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Sorrow for innocents.



(ADELE) « Hold your breath and count to ten.
Feel the earth move and then, hear my heart burst again. »

De l’aide, ils ne voulaient visiblement pas en apporter. Ils, car l’ennemi était un groupe, mobile et contrarié. Leur plan risquait de tomber à l’eau, votre mission risquait de vous coûter la tête. Et lorsqu’Ypsös te pousse à passer dans son dos, geste protecteur qui te surprend, ton réflexe est aussi stupide que surprenant : l’une de tes mains s’accroche à sa taille, comme craignant d’en être séparée, tandis que l’autre jette un nouveau protego. Vous ne résisterez pas à une telle embuscade. « Ypsös.. on est en infériorité numérique. » As-tu peur ? Oui, mais seulement parce que tu n’es plus barricadée derrière la glace, parce que Burke a fragilisé, un peu plus encore, ton état nerveux. « Scindendae Corpus » Le sortilège est agressif, image même de ce que tu peux être quand le danger menace, la baguette pointée sur l’ennemi le plus proche. Ils ne se laisseront pas avoir, c’est ce qu’ils vous font comprendre, c’est de cette façon qu’ils vous montrent que les Mangemorts, fourbes et sadiques, n’ont aucun droit de passage. Pourquoi ? Parce que vous êtes ceux qu’on fuit. La fumée noirâtre s’extirpe du bois, rampe jusqu’à l’homme imposant qui te semblait le plus menaçant, l'emprisonne, étire cruellement ses extrémités, enserre sa cage thoracique.

« Daeva, fuite. » Protéger le serpent, le faire partir, au moins revenir sur vos pas, que tu puisses le retrouver plus tard. Si plus tard il y a. L’animal prend soin de planter ses crocs venimeux dans le mollet de ta victime afin de t’assurer qu’il n’y aura pas de possibilité de résistance, avant de glisser hors de ta vue, filant à toute allure. « C’est fini pour toi ma jolie. » entends-tu dans ton dos tandis que tu es immobilisée brutalement, ton corps plaqué contre l’enflure qui s’est dissimulée à ton attention. L’enflure qui entrave tes bras, te retient de sa force. Tenter de te débattre ? Tu essayes un instant et comprend que tu n’en as pas la force. Ta baguette à terre, tu ne vaux pas mieux qu’une moldue.

« Pars. » ordonnes-tu à ton compagnon, espérant qu’il ait la présence d’esprit de t’écouter, de ne pas tenter de te sauver. Tu as horreur de cette position de damoiselle en détresse. Stupide, tu as été stupide ! Tu aurais dû refuser de faire cette mission avec lui, tes griefs contre sa personne ne pouvant vous mener qu’à un échec particulièrement cuisant. La main masculine agrippe tes cheveux, finissant de t’immobiliser. « Et après quoi, l’exécution ? Aucune pitié pour les femmes enceintes, et c’est nous les monstres ! » La provocation t’échappe, d’amertume. Deux contre un petit groupe, si petit soit-il, trop organisés. Vous êtes finis, il a raison.

Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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Les sorts fusent, certains prononcés, d’autres non. Il ne laissera pas ses ennemis comprendre ce qui les attend. Sa volonté est féroce, inébranlable ou presque : s’il n’y avait pas Lucrezia à ses côtés, sans doute serait-il moins regardant, moins soucieux de la protéger. Peut-être parce qu’au fond, elle est la seule personne qui compte réellement, outre son aîné tout au moins aussi fou que lui. Hélas, les sorts offensifs sont aussi nombreux que ceux de protection, alors que sa baguette s’acharne, attaque puis contre-attaque. Trop nombreux pourtant ils sont, et quand bien même les deux mangemorts ne sont pas des enfants de cœur, ils ne sont toujours que deux, essayant tant bien que mal de s’en sortir autant que de ne pas détruire le but de leur mission. Et à ne rien cacher, le fils Burke préférait mille fois mourir sous la main du Magister que là, par une bande de lâches. Un nouveau sortilège quitte sa baguette, oblige l’assaillant viser à s’élever dans les airs pour mieux s’écraser contre un mur. Si le mangemort s’était trouvé à ses côtés, il aurait put se délecter du bruit des os qui craquent, se fragmentent en plusieurs petits morceaux. À défaut de cette douce consonance, il peut se satisfaire des hurlements qui parviennent à son oreille. C’est toujours un assaillant de moins. Alors il peut se concentrer ailleurs, tandis que sa partenaire ne semble pas en reste.

