‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14278
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
• Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
• Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
Spoiler:
• Aramis est plus un frère qu'un cousin par alliance, de ces relations précieuses qui se consolident au fil des épreuves.
• Nyssandra, marraine de Scorpius, et cousine par alliance depuis qu'épouse Lestrange. Un moyen légal d'officialiser le fait que plus qu'une amie, elle a toujours été un membre de la famille, de cœur sinon de sang.
• Severus, en sa position d'ami de longue date de la famille, a joué auprès de moi le rôle de précepteur, puis d'enseignant, de protecteur. Je ne lui ai pas toujours fait confiance, à cet étrange personnage pétri de mystères, mais le Serment Inviolable qu'il a accepté de formuler à la demande de ma mère il y a quelques années m'a poussé à me tourner vers lui au moment de choisir un parrain à Scorpius. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quel est son réel camp, mais il est assurément un allié redoutable.
• Gwen... Gwen. Usurpatrice Lestrange, Black insoupçonnée. J'ai perdu une cousine pour en gagner une autre, et si les faits prouvent à présent que le sang nous lie, je ne sais si je l'aime ou si je la hais pour ses mensonges. Son existence remet en doute de trop nombreux principes: pourquoi n'ai-je pas décelé qu'elle était différente, sang-mêlée, si le sang est si crucial et le mélange inadmissible ? Je ne supporterais pas de la perdre, mais lui faire face est encore trop... déboussolant.
• Simon, canaille défraichie, cousin décadent. Notre entente est vache est étrange, mais le sang l'emporte souvent - même sur les différences. Il a été, étonnamment, le plus apte à me fournir des échappatoires, qu'il s'agisse d'Orviétan, d'alcool de choix à consommer sans modération ou de planque relativement imprenable.
• Sansa, traitresse. La baguette qui s'érige, qui frémit, qui s'abaisse au creux de phalanges crispées, et la rancoeur qui salit des années de complicité.
• Hestia, cousine & partenaire de crime. Elle est étrange, creepy, et c'est sans doute ce qui fait son charme. Nous avons plus ou moins grandi ensemble, élevés pour tisser des ententes et projets dans l'ombre en quête de plus de pouvoir. Mais à présent, il est surtout question de survie.
• Flora, cousine. Elle a changé, c'est un fait, victime du brainwashing imposé par le gouvernement aux dissidents. Et notre alliance d'origine lutte, mais ploie sous l'intensité de sa nouvelle allégeance au Magister.
• Nephtys, cousine Shafiq, victime d'un don... malédiction. Elle est l'une des raisons pour lesquelles soutenir de régime a été plus difficile d'escompté ces dernières années. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est un Maître ingrat, et Cissy et Nephtys ont été des martyres, sacrifiées sur l'autel de ses ambitions cruelles.
• Andromeda, tante. Reniée, (re)trouvée... je ne sais pas ce qu'elle m'inspire. De la consternation, peut-être; elle a toujours été une idée, un souvenir, l'ombre d'un passé révolu, et la voilà qui surgit à présent du néant, tangible. Traître à son sang. Mon statut d'extrémiste ne m'a toutefois guère porté plus de chance que le sien, et l'existence de son petit-fils... de mon cousin, ne peut me laisser indifférent, en dépit de son ascendance peu flatteuse.
A protéger.
• Âme-sœur de toute une vie - ou de plusieurs. Rien n'a jamais été réellement simple entre nous et pourtant elle a toujours été une évidence, un essentiel. Le sentiment s'étend à ses filles, que j'en viens parfois, souvent, à considérer comme les miennes.
• Nott est un ami d'enfance. Malgré la distance imposée à l'adolescence par son refus de se trouver rabaissé au rang de sous-fifre, le lien a perduré, latent. Il est ce frère auquel il n'est pas toujours nécessaire de tout dire, dont je m'éloigne souvent, mais que je retrouve inexorablement - et vice versa.
• Loony persiste à nous prétendre amis et peut-être ses délires ne sont-ils plus si faux à présent... elle est en tout cas une alliée précieuse et s'est révélée étonnamment loyale. Et tenace. Les réminiscences de vies antérieures me poussent d'ailleurs à croire qu'elle a été une présence récurrente au fil des siècles, et dans cette vie comme dans les autres, elle semble partager les instants les plus sombres de mon existence.. et inversement.
• Astoria m'a offert ce que j'ai de plus précieux: un fils. C'était une erreur et Merlin sait qu'elle nous a coûté cher, mais il reste ce qui nous lie aujourd'hui, la principale raison pour laquelle je ne laisserais rien lui arriver.
• Greg a d'abord été un banal sous-fifre, avant que la soif d'émancipation puis la mort de Vince ne bouscule notre dynamique. C'est une... amitié particulière, à tendance haineuse sur les bords, car des années d'entente mêlée de mépris ne s'effacent pas aisément. Pas plus que la colère qu'il nourrit à mon encontre depuis la mort de son comparse - mon ami d'enfance. Reste qu'il fait partie de cette poignée de sorciers dont la présence dans mon existence est non négociable. Frère d'arme.
• Chang, partenaire sur le terrain, entente masquée en public sous des couches d'agacement mutuel, chaleur humaine et réconciliations fiévreuses en privé. On s'est plus d'une fois retenus de sombrer, sauvés, mais l'équilibre fragile est à présent vicié par le brainwashing qu'elle a subi.
• Ardal est une connaissance de longue date, mais aussi le cousin de Pansy - celui qui n'hésite pas à me faire part de sa façon de penser lorsqu'elle a des raisons de plainte à mon sujet. C'est assez agaçant, à vrai dire, que d'avoir laissé à quelqu'un suffisamment de marge pour écoper de remarques lorsque mon attitude lui déplait - mais il a eu la décence de ne jamais en abuser, plus ami que moralisateur.
Compliqué. Susanna, il y a eu la passion, les tensions, la séparation, la fureur, le manque. L'étape suivante aurait dû être la réconciliation - j'étais prêt à l'épouser. C'était avant qu'on ne la découvre coupable de trahison, avant qu'une vision d'Aramis ne révèle sa relation, avant que la dénonciation à laquelle j'ai consenti ne lui coûte la vie. Déchiré entre colère et regrets, j'ai fait le choix d'effacer les sentiments qui perduraient pour ne conserver que la haine. Rien d'autre que la haine.
• Granger est infecte - mais la fréquenter est utile. C'est ce qu'elle est: une partenaire forcée, une alliée de poids, un point d'interrogation sur l'échiquier de mes vies antérieures et actuelle. Lui laisser percevoir mes failles est insupportable, mais je sais pourtant qu'elle restera une tombe et ne saurait me trahir: à défaut de confiance et d'entente, nous avons un pacte.
• (Tracey, amie proche d'Astoria - et de Susanna, autrefois. Elle n'a pas cautionné notre rapprochement et notre entente, depuis, a été étrange, ambivalente. Mais cordiale. Avant, du moins, qu'elle ne devienne une mangemort fanatique.
• Blair. J'ai aidé cette gamine à échapper à la rage des Carrow, autrefois, et détourner leur attention m'a valu des maléfices mémorables. Ce qui m'y a poussé ? J'en doute encore aujourd'hui - la compassion n'a jamais compté au nombre de mes défauts. Mais les révélations de Beltane me poussent à croire que nos âmes liées m'ont influencé: elle a été ma sœur, dans une autre de ces vies qui ne cessent de resurgir aux moments les plus inappropriés.
• Winchester est la marraine de Teddy, la responsable de la quête au bout de laquelle je les ai cherchés, sa grand-mère et lui.
• Darja et moi, on formait une paire efficace en laboratoire, seul cadre dans lequel elle s'illuminait par ailleurs. Et nous est arrivé de nous inquiéter l'un pour l'autre sous nos masques de mangemorts; mais elle est insondable et je ne prendrais pas le risque de la sous-estimer si je la croisais baguette au point, fort de mon nouveau statut de prétendu traître.
• Avery était un allié de père, subissant comme lui les griefs des mangemorts ayant été fanatiques au point de gâcher des années de vie derrière les barreaux. Il est sans doute un dangereux ennemi, à présent.
A enterrer.
• Potter, foutu sauveur à deux noises. Il m'a imposé une dette de vie, le plus lourd fardeau qu'il m'ait jamais été donné de porter. Il est la cause de l'entente avec Granger, mais aussi un élément récurent de tous les évènements négatifs de ma vie. Plus récemment, il m'a dérobé un bien que je ne savais même pas en ma possession: la mythique Baguette du Pouvoir. Je suis supposé le prévenir, mais la haine qui nous sépare a toujours été trop intense pour favoriser les compromis.
• Zabini, allégorie de la trahison, de la confiance brisée ; même le temps n'allège pas l'intensité de ma rancoeur, et pour cause: il était le dernier de la part de qui je me serais attendu à recevoir un sort dans le dos. Le rituel qui nous lie rend son absence pénible, physiquement douloureuse, mais si nous nous recroisions les différends se règleraient à la baguette et aux poings.
• Weasley - tant Fred que Ronald et le reste de leur smala dépeuplée, je ne lèverais pas le petit doigt s'ils brûlaient dans un Feudeymon. Bien au contraire, je me délecterais du spectacle.
• Matteo, bel emmerdeur, journaliste rapace - de cette engeance qui se nourrit des déboires d'autrui. Je préfère prétendre que cette St-Valentin 03 et l'intoxication à l'Amortentia n'a pas eu lieu. Jamais.
• Rabastan. Les Malfoy et les Lestrange n'ont jamais été faits pour s'entendre - à vrai dire la jeune génération constitue l'exception. Mais si les tensions étaient jusqu'alors mesurées, masquées, elles ont atteint leur paroxysme lorsque Rabastan a contribué à l'enlèvement de ma mère.
• Wyatt, cette ordure, ce fumier. Il était l'image même du père et du futur beau-père idéal, avant que l'arrivée de Scorpius ne fasse surgir au grand jour sa véritable nature. Ses tentatives de meurtre avortées n'ont fait qu'exacerber la haine mutuelle, et son rôle dans l'enlèvement de Mère a été la goutte de trop. Il est intouchable, en odeur de sainteté auprès du Lord. Et d'une puissance non négligeable. Mais si je venais à le croiser sur un champ de bataille, je prendrais le risque d'extérioriser la soif de sang qu'il m'inspire, quitte à y périr.
• Rookwood. Ancien mentor imposé par le Maître. craint et respecté à la fois, pendant un temps. Je ne serai jamais à la hauteur de ses critères en terme de cruauté, mais ses prétentions me hérissent. Il n'est après tout qu'un sang-mêlé désireux d'exterminer sa propre engeance.
(d-e, wiz, ins, rdp, hun)
‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
Do or die,
Fate is coming, Time is running
6 JANV. 2002 & Dracezia
« Granger. » Le nom fut craché avec un calme difficilement maintenu, résonnant dans la pièce apparemment vide. Draco sentit la colère enfler en lui alors qu’il patientait, plongé dans l’âtre de sa cheminée. Il était suspendu au-dessus de flammes qui, loin de brûler, créaient un passage en sa correspondante et lui ; du moins était-ce qu’il avait escompté après l’avoir contactée par le biais de l’étrange gallion qu’elle lui avait précédemment confié pour les urgences. Il y avait inscrit la date et l’heure en modulant les chiffres affichés, mais elle n’était pas au rendez-vous et il sentait s’effilocher son inexistante patience. « Granger ! » Cette fois, il entendit l’écho de sa propre voix avec autant d’acuité que s’il se trouvait lui-même dans la chaumière abandonnée dont l’ancienne Gryffondor usait avec parcimonie, souhaitant éviter que soit découvert son seul moyen de communication. Enfin il entendit claquer une porte, perçut du mouvement à l’autre bout de la pièce et se tordit la nuque pour mieux y voir, sans succès. « C’est une urgence, pourrais-tu avoir l’amabilité de te presser ? » Il retint de justesse l’injure qui buta à la coupe de ses lèvres : sale sang de bourbe. Depuis combien de temps n’en avait-il plus usé à l’égard de la jeune femme ? Des lustres, et pour cause : leur entraide déjà réticente et tendue n’aurait pas été viable sans quelques concessions. Le quasi-dérapage de cette fois n’était justifié que par son état actuel — Draco oscillait entre rage froide, résignation, indignation. Tout était de la faute de Granger. Lorsqu’elle se présenta enfin, sourcils froncés par l’agacement, poings sur les hanches et cou enroulé dans une écharpe épaisse, il maugréa dans sa barbe inexistante un « … about time » assorti d’un rictus mécontent, et ce fut visiblement la goutte de trop. « Je ne suis pas à ton entière disposition, Draco Malfoy ! Tu penses pouvoir me contacter à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et me voir me précipiter aussitôt ici ? Il ne me suffit pas de m’installer dans mon bureau confortablement chauffé, j’ai quantité de précautions à prendre ! » Elle avait exprimé son indignation d’une traite et ne s’interrompit que pour reprendre son souffle. « Tu es de mauvaise humeur, soit. Je n’ai pas à en faire les frais. Bonne soirée Malfoy. » Et sur cet au revoir hargneux elle s’apprêta à interrompre la communication, l’obligeant à prendre sur lui pour couper court à sa réaction. « Non ! Attends – » « Tu n’as pas le monopole des journées difficiles », répliqua-t-elle en croisant les bras, mais elle cessa au moins d’essayer d’éteindre le feu. La fameuse humeur du blond passa à massacrante. « Et tu ne connaîtras que plus de désagréments à l’avenir si tu ne m’écoutes pas ! Loufoca – » il ignora le regard furieux dont il écopa à ceci – « Elle est en danger. » C’étaient les seuls mots aptes à accrocher pleinement l’attention de Granger, et une bonne alternative également pour ne pas avoir à avouer qu’il était le premier à risquer de perdre la vie. Il aurait voulu pouvoir s’arracher la langue plutôt qu’avoir à lui demander de l’aide, mais il n’avait pas trouvé d’autre solution. « Le Département des mystères organisera sous peu des interrogatoires. » Il s’interrompit en sentant sa langue lui tirer désagréablement. Merlin, c'était un avertissement : l’information avait été passée sous le sceau du contrat de préservation des Mystères. Draco s’humecta les lèvres pour s’assurer que sa langue n’avait pas été bloquée par le serment, conscient qu’il devrait affronter Augustus dès le lendemain pour expliquer de quoi retournait son écart de ce soir. « Il faut que tous les souvenirs vous concernant, elle et toi, disparaissent de ma mémoire. » Il lui lança un regard perçant pour lui faire comprendre que l’occlumencie ne lui serait cette fois d’aucun secours, qu’une (ou plusieurs si nécessaire) dose de Veritaserum serait de la partie. Elle regarda par-dessus son épaule, visiblement troublée, préoccupée. « Je ne peux pas rester plus longtemps – » A cela, il explosa : « Est-ce que tu es à ce point inconsciente ? C’est une priorité ! » Elle l’avait embourbé dans le pétrin jusqu’au bout et se défilait à présent sans – « Voyons-nous demain à la première heure. Tu me rejoindras dans la chaumière, et tu m’expliqueras ce que tu attends de moi. » Ils se jaugèrent un instant sans qu’il ne réponde et elle reprit, d’une voix étonnamment douce. « Je dois vraiment y aller, maintenant. Je serai là demain, à 3h précises. Je ne te laisserai pas tomber Malfoy, pour une raison qui m’échappe Luna tient vraiment à toi. Et moi à elle. » Après quoi, elle interrompit l’appel sans plus attendre.
†
Il était presque soulagé. Préoccupé de devoir confier à Granger le soin d’altérer sa mémoire, mais incapable de prendre des mesures différentes : ils avaient prêté serment pour s’assurer qu’aucun d’eux ne mentionnerait leur collaboration à un tiers sans l’accord de l’autre, et il savait qu’elle n’aurait confiance en aucun de ses (rares) proches. Et il ne tenait pas non plus à avouer à quiconque ce contact avec l'ennemie publique n°2 ou la parti qu'il avait joué dans la libération d'une rebut, la teneur de la menace qui l'y avait contraint... il se l'avouait à peine à lui-même. Mais il comptait bien lui forcer la main pour un autre serment afin de s’assurer qu’elle n’abuse pas des Obliviate ou autres sortilèges pour lui retourner le cerveau… comme les Insurgés l’avaient prétendument fait vis-à-vis de Daphné Greengrass.
