« Her body was a prison, her mind was a prison. Her memories were a prison. The people she loved (..) but she couldn't escape what really hurt. Tonight even the sky felt like a prison. » ♱ - Ann Brashares, Sisterhood Everlasting.
Marcher. Marcher. Avancer. Laisser le monde derrière. Le pantalon noir, le manteau long, gris et ton haut pourpre, tu errais depuis des heures dans cet univers étranger au possible. Tu te remettais juste de ce qui avait tous les airs d’une tentative de suicide. Tu te remettais à peine des émeutes, de la terreur, de ce coeur serré dans ta poitrine. Tu devais retrouver Fred, lui dire que tu regrettais, que tu avais fait une erreur, qu’il avait raison. Tu devais lui dire.. que tu voulais partir. Mais rien, rien ne te ramenait sur le dernier chemin emprunté, vers ce champ dans lequel tu étais tombée, la dernière fois, par erreur. A bonne distance, Daeva surveillait. Et tout près de tes pas, une créature blanche, albinos, rampait doucement. S’échapper, fuir, apprendre à vivre. Ca tournait en boucle dans ton esprit empreint de cette peur bleue de l’avoir perdu. Tellement de morts, pour rien. L’Elite et ses travers. Et toi, qui n’avait plus de volonté de vivre. Le soleil allait vers son déclin quand, enfin, tu fus capable de reconnaître les lieux. Loustry Ste Chaspoule. Evidemment. Tes pas sont plus lourds. Ton esprit bloqué. Ton errance n’avait pas trouvé meilleur endroit. Chercher un champ, oui.. mais tu ne voulais pas venir par là. Ton transplanage accidentel de Novembre t’avait-il mené si près des.. monuments ? Bouche sèche, âme broyée. « Eris. Reste ici. » siffles-tu, à l’écart de toute véritable population. « Fais-en ton chez toi. » Tes doigts frôlent les écailles claires. Il y aurait de quoi la nourrir. Et pour garder un oeil à la recherche de ton ami, quoi de mieux que son passé à porté de mains ? Tu n’étais jamais entrée ni dans la demeure Lovegood ni dans les vestiges de vie des Weasley. Respectueuse malgré-toi. Et en temps de paix, tu n’étais pour eux qu’un secret, une évasion silencieuse hors des conventions. Tristesse. De toutes tes folies, celle qui cernait ton esprit était la plus dangereuse. Draco, pour toi, avait risqué sa peau. Et tu songeais à trahir vos idéaux, votre amitié, toute une vie, des souvenirs enfouis.
Il ne te restait donc qu’à trouver Ives. Tu ignorais si elle serait prête à écouter, si son intrusion ne lui avait pas plus laisser le goût de l’amertume qu’une saveur sucrée. Elle était insurgée, donc une potentielle clef. Les Rowle, des traîtres, n’est-ce pas ? Tu aurais effacé à l'Acidum Anguis toutes traces de ce nom dans tes veines si tu en avais eu la force, la possibilité. Mauvaise fille de bonne famille. Sale teigne. Etrangère à l’humanité, pas vrai ? Indomptable créature au regard bicolore et à l’esprit défaillant. « Quelqu’un.. » entends-tu, sifflement tapis entre les herbes. Vague espoir, sitôt éteint. Ne te laisse pas submerger, t’ordonnes-tu. Il n’y avait rien de raisonnable à la situation, rien de tout à fait logique non plus. En équilibre entre les deux parts de toi-même, tu tanguais, de la glace au volcan, de la résignation à la colère. Comment le monde en était-il arrivé là ? Comment pouvait-on laisser faire ça ? La Marque sur ton bras, couverte par la manche, ne se trouvait jamais entièrement écartée de tes pensées, perpétuelle trace de ton éternelle servitude. La petite Murphy serait-elle plus aisée à trouver ? Illusion. Et qu’est-ce que tu ferais, après ? Tu ne pouvais pas les supplier de te laisser intégrer leur univers, toi, petite princesse pure au comportement aussi antipathique que précieux. Jamais aucun d’eux ne pourrait t’imaginer ni utile, ni apte à survivre. Si, Morgana, peut-être. Elle te savait au moins brillante, quoi qu’absolument incompétente en relations humaines. Et en tolérance. Tu avais toujours montré trop peu de tolérance.
Un mouvement. Tes sens en alerte, ta baguette serrée entre tes doigts. Une tignasse blonde. Tu le connais. Il s’était introduit chez toi, lui aussi. Décidément, une sale manie. Le manoir attirait les affamés. Et les affamés affamaient les reptiles. Cercle vicieux. Tu l’avais nourri, refusant de réellement savoir d’où il venait ni de quel côté il était : ce que tu ignorais ne pouvait causer de torts à aucun de vous. Un orphelin, à tes yeux. Mais au fond, désormais, le temps passant, tu te doutais de la vérité. « Hé toi ! » Te reconnaîtrait-il, en rousse, avec ces cheveux courts, ce look moins snob, moins tiré à quatre épingles ? Qui ne tente rien n’a rien. « Si tu cherches des sucreries, ça va être compliqué, ici. » Un sourire en coin. Il est sombre, cependant. Peint de mélancolie sur tes traits esseulés. Tu n’étais plus tout à fait la jeune femme dont il avait fait la connaissance. Seule. Tu te sentais seule, abandonnée de ta propre ligne de vie.