Et pourtant ! Il ne l’a pas vu arriver, ce fils de sorcière de joie qui s’est glissé de façon à attraper sa fielleuse compagne. Il ne le comprend qu’à l’instant où des bribes de mots lui parviennent, qu’à l’instant où les sortilèges deviennent un peu plus nombreux à son encontre. Ses prunelles osent regarder en arrière pour mieux constater la défaite de la fille Rowle, et voilà qu’il serre les dents, son poignet exécutant un moulinet pour la défense. Seul, il ne pourra jamais se sortir de ce pétrin. « Pars. » ordonne t’elle. Mais depuis quand Burke écoute t’il quelqu’un d’autre ? Il continue de s’attaquer au reste, têtu, concentré, tout en cherchant un moyen de contourner le problème épineux de la demoiselle en détresse. Ce n’est pourtant qu’à l’entente de ses derniers mots qu’il perd le contrôle de la situation, si tant est qu’il ait put l’avoir à un moment, que son regard s’attarde une seconde de trop sur son ancienne maitresse. Alors quelle semblait ne pas vouloir entendre parler de tout ce qui pouvait s’y attacher quelques minutes plus tôt…

Surprit, il manque le sortilège de défense, et c’est un sort qui le touche à l’épaule, lui arrache un râle de douleur, alors qu’il finit à terre, à genoux, baguette toujours en main. Tout du moins jusqu’à ce qu’on l’en prive, et qu’un coup de genoux ne vienne frapper sa mâchoire pour mieux le mettre à terre, pour mieux l’immobiliser. Il peut sans peine reconnaître le sort d’entrave, de corde qui l’entourent de façon à ce qu’il ne puisse pas s’échapper, et il peut reconnaître sa défaite, sa propre stupidité. S’il existe un moyen de rattraper la situation, mieux vaudrait qu’elle se présente assez rapidement, alors qu’autour d’eux, les rires fusent : deux mangemorts captifs, une aubaine ! Si sa vision se brouille, c’est suite à un nouveau coup. Qu’on l’assomme pour mieux le transporter ! Qu’on le mette hors d’état de nuire pour qu’il ne puisse tenter quoi que ce soit. Le brouillard, puis le noir…

… jusqu’à ce qu’il retrouve un semblant de vision, un flou magistral à son réveil. Il peut sentir le goût ferreux du sang sur ses lèvres, sa langue. Cligne plusieurs fois des yeux afin de pouvoir observer l’endroit où il se trouve. Un local, rien de très intéressant… une porte, une fenêtre, trop haute pour que lui seul puisse la passer. Lucrezia en revanche, portée sur ses épaules… « Lucrezia ! » Il relève trop brusquement la tête, étouffe un nouveau souffle de douleur. Là, à ses côtés, assise sur une chaise. « Tu vas bien ? » souffle t’il dans un rauque, sans prendre la peine de passer par des détours. Seuls, ils sont seuls pour l’instant, mais pour combien de temps ? Et surtout, quel sort leur réserve t’on ?
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Sorrow for innocents.



(ADELE) « Hold your breath and count to ten.
Feel the earth move and then, hear my heart burst again. »