Draco chassa de son esprit toutes ces pensées parasites et se concentra sur sa préoccupation actuelle : Lucrezia. Il l’avait contactée sitôt après son échange avec l’Insurgée, afin de s’assurer qu’elle ait également pris des mesures pour faire face aux interrogatoires. Il n’avait aucune idée de si oui ou non elle avait quelques sérieux secrets à garder pour elle, mais le soir de leur rapprochement elle lui avait confié avoir laissé lui échapper les sœurs Greengrass par le passé. Information sensible pouvant mener à des suspicions plus lourdes : était-ce un cas isolé ou une tendance ? Dans ce climat incertain, la moindre erreur pouvait s’avérer fatale et, puisque Lucrezia semblait tout sauf doté d’un instinct d’auto-préservation, il s’était trouvé incapable de tenir en place tant qu’elle ne lui aurait pas affirmé avoir trouvé une quelconque solution pour être au-dessus de tout soupçon. Comme de fait, leur discussion par cheminées interposées avait confirmé ses craintes, et c’était précisément ce qui l’avait conduit à la porte des Rowle. Il ne lui avait pas précisé de quelle façon il comptait l’aider et n’avait donc pas l’assurance d’un accord ; mais la manipulation des souvenirs compromettants était la seule option valable qu’il ait pu trouver pour écarter le danger. Il n’aurait plus qu’à s’efforcer d’être aussi persuasif que possible…
La porte ne s’ouvrit pas sur un elfe comme il s'y serait attendu, mais directement sur la maîtresse de maison. « Draco ! Quelle surprise, nous ne vous attendions pas. » Elle le scruta d’un œil inquisiteur, mais pas désapprobateur. « Mrs Rowle », salua-t-il, obséquieux, en lui baisant la main pour s’assurer ses faveurs. « Pardonnez cette intrusion tardive, je devais m’entretenir de toute urgence avec votre fille au sujet de – » il s’était penché vers elle dans le seul but d’attiser sa curiosité, baissant d’un ton comme pour lui confier quelque secret qu’il étouffa finalement en se mordant les lèvres, affichant un léger sourire d’excuse, faussement navré. « C’est à propos du travail. Vous comprenez qu’il serait délicat pour moi d’en dire plus… » Il se servait éhontément du statut de Langue de Plomb, bien vu au sein de la communauté, et elle lui servit en effet un éclat de rire calculé, visiblement ravie. « Ma fille aurait-elle enfin opté pour des fréquentations honorables ? Je crains cependant qu'elle ne soit pas d'humeur à vous accueillir en bonne et due forme… Peut-être devriez-vous retenter votre chance à une autre occasion. Mais vous pouvez nous rejoindre au salon, mon époux et moi, pour ne pas avoir effectué ce trajet en vain. » Le sourire du blond se figea, mais il le maintint malgré lui et s’obligea à ne pas jeter un coup d’œil impatient en direction des escaliers. « J’en serais ravi, cependant – » Nulle excuse n’eut le temps de venir étayer un quelconque plaidoyer qu’elle l’avait déjà entraîné au salon.
(INTO THE DARKNESS) ≤ The world is shaking, the sky is falling down
Tarte au citron. Thé. Muffins. Cookies. Alcool. La table blanche de tes appartements s’est couverte de divers plaisirs à déguster au fil des dernières heures, dressée dans l’art de l’élégance et d’une certaine éducation. Pourtant rien n’est fait pour une fête. C’est l’angoisse montante qui te pousse à cumuler les activités, ainsi t’es-tu mise à la cuisine, solitaire et silencieuse, ignorant même le regard accusateur d’un Daeva pour le moins sceptique. Il la sentait venir, l’énième crise. Pourtant le contrôle demeure, la barrière résiste envers et contre toutes les émotions qui se bousculent. Et plus tu t’agites, plus tu éloignes le problème de tes pensées immédiates. Ton univers de blanc et de gris se teinte lentement, au fil des détails que tu ajoutes, d’un quelque chose de serpentard qui orne désormais la nappe en transparence : l’argent aux plats et l’émeraude de ce qui aurait tous les airs d’une chevalière.. en version miniature. Ton esprit occulte toujours la tétine posée sur l’étagère près de la grande bibliothèque murale, d’une couleur neige presque vernie. Tu inspires profondément. Pourquoi agir de la sorte ? Tu n’en sais rien. A croire que tu aurais vraiment un peu de la femme au foyer idéale, n’est-ce pas ? Risible. Ou tu compenses l’inaptitude de ta mère. Elle, la dame sociale, la responsable de l’Obsidian Crown, boutique prisée d’accessoires de mode, infoutue de dresser une table ou préparer un thé. « Instable. » persifle, moqueur, le cobra de jais, contraste violent avec l’univers épuré - en fin de compte, ça n’a rien d’aseptisé, car malgré la clarté des meubles, les nuances grises et l’omniprésence de divers livres aux couvertures variées rendaient le tout.. paradoxalement élégant. Beaucoup de ta froideur, un peu de ton obscurité dans les titres des ouvrages, un brin de chaleur avec quelques objets décoratifs de-ci, de-là. Tu en dévoilais plus ici qu’en une soirée à tes côtés. Et tu détestais recevoir, sans aucun doute parce qu’une part de toi en avait conscience. L’autre niait en bloc.
Un bain. Pour respirer. Le Ministère se joue de vous. Le Ministère te pousserait presque à ne pas sortir la tête de l’eau. Le coeur au bord des lèvres. La nausée. Les interrogatoires auront raison de toi, tu le sais. Tu n’es pas de celles qui jettent la faute sur les collègues, qui dénoncent ou mentent pour sauver leur tête. Et le pourrais-tu seulement ? Le veritaserum n’a aucun remède, aucun bouclier, potion contre laquelle rien ne sera apte à te sauver. L’air manque. Tu sais apaiser les autres mais rien ne fonctionne sur toi, comme si tes propres stratagèmes, tes propres bijoux t’étaient interdits. Et le noeud se serre encore lorsque tu t’extirpes de l’eau pour aller revêtir le masque de la demoiselle de bonne famille. Ô mauvaise fille de bonne famille. La robe noire ou le deuil de toi-même dans cette délicate dentelle. Le décolleté léger fait d’un travail précieux de la matière, la taille marquée par une ceinture couleur de sang assortie aux escarpins et le bas évasé, fluidité autour de ta silhouette fragile et tremblante. Les apparences. Tu pourrais en rire si tu savais être autrement, forgée dans les déceptions, éduquée à ne jamais dévoiler ce que tu pourrais être, loin des regards scrutateurs d’une Elite fine bouche, langue de vipère.
« Tout ça pour ce prétentieux ..? » Tu retrouves Daeva installé sur le bord du canapé anthracite, moqueur et aussi hautain que s’il fut humain. Parfois ses réflexions te laissent perplexe mais tu songes alors que tu l’as toujours traité comme une part de toi, une sorte d’égal et que son évolution n’est pas si étonnante. D’un point de vue de fourchelangue. « Angoisse. » Tu lui lances un regard désapprobateur. Il sait que le jeune Malfoy doit venir, que tu t’es entretenue avec lui, que ce contact à venir n’a rien de joyeux, d’une potentielle petite soirée entre amis. Tout au contraire. Des faits dangereux nappés de sucrerie. « Daeva.. serais-tu devenu une sorte de serpent à sonnette, mh ? Non ? Alors va sonner quelqu’un d’autre. » Pas trop loin, cependant, tu ne serais pas tranquille. Mais dédaigneux, l’animal ne bouge pas, s’enroule confortablement, digne de l’animal de compagnie le plus banal, les écailles en plus.
∾♱∾
Le bruit des escarpins dans l’escalier, le pas léger, vers le salon que tu rejoins calmement, constatant que tes parents prennent une délectation presque indécente à la compagnie. Tu te cales contre l’encadrement de la porte, les bras croisés, la Marque toujours couverte d’un tissu, pourpre cette fois, coordonné à ta tenue. « La politesse ne t’étouffera pas, Lucrezia. » affirme ton père, un homme à la silhouette sportive sans être massif, aux cheveux encore blonds quoi que tirant doucement vers le cendre. Il n’est pas foncièrement agressif mais l’autorité se mêle à une certaine contrariété, pour une fois que tu reçois, tu ne le fais pas convenablement. « Et le thé de mère ne vous étouffera pas non plus, n’est-ce pas ? » Le regard offusqué de la femme aux boucles d’un châtain clair, à la taille aussi fine qu’une figure de Sorcière-Hebdo se pose un instant sur Draco avant de se reporter sur ta personne. « Je ne te permets pas d’insinuer que.. » La tension. Voilà tout ce qui règne entre les Rowle, une tension au bord de la constante implosion, pourtant tu sembles t’amuser de leur embarras. Petite vengeance personnelle. « Que quoi, mère ? Monsieur Malfoy est ici pour une raison professionnelle et vous nous retardez. » Draco, jeté en une terre hostile inconnue de l’Elite, tant cette branche de la lignée se fait discrète, à l’exception de dame comités et bien-pensance, née Selwyn. Vous avez tous pris soin de ne pas montrer vos griefs en public et si tu l’as évoqué au jeune homme lors de votre précédente rencontre, il a désormais droit à une représentation en direct. « Oh, et avant que j’oublis : j’ignore où se trouve Lucifer. Evitez de marcher dessus. » C’en était presque cruel, à sentir glisser sur les traits de ta mère le reflet de sa terrible phobie des serpents, elle qui avait grandit auprès de Charles, dans une lignée où ce don lui était resté étranger.
Sans plus de cérémonie, tu viens chercher la main de Draco pour le mener vers les escaliers. Le contact ne dure que peu de temps, juste assez pour qu’il puisse percevoir le léger tremblement de tes doigts, trop peu pour que ça en devienne indécent. Si ton père se formalise encore parfois de tes manières, tu ne juges pas bon de justifier la soudaine audace, persuadée que la perception de ton état nerveux lui éclaircira immédiatement l’empressement. Au bout du couloir du deuxième étage, une sorte de seconde porte d’entrée donnant sur les marches vers tes appartements, que tu lui ouvres le plus calmement possible. « Après toi. » On ne dit pas les dames d’abord ? Une autre fois, peut-être. Et ce qui est ton salon, tout de même spacieux, se dévoile à son regard anthracite, sans doute au même instant que le cobra perfide qui se fait un plaisir de le fixer avec une attention presque morbide. « Bienvenue chez les Rowle. » lâches-tu, pleine d’ironie. « Daeva. Le Rebut. » Inutile d’user de longs discours, tu fais partir le serpent vers l’étage inférieur, mission de surveillance de Duncan, bien qu’il prenne un malin plaisir à frôler les chevilles du blond avant de s’extirper de la pièce.
Seuls. Equilibre précaire. La pression oscille et tu te rattrapes à la chaise. « Ca va. » te sens-tu immédiatement obligée de dire, un peu sèche, presque pour te convaincre. Le masque ne tiendra pas longtemps dans une telle atmosphère. Sans doute l’alcool sur la table pourrait servir de décontractant.. si seulement tu en buvais. Self-control. Tu oses à nouveau un regard vers Draco, presque inquiète qu’il choisisse de te laisser à ta solitude. Ton sort, tu t’en accommodes, mais l’idée d’être seule encore une heure ajoute au poids de ton angoisse celui des questionnements intérieurs auxquels tu voudrais échapper.
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14278
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
• Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
• Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
Spoiler:
• Aramis est plus un frère qu'un cousin par alliance, de ces relations précieuses qui se consolident au fil des épreuves.
• Nyssandra, marraine de Scorpius, et cousine par alliance depuis qu'épouse Lestrange. Un moyen légal d'officialiser le fait que plus qu'une amie, elle a toujours été un membre de la famille, de cœur sinon de sang.
• Severus, en sa position d'ami de longue date de la famille, a joué auprès de moi le rôle de précepteur, puis d'enseignant, de protecteur. Je ne lui ai pas toujours fait confiance, à cet étrange personnage pétri de mystères, mais le Serment Inviolable qu'il a accepté de formuler à la demande de ma mère il y a quelques années m'a poussé à me tourner vers lui au moment de choisir un parrain à Scorpius. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quel est son réel camp, mais il est assurément un allié redoutable.
• Gwen... Gwen. Usurpatrice Lestrange, Black insoupçonnée. J'ai perdu une cousine pour en gagner une autre, et si les faits prouvent à présent que le sang nous lie, je ne sais si je l'aime ou si je la hais pour ses mensonges. Son existence remet en doute de trop nombreux principes: pourquoi n'ai-je pas décelé qu'elle était différente, sang-mêlée, si le sang est si crucial et le mélange inadmissible ? Je ne supporterais pas de la perdre, mais lui faire face est encore trop... déboussolant.
• Simon, canaille défraichie, cousin décadent. Notre entente est vache est étrange, mais le sang l'emporte souvent - même sur les différences. Il a été, étonnamment, le plus apte à me fournir des échappatoires, qu'il s'agisse d'Orviétan, d'alcool de choix à consommer sans modération ou de planque relativement imprenable.
• Sansa, traitresse. La baguette qui s'érige, qui frémit, qui s'abaisse au creux de phalanges crispées, et la rancoeur qui salit des années de complicité.
• Hestia, cousine & partenaire de crime. Elle est étrange, creepy, et c'est sans doute ce qui fait son charme. Nous avons plus ou moins grandi ensemble, élevés pour tisser des ententes et projets dans l'ombre en quête de plus de pouvoir. Mais à présent, il est surtout question de survie.
• Flora, cousine. Elle a changé, c'est un fait, victime du brainwashing imposé par le gouvernement aux dissidents. Et notre alliance d'origine lutte, mais ploie sous l'intensité de sa nouvelle allégeance au Magister.
• Nephtys, cousine Shafiq, victime d'un don... malédiction. Elle est l'une des raisons pour lesquelles soutenir de régime a été plus difficile d'escompté ces dernières années. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est un Maître ingrat, et Cissy et Nephtys ont été des martyres, sacrifiées sur l'autel de ses ambitions cruelles.
• Andromeda, tante. Reniée, (re)trouvée... je ne sais pas ce qu'elle m'inspire. De la consternation, peut-être; elle a toujours été une idée, un souvenir, l'ombre d'un passé révolu, et la voilà qui surgit à présent du néant, tangible. Traître à son sang. Mon statut d'extrémiste ne m'a toutefois guère porté plus de chance que le sien, et l'existence de son petit-fils... de mon cousin, ne peut me laisser indifférent, en dépit de son ascendance peu flatteuse.
A protéger.
• Âme-sœur de toute une vie - ou de plusieurs. Rien n'a jamais été réellement simple entre nous et pourtant elle a toujours été une évidence, un essentiel. Le sentiment s'étend à ses filles, que j'en viens parfois, souvent, à considérer comme les miennes.
• Nott est un ami d'enfance. Malgré la distance imposée à l'adolescence par son refus de se trouver rabaissé au rang de sous-fifre, le lien a perduré, latent. Il est ce frère auquel il n'est pas toujours nécessaire de tout dire, dont je m'éloigne souvent, mais que je retrouve inexorablement - et vice versa.
• Loony persiste à nous prétendre amis et peut-être ses délires ne sont-ils plus si faux à présent... elle est en tout cas une alliée précieuse et s'est révélée étonnamment loyale. Et tenace. Les réminiscences de vies antérieures me poussent d'ailleurs à croire qu'elle a été une présence récurrente au fil des siècles, et dans cette vie comme dans les autres, elle semble partager les instants les plus sombres de mon existence.. et inversement.
• Astoria m'a offert ce que j'ai de plus précieux: un fils. C'était une erreur et Merlin sait qu'elle nous a coûté cher, mais il reste ce qui nous lie aujourd'hui, la principale raison pour laquelle je ne laisserais rien lui arriver.
• Greg a d'abord été un banal sous-fifre, avant que la soif d'émancipation puis la mort de Vince ne bouscule notre dynamique. C'est une... amitié particulière, à tendance haineuse sur les bords, car des années d'entente mêlée de mépris ne s'effacent pas aisément. Pas plus que la colère qu'il nourrit à mon encontre depuis la mort de son comparse - mon ami d'enfance. Reste qu'il fait partie de cette poignée de sorciers dont la présence dans mon existence est non négociable. Frère d'arme.
• Chang, partenaire sur le terrain, entente masquée en public sous des couches d'agacement mutuel, chaleur humaine et réconciliations fiévreuses en privé. On s'est plus d'une fois retenus de sombrer, sauvés, mais l'équilibre fragile est à présent vicié par le brainwashing qu'elle a subi.
• Ardal est une connaissance de longue date, mais aussi le cousin de Pansy - celui qui n'hésite pas à me faire part de sa façon de penser lorsqu'elle a des raisons de plainte à mon sujet. C'est assez agaçant, à vrai dire, que d'avoir laissé à quelqu'un suffisamment de marge pour écoper de remarques lorsque mon attitude lui déplait - mais il a eu la décence de ne jamais en abuser, plus ami que moralisateur.