Il a laissé, comme simple indication qu’il partait, un message trop bref aux autres Silencieux. Il n’a pas dit où il filait, non plus. Il n’a pas envie qu’ils partent à sa recherche. Il a simplement prétexté voir Murphy, sans préciser à l’asile, ou ailleurs. Ils vont le chercher, il le sait, ils vont bien l’emmerder quand il va revenir au quartier général, mais il s’en fout. Franchement. Ce soir, il est en chasse. Pas en réelle chasse. En exploration. Du haut de toute son expérience, mais surtout de son envie impossible de bouger, il trouve qu’il est tout à fait en droit de faire ses propres aventures. Alors, il a fait ni une ni deux, a analysé tous les plans des insurgés et a pris quelques bus moldus pour arriver ici. À la nuit tombante, sinon ce n’est pas drôle. Il sent de délicieux frissons de terreur le parcourir à la moindre ombre suspecte qui frémit dans le coin de son œil, au moindre craquement incongru qui se fait entendre, au moindre râle animal qu’il ne peut identifier à sa propre respiration. Les ruines dessinent des ombres étirées sur le sol, des témoins noirs dans le couchant, et ses pieds foulent la neige et les tiges couchées du blé. Son corbeau est silencieux sur son épaule, le froissement de ses ailes vibrant contre ses oreilles. Il se rapproche des maisons, prudemment. Envie de sensations fortes. Il aurait dû venir avec Murphy et Arthur. Peut-être qu’il y trouvera des objets intéressants, ou des créatures errantes.
Love est tant concentré à sa tâche qu’il ne pense pas une seconde ne plus être seul. Que ce champ désert ne l’est pas. À ses pieds grouillent des couleuvres inoffensives ; il en prend une entre ses mains, vif, et l’animal darde sa langue sur ses doigts, les yeux furieux. Six claque du bec à côté de lui, gourmand il le devine, mais il écarte le petit animal de lui. Glouton. Il lui chuchote : « Tu chasseras tes repas toi-même, gros bêta. Bien oui hein. Ce qui lui répond n’est pourtant pas son corbeau. Hé toi ! Il retient de justesse un cri de terreur; son oiseau de compagnie, lui, s’envole momentanément avant de revenir se percher sur toi. Si tu cherches des sucreries, ça va être compliqué, ici. » Il se retourne, prudent, la couleuvre dans une main, sa baguette dans l’autre. Le soleil enflamme les traits d’une rouquine, dont les traits pourtant lui sont familiers. Il se veut plus assuré et redresse un peu les épaules, mais il n’en est rien. Il sent malgré lui ses joues s’empourprer violemment, ainsi que tout son visage jusqu’à son cou. C’est que la femme est jolie, chose impossible à ignorer et ce depuis la première fois qu’il l’a vue (même sur les photos de son manoir, qui ne lui rendent absolument pas justice), et même la situation incongrue ne l’empêche pas d’y être sensible. C’est encore plus bizarre que la fois où elle l’a surpris en pleine exploration de ses appartements et qu’elle l’a ensuite gavé comme un oisillon. Alors il bafouille Merlin sait quoi, sa baguette serrée dans sa main et Six croassant furieusement à côté de son visage : « Je, euh Kroââ ! madame, mademoiselle Rowle, c’est pas Kroââ ! je cherche, des, trucs. Bien essayé : il ne cherche rien. Il dépose la couleuvre au sol, précipitamment, la regardant filer fissa dans les herbes. Je viens retrouver des, des, des amis, voilà. Des amis. Et vous, vous…. Vous allez bien ? Vous êtes venue retrouver un… un ami ? » Il cherche du temps. Quelque chose. Les traits de Lucrezia laissent deviner un sourire, mais elle semble triste. Plus que d’habitude. Parce que si Lancelot n’est pas un grand physionomiste, ni quelqu’un de très attardé sur les sentiments des autres (il a seize ans, l’égoïsme, c’est de son âge), il a toujours trouvé qu’elle avait l’air triste. « Vous…. Vous allez pas bien ? » Il hésite un peu. Pas assez pour se retenir de parler.
« Her body was a prison, her mind was a prison. Her memories were a prison. The people she loved (..) but she couldn't escape what really hurt. Tonight even the sky felt like a prison. » ♱ - Ann Brashares, Sisterhood Everlasting.
Il rougit. Tu ne comprends pas pourquoi mais il rougit. Tu n’imagines pas une seconde que ce soit de ton fait, sans doute trop détachée de ta propre apparence, des effets que tu pourrais provoquer. Tu n’es, après tout, qu’un horrible bloc de glace, toute juste bonne à sourire. Et encore. On ne se servirait pas de toi pour décorer l’entrée, de ton avis, soi-disant que tu es trop imparfaite. « Je, euh Kroââ ! madame, mademoiselle Rowle, c’est pas Kroââ ! je cherche, des, trucs. » Il est attendrissant. Il te rappelle.. quelque chose de triste dans tes yeux. Il te rappelle un peu Ypsös, avec la clarté de ses cheveux. Un peu de maladresse d’adolescent. Il est trop âgé pour rouvrir la plaie. Il est trop âgé pour que tu y vois vraiment l’avenir que tu as perdu. Et pourtant, c’est le cas. Tu te dis que, si tu pouvais, tu lui offrirais une vie meilleure. Le silence s’étire. Il a dû comprendre, au manoir, que tu avais un peu de mal à communiquer. Tu préférais le faire manger que lui répondre vraiment. « Je viens retrouver des, des, des amis, voilà. Des amis. Et vous, vous…. Vous allez bien ? Vous êtes venue retrouver un… un ami ? » La couleuvre n’a pas le temps d’aller bien loin. Le reptile de jais qu’est Daeva bondit sur sa proie. Le casse-croûte potentiel du corbeau a été gobé.. par un autre serpent. Ironie du sort. Tu ne sembles pas en faire cas. C’est naturel, c’est un cobra. Un hochement de tête. Oui, tu cherches un ami. Un ami à qui tu as fais beaucoup de mal. Que tu as blessé plus que tu ne l’aurais permis de la part d’une autre personne.« Vous…. Vous allez pas bien ? »
Ca se voit tant que ça ? Peut-être que tu n’as plus envie de te cacher ou de mentir. Ou que tu n’en vois plus l’intérêt. Quelle importance ? Il n’y a personne pour te faire le reproche. Tu t’es volatilisée de tes appartements, sans rien dire à personne et tu as tracé ta route, sans savoir si tu reviendrais. En fait, tu n’es toujours pas certaine que tu rentreras. « J’ai peur que mon ami soit mort dans les émeutes. » Sourire triste. La façade ne tient pas. Tant pis. Tu relâches un peu la prise sur ta propre baguette, tu connais le jeune homme, il ne se risquera pas à te jeter un sortilège, ni pour la forme ni pour ton inaction. Il est un peu.. un protégé. A ta façon. Un de ceux que tu hébergerais, si ça n’était pas si risqué. « C’est pas grave. C’est la guerre. » Qui allait croire à ça ? Bien sûr que c’était grave et ton regard vairon le trahissait bien. Il était jeune, le gamin, pas con.
