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sujet; « like a wall of stars, we are meant to fall. » —— VAYK&ESHMÉ

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Elle sentait la main glacée de Vayk pourfendre son ventre. Cette froideur apathique traversait sa peau, pour venir ankylosée les sens de son enfant. La louve se rétracta d’un coup, sec, dévoilant ses canines menaçantes pour la faire fuir, sans la blesser. Juste pour l’effrayer, sans pour autant s’aventurer sur le chemin insidieux de la bête. Pourtant, Eshmé n’était plus, à ce moment précis, il ne subsistait que la louve, hargneuse, implacable. Elle ne voulait pas qu’on la touche, qu’on ose la toucher, qu’on essaie même de l’approcher. Eshmé se renfermait derrière cette barrière de glace et de marbre, celle-là même derrière laquelle la louve l’emprisonnait dans une cage dorée chaque fois qu’elle prenait de l’ampleur. Elle lui donnait ainsi l’illusion qu’elle commandait, qu’elle avait conscience que c’était elle qui faisait tout, alors qu’elle était juste en train de s’endormir, comme une enfant apeurée par le danger, se cachant dans un placard à l’abri du croquemitaine. Et ce monstre qu’elle fuyait, ce monstre dont elle ne voulait pas admettre l’existence, n’était autre qu’elle-même. « Je vais juste poser ma main et ce sera fini. Tu pourras reprendre forme humaine, hein ? » Elle ne voulait pas. Elle refusait d’entendre l’injonction, l’ordre à peine voilée. N’était-elle pas satisfaite Vayk ? N’était-ce pas ce qu’elle voulait ? La voir dans cette forme la plus immonde, pour voir à travers elle ce qu’elle ne pouvait pas admirer chez elle ? La louve l’avait compris, elle l’avait vu et anticipé. Elle la détestait pour ça, pour ce sentiment si atroce de curiosité envers celle qu’elle disait être son amie.

Eshmé se rebiffe, elle se réveille soudainement. Reprenant le contrôle, elle reprend forme humaine, avec beaucoup plus de difficultés que la transformation inverse. Haletante, la respiration saccadée, Eshmé eut la sensation que l’on serrait aussi fort que possible son cœur dans des griffes acérées. Le retour à la réalité la tétanisait, et elle regardait autour d’elle d’un air hagard, effrayée. « Faible ma pauvre Ginger, tellement faible… Tss, tu es misérable. » Des gouttes de transpiration dégoulinaient de son visage, sa peau moite et ne sachant plus où elle était. Comme dans un état de choc. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi j’ai si mal au ventre ? Que m’as-tu fait ? » Son ventre semblait avoir grossi, un peu plus qu’il y a quelques minutes. Elle mit ses bras autour, comme pour le protéger et tenta de se relever, sauf que la bile s’extirpa de sa bouche. Sa tête lui tournait, atrocement et Eshmé n’y tenait plus. Quelque chose n’allait pas, quelque chose n’allait tout simplement pas. Et ça lui faisait mal, là, dans ses entrailles. « Que m’as-tu fait Vayk ? Pourquoi ça fait si mal ? —— Ginger, elle a accéléré le processus en t’obligeant à te transformer… tu es désormais à terme. —— C’est impossible… non, non, non, non. Il me restait encore quelques semaines ! Je ne peux pas… pas encore. » Elle s’effondra à genoux, sous le poids de la douleur, de la crainte de donner naissance à cet enfant dans un monde aussi pernicieux que le leur. Elle ne voulait pas lui infliger tout ça. La cavale. L’absence du père. L’incertitude de ces nuits d’insomnie. Quelle vie lui offrait-elle si ce n’était une vie de misère, de solitude et de reclus ? Et elle se haïssait, de devoir le lui infliger, pour son propre bien, même si plus tard, lorsqu’il sera en âge, il comprendra, sûrement. Elle ne pouvait pas pour l’instant y songer, l’urgence n’était pas à l’avenir. L’envergure de la douleur la déchira en deux, la faisant s’affaisser de dos contre un arbre. Eshmé