Compliqué. Susanna, il y a eu la passion, les tensions, la séparation, la fureur, le manque. L'étape suivante aurait dû être la réconciliation - j'étais prêt à l'épouser. C'était avant qu'on ne la découvre coupable de trahison, avant qu'une vision d'Aramis ne révèle sa relation, avant que la dénonciation à laquelle j'ai consenti ne lui coûte la vie. Déchiré entre colère et regrets, j'ai fait le choix d'effacer les sentiments qui perduraient pour ne conserver que la haine. Rien d'autre que la haine.
• Granger est infecte - mais la fréquenter est utile. C'est ce qu'elle est: une partenaire forcée, une alliée de poids, un point d'interrogation sur l'échiquier de mes vies antérieures et actuelle. Lui laisser percevoir mes failles est insupportable, mais je sais pourtant qu'elle restera une tombe et ne saurait me trahir: à défaut de confiance et d'entente, nous avons un pacte.
• (Tracey, amie proche d'Astoria - et de Susanna, autrefois. Elle n'a pas cautionné notre rapprochement et notre entente, depuis, a été étrange, ambivalente. Mais cordiale. Avant, du moins, qu'elle ne devienne une mangemort fanatique.
• Blair. J'ai aidé cette gamine à échapper à la rage des Carrow, autrefois, et détourner leur attention m'a valu des maléfices mémorables. Ce qui m'y a poussé ? J'en doute encore aujourd'hui - la compassion n'a jamais compté au nombre de mes défauts. Mais les révélations de Beltane me poussent à croire que nos âmes liées m'ont influencé: elle a été ma sœur, dans une autre de ces vies qui ne cessent de resurgir aux moments les plus inappropriés.
• Winchester est la marraine de Teddy, la responsable de la quête au bout de laquelle je les ai cherchés, sa grand-mère et lui.
• Darja et moi, on formait une paire efficace en laboratoire, seul cadre dans lequel elle s'illuminait par ailleurs. Et nous est arrivé de nous inquiéter l'un pour l'autre sous nos masques de mangemorts; mais elle est insondable et je ne prendrais pas le risque de la sous-estimer si je la croisais baguette au point, fort de mon nouveau statut de prétendu traître.
• Avery était un allié de père, subissant comme lui les griefs des mangemorts ayant été fanatiques au point de gâcher des années de vie derrière les barreaux. Il est sans doute un dangereux ennemi, à présent.
A enterrer.
• Potter, foutu sauveur à deux noises. Il m'a imposé une dette de vie, le plus lourd fardeau qu'il m'ait jamais été donné de porter. Il est la cause de l'entente avec Granger, mais aussi un élément récurent de tous les évènements négatifs de ma vie. Plus récemment, il m'a dérobé un bien que je ne savais même pas en ma possession: la mythique Baguette du Pouvoir. Je suis supposé le prévenir, mais la haine qui nous sépare a toujours été trop intense pour favoriser les compromis.
• Zabini, allégorie de la trahison, de la confiance brisée ; même le temps n'allège pas l'intensité de ma rancoeur, et pour cause: il était le dernier de la part de qui je me serais attendu à recevoir un sort dans le dos. Le rituel qui nous lie rend son absence pénible, physiquement douloureuse, mais si nous nous recroisions les différends se règleraient à la baguette et aux poings.
• Weasley - tant Fred que Ronald et le reste de leur smala dépeuplée, je ne lèverais pas le petit doigt s'ils brûlaient dans un Feudeymon. Bien au contraire, je me délecterais du spectacle.
• Matteo, bel emmerdeur, journaliste rapace - de cette engeance qui se nourrit des déboires d'autrui. Je préfère prétendre que cette St-Valentin 03 et l'intoxication à l'Amortentia n'a pas eu lieu. Jamais.
• Rabastan. Les Malfoy et les Lestrange n'ont jamais été faits pour s'entendre - à vrai dire la jeune génération constitue l'exception. Mais si les tensions étaient jusqu'alors mesurées, masquées, elles ont atteint leur paroxysme lorsque Rabastan a contribué à l'enlèvement de ma mère.
• Wyatt, cette ordure, ce fumier. Il était l'image même du père et du futur beau-père idéal, avant que l'arrivée de Scorpius ne fasse surgir au grand jour sa véritable nature. Ses tentatives de meurtre avortées n'ont fait qu'exacerber la haine mutuelle, et son rôle dans l'enlèvement de Mère a été la goutte de trop. Il est intouchable, en odeur de sainteté auprès du Lord. Et d'une puissance non négligeable. Mais si je venais à le croiser sur un champ de bataille, je prendrais le risque d'extérioriser la soif de sang qu'il m'inspire, quitte à y périr.
• Rookwood. Ancien mentor imposé par le Maître. craint et respecté à la fois, pendant un temps. Je ne serai jamais à la hauteur de ses critères en terme de cruauté, mais ses prétentions me hérissent. Il n'est après tout qu'un sang-mêlé désireux d'exterminer sa propre engeance.
(d-e, wiz, ins, rdp, hun)
‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
Do or die,
Fate is coming, Time is running
6 JANV. 2002 & Dracezia
C’était pour le moins embarrassant. Ou comique. Un peu des deux, sans doute, si tant était que l’on ait assez de recul pour considérer le second aspect. Le père Rowle avait visiblement pitié de sa situation mais ne faisait rien pour l’en extraire, son épouse pour sa part semblait bien décidée à animer la conversation des heures durant afin, sans doute, de déterminer ce que pouvait avoir d’intéressant – ou non – sa présence à leur porte à une heure si tardive. Et Draco, le dos si droit qu’il n’en touchait pas le dossier, se sentait forcé de répondre et de se montrer agréable au possible, éducation obligé. Il avait juste l’impression de subir un interrogatoire, ce qui était somme toute déstabilisant sachant qu’il était justement venu dans le but d’en préparer un. Et puis, sans crier gare, la joute – verbale, certes, mais Draco n’était guère habitué à se retrouver ainsi pris entre deux sorts, témoin d’une confrontation ouverte au sein d’une famille qu’il ne connaissait que peu. C’étaient le genre de scènes que l’on déguisait sous des couches de belles manières, que l’on terrait derrière le voile d’une attitude obséquieuse, d’une complicité feinte. C’étaient les réalités que nulle n’aimait laisser deviner, moins encore constater de visu, et il se faisait l’effet d’un voyeur parvenu à pénétrer dans l’intimité d’autrui. A voir l’état d’Anna, il était évident que les convenances ici bafouées lui tenaient terriblement à cœur et que la situation la prenait de court ; cela dit, le blond prenait conscience, de façon évidente, d’un pan des tensions qu’avait mentionnées Lucrezia quelques semaines auparavant. Par chance la jeune femme coupa court à l’échange houleux et l’arracha au salon, qu’il quitta en balbutiant ses remerciements pour le – thé ? Mais lequel ? La phrase fut avortée en un piètre Thanks for the… well, hm. et ils engloutirent en vitesse les marches menant aux étages supérieurs. Dans la course, la main de Lucrezia avait saisi puis relâché sa main, élan inhabituel mû par sa fébrilité ; à présent elle le précédait à un pallier dont le décor tranchait avec le les précédents, tel un appartement indépendant incrusté à même la structure familiale. « Bienvenue chez les Rowle », accueillit-elle d’un ton mordant avant de siffler à son serpent quelque chose qui le fit onduler vers l’extérieur, non sans s’attarder autour des chevilles de Malfoy, qu’il frôla perfidement avant de quitter la pièce. Il fallut au blond toute sa maîtrise pour ne pas fuir la proximité dérangeante et il refusa de baisser les yeux en direction du reptile, mâchoire contractée et regard résolument fixé sur la table chargée. Le contact était trop familier pour le laisser indifférent : combien de fois s’était-il réveillé, l’année de ses 17 ans, pour découvrir que Nagini s’était faufilé jusqu’à lui au cours de la nuit ? Tantôt enroulé autour de ses chevilles, tantôt allongé de tout son long à ses côtés comme pour mesurer le nombre de centimètres qu’il lui manquait encore pour l’engloutir. Combien de fois, ces deux dernières années, avait-il dû rester stoïque tandis que le monstre glissait à ses côtés pour le dépasser, rejoignant la forme résolument droite de sa mère avant de faire subir à cette dernière le plus sordide des tourments ?
Crispé de tout son être et indiciblement soulagé de voir s’éloigner l'animal, il se concentra nerveusement sur le décor pour dissiper l’effroi qui lui mordait la chair dû à l’éveil de réminiscences déjà trop fraîches dans sa mémoire. Pâtisseries – nouvelle corde sensible titillée par son esprit déjà trop ancré dans le passé ; il avait toujours eu la langue sucrée, goût quotidiennement encouragé par Narcissa dans sa jeunesse. Mauvais timing, tout simplement : il lui aurait suffi d’un bref instant de répit accordé pour reprendre ses esprits, pour ne pas se laisser ébranler par un détail si anodin. Alcool. Déjà plus rassurant – il aurait dû ciller à cette pensée, lui qui était loin d’y voir un refuge il y a encore quelques temps, mais la pression quotidienne avait conféré aux remontants une place nécessaire dans ses habitudes. L’avalanche de mets colorés aurait été suffisante pour contenter un régiment et conférait un aspect chaleureux, festif, à la pièce immaculée. L’observation n’avait pas duré longtemps, quelques secondes tout au plus, et il s’y arracha en voyant vaciller Lucrezia, du coin de l’œil. Il n’eut toutefois pas le temps de la soutenir ou de la questionner – « ça va. » Il haussa un sourcil dubitatif. « Si c’était le cas je suppose que je ne serais pas là », constata-t-il simplement avant de désigner les plats d’un mouvement de menton. « Tu prévoyais de miser sur une nouvelle silhouette pour échapper à la folie qui règne au Ministère ? » Toujours debout, les mains dans les poches en une posture plus détendue à présent qu’il avait repris le contrôle de ses réflexions, il attendait qu’elle l’invite à s’asseoir, trop engoncé dans ses habituelles convenances pour s’accorder lui-même cette liberté. La question, simple boutade, avait touché de près au sujet qui l’avait poussé à la rejoindre, et il ne vit pas l’intérêt de se perdre en vaines discussions pour éviter plus longtemps l’essentiel. Leur échange par cheminée avait été bref : il lui avait seulement fait savoir qu’il pouvait potentiellement l’aider à affronter les interrogatoires sans y risquer sa vie, si du moins elle lui faisait suffisamment confiance pour accepter l’offre. Aussi glissa-t-il sur le thème qui lui importait, repassant d’une plaisanterie pince-sans-rire au sérieux : « Si tu n’as pas de plan plus précis dans la manche, je peux t’en suggérer un. Seulement… » Il fronça le nez, sachant qu’elle n’était pas de ceux qui se fiaient à autrui pour affronter ses problèmes ; « l'idée sera probablement difficile à accepter. » Il était déjà plus que surpris qu’elle ait accepté sa proposition de l’aider, mais choisit une formulation directe plutôt que d'éternels tours et détours. « Il serait question de te priver des souvenirs compromettants. »
(INTO THE DARKNESS) ≤ The world is shaking, the sky is falling down
Tu le détailles. Quand en étiez-vous arrivés là ? Quand le petit serpent était devenu l’homme prêt à t’aider ? Les mains dans les poches, le regard anthracite, le blond de sa lignée. Tu ne savais pas vraiment ce qu’il aimait ou ce qui pouvait l’intéresser dans la vie, pourtant vous étiez là, dans tes appartements, en un tête à tête presque périlleux. « Tu prévoyais de miser sur une nouvelle silhouette pour échapper à la folie qui règne au Ministère ? » lâche-t-il, attirant ton attention sur la table ornée. Ca t’aurait presque fait rire si l’humeur n’était pas morose. Si l’heure n’était pas aux questions de vie ou de mort. « J’ignore ce que tu aimes alors.. j’ai joué la carte de la diversité. » Et autant dire que peu de sang-purs avaient ne serait-ce que le quart de l’attention que tu lui avais porté, tout au long de cette journée, craignant sans doute de ne pas savoir le remercier convenablement. Qui pouvait dire que miss Rowle savait cuisiner ? Le cercle restreint, et encore. Tu n’invitais que rarement à ta table, pour ne pas dire jamais. Pas d’Elfe pour nourrir la petite branche de sorciers. Inutile. « Fais comme chez toi. » Précision jugée nécessaire au vue de la politesse et de cette éducation parfaite que fut celle de l’héritier prodige. Il ne consentirait pas à s’asseoir, boire ou se nourrir sans ton autorisation, tu en étais presque certaine. Presque. Beaucoup de choses t’échappaient encore chez le jeune homme, véritable mystère, nébuleux et changeant.
« Il serait question de te priver des souvenirs compromettants. » Tu t’apprêtais à lui servir un verre mais ton geste se stoppe, te poussant à reposer la bouteille pour le fixer, d’abord incrédule, puis presque amère. Ton oeil était-il sceptique ou mauvais ? Révolté peut-être ? A moins que ce ne soit de la méfiance, qui y luise, comme dans les billes d’un serpent prêt à mordre. « Qu’est-ce que je dois comprendre, Draco ? » Le ton est à la limite entre les deux langues, aux accents de sifflements, intelligible mais trop mielleux pour être normal. Tu n’aimes pas l’idée qu’on puisse s’immiscer dans ton esprit, qu’on puisse se glisser dans tes souvenirs pour t’arracher la seule chose qu’on ne pouvait pas encore attaquer impunément. Ta fébrilité est muée en une étrange forme de colère. « Qu’il vaut mieux me réinitialiser, comme un objet défectueux ? » Ta réaction peut paraître excessive. Certes, elle n’était pas aussi mesurée qu’on pourrait l’attendre, venant d’une reine glacée esseulée dans sa tour d’ivoire. Tes doigts s’emparent de la petite chevalière sur la table et tu romps l’espace entre vous pour la déposer dans sa paume. Tes paradoxes se dévoilent entre tes gestes refusant la brutalité sur sa personne et la visible tension qui s’éprend de chacun de tes muscles. « Pour ton fils. Tu peux rentrer chez toi, il n’y a rien que tu puisses faire pour moi. » Le bijou est frappé d’un M travaillé d’Onyx aux contours d’émeraude, l’argent à l’allure volontairement vieillie. Tu as pris de ton temps pour le petit prince, incertaine cependant de vouloir dévoiler l’étendue de ce talent à Draco. Si l’on savait ici et là que tu apportais ta patte à l’entreprise d’accessoires de ta mère, tu ne montrais ce niveau de finesse et d’ornements qu’aux clients privilégiés d’un Dolohov qui te gardait anonyme. Pourquoi l’offrir, alors ? Tu n’avais jamais rien donné de concret pour le dernier héritier dont le terrible début de vie touchait quelque chose en toi. Quelque chose de mort. La magie ne semble pas crépiter sous la pierre, et pour cause, tu n’as pas appliqué de sortilège, non par manque de temps mais parce que tu ne voulais prendre aucun risque pour le garçon ; la seule particularité résidant dans l'adaptabilité de la création, la taille s'adapterait à la nécessité. Et tu osais dire à son père de partir, sans autre forme de procès.
Tu te poses sur le canapé, le pouce et l’index passant sur tes tempes. Le monde marche sur la tête et tu vas te noyer dans l’encre de tes remords. Et malgré tout tu n’as pas envie d’être seule. La solitude te rend malade, tout comme l’idée de devoir te présenter au Ministère et sacrifier l’équivalent d’une vie : tu n’as plus que ça, ton job. Si tu n’es pas une irréprochable loyale, tes travaux avancent, tu ne rechignais pas aux heures supplémentaires, désireuse de travailler quand chacun aspire à une pause ou des vacances. Est-ce que tes amis fuyards valent ce sacrifice ? Oui. Indéniablement, oui. Tu aurais voulu les aider mais si ta vie doit s’arrêter là, alors soit. Draco peut-il comprendre ? Non. Il est un Mangemort digne, il ne plie pas face à la pression. Et toi tu t’es lamentablement effondrée dans les bras de Fred Weasley. Si tu lui dis ça, Malfoy va te maudire. Alors, quel est le bon choix ? Qu’il efface le seul instant de douceur de ta mémoire ou assumer seule, en silence ? Il y a Morgana Ives, l’intruse. Et les insurgés malencontreusement ratés par un Daeva à qui tu avais ordonné de ralentir, pour leur laisser une chance. La Marque, une belle erreur. « Il faudrait effacer trop de choses, Draco. J’ai été parfaite. J’ai été tout ce que le Maître voulait, jusqu’au jour où j’ai reçu le Marque. Je ne sais même pas comment je suis arrivée à ce jour sans qu’un legilimens ne détruise mes mensonges. » C’était simple : on ne te soupçonnait pas. De glace, la plupart du temps hermétique aux empathes que tu perturbais plus que de raison. Tu passais tant de temps dans la maîtrise qu’on finissait par te voir telle que tu étais autrefois : insensible. Et au fond, tu bossais bien. On pouvait te passer la période plus molle ayant suivi la perte de l’enfant, rien de bien grave. Et l’art de te nier la vérité à toi-même frisait le haut-vol. Ton serpent et toi étiez obéissants, discrets et aucunement enclins à la révolte, trop froids, trop distants. La blague. « Burke dit que mon esprit est chaotique. C’est peine perdue. » Vous vous y étiez noyés. Coincer Draco dans l’entreprise interminable du tri ne valait pas la chandelle - son fils avait plus besoin de lui que toi.