« Il est beau, ton corbeau. Et bavard. » Changer de sujet, bonne idée. L’animal a l’air en forme. Docile aussi. Impressionnant, de la part d’un ado qui te semble plutôt maladroit, du moins peu sûr de lui. Tu t’approches, calmement, de ce drôle de duo. Daeva ne te suit pas, un peu jaloux de l’attention que tu portes à Eris ces derniers jours. Tu t’appropriais ce qui lui appartenait. Ca se faisait pas quoi. Et il te faisait bien comprendre que c’était sa compagne, pas celle de l’ensuqué de rouquin que tu cherchais partout, à qui tu faisais même des bagues. Tss. Saleté de sorcière têtue. Entre ça et ton Malfoy. Tu ne l’écoutais plus râler après ta personne, résignée à ce qu’il soit dominant dans tous les aspects. Eris était belle, elle était à lui. Sauf qu’Eris était autrement plus utile à ta cause qu’à l’égo de l’animal.
« Détends-toi. Tu n’as pas besoin de mentir. Je sais avec qui tu es. » Ca ne me dérange pas voudrais-tu lui dire. C’est normal de se révolter, voudrais-tu glisser. Mais ça reste coincé au fond de ta gorge, comme un dard dans la peau humaine. C’est bloqué. Tu es encore une Mangemort. Tu es encore la méchante de l’histoire. T’y peux rien si t’es agrippée à tes vieilles habitudes, à la paranoïa, la peur de trop te trahir, irrémédiablement. Pauvre gosse. Ca se trouve, c’était encore plus flippant que si t’avais rien dis.
« J’ai peur que mon ami soit mort dans les émeutes. … oh. » C’est déplaisant. C’est triste. Surtout que les amis de Lucrezia ne doivent pas être des personnes très recommandables, pas très bien vues de son camp à lui. Il aimerait bien être désolé, et il l’est un peu puisque cela la rend triste, mais il ne peut pas non plus s’excuser pour des morts… qui peut-être servent sa cause. De la dualité de la situation. Puis, ce n’est pas vrai que ce n’est pas grave. Oui, c’est la guerre, et des gens meurent tous les jours, il devrait même être mort, plusieurs le pensent mort, mais… ça ne rend pas la chose moins grave. Surtout pas dans ses yeux d’Audacieux. Une moue critique vient tordre sa bouche, mais il se retient de répondre. Puis, la rousse change de sujet : c’est une bonne chose.
Six gonfle ses plumes, fier comme un paon, comprenant tout à fait que Lucrezia parle de lui. Et Love doit avouer que le compliment le touche également. Ce n’est pas facile, de dompter un oiseau, même intelligent comme un corbeau, et il prend grand soin de son camarade à plumes. Il tourne la tête légèrement pour regarder l’animal, qui laisse échapper un petit croassement, un petit « Merci ! » qui le fait rigoler légèrement. Il lève la main pour caresser ses plumes, puis range sa baguette avant de faire passer le volatile sur sa main nue (il a perdu ses gants, et il entend déjà les autres le sermonner qu’il est infoutu de prendre soin de quoi que ce soit, ses affaires comme celles des autres). « Il préfère les femmes, à moi, il me fait toujours des misères. Préférer les femmes est un pléonasme : il a même un faible avoué pour Morgana. Ça, cela dit, il ne le dit pas. Il gratte les plumes de son poitrail, avant de venir lisser celles de son crâne. Il fait son timide. Hein, Six ? Kroââ, non, pas timide. Jolie. » Hé bien. Lui qui avait réussi à reprendre une certaine contenance en détournant le sujet ne peut s’empêcher de sentir une nouvelle fois la chaleur inonder son visage. Foutu corbeau qui vient de trahir ses pensées. « … quand je disais qu’il préférait les femmes. » Échappatoire pratique. Les glissements lourds dans les hautes herbes ne le rassurent pas, l’immense serpent noir qui accompagne toujours la jeune femme est évidemment non loin de ses pieds. Pas le genre de reptile que Six peut gober.
« Détends-toi. Tu n’as pas besoin de mentir. Je sais avec qui tu es. » Il pâlit. Il perd un peu le souffle, aussi. Évidemment. La filature, les cachotteries, ce n’est pas son champ d’expertise. À elle, il s’est trop dévoilé, trop révélé. Peut-être sont-ils plusieurs ? Peut-être que d’autres savent déjà ce qu’il en est ? Love baisse ses yeux pâles vers le sol, sentant des larmes les piquer, mais il réussit à les retenir. Que Lucrezia le sache ne le dérange pas; ce n’est pas elle, le problème. « … ne dites rien à Mr et Mrs Carrow. » Il a murmuré, suppliant. Il ne pense pas à tous ces autres Carrow inconnus – il pense à Alecto et Amycus, évidemment, à ses bourreaux, à ses cauchemars. Ceux qui l’empêchent de dormir, parfois, par leur seule existence dans ce monde. Il a eu de la chance, il ne les pas croisé depuis sa fuite de Poudlard. « Vous êtes… vous êtes gentille, vous, mais eux… Gentille. Il ne connaît pas ses faits d’armes éventuels. Elle est gentille avec lui. Il se mord les lèvres, furieusement, nerveux, mal à l’aise. Inquiet, aussi. Je sais que le Lord… force les gens à tout leur dire. Est-ce qu’il saura ? Est-ce que vous aurez des problèmes ? » Il lève prudemment ses yeux du sol, rencontrant son regard vairon, intrigant. Lui aura des problèmes dans tous les cas – mais elle ? Elle n’a rien dit, pour le moment, mais qu’est-ce qui arrivera, quand les choses se sauront ?