se courba sous le calvaire que lui assénait la blessure dans le bas de ses reins. Elle hurlait presque à la mort, suppliant les cieux d’être témoins de cette malédiction. « Je t’en supplie Vayk… fais que ça s’arrête ! Fais que ça s’arrête ! » Ça devenait insoutenable, par vague, et elle avait à peine le temps de souffler qu’elle devait encore plus continuer à hurler, se crispant sous le poids de ses os qui ne cessaient de se briser, un à un, avant de redevenir normaux. Puis de recommencer à se contracter une nouvelle fois. Elle avait l’impression que son corps tout entier l’abandonnait à son triste sort, incapable de supporter l’affliction qui lui tombait dessus sans prévenir. Son crâne subissait une pression sans précédent, à la limite de l’implosion. Son sang pulsait à vive allure, comme si elle était atteinte d’un virus incurable. Elle peinait à discerner le vrai du faux et les souvenirs lui revenaient en mémoire comme une vague déferlant sur elle. Sa mémoire était douloureuse, un peu trop vivace, un peu trop déniée de ces mantras dont elle venait de se détacher. Et puis, un prénom, un seul lui brûlait les lèvres, comme une emprise dont elle était trop vulnérable pour y échapper. « Cill… Cillian… » Dans un état proche du coma, elle le voyait au-dessus d’elle, capable de la sauver de cette bête qui lui bouffait les viscères. Il était là, la main sur son front, à l’apaiser pour que sa respiration se calme, qu’elle cesse de lutter contre la tempête qui lui faisait tant de mal. « Aide-moi… je t’en prie… » Le déni de grossesse n’avait fait que repousser l’échéance, mais ne rendait pas moins l’accouchement cruel. C’était comme le venin d’un serpent qui s’insinuait par chaque pore, bouchant chaque artère pour l’étouffer dans sa propre déchéance. Elle demeurait seule, abandonnée, dans ce bois. Sans savoir que Vayk pouvait s’y trouver et l’aider. Les mirages brumeux venaient et disparaissaient, laissant le soin de laisser à son propre jugement la loi de Talion. Quels souvenirs méritaient qu’elle leur accorde de l’importance ? Ces quels autres souvenirs devaient-elles éviter si elle voulait survivre ? Eshmé ne savait plus. Non, elle n’y pouvait plus. Pourtant, elle sortit de sa torpeur lorsqu’elle entendit le cri d’une louve, pas si étrangère, pas si lointaine, mais si familière. « Eshmé réveille-toi ! Je vais t’aider ! Tu as déjà commencé le travail, on doit le finir. » C’était une réminiscence parmi tant d’autre à laquelle elle se rattachait. Mais celle-là avait la chance d’être réelle.


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❝ No one's here to sleep ❞ Pré-mission

/> Tout s’accélère. Le pouls de la Hongroise, la course de la lune. Tout s’accélère et soudain c’est le temps qui manque à l’examen empressé. Les doigts se tordent sous la douleur languissante, signe imparable que la majesté sélène débute son ascension et que son règne se rapproche. Elle appelle à elle ses enfants soumis, les maudits par nature, et Vayk ne peut que répondre à son tour. Entrailles qui se tordent, hurlements étouffés entre les reins douloureux, ses doigts se referment sur le poil de la louve et se retirent aussi vite. Tordus, agités, spasmodiques. Là où les traits humains s’effacent peu à peu chez la Hongroises, ceux d’Eshmé renaissent enfin, douloureux et précipités, horreur que Vayk ne prend même pas la peine d’apprécier. Sa propre peur s’incarne en tremblements désordonnés qu’elle peine à maitriser. Pas encore, pas maintenant. Une promesse à honorer derrière les aspirations malsaines qu’elle peine à masquer. En aucun cas la rousse ne doit saisir l’extase qui lui s’empare de sa peau à la vue de la souffrance d’autrui. Elle serre les dents, la maudite, serre les crocs pour empêcher le rictus pernicieux de s’installer durablement.