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14278
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
• Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
• Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
Spoiler:
• Aramis est plus un frère qu'un cousin par alliance, de ces relations précieuses qui se consolident au fil des épreuves.
• Nyssandra, marraine de Scorpius, et cousine par alliance depuis qu'épouse Lestrange. Un moyen légal d'officialiser le fait que plus qu'une amie, elle a toujours été un membre de la famille, de cœur sinon de sang.
• Severus, en sa position d'ami de longue date de la famille, a joué auprès de moi le rôle de précepteur, puis d'enseignant, de protecteur. Je ne lui ai pas toujours fait confiance, à cet étrange personnage pétri de mystères, mais le Serment Inviolable qu'il a accepté de formuler à la demande de ma mère il y a quelques années m'a poussé à me tourner vers lui au moment de choisir un parrain à Scorpius. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quel est son réel camp, mais il est assurément un allié redoutable.
• Gwen... Gwen. Usurpatrice Lestrange, Black insoupçonnée. J'ai perdu une cousine pour en gagner une autre, et si les faits prouvent à présent que le sang nous lie, je ne sais si je l'aime ou si je la hais pour ses mensonges. Son existence remet en doute de trop nombreux principes: pourquoi n'ai-je pas décelé qu'elle était différente, sang-mêlée, si le sang est si crucial et le mélange inadmissible ? Je ne supporterais pas de la perdre, mais lui faire face est encore trop... déboussolant.
• Simon, canaille défraichie, cousin décadent. Notre entente est vache est étrange, mais le sang l'emporte souvent - même sur les différences. Il a été, étonnamment, le plus apte à me fournir des échappatoires, qu'il s'agisse d'Orviétan, d'alcool de choix à consommer sans modération ou de planque relativement imprenable.
• Sansa, traitresse. La baguette qui s'érige, qui frémit, qui s'abaisse au creux de phalanges crispées, et la rancoeur qui salit des années de complicité.
• Hestia, cousine & partenaire de crime. Elle est étrange, creepy, et c'est sans doute ce qui fait son charme. Nous avons plus ou moins grandi ensemble, élevés pour tisser des ententes et projets dans l'ombre en quête de plus de pouvoir. Mais à présent, il est surtout question de survie.
• Flora, cousine. Elle a changé, c'est un fait, victime du brainwashing imposé par le gouvernement aux dissidents. Et notre alliance d'origine lutte, mais ploie sous l'intensité de sa nouvelle allégeance au Magister.
• Nephtys, cousine Shafiq, victime d'un don... malédiction. Elle est l'une des raisons pour lesquelles soutenir de régime a été plus difficile d'escompté ces dernières années. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est un Maître ingrat, et Cissy et Nephtys ont été des martyres, sacrifiées sur l'autel de ses ambitions cruelles.
• Andromeda, tante. Reniée, (re)trouvée... je ne sais pas ce qu'elle m'inspire. De la consternation, peut-être; elle a toujours été une idée, un souvenir, l'ombre d'un passé révolu, et la voilà qui surgit à présent du néant, tangible. Traître à son sang. Mon statut d'extrémiste ne m'a toutefois guère porté plus de chance que le sien, et l'existence de son petit-fils... de mon cousin, ne peut me laisser indifférent, en dépit de son ascendance peu flatteuse.
A protéger.
• Âme-sœur de toute une vie - ou de plusieurs. Rien n'a jamais été réellement simple entre nous et pourtant elle a toujours été une évidence, un essentiel. Le sentiment s'étend à ses filles, que j'en viens parfois, souvent, à considérer comme les miennes.
• Nott est un ami d'enfance. Malgré la distance imposée à l'adolescence par son refus de se trouver rabaissé au rang de sous-fifre, le lien a perduré, latent. Il est ce frère auquel il n'est pas toujours nécessaire de tout dire, dont je m'éloigne souvent, mais que je retrouve inexorablement - et vice versa.
• Loony persiste à nous prétendre amis et peut-être ses délires ne sont-ils plus si faux à présent... elle est en tout cas une alliée précieuse et s'est révélée étonnamment loyale. Et tenace. Les réminiscences de vies antérieures me poussent d'ailleurs à croire qu'elle a été une présence récurrente au fil des siècles, et dans cette vie comme dans les autres, elle semble partager les instants les plus sombres de mon existence.. et inversement.
• Astoria m'a offert ce que j'ai de plus précieux: un fils. C'était une erreur et Merlin sait qu'elle nous a coûté cher, mais il reste ce qui nous lie aujourd'hui, la principale raison pour laquelle je ne laisserais rien lui arriver.
• Greg a d'abord été un banal sous-fifre, avant que la soif d'émancipation puis la mort de Vince ne bouscule notre dynamique. C'est une... amitié particulière, à tendance haineuse sur les bords, car des années d'entente mêlée de mépris ne s'effacent pas aisément. Pas plus que la colère qu'il nourrit à mon encontre depuis la mort de son comparse - mon ami d'enfance. Reste qu'il fait partie de cette poignée de sorciers dont la présence dans mon existence est non négociable. Frère d'arme.
• Chang, partenaire sur le terrain, entente masquée en public sous des couches d'agacement mutuel, chaleur humaine et réconciliations fiévreuses en privé. On s'est plus d'une fois retenus de sombrer, sauvés, mais l'équilibre fragile est à présent vicié par le brainwashing qu'elle a subi.
• Ardal est une connaissance de longue date, mais aussi le cousin de Pansy - celui qui n'hésite pas à me faire part de sa façon de penser lorsqu'elle a des raisons de plainte à mon sujet. C'est assez agaçant, à vrai dire, que d'avoir laissé à quelqu'un suffisamment de marge pour écoper de remarques lorsque mon attitude lui déplait - mais il a eu la décence de ne jamais en abuser, plus ami que moralisateur.
Compliqué. Susanna, il y a eu la passion, les tensions, la séparation, la fureur, le manque. L'étape suivante aurait dû être la réconciliation - j'étais prêt à l'épouser. C'était avant qu'on ne la découvre coupable de trahison, avant qu'une vision d'Aramis ne révèle sa relation, avant que la dénonciation à laquelle j'ai consenti ne lui coûte la vie. Déchiré entre colère et regrets, j'ai fait le choix d'effacer les sentiments qui perduraient pour ne conserver que la haine. Rien d'autre que la haine.
• Granger est infecte - mais la fréquenter est utile. C'est ce qu'elle est: une partenaire forcée, une alliée de poids, un point d'interrogation sur l'échiquier de mes vies antérieures et actuelle. Lui laisser percevoir mes failles est insupportable, mais je sais pourtant qu'elle restera une tombe et ne saurait me trahir: à défaut de confiance et d'entente, nous avons un pacte.
• (Tracey, amie proche d'Astoria - et de Susanna, autrefois. Elle n'a pas cautionné notre rapprochement et notre entente, depuis, a été étrange, ambivalente. Mais cordiale. Avant, du moins, qu'elle ne devienne une mangemort fanatique.
• Blair. J'ai aidé cette gamine à échapper à la rage des Carrow, autrefois, et détourner leur attention m'a valu des maléfices mémorables. Ce qui m'y a poussé ? J'en doute encore aujourd'hui - la compassion n'a jamais compté au nombre de mes défauts. Mais les révélations de Beltane me poussent à croire que nos âmes liées m'ont influencé: elle a été ma sœur, dans une autre de ces vies qui ne cessent de resurgir aux moments les plus inappropriés.
• Winchester est la marraine de Teddy, la responsable de la quête au bout de laquelle je les ai cherchés, sa grand-mère et lui.
• Darja et moi, on formait une paire efficace en laboratoire, seul cadre dans lequel elle s'illuminait par ailleurs. Et nous est arrivé de nous inquiéter l'un pour l'autre sous nos masques de mangemorts; mais elle est insondable et je ne prendrais pas le risque de la sous-estimer si je la croisais baguette au point, fort de mon nouveau statut de prétendu traître.
• Avery était un allié de père, subissant comme lui les griefs des mangemorts ayant été fanatiques au point de gâcher des années de vie derrière les barreaux. Il est sans doute un dangereux ennemi, à présent.
A enterrer.
• Potter, foutu sauveur à deux noises. Il m'a imposé une dette de vie, le plus lourd fardeau qu'il m'ait jamais été donné de porter. Il est la cause de l'entente avec Granger, mais aussi un élément récurent de tous les évènements négatifs de ma vie. Plus récemment, il m'a dérobé un bien que je ne savais même pas en ma possession: la mythique Baguette du Pouvoir. Je suis supposé le prévenir, mais la haine qui nous sépare a toujours été trop intense pour favoriser les compromis.
• Zabini, allégorie de la trahison, de la confiance brisée ; même le temps n'allège pas l'intensité de ma rancoeur, et pour cause: il était le dernier de la part de qui je me serais attendu à recevoir un sort dans le dos. Le rituel qui nous lie rend son absence pénible, physiquement douloureuse, mais si nous nous recroisions les différends se règleraient à la baguette et aux poings.
• Weasley - tant Fred que Ronald et le reste de leur smala dépeuplée, je ne lèverais pas le petit doigt s'ils brûlaient dans un Feudeymon. Bien au contraire, je me délecterais du spectacle.
• Matteo, bel emmerdeur, journaliste rapace - de cette engeance qui se nourrit des déboires d'autrui. Je préfère prétendre que cette St-Valentin 03 et l'intoxication à l'Amortentia n'a pas eu lieu. Jamais.
• Rabastan. Les Malfoy et les Lestrange n'ont jamais été faits pour s'entendre - à vrai dire la jeune génération constitue l'exception. Mais si les tensions étaient jusqu'alors mesurées, masquées, elles ont atteint leur paroxysme lorsque Rabastan a contribué à l'enlèvement de ma mère.
• Wyatt, cette ordure, ce fumier. Il était l'image même du père et du futur beau-père idéal, avant que l'arrivée de Scorpius ne fasse surgir au grand jour sa véritable nature. Ses tentatives de meurtre avortées n'ont fait qu'exacerber la haine mutuelle, et son rôle dans l'enlèvement de Mère a été la goutte de trop. Il est intouchable, en odeur de sainteté auprès du Lord. Et d'une puissance non négligeable. Mais si je venais à le croiser sur un champ de bataille, je prendrais le risque d'extérioriser la soif de sang qu'il m'inspire, quitte à y périr.
• Rookwood. Ancien mentor imposé par le Maître. craint et respecté à la fois, pendant un temps. Je ne serai jamais à la hauteur de ses critères en terme de cruauté, mais ses prétentions me hérissent. Il n'est après tout qu'un sang-mêlé désireux d'exterminer sa propre engeance.
(d-e, wiz, ins, rdp, hun)
‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
Do or die,
Fate is coming, Time is running
6 JANV. 2002 & Dracezia
La réaction fut aussi négative que ce à quoi il s’était attendu. Il ne cilla même pas face au coup d’œil accusateur dont il écopa, notant seulement la lueur de suspicion qui lui confirma — mais en avait-il seulement eu besoin ? — qu’il avait touché un point sensible. « Qu’est-ce que je dois comprendre, Draco ? » Il réprima un frisson ; curieux mélange, s’il devait l’avouer, d’horreur et de fascination : il y avait dans cet accent sifflant, mi humain mi reptilien, quelque chose d’indéniablement envoûtant. Et n’était-ce pas précisément ce qu’étaient les Fourchelang : des charmeurs de serpents ? Mais s’y mêlait l’aspect malsain attaché aux réminiscences cuisantes du même langage employé à des fins autrement plus viles, cruelles, à peine tolérables. L’arme retournée contre la fière silhouette de Narcissa, l’orgueil d’une noble famille cruellement blessée par les crocs acérés soumis au marionnettiste. Que devait-elle comprendre, donc ? « Qu’il vaut mieux me réinitialiser, comme un objet défectueux ? » se chargea-t-elle de répondre à sa propre interrogation. Et il ne pouvait démentir : c’était la réalité crue, certes crachée dans sa forme la plus indigeste mais ni plus ni moins véridique. Lui l’aurait enrobée dans de plus beaux atours ; cependant, il ne l’interrompit pas bien décidé à la laisser poser ses contre-arguments sur la table avant d’y ajouter ses cartes à lui. Sa fébrilité laissait deviner des heures de réflexion en solitaire, des lustres de doutes et de frustration étouffes : il fallait au moins ça pour que la lave déborde avec un tant soit peu de virulence d’un volcan semblant éteint. Contre toute attente, elle plaça au creux de la main de Draco une curieuse décoration qu’il n’avait pas tardé de remarquer du coin de l’œil, puis de caser dans une part éloignée de son esprit, mains closes au fond de ses poches pour céder à la pulsion de la dérober : c’était une chevalière à la fois élégante et dépouillée, de celle qui se portaient avant d’être, non revendues ou oubliées, mais léguées à sa descendance. De celles qui, personnalisées par des sorts, devenaient inévitablement des héritages, des symboles. Draco lui-même ne recevrait celle de son prédécesseur qu’à la mort de ce dernier, lorsque le porteur lui céderait le rôle de patriarche ; pour ce genre de trésors d’orfévrerie on s’adressait habituellement aux meilleurs et Malfoy, observant la pièce d’un œil exigeant et critique, sans une once d’attendrissement aveuglant, ne put qu’exprimer son approbation par un hochement de tête solennel au constat du travail méticuleux effectué sur la pierre. Cela ne lui disait pas d’où provenait la bague et pour quelle raison la jeune femme la lui confiait. « De qui la tiens-tu ? » demanda-t-il curieusement lorsque Lucrezia s’accorda une pause en cours de diatribe. Il n’imagina pas qu’elle puisse l’avoir fabriquée elle-même, rien ne lui ayant laissé entendre qu’elle s’y connaissait à ce point dans ce domaine inattendu.
Il n’attendit pas de précision immédiate sur le sujet : secouée par ce qui les avait poussés à fixer ce rendez-vous tardif, Lucrezia avait abandonné sa posture rigide pour se réfugier dans le canapé. C’était l’instant de vulnérabilité qu’il attendait : elle avait eu le temps de se braquer, de s’offusquer, et pouvait maintenant écouter. « Il n’y a rien à comprendre, Luce », reprit-il finalement avec un temps de retard, usant du surnom inhabituel non pour la mettre en confiance, mais pour l’ébranler ; « si ce n’est que je suis prêt à fournir tous les efforts nécessaires pour te tirer d’un mauvais pas. » Timbre trainant, regard franc ; il était tout sauf fuyant et, négligeant ouvertement sa suggestion de vider les lieux, il se renfonça au contraire confortablement dans son siège pour lui faire comprendre par son langage corporel qu’il ne l’abandonnerait pas si facilement à son sort. On prenait si souvent les Serpentards pour des égocentriques, là où la loyauté occupait une place centrale dans leur existence. « Je comprends que l’idée te semble extrême, mais je te suggère de prendre le temps d’y réfléchir. Penses-tu qu’il existe une autre alternative au Veritaserum ? Je cherche la réponse à cette question depuis l’annonce, et je suis convaincu qu’effacer les souvenirs est le seul moyen efficace d’éviter de les trahir de force ou de gré. » Il avait des doutes, évidemment — aucun plan n’était fiable à 100% — mais pas la liberté de les exprimer. Elle transpirait l’incertitude, figurément parlant, et semblait avoir besoin d’une figure stable à laquelle se raccrocher brièvement. Stable... mais accessible ; point sur lequel il n’avait pas tout à fait travaillé jusque-là. Lorsque la blonde reprit la parole, ce fut pour aborder le problème sous un autre angle. Ce n’était plus un refus direct et se voulant irréfutable, mais une tentative de persuasion visant à le faire renoncer à l’option. « Il faudrait effacer trop de choses, Draco. J’ai été parfaite. J’ai été tout ce que le Maître voulait, jusqu’au jour où j’ai reçu la Marque. Je ne sais même pas comment je suis arrivée à ce jour sans qu’un legilimens ne détruise mes mensonges. » Il se retint de peu de laisser la préoccupation creuser son front de rides indécises. Il fallait l’avouer : à l’origine il ne s’était pas attendu à ce qu’elle ait plus de quelques bribes de souvenirs compromettants. A l’entendre, derrière sa réticence à se confier à quiconque sur le sujet semblaient couver des révélations d'une ampleur insoupçonnées. Et il pouvait comprendre qu’elle rechigne à laisser s'effilocer l'illusion, mais si cela pouvait la stopper il n'accepterait pas aisément l'échec. « Burke dit que mon esprit est chaotique. C’est peine perdue. » A ceci, Draco arqua un sourcil amusé. « Je ne suis pas psychomage et, même en tant que LDP, je n’ai pas choisi l’expérimentation à la recherche sans raison. Je n’ai certainement pas l’ambition d’étudier les mystères de ton fonctionnement, bien que les habitués de la Salle des Cerveaux ne refuseraient sans doute pas l’opportunité de jeter un coup d’œil à ce qui se passe là-haut. » Ironie du sort, elle appartenait à ce secteur ; pas lui. Les derniers mots furent illustrés par son index tapotant sa tempe, et il se servit un verre dont il s’accorda une lampée avant de se déplacer. Il ne quitta pas son siège, déterminé à ne pas envahir l'espace vital de la jeune femme avant d’être parvenu à la remettre en confiance, mais il tourna dans son siège de façon à lui faire face, les coudes reposant sur ses genoux et le verre froid contre sa joue, en une posture trahissant sa concentration. « Il s’agirait plutôt de lister les noms compromettants, d’invoquer les souvenirs les concernant et de les stocker ailleurs avant de les effacer temporairement de tes pensées. Tu pourrais difficilement révéler ce que tu penses ignorer. » Là devait intervenir la part abordable, mais damn, qu’elle pouvait être difficile à sortir. « Je ne crois pas que tu sois la plus à plaindre », souligna-t-il d’un ton dégagé. « Si tu acceptes tu n’auras que ce tri à faire, alors qu’il me faudra ensuite classer mes souvenirs et les tiens pour être certain de ne pas te nuire lors de mon interrogatoire. » J’ai moi aussi des choses à cacher, avouait-il à demi-mots. Je ne suis pas moins humain et faillible que toi. En s’arrêtant là, il lui donnait même le choix de le questionner à ce propos ou de passer sans s’attarder sur les détails, à sa guise. Bien qu’il ne garantissait pas de ne pas user de la carte du « moins tu en sais moins nous aurons de travail » pour éluder des interrogations potentiellement trop poussées, si nécessaire.
