Une larme coula le long de ma joue, reflétant l'éclat du dehors, l'innocence de flocons de neige qui étaient témoins d'une scène privée. Comme de vils voyeurs, ils étaient spectateurs d'un rapprochement inattendu. Comment quiconque aurait-il pu prédire une telle proximité entre deux ennemis mortels ? Peut-être n'y avait-il réellement qu'un pas entre la haine et l'affection. Une seconde larme glissa contre ma peau pour venir finir sa course entre les mèches de cheveux sombres de la jeune femme contre moi. Le contact humain, un luxe qui m'avait été retiré depuis la disparition de Vyktoria, depuis l'enlèvement de Nikita. Il y avait bien cette belle amazone des quartiers sombres, mais la femme au prénom d'addiction ne pouvait prétendre me faire vivre de caresses et de baisers passionnés. Comment trouver une quelconque passion en ces nuits de débauche lorsque de simples larmes gelées me donnaient doublement la sensation d'être vivant, bien vivant. J'existais dans ce salon couvert de pénombre, je respirais cette tristesse, celle qu'on laisse enfin s'échapper pour pouvoir être plus léger après. C'était une étape obligatoire dans la quête de rémission. On ne se sent bien plus léger qu'après avoir pleuré. Un homme, ça ne pleure pas. Bon nombre de fois je m'étais vu réprimandé, puni suite à des gouttes salées sur mes joues. Parce qu'un homme, ça ne pleure pas, ça encaisse, ça ne se laisse ébranler par rien, et surtout pas des sentiments qui seraient plus fort que le protocole, des peines qui seraient plus douloureuses que les mœurs de la société sorcière, et moldue. J'avais ainsi grandi en me cachant, en encaissant, en me répétant qu'un garçon, qu'un homme ça ne pleure pas, que ça reste fort. Mais la force n'est pas synonyme d’insensibilité et cela je ne le compris que trop tard. Alors je me retrouvais à fuir le monde, me cacher derrière des portes de fer et d'ivoire pour pouvoir laisser déferler les lames qui pesaient sur mon âme et sur mon cœur. Le dhole ne pleure pas, il fait hurler, il fait pleurer, crier, il donne des cauchemars et sourit lorsque viennent les derniers instants. C'était ça, l'image qu'un homme devait avoir ? Je l'ignorais. J'étais las de me questionner sur le pourquoi de mes actes, sur les raisons de mes choix. Je ne pouvais plus faire marche arrière, alors pourquoi remettre en question tout ce qui a fait l'homme que j'étais à présent. Immobile contre Juno, la main caressant son cuir chevelu dans un geste dès plus doux que je puisse produire, j'étais la somme de mon passé, j'étais les erreurs de mon père, j'étais les non-dits de mon sang, j'étais les ombres des monstres qui avaient crachés sur mon existence. L'ombre qui frappe et qui s'en retourne à l'obscurité jusqu'à la prochaine nuit.
Mais en cet instant, je me sentais tout sauf ombre.
Je la sentis surprise de mon geste, incertaine face à cette marque d'affection. C'était étrange, je ne pouvais le nier car moi-même ça me troublait. Comment justifier un tel geste ? Comment être sûr que ce n'était pas simplement une feinte ? Une tactique pour qu'elle abaisse ses barrières et me laisse un accès plus propre, plus clair à son esprit, son don, son coeur, son être...Ce n'était rien de cela. Pour une fois depuis des semaines, mes actes n'étaient plus calculés, plus prévus. Je vivais l'instant, incertain de mes propres actions futures et j'y trouvais ce sentiment grisant de liberté et de mystère. Je me retrouvais libéré des carcans que je m'étais moi-même fixé, comme si en un instant je pouvais ouvrir la fenêtre et m’engouffrer dans la neige jusqu'à disparaître totalement sans que personne ne vienne y redire quoi que ce soit. Son visage se leva vers moi alors que je libérais le haut de sa tête de mon menton, en profitant pour baisser ma tête vers la sienne. Juno était doté d'une paire d'yeux uniques. Leur forme d'amande me rappelaient ceux de feu ma mère. Leur couleur était unique, se rapprochant quelque peu du sombre plumage des maîtres corbeaux alors que ses larmes venaient répondre de concert avec les miennes. Qu'elle image devions nous bien donner à voir en cet instant précis. Deux êtres pleurant, emmitouflés dans les bras l'un de l'autre. Deux êtres humains aux plaies béantes et douloureuses. Deux êtres vivants à l'espoir mince et au cœur avide de joie de vivre utopique. Était-ce trop demandé que de pouvoir ressentir à nouveau la joie ? Ne serait-ce que quelques instants...L'ivresse de l'euphorie, le calme du repos auprès d'une personne de confiance. La confiance, une vertu trop maltraité de nos jours pour qu'elle ai la force de subsister en nos cœurs. Nous n'étions que deux pauvres idiots, emportés dans les rives interdites des circonstances traîtresses. Ma main cessa de former des cercles sur son cuir chevelu alors que mes pupilles vinrent fonder leur foyer dans ceux de Juno. Nul larmes ne coulèrent à nouveau sur mes joues, elles ne laissaient que deux sillons humides sur ma peau, triste preuve matérielle que je pouvais être touché par la détresse de ma rebut, de celle que j'avais implicitement promis de protéger, de cette femme a qui je devais protection et respect. Comment avais-je pu ne serait-ce que vouloir lui faire du mal ? J'en serais désormais bien incapable, là, au creux de mes bras, elle me semblait la chose la plus précieuse au monde. A l'instar de ces joyeux à l'état brut que l'on prend d'abord pour de vulgaires cailloux avant d'en découvrir toute la splendeur. Comment allais-je bien pouvoir me sortir de se pétrin ? Je m'engouffrais dans un chemin que je savais sans retour. Est-ce que je le regrettais ? Non, je n'en regrettais rien. Je le referais mille et une fois, peut-être changerais-je un peu les débuts. Mais je ne pouvais recommencer ce qui avait déjà été fait, je ne pouvais que réparer mes erreurs pour construire un futur plus en adéquation avec ce que je désirais, avec ce qui était juste.
