier un important problème logistique. En effet, les cellules du ministère sont pleines à craquer de détenus en attente de jugement, entassés ensemble par dizaines, alors que les arrestations sont loin d’être achevées.

Dans les rues, c'est la consternation. « je veux que les criminels de guerre payent pour leurs atrocités, affirme un militant. Mais on ne peut pas parler de justice si des victimes comptent au nombre des présumés coupables. » Mode de pensée qui ne convainc pas tout le monde. « On ne peut pas être dit innocent si on a du sang sur les mains », réplique un autre sorcier interrogé. « Personne n'a le droit de nier la souffrance causée par ces gens qui affirment avoir été forcés à torturer, à tuer. »

Ce sont trois courants qui s'opposent dans les rues entourant le ministère. Certains réclament que les évaluations psychomagiques promises soient effectuées non pas dans le cadre de la préparation des procès, mais immédiatement, afin de servir de preuves durant les audiences préliminaires. D'autres exigent que tous soient jugés en fonction de leurs actes. Les derniers, moins nombreux, s'offusquent à l'entente des peines annoncées. « Azkaban est un lieu immonde et la seule idée que le nouveau gouvernement s'allie aux Détraqueurs, qui ont ouvertement pactisé avec Vous-Savez-Qui, bafoue toutes les promesses formulées depuis la fin de guerre. » Comment oublier, en effet, le chaos semé par des armées de Détraqueurs tout au long de la guerre, et plus particulièrement le 21 janvier 2001 ? Comment omettre, par ailleurs, le mystère entourant la mort annoncée du Vainqueur ? Car ce sont bien les semeurs de désespoir et de Mort qui ont manqué de terrasser Harry Potter avant qu'il n'ait pu en découdre avec son ennemi de toujours.

On retrouve alors, dans cette troisième mouvance exigeant l'abandon de la prison sorcière, plusieurs éléments clés de l'ancienne insurrection. Des héros de guerre respectés, décorés, affirmant qu'il est absolument « impensable de s'abaisser à employer les mêmes méthodes que le défunt Mage Noir. » Parmi eux, nulle autre que la bien connue Hermione Granger, aux côtés de Potter lui-même. De Ronald Weasley, aucune trace cependant. L'ancien indésirable Recherché Numéro Deux serait-il opposé à l'hérésie que semble être la défense des droits des criminels de guerre ? Si oui, il ne serait pas le seul.

« J'éprouve le plus grand respect pour Monsieur Potter, affirme gravement Sean Markham, directeur de la Justice Magique, et j'espère avoir à l'avenir l'occasion de collaborer avec lui pour le bien du Royaume-Unis. Il est toutefois encore très jeune, inexpérimenté en politicomagie et en droit, et la communauté connait bien son tempérament émotif et emporté. Il me semblerait donc grotesque de répondre à sa demande de priver notre pays du pilier de la justice magique qu'est Azkaban, haut lieu de réclusion criminelle limitant autant que possible les risques de fuites. Nous entendons cependant les réclamations concernant les Détraqueurs. C'est en effet un sujet important qui sera étudié avec soin par les autorités compétentes. »

Les trois idéaux défendus par le peuple s'opposent et se heurtent, provoquant presque des émeutes difficilement étouffées par la BPM. « Je suis écœurée, furieuse et blessée de voir de prétendus héros soutenir les monstres qui les exécuteraient volontiers si on leur en laissait l'occasion », déclare une sorcière éplorée dont l'époux et le fils se sont vu attribuer post-mortem l'Ordre de Merlin Deuxième classe.