(INTO THE DARKNESS) ≤ The world is shaking, the sky is falling down
« De qui la tiens-tu ? » Le silence s’installe, comme un flottement. La phrase reste bien après qu’il ait bougé, bien après qu’il se soit intéressé à votre débat, à tes réticences. Tu es comme déconnectée de votre échange, assise sur ce canapé. Qu’est-ce que tu dois lui répondre ? Tu l’ignores. Tu aimerais pouvoir dire de ma mère, à l’instar de tous ces héritiers qui tiennent forcément un talent de leur lignée, mais ce serait mentir. Certes, ta génitrice n’est pas mauvaise dans son art cependant ses bijoux restent très fantaisistes, plutôt colorés, superficiels. De ce dernier cri, de cette mode pour les fashionistas sorcières. On s’arrache les accessoires pour égayer une tenue, marquer une originalité. Toi, tu es allée plus loin. Beaucoup plus loin. Trop, sans doute, changeant souvent les bijoux en armes élégantes. « Fabrication maison. » finis-tu par dire, d’un ton presque plat, dénué de toute émotion. Qu’est-ce que ça peut faire ? Oui, tu pourrais avoir quelque chose d’une artiste de prestige si tu ne te faufilais pas dans les ombres, refusant de mettre ton nom derrière ces créations particulières qui, parfois, circulent et disparaissent. Tu sais que les destinataires ne les reçoivent que pour payer le prix d’une trahison, d’une rancoeur, d’un jeu de pouvoir. Dolohov n’est pas un enfant de coeur. « Le serpent, à l’intérieur : la signature. » Fine créature gravée discrètement sur l’intérieur de l’anneau, à peine perceptible. Pas de lettre, pas de nom, pas d’autre possibilité d’identification. A quoi bon y mettre un R, tu ne te sens pas vraiment Rowle. Pas plus qu’un S, dont la branche n’est pas la tienne. Et, à bien y réfléchir, tu as intégré le reptile à celle-ci parce qu’elle est un cadeau, aux autres, aucune distinction. N’être personne, cela vaut parfois mieux. « La pierre pourra contenir un sortilège de ton choix. » Réceptacle magique dont tu n’as pas voulu souiller les contours. Ton humeur fluctuante rendait l’ensorcellement d’autant plus instable et explosif. Si tant est que l’inoffensif ait été, une seule fois, véritablement ton domaine.
Et où le calme se fait empereur, la tempête n’est jamais loin. Luce. Ca te ferait presque sourire. Tu le laisses se servir, tu ne le regardes même pas s’asseoir, focalisée sur la porte près de l’entrée de tes appartements, où dorment tes autres reptiles, semblant plus regarder dans le vague qu’autre chose. Il pourrait même douter que tu l’écoutes. Pourtant tu ne perds pas une miette de ce timbre qu’il emploie, plus trainant. Te tirer d’un mauvais pas. Adorable. Mais suicidaire. Ca ne te convient pas. Tes doigts sur l’accoudoir pianotent, délicatement, sans réellement témoigner ni d’un quelconque agacement ni d’une vraie nervosité. Le geste a des allures de douceur. Puis s’arrête, net. Il te dit qu’il n’est pas psychomage, et en cela, tu ne peux nier. Il y a de l’humour dans son ton, non ? Peut-être, tu ne sais pas vraiment. Il ne croit pas que tu sois la plus à plaindre. Il a raison. Ca n’est qu’au moment où le silence reprend ses droits que tu choisis de bouger. Tu décroises ta jambe, te redressant souplement pour tirer une chaise près de lui. Trop près sans doute. « Tu crois vraiment que je suis sensible à ton petit numéro de charme, Draco ? » glisses-tu en t’installant, rompant la distance qui vous séparait lorsque tu te trouvais encore dans le canapé. Ton regard hétérochrome planté dans le sien, tu laisses le doute planer autant sur tes intentions que sur la réelle portée de tes mots. Charme, ça veut tout et rien dire. « Tu crois vraiment que ton joli minois, ton ton de confidence, ta gentillesse vont me faire céder à la proposition ? » Le dernier mot siffle, trahissant une certaine colère. Ou autre chose, que tu ne saurais pas déterminer toi-même. « Ca n’est pas ton rôle ! »
Une mèche blonde s’échappe de sa place, derrière ton oreille alors que tu te penches un peu plus vers lui. Si ta main meurt d’envie de l’attraper par le col pour le secouer, lui faire intégrer qu’il ne peut pas se mettre en danger pour des bêtises pareilles, tu t’empêches de céder à la tentation. Les nerfs à fleur de peau, l’angoisse à fleur de mort. « J’ai peut-être cessé d’envoyer des serpents à ceux qui te cherchaient des noises mais ça n’est pas une raison pour inverser les places. » Tu restes la plus âgée. Tu ignores si tu lui avais déjà avoué avoir traumatisé quelques petits enquiquineurs lors de sa première année mais quelle importance ? Il était le père d’un petit garçon qui n’avait pas demandé à naître dans un monde déchiré par la haine. Il était le seul fils de ses parents, précieuse terreur qui méritait mieux qu’une fin en sacrifice. « Et je t’interdis de faire l’idiot ! Tu t’entends parler ?! Je ne vaux absolument pas une telle prise de risques ! » Personne ne la valait, si ce n’était la jeune Greengrass, par le lien qui l’unissait à elle. Et encore. L’idée qu’il puisse se jeter une nouvelle fois tête la première dans la gueule du loup pour elle te déplaisait.
Tes doigts viennent rencontrer les siens. C’est un peu raide, comme geste. On le sent, que tu ne sais pas ouvrir ce qui te sert de coeur, que ça te fait presque mal de dévoiler autre chose que la glace, ce pan sensible, trop, qui menace de te briser à chaque seconde. Pourtant tu viens presser sa main libre dans la tienne, parce que tu n’arrives pas à trouver le vocabulaire pour expliquer ta colère, ton amertume. Au fond, tu ne sais juste pas lui souffler que tu l’aimes bien, que tu tiens à le savoir en vie, en bonne santé. Oh, tu le lui as dis, la dernière fois, seulement les circonstances étaient différentes, moins graves. Tu n’avais pas croisé les chemins t’ayant à nouveau dévié de ta route, fausse fidèle, traîtresse mal assumée, folle à lier. « J’ignore ce que tu as pu faire, ce que tu as à te reprocher mais je doute que tu agisses de façon totalement inconsciente. Tu es trop prudent pour ça. Trop intelligent. » Et trop bien élevé. Tu tentes de lui offrir un sourire. Echec. Le contour n’en est que plus fragile. Un peu fatigué. Tu ne le juges pas. Il a ses raisons. Le concevoir plus humain t’est cependant compliqué. Il est le produit d’une éducation sans faute, pour toi. Ce que ta mère aurait voulu pour le fils que ton père ne lui a jamais donné.
Contact rompu. Ta main glisse dans le vide, le coude appuyé sur ta cuisse. Il te faut lui dire la vérité, n’est-ce pas ? Daeva n’approuverait pas. Mais il n’est pas là pour te recadrer, te faire taire. Il n’y a que Draco et toi. Improbable tête à tête. « Et quand bien même j’accepterais.. » Quoi ? Ca te semble insurmontable à prononcer. Le regard fuyant vers la fenêtre, tu soupires. « Rien n’est clair. J’ai conscience de faire des erreurs mais .. je ne sais plus les situer dans le temps. Parfois je n’ai même pas les lieux. » Déni. Comme pour l’enfant. Ca a commencé toute jeune, par les sentiments. Et parce que tu rejettes l’humanité qui fait pourtant partie de toi, tu rejettes tout ce qui provoque de trop grandes détresses émotionnelles, plongeant les passages inacceptables si loin dans ta mémoire qu’ils ne te semblaient même plus accessibles de façon volontaire. « J’ai perdu Ypsös parce que j’ai oublié.. » La révélation est intime, d’une insoutenable intimité pour celle qui n’évoque pas la moindre part de vie privée, pourtant tu choisis ce sous-entendu pour qu’il comprenne l’étendue du problème. Tu ne te souviens même pas du meilleur. Tu savais, la nuit partagée, t’être réveillée dans ses bras, mais aucun détail. La date ? Evaporée. Quelque part, dans un coin, on pourrait sûrement te la faire avouer en provoquant un déclic. Sous la torture, même, qui sait ? Ou toi-même, en ouvrant la boîte de Pandore.
Tu bouges, encore. Debout, vers la fenêtre, lui tournant le dos. Appuyée contre le rebord, tu préfères fixer l’horizon. Cette fois, s’il ne te considère pas comme bonne pour l’asile, c’est que son indulgence est plus grande que tu ne le penses. « Tu n’as pas envie que je remette de l’ordre. » Que tu fasses remonter à la surface les noms, les sourires, les enfants sauvés, les fuyards que tu n’as pas dénoncé. Des larmes, des cris, des tremblements, voilà ce qui en résulterait. Tu savais comment tout te revenait, comment retrouver le chemin, du moins tu avais en mains la clef vers une aptitude à lui dire ce qu’il devait savoir pour trier, effacer, te protéger. Est-ce que tu étais prête à te dévoiler ainsi ? Non. Il t’avait vu flancher et votre relation en avait assez souffert. « Qui as-tu bien pu épargner pour devoir trier .. ? » L’interrogation est douce, elle semble t’échapper, suite logique de l’illogisme parfait de tes pensées. Draco Malfoy, celui dont on pourrait dire tant de mal, au coeur noir, à l’âme entachée par des actes peu enviables, fouine à ses heures, dont la loyauté pourrait porter un coup décisif à sa réputation ? Surréaliste. Et pas tant. Tu le savais capable de bonté. Peut-être pas tant, cela dit. « Tu es tout ce qui fait la fierté d’une famille. » Un mouvement, au sol, s’extirpant de sous le canapé. L’animal ne doit pas faire plus d’un petit mètre, d’un gris-vert nuancé, silencieux, discret, rejoignant le jeune homme sans menace aucune, comme l’aurait fait n’importe quel animal de compagnie plus classique. Celui-ci, tu ne l’as jamais promené, tu ne l’as jamais mené à l’extérieur du domaine familial. Il n’a rien d’un Daeva ou de la monstruosité qu’est Nagini. Loin de toute cruauté, il semble dressé en opposition parfaite avec le premier, presque timide. La langue goûte l’air, le corps souple passe autour de la chaise et se dissimule dessous, seule la tête restant visible. « On dirait que Lucifer se range de ton côté. » Il portait bien mal son nom. Si ce n’était par la virulence de son venin.
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14278
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
• Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
• Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
Spoiler:
• Aramis est plus un frère qu'un cousin par alliance, de ces relations précieuses qui se consolident au fil des épreuves.
• Nyssandra, marraine de Scorpius, et cousine par alliance depuis qu'épouse Lestrange. Un moyen légal d'officialiser le fait que plus qu'une amie, elle a toujours été un membre de la famille, de cœur sinon de sang.
• Severus, en sa position d'ami de longue date de la famille, a joué auprès de moi le rôle de précepteur, puis d'enseignant, de protecteur. Je ne lui ai pas toujours fait confiance, à cet étrange personnage pétri de mystères, mais le Serment Inviolable qu'il a accepté de formuler à la demande de ma mère il y a quelques années m'a poussé à me tourner vers lui au moment de choisir un parrain à Scorpius. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quel est son réel camp, mais il est assurément un allié redoutable.
• Gwen... Gwen. Usurpatrice Lestrange, Black insoupçonnée. J'ai perdu une cousine pour en gagner une autre, et si les faits prouvent à présent que le sang nous lie, je ne sais si je l'aime ou si je la hais pour ses mensonges. Son existence remet en doute de trop nombreux principes: pourquoi n'ai-je pas décelé qu'elle était différente, sang-mêlée, si le sang est si crucial et le mélange inadmissible ? Je ne supporterais pas de la perdre, mais lui faire face est encore trop... déboussolant.
• Simon, canaille défraichie, cousin décadent. Notre entente est vache est étrange, mais le sang l'emporte souvent - même sur les différences. Il a été, étonnamment, le plus apte à me fournir des échappatoires, qu'il s'agisse d'Orviétan, d'alcool de choix à consommer sans modération ou de planque relativement imprenable.
• Sansa, traitresse. La baguette qui s'érige, qui frémit, qui s'abaisse au creux de phalanges crispées, et la rancoeur qui salit des années de complicité.
• Hestia, cousine & partenaire de crime. Elle est étrange, creepy, et c'est sans doute ce qui fait son charme. Nous avons plus ou moins grandi ensemble, élevés pour tisser des ententes et projets dans l'ombre en quête de plus de pouvoir. Mais à présent, il est surtout question de survie.
• Flora, cousine. Elle a changé, c'est un fait, victime du brainwashing imposé par le gouvernement aux dissidents. Et notre alliance d'origine lutte, mais ploie sous l'intensité de sa nouvelle allégeance au Magister.
• Nephtys, cousine Shafiq, victime d'un don... malédiction. Elle est l'une des raisons pour lesquelles soutenir de régime a été plus difficile d'escompté ces dernières années. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est un Maître ingrat, et Cissy et Nephtys ont été des martyres, sacrifiées sur l'autel de ses ambitions cruelles.
• Andromeda, tante. Reniée, (re)trouvée... je ne sais pas ce qu'elle m'inspire. De la consternation, peut-être; elle a toujours été une idée, un souvenir, l'ombre d'un passé révolu, et la voilà qui surgit à présent du néant, tangible. Traître à son sang. Mon statut d'extrémiste ne m'a toutefois guère porté plus de chance que le sien, et l'existence de son petit-fils... de mon cousin, ne peut me laisser indifférent, en dépit de son ascendance peu flatteuse.
A protéger.
• Âme-sœur de toute une vie - ou de plusieurs. Rien n'a jamais été réellement simple entre nous et pourtant elle a toujours été une évidence, un essentiel. Le sentiment s'étend à ses filles, que j'en viens parfois, souvent, à considérer comme les miennes.
• Nott est un ami d'enfance. Malgré la distance imposée à l'adolescence par son refus de se trouver rabaissé au rang de sous-fifre, le lien a perduré, latent. Il est ce frère auquel il n'est pas toujours nécessaire de tout dire, dont je m'éloigne souvent, mais que je retrouve inexorablement - et vice versa.
• Loony persiste à nous prétendre amis et peut-être ses délires ne sont-ils plus si faux à présent... elle est en tout cas une alliée précieuse et s'est révélée étonnamment loyale. Et tenace. Les réminiscences de vies antérieures me poussent d'ailleurs à croire qu'elle a été une présence récurrente au fil des siècles, et dans cette vie comme dans les autres, elle semble partager les instants les plus sombres de mon existence.. et inversement.