« Her body was a prison, her mind was a prison. Her memories were a prison. The people she loved (..) but she couldn't escape what really hurt. Tonight even the sky felt like a prison. » ♱ - Ann Brashares, Sisterhood Everlasting.
Jolie. L’oiseau te trouve jolie.. est-ce que c’est seulement l’oiseau, d’ailleurs ? Le garçon rougit encore. Tu as baissé les yeux, par automatisme. On ne te dit pas souvent ce genre de choses. « Pour une fois qu’un mâle me voit, faut que ce soit un piaf. » lâches-tu, avec une pointe d’humour. C’est plus simple de dissimuler l’incompréhension derrière le peu d’humour dont tu es apte. De la poche de ton manteau, tu extirpes des gants noirs que tu tends à Love. Il a l’air d’en manquer et toi.. tu as d’autres genre de gants. Toujours plus longs. Ceux-là, ils dorment dans le manteau comme des reliques d’habitude, de vieilles habitudes. Les reliques d’un temps où cacher la Marque n’était pas nécessaire puisqu’elle ne trônait pas sur ton avant-bras comme revendication du crime.
«… ne dites rien à Mr et Mrs Carrow. » Carrow. Le nom te file un frisson. Lazarus a laissé des traces dans ton esprit, mais lui ne parle pas du charmant dépravé plein de culpabilité. Non. Ca se sent. C’est d’Amycus et Alecto. Il est pâle. Il baisse le visage. Tu lui fais peur. Et ça te bloque. Ca t’enserre, t’attrape par des instincts dont tu ignores être dotée. Ca n’est qu’un enfant. Tu ne peux pas faire de mal à un enfant, n’est-ce pas ? Est-ce que tu as l’air si.. horrible, vraiment, au point d’aller le dénoncer ? Oui. Tu es une sbire du dictateur. Tu es une créature froide. Un être dépourvu de coeur, d’âme. Tu ne sais pas quoi faire. Et si ça avait été ton fils, mh ? C’est pour ça que le Destin t’a retiré cette option : parce que tu fais du mal, malgré toi, même quand tu essayes d’être gentille. Tu traumatises ton petit monde par ta putain d’inaptitude à aimer correctement, à prendre soin des autres. Ta défaillance insupportable. La mission accomplie avec Ypsös est la preuve de ta tare. « Vous êtes… vous êtes gentille, vous, mais eux… » Crac. C’est comme un verre qui se brise à l’intérieur, débloque quelque chose. Tu vas au-delà de toutes tes barrières, tu romps la distance et tu le prends dans tes bras. Qu’est-ce que tu pouvais faire d’autre ? Rester stoïque. Au fond, c’est pas toi. C’est pas ton étreinte, c’est la blessure. La plaie. C’est ce que tu as perdu. Depuis la fausse-couche, tu en venais à agir.. sans le savoir. Des trous noirs, des dénis d’action. Si bien que tu parais réaliser à retardement la brusque tendresse dont tu fais preuve.
Alors tu recules. Le piaf aurait pu te crever un oeil, pour ça. Imprudence. Stupide imprudence. « Pardonne-moi. Je.. » Non. Laisse tomber l’explication. Moins il en saura, mieux ce sera. « Je sais que le Lord… force les gens à tout leur dire. Est-ce qu’il saura ? Est-ce que vous aurez des problèmes ? » Sans doute. Plus Draco tentait de te relever, plus tu t’effondrais, plus tu te noyais dans une volonté stupide de sauver des âmes. Sérieusement, toi, vouloir sauver quelqu’un. Tu aurais ri, il y a quelques années. Mais depuis.. tu avais écarté Murphy de la route des rafleurs. Tu avais détourné les cibles. Et, évidemment, nourrir le blondinet était un peu une des nombreuses cerises sur le gros gâteau de tes écarts. « Ca n’est pas important, si j’ai des problèmes. » Ca n’est plus important, en réalité. Parce que c’était presque comme si tu les cherchais. Regarde-toi, à errer comme une âme en peine à la recherche d’un souvenir, à la recherche d’un roux que tu allais faire souffrir, avec lequel, à chaque seconde, tu aurais en tête la fuite, la volonté de le protéger de toi-même. T’es qu’un fantôme, plus vraiment vivante. Eteinte. Une indécise tiraillée entre deux extrêmes. Que ton coeur se la ferme, par pitié. Si Merlin avait un peu de pitié, qu’il te l’arrache, comme dans ce conte, qu’il l’enferme dans une boîte et le laisse pourrir dans une crypte. « Ne t’en fais pas. S’il doit me faire parler, tu seras prévenu. Mes serpents savent se faire comprendre quand il s’agit d’aider les fuyards imprudents. » Mais tais-toi. Mais tais-toi ! Pourquoi tu dis ça ? Pourquoi tu tends le bâton pour te faire battre ? Un autre qui risquait d’aller dire qu’une nana avec des serpents s’amuse à consoler les petits insurgés paumés. « Qu’est-ce que tu fais ici ? Ca n’est pas vraiment raisonnable. Je suis certaine que Six ne me contredira pas là-dessus. » Daeva, en tous cas, ils songeait que l’oiseau avait l’air appétissant. Bien remplumé. Loin des angoisses de sa maîtresse.