Stupéfixiée, tu n’as rien vu de la destination, rien du sort réservé à Ypsös jusqu’à ce que tu ouvres les yeux, dans ce local, assise de force, immobilisée. Tu te sens impuissante, désemparée, dépossédée. Ta faute. C’est ta faute. Si tu avais tenu ta langue, il n’aurait pas baissé sa garde. Pourquoi ? Tu te fiches royalement de ton propre sort, qu’on t’élimine, qu’on te torture mais qu’on le laisse partir. Le visage baissé, tu fixes le sol, priant Merlin seul sait qui pour qu’un miracle se produise. Sans conviction. Il est blessé et tu ne peux rien faire, tu ne peux pas bouger pour aller le soigner, le serrer contre toi. Les larmes remontent. Faible. Tu es faible. Et ça te rend folle de rage, folle de colère. Mission suicidaire ! Le Lord et son sens de l’humour de merde ! Tu t’agites, tu remues, rien n’y fait. Privée de baguette, tu n’es rien de plus que cette pauvre fille dénuée d’intérêt, l’enfant inutile, le mouton noir d’une lignée en désuétude. Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi ? Pourquoi cette Marque sur ton bras, ce sang sur ta conscience ? Peut-être que tu pleures, tu ne sais pas. Tu ne sais plus. La douleur n’est pas physique mais elle est vive, brûlante dans ta poitrine, comme un ultime coup de poignard contre la barrière glacée qui éclate en mille morceaux pour mieux déchirer les compartiments. Le flot de souvenirs, le flot d’horreurs, les images te reviennent, comme si ta vie défilait dans toute son inutilité, dans toute.. le mot te reste sur la langue, tels la poussière de ton enfance. « Lucrezia ! » Ton nom ne parvient pas à tes oreilles. Mal au ventre. Mal au coeur. Tu as du mal à respirer, même si tu tentes de le nier, de te le cacher à toi-même. « Tu vas bien ? »

Amertume. Tu voudrais rester calme, rester impassible, mais tu ressens. Tu ressens tous ces trucs infernaux qui ne te ressemblent pas. Qu’est-ce que tu y gagnes, à redevenir la gamine compréhensive de ta première année à Poudlard ? Rien. Pitié, que ça cesse. Que cela s’arrête, qu’on emmure ton âme, qu’on musèle tes remords. « Non. » trouves-tu d’abord, en seule réponse. Un frisson d’horreur. « Comment veux-tu que ça aille, Ypsös ?! On.. Le Maître va me tuer. Et tu vas payer pour ma faute ! » T’agiter, encore, mais c’est inutile. Il y a du sang sur ta main, tu as certainement griffé par réflexe avant d’être stupéfixiée, plus tôt. Daeva est loin, personne ne vous sortira de ce pétrin, et quand bien même vous en sortiez entiers, ce ne serait pas pour longtemps. « Pardonne-moi.. pour tout ça.. Je crois que je t’ai vraiment aimé. J’ai été conne. » Tellement conne.

La lumière brouille un peu ta vue. Elle est brutale quand la porte du local s’ouvre, si bien que tu ne perçois pas le visage qui vous fait bientôt face. Tu fermes les yeux, enfant tétanisée, gamine défaitiste. Aurais-tu abandonné ? Sans doute. « Vous pourriez encore avoir une chance.. tout se négocie, n’est-ce pas ? A la guerre comme à la guerre. » Rien. Tu ne réagis pas. Tu as envie d’être vulgaire, de l’envoyer sur les roses, de lui hurler d’aller se faire .. non, c’est trop pour ton éducation de fille de bonne famille. L’idée est là, tout de même. Et ton silence en dit long. Pourquoi négocier ? Tu ne peux pas leur faire confiance, pas plus que lui ne le peut.

Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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Le goût ferreux lui martèle la bouche, alors qu’il finit finalement par cracher au sol ce résidu d’hémoglobine. Il ne saurait détester plus ce goût âcre, amer. Il retrace ses derniers souvenirs, expulse un souffle silencieux alors que déjà la colère revient à la charge. Il s’en veut pour bien des choses, pour n’avoir sut protéger sa partenaire, et pour avoir fait échouer cette mission. Les conséquences seront terribles, pour ces deux parties. S’il craint la colère du maitre, il craint encore plus qu’elle ne se retourne sur l’ancien amour d’enfance. Saura t-elle seulement résister au châtiment infligé ? Quitte à prendre pour deux, il préfère la laisser en dehors de tout cela. Bordel. Quelle idée folle que d’avoir rejoint les rangs du Lord, sciemment. Ce n’est pas la place d’une créature comme elle. Si encore elle avait la folie de Bellatrix… Il se redresse, et ses lèvres se pincent. Il attend la réponse à sa question, attend ne serait-ce qu’un geste de la part de sa partenaire. Et plus il l’observe… plus il se dit que là n’est pas sa place, qu’il aurait peut-être dû s’opposer à une mission à ses côtés, qu’il aurait mieux fait d’être un peu plus proche d’elle, ne pas l’avoir laissé tomber quand elle avait besoin de lui. Oui… Pour ça, encore faut-il qu’il ait été suffisamment conscient, moins porté sur ses propres intérêts, ses propres peurs. Car il ne subsiste aucun doute sur le fait qu’il n’aurait pas été apte à la rendre heureuse, pas même un peu. De toute évidence, il est un peu tard pour s’en rendre compte.