• Astoria m'a offert ce que j'ai de plus précieux: un fils. C'était une erreur et Merlin sait qu'elle nous a coûté cher, mais il reste ce qui nous lie aujourd'hui, la principale raison pour laquelle je ne laisserais rien lui arriver.
• Greg a d'abord été un banal sous-fifre, avant que la soif d'émancipation puis la mort de Vince ne bouscule notre dynamique. C'est une... amitié particulière, à tendance haineuse sur les bords, car des années d'entente mêlée de mépris ne s'effacent pas aisément. Pas plus que la colère qu'il nourrit à mon encontre depuis la mort de son comparse - mon ami d'enfance. Reste qu'il fait partie de cette poignée de sorciers dont la présence dans mon existence est non négociable. Frère d'arme.
• Chang, partenaire sur le terrain, entente masquée en public sous des couches d'agacement mutuel, chaleur humaine et réconciliations fiévreuses en privé. On s'est plus d'une fois retenus de sombrer, sauvés, mais l'équilibre fragile est à présent vicié par le brainwashing qu'elle a subi.
• Ardal est une connaissance de longue date, mais aussi le cousin de Pansy - celui qui n'hésite pas à me faire part de sa façon de penser lorsqu'elle a des raisons de plainte à mon sujet. C'est assez agaçant, à vrai dire, que d'avoir laissé à quelqu'un suffisamment de marge pour écoper de remarques lorsque mon attitude lui déplait - mais il a eu la décence de ne jamais en abuser, plus ami que moralisateur.
Compliqué. Susanna, il y a eu la passion, les tensions, la séparation, la fureur, le manque. L'étape suivante aurait dû être la réconciliation - j'étais prêt à l'épouser. C'était avant qu'on ne la découvre coupable de trahison, avant qu'une vision d'Aramis ne révèle sa relation, avant que la dénonciation à laquelle j'ai consenti ne lui coûte la vie. Déchiré entre colère et regrets, j'ai fait le choix d'effacer les sentiments qui perduraient pour ne conserver que la haine. Rien d'autre que la haine.
• Granger est infecte - mais la fréquenter est utile. C'est ce qu'elle est: une partenaire forcée, une alliée de poids, un point d'interrogation sur l'échiquier de mes vies antérieures et actuelle. Lui laisser percevoir mes failles est insupportable, mais je sais pourtant qu'elle restera une tombe et ne saurait me trahir: à défaut de confiance et d'entente, nous avons un pacte.
• (Tracey, amie proche d'Astoria - et de Susanna, autrefois. Elle n'a pas cautionné notre rapprochement et notre entente, depuis, a été étrange, ambivalente. Mais cordiale. Avant, du moins, qu'elle ne devienne une mangemort fanatique.
• Blair. J'ai aidé cette gamine à échapper à la rage des Carrow, autrefois, et détourner leur attention m'a valu des maléfices mémorables. Ce qui m'y a poussé ? J'en doute encore aujourd'hui - la compassion n'a jamais compté au nombre de mes défauts. Mais les révélations de Beltane me poussent à croire que nos âmes liées m'ont influencé: elle a été ma sœur, dans une autre de ces vies qui ne cessent de resurgir aux moments les plus inappropriés.
• Winchester est la marraine de Teddy, la responsable de la quête au bout de laquelle je les ai cherchés, sa grand-mère et lui.
• Darja et moi, on formait une paire efficace en laboratoire, seul cadre dans lequel elle s'illuminait par ailleurs. Et nous est arrivé de nous inquiéter l'un pour l'autre sous nos masques de mangemorts; mais elle est insondable et je ne prendrais pas le risque de la sous-estimer si je la croisais baguette au point, fort de mon nouveau statut de prétendu traître.
• Avery était un allié de père, subissant comme lui les griefs des mangemorts ayant été fanatiques au point de gâcher des années de vie derrière les barreaux. Il est sans doute un dangereux ennemi, à présent.
A enterrer.
• Potter, foutu sauveur à deux noises. Il m'a imposé une dette de vie, le plus lourd fardeau qu'il m'ait jamais été donné de porter. Il est la cause de l'entente avec Granger, mais aussi un élément récurent de tous les évènements négatifs de ma vie. Plus récemment, il m'a dérobé un bien que je ne savais même pas en ma possession: la mythique Baguette du Pouvoir. Je suis supposé le prévenir, mais la haine qui nous sépare a toujours été trop intense pour favoriser les compromis.
• Zabini, allégorie de la trahison, de la confiance brisée ; même le temps n'allège pas l'intensité de ma rancoeur, et pour cause: il était le dernier de la part de qui je me serais attendu à recevoir un sort dans le dos. Le rituel qui nous lie rend son absence pénible, physiquement douloureuse, mais si nous nous recroisions les différends se règleraient à la baguette et aux poings.
• Weasley - tant Fred que Ronald et le reste de leur smala dépeuplée, je ne lèverais pas le petit doigt s'ils brûlaient dans un Feudeymon. Bien au contraire, je me délecterais du spectacle.
• Matteo, bel emmerdeur, journaliste rapace - de cette engeance qui se nourrit des déboires d'autrui. Je préfère prétendre que cette St-Valentin 03 et l'intoxication à l'Amortentia n'a pas eu lieu. Jamais.
• Rabastan. Les Malfoy et les Lestrange n'ont jamais été faits pour s'entendre - à vrai dire la jeune génération constitue l'exception. Mais si les tensions étaient jusqu'alors mesurées, masquées, elles ont atteint leur paroxysme lorsque Rabastan a contribué à l'enlèvement de ma mère.
• Wyatt, cette ordure, ce fumier. Il était l'image même du père et du futur beau-père idéal, avant que l'arrivée de Scorpius ne fasse surgir au grand jour sa véritable nature. Ses tentatives de meurtre avortées n'ont fait qu'exacerber la haine mutuelle, et son rôle dans l'enlèvement de Mère a été la goutte de trop. Il est intouchable, en odeur de sainteté auprès du Lord. Et d'une puissance non négligeable. Mais si je venais à le croiser sur un champ de bataille, je prendrais le risque d'extérioriser la soif de sang qu'il m'inspire, quitte à y périr.
• Rookwood. Ancien mentor imposé par le Maître. craint et respecté à la fois, pendant un temps. Je ne serai jamais à la hauteur de ses critères en terme de cruauté, mais ses prétentions me hérissent. Il n'est après tout qu'un sang-mêlé désireux d'exterminer sa propre engeance.
(d-e, wiz, ins, rdp, hun)
‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
Do or die,
Fate is coming, Time is running
6 JANV. 2002 & Dracezia
Lucrezia délaissa le confort du fauteuil où elle avait trouvé refuge pour finalement se confronter à lui, avec toute sa détermination à être laissée pour compte. « Tu crois vraiment que je suis sensible à ton petit numéro de charme, Draco ? » s’enquit-elle en abolissant toute distance entre eux. Draco lui servit un demi-sourire mi-narquois mi-suspicieux : « Je dirais que oui : tu y mets trop de passion pour pouvoir prétendre être indifférente. » Sensible, elle l’était clairement : son agitation le prouvait ; mais les mouvements et les mots de la jeune femme s’emboitaient en un ensemble qui ne pouvait que laisser planer une ambiguïté qui le prenait de court : avait-elle réellement compris son objectif ou l’approche l’avait-elle induite en erreur ? « Tu crois vraiment que ton joli minois, ton ton de confidence, ta gentillesse vont me faire céder à la proposition ? Ca n’est pas ton rôle ! » Oh. Pas de méprise, donc. Mais cette fois, un arc pâle se dressa en creusant le front de Draco de sillons discrets. En d’autres circonstances son orgueil aurait sans doute pris le pas sur sa résolution ; croyait-elle avoir affaire à une réplique de Saint-Potter, sauveur de la veuve et de l’orphelin, ahuri affublé d’un complexe du héros largement trop imposant pour son esprit limité ? (Et puis, sa gentillesse ? Il en était presque offusqué). « J’ai peut-être cessé d’envoyer des serpents à ceux qui te cherchaient des noises mais ça n’est pas une raison pour inverser les places. » L’aveu confirma l’impression qu’il s’était forgée durant leur discussion au Royals : ce n’était réellement qu’une fois acculée qu’elle jouait cartes sur table. Mais d’une façon qui ne pouvait que lui sembler contre-productive, à lui qui restait aveugle aux intérêts d’un service rendu dans l’ombre, d’une offrande désintéressée. S’il n’y avait ni apport, ni reconnaissance, ni réciprocité, les efforts fournis n’étaient-ils pas caducs ? « Et je t’interdis de faire l’idiot ! Tu t’entends parler ?! Je ne vaux absolument pas une telle prise de risques ! » « Qu’il ne te reste pas une once d’instinct de conservation est une chose », interrompit-il sèchement, « mais il y a une limite entre le refus et l’insulte. » Les doigts fuselés de la jeune femme trouvèrent les siens avec quelque chose d’hésitant, de maladroit et de ferme à la fois, quelque chose de trop intime pour ne pas être touchant. Il aurait pu retourner le geste, si elle ne s’acharnait à le traiter comme un Gryffondor inconscient. Elle insista en affirmant qu’il ne pouvait avoir commis de terrible erreur ; c’était lui accorder plus de crédit qu’il n’en méritait : son parcours était parsemé de failles. Si l’expérience les avait atténuées au point de rendre maîtrisables les plus récentes, celles du passé avaient été d’une ampleur suffisante pour se répercuter jusqu’à l’heure actuelle, instaurant un cercle vicieux qu’il lui serait difficile de rompre… mais qui, à la fois, préservait en lui un zeste d’humanité auquel il se raccrochait, bien qu’il refusait de se l’avouer à lui-même.
La paume de Lucrezia quitta le dos de sa main aussi discrètement que le contact avait été instauré. Lorsqu’elle reprit la parole cette fois, ce fut comme un peu plus tôt dans le but de lui prouver que la cause était perdue d’avance. Ce à quoi il ne s’attendait pas, par contre, c’était à ce qu’elle aborde un sujet plus personnel pour appuyer son argumentation : Ypsös. Mention brève mais trop privée pour ne pas accentuer la fragilité qui émanait de la jeune femme, malgré sa ferme volonté de s’enfermer dans son carcan de solitude. Et puis, ultime rempart mais non le moindre : le refus de se dévoiler. Le point délicat qui, il le savait, serait difficile à surmonter, plus encore que le reste. De nouveau fuyante, elle lui donna le dos pour se déplacer jusqu’à la fenêtre. « Qui as-tu bien pu épargner pour devoir trier .. ? » Compliqué : il n’était pas à même de lui offrir des réponses précises... La fierté d’une famille, disait-elle. Si elle le croyait sincèrement, sans doute devait-il s’estimer reconnaissant que les apparences jouent en sa faveur ; Lucius, lui, serait toutefois moins clément s’il était interrogé. Par ailleurs sa dévotion était teintée de désespoir : vie pour vie, sang pour sang. L’existence des ennemis du Lord sacrifiée pour glaner un sursis à sa mère. Draco rejeta la tête en arrière pour poser sa nuque sur le dessus du dossier de son siège, une cheville ancrée sur le genou opposé et le regard rivé vers le plafond. Son index tapota sa cuisse en un geste répétitif, un brin nerveux, avant qu’il ne l’élève pour attirer à lui le verre délaissé quelques minutes plus tôt. Cul sec, il fit disparaître ce qu’il y restait d’ambre liquide pour se donner l’impulsion que nécessiterait la suite de cette conversation. Le récipient vidé fut replacé sans bruit sur la surface de la table et il fit appel à toute sa maîtrise pour ne pas se resservir. L’exercice que leur débat exigeait de lui était délicat, compte tenu de sa répugnance à mettre à jour ses faiblesses. Il avait toujours œuvré dans le but contraire, mettant un point d’honneur à paraître infaillible de peur d’être ébranlé. Un instant, il fut presque tenté d’abandonner pour s’épargner cette peine. « On dirait que Lucifer se range de ton côté. » Paupières closes, Malfoy s’immobilisa d’instinct, à l’affut de la présence peu rassurante du second reptile. « Brave bête. Il faut croire que tu as beaucoup à apprendre de lui », répliqua-t-il pourtant, saisissant l’ouverture. Un sifflement discret le crispa un peu plus et il serra les dents en s’efforçant de se concentrer plutôt sur leur principale préoccupation du moment. « L’un des principaux Indésirables recherchés. » Vraisemblablement, ces mots tombaient comme un poil de niffleur dans la marmite. Draco rouvrit les yeux et se leva d’un mouvement fluide, mais se retint de justesse de s’éloigner d’un pas vif en se rappelant de ce qui s’était logé sous son siège ; son regard se reporta d’ailleurs au lieu dit et se fixa sur le corps souple qui s’était dressé, aux aguets du fait de son écart inattendu. Prêt à attaquer s’il attisait la méfiance et l’instinct de l’animal ? « Tu voulais savoir ce que j’ai à effacer, voilà ta réponse : j’ai conclus des marchés avec cette… personne à quelques occasions. » La tension était palpable. Les traits du blond étaient lisses, dénués d’émotions visibles, et ses muscles tendus comme un arc achevaient de démontrer qu’il était sur la défensive. L’échange s’éternisait et, bien que la confession aille à l’encontre de sa nature, Malfoy ne voyait pas d’autres options pour faire avancer la discussion. Le problème était surtout qu’elle allait aussi à l’encontre du marché passé avec Granger et qu’il était délicat de le contourner. « J’ai suffisamment d’éléments pour favoriser son arrestation, mais nous sommes liés. L’une des clauses du contrat m’interdit d’en révéler plus à son sujet et j’aurais beaucoup à perdre si elle était faite prisonnière », concéda-t-il en détachant la manchette de sa chemise pour relever le tissu sur l’avant-bras pâle qui aurait dû être intact. « Tu te doutes que cette position m’assurerait une accusation pour trahison. » A la place, de discrètes cicatrices s’y entremêlaient : les vestiges de ses fiançailles, presque gommés par le temps, et les marques d’un autre contrat magique, d’un serment. « J’ai à mon actif plus d’échecs que tu ne le penses et la portée de certains d’entre eux a impliqué une rétribution lourde à payer. Tu veux savoir quelle est la différence entre nous ? C’est que tu te laisses torturer par ta conscience, tandis que je bâillonne la mienne. » Son regard attentif se détacha du serpent et il s’écarta prudemment d’abord, puis d’un pas plus ferme une fois hors de portée de la créature, pour la rejoindre près de la fenêtre. « Tu t’efforcerais peut-être, toi aussi, d’être tout ce qui fait la fierté d’une famille si ta mère croupissait au QG en guise de garantie de ton efficacité. », reprit-il amèrement, choisissant ensuite d’en revenir au sujet du litige pour ne pas avoir à s'attarder sur la révélation concernant Narcissa : « Ceci étant dit, je commence à penser que tu passes trop de temps à te convaincre que tu ne vaux pas le moindre effort pour envisager la situation de façon objective. Je suis flatté par l’intérêt que tu portes à ma vie et à celle de mon fils, mais sois assurée que personne n’est plus acharné que moi à les préserver. Si tu as autant d’estime pour moi que tu l’affirmes, cesse de me traiter comme un attardé dénué de tout sens des priorités. » S’il était à même d’apprécier la loyauté dont la jeune femme faisait preuve envers lui, il estimait qu’il était plus que temps pour elle d’accepter que Poudlard était une époque révolue ; dans un contexte de guerre, il n’était plus question d’âge ou de rôle inhérent à un quelconque droit d’aînesse. Seulement d’entraide, dans la mesure du possible. Il avait tenté la diplomatie, peut-être était-il temps d’en revenir à des méthodes plus énergiques. « De nous deux je ne suis pas celui qui baisse les bras avant même d’avoir daigné faire la moindre tentative, ou qui multiplie les prétextes pour ne pas affronter mes démons. Et tu sais pourquoi ? Parce que je sais que ma survie est aussi importante pour d’autres que moi-même. Parce que même si la tentation d’abandonner me submerge parfois, je suis conscient que mon ressenti n’est pas la seule chose qui compte, et que me battre est la meilleure façon pour moi, non seulement de préserver ceux que j’aime, mais aussi de leur prouver que je ne crache pas sur leurs sentiments. » Il l’affronta un instant du regard, défiant, ses lèvres pincées étirées par la contrariété, espérant encore la voir se secouer et reprendre enfin son avenir en main au lieu de simplement regarder approcher une inéluctable fin. « Toi tu choisis de rester passive alors que tu as en main des cartes qui pourraient me faire tomber, tu m’imposes de vivre avec la culpabilité de t’avoir laissée subir le courroux du Maître, et tu oses me regarder en face en prétendant avoir mes intérêts à cœur. » La frustration se collectait au creux de sa cage thoracique et enflait en rancœur et en déception, aidée par l’alcool qui lui échauffait le sang. « Je ne t’impose nullement d’accepter ma proposition, mais je m’attendais à ce que tu tentes au moins quelque chose. » Il se détourna d’elle pour s’appuyer au rebord de la fenêtre, les poings serrés. « Demain à la première heure, toute trace d’élément compromettant sera effacée de ma mémoire, y compris cette conversation. Si tu choisis de t’enferrer dans un rôle de martyr alors soit. Ma seule exigence est que tu t’assures de ne rien révéler de ce que je t’ai confié à mon sujet. »
(INTO THE DARKNESS) ≤ The world is shaking, the sky is falling down
« Tu t’efforcerais peut-être, toi aussi, d’être tout ce qui fait la fierté d’une famille si ta mère croupissait au QG en guise de garantie de ton efficacité. » Ca s’accumule. Il heurte chaque rempart avec violence. Il plante les aiguilles vers les plus lointains pans de sensibilité. Il est là, trop près désormais. Il empiète sur ton espace vital. Il mord sur les apparences, ronge à l’acide tout ce que tu t’efforces de paraître. Et plus il frôle ses objectifs, plus le serpent s’avère nerveux. Tellement nerveux. Draco Malfoy était donc humain. Draco Malfoy était donc capable d’agir à l’encontre de ce que l’on attendrait de lui au point d’avoir un contrat magique avec une indésirable dont ton esprit refuse, peut-être par respect pour lui, de chercher le nom, d’emboîter le puzzle des possibilités. Tu ne lui réponds pas. Il n’y a que ton regard sur lui, comme témoignage de ta présence. Ta bouche reste définitivement close et tu parais soudain comme une sorte de poupée de porcelaine fendillée à certains endroits. Il a craqué une carapace, tes yeux en sont l’unique témoin. Quand tes paupières viennent momentanément voiler la clarté de tes iris, la dualité de tes sentiments se révèlent. Lui aussi, tu le déçois. Mais au fond, tu te fiches de le décevoir. En vérité, il n’y a pas pire que le blesser et c’est ce que tu as la sensation de faire : le blesser. Il pense que tu le traites comme un attardé. Et le reptile, jusque là tenu à l’écart par habitude, parce qu’il n’a pas vocation à éradiquer les menaces, siffle. Tu ne fais rien. Immobile. Tu perçois l’avertissement de la créature à l’encontre du jeune homme mais tu n’agis pas. Un attardé dénué de tout sens des priorités. Tu n’as peut-être juste.. rien à dire. Parler est une erreur, toujours, n’est-ce pas ? Parler c’est s’ouvrir à l’autre et tu ne veux pas. Tu as déjà trop offert, tu as déjà trop ouvert. Les crochets se dévoilent sans qu’aucun de vous deux ne daigne esquisser la moindre avancée; et entre vous, le blond. Ca s’étire. Il parle, il s’appuie contre le rebord de la fenêtre. Tu l’écoutes, attentivement et tu n’as rien pour le contredire, rien à rétorquer, à protester. Sans doute l’as-tu regardé comme l’aurait fait une enfant pleine de culpabilité, un instant. Oui, sans doute, parce que c’est ce que tu as l’impression d’être face à ce garçon assumant chaque morceau cassé de sa vie tortueuse et torturée. Puis une phrase a fait son chemin, vive, brutale, telle une flèche en plein coeur.