Il n'ose pas bouger quand elle le serre dans ses bras, surpris autant que touché par son geste. Il ne sait pas quoi penser. Les Mangemorts ne lui ont jamais semblé être des adeptes des câlins et du réconfort, mais Lucrezia n'est pas pareille. Sinon, ils ne seraient pas là, en train de discuter. Il serait déjà dans des cachots. Déjà mort, en fait, puisqu'il ne sert à rien. Il n'est qu'un gamin. Et déjà, quand il réalise ce qui se passe et qu'il veut réagir, lui rendre son étreinte, elle s'écarte avec la même soudaineté. Love a levé le bras, comme pour tenter de la retenir, mais le laisse tomber, savourant les dernières secondes de ce contact inattendu. Le souvenir. Six n'a pas réagi – foutu corbac incapable de le protéger. Ou plutôt, qui a bien vu que ce n'est pas pour l'attaquer que la rousse a fait cela. Son oeil est tout de même fixé avec méfiance sur la Rowle, comme s'il attendait qu'elle recommence.
« Ça n'est pas important, si j'ai des problèmes. Si, c'est important. » Il a répondu du tac au tac.
Il s'inquiète déjà. Il imagine déjà des Mangemorts fantômatiques, menaçants dans leur figure inconnue, venant menacer Lucrezia, ou lui tirer des informations par des méthodes trop horribles et mystérieuses pour que son esprit adolescent puisse les imaginer. Il a connu la torture physique, dans des marques qu'il n'a pas la force d'assumer encore (pas comme d'autres, il a déjà vu celles de Monsieur Llewellyn, entendu parler de celles du chef des Loups, et Henry aussi en avait), mais Vous-Savez-Qui n'a pas les mêmes moyens. Ou il en a des pires. Ses yeux pâles cherchent au sol avec intérêt, quand Lucrezia mentionne que ses serpents sont capables de se faire comprendre des fuyards imprudents - « Vous connaissez qui ? », qu'il demande subitement. Il n'est pas le seul qu'elle connaît et... protège ? Oui, disons-le ainsi. Love a une pointe de déception, comme il aurait aimé être le seul !, mais sait bien que c'est tant mieux. Il n'a que des questions à la bouche, pour changer, et cela change des longs silences embêtés qu'ils ont partagé lors de leurs précédentes rencontres. N'empêche que ses serpents le fascinent d'intelligence insoupçonnée. Même s'il se doute qu'ils aimeraient bien croquer un bout d'oiseau.
« Qu’est-ce que tu fais ici ? Ca n’est pas vraiment raisonnable. Je suis certaine que Six ne me contredira pas là-dessus. Le Six en question hoche du bec, gonflant une nouvelle fois ses plumes. Non mais vraiment. Lucrezia a raison. Oh, toi, tu es seulement d'accord avec elle parce qu'elle te plaît », qu'il réplique en roulant des yeux. C'est presqu'aussi pire que lorsqu'il tourne autour de Morgana. Typique de cet oiseau, qui tourne la tête, le snobant pour refuser son diagnostic. N'empêche que la question demande réponse. Le Serpentard se balance légèrement sur ses pieds, les sourcils froncés, réfléchissant à ce qu'il peut bien dire. « Je viens m'entraîner à... faire des trucs. Lancer des sorts. » Faire des trucs, un grand classique de ses activités, le tout dit sur un ton faussement évasif. Il ne dit pas qu'il est venu pour fouiller ces maisons déjà fouillées, brûlées, mises à sac, par simple curiosité de la chose. Il ne dit pas qu'il cherche simplement à s'éloigner des Audacieux, à provoquer leur colère et leur inquiétude, pour le plaisir de les voir lui porter de l'attention quand il revient. « J'suis pas très doué et la personne qui m'aide est... occupée. Il ne sait pas où est Vincianne. Il n'a pas non plus à lui demander des comptes. Ils se voient quand elle le décide, c'est tout. Je me disais que personne viendrait ici. » Pour le coup, c'est raté, mais ce n'est pas triste. « Sans doute que vous pensiez ça aussi. » Qu'il n'y aurait personne. Qu'elle serait seule.
« Her body was a prison, her mind was a prison. Her memories were a prison. The people she loved (..) but she couldn't escape what really hurt. Tonight even the sky felt like a prison. » ♱ - Ann Brashares, Sisterhood Everlasting.
Il dit que c’est important. Et tu ne sais pas vraiment comment le comprendre. Pour toi, c’est.. tout simplement impensable. On ne peut pas considérer une seule seconde que ton sort soit source d’une quelconque émotion, sans doute parce que tu n’es qu’une princesse dans un château paisible comparé à leur existence, à eux. Existence misérable. Existence de fuite, de peur, de solitude éternelle. « Non, ça ne l’est pas. » as-tu lâché, un peu froide. Tu n’as pas fait exprès. Tu aurais voulu être plus douce. Tu aurais voulu t’exprimer de façon plus convenable, préserver quelque chose de cet adolescent, de sa sensibilité. Mais tu n’as pas réussi. Tu n’es pas faite pour les relations humaines. Tu n’aurais jamais su élever un enfant. Daeva l’observe. L’animal de jais extirpe sa tête des quelques herbes résistantes au poids du froid, sort sa langue, goûte l’air. « Comme Ypsssös. Ou Malfoy. » Il y aurait presque un ricanement dans sa voix, qui provoque ta gêne. La créature joue avec tes nerfs, souligne, si c’était nécessaire, la blondeur du garçon, ses yeux clairs, son petit air d’avenir éclaté sur les rochers de l’existence. Ca te serre le coeur.