Son visage était doux, lisse, humide. Une nouvelle larme vint perler le long de sa joue alors qu'elle l'essuya à l'aide de son pouce. La main qui tenait captive la sienne relâcha sa prise alors que son visage se rapprocha. Je ne compris pas tout de suite ce qui était en train de se produire jusqu'à ce que plus aucun retour en arrière ne fut permit. Une sensation oubliée se remit à flamber en moi alors que ses lèvres douces entrèrent en collision avec les miennes, contre une bouche qui avait perdu l'habitude d'embrasser délicatement une douce créature féminine. Surpris aux premiers abords, la main situé sur l'arrière de son visage glissa sur sa nuque pour pouvoir l'amener plus près de moi encore. Je me maudis à répondre au baiser, à goûter avec délicatesse et douceur à ce fruit interdit que je n'avais pas un seul instant crut atteignable. Que se passait-il bon sang ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ne m'arrêtais pas ? Pourquoi est-ce que je ne la repoussais pas ? J'en étais incapable. Mon autre main vint se lover contre sa joue, prenant en coupe son visage de porcelaine. Mon corps vint se caler plus encore vers le sien, ma peau entrant en contact avec le tissue de son vêtement. J'avais cru cette sensation oublié à jamais, évaporé depuis l'Enfer, depuis Azkaban. J'eus l'impression de revenir dès années en arrière, lorsque la passion habitait le jeune homme que j'étais alors, lorsque je n'avais pas peur d'aimer, lorsqu'il m'était permit et possible de crever de désir pour une femme. Juno était la clé de ces réminiscences ? A coup sûr, c'était bel et bien elle au creux de mes bras en cet instant. En ces heures reculées de la nuit, voilà que le dhole et la lionne échangeaient un baiser interdit dont la tendresse et la douceur auraient toujours dû resté insoupçonné. Délicatement mais fermement, mon corps poussa le sien jusqu'à trouver la surface lisse et maintenu du mur. Mes deux mains vinrent trouver ses joues alors que mon corps se fit plus présent, plus proche encore du sien, frêle, si fragile. Mettant fin au baiser que nous venions d'échanger je vint plonger mon regard dans celui de la lionne, si belle, si...Je ne pu alors faire autrement que de fondre à nouveau sur ses lèvres, m'égarant quelques instants dans son cou pour venir à nouveau embrasser la femme qui était devenu une fragile pionnière de mon quotidien, de mes espoirs.
Le dhole se perdait, le dhole le savait. Le dhole s'en foutait.
« Fuck, on voit ma citation maintenant alors euh... ceci est ma citation. »
Quelle hypocrisie de se haïr le jour et de s'aimer la nuit...! Qu'ils fassent bonne figure face aux autres, le dhole libre et la lionne enchaînée. Qu'ils montrent les crocs dans la lumière, qu'ils quittent leur fourrure dans les ténèbres ; peut être parviendront-ils à à tromper l'Élite quelques jours, quelques semaines, quelques mois. Ou plusieurs années. Ou jusqu'à leur mort. Deux hivers déjà qu'elle n'a plus rien à perdre... Juno ne craignait plus la mort, la souffrance, la folie d'Azkaban et de ses occupants sinistres. Mais le voilà qui arrive, au cœur de la tempête, et l'emporte loin de la violence des combats, et surtout loin de ses idéaux et de sa vengeance. Elle est prise au piège. Entre sa haine et son amour, son devoir et son instinct. Entre le mur et le corps du dhole. Son chagrin s'est envolée au profit d'une soudaine réticence. C'est bien elle qui l'a demandé – et il a répondu oui ; une réponse physique aussi crainte que désirée. Ses baisers ont le goût salé des larmes, la tiédeur moite d'un désir brûlant. « Un véritable poison, ouais... » La lionne émerge lentement de sa torpeur tandis que le dhole, toujours plus proche, glisse les doigts sur sa nuque. Les prémices de son calvaire... « C'est un Mangemort, un Rafleur en plus, et surtout : qu'est-ce qu'il m'arrive en fait ? » Éternelle interrogation : la lionne cède parce qu'elle aime le dhole ou parce que le dhole l'aime ? Seule la solitude pourra le lui dire, une fois l'épreuve passée. À moins qu'elle se dérobe encore, comme chaque fois qu'une émotion trop vive la prend aux tripes. Alors, trois schémas s'offrent à la jeune femme :
A) Le classique : « Je suis pas prête...», avec une douce voix de pucelle en plein émoi, les yeux graves et gênés. Inefficace sur les bourrins.
B) Le sanguinaire : « Je suis désolée, mais je suis actuellement en pleine, euh, période lunaire... », en repoussant gentiment l'ex-amant concerné pour pouvoir fuir. Plutôt efficace.
C) Le spécial Azkaban ou J'ai-été-torturée-laissez-moi-mourir-vierge : « C'est que... Y'a plein de filles qui complexent sur leurs fesses, leurs bourrelets — ou j'sais pas, les filles complexent sur trop de trucs — mais moi, je complexe vraiment sur mes cicatrices. », qui a déjà remporté le trophée de l'excuse la plus stupide et la plus risible du monde sorcier. Efficacité encore non déterminée.