La rousse s’incarne à nouveau, laissant la pelisse bestiale derrière elle dans un concert de cris. Symphonie pantelante, elle transpire et Vayk ne peut que froncer le nez sous l’odeur de la sueur.  « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi j’ai si mal au ventre ? Que m’as-tu fait ? » Questionne la rousse, flot d’interrogations tumultueux sous la respiration saccadée. La Hongroise secoue la tête sans porter attention au regard empli de détresse que lui réserve son amie. Envolées, les belles paroles et la compassion, envolées et perdues au profit de l’intérêt désespérément scientifique pour un cas qu’il ne lui a jamais été donné d’étudier. Vayk donnerait presque une partie de son âme pour partager l’instant avec Adele, voguer d’interprétation en diagnostic, parier sur la survie des sujets étudiés au beau milieu de l’arène.
Une grimace passagère traverse son visage lorsque l’odeur âcre de la bile gagne ses narines. La Hongroise pousse un soupir presque agacé face à tant de faiblesse avant de se perdre de nouveau dans la contemplation exaltée du bas-ventre de la rousse. «  Que m’as-tu fait Vayk ? Pourquoi ça fait si mal ? » Les sourcils se haussent, les yeux roulent brièvement dans leurs orbites. Ce qu’elle avait fait ? Vraiment ? Fallait-il que ce soit nécessairement sa faute et non celle d’Eshmé qui s’était elle-même enfoncée dans une situation qu’elle ne maitrisait pas ? « Ce que tu t’es fait, plutôt. » Gronde la louve dans un souffle agacé, la colère nocive envahissant ses veines pour mieux masquer la peur. Parce que Vayk n’est pas plus prête que la rouquine. Le temps s’échappe trop vite et le timing est mauvais. Elle craint pour la vie du bébé, celle d’Eshmé et, très égoïstement, son intégrité mentale. Donner la vie ne fait pas partie de ses attributions, ses compétences s’arrêtent à sauver celle des autres, arracher ceux qui ne peuvent survivre. Déchirer. Mais permettre une entrée saine et sauve dans le monde fou furieux, jamais. Elle a promis, pourtant, et ce serment donné quelques minutes plus tôt lui incendie la conscience. Elle regrette comme elle s’y accroche. Vayk doit à la violoniste des heures de compagnie, des berceuses apaisantes, des instants volés qu’elle garde jalousement, reconnaissante mais trop réservée pour lui en faire part.
Les gémissements de la rousse lui trouent les tympans et, comme une marionnette placée sous Imperium, la Hongroise se met en mouvement. Gestes précis malgré les appels toujours plus pressant d’une souveraine argentée, la louve s’empare de sa baguette pour lancer un Aguamenti un peu trop intense. L’eau se répand, se mêle au sang et à l’eau. « Eshmé réveille-toi ! Je vais t’aider ! Tu as déjà commencé le travail, on doit le finir. » Qu’elle lui hurle en s’approchant avec les linges humides. Je vais t’aider qu’elle a glissé, mauvaise promesse sur la langue, mauvais présage. Elle s’en mordrait les doigts, presque, d’un mensonge aussi grossier. Ce n’est plus vraiment d’Eshmé qu’il s’agit. La Hongroise honore la promesse faite mais tend surtout à s’aider elle-même dans les circonstances trop urgentes, trop dangereuse. Elle ne lui laisse ni le temps de réfléchir, ni l’occasion de refuser l’aide teintée de folie. S’en débarrasser, c’est tout ce qui compte. Avant que le zénith n’arrive et que le sang n’appelle les instincts barbares. « Respire, Eshmé ! » Elle lui tient la main, ses phalanges si étroitement entrelacées qu’elles ont perdu toute couleur. Son regard horrifié se porte sur le ventre gonflé, la vie qu’elle sent pulser. Si Eshmé n’est pas prête, Vayk non plus.