« Vous connaissez qui ? » Il te décroche du regard sévère que tu portes à ton compagnon rampant, attirant tes yeux bicolores vers son visage juvénile. Il a quoi.. quinze, seize ans ? Qui te dit qu’il tiendra sa langue ? A qui peux-tu encore faire confiance ? Murphy avait témoigné de ta compassion envers elle, attirant jusqu’à tes appartements Ives, détraqueur en puissance, épouvantard de tes sombres nuits de solitude. Lui, qui serait-il capable de mener sur la trace de l’étrange femme aux serpents ? C’était dangereux. Et d’un autre côté, c’était peut-être ce que tu attendais en venant là. Un signe, un truc dans ce genre. Une indication tombée du chapeau de Merlin pour t’indiquer la route à prendre, la bonne voie pour ton âme en perdition. Ton hésitation est palpable. Ta main, doucement, vient caresser sous le bec de Six, paradoxalement d’une tendresse naturelle. Tu n’étais pas douée avec tes semblables, tu savais en revanche y faire avec les animaux, ceux qui étaient généralement décriés, les corbeaux messagers de mort, les chats noirs de la malchance, les sombrais du deuil. Ceux qui, finalement, te ressemblent. « Tu sais tenir ton bec, toi ? » Ta main passe sur ses plumes, se promène sur son dos et retourne mourir le long de ton corps. Tu ne veux pas le trahir. Tu ne veux pas trahir ton ami mais tu veux le retrouver, à tout prix, qu’importe.. qu’importe si tu dois y risquer ta tête. Alors tu murmures. C’est tout ce que tu peux faire. Murmurer, pour que seul l’insurgé puisse l’entendre. Les champs ont des oreilles, tu le sais mieux que personne. « Fred.. » Ca t’arrache la langue. « Le.. Le génie. » brisé. Mais ça, ça ne s’extirpe pas d’entre tes lèvres. Tu ne veux pas l’exprimer. Fred, sans George. Y doit pas y en avoir cinquante, des génies, chez les insurgés. Encore moins des Fred. Y a un sourire mort qui se dessine. Tu trouves ça presque ridicule de t’ouvrir à un gamin que tu connais pas alors que tu es infoutue de te dévoiler à l’homme que tu aimais, au type que t’aurais pu épouser si t’avais été moins conne.
« Oh, toi, tu es seulement d'accord avec elle parce qu'elle te plaît » Pourquoi ? Non, c’est vrai, pourquoi ? Qu’est-ce que le volatile pouvait bien te trouver ? T’étais d’une banalité terrifiante. Moins, en rousse, mais tout de même. Rien de transcendant, rien de fascinant. Puis il t’affirme être venu faire des trucs. C’était son truc, les trucs. Ca te ferait presque quelque chose, si il n’y avait pas que le chaos dans ton esprit. Et le chaos, c’était un peu lui. Un peu tous ceux qui te ramenaient à cette nuit où la rafle aurait pu te tuer. Depuis, tu n’étais plus vraiment traqueuse, plus vraiment chercheuse. Juste un semblant de truc errant sur terre. « J'suis pas très doué et la personne qui m'aide est... occupée. » Tu fronces les sourcils. Ta main gauche glisse dans ta poche et sort un petit rubis, taillé en losange, assez important pour être retrouvé, assez discret pour ne pas trop attirer l’oeil. « Tiens. » Tu le poses dans sa paume, délicatement. « Si un jour tu as un problème, jette ça sur le sol. La fumée te permettra de détourner l’attention pour te cacher. » C’était ta façon de t’excuser d’avoir perturbé ses plans, sûrement. Ou.. juste, tu te sentais responsable de ce gamin. Même si l’expliquer était compliqué, l’assumer difficile. « Récupère le rubis si tu le peux, la magie pourra être rechargée. » Si tu trouves quelqu’un capable d’en intégrer le fonctionnement. Là encore, tu le gardes pour toi. Tu voudrais lui demander de ne pas révéler d’où ça vient mais tu n’oses pas. Ca n’est jamais que de la poudre aux yeux, même pas toxique. Une vague fumée mauve, épaisse mais éphémère, sans conséquences. Juste jolie. Et encombrante quand on chasse le fuyard.
« A vrai dire, je ne pensais qu’à déposer Eris. » Pas vraiment à être seule. « Ca n’était pas ma destination originelle. » Oh ça non. L’inconscient et ses miracles.
Si Six était un chat, sans doute ronronnerait-il des caresses que lui accorde Lucrezia. À croire qu'il n'est pas assez chouchouté. « Tu sais tenir ton bec, toi ? » Un petit hochement de tête de la part du volatile, qui ébouriffe sensiblement ses plumes, satisfait. La réponse à sa question vient, finalement : « Fred... Le... Le génie. » Oh. Oui. Fred. Il n'y a qu'un seul Fred dont elle peut parler – le Weasley. Il ne dit rien, en réponse. Il n'aime pas trop Fred. Il ne pense pas que Fred l'aime non plus, d'ailleurs. La déception a été au rendez-vous, quand il a rencontré le mythique rouquin dont ses frères lui avait tant parlé, faisant face à un pessimiste bourru et alcoolique au lieu du gai luron décontracté vanté par Kay et Owen. Alors Lancelot le croise rarement et c'est tant mieux ainsi. Le sourire de Lucrezia est triste, également, malaisant, mais il tient sa langue. Pour une fois.
