――――――-―• Have you seen my Childhood? •――――-――― 9 ans.
Madame Lancaster née Prince n'avait pas pour réputation être une personne fragile. Pourtant, l'épidémie de Dragoncelle l'emporta en à peine une semaine. Priscus Lancaster, son mari venait tout juste d'enterrer son épouse que l'un de ses fils, Saevus, fut également touché par la pandémie. L'enfant tomba très malade et les magicomages ne lui donnèrent que quelques jours de survie. Mais le jeune Lancaster se montra plus coriace que tous les pronostics et survécut.
La dragoncelle le laissa dans une petite santé et Saevus passa près d'une année entière dans sa chambre, coupé du monde, pour éviter une rechute. Il occupait ses journées à lire ou à jouer du piano, deux passions que sa mère lui avait transmises avant de partir...
Malgré tout l'affection qu'il portait à la femme qui l'avait mis au monde, le fils ne pleura pas sa mère. Ses yeux restèrent implacablement secs. Le jeune garçon semblait incapable de verser la moindre larme pour quiconque... Un trait de personnalité qui le caractérise encore maintenant
11 ans.
Le moment était enfin arrivé. Saevus n'avait jamais montré autant d'impatience. Il se retint cependant de trépigner sur place comme le faisait ses autres camarades ou de se tordre misérablement les mains. Il détestait tout forme d'étalage des sentiments, à l'image de son frère, Victor qui semblait incapable de se départir de ce sourire idiot. Comment un visage aussi semblable au sien pouvait lui paraître aussi crétin ?
"Lancaster, Saevus."
A l'appel de son nom, le jeune sorcier alla s'asseoir sur le tabouret. Le Choixpeau tomba devant ses yeux et brusquement Saevus, plongé dans le noir, entendit une voix étrange dans sa tête.
"Mmmh difficile, très difficile. Tu as beaucoup de courage, jeune homme et de la fougue, Gryffondor pourrait bien t'accueillir. Mais je vois également un esprit vif et aiguisé, Serdaigle serait également indiqué... Cependant ton ambition, ton désir de commander et de faire tes preuves en temps que sorcier... la meilleure maison pour toi serait sans aucun doute Serpentard !"
"Ne fais pas cela chapeau idiot ou je te brûle !" pensa Saevus avec argue. Cependant pour un observateur extérieur, le jeune sorcier n'avait pas bougé d'un iota.
"Tant de violence en toi jeune homme ! Tu n'as pas le caractère contemplative d'un Serdaigle."
"Mais je veux aller à Serdaigle ! S'il vous plait..."
"Bon... ce n'est pas que les menaces m'enchantent mais ... SERDAIGLE !!"
Seul le "Serdaigle" retentit dans la grande salle.
Saevus retient un soupir de soulagement et se leva pour rejoindre la table des aigles, droit et fier. A sa grande satisfaction, Victor fut réparti à Serpentard....
16 ans
Saevus avait mal au crâne. Il avait l'impression que ce dernier était fendu en deux. Priscus l'avait forcé à répéter le sortilège encore et encore et encore, jusqu'à ce qu'il parvînt enfin à passer les barrières mentales et à lire dans les pensées. Mais Saevus était épuisé. Il ne prêtait aucune attention à ce qu'il voyait dans l'esprit de son père.
Le patriarche grimaça et l'expulsa son fils de sa psyché.
"Tu n'es pas assez concentré Saevus ! recommence !"
"Mais je n'en peux plus père ! Est ce qu'on peut faire une pause s'il vous plaît !?
Mais la demande ne plut pas du tout à Priscus qui lança à son fils un regard lourd. Saevus n'avait pas pour habitude de baiser les yeux mais cette fois il dut lutter pour garder la tête haute et le regard figeait dans celui son père.
"Une pause ? Serais-tu faible à ce point Saevus ?"
"Je ne suis pas faible !" lança aussitôt l'adolescent. Le jeune Lancaster détestait quand son père jouait avec cette réplique. Priscus était le seul capable de le faire sortir de ses gonds.