Sang, hurlements et malaise. Vayk lutte de toutes ses forces contre l’envie de laisser la rouquine là, dans les bois, pour avoir mal maitrisé sa grossesse, pour avoir été d’une faiblesse si abyssale que même son corps la lâche. Le cas d’Eshmé perd tout son caractère fascinant tant il s’achève dans la précipitation. A la curiosité sans borne succède un dégoût certain et des cris vrillés à ses tympans.
La naissance de l’enfant est plus rapide qu’elle ne l’aurait imaginé. En même temps, qu’imaginait-elle vraiment ?  Dans son empressement, la louve fourre le nouveau-né entre les bras de la rouquine, le corps encore vibrant d’une aversion caustique. « Félicitations. » Lâche-t-elle d’un ton qu’elle voudrait parfaitement neutre mais où perce une rancune certaine. Si l’enfant n’allait pas bien, s’il était maudit par un quelconque moyen…Eshmé ne pouvait s’en prendre qu’à elle. L’héritage qu’elle offre à sa progéniture rebute la Hongroise plus encore depuis que le petit être est là, démuni, voué à être aussi fugitif que sa mère. « Vous… vous ne pouvez pas rester là, tous les deux. » D’un geste vague, comme s’il lui coûtait beaucoup trop, la Hongroise indique la course de la lune. Elle se détache rapidement de la vision de la nativité, regard expressément détourné lorsque qu’elle sent ses ambres se teinter d’une jalousie poussive, initiée par une louve cupide. La conscience s’effrite et se délite dans les derniers rayons d’une lune montante, Vayk ne rêve plus que d’arracher l’enfant et les perspectives se perdent dans le marasme de sa conscience livrée au chaos. Il faut qu’ils partent. « J’espère qu’il n’aura pas cette « malédiction » dont tu parlais, Eshmé. Vous devez partir, je suis désolée. » Elle la chasse parce que ce n’est pas à elle de quitter le sanctuaire qu’elle s’est créée, son territoire, ses règles.

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La douleur roule, s’enroule et l’enlace dans les ténèbres de la nuit. Elle résonne dans son corps, par tous ses pores pour finir par lui fendre les os. C’est douloureux, pernicieux et elle le sait, elle ne peut lutter, juste attendre que ça passe, que ça se finisse pour enfin retrouver ses esprits. Elle a la sensation qu’il est là, avec elle, pour l’aider, la sauver de ce mal indicible dont elle ne voulait pas. Pourtant, le choix s’est imposé à elle et elle nie devoir l’affronter. Cet enfant, ce monstre, comment peut-elle le sauver alors qu’elle est incapable de se protéger elle-même de tout ce qui l’entoure ? Esseulée, elle se sait incapable de croire à la moindre chance de survie. « Eshmé réveille-toi ! Je vais t’aider ! Tu as déjà commencé le travail, on doit le finir. » La voix de Vayk la sort de sa torpeur et elle peine à reprendre ses esprits. La douleur la cisaille et la cloue au sol, comme une pauvre poupée désarticulée, n’ayant pas assez de force pour combattre. « Je vais t’aider. » Qu’elle glisse, pour tenter de la rassurer. Mais Eshmé hurle à la mort, plus fort, à s’en percer ses propres tympans. Elle lui irradie chaque fibre de son être à tel point qu’elle manque d’en crever à chaque instant. Elle sent les mains et les doigts de Vayk s’entrelacer aux siens pour la soutenir dans cette épreuve qu’elle a elle-même provoqué. Elle le sait, tout est de sa faute, unique de la sienne. Si elle n’avait pas fui, sans doute qu’elle n’en serait pas là. Si elle n’était pas partie, sans doute qu’elle ne serait pas prise à parti avec un problème bien plus épineux qu’il n’y paraissait, en surface. Mais elle ne pouvait pas songer à elle, ça n’était pas de l’égoïsme, mais de l’amour maternel, vrai, sincère, pour la chair de sa chair, le sang de son sang. Et en sentant les phalanges blanchâtres de Vayk craquer sous ses contractions, Eshmé sait qu’elle l’a elle-même mérité son propre châtiment. Car son hurlement déchire la nuit, comme il pourrait réveiller un mot. La louve l’a abandonné, à son triste sort et elle demeure seule, face à cette immondice qui la déchire de toute part. Même Jane semble aux abonnés absents, pour une fois.