Se battre est la meilleure façon de préserver ceux qu’on aime. Un pas. Le son régulier de tes talons sur le sol. « Calme-toi Lucifer. » glisses-tu. Un incompréhensible sifflement pour l’oreille à proximité mais une sorte de délicatesse tendre dans la mélodie étrange. Pas d’agressivité, une eau paisible et rassurante qui fait baisser la tête du taïpan. Tu te diriges vers la petite table près du canapé, récupérant une plume, de l’encre, du parchemin. De là, avec cette même régularité, tu rejoins ce qui avait vraiment tous les airs d’un buffet, tu t’en rends compte désormais, afin de te servir un verre. La dernière fois que tu avais tenté l’alcool, c’était au Royals. Le souvenir n’en était ni extra, ni grisant, cependant tu ne marquais aucune pause avant de porter la boisson à tes lèvres. Tu trouves ça âcre. Comme une brûlure dans ta gorge. Le verre ne fait pas long feu. Quand tu te penches légèrement, c’est pour tracer de ton écriture ronde et paradoxalement douce les premiers noms de la liste.
Insurgé n°2, 8 juin 2000. Lancelot - Manoir. Murphy ? - Rafle. Morgana Ives, 31 décembre - Manoir.
A l’instant de tracer le dernier nom, seule une barre marque le papier, début d’une lettre que tu avortes avant qu’elle ne puisse être identifiée. Non. Pas le dernier nom, ta main s’y refuse, repose la plume. Il est des garanties que tu veux obtenir avant de consentir à un tel niveau de confiance. D’autant qu’il n’appréciera guère. « Parfois, j’ai envie d’égorger ma très chère mère. » commences-tu, sur un ton beaucoup plus naturel, détendu. Il n’y a rien de cassant, c’en est presque comme une caresse cruelle. « Mais je suis navrée d’apprendre que tu gardes le silence sur la tienne depuis si longtemps. Elle est importante dans ta vie. » Ca n’est pas une moquerie, c’est un constat. Il ne dit rien, il agit, il se débat contre le destin, ce monde hérétique et violent, seul, si seul malgré son entourage. Parce que tu n’as aucune pitié pour le sort de ta génitrice, tu t’efforces d’imaginer ce que lui peut subir, lui qui a eu quelqu’un pour l’aimer, avec toutes les rigidités sociales que cela comportait. « Ca va être un peu compliqué. » De dire les choses, oui. De laisser de côté les instincts de mutisme, de créature solitaire. Tu reviens vers lui, deux verres à nouveau remplis, le papier entre l’index et le majeur, qu’il prenne donc s’il n’a pas changé d’avis. « A partir de maintenant et jusqu’à demain matin à la première heure je serai honnête à tes yeux. Et quand tu retrouveras tes souvenirs, si tu choisis de garder cela, tu pourras faire des informations ce que tu désires. » Tu ne cherches plus à le protéger. La balance s’est équilibrée. Il s’est confié, il a dévoilé ce qu’il était, tu lui devais la sincérité. Tu lui devais au moins d’accepter, de ne pas te laisser avoir aussi bêtement, pas avant d’avoir choisi. Il ignore cependant qu’à te dire de te battre pour ceux que tu aimes, il a taillé dans une brèche, il t’a rappelé qui sont ceux pour qui tu avais envie de prendre des risques. « Je ne te demande qu’une chose : ne me juge pas pour le dernier nom qu’il faut ajouter. » Et ne le met pas en danger. Il y a une supplique dans cette façon que tu as de l’observer, d’attendre une réaction, une réponse. C’est peut-être même la première fois que tu sembles éprouver une inquiétude, un vrai amour désintéressé et aussi silencieux qu’exprimé dans le timbre que tu emploies. Tu as peur de risquer la peau de cet ami cher, de celui que, malgré toi, tu désirais protéger au risque de ta propre existence. Tu te sens coupable, de l’avoir laissé.
Un soupir. Tes lèvres dans l’alcool. Une gorgée à peine. C’est désagréable mais ça forcera tes défenses à tomber. Ta mémoire à recracher ce dont elle arrive, parfois, à te priver. « Comment vous pouvez aimer un truc pareil ? » Pas d’alcool, pas de drogue, pas d’amants éparpillés. C’était à toi qu’on devrait demander quelle hérésie pouvait te pousser, à 26 ans, à ne pas goûter aux plaisirs de vivre. « Merci d’être là. » Ta main libre sur ton autre avant-bras. Tu grattes par dessus le tissu, le regard perdu par la fenêtre. Pas sur le tatouage dissimulé, non, comme répulsion, mais tout près. Le geste a tous les airs d’un parfait automatisme, ou d’un morceau de quelque chose que tu ferais régulièrement. Un morceau de tes crises. Un témoin des barrières qui se lèvent. « Est-ce que quelqu’un prend soin de toi ? » Pas comme un enfant, non, c’est très clair. Tu ne parles pas à l’enfant dont la mère est une sorte de gage, tu parles à l’homme qu’il est, bien que tu n’apprécies pas vraiment l’idée qu’il le soit. Un froncement de sourcils, tu reprends. « Excuse-moi, c’était mal formulé.. » Ca pouvait prêter à confusion, non ? Il connaissait ta maladresse sur ce genre de sujet, il n’y avait qu’à espérer qu’il ne prenne pas cela pour une proposition déplacée. Quelle horreur. Mieux valait te taire, vraiment. « Laisse tomber. Par quoi te semble-t-il plus judicieux de commencer ? » Dans le tri, évidemment. Quelques mots sur un papier ne résumaient évidemment pas ce qu’ils impliquaient réellement. Et c’était là que le travail se corsait.
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14278
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
• Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
• Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
Spoiler:
• Aramis est plus un frère qu'un cousin par alliance, de ces relations précieuses qui se consolident au fil des épreuves.
• Nyssandra, marraine de Scorpius, et cousine par alliance depuis qu'épouse Lestrange. Un moyen légal d'officialiser le fait que plus qu'une amie, elle a toujours été un membre de la famille, de cœur sinon de sang.
• Severus, en sa position d'ami de longue date de la famille, a joué auprès de moi le rôle de précepteur, puis d'enseignant, de protecteur. Je ne lui ai pas toujours fait confiance, à cet étrange personnage pétri de mystères, mais le Serment Inviolable qu'il a accepté de formuler à la demande de ma mère il y a quelques années m'a poussé à me tourner vers lui au moment de choisir un parrain à Scorpius. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quel est son réel camp, mais il est assurément un allié redoutable.
• Gwen... Gwen. Usurpatrice Lestrange, Black insoupçonnée. J'ai perdu une cousine pour en gagner une autre, et si les faits prouvent à présent que le sang nous lie, je ne sais si je l'aime ou si je la hais pour ses mensonges. Son existence remet en doute de trop nombreux principes: pourquoi n'ai-je pas décelé qu'elle était différente, sang-mêlée, si le sang est si crucial et le mélange inadmissible ? Je ne supporterais pas de la perdre, mais lui faire face est encore trop... déboussolant.
• Simon, canaille défraichie, cousin décadent. Notre entente est vache est étrange, mais le sang l'emporte souvent - même sur les différences. Il a été, étonnamment, le plus apte à me fournir des échappatoires, qu'il s'agisse d'Orviétan, d'alcool de choix à consommer sans modération ou de planque relativement imprenable.
• Sansa, traitresse. La baguette qui s'érige, qui frémit, qui s'abaisse au creux de phalanges crispées, et la rancoeur qui salit des années de complicité.
• Hestia, cousine & partenaire de crime. Elle est étrange, creepy, et c'est sans doute ce qui fait son charme. Nous avons plus ou moins grandi ensemble, élevés pour tisser des ententes et projets dans l'ombre en quête de plus de pouvoir. Mais à présent, il est surtout question de survie.
• Flora, cousine. Elle a changé, c'est un fait, victime du brainwashing imposé par le gouvernement aux dissidents. Et notre alliance d'origine lutte, mais ploie sous l'intensité de sa nouvelle allégeance au Magister.
• Nephtys, cousine Shafiq, victime d'un don... malédiction. Elle est l'une des raisons pour lesquelles soutenir de régime a été plus difficile d'escompté ces dernières années. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est un Maître ingrat, et Cissy et Nephtys ont été des martyres, sacrifiées sur l'autel de ses ambitions cruelles.
• Andromeda, tante. Reniée, (re)trouvée... je ne sais pas ce qu'elle m'inspire. De la consternation, peut-être; elle a toujours été une idée, un souvenir, l'ombre d'un passé révolu, et la voilà qui surgit à présent du néant, tangible. Traître à son sang. Mon statut d'extrémiste ne m'a toutefois guère porté plus de chance que le sien, et l'existence de son petit-fils... de mon cousin, ne peut me laisser indifférent, en dépit de son ascendance peu flatteuse.
A protéger.
• Âme-sœur de toute une vie - ou de plusieurs. Rien n'a jamais été réellement simple entre nous et pourtant elle a toujours été une évidence, un essentiel. Le sentiment s'étend à ses filles, que j'en viens parfois, souvent, à considérer comme les miennes.
• Nott est un ami d'enfance. Malgré la distance imposée à l'adolescence par son refus de se trouver rabaissé au rang de sous-fifre, le lien a perduré, latent. Il est ce frère auquel il n'est pas toujours nécessaire de tout dire, dont je m'éloigne souvent, mais que je retrouve inexorablement - et vice versa.
• Loony persiste à nous prétendre amis et peut-être ses délires ne sont-ils plus si faux à présent... elle est en tout cas une alliée précieuse et s'est révélée étonnamment loyale. Et tenace. Les réminiscences de vies antérieures me poussent d'ailleurs à croire qu'elle a été une présence récurrente au fil des siècles, et dans cette vie comme dans les autres, elle semble partager les instants les plus sombres de mon existence.. et inversement.
• Astoria m'a offert ce que j'ai de plus précieux: un fils. C'était une erreur et Merlin sait qu'elle nous a coûté cher, mais il reste ce qui nous lie aujourd'hui, la principale raison pour laquelle je ne laisserais rien lui arriver.
• Greg a d'abord été un banal sous-fifre, avant que la soif d'émancipation puis la mort de Vince ne bouscule notre dynamique. C'est une... amitié particulière, à tendance haineuse sur les bords, car des années d'entente mêlée de mépris ne s'effacent pas aisément. Pas plus que la colère qu'il nourrit à mon encontre depuis la mort de son comparse - mon ami d'enfance. Reste qu'il fait partie de cette poignée de sorciers dont la présence dans mon existence est non négociable. Frère d'arme.
• Chang, partenaire sur le terrain, entente masquée en public sous des couches d'agacement mutuel, chaleur humaine et réconciliations fiévreuses en privé. On s'est plus d'une fois retenus de sombrer, sauvés, mais l'équilibre fragile est à présent vicié par le brainwashing qu'elle a subi.
• Ardal est une connaissance de longue date, mais aussi le cousin de Pansy - celui qui n'hésite pas à me faire part de sa façon de penser lorsqu'elle a des raisons de plainte à mon sujet. C'est assez agaçant, à vrai dire, que d'avoir laissé à quelqu'un suffisamment de marge pour écoper de remarques lorsque mon attitude lui déplait - mais il a eu la décence de ne jamais en abuser, plus ami que moralisateur.
Compliqué. Susanna, il y a eu la passion, les tensions, la séparation, la fureur, le manque. L'étape suivante aurait dû être la réconciliation - j'étais prêt à l'épouser. C'était avant qu'on ne la découvre coupable de trahison, avant qu'une vision d'Aramis ne révèle sa relation, avant que la dénonciation à laquelle j'ai consenti ne lui coûte la vie. Déchiré entre colère et regrets, j'ai fait le choix d'effacer les sentiments qui perduraient pour ne conserver que la haine. Rien d'autre que la haine.
• Granger est infecte - mais la fréquenter est utile. C'est ce qu'elle est: une partenaire forcée, une alliée de poids, un point d'interrogation sur l'échiquier de mes vies antérieures et actuelle. Lui laisser percevoir mes failles est insupportable, mais je sais pourtant qu'elle restera une tombe et ne saurait me trahir: à défaut de confiance et d'entente, nous avons un pacte.
• (Tracey, amie proche d'Astoria - et de Susanna, autrefois. Elle n'a pas cautionné notre rapprochement et notre entente, depuis, a été étrange, ambivalente. Mais cordiale. Avant, du moins, qu'elle ne devienne une mangemort fanatique.
• Blair. J'ai aidé cette gamine à échapper à la rage des Carrow, autrefois, et détourner leur attention m'a valu des maléfices mémorables. Ce qui m'y a poussé ? J'en doute encore aujourd'hui - la compassion n'a jamais compté au nombre de mes défauts. Mais les révélations de Beltane me poussent à croire que nos âmes liées m'ont influencé: elle a été ma sœur, dans une autre de ces vies qui ne cessent de resurgir aux moments les plus inappropriés.
• Winchester est la marraine de Teddy, la responsable de la quête au bout de laquelle je les ai cherchés, sa grand-mère et lui.
• Darja et moi, on formait une paire efficace en laboratoire, seul cadre dans lequel elle s'illuminait par ailleurs. Et nous est arrivé de nous inquiéter l'un pour l'autre sous nos masques de mangemorts; mais elle est insondable et je ne prendrais pas le risque de la sous-estimer si je la croisais baguette au point, fort de mon nouveau statut de prétendu traître.