"Et bien prouve le !"
Saevus serra les dents et leva sa baguette pour la pointer à nouveau sur Priscus. "Legilimencie !" Sans plus de précautions Saevus envoya voler en éclat les défenses mentales de son père et pénétra dans son esprit. L'attaque était rude et Priscus recula d'un pas. Saevus eut un léger sourire de satisfaction en voyant le souvenir convoité enfin à portée. Il s'avança rapidement, sans précaution, ni prudence. Alors qu'il était sur le point de s'emparer du secret, il sentit brusquement une force implacable le tirait en arrière. Il fut projeté hors de l'esprit de son aîné et celui ci entra dans le sien. Priscus fit quelques ravages dans la tête de son fils, rien de bien méchant mais de quoi lui faire retenir la leçon. Quand il relâcha enfin Saevus, l'adolescent était sur les genoux et haletait.
"Ta susceptibilité est encore ta plus grande faiblesse..."
17 ans
Saevus l'avait toujours sûr, il y avait quelque chose de dément chez Victor. Depuis la mort de Priscus, l'aîné des jumeaux ne parlait plus que de le rejoindre : ce fameux sorcier que l'on appelait Lord Voldemort. Leur père les avait pourtant mis en garde contre ces chimères. Mais il avait été mort et, Victor, à cet instant libre de faire ce qu'il voulait, avait pris des mesures pour entrer dans les rangs des "mangemorts".
La goutte qui fit déborder le chaudron fut lorsque l'aîné invita le seigneur des ténèbres et sa clique dans le manoir des Lancaster. Saevus prit ses affaires et décida de quitter à jamais la demeure familiale. Une partie de l'héritage de leur famille en poches, il s'installa à Londres dans un quartier moldu. L'appartement n'était pas très grand mais il en demeurait confortable. La grand mère de Saevus lui avait appris de son vivant à utiliser les appareils moldus. Lancaster avait toujours eu une profonde curiosité pour ce monde...
――――――-―• Can't buy me love •――――-――― Saevus Lancaster aimait sa petite routine matinale. Il se levait sur les coups de six heures et allait directement prendre une douche, avant de s'habiller et de quitter la chambre. Il rejoignait la cuisine et se faisait une tasse de café. Il buvait tranquillement le nectar de caféine qui finissait de chasser le sommeil en regardant la ville de Londres sortit de la torpeur...
Dans le jardin, les chiens s'ébattaient joyeusement. Thor, le vieux braque allemand, presque aveugle, se laissait guider dans leurs jeux par Loki, un jeune beauceron. Sif, soeur de Loki, était plus sage et préférait rester couchée sur l'herbe en sphinx à regarder voler les insectes et les oiseaux.
Dans la cuisine, d'un coup de baguette, Lancaster sortait des armoires le petit déjeuner de ses deux trésors qui dormaient encore profondément dans leur lit douillet. Les céréales moldues d'Ilaria, le "chocomare aux grenouilles" et les toasts au miel sans croûtes d'Eléandra prenaient d'eux même leur place sur la table de la cuisine.
À six heures et quarante cinq minutes précises, Lancaster reprenait le chemin du premier étage et il se dirigeait vers les chambres de ses filles. Il commençait toujours par celle d'Ilaria. Son aînée âgée de neuf ans était aussi matinale que lui et se réveillait généralement avec une simple caresse sur la joue. Elle ouvrait alors les yeux - Ils étaient bleus comme des saphirs - et gratifiait son papa d'un merveilleux sourire. Saevus se régalait toujours de ces petits instants de bonheur simple et familial, si bien qu'il se demandait, parfois, comment il avait pu supporter la vie avant la naissance des petites. Après une séance de câlins, Ilaria descendait de son lit et commençait à s'habiller.