Et puis elle entend des pleurs, elle sent l’odeur du sang, palpable. Elle est en sueur, essoufflée et elle remercie les cieux de l’avoir aidé à tenir, à ne pas succomber à la douce faucheuse. Eshmé prend cela comme une seconde chance de pouvoir faire les choses bien cette fois, mais c’est aussi un coup de massue qui la ramène brutalement à la réalité. « Félicitations. » Lorsque le bébé atterrit dans ses bras, elle le contemple quelques secondes, tente de percevoir les traits de Cillian sur ce visage d’ange, rempli d’innocence. « Tu t’appelleras Joshua. Et je promets de tout faire pour t’empêcher de souffrir. —— Pour une fois, tu as fait du bon boulot Ginger. Tu avais raison d’avoir plus de chance que moi, tu es bien plus… —— mais les mots se meurent bien vite, rattraper par une précipitation malsaine —— Vous… vous ne pouvez pas rester là, tous les deux. » L’évidence est claire, la course de la lune approche et Eshmé ne peut l’accompagner cette fois-ci dans son intimité. Elle jette un regard à son amie, puis à son fils et Jane. Sa place n’est désormais plus ici, dans cette clairière, mais à prendre les armes, pour un combat contre elle-même pour échapper à ce fardeau qu’elle a engendré. « J’espère qu’il n’aura pas cette ‘’ malédiction ‘’ dout tu parlais, Eshmé. Vous devez partir, je suis désolée. » Elle acquiesce, avec docilité pour ne pas la froisser. Elle comprend. Elle comprend le besoin expressément lier à cette envie de solitude. Elle ne voulait pas l’infliger à son fils, mais les gènes… La descendance, qui pouvait-elle ? La nature possédait ses règles, ses droits, ses contreparties. D’un mal pour un bien. Elle voyait en lui une bénédiction, un cadeau donné par les cieux. Une raison palpable de survivre dans ce monde à la dérive. Et elle se le promet, elle lui donnera le meilleur du pire. Parce que c’est une mère dévouée, aimante, même si elle a manqué de cet exemple durant toute son existence.

Elle rassemble ses affaires et se relève, difficilement. Elle enroule le bébé dans un habit de fortune, pour ne pas qu’il ait froid. Elle le garde contre elle, précieusement. Eshmé ne veut pas le perdre, pas maintenant. Elle s’approche de son amie et dépose un baiser sur ses lèvres, silencieuse promesse d’une occasion ratée mais qu’elle saura rattrapée ; remerciement de cette aide qu’elle lui a accordé même si cela lui a coûté. Elle met son front contre le sien, sa main dans sa nuque, comme si le pacte demeurait tacite, entre les deux louves. Elle se savait comprise, malgré tout, malgré l’abnégation et l’erreur fatale qu’elle avait commise. Elle se savait redevable mais préférait feinter de ne rien dire, pour ne pas enfoncer le couteau dans la plaie encore trop fraîche. Et quelque part, elle la remerciait de n’avoir rien dit, d’avoir retenu la multitude de questions qui se bousculaient par la curiosité de son travail. Vayk ne l’avait pas entièrement traité comme un cobaye – du moins, se plaisait-elle à le croire – mais comme un être humain, malgré la révulsion que lui procurait son cas. « Cette malédiction est un cadeau. » Qu’elle comprend que trop tard. Avant de disparaître à travers les arbres dans la nuit noire, n’entendant qu’au loin le cri de la louve blessée.


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