« Non. » finit-elle par murmurer, alors qu’il l’observe, détaille son visage de poupée. « Comment veux-tu que ça aille, Ypsös ?! On.. Le Maître va me tuer. Et tu vas payer pour ma faute ! » Alors c’est pour ça qu’elle s’inquiète ? Parce qu’il risque de payer pour elle ? « Lucrezia… » Hélas, il n’a pas même le temps de finir sa phrase qu’elle en rajoute une couche, lui arrache ce frisson d’incompréhension, ce… cette chose qu’il a toujours cherché à fuir quelque part. « Pardonne-moi.. pour tout ça.. Je crois que je t’ai vraiment aimé. J’ai été conne. » Quelque part, s’il pouvait échapper à cet aveu, il transplanerait sur le champ, abandonnerait la fille Rowle, parce qu’elle lui fait perdre le contrôle, parce qu’il hait ce genre de situation. Il n’est pas de ceux que l’on aime, ou seulement pour une nuit. Et pourtant, en cet instant, un autre monceau de son âme irait volontiers se lover contre la nouvellement rousse, l’amoureux de l’enfance certainement, ou l’homme qui a tenu une déesse entre ses bras le temps d’une nuit.

Mais il n’a pas voix au chapitre, alors que la lumière l’oblige à plisser les yeux. Alors on y est. La fin de leur existence ? Le début de la torture ? « Vous pourriez encore avoir une chance.. tout se négocie, n’est-ce pas ? A la guerre comme à la guerre. » Le mangemort se tait, laisse son regard s’accoutumer à la lumière, avant de finalement se redresser. « Parle passeur. ». Son ton est rude, loin d’être doucereux, pis encore, il est méfiant. Après tout, ce sont eux qui sont à leur merci, pas l’inverse… et chacun sait combien les choses seraient différentes si les rôles étaient inversés. « Vous n’êtes pas là par hasard, je me trompe ? Bah, peu importe. Quoi que vous cherchiez, je peux vous aider à le trouver… moyennement quelques gallions et naturellement, un sauf-conduit au cas où les choses tourneraient mal pour moi. » Un rire, un écho de ce rictus bientôt rejoint par une grimace de douleur. Merde. « Et pourquoi on te ferait confiance ? » L’homme s’avance, dévoile un peu plus son visage, et bientôt, son index frôle la fourchelangue, arrachant un geste brusque au mangemort. L’idée qu’on puisse la toucher, lui était insupportable. « Je crois bien que vous n’avez pas le choix. D’ailleurs, j’imagine que vous voulez connaître votre enfant, à défaut de rester en vie. Je vous laisse réfléchir. Je reviendrais dans un moment pour connaître votre réponse. D’ici là, ne tentez rien de stupide. » Un silence pour un regard mauvais, alors que le fils Burke l’observe s’éloigner, promesse d’en faire sa prochaine victime aussi tôt que possible. « Luce ? » finit il par décrocher.
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Sorrow for innocents.



(ADELE) « Hold your breath and count to ten.
Feel the earth move and then, hear my heart burst again. »