Saevus laissait son aînée se débrouiller "comme une grande" et s'attelait à sortir de son hibernation la marmotte de la famille. Arracher Eléandra à son sommeil sans la mettre de mauvaise humeur était tout un art. L'enfant ronchonnait et cherchait toujours à négocier quelques minutes de "dodo" supplémentaires. Mais le père tenait bon et après quelques bisous et deux ou trois chatouilles, Eleandra finissait par accepter de commencer sa journée et allait également s'habiller.
Dans la cuisine, alors que Eleandra baillait en regardant les petites grenouilles en chocolat nager dans son bol de lait, Saevus et Ilaria discutaient et plaisantaient. L'aînée attendait avec impatience le week-end à venir. Cette fin de semaine, Saevus avait décidé de les emmener dans le petit cottage qu’il avait récemment acheté sur les côtes écossaises.
Quand les petits déjeuners avait trouvé le chemin vers l'estomac des fillettes, il était temps pour eux de prendre le chemin de l’école. Saevus avait inscrit ses filles dans un établissement moldu. Il avait les moyens de leur payer un précepteur mais ne voulait pas de ce genre d’éducation pour ses enfants. Lyra n’aurait pas approuvé.
L'école se trouvait à quelques rues de leur propriété et les Lancaster faisait le chemin à pied. Arrivées devant l'établissement, les filles embrassaient leur père avant de passer les grilles qui délimitaient la cour de récréation. Elles se séparaient ensuite pour rejoindre leurs amies respectives.
Ce matin là, Saevus salua de la tête les quelques mères regroupées qui lui adressèrent des sourires béats. Il jeta un dernier coup d’oeil sur sa progéniture - ignorant que ce serait le dernier - puis il se détourna...
quelques mois plus tard...
Les doigts du Sorcier dansaient sur le clavier depuis quelques minutes. Depuis que Saevus était "Servus", il n’avait plus eu l’occasion de toucher un piano à part pour en chasser la poussière. Alors, ce soir, le Rebus profitait de l’absence des Maîtres pour s’accorder un petit moment récréatif.
La Toccata de Schumann était un des morceaux du répertoire classique moldu. Il était réputé pour être d’une grande difficulté. Il avait fallu plusieurs mois de travail à Saevus pour comprendre toutes les subtilités de cette composition. Et même après une éternité entre les murs d’Azcaban, les mains du sorcier n’avaient pas oublié. Elles allaient et venaient sur les touches sans le moindre accroc.
«Saevus, arrête maintenant ! C’est interdit !»
Mais Saevus ne prêta aucune attention aux injonctions du rebus à ces côtes en train de frotter furieusement les cuivres. Il entama le deuxième mouvement de la mélodie et ses pensées quittèrent bientôt la manoir des Corrow. Elles s’envolèrent à travers la temps et l’espace et la mémoire lui revint.
Ilaria et Eléandra dansaient près de lui. Elles souriaient. Elles riaient. Elles tournoyaient au milieu de la pièce. Le décor autour d'eux avait changé. La vaste salle de musique aux allures princières et pédantes avaient laissé la place à une petite pièce chaleureuse et pleine de vie. Saevus reconnut la salle de musique de sa propriété londonienne.
Les filles arrêtèrent de danser pour regarder leur père : Ilaria et ses saphirs, Eléandra et ses perles en chocolat. Elles avaient les joues rouges après tant d’agitation. Elles souriaient. Elles riaient. Et Saevus était au paradis...
«Saevus !»
La voix paniquée de l’esclave ramena Saevus à la réalité et la musique cessa. Mais il était trop tard. Derrière la porte fermées, résonnaient des pas. Les deux Rebus reconnurent la démarche de Alecto Carrow. La sorcière se rapprochait. Elle avait, sans aucun doute, entendu la musique et en devinait l'auteur.
«On va être punir à cause de toi...» grogna l’esclave avec rancoeur.
Saevus soupira et caressa le clavier. Alors que les portes s’ouvraient avec fracas, les lèvres du rebus se tordirent en une moue altière et les mains de Saevus entamèrent le troisième mouvement...