Elle semble préoccupée par son entraînement solitaire – elle fouille dans sa poche et en sort quelque chose qu'elle glisse dans sa main, avec une délicatesse remarquable. Lancelot observe le rubis avec attention, tout en écoutant Miss Rowle lui expliquer son effet. Une lueur nette d'intérêt apparaît dans ses yeux, en plus de se refléter sur son visage juvénile, alors qu'il fait tourner la pierre entre ses doigts. Une pierre qui fait un écran de fumée, parfait pour le protéger, et qui peut être rechargé, à condition que quelqu'un sache comment. Peut-être que... Fred, justement... Il le montre à Six, qui le picore prudemment, avant de le prendre dans son bec, puis de le reposer au creux de sa paume. Parfait, il se prend bien. Il se récupérera bien, alors. « Wahou. Merci. » Un truc à lui. Pour lui. Un cadeau. Il met le rubis dans sa poche, celle non trouée, le cœur bondissant de joie. Il n'a presque rien, si peu de possessions, à peu près juste son corbeau, mais maintenant... il a ça. Il risque bien de ne jamais se servir de ce rubis, par peur de le perdre. De ne plus l'avoir. « A vrai dire, je ne pensais qu’à déposer Eris. Ca n’était pas ma destination originelle. Marchons, alors. » Sans penser à rien. Un peu de compagnie ne fait de mal à personne, après tout. Le sorcier fait passer Six sur son autre main et caresse brièvement son bec, avant de lever la main pour lui indiquer de décoller : « Va devant. » L'animal s'envole aussitôt, ombre sombre dans le ciel enflammé, éclaireur noir qui saura les prévenir si des indésirables se pointent. Aussitôt il se sent nu, sans son familier accroché à son épaule, à sa main ou à sa tignasse. Il masque le trouble, cela dit, et reprend sa marche.
La neige crisse toujours sous ses pieds. Le soleil décline de plus en plus. Ce sera bientôt la nuit. Idéalement, il devrait partir avant celle-ci, mais une bonne histoire de découvertes d'objets magiques et de créatures ne se fait jamais en plein jour. Un peu plus de pénombre sera bien. « Si c'est Fred votre ami... il est vivant. Pour revenir à leur conversation précédente. Il va... enfin, je sais pas s'il va bien ou pas. Mais il est vivant. » C'est peu. C'est tout ce qu'il sait. Si ça peut la rassurer sur cela... c'est déjà cela. Le jeune homme reste pensif et quand il regarde Lucrezia, c'est avec probablement la pire question à la bouche, sans se douter de la maladresse de son questionnement et de la brutalité soudaine de ses manières : « Pourquoi est-ce que vous êtes devenue Mangemort ? Est-ce que vous avez été forcée ? »
C'est qu'il a le don pour poser les questions qui dérangent, ce petit.
C'est aussi qu'il ne comprend pas pourquoi Miss Rowle, si gentille avec lui, en contact avec des insurgés, est de l'autre côté des choses. Le sang pur ne fait pas tout.
« Her body was a prison, her mind was a prison. Her memories were a prison. The people she loved (..) but she couldn't escape what really hurt. Tonight even the sky felt like a prison. » ♱ - Ann Brashares, Sisterhood Everlasting.
Un cadeau sans importance, un cadeau sans influence, qui créer pourtant une réaction inattendue, chez toi, chez lui. Tu te rends compte, lorsqu'il met le rubis dans sa poche, que tu aurais rêvé de pouvoir faire ça avec un petit être aussi blond que toi, que l'amant perdu, voir ses yeux s'ouvrir en grand d'un bonheur aussi simple que celui de recevoir un présent. Tic, tac, tic, tac. Tu sais ce que c'est, ce son creux, ce poids là, sur ton ventre, un peu plus bas. Il est mort, ta dernière chance. Tu crois que ça te fait mal mais tu n'es pas certaine, tu n'es plus capable de savoir si cet enfant mort, tu l'aimes, tu le hais, tu lui en veux d'être arrivé là, d'avoir démoli ta vie pour ne même pas la partager. Fred est vivant, qu'il dit. Tu ne l'intègres pas vraiment, à sa façon détachée de te le dire. Il ne doit pas bien connaître Fred, et si ça se trouve, il ne l'a pas vu depuis longtemps. Mais Fred est vivant. George et ... sont morts. Il a été puni pour ta faute, sans doute. Une mère folle, on n'en veut pas. T'as laissé passer ta chance, Lucrezia. Fais le deuil d'une existence dans un petit chalet perdu quelque part dans la nature avec deux têtes blondes et des sourires. Ca sert à rien, tu te fais du mal, tu te détruis, tu pleures un amour aux accents d'amertume et de mensonges. George est mort, Ypsös ne veut pas de toi. Mais Fred est vivant. « Va devant. » L’oiseau s’envole. Tu te reconnais un peu, dans cette complicité avec un être que le monde ne comprend peut-être pas toujours. Lancelot est mignon. Si tu en avais eu le coeur, tu aurais tenté de le corrompre. Non, si tu t’étais arraché le coeur, tu l’aurais amadoué de l’amour maternel qu’il n’a sûrement plus, pour l’adopter, le garder avec toi. Lancelot, un héros. Tu ne peux pas priver l’insurrection d’un gamin comme ça. Il est bon, gentil et doux. Tu ne peux pas noircir sa belle âme. Si jeune. Ramène-le avec toi.
« Pourquoi est-ce que vous êtes devenue Mangemort ? Est-ce que vous avez été forcée ? » T’as un temps d’arrêt, tu cesses de marcher alors qu’il l’avait proposé. Pourquoi ? On te demandait un peu trop souvent pourquoi, ces derniers temps, en revanche tu t’interrogeais sur la raison pour laquelle il était allé sur la voie de la force. Pourquoi t’aurait-on forcé ? Parce que tu as l’air d’une jeune femme fragile ou juste ? Tu n’en sais rien. C’était une évidence, en fin de compte, d’aller sur le chemin de tes ancêtres. T’as voulu résister, quelques années, après Poudlard. La neutralité, cependant, n’était pas pour une Rowle, surtout pas la fourchelangue, surtout pas la dernière à pouvoir porter le poids de la fierté parentale. T’étais passée après Maverick, son échec cuisant. T’avais rattrapé les choses, tant bien que mal. « J’ai longtemps déçu mes parents. Je n’ai jamais été comme les autres enfants alors, quand le Magister est arrivé au pouvoir, il a fallut faire un choix. » Tu as repris la route, le ton calme, comme si cette conversation était réellement banale. « Il n’y a pas beaucoup de sorciers qui parlent aux serpents, Lancelot. Et le Lord maîtrise parfaitement. J’ai trouvé quelqu’un comme moi. » Quelqu’un qui ne juge pas, quelqu’un qui fait de ta faculté une chance, un privilège, un symbole de grandeur. Serpentard te mènera sur le chemin de la grandeur. « Il y a des gens qui sont doués pour cuisiner ou raconter des histoires. Je suis douée pour la magie noire, pour traquer et faire avouer, parce que je ressens peu. » Quel autre voie, dis-moi, pour quelqu’un comme ça ? Tu ne voulais pas l’effrayer mais il avait posé une question, tu devais lui répondre.