L’amour comme un boomerang me revient des jours passés, c’est une histoire de dingue, une histoire bête à pleurer ≤ Attachée. Attachée à lui telle une désespérée accrochée au dernier fil de la vie. Le coeur en enclume et le poids de la perte sur de trop frêles épaules. Pas de serpents dans le local pour un coup de crochets bien placé. Nul sifflement réconfortant. « Lucrezia… » Ton prénom sur sa langue, souvenir d’un souffle à ton oreille. Tu rejettes l’image qui s’impose d’elle-même à ton esprit fatigué de la lutte permanente. Est-ce que c’est ça, aimer ? Est-ce que c’est cette brûlure lancinante, qui guide les pas des amants vers les mariages, les avenirs rayonnants ? Tu trouves cela trop dur, tu trouves qu’aimer fait trop mal. Une seconde, tu songes à oublier, faire effacer la nuit fatale où tout a dérapé. La lumière te gêne et tu tentes de focaliser ta concentration sur les paroles d’un passeur que tu voudrais simplement égorger pour qu’il laisse partir Ypsös. Le relâcher, qu’il rentre, sain et sauf, entier. Qu’il fasse sa vie, te laisse ici. Un index sur ta peau qui t’arrache un sifflement purement animal, tes pupilles fixées sur le visage du passeur dont les potentialités de mort se multiplient dans ton imagination fertile. Tu tentes même de mordre, par un inexplicable instinct. Pas de contact. Tu vis mal cette courte intrusion et le fait savoir de ce langage qu’aucun d’eux ne comprend. Il n’y a pas de mots, juste une protestation, mise en garde digne d’un cobra contrarié.

« Je crois bien que vous n’avez pas le choix. D’ailleurs, j’imagine que vous voulez connaître votre enfant, à défaut de rester en vie. » Mensonge idiot qui te taillade l’estomac, à chaque évocation, chaque insinuation. Il vaut mieux que tu ne sois pas enceinte, que tout ceci ne soit pas vrai, pour ton bien, pour Burke, surtout pour l’embryon mort depuis longtemps dont l’existence n’aurait été que honte et misère. Quand le maître chanteur s’éloigne, tu suis de tes billes bicolores son trajet. « Luce ? » entends-tu, loin. Pas de réponse. Tu réfléchis, du moins tu essayes, la concentration difficile. Tu as une sainte horreur d’être entravée de la sorte. « Tu as de quoi payer ? Je peux rester, comme garantie. Personne ne m’attend, aucune famille et.. » Tu baisses d’un ton, les murs ayant un peu trop d’oreilles à ton goût. « .. On sait tous les deux qu’il n’y aura pas d’enfant. La perte serait minime. » Déglutir. Ne pas craquer. Tu n’essayes même plus de te débattre contre la fatalité. « Sauver les meubles avant tout. » Suicidaire ? Peut-être. « Soyons réalistes, ils ne vont pas nous laisser partir, tous les deux, comme ça. » Il faudrait être stupide. Rien ne te prouvait qu’il ne le soit pas, cela dit. « Il nous faut les noms. Les noms contre le sauf-conduit. » Si seulement il pouvait aller pêcher l’information dans l’esprit de l’adversaire. Agacement. Fatigue. « Tu crois qu’il marcherait ? » Et tu ne le regarde pas, l’attention fixée vers la sortie. Vous êtes juste dans de beaux draps. Jusqu’au cou.

Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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« Tu as de quoi payer ? Je peux rester, comme garantie. Personne ne m’attend, aucune famille et.. .. On sait tous les deux qu’il n’y aura pas d’enfant. La perte serait minime. » Un élan de colère traverse un instant ses prunelles couleur du ciel. Pis que de la colère, c’est de la fureur, celle de la voir baisser les bras de la sorte, d’être passive à ce point sur l’image de sa propre existence. « Sauver les meubles avant tout. » Cette fois, c’est un grondement presque animal qui franchit ses lèvres, alors qu’il tourne brusquement la face vers son amie d’enfance et bien plus encore. « T’en as encore beaucoup des conneries du genre à débiter ? »  Ou l’art de lui manifester son mécontentement, de lui dire de cesser cet apitoiement ridicule. « Tu estimes peut-être ta propre vie comme négligeable, pas moi. » Un souffle rauque, et voilà qu’il fait un instant craquer sa nuque, manifestation d’un élan inconscient un peu trop long. « Soyons réalistes, ils ne vont pas nous laisser partir, tous les deux, comme ça. » Un nouveau souffle rauque, et voilà qu’il s’acharne à rapprocher sa propre chaise de celle de sa partenaire. Une chance qu’aucun sort de glu perpétuelle n’ait été lancé sur celle-ci. S’il fait un boucan de tous les diables, aucun autre passeur n’entre pourtant dans la pièce pour le calmer ou le faire taire. Enfin, il parvient jusqu’à sa partenaire, son amie d’enfance et tant de plus encore. S’il ancre son regard dans le sien, c’est pour qu’elle puisse mieux constater de sa colère, de la rancune dont il fait preuve envers elle en cet instant. Pas un mot pourtant, pas une seule parole pour lui intimer de se taire, une fois de plus. Quand est-elle devenue aussi faible ? Pourtant, tout est clair dans sa tête : ils partiront ensembles, rien de moins. « Il nous faut les noms. Les noms contre le sauf-conduit. » S’il n’y avait que ça. « Il nous faut aussi les horaires et l’itinéraire. Va savoir ce qu’il pourrait demander en contrepartie. » Une réflexion, un temps qui passe, et voilà qu’il repousse d’un coup de tête une mèche un peu trop longue qui s’acharne à venir troubler son regard. Puis un murmure. « Si je lis dans ses pensées, je risque de ne plus être bon à rien. » Sous-entendu : sa capacité à pénétrer dans l’esprit des autres n’est pas aussi évoluée que celle du Lord ou de Snape. Les migraines s’avéraient encore trop nombreuses, son irascibilité de même. « Si j’utilise la legilimencie, j’ai besoin de toi opérationnelle. » Des murmures, une part de vérité. Il ne confie que très rarement cette faiblesse. Mais puisqu’ils en sont à l’heure des aveux. Il cherche son regard, tente de lui faire comprendre qu’ils n’ont pas besoin de sa faiblesse du moment. « On va s’en sortir Lucrezia, c’est juste un imprévu sur le plan. » finit-il enfin par lâcher, un ton presque plus léger, peut-être, certainement même, pour la rassurer, ou au moins lui arracher une autre émotion que celle jointe à la fatalité.

Il se passe finalement quelques longues, trop longues minutes, sentiment d’éternité, avant que le passeur escroc ne revienne. Quant au mangemort, il n’a pas bougé d’un iota, demeure à côté de celle qui est censée être sa dulcinée pour la nuit. « Alors les amoureux, vous avez réfléchi à ma proposition… généreuse ? » Un rictus sur les lèvres de Burke, alors que son regard se porter sur l’opportun, cherche déjà à croiser le regard de leur ravisseur. Et s’il ne le fuit pas, c’est qu’il n’a pas idée des capacités du mangemort, qui déjà, décèle cette émotion tenace, cette satisfaction personnelle de voir deux envoyés du Magister entre ses griffes. « Nous cherchons des personnes. McClivert, ça vous dit quelque chose ? »  Autrement dit, Burke manifeste un accord de négociation, mais il n’attend pas de réponse, car déjà, il se met à l’ouvrage, pénètre de force et pourtant, avec la douceur d’un voleur dans l’esprit de son vis-à-vis. L’émotion se mue en un intérêt, et bientôt, rapidement même, les informations découlent naturellement face au Burke. Il ne tarde pas à relever tout ce qui peut lui-être utile, alors que l’autre cause. Mais déjà n’écoute plus, laissant le soin à sa partenaire de prendre note de ses mots. Seuls l’intéressent les nouveaux noms des futures victimes du Lord, et l’itinéraire qu’ils vont choisir pour quitter leur belle Angleterre. Et tout cela, est désormais à portée d’esprit. Hélas, et comme il l’avait certainement prédit, l’émotion est tenace, trop forte même, l’oblige à ressentir un début de migraine dont il soupçonnait l’arrivée. Elle s’intensifiera certainement plus tard. Alors il quitte avec la même douceur l’esprit de son ennemi. Il le détruira plus tard. Bien plus tard. Il fait de nouveau craquer sa nuque, comme si ce simple geste allait lui faire oublier la céphalée. Foutaises. Tu te leurres Burke.
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(ADELE) « Hold your breath and count to ten.
Feel the earth move and then, hear my heart burst again. »