Ces fameuses cicatrices qui la lacèrent, à l'instar de la peau du dhole contre la sienne, qui la consument avec ses baisers. Difficile de trouver l'origine du malaise, comme du brasier, après sept-cent-quatre-vingt-neuf jours à Azkaban. Mais quand la noirceur des iris du dhole engloutit à nouveau ses prunelles humides, Juno comprend qu'il n'existe aucun retour en arrière. « Bordel, mais c'est ton ennemi ! » Elle peut toujours tenter de s'en convaincre, sauf que ce ne sont plus ses préoccupations désormais. Lionne, repais-toi du désir de ton maître tant qu'il est encore temps. Tant que le jour n'est pas levé. Ah.. Capituler le temps d'une nuit, c'était impensable au moment des Enchères ! Et la vengeance l'enchantait, et elle sifflait, et elle crachait, et elle promettait sang et tuerie à quiconque daigne boire ses diatribes insignifiantes – le doux breuvage d'une écervelée en quête de talion, qui préférerait l'impact une fois coincée au bord du gouffre, au lieu d'user ses mains déjà écorchées pour remonter la pente. À quoi bon vivre une fois seule contre tous ? Puis, elle a eu sa réponse, et elle la savoure, tant que le jour dort encore. Autant dire que ce retournement de situation chamboule tous ses plans : si elle a eu du courage pour se dresser seule contre le monde, elle songe que son comportement odieux risque de nuire au dhole. Arrivera-t-elle à se taire, à cesser de gronder sitôt qu'on l'effleure ? Ressasser le passé ou sauver le futur ? Cette seule interrogation l'agace. Elle se sent égoïste. « Tu penses trop. » Ses mains fines enserrent délicatement le visage de Sabal pour le repousser du sien avec un sourire désolé. Qu'ont-ils de si différent en réalité ? Le même regard de bête meurtrie et enragée. Un même passé pour des chemins différents. C'est à cause d'eux qu'ils se jaugent sans cesse, sans espoir de reddition. Ils sont trops corrompus, trop rétifs pour abandonner leurs idées. Parce qu'il a voué sa vie aux ténèbres et parce qu'elle s'est juré de ne pas se laisser souiller, elle et son mauvais caractère.
« J'aimerais vous montrer quelque chose » explique la lionne dans un chuchotement, comme si elle craignait qu'un autre l'entende
Adieu les trois schémas... Ses doigts tremblants cherchent l'encolure de sa robe pour la déboutonner. D'un geste hésitant, Juno se dévêt jusqu'à la taille, le bras replié sur sa poitrine, une main retenant ses cheveux noirs et épais. Un soupir lui échappe, elle fait face au mur, dos à son ennemi. Voici le chef d'œuvre de son principal bourreau. « De l'art abstrait pour moldu », qu'il a dit. Il aurait pu la marquer d'un « Je suis une sale petite garce de Sang-de-Bourbe. », mais elle avait eu l'incommensurable honneur de voir son dos se transformer en toile digne de Malevitch. Des lignes courtes et fines, d'autres plus longues et grossières, verticales, horizontales, transversales, qui se croisent ou s'ignorent mais s'y rejoignent presque toujours à la pièce maîtresse de cette douloureuse acquisition, comme un arbre noueux en plein automne. Quelques cicatrices éparses au niveau du tronc suggèrent des feuilles volantes sur un ciel laiteux.
« Voilà la bête, annonce la lionne en ramenant sa chevelure de jais sur ses seins. C'est que... Ça me gêne de vous présenter ça comme ça mais... J'ai un peu le dos en charpie et j'imagine que... Enfin, c'est surprenant sous les doigts la première fois qu'on touche. Regardez. »
Sa main quitte le nid soyeux de ses cheveux pour trouver celle du dhole, et l'amener sur sa peau. La jeune femme ferme les yeux un bref moment, un sourire triste sur les lèvres, avant d'ajouter dans un murmure :
« Si je vous montre ça... C'est que je vous fait confiance, hein... »
Elle se tait. Elle n'a plus les mots. Alors, Juno fait de nouveau face à son maître, ses grands yeux d'émail rivés dans les siens. Ses lèvres s'étirent en un sourire craintif avant d'effleurer à nouveau celles de Sabal, ses mains glissant sur son torse avec douceur.
Quel tableau dérangeant à souhait. Rien de ce qui se passait n'était normal, rien de ce qui se produisait n'aurait pu être prédit. Si cela avait été le cas, peut-être ne serais-je jamais descendu dans ce salon. Non, je serais resté en haut, enfoncé entre mes draps à morfondre mes cauchemars et sombres pensées. Je ne me serais pas glissé jusqu'à cette pièce remplie d'obscurité où seul la lumière de la lune et des lampadaires plantés sur les trottoirs éclairait la pièce, à travers des carreaux impeccables. Je n'aurais pas décidé de confier la clé de la chambre à Juno, je ne l'aurais peut-être jamais fait. Les éclats lunaires ont souvent un effet déconcertant sur l'âme, un effet de ramollissement, comme si d'un coup, je perdais la possibilité de causer le moindre mal. Comme ces loup-garous qui se changent face à l'astre, je me retrouvais démuni de tout sentiment négatif. A cause de la lune, à cause de la neige.
A cause d'elle.