Les animaux sur vos pas et le silence de cet endroit. On pourrait presque penser qu’il n’y a pas de guerre, que tout est calme, que le monde va et vient avec une douce langueur- comme autrefois. « On a tous un talent pour un domaine, mais ne fais pas mon erreur : ne laisse jamais personne te convaincre qu’il n’y a qu’un chemin pour l’exploiter. » Si tu l’avais compris plus tôt, plus souvent, de façon aussi lucide, tu ne serais pas Marquée, tu ne serais pas la créature solitaire et perdue qu’il reste de toi. La Magie Noire et ton aptitude à créer des instruments de mort te laissait toujours une sorte de goût acide sur la langue, comme la négation même de la possibilité d’être quelqu’un de bien. Ca n’est pas grave, tu lui donnes un conseil, si tu ne l’appliques pas sur ta propre personne, c’est que tu ne vois pas de lumière au bout du tunnel. La lumière est morte sous la douleur indélébile de la Marque des Ténèbres. Pas de retour en arrière. T’étais imprégnée jusqu’au bout des ongles de arts obscurs de la sorcellerie, drapée de sang, de torture et de mort. Rien ne pourrait plus sauver ton âme. Fred est vivant. Mais George et .. sont morts. Ypsös ne veut sans doute pas de toi.
Il ne peut pas comprendre pourquoi on irait chez les Mangemorts. Ce n'est même pas parce que Miss Rowle est une femme. Il ne comprend tout simplement pas. Surtout qu'elle est gentille et qu'elle l'aide. On n'aide pas les ennemis, habituellement, si on suit complètement d'autres idéaux. Cela dit, est-ce sa jeunesse, ou son inconscience, mais il est prêt à entendre des explications et des raisons. Il n'a pas assez vécu pour faire des Mangemorts un bloc uniforme, pour ne pas s'attarder. Alors il écoute. Parce que mine de rien, quand il se tait, il est une bonne oreille. « J’ai longtemps déçu mes parents. Je n’ai jamais été comme les autres enfants alors, quand le Magister est arrivé au pouvoir, il a fallut faire un choix. » C'est triste. Il reste coi. Comprenant, toutefois. Le désir de se prouver. D'être accepter. « Il n’y a pas beaucoup de sorciers qui parlent aux serpents, Lancelot. Et le Lord maîtrise parfaitement. J’ai trouvé quelqu’un comme moi. » Il n'aime pas qu'on l'appelle Lancelot – qu'on l'appelle tout court, franchement – mais la façon dont Lucrezia prononce son prénom lui plaît. Ça ne semble pas inutilement pompeux, dans sa bouche. C'est joli.
Il fixe ses pieds, pensif, sans trop regarder où ils vont. Il n'est pas déçu de ne pas faire d'exploration, finalement. Bête comme le temps qu'il peut passer avec un adulte, quelqu'un qui s'intéresse à lui, est du temps passé avec... une ennemie. « Il y a des gens qui sont doués pour cuisiner ou raconter des histoires. Je suis douée pour la magie noire, pour traquer et faire avouer, parce que je ressens peu. » Lancelot fait la moue. « Mais moi j'vous trouve gentille... » Un petit marmonnement ronchon. Il n'est pas d'accord avec Lucrezia, mais il ne la connaît pas. Et il y a certaines choses qu'il ne comprend pas. « On a tous un talent pour un domaine, mais ne fais pas mon erreur : ne laisse jamais personne te convaincre qu’il n’y a qu’un chemin pour l’exploiter. » Elle a raison. Il reste toutefois dubitatif. Par rapport à lui. Il n'a aucun talent, après tout, sauf un talent pour tout casser et pour se mettre les pieds dans les plats. Personne ne prend vraiment le temps de se pencher sur lui, sur ce qu'il pourrait faire. Il ne doit pas trop y penser. C'est inutile.
Ses mains plongent dans ses poches, histoire de les réchauffer (même les gants de Lucrezia, gentiment donnés, ne peuvent rien lui semble-t-il), la disparition du soleil refroidissant brusquement l'atmosphère. Il ne pourra pas rester dehors trop longtemps si mal habillé. Une chance qu'il a mémorisé tous les horaires des bus. Il voit de moins en moins Six dans le ciel et il finit donc par siffler, bien fort, d'un sifflement joliment modulé. Sa moue s'est détendue, laissant place à nouveau à son expression pensive et non plus dubitative et blasée. « Il n'est peut-être pas trop tard de changer de chemin. Si vous le voulez, hein. Parce que... ça doit pas être facile. Tout ça. » Des hypothèses, émises à voix haute – un espoir, même peut-être, dans l'idée qu'elle puisse laisser Gueule-de-serpent pour les rejoindre eux. Un désir égoïste de gamin. Ramène-la avec toi. Une idée qui fait écho à celle de Lucrezia, également non exprimée – chacun dans un sens. Chacun pour soi. Un battement d'ailes lui indique le retour de Six, qu'il accueille d'une main prestement sortie, avant de le déposer sur son épaule. Il a l'habitude de son poids, qui le rassure aussitôt. « Alors ? Personne ! » Tant mieux. Il n'a pas envie de fuir plus rapidement que prévu.
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