• Avery était un allié de père, subissant comme lui les griefs des mangemorts ayant été fanatiques au point de gâcher des années de vie derrière les barreaux. Il est sans doute un dangereux ennemi, à présent.
A enterrer.
• Potter, foutu sauveur à deux noises. Il m'a imposé une dette de vie, le plus lourd fardeau qu'il m'ait jamais été donné de porter. Il est la cause de l'entente avec Granger, mais aussi un élément récurent de tous les évènements négatifs de ma vie. Plus récemment, il m'a dérobé un bien que je ne savais même pas en ma possession: la mythique Baguette du Pouvoir. Je suis supposé le prévenir, mais la haine qui nous sépare a toujours été trop intense pour favoriser les compromis.
• Zabini, allégorie de la trahison, de la confiance brisée ; même le temps n'allège pas l'intensité de ma rancoeur, et pour cause: il était le dernier de la part de qui je me serais attendu à recevoir un sort dans le dos. Le rituel qui nous lie rend son absence pénible, physiquement douloureuse, mais si nous nous recroisions les différends se règleraient à la baguette et aux poings.
• Weasley - tant Fred que Ronald et le reste de leur smala dépeuplée, je ne lèverais pas le petit doigt s'ils brûlaient dans un Feudeymon. Bien au contraire, je me délecterais du spectacle.
• Matteo, bel emmerdeur, journaliste rapace - de cette engeance qui se nourrit des déboires d'autrui. Je préfère prétendre que cette St-Valentin 03 et l'intoxication à l'Amortentia n'a pas eu lieu. Jamais.
• Rabastan. Les Malfoy et les Lestrange n'ont jamais été faits pour s'entendre - à vrai dire la jeune génération constitue l'exception. Mais si les tensions étaient jusqu'alors mesurées, masquées, elles ont atteint leur paroxysme lorsque Rabastan a contribué à l'enlèvement de ma mère.
• Wyatt, cette ordure, ce fumier. Il était l'image même du père et du futur beau-père idéal, avant que l'arrivée de Scorpius ne fasse surgir au grand jour sa véritable nature. Ses tentatives de meurtre avortées n'ont fait qu'exacerber la haine mutuelle, et son rôle dans l'enlèvement de Mère a été la goutte de trop. Il est intouchable, en odeur de sainteté auprès du Lord. Et d'une puissance non négligeable. Mais si je venais à le croiser sur un champ de bataille, je prendrais le risque d'extérioriser la soif de sang qu'il m'inspire, quitte à y périr.
• Rookwood. Ancien mentor imposé par le Maître. craint et respecté à la fois, pendant un temps. Je ne serai jamais à la hauteur de ses critères en terme de cruauté, mais ses prétentions me hérissent. Il n'est après tout qu'un sang-mêlé désireux d'exterminer sa propre engeance.
(d-e, wiz, ins, rdp, hun)
‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
Do or die,
Fate is coming, Time is running
6 JANV. 2002 & Dracezia
Tension. Il n’y avait pas d’autre mot : elle s’étirait à travers tous les membres de son corps, pesait telle une masse accusatrice sur sa nuque et ses épaules crispées, annihilait ses autres sentiments et poussait chacun de ses sens, toute son attention, à converger vers la seconde occupante de la pièce. Elle gagnait encore en intensité aux sifflements discrets mais menaçants du serpent, qui déchirait avec insistance le silence lourd s’étant instauré dans la pièce. Il haïssait cet aspect des relations humaines – la part que prenaient les confessions lorsqu’on faisait le choix de s’investir sentimentalement. L’aspect donnant-donnant qui l’empêchait de simplement réclamer et d’imposer ses façons d’agir sans se dévoiler à son tour. C’était effrayant, effrayant d’offrir une parcelle de son âme, plus encore lorsqu’elle impliquait un aveu apte à lui coûter la vie. Il aimait à penser qu’il aurait toujours l’opportunité de se rétracter – en supprimant cette partie du souvenir de cette soirée avant de le lui rendre, si elle acceptait son offre. Mais c’était impossible ; il la respectait trop pour ça et mine de rien, sa loyauté en amitié était l’une des rares qualités qui venaient tempérer sa multitude de défauts.
Mais le jeu restait risqué – il lui avait mis son sort entre les mains, puisque sa vie à elle ne pesait visiblement pas assez sur la balance pour la pousser à se battre pour réchapper à l’étape à venir. Si elle s’échinait à demeurer apathique elle le condamnerait du même coup, et il ne pourrait se permettre de laisser la situation en état. C’était un ultimatum, au final ; elle n’était libre que choisir la méthode, mais il l’acculait contre son gré. Il se passa une main lasse sur le visage, se demandant si la dynamique serait constamment la même entre eux – elle le poussant à s’attacher mais s’obstinant à demeurer recluse et à ne compter que sur elle-même, lui usant de détours pour la forcer à lui accorder une marge de manœuvre à travers les remparts qu’elle prétendait avoir abaissés vis-à-vis de lui. Il suivit ses gestes mesurés tandis qu’elle rejoignait la table, vidait un verre comme pour abandonner en lieu et place de la boisson le fardeau qui semblait accompagner sa décision. Canapé, parchemin, plume, et toujours pas un mot ne s’ajoutait aux derniers prononcés en fourchelang, ordre incompréhensible aux oreilles humaines, adressées au témoin reptilien de leur échange.
En comprenant à quoi elle s’appliquait, il relâcha la goulée d’air qu’il avait inconsciemment bloquée au creux de sa gorge dans l’attente d’une réaction. « Parfois, j’ai envie d’égorger ma très chère mère. » Il s’efforça de demeurer impassible. Le fonctionnement des Rowle était bien différent des Malfoy, et il ne pouvait prétendre comprendre, mais tous ne considéraient pas la cellule familiale comme sacrée et, surtout, les jugements n’avaient guère leur place en cet instant. commences-tu, sur un ton beaucoup plus naturel, détendu. Il n’y a rien de cassant, c’en est. « Mais je suis navrée d’apprendre que tu gardes le silence sur la tienne depuis si longtemps. Elle est importante dans ta vie. » L’ironie du sort est que je n’en ai pleinement pris conscience qu’au moment de la perdre, aurait-il pu confesser. Mais c’était un terrain sur lequel il ne voulait pas s’aventurer. C’était une pente raide et cahoteuse, de celles sur lesquelles en dérape et dont on ne sort jamais indemne ; l’aborder avec trop d’insistance lui garantissait d’être submergé par chaque moment douloureux, chaque élément de torture. Ils étaient gravés dans son esprit avec une effrayante acuité, et il usait de toutes ses capacités d’occlumens pour les refouler au plus profond de lui-même et continuer d’avancer. C’était déjà assez – même presque trop – d’effleurer le sujet ; il pouvait difficilement offrir meilleure preuve de bonne foi.
« Ca va être un peu compliqué », annonça-t-elle en le rejoignant avec deux verres. Il réfréna par correction son réflexe (parfaitement justifié, à son sens) de vider le sien aussitôt, mais se sentit rassuré en drapant de ses doigts pâles le pied délicat du récipient. De l’autre, il récupéra le bout de parchemin sur lequel s’étirait un début de liste. « A partir de maintenant et jusqu’à demain matin à la première heure je serai honnête à tes yeux. Et quand tu retrouveras tes souvenirs, si tu choisis de garder cela, tu pourras faire des informations ce que tu désires. » Il quitta les lignes manuscrites et plissa des yeux en direction de Lucrezia. « C’est déjà tout décidé », affirma-t-il d’un ton n’acceptant nulle contradiction, mais elle ajouta malgré tout : « Je ne te demande qu’une chose : ne me juge pas pour le dernier nom qu’il faut ajouter. » Irrémédiablement curieux, il se redressa dans son siège pour la voir écrire ce dernier nom qu’elle rechignait tant à coucher sur le papier, mais l’immobilisme de la jeune femme le poussa à croiser de nouveau son regard. Elle le fixait, dans l’expectative, et il finit par hocher lentement la tête en signe d’accord. Digression – elle chercha à réunir des bribes éparses de courage tout en gagnant du temps, parlant d’alcool puis offrant des remerciements là où il avait cru s’attirer sa rancœur. Il posa une main ferme sur celle qu’elle avait portée à son tatouage par-dessus le tissu de son vêtement – ce mécanisme qu’il l’avait souvent surprise à répéter. « Est-ce que quelqu’un prend soin de toi ? » La question le prit au dépourvu, parce qu’elle semblait hors contexte à présent qu’il pensait la soirée arrivée à l’instant le plus crucial. Draco arqua un sourcil. « Explicite ? » La question pouvait être prise de bien des façons, mais elle ne précisa rien et ne lui laissa guère le temps de s’appesantir sur la question.
« Laisse tomber. Par quoi te semble-t-il plus judicieux de commencer ? » En guise de réponse, il tira de sa poche une petite fiole qu’il posa sur la table, entre eux deux. « Veritaserum », précisa-t-il en désignant l’objet d’un mouvement de menton. « Il y en a très peu. Juste trois gouttes : de quoi organiser une... répétition en vue d’un interrogatoire. » Il tenait la potion de Snape – l’homme avait glissé la fiole dans sa cape quelques semaines plus tôt, si subtilement qu’il ne l’y avait découverte qu’après avoir quitté le QG. A ce moment-là, il ne savait même pas ce qu’il était supposé en faire. « A toi de choisir. Tu peux te fier à ta seule mémoire et risquer de laisser t’échapper certains détails potentiellement alarmants, prendre une goutte et avoir un meilleur accès à la vérité mais contrôler tes aveux, ou en prendre trois et livrer sans retenue même ce dont tu n’es pas consciente. » Il jouait franc-jeu, elle connaissait de toute façon le fonctionnement de ce puissant sérum de vérité. Il était certain que la troisième option serait la plus efficace, mais qu’elle était aussi la plus difficile à sélectionner – surtout pour quelqu’un comme Lucrezia. Pour sa part, il refilerait à Granger tout ce dont il parviendrait à se souvenir et userait, si nécessaire, de l’Occlumencie pour protéger de potentiels oublis. De son autre poche, il tira une bourse. Elle ne lui appartenait pas : Granger s’en était servie pour l’un de leurs premiers échanges, mais ils avaient préféré ne pas courir une seconde fois le risque de se transmettre quoi que ce soit. Le contenant est particulièrement pratique, puisque charmé pour ne pas avoir de fond ; le blond ne connaissait pas le sort d’origine mais ne se plaignait certainement pas de pouvoir en bénéficier des effets.
Il en tira plusieurs fioles vides qu’il aligna sur la table, puis continua : « On stockera tous les souvenirs pour que tu puisses les récupérer à la fin des interrogatoires. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais il on s’assurera que tu ne coures aucun risque d’être remise en doute. On pourrait par exemple procéder par questions/réponses et essayer de couvrir tous les sujets compromettants. Tu as une Pensine à disposition ? » Visionner les souvenirs et en vérifier lui-même tous les angles avant de les rayer de la mémoire de la jeune femme serait plus pratique : il saurait très précisément quoi chercher et pourrait faire les choses proprement. « Sinon, il faudra que tu me décrives les scènes aussi fidèlement que possible, pour que je puisse être efficace. » Trafiquer les mémoires n’était pas sa spécialité, après tout. Mais il avait une bonne expérience de l’exercice, puisqu’il participait depuis des mois au forcing imposé à Rotten Apple.
(INTO THE DARKNESS) ≤ The world is shaking, the sky is falling down
La fermeté de cette main qu’il pose, interrompant ton geste machinal, déclenche un mécanisme de défense, un mouvement de recul accompagné d’un sifflement contrarié. Quelque chose, avec la Marque des Ténèbres, n’était jamais passé. Quelque chose s’était brisé dans le processus et le tatouage ornant ton bras faisait office de cicatrice à tes yeux, de séquelle psychique. Tu ne permettais à personne d’y toucher, plus encore que le reste de ton corps, tabou. Le grand avantage de n’avoir de relation avec personne résidait aussi dans le fait qu’aucun homme ne cherchait jamais à jouer de ses doigts sur ta peau, sur ce bras, autour de ça. Ton affection pour Draco ne levait pas cette barrière là, quand bien même il la porte aussi, quand bien même tu lui fasses confiance. Tu avais.. tellement de mal avec le contact. Et ton regard se détourne d’un air gêné, repliant un instant les bras contre toi. Sur la défensive. Tu as perdu le fil de la conversation, le fil de l’échange, ainsi n’explicites-tu pas ta pensée. Il venait, malgré lui, de mettre en évidence le danger que représentaient certains de tes tics nerveux - de quoi te contrarier, un peu. Comment peux-tu en être arrivée à de telles extrémités ? Comment toi, avide de contrôle, glaciale créature dont la maîtrise permanente était une protection, tu pouvais te retrouver à envoyer des signaux inconscients aussi.. visibles ?
« Veritaserum » Sainte horreur de ce truc. Tu relèves les yeux pour les poser sur la fiole, qui te hérisse déjà. « Il y en a très peu. Juste trois gouttes : de quoi organiser une... répétition en vue d’un interrogatoire. » Te livrer ainsi, à lui. C’était cela, n’est-ce pas ? Livrer tes moindres petits secrets au jeune Draco Malfoy, sans remparts. La simple idée te révulse, parce que tu vas le décevoir, parce qu’il saura à quel point tu n’es pas ce qu’il imagine. Il te laisse le choix. Tu sais pertinemment que la dernière option serait la plus efficace, seulement tu en crains les conséquences, non pour le flux de parole mais pour ce qui arrivera dés que tout ceci sera fini : il est des sentiments irréversibles, et celui d’être mise à nue est sans nul doute un des pires. « Commence doucement. » Histoire qu’il ne te prenne pas l’envie de lui arracher les yeux par l’intermédiaire d’un serpent. « Progressivement, s’entend. Les trois gouttes seraient plus efficaces, je te l’accorde, mais je préfèrerais avoir les moyens de faire dans la décence. » Ce qui sous-entendait plutôt clairement que certaines de tes erreurs sortaient du domaine purement professionnel ou amical. Une pensée pour Dolohov et ses jeux de séduction, que tu chasses d’un revers de la main. Si tu évoquais son trafic, il te tuerait. Remarque, c’en serait fini de tes ennuis, au moins.
« Tu as une Pensine à disposition ? » La Pensine ? Tu ne t’en sers jamais, sans doute allergique à tes souvenirs mais tu te déplaces quand même, allant déverrouiller d’un geste compliqué de ta baguette le renfoncement d’un meuble. Les deux battants discrets s’ouvrent sur le récipient visiblement abandonné là depuis longtemps. « Mes descriptions ne sont pas fiables, la plupart des souvenirs compromettants sont enfouis, morcelés ou me donnent la migraine. » Résistance psychique à tes propres dénis. La solitude et l’enfermement ne te réussissaient pas. Pas plus que l’ouverture à de nouveaux idéaux, une tolérance faisant peau neuve. Et si tu ne pouvais pas protéger Fred ? « Questions/réponses, ça paraît le plus évident. » La forme la plus adéquate à une préparation pour un interrogatoire. Si tu avais eu l’intelligence de bosser à temps plein et officiellement dans la boutique de ta mère, tu ne serais pas dans un tel pétrin.
Tu reviens vers lui, tendue. Tout se cassait la gueule autour de vous, vos vies ne ressemblaient qu’à un capharnaüm ambiant, un bordel sans nom et sans issues. « La prochaine fois que je lie mon existence à un type un tant soit peu charismatique, promets que tu me frappes, Malfoy. Ca nous évitera ce genre de problèmes. » Effectivement. Et autant dire que ça valait pour le genre d’Ypsös Burke comme pour le style Lord Voldemort. Les deux t’avaient marqué, à leur manière, et tu ne t’en remettrais jamais vraiment. Jamais complètement. Aucun de vous ne sortirait indemne. Peut-être même pas vivants. « Il te faudra orienter des questions sur Maksim Dolohov et.. » Et si tu te passais d’évoquer l’ultime nom à ajouter sur la liste ? Si tu prenais le risque de tomber pour le rouquin ? Une inspiration plus difficile, tu finis par expirer, en tentant d’aller vers un état un brin plus naturel, en vain. « Fred Weasley. » Ca a sifflé. Le « s » du nom de famille a traîné, presque avec autant de douceur que de réticence. La lettre traîtresse. Les deux te tueront si Draco en venait à trahir votre échange, à se servir de ce que tu vas lui révéler pour son propre compte, mais il a un fils, une famille qui compte sur lui et tu n’es pas certaine de pouvoir lui tenir rigueur de se servir des informations à tes dépends. A vos dépends. Ta main vient rejeter quelques mèches de cheveux en arrière après avoir reposé la baguette sur la table. « C’est de la folie. » Mais c’était partie pour quelques aveux, petites confidences au coeur de la nuit.
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