Les noms, les horaires et l’itinéraire. Les noms, les horaires et l’itinéraire. Et ses yeux. L’océan de ses yeux colériques, vibrants de son envie de survivre. De vivre ? La nuance entre les deux notions était d’autant plus floue en temps de guerre. Il a fait autant de bruit qu’un dragon dans une boutique de farces et attrapes avec sa chaise, pour se rapprocher, tant bien que mal, pour te dire que s’il utilisait la légilimencie, il aurait besoin de toi. Et ta réponse ? La seule chose qui soit sorti d’entre tes lèvres, intelligiblement ? Pas franchement ce que tu avais prévu, perdue dans ses billes claires. « J’aurais vraiment dû t’épouser.. » Oui, tout à fait. Est-ce que c’était franchement le moment de lui dire ça ? Est-ce que la notion de priorités t’échappait à ce point ? Sans doute. Ou ton coeur songeait que ce pourrait être la dernière occasion de le lui rappeler, de lui montrer l’étendue de tes remords. Un parmi tant d’autres. Tant d’erreurs que tu finirais par ne plus pouvoir rattraper, au fil de ces années qui s’égrenaient dans le grand sablier d’un temps qui s’écrasait sur tes épaules. Tu as décroché, momentanément, de la réalité. Et le froncement de sourcils que tu lui offres indique qu’il vaut mieux effacer cette information de sa mémoire, qu’il vaut mieux ne pas tenir compte de l’égarement. « On va s’en sortir Lucrezia, c’est juste un imprévu sur le plan. » Son ton ne te leurre pas, quand bien même il tente, tu le vois bien, de rendre les faits moins terribles que la réalité qui vous attend : la fureur du Lord. « Un imprévu, oui.. » répètes-tu, d’un ton bas, un peu las, forçant l’ombre d’un sourire. Ca ne devait pas se passer ainsi. Mais vous pouviez retomber sur vos pattes, non ? Dans ton cas, il serait plus juste de t’estimer capable de ramper entre les problèmes.

« Alors les amoureux, vous avez réfléchi à ma proposition… généreuse ? » Les amoureux. Tu préférais le calme des longues minutes d’attente, en fin de compte. A cette voix qui fend l’air d’un air narquois, provoquant l’envie brutale de lui faire subir le venin de ton serpent, le grand absent de la scène. « Nous cherchons des personnes. McClivert, ça vous dit quelque chose ? » « Peut-être. Ca se pourrait bien. » Tu ne sais pas trop si tu es considérée comme un meuble, une décoration ou une potentielle personne. C’est à se demander vu le dédain que semble te porter le traitre en puissance. Tu ne devrais pas le remercier de vous laisser entrevoir une sortie ? Si, mais ça reste coincé au fond de ta gorge, avec toute ton amertume. « On se faisait une petite traque à deux ? C’est tellement charmant. » L’enfoiré se moque de vous, en plus. Il la méritera, sa place au panthéon des collabos. Du potentiel de cruauté dans l’âme. Quoi que.. as-tu vraiment fait preuve de pitié, durant le laps de temps où tu as été Aspirante à la Marque ? Tu ignores s’il faut le faire parler, si détourner son attention ne risquait pas de dévier le travail qu’effectuait Ypsös, avec toute la délicatesse dont il était capable. « Quelques gallions, mh ? Vous vous doutez bien qu’on ne se promène pas avec nos coffres dans les poches. » Des fois qu’il soit un peu limité sur les bordures neurones, tu tiens à préciser, peut-être un peu plus mordante que nécessaire. « D’autant que toute collaboration ne saurait exister en cas d’échec. Vous savez, les objectifs et le caractère un brin tatillon de nos supérieurs. » Il pouvait faire une croix sur sa petite récompense et son statut si vous ne veniez pas à bout de ce qui vous avait été demandé.. si gentiment. Sans possibilité de refus. « Cela dit, nous avons pas mal de moyens. De quoi largement compenser. Pour la conscience. » Comme s’il en avait une. Les traces de quelques larmes effacées au profit d’un visage plus contrarié, mais plus mutin aussi. Une sorte d’entre-deux dérangeant. Ta voix se faisait miel quand ton oeil semblait se fondre dans une certaine contrariété. Mi-mutine mi-agacée. Mais l’agacement, il fallait te connaître pour le percevoir. « La petite dame me fait un numéro de charme ? Et il en pense quoi le futur papa. Deal ou pas ? » Lui.. soit il était moldu, soit on l’avait bercé trop près du mur.

Fourchelangue ; italique.
(c) AMIANTE

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