Sa peau, douce, ses yeux, sombres, comment avais-je fait pour passer à côté de tant de beautés ? Ma haine envers elle me paraissait déplacée, dépourvu du moindre sens. Désormais, elle était inexistante. Son corps, si proche de mien, me rassurait de quelques manière. Parce que même si ce soir, je me laissais aller dans les bras de la lionne, elle n'en restait pas moins une lionne. Juno serait à jamais Juno, elle ne se transformerait pas en fumée, en son diffus, en un amas de chair et de souvenirs qui me serait retiré sans plus de cérémonie. Ce soir-là, comme les soirs prochains, elle serait là, loin de la cave, plus près de mes bras, de mes pensées, de mes tourments. Et peut-être, peut-être, arriverait-elle à les apaiser. Preuve était déjà presque faite qu'elle avait la capacité de plonger mon être dans un calme rempli d'affection et de confessions. J'étais un monstre, et elle me redonnait accès au cœur sous le masque. Un cœur qui avait toujours été là, mais que je ne me permettais pas de laisser exister. Parce que c'était trop dangereux, trop irresponsable, trop inapproprié pour un mangemort. Sabal avait fini par se fondre, s'effacer, au profit du dhole. Le dhole était né à Azkaban, je l'avais crée entre les murs gelés et glaçant de la prison. Une créature silencieuse, se fondant aux ombres funestes, au regard fou, absent et pourtant totalement présent, scrutant de façon dérangeante ce qu'on lui met devant les pupilles. Ce soir, le dhole dormait en cage, il était reparti par la porte des artistes, pour laisser Sabal réapparaître. Le Sabal que j'avais été en Russie, celui qui n'avait pas connu les boucheries et terreurs de la guerre. Les batailles et la guerre change les hommes, la peur les transforme en miasme informe uniquement capables de causer le mal, la souffrance et la mort. Il n'y avait pas plus grand fléau que la peur et je m'étais vu obligé d'en faire mon arme principale. Créer la peur, chez les autres, en soi...
Ce soir, je n'avais pas peur.
Ma peau était à vif, sensible au moindre geste, au moindre souffle. Si elle me repoussait...je le comprendrais, si elle me giflait, je me tairais, si elle m'insultait, j'accepterais et si elle me poignardait, je m'excuserais. Parce qu'à ce moment précis elle avait main mise sur le moindre de mes actes. J'attendais le moment fatidique où elle se rendrait compte de ce qu'elle faisait, de ce que nous faisions. Elle et moi. Et malgré la tension présente dans ma nuque, je ne pouvais m'empêcher de me délecter de ses lèvres contre les miennes, de mes mains plaquées contre le mur, de son visage si proche du mien, de son souffle sur ma peau, de son corps contre le mien. Plus rien n'existait, simplement elle et ce qu'elle me procurait, simplement elle et ses battements de cœur tonitruants. Puis soudain et avec une extrême délicatesse, je sentis ses doigts fragiles se poser sur mes joues et repousser mon visage. Je ne m'attendis pas à voir un sourire sur sa peau, un sourire triste, désolé, comme si elle avait peur de me blesser. Ironique, le rebut qui blesse le mangemort, la femme pleine de regrets qui blesse l'homme sans craintes et sans liens.
« J'aimerais vous montrer quelque chose »
Mes sourcils se levèrent doucement. La curiosité mêlé à l'excitation s'ancraient en moi alors que je n'aurais pu imaginer sous aucun prétexte ce qui allait apparaître face à moi. Puis un tableau, sinistre. Mon visage prit une teinte grave alors que le dos de Juno se révéla dans toute son horreur. Des cicatrices, il y en avait plus que je n'aurais pu compter. Il y en avait trop. J'étais familier à la douleur, aux marques laissées par un couteau ou un fer...mais rarement j'avais fait face à une telle preuve d'acharnement. Je n'osais imaginer la douleur, l’humiliation, les pleurs...le sang. Tellement de sang avait dû verser de ces plaies. Je compris. Je compris soudainement sa haine, ses crocs, son venin toujours ardent et sournois. Je comprenais son aversion pour les gens comme moi. Je comprenais...Le clair-obscure ambiant ne faisait que mettre d'avantage en avant les lignes blanches sur la peau de couleur de Juno. Juno...mais que lui avait-on fait ? Sa main vint trouver la mienne et dans un geste que je n'attendais pas, vint poser ma paume sur son dos. Je ne défila pas, je n’essaya pas d'y échapper. Les cicatrices, je savais ce que c'était mais en si grand nombre...La peau douce, était strié de marques rebondies, pas moins douces, mais plus frappantes. Je ne dis rien, ma bouche resta close alors que mes doigts parcoururent les branches de cet arbre malheureux.
« Si je vous montre ça... C'est que je vous fait confiance, hein... »
Les mots de la lionne résonnèrent à mon oreille tandis que je relevais les yeux vers l'arrière de sa tête. Elle me faisait confiance, à moi ? L'homme qui l'avait acheté, marqué et maltraité pendant plusieurs semaines ? Comment pouvais-je mériter sa confiance, j'avais été le plus odieux des hommes. Sa haine aurait été justifié, son désir ardent de mettre fin à ma vie également. Cela aurait été plus facile. Plus facile que ça, plus facile que se qui se créait petit à petit mais de façon solide et efficace. Je retirais doucement ma main du dos de la jeune femme, le ramenant contre mon flanc. Juno me faisait confiance. Juno venait de me montrer les séquelles d'heures innombrables de souffrance, de torture, de douleur. Lorsqu'elle se retourna, mes yeux rencontrèrent à nouveau les siens pour ne pas les quitter. J'aurais pu la dévisager, faire courir mon regard sur ses hanches nues, le creux de ses reins, les courbes délicates de ses épaules. Mais je ne pu me désister de ses yeux, de ces orbes d'une profondeur redécouverte à chaque fois. Un soupir m'échappa alors que sa bouche vint à nouveau s'unir à la mienne. Un second vint courir le long de ses joues lorsque ses mains parcoururent le territoire offert de mon torse. Un frisson me parcouru de la tête au pied, je vins nicher mes doigts contre son cou et sa nuque puis sur ses joues, réchauffant ses pommettes grâce à la chaleur qui radiait à présent de tout mon corps sans chercher à le cacher.
