MISSION a écrit:

Les sorciers accusés de collaborer avec les rebelles ne sont guère appréciés en temps de guerre. Des soupçons pesaient depuis plusieurs mois sur Marlene McClivert, employée du Département des Mystères ayant vraisemblablement laissé filtrer des informations concernant des dossiers confidentiels. Par quel moyen a-t-elle contourné le sort supposé lui imposer le respect du secret lié à son poste ? Nul ne saurait le dire, mais aurez le devoir de le lui faire avouer. Cependant, il vous faudra d’abord parvenir à retrouver votre cible, cette dernière ayant pris le parti de déserter après avoir compris qu’elle avait été placée sous la surveillance de Lysander Selwyn et que des preuves avaient été accumulées contre elle ces dernières semaines. A en croire les rumeurs, cette métamorphomage chevronnée se cacherait désormais dans le monde moldu – info ou intox, c’est à vous que reviendra la pénible tâche de le découvrir. Sans aucun doute, les informateurs de Reaghan Phillips vous seront des plus utiles : l’un d’eux a justement retrouvé trace de la donzelle et vous a fait part du lieu où elle a coutume de rencontrer régulièrement son contact Insurgé. C’est dans le pub en question, où l’ambiance est enfumée et la baston facile, que vous devrez parvenir à la dénicher.

Lysander releva sa capuche noire sur ses cheveux bruns dorés et jeta un coup d’œil autour de lui. La fin de l’après-midi pointait le bout de son nez, les lueurs orangées envahissaient déjà l’horizon. Les ténèbres approchaient, sournoises comme des serpents, invisibles comme des fantômes. Cela ne semblait pas troubler le moins du monde ces écœurants moldus qui menaient leur vie comme bon leur semblait, ignorant parfaitement ce qui les attendait ce soir-là. Ils allaient devoir se montrer discrets et mener à bien leur mission le plus rapidement possible. Caché dans la pénombre de la rue adjacente, il attendait l’arrivée de son « ami » et collègue Reaghan Phillips, qui le seconderait dans ses recherches. Les éclats de rire et les regards insouciants lui donnaient la nausée. Comment pouvait-on être aussi naïf et insouciant ? Si Selwyn n’était pas le plus intolérant des sorciers de Sang-Pur, il lui était toutefois impossible d’avoir une once de pitié pour ces choses ne possédant aucune magie. Ils ne valaient pas mieux que des scrouts à pétard. Cela faisait quelques minutes déjà que Lysander les observait, doutant chaque seconde davantage de leur utilité sur cette planète. Pourtant, les moldues lui rappelaient à bien des égards les sorcières les plus riches, qui s’extasiaient devant les vitrines des magasins du Chemin de Traverse avant la rentrée à Poudlard. Personne ne paraissait se soucier de lui ou même l’avoir remarqué, caché dans l’ombre de cette rue infréquentée, puante, dont les seuls habitants étaient rats et cafards. Perdu dans ses pensées, Lysander sursauta brusquement quand un crac sonore retentit à ses côtés. Dans un réflexe, il s’empara de sa baguette et l’enfonça sous la gorge de la personne qui venait de transplaner. En reconnaissant Reaghan, le jeune homme se détendit un peu et le foudroya du regard, avant de baisser la main sans une excuse. « Je t’attendais. » Un reproche à peine voilé, lancé d’une voix rauque et catégorique. S’il y avait une chose qu’il détestait, c’était qu’on le fasse attendre. Il s’abstiendrait pourtant de tout autre commentaire, parce que les contacts de Reaghan leur avait permis de gagner un temps considérable en découvrant l’endroit où cette traitresse de Marlene McClivert retrouvait son prétendu contact insurgé. La seconde chose qu’il détestait le plus au monde après devoir attendre quelqu’un, c’était qu’on se joue de lui. Or cette garce avait cru bon de déserter après avoir compris qu’elle était placée sous sa surveillance. Lysander allait lui faire salement payer de l’avoir humilié en disparaissant sous ses yeux mais aussi d’avoir rompu le pacte de Silence imposé aux langues-de-plomb du Département des Mystères. Si certains disaient qu’on pouvait rire de tout l’héritier Selwyn était loin d’être de cet avis, et son métier était l’un de ces sujets avec lesquels il ne plaisantait jamais. Un nouveau regard lancé à la rue et l’entrée du pub qui semblait animé à cette heure, et Lysander reporta son attention sur Reaghan et sa belle gueule provocatrice. « Nous ne pouvons pas y aller ainsi : McClivert me connaît et me reconnaîtra immédiatement. Nos tenues attireront trop l’attention, aussi. » expliqua-t-il en fouillant la poche de sa cape dans laquelle s’amoncelaient un tas de choses qu’il aurait préféré ne pas avoir sur lui en cet instant. Lysander en sortit deux fioles emplies d’un liquide reconnaissable entre mille. « J’ai su me montrer assez convaincant pour qu’on me cède deux fioles de polynectar. » Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres charnues à l’évocation des évènements de la matinée. Puisque Reaghan avait obtenu la veille des informations précises sur l’endroit où ils trouveraient Marlene McClivert, Lysander avait apporté sa contribution en obtenant cette potion parfaite lorsqu’il fallait être discret, minutieux, et passer inaperçu dans un univers aussi étrange et incompréhensible que celui des Moldus. « Il ne manque que l’ingrédient principal, un cheveu. » Son plan était simple : il fallait qu’ils attirent deux moldus dans la ruelle et s’emparent de leurs cheveux et leurs vêtements. Et aussi qu’ils s’assurent sur ces derniers ne se réveillent pas avant qu’ils aient fini le travail. Mais pour un Mangemort, il y avait plus compliqué que de s’assurer que quelqu’un ne se réveille pas. Un effaceur comme Lysander s’en sortait toujours. « On en attire deux ici, on s’assure qu’ils ont une bonne condition physique au cas où cette salope de McClivert essaye de nous échapper encore une fois et on essaye de paraître naturels dans leurs accoutrements ridicules. Une objection ? » demanda-t-il à Reaghan. Le garçon avait beau être devenu son ami avec le temps, il n’en restait pas moins avec lui le Lysander que l’autre avait autrefois connu : direct, concis, hautain. Jamais Selwyn ne tournait autour du pot, c’était une perte de temps dont tous deux ne pouvaient pas se permettre. Pour le reste, son plan était simple : s’installer à une table proche de celle de la traitresse et l’insurgé, paraître un peu louche et parler à voix basse (mais suffisamment audible pour qu’ils les entendent) en critiquant le Magister et le régime en place. Une fois l’attention des ennemis attirée, ils trouveraient un moyen de déloger Marlene de sa tanière et l’entraîneraient dans un lieu paisible pour terminer ce qu’ils avaient commencé. Lysander espérait que tout se passerait comme il l’avait prévu, mais il avait fini par accepter que les évènements ne se déroulaient jamais totalement comme il le voudrait. Sa mission précédente, aux côtés de sa fiancée, avait prouvé qu’il n’était pas invincible. Mais cette fois, il n’aurait plus autant d’états d’âmes puisque ce n’était pas la jeune femme qu’il épouserait qui le seconderait.