Le baiser fut doux, lent, révélateur. Comme une confession dont ont crin de rompre les limites. Je ne voulais pas la brusquer, je ne voulais plus lui faire de mal, que ce soit volontairement ou non. Ma main droite vint attraper délicatement sa main et l'amena jusqu'à ma tempe droite, cachée par plusieurs mèches de cheveux d'un noir de geai. Ses doigts purent alors rencontrer l'importante cicatrice, celle que je m'étais causé en grattant sans cesse mon crane du bout de mon doigt pendant plus de dix ans. Un point, pas plus large qu'un pouce, mais qui avait été le spot assassin d'une folie évacué par le geste frénétique et ininterrompu d'un ongle qui gratte la peau, la rongeant, l'arrachant. Cette cicatrice était la seule à ne pas avoir disparu, car elle était la seule que Vyk' n'avait pas soigné grâce à la magie, la seule qu'elle n'avait pas trouvé. Cette cicatrice était le récit propre de toute cette horreur.
« J'y ai passé quatorze ans... » murmurais-je, comme une confession, comme pour lui prouver que moi aussi...je lui faisais confiance.
« Fuck, on voit ma citation maintenant alors euh... ceci est ma citation. »
Une énième cicatrice. Un râle. Pour la première fois depuis longtemps, Juno cille, baisse ses yeux brillants et pensifs vers le parquet vernis, glacial sous ses pieds nus. Le regard de Sabal est tellement différent de celui du dhole – et elle comprend mieux l'origine de l'éclat dément de celui-ci. Il est lourd, oppressant, brûlant. Étranger. À Poudlard, la lionne avait rasé les murs en silence, faisant fi des remarques et n'ayant eu pour contact que des bousculades inopinées. Personne ne l'avait remarquée, et encore moins désirée – Juno n'était pas, et n'est toujours pas, une Fleur Delacour, ni une Hermione Granger. Bon, d'accord, songe-t-elle avec dépit. Inutile de le nier plus longtemps : en tant qu'agoraphobe et misanthrope, je risquais pas d'attirer des foules. Belle, intelligente, courageuse... La blague. Son caractère passionné s'était forgé au fil du temps ; et depuis la fois où au lieu de penser une flopée d'insultes à l'encontre d'un abruti de Serpentard, elle avait ouvert la bouche, Juno n'avait plus arrêté. C'est difficile d'oser soutenir ses idées envers et contre tous. Mais une fois qu'on l'a commencé, c'est impossible de ne plus le faire. Si au cours de sa scolarité, Juno n'avait été qu'un fantôme errant péniblement entre chaque cours, à sa sortie de Poudlard, ce trait de caractère s'était affirmé. Et plus Voldemort montait en puissance, plus sa voix grave et révoltée se faisait entendre. Puis, il y a eu Azkaban. Une muselière éphémère. Et deux ans à Azkaban, c'est long. Quatorze ans lui aurait paru une éternité. Peut être que sa voix se serait encore plus brisée à force de cris déchirants et injurieux, mais elle ne se serait jamais éteinte. Jamais. La lionne fronce les sourcils, se détourne de son geôlier en se couvrant pudiquement. En fait, elle ne sait plus ce qu'elle pense, ni ce qu'elle ressent. Avec un soupir, Juno se recroqueville sur un des canapés. Genoux contre la poitrine, tête posée sur les genoux. Ainsi, le dhole lui fait confiance maintenant. Mais la confiance de la lionne est limitée ; est-elle vraiment en mesure de l'accorder à un sbire de Voldemort, dont la réputation de monstre ne peut être que méritée. Si Sabal a rejoint les ténèbres, c'est qu'il y a une raison. Et, bien entendu, son allégeance remonte avant son séjour à Azkaban. Quatorze années de tortures mentales n'excusent pas un esprit étroit et les abominations faites aux Nés-Moldus, autrefois, et aujourd'hui. Ils ont bien des bribes semblables de passé, et cela devrait les rapprocher. Sabal n'avait pas été son bourreau. Mais le dhole est un bourreau.
« Ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet... » récite-t-elle, sa voix étouffée par sa position défensive.
Un éclat de rire la secoue. Un mélange de nervosité, d'appréhension, de doute et de fatigue. Puis, le silence. Encore. Et un nouvel éclat de rire, lié à quelques sanglots muets. Juno relève la tête, essuie ses larmes du dos de la main et toise la silhouette de Sabal, aussi sombre que l'ombre sur le mur.
« En fait, ceci correspondrait mieux à notre situation : Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ? (Un sourire railleur illumine son visage.) Vous trouvez pas ? Pour être honnête, j'ai jamais trouvé que Roméo et Juliette était la meilleure pièce de Shakespeare – je ne sais pas pourquoi mais je lui ai toujours préféré Hamlet. En fait, je trouvais que c'était stupide d'aimer quelqu'un comme ça. Pour la première fois... Je ne dis pas que je change d'avis. Mais même si nous nous connaissons déjà depuis quelques semaines, je n'ai vu que le dhole. Et on peut pas dire que vous ayez vu beaucoup de Juno. Tiens, je vous avais déjà parlé de mon obsession pour Star Wars ? »
Un souvenir d'enfance qu'Azkaban n'avait jamais pu lui ôter... Ses mains passent sur son visage fin en tremblant, se coincent dans ses cheveux. Ses doigts enroulent des rubans noirs moirés. Elle ferme les yeux, le bref instant de se remémorer quelques scènes cultes. Les amours interdits sont les tragédies les plus classiques, mais jusqu'à cet instant, elles ne l'avaient jamais atteinte. Bien sûr, elle avait versé quelques larmes devant une scène dramatique. Mais rien digne de ce qu'elle ressentait maintenant. Alors, elle rejoint Sabal pour l'entourer de ses bras, poser la tête contre sa peau chaude et rassurante. À la fenêtre, elle distingue la lune derrière le brouillard, ronde et argentée. Juno relève la tête pour détailler le visage du dhole. La scène du balcon lui revient en mémoire, là où Juliette supplie Roméo de ne pas jurer son amour sur la lune, arguant que son caractère variable lui fait peur. Ainsi, peut être que rien n'est acquis entre eux. Si l'amour couve la haine cette nuit, quel visage auront les lendemains ? Celui du dhole, ou celui de Sabal ?
« Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet. » répète-t-elle dans un murmure, en se mordillant la lèvre.
Requête stupide. Ni l'un ni l'autre ne renonceront. Avec un sourire dépité, Juno donne un nouveau baiser à son maître avant de fouiller ses poches à la recherche de la clé. Ses doigts fébriles se referment dessus, la sortent et la mettent sous les yeux du dhole, effleurant sa joue de l'autre main. Quel paradoxe, cet homme. Si elle avait pu songer un seul instant ce qu'il se cachait sous le masque du dhole, elle n'aurait peut être pas rugi aux Enchères. Ou juste un petit peu moins. Te fais pas d'idées, gentil ou méchant, t'aurais autant craché. La haine avivée à Azkaban, l'humiliation d'être devenue un Elfe-de-Maison, la peur des châtiments dont elle aurait pu être victime... Oui. Peu importe qui elle aurait eu face à elle, elle aurait réagi de la même façon.
« Je ne vous laisserai pas seul ce soir, dit-elle avec un rictus. Tâchons d'oublier Azkaban, au moins pour une nuit... »
Quelque chose de très important était en train de se jouer à ce moment précis de la nuit. Les minutes à venir allaient décider du futur, de notre futur ? Avais-je le droit d'envisager quelque chose, n'était-ce pas la les affabulations d'un fou ? Certainement, je n'avais plus toute ma tête, j'en avais laissé un bon morceau entre les quatre murs de ma cellule, là, bien gardé entre les griffes des détraqueurs hantant la battisse lugubre et d'une hauteur indécente. Depuis combien de temps ces êtres funestes étaient-ils sur terre ? Est-ce qu'ils étaient tout bonnement apparus sans que jamais personne ne les ai crée ou bien un pauvre fou les avait-il conçu ? Une question parmi tant d'autres, des réponses qui ne viendront jamais car personne ne désire savoir d'où vient le mal.
On dit que le diable n'était pas né, qu'il fut crée.
Les détraqueurs étaient l'incarnation pure du sadisme et du désir toujours plus grand de faire souffrir un être vivant. Ils étaient vicieux, avares de ces sensations d'étouffement, de vide profond. Après le passage des détraqueurs, plus rien ne subsiste, juste le vide, le néant, un trou béant dans l'âme. Ne reste que l'enveloppe corporelle, une enveloppe déchirée de toute part. Mais il y avait un monde après Azkaban, il y avait tout un univers après l’horreur. La prison m'avait lancé dans un miasme calcinant, elle m'avait rendu aveugle et depuis je m'étais laissé sombré, j'avais appris à tâtonner dans le noir, puis à frapper en silence, toujours réfugié dans ces ombres qui avaient toujours été plus présentes, plus malsaines. Étais-je réellement devenue le cauchemars incarné par le dhole ? Moi ? En ces instants de pur mise à nue je ne me considérais plus comme le dhole, non, le renard avait pris la poudre d'escampette la queue entre les jambes et les oreilles plaquées sur le crâne. Il reviendra, sans aucuns doutes, que ce soit le lendemain ou quelques semaines plus tard. Je ne pouvais plus me permettre de ne plus incarner cette image que je m'étais forgé les yeux bandés. Sinon je me condamnais, j'en mourrais. Je n'étais pas assez fort, Sabal ne pouvait plus marcher sans les pattes agiles du dhole. C'était ainsi et si en cette soirée j'acceptais de laisser tomber le masque, Juno serait à jamais la seule spectatrice de mes cicatrices révélées. Ses doigts contre mes tempes, des tempes offertes, elle n'aurait qu'un geste à faire pour m'y planter un objet coupant et ainsi mettre fin à ma vie. C'est ce qu'elle avait tant voulu il y a de cela quelques jours à peine, me voir mort, dépouillé de tout signe de vie. Qu'est-ce qui avait changé ? Qu'est-ce qui avait laissé tomber le bandeau de mes yeux et l'agressivité dans son être ?
Mais voilà qu'elle se détacha de mon être, de mon ombre. Voilà que la lionne se sépare de mon aura pour se recouvrir de tissus, arborant un froncement de sourcil qui me jette un froid. Un regret soudain me transperce, avais-je fait une erreur ? J'étais perdu, inculte face à une telle situation, face à une telle femme. Son corps part se réfugier sur le canapé, recroquevillant ses genoux contre sa poitrine, enfouissant son visage au creux de ses genoux.
« Ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet... »
Shakespeare. Un artiste, un écrivain, une plume assassine et dès plus adroite. Ces quelques vers étaient plus qu'ils ne semblaient être. C'était un dilemme, un dilemme lourd de sens. Pourquoi me citer Shakespeare, pourquoi maintenant ? S'attendait-elle à ce que je lui jure un amour éternel, qu'ainsi elle accepterait mes ombres et les horreurs de mon quotidien pour peu qu'une fois franchi les portes de la demeure je ne la quitte plus, lui faisant vivre milles instants d'amour passionnels, la considérant comme la seule et unique femme de ma vie ? Je ne pouvais lui promettre de l'aimer, parce que je n'étais moi-même pas sûre de ce que je ressentais, de ce qui était bon de faire. J'aurais aimé oublier la bienséance et les choses qui sont "bonnes à faire". J'aurais voulu me contenter de replonger au coeur de ses bras pour l'embrasser à en perdre mon souffle, ressentir son corps contre le miens, lui montrer combien elle commence à m'être précieuse, combien je pourrais la protéger, là, maintenant, et pour toujours. Car c'est une chose que j'avais fait promesse, jamais personne ne lèverait la main sur elle, personne. Ses rires nerveux recommencèrent à hanter la pièce, courant sur les murs et les surfaces planes, s'incrustant sur mes pores et les cicatrices de ma peau. Un nouveau frisson d'incompétence total fit la course le long de mon échine.
« En fait, ceci correspondrait mieux à notre situation : Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ? Vous trouvez pas ? Pour être honnête, j'ai jamais trouvé que Roméo et Juliette était la meilleure pièce de Shakespeare – je ne sais pas pourquoi mais je lui ai toujours préféré Hamlet. En fait, je trouvais que c'était stupide d'aimer quelqu'un comme ça. Pour la première fois... Je ne dis pas que je change d'avis. Mais même si nous nous connaissons déjà depuis quelques semaines, je n'ai vu que le dhole. Et on peut pas dire que vous ayez vu beaucoup de Juno. Tiens, je vous avais déjà parlé de mon obsession pour Star Wars ? »
J'aurais pu sourire, d'ailleurs l'envie ne me manqua pas, mais je restais perplexe, interdit devant ses paroles. Voulait-elle que je livre sur un plateau d'argent mes plus grands secrets ? Que je lui révèle tout de ma vie ? Je n'étais pas qu'une succession d'événements et même si la somme des actes passés avaient construit mon présent je ne pouvais pas la laisser croire que je ne me définissais que par mon séjour à Azkaban et mon allégeance à Voldemort. J'aurais aimé dire que j'étais plus que ça, mais je n'en avais pas la prétention. Parce qu'à ce moment-là je n'était plus capable de dire qui j'étais. En revanche, je pouvais parfaitement dire ce que je ressentais et ce qui était évident à mon esprit et mon âme. La femme qui s'avança vers moi pour revenir loger son visage contre mon torse était en train de prendre de l'importance dans le palpitant que ses tempes côtoyaient. Parce qu'elle n'avait rien de plus que les autres femmes sur cette terre mais qu'elle me donnait l'impression de ne rien vouloir d'autre. Nos regards se croisèrent à nouveau tandis que mes bras restaient ballants le long de mon corps, je n'osais plus la toucher, l'enlacer, de peur qu'elle ne prenne peur. De peur que dans un sursaut de lucidité elle se rappelle le monstre que j'étais, qu'elle se rappelle que j'aurais pu être l'homme qui lui a infligé de telles cicatrices...Sa bouche retourne se lover contre la mienne alors que je l'embrasse du bout des lèvres. Par quel sort réussissait-elle à me rendre si attentif au moindre de ses gestes, au moindre de ses souffles ? Le baiser fut court, furtif, mais rassurant. Puis mes yeux rencontrèrent la surface métallique de la clé que je lui avais offert il y a de cela quelques minutes à peine.
« Je ne vous laisserai pas seul ce soir. Tâchons d'oublier Azkaban, au moins pour une nuit... »
Mon regard resta fixé sur la clé quelques instants, le temps que mon cerveau assimile les paroles prononcés, les actes à venir et leurs conséquences. Ma main droite vint délicatement saisir l'objet métallique et le garder précieusement en son sein alors que mes yeux firent un périple jusqu'à retrouver les orbes profondes de Juno. Brisant mon immobilité, je pliais mes genoux pour pouvoir enrouler mes bras et avant-bras sous ses hanches afin de la soulever, ma musculature me permit de le faire sans gros effort alors que mes jambes se mirent en action, quittant le salon. Je connaissais ma maison, un tel voyage ne serait pas périlleux. Venant embrasser la peau lisse au-dessus de sa poitrine je grimpais les marches du grand escalier avant d’accéder au premier étage. Ma poigne, fermement attaché autour de son corps, ne faiblit pas lorsque je vint rejoindre la porte de la chambre, l'ouvrant avec ma main libre. La pièce se dévoila sous mes pas rapides et empressés. Le lit, de taille suffisante, se vit bientôt accueillir Juno. La déposant délicatement sur le dos, je me relevais pour pouvoir l'observer, l'admirer. Mon regard galopa de ses yeux à ses jambes, en s'arrêtant sur les courbes de ses hanches. Je me mordis la lèvre inférieur alors que je me débarrassais doucement de mon cardigan qui vint s'écraser silencieusement sur le sol. Mes mains expertes glissèrent le long de ses hanches, de ses côtes pour s'y loger. Mon dos s'arqua alors que mes lèvres vinrent assaillirent le coup de ma muse, de ma perte. Ce soir, cette nuit, j'allais l'aimer. Ce soir, cette nuit, je n'allais me concentrer que sur elle, sur sa beauté, sur son corps, sur sa voix, sur elle. Juno serait mon Ysolde, ma Juliette, même si ce n'était que pour une nuit. Ma respiration s'accélérant, les doigts de ma main gauche voyagèrent jusqu'à la bretelle de sa robe, jouant avec avant de la baisser délicatement, caressant son épaule et son cou au passage avec une douceur et une délicatesse qui ne serait réservé qu'à elle.
Ses paupières se closent un instant, le temps d'un soupir bref et attristé. Le silence du dhole ravive cette appréhension insidieuse rencontrée à Azkaban et redécouverte lors des Enchères ; celle de voir une baguette pointée entre ses deux yeux graves et de devoir deviner par quel sort elle devra courber l'échine, sans pouvoir se défendre – juste serrer les dents, assumer son ascendance et une fois le travail fini, détendre les mâchoires et laisser s'écouler la rage par des ricanements déments. Si elle doit payer son audace, le dhole paiera son refus... Ses doigts tremblants se crispent sur la clé quand il s'en saisit. Elle ne dit rien. Elle attend. Doit-elle comprendre qu'elle est désormais privée de cette chambre si durement acquise ? Les yeux du dhole rencontrent les siens, s'y plongent une fois de plus sans qu'elle puisse y déceler les pensées qui l'animent vraiment. Puis, il s'agenouille, enlace sa taille fine et la soulève avec une facilité déconcertante. La surprise lui arrache un sursaut, lui fait écarquiller les yeux alors que ses mains glissent délicatement sur les épaules de Sabal, de peur de tomber de haut – dans tous les sens du terme. Les lèvres de son maître courent sur sa peau piquetée par l'excitation tandis qu'ils gravissent les escaliers. Juno passe les doigts dans ses cheveux noirs et épais, attire son corps toujours plus près du sien.
Un sourire satisfait frémit sur sa bouche quand il la dépose délicatement sur le lit et se fige pour la scruter. Juno ne cille pas face à son regard brûlant, et laisse elle-même ses prunelles vagabonder hors de celles de Sabal, aussi hypnotiques que dérangeantes. La musculature imposante de son maître l'a laissée sans voix lors de leur première rencontre ; elle se rappelle encore de ses mains sur sa gorge délicate et des doigts rouges qui l'avait marquée plusieurs jours après ce fâcheux incident. Et même s'il n'a laissé sa rage l'atteindre volontairement qu'à ce moment-là, la lionne gardera toujours ce souvenir dans un coin de sa mémoire. Ses doigts effleurent la gorge de Sabal. Les femmes n'oublient jamais... Elle sourit, elle soupire. Puisqu'ils ont baissé leurs armes ce soir, elle ne remettra pas la vengeance sur le tapis : mais une violente litanie revient sans cesse au fond de son cœur et crie vengeance. Pas contre Sabal. Ses doigts continuent leur chemin sur ses épaules, sur ses bras, sur la Marque des Ténèbres si noire et si saillante depuis que Voldemort est de retour. Pourquoi a-t-il fallu qu'il prête allégeance à cette enflure ? S'il ne faisait pas parti du camp adverse, elle l'aurait aimé sans dilemme, sans souffrir de ses conséquences physiques ou morales. Mais c'est ainsi. Il n'y a plus aucun retour possible. Ni pour leurs convictions, ni pour leur relation. Alors, il faut faire avec. Comme ils ont vécu jusqu'ici, dans les douloureux souvenirs d'Azkaban.
Les mains de Sabal parcourent son corps, avec une douceur qu'elle ne lui aurait jamais soupçonné. Juno tremble sous chacune de ses caresses, les yeux plongés dans ceux de son maître. Son sourire s'étaye tandis qu'il joue un instant avec la bretelle de sa robe, la fait glisser sur son épaule et caresse sa gorge. Alors, profitant de cette soudaine délicatesse, la jeune femme l'oblige à basculer sur le dos et referme son emprise sur ses épaules, resserre ses cuisses contre son corps musculeux. Elle a cette impression qu'il est à sa merci... Un rire gonfle dans sa poitrine. Oui, elle a songé à l'amadouer par ses charmes, sauf qu'elle n'est pas une putain en quête d'un statut plus honorable. Mais elle n'a pas prévu que ses sentiments pour son maître se renforcent. Sans savoir s'ils sont vraiment les siens. Voilà les raisons de ce bref abandon ; leur lutte est inégale, sûrement vaine, mais elle ne l'abandonnera jamais – encore moins au lit. Et s'il ne l'aime qu'une nuit, alors... Qu'il en soit ainsi.
« Voilà, maître, souffle-t-elle avec un rictus. »
D'un geste lent, elle fait glisser sa seconde bretelle, dévoilant à nouveau ses seins ronds et frémissants aux yeux sombres du dhole. Sa respiration s'accélère. Elle effleure ses lèvres puis, les plaque, et les ouvrent pour lier sa langue à la sienne, mêler leurs souffles brûlants. Son index suit les lignes de ses muscles, ses baisers s'égarent sur son torse. Quand elle se redresse, son sourire se fait plus narquois.
« Voyons si je les vaux, ces quarante mille gallions..., susurre la jeune femme en relevant sa robe au-dessus de ses cuisses finement galbées. »
Son rire léger tinte dans le silence nocturne. Ses mains viennent alors chercher celles de Sabal pour les poser sur sa taille puis, glissent jusqu'à son ventre, attendant l'accord implicite de son maître, ses décisions pour la suite de la nuit.
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